« Vous n’avez donc aucune manière, aucun savoir-vivre ! Vous vous permettez des choses avec moi…je ne suis pas une fille de salle ! » Non effectivement, je n’ai aucune manière. Je ne suis pas un homme d’éducation comme certains que nous croisons parfois ou qui viennent de l’autre monde. Je suis un viking avec des connaissances ancestrales et une culture bien différente de la plupart des gens ici. Je tente de m’y faire, d’adopter certaines habitudes ou croyances mais je reste un homme déférent à mes origines : tout comme je ne peux nullement changer mon caractère. Une fois apprêté, je me retourne vers la donzelle qui semble avoir du mal à nouer les lacets de sa robe, dans son dos. Je viens pour les attacher rapidement sans faire attention si c’est bien fait, puis je prends déjà la route en marchant activement. Plus vite nous serons à Blindman’s Bluff et plus rapidement, je pourrai retourner à One-Eyed Willy. « Vous savez, je sais où nous sommes…j’y suis déjà venue, il y a longtemps, lorsque j’étais enfant…je suis folle de croire à ça, cela me fait me poser des tas de questions, sur si je suis vivante ou non, si en fait tout cela parait réel ou non, mais… » Je soupire, grogne dans ma barbe avant de me retourner vers la sylphide avec un regard sombre et menaçant : « Vas-tu la fermer ?! T’parles beaucoup trop ! »« Vous n’aimez pas faire la conversation, c’est agréable pourtant, chez moi, c’est à la mode…À Londres bien sûr, mais vous ne pouvez pas connaitre… » Mes prunelles parlent pour moi et la jeune femme comprend, puisqu’elle se tait enfin. La marche est plus agréable dans le silence, surtout qu’elle semble être une vraie pipelette qu’on n’arrête pas. Finalement, elle était de meilleure compagnie affamée et endormie lorsque je la portais, la veille. Nous marchons durant plusieurs heures sous un ciel clément mais menaçant. J’espère qu’une autre tempête ne va pas nous surprendre, car nous n’arriverons jamais à la cité pour le soir même. Je m’arrête afin de boire et rafraîchir ainsi mon gosier fort sec, puis je lui tends la gourde. Elle remue de la tête, ce qu’elle peut être agaçante. Je grogne : « Votre femme ne doit pas s’amuser très souvent avec vous ! »« Je n’ai pas d’femme ! » Elle me demande pourquoi et je me tourne vers elle, attrapant ses épaules brusquement : « Parce que j’ne suis pas un homme qui s’contente d’une seule femelle ! Maintenant, cesse d’parler ou j’te coupe la langue ! » Ses petits yeux sombres brillent de colère, ses lèvres se pincent et je ne peux retenir mon sourire face à cette moue boudeuse.
Nous reprenons la route mais elle traîne des pieds, elle me ralentit et cela commence de plus en plus à m’agacer. Tant et si bien que je finis par la soulever pour la mettre sur mon épaule, comme la veille. Mais étant donné qu’elle n’est pas inconsciente, elle ne cesse de remuer et de pester sur mon comportement irrespectueux envers elle et les convenances. Je roule des mirettes, marchant plus d’une heure avec la sylphide qui semble ne plus reprendre sa respiration et jacasse sans cesse. Ne tenant plus, je la lâche brutalement et l’observe atterrir lourdement sur le sol. « Les femmes d’où tu viens sont toutes comme toi ? » Je suis penché au-dessus d’elle, l’observant avec un pli entre les sourcils. Elle étire un sourire et je fais de même, je lui tends ma main pour l’aider à se redresser et je propose une pause repas. On s’arrête près de la forêt, on est à quelques heures de la cité à présent mais le ciel s’assombrit de plus en plus. A mon avis, nous allons devoir trouver un abri prochainement et attendre que le temps se calme. J’ai été témoin de morceau de glace tombant du ciel et ils étaient aussi gros que mon poing. J’arrache une branche et je commence à tailler la pointe pour que cela devienne tranchant, la donzelle m’observe et je soupire à sa question : « C’est pour chasser. Mais j’avoue être tentée d’te l’enfoncer dans l’gorge pour qu’tu arrêtes d’poser des questions tout l’temps ! » Elle se met encore à bouder et j’avoue ne pas apprécier cette moue sur son faciès angélique. Cela m’amuse. Je me lève, lui tendant la lance de fortune avec un regard sombre : « T’sais chasser, Lyra ? » Elle remue de la tête et je l’invite à me suivre, lui demandant de faire le moins de bruit possible. On s’enfonce dans la forêt pour trouver une proie facile : un volatile. Je lui tends la lance et je me place derrière elle en collant mon torse contre son dos : « T’maintiens l’arme ici, tu r’gardes bien ta proie et t’vises… » murmurais-je contre son oreille. Sa respiration est plus forte que d’ordinaire : « Respire moins fort, t’vas l’effrayer. Là… comme ça… Maintenant… Là ! » Je l’aide à lancer l’arme qui traverse les deux arbres pour aller s’enfoncer dans l’animal. Il bat des ailes et je saute pour aller le récupérer, sortant ma lame rapidement afin de l’égorger. Une mort plus rapide et moins douloureuse. Je lève les mirettes vers Lyra qui me rejoint : « Bien joué, t’viens t’abattre ton premier animal ! »
Il m’apprend un peu froidement d’ailleurs qu’il n’a pas de femme. Voilà pourquoi, il semble si grincheux. Une femme saurait le canaliser. « Pourquoi n’êtes-vous pas marié ? » Il me saisit de manière virulente et je blanchis presque à ce geste exagéré.
Tankred : Parce que j’ne suis pas un homme qui s’contente d’une seule femelle ! Maintenant, cesse d’parler ou j’te coupe la langue !
Me couper ! La langue ! Non, mais quel rustre, un paysan rien de plus, un homme sans loi, ni principe qui parle des femmes comme si elles n’étaient qu’un vulgaire morceau de viande. D’un côté, je l’admets fortement, je suis outrée. Mais d’un autre, cet accès de virilité, cette manière de me regarder…me donnerait presque des frissons. Seulement, je le garde bien au fond de moi. Par principe d’une part et d’autre part, parce que ce type d’homme est tout sauf agréable. Mécontente, je prends mon temps pour marcher derrière lui et puis, j’ai mal aux pieds, je suis sans chaussures et les cailloux finissent par me faire atrocement souffrir. Voyant que je ne vais sans doute pas assez vite pour lui, je vois le pirate fondre sur ma personne, me soulevant d’une traite et me plaçant sur son épaule robuste. « Oh !!!! Veuillez me relâcher immédiatement ! …Vous n’êtes qu’un immonde sous-homme incapable de s’adresser à une femme ! …une vile créature que seul l’enfer a dû rejeter ! Lâchez-moi, c’est un ordre ! » J’ai beau me secouer dans tous les sens, ses mains larges et puissantes me bloquent et je finis par capituler, mais seulement physiquement…il va devoir subir ma propre vengeance, je ne suis pas si commode. « Vous savez, un jour, mon père à renverser un bol sur […] et après plusieurs jours de recherche dans notre bonne ville de Londres, nou…AIE !!! » il venait de me lâcher brutalement sur le sol, atterrissant sur mon postérieur déjà un peu douloureux. Il me pointe du regard demandant si toutes les femmes d’où je viens sont comme moi. « En partie, d’autres sont moins regardantes et moins loquaces, je suppose » Même si cela avait mis plus de temps que je ne l’aurais cru, il avait fini par capituler et me relâcher. Je souris, j’ai envie de rire, parce qu’au final, cette situation est bien risible. Il me tend la main et je l’accepte volontiers. Il n’est pas si méchant qu’il le prétend et même si je suis un peu compliquée avec lui, je l’aime bien dans le fond ce grand barbare. Alors que nous sommes près d’une forêt, je m’attarde pendant qu’il taille un morceau de bois à observer les environs. J’ai du mal à me souvenir de la dernière fois où je suis venue ici, je me souviens de mon ami l’indien, de ce louveteau que j’ai apprivoisé dans mes songes, un magnifique petit loup couleur argentée qui s’amusait avec moi, comme un chien le ferait. Un craquement me fait reculer et je retourne près du Viking, il est habile avec un couteau, peut-être trop pour ma propre sécurité. « À quoi cela va-t-il vous servir ? »
Tankred : C’est pour chasser. Mais j’avoue être tentée d’te l’enfoncer dans l’gorge pour qu’tu arrêtes d’poser des questions tout l’temps !
Moi qui le pensais calmé, le voilà qui me rabroue une nouvelle fois, et cela, sans que je ne sois une véritable emmerdeuse. Mon visage se referme, il me provoque un tas de sentiments différents. D’un côté, je l’apprécie, car il m’a sauvé et qu’il aurait pu depuis un moment me laisser mourir à bien des endroits, mais il s’évertue malgré ses remontrances à me garder en vie et m’emmener dans une ville où je pourrai trouver assistance. Mais il peut aussi, être d’une telle…humeur désagréable. Il me tend son morceau de bois et je le dévisage, pense-t-il que je vais lui servir de porteur !? Il se fourvoie complètement.
Tankred : T’sais chasser, Lyra ?
Chasser, il n’est pas sérieux ? Mes yeux s’arrondissent sous la surprise. Je n’ai jamais tué quoi que ce soit…à part des insectes dérangeants, mais cela n’avait rien à voir. Je veux parler, mais à chaque fois que j’ouvre la bouche, il me demande de ne pas le faire d’un geste de main. Je ne suis pas rassurée et en même temps…il y a une chose en moi, qui s’émerveille et est heureuse de vivre cette aventure. Il me désigne un oiseau, un gros oiseau. J’ouvre à nouveau la bouche, mais il me donne la lance et se colle à moi, c’est indécent…et foutrement…excitant aussi. Mes joues s’empourprent un peu, alors qu’il murmure à mon oreille. Son souffle venait dans ma nuque et me provoquait même des frissons dans le ventre.
Tankred : T’maintiens l’arme ici, tu r’gardes bien ta proie et t’vises… […] Respire moins fort, t’vas l’effrayer. Là… comme ça… Maintenant… Là !
Il en a de bonnes, c’est…déjà compliqué pour moi et puis cette pauvre bête ! Il guide ma main et il me fait lancer la lance en plein dans le volatile. Je pose mes deux mains sur ma bouche, c’est atroce barbare. Encore plus, lorsque mon barbare lui coupe la gorge mettant fin au petit cri de la bête blessée. J’en aurai presque envie de rendre le peu de choses que j’ai dans mon estomac. Il me fait signe et bien qu’à contrecœur, je le rejoins en quelques pas.
Tankred : Bien joué, t’viens t’abattre ton premier animal !
Un rictus forcé s’affiche sur mes lippes, lui a l’air content. « Et j’espère le dernier » Il me tend la bête pour que je le porte. Mes gestes sont assez explicites et je recule. « Non, je n’y tiens pas, merci » Il insiste, disant que c’est à moi de le plumer et de l’éviscérer. « Ca pour rien au monde, je ne toucherai à cet animal ! C’est dégoutant ! Lui retirer les tripes… » Je me secoue avant de me mettre en marche vers l’orée de la forêt. Tankred a l’air d’être très amusé, moi, je ne suis moins.
Il nous trouve un coin à l’abri de la pluie qui commence à tomber et je l’observe ouvrir la bête devant mes yeux. Un haut-le-cœur me prend. Il me demande de venir et comme je ne veux pas, il vient avec l’oiseau, le pose devant moi et se place derrière mon dos, comme à la chasse ce qui a pour effet de me faire à nouveau rosir. Il saisit ma main et la plonge dans le corps de l’animal me forçant à sortir ce qui s’y trouve. Je pousse un cri, fermant les yeux, la sensation est répugnante. « C’est abject ce que vous me faites faire ! » Il rit et m’ordonne d’ouvrir les yeux, qu’ici, si je veux survivre, je vais devoir apprendre à être dans le groupe de ceux qui savent survivre. Alors, c’est pour cela qu’il fait tout cela. Pour me protéger…je tourne mon visage vers lui, nos regards se croisent. « Pourquoi vous faites tout ça pour moi ? Je ne suis personne…et j’ai l’air d’être un boulet plus qu’autre chose…Plusieurs fois vous auriez pu me laisser mourir, Tankred…Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ? » Au lieu de me répondre, il me précise que j’ai encore la main dans l’animal et je me tourne de nouveau, l’air dégouté. Au final, je termine ce qu’il me demande et il met la bête sur le feu qu’il a préparé. Je place mes mains ensanglantées sous l’eau qui tombe de nouveau à torrents. Les rochers deviennent glissants, cela peut-être dangereux. Je viens me poser près de lui et je tombe sur sa jambe blessée. « Ça ne vous lance pas trop ? » Il mentionne d’une manière très désinvolte que ce n’est qu’une égratignure. « Merci…pour tout ce que vous avez fait pour moi et…pardon d’être aussi enfant gâtée et insupportable…je vous dois la vie, Tankred. Et lorsque vous ne me traitez pas comme un vulgaire morceau de viande, je vous trouve assez sympathique dans notre genre » Je saisis le bâton qui retient la volaille et je le tourne pour que le feu fasse son œuvre à tous les endroits.
Tankred Snørrisón
Beware, I'm starving
ζ Inscris le : 01/08/2015
ζ Messages : 2874
ζ Avatar : Travis Fimmel
ζ Localisation : Oscille entre One-Eyed Willy et Blindman's Bluff
ζ Occupations : Second sur le Poséidon - Ancien maître Charpentier du Queen
ζ Âge : Trente ans
ζ Statut : Célibataire au coeur de pierre
ζ Signes distinctifs : Nombreux tatouages sur le corps et le crâne, bouffe ses mots quand il parle
« Et j’espère le dernier » Je lui tends l’animal pour qu’elle le prenne, mais elle n’en veut pas et cela m’amuse de voir sur son faciès, cette moue dégoûtée. Elle refuse et je laisse le cadavre devant ses yeux : « C’est ta chasse, c’est à toi d’le plumer et d’le vider ! »« Ca pour rien au monde, je ne toucherai à cet animal ! C’est dégoutant ! Lui retirer les tripes… » Je ne cache pas mon sourire alors qu’elle se met en marche. Je garde le cou de l’animal dans ma paume tout en la rejoignant pour qu’on puisse se trouver un abri nous protégeant de la pluie. Je l’ai senti. Je pose la bête sur le sol et j’enfonce ma lame pour lui ouvrir le ventre. Une entaille suffisamment grande pour y passer ma main, mais pas trop non plus. « Viens Lyra ! » Elle ne bouge pas alors je me lève pour déposer l’oiseau devant ses jambes et je me glisse derrière elle. Je saisis son poignet et je plonge sa main dans les entrailles de la bête pour qu’elle apprenne. Si elle veut survivre ici, il faut qu’elle se débrouille seule. Elle pousse un cri et j’étire un sourire, qu’elle est amusante avec ses manières. « Ouvre les yeux Lyra. Si tu veux vivre ici, il va falloir apprendre à te débrouiller seule et pouvoir survivre sans une aide quelconque. » Elle tourne son faciès vers le mien, nos bouches n’étant qu’à quelques centimètres l’une de l’autre. Mes mirettes l’observent : « Pourquoi vous faites tout ça pour moi ? Je ne suis personne…et j’ai l’air d’être un boulet plus qu’autre chose…Plusieurs fois vous auriez pu me laisser mourir, Tankred…Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ? » Je n’ai même pas la réponse à ça. Je le fais, parce que j’en ai envie et que je me sens d’un côté responsable de la demoiselle. En vérité, toute cette histoire m’agace parce qu’effectivement, je ne suis pas du genre à m’arrêter sur les besoins d’une donzelle. « T’as encore la main dans les entrailles d’l’oiseau ! » Je m’éloigne d’elle pour la laisser terminer, je déplume l’oiseau au-dessus du feu puis je le mets à cuire une fois que nous avons terminé.
La sylphide se pose à côté de moi et montre ma jambe d’une main. « C’n’est qu’une égratignure, pas d’quoi s’alarmer ! »« Merci…pour tout ce que vous avez fait pour moi et…pardon d’être aussi enfant gâtée et insupportable…je vous dois la vie, Tankred. Et lorsque vous ne me traitez pas comme un vulgaire morceau de viande, je vous trouve assez sympathique dans notre genre » Je roule des yeux, n’appréciant que moyennement cette remarque. Je me contente de grogner pour répondre, observant la viande qui cuit sur le feu. Elle semble attendre une réponse, mais je l’ignore royalement, sortant mon poignard pour tailler une branche de bois qui traîne non loin de nous. Le temps se gâte et l’orage éclate. « On n’reprendra pas l’route sous c’temps. On va passer l’nuit ici et d’main matin, t’seras à la cité ! » Je retourne l’oiseau sur la broche pour une dernière cuisson sur le dos, continuant à râper avec la lame du poignard, le bâton. Je me lève à un moment pour aller pisser, laissant la donzelle seule. Je marche sous la pluie qui fait du bien et je me laisse aller dans un coin avant de revenir, les vêtements mouillés. Lyra m’offre un sourire presque timide et je boitille jusqu’à elle pour m’assoir à son côté et j’arrache une patte pour croquer dedans avec voracité. « T’as jamais travaillé d’ta vie ? » Elle remue de la tête et je soupire. « P’t’être que tu pourras d’venir catin, la matrone de l’Excès d’Arum embauche souvent et t’es pas mal, bien faite avec un beau minois : t’plairas à beaucoup d’clients ! » La donzelle s’offusque et je lève un sourcil : « Quoi qu’est-ce que j’ai dis ?! » Je n’y comprends vraiment rien aux femmes.
Visiblement, en plus d’être un peu brutal sur les bords, cet homme n’aime guère les remerciements et ce qui en découle. Mais bien qu’il soit une sorte de diamant grossièrement taillé, je ressens quelque chose en lui qui me touche.
Tankred : On n’reprendra pas l’route sous c’temps. On va passer l’nuit ici et d’main matin, t’seras à la cité !
Je mire l’extérieur, le temps se gâte en effet, la pluie tombe aussi brutalement qu’elle l’a fait plusieurs heures avant. Ce temps maussade me laisse des songes bien mornes et je divague loin dans un souvenir dont j’ai du mal à présent à me souvenir, tout comme le visage de Will. Pourquoi, suis-je en train d’oublier ? Le pirate se lève de son séant allant dehors et je ne demande pas où il se rend, il a ses raisons et j’ai appris la leçon, pas de questions avec lui, je me contente de surveiller la viande, mirant les flammes qui dansent en faisant des formes sous le volatile dépouillé. Pendant son départ, j’en profite pour fouiller son petit sac, je sais que je ne devrais pas le faire, mais je veux récupérer mon médaillon, comme si avec lui, je n’oublierai pas. Je le trouve et le cache dans un pli de ma robe qui se trouve dans un état plus que désolant. J’espère qu’il ne s’en apercevra pas. Du moins, en ma présence. J’ai un léger sourire aux coins des lèvres et quand il fait son apparition, c’est lui que je lui offre. Comme une gamine prise en faute dans le pot de biscuits. Il revient, s’assois et arrache un morceau de l’animal, je présume qu’il doit être cuit, je n’en sais rien…je n’ai jamais fait à mangé, je n’ai jamais travaillé, ni même réparé quoi que ce soit de ma courte vie.
Tankred : T’as jamais travaillé d’ta vie ?
Mon mouvement de tête suffit à lui donner ma réponse, je suis maussade comme le temps, que m’arrive-t-il ? Tankred : P’t’être que tu pourras d’venir catin, la matrone de l’Excès d’Arum embauche souvent et t’es pas mal, bien faite avec un beau minois : t’plairas à beaucoup d’clients !
Mes yeux s’arrondissent et je reprends soudainement contenance, m’aurait-il proposé de me prostituer ? « Pardon !!! » Il semble ne pas comprendre l’affront qu’il vient de me faire et je ne sais si j’ai la force de lui donner la réplique. Pourquoi cet état soudain de lassitude ? « Rien…vous n’avez rien dit… » Je fronce les sourcils, observant le feu qui crépite, je n’ai même pas faim, mon ventre est comme noué, je ne suis pourtant pas fiévreuse. Il me mire et je lève le visage vers le sien, il me montre d’un geste l’oiseau et je refuse d’un nouveau hochement de tête. Il place sa main sur mon front et je suis surprise du geste, je le contemple tandis qu’il retire sa main, disant que je n’ai pas de fièvre. « Non, je suis lasse, seulement…Et non, je ne vendrais pas mes charmes…je suppose que ces femmes qui le font, n’exercent pas par plaisir, qu’elles n’ont pas le choix, mais je…pardon, si je me montre orgueilleuse, mais je vaux mieux que cela. Je trouverai, ne vous préoccupez pas de cela » Je sens son regard sur moi et cela me trouble et me gêne. Si bien que je finis par m’éloigner du feu et que je me couche tant bien que mal sur la pierre fraîche. Je clos mes paupières et je pars, loin…emportée dans un songe sombre et chaotique.
Au matin, pour une fois, je suis réveillée la première. Je m’éveille, me redressant et étirant mes bras avant d’aller dehors trouver un endroit où me soulager. Lorsque je reviens à la grotte, Tankred est debout et me sourit. « Bonjour…vous avez bien dormi ? » Il semblerait…parfait. « Nous y allons ? » Il confirme et je le suis, ma bouche est comme scellée et je me sens vide. Nous arrivons à la cité en fin de matinée, c’est…rustique et cela ne ressemble en rien à Londres, je m’attendais à quelque chose de plus…moderne. Mon sauveur se tourne vers moi et me tend la main. Je lui saisis pour le saluer. « Merci encore, pour tout ce que vous avez fait…je ne sais pas si je vous reverrai, mais si ce n’est pas le cas, prenez soin de votre personne » Il sourit et je sens mon ventre se contracter, lorsqu’il me tournera le dos, je serais seule, perdue dans ce pays que je ne connais pas ou presque pas avec pour seule solution, un songe dont je ne suis pas certaine que cela soit la réalité.
Tankred Snørrisón
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ζ Occupations : Second sur le Poséidon - Ancien maître Charpentier du Queen
ζ Âge : Trente ans
ζ Statut : Célibataire au coeur de pierre
ζ Signes distinctifs : Nombreux tatouages sur le corps et le crâne, bouffe ses mots quand il parle
« Rien…vous n’avez rien dit… » Je roule des yeux, qu’est-ce que les femmes peuvent être agaçante à s’offusquer de la moindre parole. Cela m’arrive souvent lorsque je vais à Blindman’s Bluff, j’ai d’ailleurs reçu de nombreuses gifles de ces bonnes femmes et je me suis retenu de ne pas répondre à leurs gestes. À juste titre peut-être, je les ai certainement insultés pour certaines, mais je ne m’en suis pas rendu compte. Les femmes sont compliquées, c’est pourquoi je ne m‘entête pas à les comprendre, je me contente uniquement de les caramboler. Je tourne les mirettes sur la sylphide qui n’a pas encore pris de viande à manger. Je fais un mouvement vers l’oiseau et elle remue de la tête, est-ce qu’elle va me clamser entre les doigts ? Je pose ma main sur son front pour vérifier sa température puis je la retire : « Non, t’as pas d’fièvre ! »« Non, je suis lasse, seulement…Et non, je ne vendrais pas mes charmes…je suppose que ces femmes qui le font, n’exercent pas par plaisir, qu’elles n’ont pas le choix, mais je…pardon, si je me montre orgueilleuse, mais je vaux mieux que cela. Je trouverai, ne vous préoccupez pas de cela. » Lasse. Je ne retiens pas mon sourire lorsqu’elle prétend valoir mieux que la prostitution. Effectivement, ça n’est pas une donzelle comme j’en croise souvent et vu son comportement, son manque total de pratique dans toutes les choses courantes de la vie : c’est une fille de bonne famille. Elle s’éloigne pour aller s’allonger et j’observe son dos un moment, tout en continuant à manger le volatile. Je balance la carcasse à plusieurs mètres pour éviter d’attirer une créature et je m’allonge non loin d’elle, les mains derrière le crâne.
Lorsque je me réveille, la donzelle n’est plus là. Mais avant que je ne l’appelle pour m’assurer qu’elle est dans les parages et ne pas m’inquiéter pour rien, la belle apparaît et j’étire un sourire. « Bonjour…vous avez bien dormi ? »« Bien ! » Elle propose de partir et j’approuve d’un mouvement de tête, nous ne sommes plus très loin de la cité à présent. Nous marchons toute la matinée, parvenant à la cité avant que le soleil ne soit à son zénith. Je me tourne vers la jolie fille avec un sourire, une main tendue. . « Merci encore, pour tout ce que vous avez fait…je ne sais pas si je vous reverrai, mais si ce n’est pas le cas, prenez soin de votre personne. » J’étire un sourire en croisant ses yeux sombres, d’un côté, je me sens mal de la laisser seule ici sans aucune connaissance : mais d’un autre, je ne suis pas non plus le genre de personne à offrir générosité et bienveillance envers une femme. Elle trouvera, j’en suis certain. « Bonne chance à toi, Lyra ! » Je lâche sa main, baissant mon regard sur son physique attrayant avant de me retourner pour reprendre la route en direction de One-Eyed Willy. Il faut bien rentrer. J’ouvre mon sac dans le but de glisser son médaillon autour de ma nuque, mais je ne le retrouve pas. Je me retourne vers la silhouette de la jeune femme toujours debout devant la cité, mais qui me tourne le dos. Je m’esclaffe, avant de partir. Le voleur volé.