Depuis tout ce temps, tout ce que j'ai ce sont de vagues descriptions, des on-dit, des ragots. Rien qui ne me permette d'assouvir et d’épancher ma soif de vengeance. Je veux égorger de mes mains les responsables de la mort d'Ena et Rhako, mais pas au prix de mon âme. Si je me mettais à massacrer des innocent sous prétexte qu'on les a évoqué quand je posais des question, j'aurais trahi tout ce en quoi je crois, j'aurais tourné le dos à ces valeurs que je veux tant transmettre à ma fille. Ainsi je glane encore, de droite et de gauche, tout ce qui peut m'aider à confondre le slaches qui ont abattu un homme ivre et une femme sans défense.
Les dernières informations que j'ai me conduisent à cette femme, cette pirate, cette Sif je-ne-sait-quoi. On dit qu’elle aurait vu des choses. Mais les on-dit.. j'ai appris à m'en méfier. Mais comment savoir si je ne vais pas le lui demander ? Il n'y a qu'un moyen d'en avoir le cœur net : me rendre au cœur même du territoire des pirates et trouver la femme correspondant à la description qu'on m'en a faite. Pas que l'idée m’emballe au plus haut point mais à tout bien y réfléchir, je n'ai pas d'autres options. Abandonner purement et simplement cette traque de longue haleine ? Jamais.
Ainsi j'ai laissé Selyne entre de bonnes mains et j'ai pris avec moi ce dont j'aurais besoin. Ma besace avec un nécessaire de soins, on est jamais trop prudent. Le peu d'or que je possède, on a rien sans rien chez ces gens là. Et l'épée courte qui me sert de dague et représente la seule arme que j'ai sous la main, parce que je ne suis pas fou au point de me rendre à One-Eyed Willy sans rien pour me défendre. Et j'ai pris la route à une heure qui me semblait être matinale, bien que le ciel soit toujours aussi sombre dans cette nuit perpétuelle qui semble être partie pour durer.
Je hais cette ville. Je hais toutes les villes de cette île mais celle ci plus que toute autre. Je hais le fait de devoir raser les murs, de craindre qu'un de ces pirates comprenne qu'un homme comme moi ne sera jamais des leurs. Il y en a, parmi mes paires, qui se sont laissés séduire par cette vie, ainsi je ne pense pas attirer l'attention tout de suite. Et puis cette ville est un repère de mercenaires en plus des pirates, je pourrais être l'un d'eux à leurs yeux. Mais elle... voyons, pour retrouver quelqu'un dans une ville pareille, il faut..
La taverne. Dont je pousse les portes pour venir m'avancer vers l'homme derrière son comptoir. S'il est un fait immuable dans toutes ces villes, c'est bien le tavernier, maître des rumeurs. Il savent tout, ils entendent tout. Je viens m'accouder à coté d'une de ces femmes que la boisson n'effraye pas et je m’apprête à héler l'homme. Il me faudra consommer.. j'en avais presque oublié ce détail. Il ne dira rien si je ne bois pas. Bah tant que je paye, je peux très bien laissé le verre plein là une fois que j'aurais ce que je veux. « Hey tavernier ! Sers moi un rhum, et des informations. » L'homme arque un sourcil mais vient me servir, empocher mon or et tendre l'oreille. « Je cherche une femme, une certaine Sif quelque-chose. C'est l'amie d'un ami, on m'a dit de la trouver ici. » Qui ne tente rien....
Dernière édition par Mataku le Mar 7 Juin 2016 - 23:36, édité 1 fois
Le rhum pour faire passer le temps, le rhum pour oublier les affres de la vie. Accoudée au bar, la femme viking est dans une discussion animée avec cet étranger qui a déjà trop abusé du rhum. Depuis des semaines, la température est chamboulée sur tout le pays. Un temps, ce fut les averses et les tempêtes, désormais on parle d'une nuit sans fin et d'une neige immaculée qui recouvre le sol. La neige lui rappelle cette lointaine Norvège d'où elle devrait venir, elle lui rappelle Tankred qui la préfère de loin à la pluie. Sif, elle aime la pluie, sentir l'eau glisser sur sa peau, mais elle apprécie aussi la neige et sa froideur. Elle aime cet hiver qui s'installe sur le Pays des Songes, mais elle l'appréhende également, tout comme cette noirceur. Les gens se détraquent, tout comme l'île et ça n'a rien d'étonnant. Certains déprimes déjà, mais Sif elle n'est pas du genre à se laisser abattre facilement. Pour elle, il ne s'agit que d'une aventure de plus, d'ailleurs sa vie entière n'est qu'une longue aventure sans repos.
Le Queen Anne's Revenge est amarré depuis quelques jours déjà et la femme pirate recherche déjà les distractions. Voilà pourquoi elle se retrouve accoudée au bar à cet heure. D'ailleurs quel heure est-il exactement ? Elle ne sait pas, mais y a-t-il réellement un heure raisonnable pour boire ? Elle en doute et peu importe, avec ce temps il est quasiment impossible de définir l'heure. Alors que l'ivrogne se lance dans un discours des plus endormants, le regard de la jeune femme se pose sur l'homme qui vient de prendre place à ses côtés. Une carrure d'épaules impressionnante, le teint hâlé, il lui rappel en tous points les indiens. L'espace d'un instant, elle l'observe n'écoutant plus l'homme qui jacasse sur gauche. « Eh oh, tu m'écoute ? » Ses iris se détournent alors de l'homme à la peau foncée et se posent sur l'autre homme, l'air blasé. Non, elle ne l'écoute plus et sincèrement elle n'en a que faire de ses paroles. « Je cherche une femme, une certaine Sif quelque-chose. C'est l'amie d'un ami, on m'a dit de la trouver ici. » Les paroles de l'étranger se fraient un chemin jusqu'à ses oreilles et elle fronce les sourcils en entendant son propre prénom. Par ici les Sif se font plutôt rares et surtout celles qui risquent de se trouver dans cette taverne.
Sif, elle fait taire le loup de mer d'un mouvement de main et posent ses yeux sur le grand brun. « L'amie d'un ami, vous dites ? Que lui voulez-vous à Sif ? » Elle le regarde, intriguée. La femme pirate n'a que très peu d'amis et elle se demande bien lequel a pu envoyé cet homme jusqu'à elle. Que désire-t-il obtenir d'elle ? Et qui est-il ? Un bel homme, de toute évidence, mais la n'est pas la question, seulement Sif, elle a tendance à accrocher sur le physique des hommes lorsqu'ils sont pourvus d'une grande beauté, comme cet inconnu. Pourtant en ce moment, ça n'a vraiment aucune importance, alors elle rejette ses pensées, se contentant plutôt d'observer l'homme, sans se soucier de l'autre qu'elle vient de laisser en plan et à qui elle fait maintenant dos. Il n'y a aucun doute, elle est cette Sif qu'il cherche et veut savoir ce qu'il désire. Elle est curieuse, peut-être même quelque peu craintive. Sur cette île les gens ne vous cherchent pas sans raison et il lui tarde de connaître celles de cet homme.
Qui ne tente rien n'a rien .. ; cependant, je crains un instant d'avoir posé la mauvaise question, et devant les mauvaises personnes. Faut dire qu'on ne sait jamais vraiment quels genre d'oreilles traînent dans une taverne. J'ai peut-e^tre ete un peu trop franc. Peut-être pas. Peut-être que cette assurance que j'affiche payera. Peut-être qu'elle intriguera quelqu'un qui saura me renseigner. Qui sait.
Les oreilles indiscrètes disais-je. Et au lieu du tavernier, c'est la femme à coté de moi qui répond. L'homme en profite pour retourner vaguer à ses occupations avec un rictus qui me laisse un goût amer et moi je prends le temps de dévisager la brunette avant de lui répondre. Est-ce que le tavernier a souri parce qu’il était ravi de ne pas avoir à me renseigner lui même, ou bien parce qu'il sait qu'elle va m’attirer des ennuis ? Allons Mata, reste sur tes gardes mais ne te mets pas sur la défensive pour rien. Ça serait la pire des choses à faire. Elle pourrait se méfier et et se jouer de toi juste pour le plaisir de te donner raison.
Un coude sur le comptoir, j'affiche un léger sourire pour rentrer convenablement dans la conversation et chasser mes craintes, et je lui réponds. « Disons qu'on m'a conseillé de venir la trouver. Je ne veux qu'une simple conversation. Rien de plus. » Cette femme sait où je peux trouver Sif, je n'ai plus aucun doute là dessus. Mais comme beaucoup ici, elle ne me donnera rien sans rien. Je l'ai vue boire quand je suis arrivé, et son regard trahi l'alcool qu’elle a déjà bu. Elle est loin d'être saoul, je n'aurais pas l’audace de le croire, mais voici peut-être une piste.
D'un petit signe de la main, je rappelle le tavernier. Il me reste encore un peu d'or, je peux en dépenser pour négocier une information. « Remettez un verre à ma nouvelle amie. » Amie est un bien grand mot, mais ici, il n'a aucun sens. Aucun. Et une fois qu'elle est servie, je lève mon verre vers elle et je me force à en avaler une gorgée. La boisson me brûle la gorge, je voudrais en recracher chaque goutte sur le sol mais je prends sur moi. L'alcool est un poison, j'ai vu les ravages qu'il peut faire. Mais c'est un sacrifice que je dois être prêt à faire si je veux mes réponses. Tout comme faire l'effort de la vouvoyer alors que ce n'est pas dans mes habitudes. « Et vous dites moi, vous devez la bien la connaître pour vouloir prendre sa défense comme ça. C'est tout à votre honneur. Je respecte ça, les amis sur lesquels on peut compter sont rares, elle a de la chance de vous compter parmi les siens. Mais je vous assure que je ne souhaite réellement rien de plus qu'une discution. »
Les iris de la jeune femme observent le visage du grand brun qui affiche un sourire, ses yeux posés sur elle. « Disons qu'on m'a conseillé de venir la trouver. Je ne veux qu'une simple conversation. Rien de plus. » Une simple conversation ? Rien n'est jamais simple avec les hommes, elle le sait parfaitement. Si cet homme est venu jusqu'ici pour la chercher, elle doute qu'il ne désire qu'une simple conversation. Elle arque un sourcil, ne le délaissant pas des yeux et l'obsere lorsqu'il s'adresse au tavernier. Il lui offre un verre et elle se doute que ce n'est pas pour tenter de l'emmener dans son lit comme d'autres le feraient. Ce qu'il désire, c'est obtenir des informations, elle s'en doute maintenant, mais au sujet de quoi ? Ça elle n'en a pas la moindre idée.
Devant elle, le tavernier pose une choppe de bière et elle la saisit, observant toujours l'homme au teint sombre. Il lève son verre vers elle et en boit une gorgée. Elle pourrait jurer qu'il n'a pas l'habitude du rhum, pourtant il avale le liquide comme si rien était, mais elle arrive à le lire dans ses yeux. Il ne boit pas par envie, ce qui amuse la femme viking, mais elle ravale ce sourire naissant sur ses lèvres. « « Et vous dites moi, vous devez la bien la connaître pour vouloir prendre sa défense comme ça. C'est tout à votre honneur. Je respecte ça, les amis sur lesquels on peut compter sont rares, elle a de la chance de vous compter parmi les siens. Mais je vous assure que je ne souhaite réellement rien de plus qu'une discution. » Une discussion, elle n'a aucun doute à ce sujet, ce qu'elle redoute, c'est les propos de cette disussion. Sif, elle porte sa bière à ses lèvres et en bois une longue gorgée, avant de reposer la choppe devant elle. Elle s'accoude à son tour au bar, se rapprochant légèrement de l'homme. « Je suis celle que vous cherchez. Je ne doute pas de vos intentions. Ce qui m'intrigue, c'est le sujet de cette conversation. Vous n'avez visiblement pas l'habitude de ce genre d'endroit, ni du rhum. Et mon intuition féminine me dit que vous désirez obtenir des informations de moi. » Elle ne parle pas à vive voix, elle garde un ton bas, afin d'éviter que des oreilles indiscrètes espionnent cette conversation. Ses iris sombres observent le visage de l'homme et elle étire un demi sourire. Elle aimerait pouvoir le déchiffrer, comprendre qui il est et ce qu'il désire en lisant ses pensées, mais malheureusement elle n'a pas cette capacité.
« Vous connaissez mon nom, alors avant tout, j'aimerais bien connaître le vôtre. » Cet homme a le visage d'un indien, elle est prête à parier qu'il est un peau rouge et son nom devrait le lui confirmer. S'il en est bien un, il est en territoire ennemi, à moins qu'il soit un pirate, mais ça elle en doute fortement. Heureusement pour lui, la brune n'a rien du tout contre ces peuples, tant et aussi longtemps qu'ils ne s'en prennent pas à elle. Pour être honnête, elle les préfèrent même aux pirates, les peaux rouges ont de l'honneur au moins, alors que la majorité des pirates n'en ont pas. Et si cet homme est bel et bien un indien, les informations qu'il cherche à obtenir doivent être très importantes, s'il vient jusqu'ici et prend le temps de boire un verre avec elle. Que cherche-t-il à savoir ? Sif est-elle réellement la clef de ses questions ? Elle se le demande et elle est impatiente de savoir ce qu'il veut, mais avant tout, elle cherche à savoir qui est ce grand brun.
Lui offrir un verre est tout ce que j'ai trouvé pour me la mettre dans la poche. On pourra dire ce qu'on veut, les années passées sur les traces de ces assassins n'ont pas réussit à m'inculquer la moindre expérience en la matière. Peut être que je focalise trop sur le résultat et pas assez sur les moyens. Ça expliquerait pourquoi je ne cherche pas à m’améliorer de ce coté là. J'escompte bien ne plus jamais avoir à faire à ces gens là une fois que j'aurais ce que je veux. De quelque façons que ce soit. Et surtout pas pour trinquer avec eux. D'autant qu'elle a une belle descente, la pirate, et moi... moi je ne tiendrais pas la route si tout ceci doit s’éterniser. J'ai beau être d'une bonne constitution, moi qui ne bois pour ainsi dire jamais je serais vite hors jeu.
Voila qu’elle se rapproche pour me fair eun aveu auquel je ne m'attendais pas. La chance me sourirait-elle enfin un peu que je sois tombé sur elle comme ça ? Malgré moi, je ricane, incapable de me défendre de ses déductions. Dire que je descends régulièrement dans les gargotes comme celle ci serait mentir, et vu la crédibilité que j'aurais, me ridiculiser tout à fait. Elle se trompe en revanche quand à la cible des questions que je compte lui poser. « Pas tout à fait m'dame. » que je réponds simplement amusé par son demi sourire.
La requête qu’elle formule, elle ets plus que légitime. Je sais qui elle est à présent, et elle ignore encore à qui elle a à faire. L'espace d'un instant, j’hésite à mentir. Et si les gens faisaient le rapprochement ? Puis je réalise la stupidité de mon raisonnement. C'était il y a des années et je doute sincèrement que ces gars là soient du genre à se souvenir de leurs victimes. Une autre gorgée de rhum avant d'entrer dans le vif du sujet, la même sensation désagréable et le même remord en le reposant. « Vous avez raison. Pardonnez moi. Mon nom est Mataku. » Ça reste succin mais ça nous place au moins sur un pied d’égalité. Si ce n'est qu’elle est ici chez elle et que j'ai l'impression de m’être perdu en territoire inconnu.
Délaissant mon verre que je ne compte définitivement pas finir à moins qu'elle ne m'y invite, je plonge mon regard dans le sien, comme si ce pouvait m'aider à guetter la réaction qu’elle aura quand elle entendra le but de tout ceci. « Vous aviez bon vous savez. J’espère bien tirer quelques informations de notre conversation. Mais je ne mentais pas. Je ne vous veux pas le moindre mal à vous en particulier. Vous n’êtes qu'un moyen pour arriver à mes fins. » Cette formulation est maladroite, j'en ai conscience à peine le dernier mot franchi mes lèvres. Mais les phrases se sont formées seules, sans que je puisse me censurer. Et dire que je n'ai pas encore terminé mon verre.
Sif, elle ne peut s'empêcher de le fixer, c'est plus fort qu'elle, elle n'y peut rien. Son visage attire son regard, il la force à l'observer et elle ne peut se défendre contre un physique tel que le sien. Les hommes sont sa faiblesse, même si aujourd'hui cette discussion n'a absolument rien à voir avec le physique. Bien qu'elle essaie, elle n'arrive pas à y faire abstraction et là est un de ses plus gros problèmes. Elle pense trop Sif ou pas assez, ça dépend bêtement du point de vu sous lequel on l'observe. De ce côté-là, elle se rapproche un peu trop des hommes qu'elle côtoient chaque jour, mais là est sa vie. À sa connaissance, elle a toujours été sur le navire de Barbe Noire, là est son tout premier souvenir. Elle a toujours été entourée d'hommes, si bien qu'elle en a prit les habitudes et parfois le raisonnement. Peut-être seulement a-t-elle cette intuition féminine qu'ils n'ont pas. Peut-être sait-elle plus aisément lire le visage et l'attitude des gens. Tel en ce moment, avec cet homme dont elle ignore tout.
À sa réaction, elle constate qu'elle l'a bien cerné, mais pas totalement. « Pas tout à fait m'dame. » M'dame ? Elle ne peut s'empêcher d'étirer un sourire amusé devant ce mot, Sif. Si elle est bien une femme, elle doute fortement que le mot m'dame lui convienne vraiment. Cependant, elle ne relève pas et se contente de lui demander qui il est. Avant de répondre à sa question, l'homme prend une nouvelle gorgée de rhum et une fois de plus, elle constate qu'il n'est pas à l'aise avec cette boisson, alors pourquoi en boire ?
« Vous avez raison. Pardonnez moi. Mon nom est Mataku. » Mataku... les sonorités font bien indiennes et ça ne fait plus aucun doute dans l'esprit de la guerrière, cet homme est bel et bien un indigène. Ses yeux sombres comme la nuit se posent dans ceux de la femme pirate et elle soutient son regard, ne détournant pas les yeux. « Vous aviez bon vous savez. J’espère bien tirer quelques informations de notre conversation. Mais je ne mentais pas. Je ne vous veux pas le moindre mal à vous en particulier. Vous n’êtes qu'un moyen pour arriver à mes fins. » Un moyen d'arriver à ses fins ? À ses paroles, elle se voit encore plus intriguée par le but de cette conversation. Que cherche-t-il à savoir ? Que sait-elle d'important que lui ne sait pas ? Elle parierait fort bien qu'il est en quête de vengeance, mais elle ignore si tel est le cas. Un court moment, elle reste silencieuse, l'observant avec attention. Une fois de plus, elle aimerait pouvoir s'incruster dans sa tête, lire dans ses pensées afin de savoir ce qu'il veut, sans qu'il ne prononce le moindre mot.
« Habituellement c'est à d'autres fins que les hommes requièrent ma présence. Je dois dire que c'est plutôt intriguant. » Sif, elle sourit avant de prendre une gorgée de rhum, sans toutefois le délaisser des yeux. Les hommes sont doués pour se servir d'elle afin d'arriver à leurs fins et d'ailleurs, elle exige la même chose d'eux. Seulement, avec cet homme c'est différent. Il cherche a obtenir autre chose d'elle et c'est sans doute ce qu'elle appréhende. S'il était là pour obtenir un peu de chaleur humaine, elle n'aurait pas à se demander ce qu'il lui veut, mais en ce moment, elle est bien intriguée. « Je dirais même que c'est un peu inquiétant. Je crois bien que j'ai besoin de me détendre un peu avant d'entendre ce que vous avez à me dire et vous aussi, d'ailleurs. Vous devriez boire encore un peu, Mataku. » À nouveau, elle étire un sourire. Elle n'a pas réellement besoin de se détendre, mais lui si, du moins c'est l'impression qu'elle a. D'un autre côté, elle se joue un peu de lui, voyant son dégoût pour le rhum.
Je n'aurais pas du aborder les choses de cette façon. Et plus encore, je n'aurais pas du tenter de faire.. couleur locale comme ils disent, en prenant ce verre. Pourtant, elle ne semble pas s'offusquer de mes mots. Bien au contraire, j'ai plutôt l'impression d'avoir attisé sa curiosité. Ce qu’elle confirme d'ailleurs. Je l'intrigue ? En voilà une réaction surprenante. Et je ne peux pas m’empêcher de la fixer comme elle ne me lâche plus des yeux. Aurait-elle... oh non... si elle a mal interprété mes propos, je risque de devoir m'asseoir sur les quelques informations qu'elle pourrait détenir. Aussi je m’apprête à reprendre pour éclaircir un peu ma pensée et éviter les quiproquos mais elle me devance. Voila qu'à présent elle trouve tout ceci inquiétant.
Pourtant elle ne semble pas vouloir me fuir. Mire encore, elle propose de se.. détendre avant de m’écouter ? Mieux ou pire, puisqu'elle a dans l'idée de partager un autre verre. Allons Mataku, il ne faudrait pas perdre le fil. Trop boire, ce serait prendre le risque d'oublier ce pourquoi je suis venu. J'ai vu la lente déchéance de mon frère à cause de ce poison, je refuse de me laisser prendre. Seulement... refuser cette invitation c'est perdre le peu que je viens de gagner avec elle. Je l'intrigue, elle est curieuse, autant en pas risquer de lui donner une raison de changer d'avis. Se joue-t-elle de moi ? Certainement, c'est une pirate après tout. Mais je ne compte pas reculer maintenant, abandonner aujourd'hui. Un ricanement, mes doigts hésitant qui jouent sur le verre...
Je l'ai vidé d'une traite, ne masquant cette fois pas la grimace que le goût infecte de la liqueur m'inspire. « Vous avez raison. Il n'y a pas de mal à se détendre un peu. » Elle veut jouer avec moi ? Soit, entons dans son jeu. Il suffira que je m’arrête avant de perdre le fil. Ça ne devrait pas être si compliqué, si ? « La même chose, pour la demoiselle et pour moi. » que je lance au tavernier en faisant mine d'y croire. Il nous sert et pour prouver ma bonne volonté à la jeune femme, je vide ce second verre à peine est-il servit, secouant brièvement la tête en le reposant à la manière d'un chien mouillé qui s’ébrouerait en sortant de l'eau. « Où en étions nous ? » Je reporte mon regard sur elle, essayant de faire abstraction de la soudaine chaleur qui m’envahit les joues. « Ah, j'y suis. Je disais que j'avais besoin d'une information. » Qu'avais je dit d'autre ? « Ça vous est probablement sorti de l'esprit depuis le temps. Vous devez en voir des choses, vous autres... » Je laisse ma phrase en suspend, essayant de me souvenir où je voulais en venir en tournant les choses ainsi. Sorti de l'esprit disais je hein ?
Il laisse échapper un ricanement, avant de vider son verre d’un seul trait. Cette fois, il ne tente pas de masquer son dédain pour ce liquide qui glisse contre les parois de sa gorge. La femme viking n’en sourie que davantage, amusée par la scène. Elle a l’habitude des hommes qui tiennent parfaitement l’alcool, les hommes qui ne grimacent pas devant ce goût amer et fort. Cependant, elle a conscience que chez lui, le rhum et la bière ne doivent pas être monnaies courantes, elle peut donc se mettre à sa place et comprendre. Sif, elle grimacerait peut-être de la sorte, si elle était face à une boisson typique des peaux rouges.
La voix de l’homme retentit, elle l’écoute. « Vous avez raison. Il n'y a pas de mal à se détendre un peu. » Elle sourit, satisfaite. « La même chose, pour la demoiselle et pour moi. » Le tavernier obéit sans tarder, posant les deux verres devant eux et aussitôt servit, l’indien vide à nouveau son verre en un seul trait. Il se secoue la tête, avant de poser son verre, tandis que la brune prend une longue gorgée du sien. Il prend à nouveau la parole et elle l’écoute. « Où en étions nous ? » Il pose son regard sur elle, alors que les iris de la viking ne l’ont toujours pas quitté une seule seconde. « Ah, j'y suis. Je disais que j'avais besoin d'une information. » Elle le regarde, elle attend, sans le presser. « Ça vous est probablement sorti de l'esprit depuis le temps. Vous devez en voir des choses, vous autres... » Vous autres ? Elle esquisse à nouveau un sourire.
« Nous autres… Vous voulez dire les pirates ? Les méchants ? » À nouveau, elle prend une longue gorgée d’alcool, avant de replonger ses yeux sur son visage. Cet indien n’a nullement l’habitude de boire, aurait-il déjà l’esprit embrouillé après deux petits verres ? Si c’est le cas, les choses risquent d’être fortement intéressantes. « Vous avez raison, je vois beaucoup de choses, mais j’ai également très bonne mémoire. » Elle étire un léger sourire, Sif. Des choses, elle en a vu, depuis son arrivée au pays des songes. Cependant, si elle est amnésique de son passé inexistant, elle garde tous les détails possibles en tête. Son cerveau absorbe tout comme une éponge, ainsi elle a bonne mémoire. Si elle a été témoin de ce qu’il cherche à savoir, elle risque fortement de s’en souvenir, mais la question est plutôt : le voudra-t-elle ? La seule façon de le savoir, c’est de connaître les renseignements qu’il cherche à obtenir. « Allez-y, Mataku. Cessez de tourner autour du pot. Que voulez-vous savoir ? Je suis toute ouïe. » Elle prend une nouvelle gorgée, avant de replonger dans les yeux sombres de l’homme. Sa venue à One-Eyed Willy l’intrigue. Que fait un indien si loin de chez lui ? Que recherche-t-il ? Il vient solliciter l’aide d’un pirate, ses motivations doivent donc être importantes. Quelles informations la brune peut-elle lui apporter ? Elle se le demande et elle veut connaître la réponse. Quelqu’un lui a dit de venir la trouver ici, ce quelqu’un sait donc que Sif, elle connait les réponses à ces questions ou pour le guider vers quelqu’un qui saura lui répondre.
Et une fois de plus, le choix de mes mots était tout sauf judicieux vraiment. Vous autres ? Bravo Mata, tu viens de gâcher tout tes efforts de diplomatie avec une seule petite expression grossière qui n’avait rien à faire là. Chapeau bas. Et si je commence à avoir l’esprit embrouillé par ce breuvage infecte, elle, elle est encore en pleine possession de ses moyens et raisonne avec une logique implacable. Les méchants… était-ce si aisé de lire entre les lignes toute la rancœur que j’ai envers ses semblables ? Trop tard, ce qui est dit est dit et je crains qu'elle ne soit désormais fermée à toute conversation. Pourtant, elle me surprend une fois de plus en me souriant avant de répondre et moi je ne peux m’empêcher de fixer ce sourire qui n'a à mon sens rien à faire là. Pas que je voudrais qu'elle s'en prive, ça lui va plutôt bien, et puis ça détend l’atmosphère bien plus efficacement que l'alcool que je me suis semblerait-il forcé à boire pour rien.
Elle a bonne mémoire dit-elle. Ce peut être ma chance, elle se souvient peut-être d’un détail, d’un visage, d’un nom, qui m’aiderait à avancer mon enquête et me rapprocher de ma vengeance. Alors puisqu’elle demande que je cesse de tourner autour du pot, pour reprendre ses termes, je me lance. Une grande inspiration, un regard fuyant le temps de chercher mes mots, et me voilà parti dans ce que j’espère être une explication clair et concise des faits. « Mon frère.. il avait pour habitude de trainer ici, pour y vider verre après verres. Il avait aussi pour habitude de provoquer les mauvaises personnes une fois que l’alcool avait fait son effet. » Quelle jolie manière de formuler ça. Mais je ne peux tout de même pas dire ouvertement : mon frère était un poivrot qui avait l’alcool mauvais. « Il y a trois ans de ça, il s’est fait abattre par un des tiens. Ou un type d’un autre équipage, qu’est-ce que j’en sais moi. Toujours est-il que c’est pour moi une question d’honneur tu comprends. Il faut que je retrouve ce type et que je règle certaines choses. » Et puisqu’elle soutient mon regard, je la fixe à mon tour avec toute la détermination que je mets dans cette affaire. « Au-delà de ça, au-delà de la vengeance que je suis en droit de vouloir obtenir, il n’était pas seul ce jour-là. Sa femme était avec lui. » Je me garde bien d’entrer dans les détails, ce qu’il y avait entre Ena et moi ne regardait que nous. Mais les yeux me brulent et je me mords la lèvre en silence en sentant une colère sourde que j’avais cru refoulée depuis longtemps refait surface rien à l’évocation des faits. « Elle a laissé une fille derrière elle. C’est pour elle aussi, pour qu’elle puisse grandir sans avoir à risquer de croiser l’assassin de sa mère. »
Je sais pertinemment que ce que je suis sur le point de faire est une ânerie sans nom, et pourtant comme un réflexe sorti de nulle part, je fais signe au tavernier de remplir à nouveau mon verre. Je n’ai plus un sous en poche mais sur le moment, c’est le cadet de mes soucis. Discuter de tout ça avec elle est plus difficile que je ne l’aurais cru, l’alcool aidera peut-être… Comme le précédent, si tôt servit, ce verre est déjà vide. Et je marque un long silence, le regard rivé à ce gobelet, tendant de rassembler un peu mes esprits. « Tu comprendras que quand on m’a dit que tu avais probablement des informations, je me suis empressé de te chercher. » Tient, depuis combien de temps ai-je commencé à la tutoyer ?
Les yeux de la femme pirate cherchent ceux de l'homme qui se font fuyants, durant quelques instants. Ce qu'il a à dire semble difficile à exprimer, alors elle ne le presse pas davantage. « Mon frère.. il avait pour habitude de trainer ici, pour y vider verre après verres. Il avait aussi pour habitude de provoquer les mauvaises personnes une fois que l’alcool avait fait son effet. » Elle l'écoute avec attention, Sif, elle ne néglige aucun détail. Un indien qui traîne dans les parages... Voilà ce qui est plutôt rare, pourtant elle en a déjà vu quelques-uns, la brune. Il lui faudra davantage d'explications, mais elle sait que ça vient, elle sait qu'il n'a pas terminé de parler. « Il y a trois ans de ça, il s’est fait abattre par un des tiens. Ou un type d’un autre équipage, qu’est-ce que j’en sais moi. Toujours est-il que c’est pour moi une question d’honneur tu comprends. Il faut que je retrouve ce type et que je règle certaines choses. » Elle ne bronche toujours pas, la viking, elle l'écoute, elle l'observe. Cette fois, il la regarde, il soutient son regard. Il semble de plus en plus déterminé. « Au-delà de ça, au-delà de la vengeance que je suis en droit de vouloir obtenir, il n’était pas seul ce jour-là. Sa femme était avec lui. » Malgré toute la détermination que l'indien semble avoir, elle perçoit un voile sur son regard, la tristesse, la colère, un mélange des deux, peut-être. Il se mord la lèvre, Mataku, avant de poursuivre. « Elle a laissé une fille derrière elle. C’est pour elle aussi, pour qu’elle puisse grandir sans avoir à risquer de croiser l’assassin de sa mère. » Sur ces mots, il fait signe au tavernier de remplir son verre et il le termine à nouveau d'un seul trait.
Elle reste muette Sif, elle continue de l'observer. Elle n'a pas de frère Sif, à vrai dire, elle n'a aucune famille. Pourtant, elle peut comprendre la rage qu'il ressent, ce besoin de vengeance. Elle ferait pareil, si on lui enlevait un être cher. Trois ans... ça fait trois ans qu'il doit chercher un moyen de retrouver ceux qui on fait ça et aujourd'hui, c'est à elle qu'il pose des questions, parce qu'il sait qu'elle est au courant de quelque chose, la norvégienne. Et en effet, elle l'est, Sif. Ça ne fait aucun doute, elle a assistée à la scène, la femme pirate. Elle s'en souvient parfaitement, elle n'a pas besoin de chercher plus longtemps. C'est un des siens qui a fait ça, c'est un membre de son équipage qui lui a prit son frère et sa belle-soeur. La scène lui revient à la tête, un acte barbare et de sang-froid, mais elle tente de rester de marbre, Sif, l'observant toujours de ses iris sombres.
« Tu comprendras que quand on m’a dit que tu avais probablement des informations, je me suis empressé de te chercher. » Elle hoche doucement la tête, Sif, oui elle comprend, elle aurait fait comme lui. Cependant, elle sait aussi que ça serait de la pure folie de tenter de se venger. L'homme qui lui a prit deux membres de sa famille est vil, redoutable, l'indien pourrait se faire massacrer. Elle le sait, Sif et elle sait aussi qu'il pourrait s'en prendre à elle, si la vérité venait à se savoir. Elle n'est pas trouillarde, la viking, mais elle n'est pas suicidaire pour autant. Trahir un des siens pour un peau rouge ? Elle ne peut pas, la brune, même si elle comprend ce besoin de vengeance. Durant un instant, elle hésite. Miser sur la franchise ou raconter un mensonge ? L'espace d'un instant, ses yeux se séparent de lui et elle prend une nouvelle gorgée, avant de l'observer de nouveau.
« Je pourrais vous mentir, vous dire que je n'ai aucune idée de ce dont vous parler. Mais ce n'est pas le cas. » Elle se mord légèrement la lèvre, hésitante. Mentir aurait sans doute été plus simple, mais sachant qu'il doit chercher des réponses depuis trois ans, elle ne peut pas se résoudre à lui mentir. « J'ai assistée à la scène de mes propres yeux, mais je ne peux pas me permettre de vous donner son nom, Mataku. Ça serait trop dangereux, pour vous et pour moi. » Son visage est sérieux, ses iris rivés sur lui. Elle voudrait lui venir en aide, parce qu'elle comprend, elle peut se mettre à sa place, mais non, elle ne peut pas lui dire la vérité, Sif. Elle sait que c'est risqué, elle sait qu'elle aurait sans doute dû mentir, mais elle n'a pas su, elle n'a pas pu. « Je peux comprendre votre besoin de vengeance, mais vous en prendre à cet homme serait de courir tout droit vers la mort. Il est vil, redoutable et bien entouré, vous ne ferez pas le poids à vous seul. » Elle secoue légèrement la tête, son regard bien ancré dans le sien. Non, elle ne peut pas lui dire de qui elle s'agit, même si ce pirate, elle ne le porte pas dans son coeur. Ça serait trop dangereux, autant pour l'indien que pour elle.