"I need you, there's a reason after all, all the things that I have done. M83
Cela faisait des semaines que Naïla avait élu refuge chez Magnus. La circonstance de son arrivée n'était pas des plus remarquables. A vrai dire, elles étaient même atroces. Loin du village, elle avait élu domicile dans la forêt des âmes, jusqu'à ce qu'au beau milieu de la nuit des pirates ne viennent pour la capturer. Elle avait bien entendu tenté de fuir, mais ils avaient fini par la bloquer. Ils avaient déclaré la violer et la tuer. La jolie brune avait un souvenir flou, elle avait fini inconsciente au beau milieu de la forêt. Magnus lui était venu en aide et malgré le manque de confiance du début, elle avait fini par se laisser héberger le temps de son rétablissement. Elle portait une sacrée cicatrice à l'épaule droite à cause d'une épée qui y avait été plantée, mais elle allait mieux, elle était en vie et c'est tout ce qui comptait à présent !
Quoi qu'il en soit, cela faisait maintenant un bon mois que Naïla n'avait pas donné signe de vie. Elle n'avait pas quitté la ferme de Magnus. C'était trop risqué. Même le mercenaire, Aodren, qui lui avait gentiment laissé la vie sauve, lui avait conseillé de disparaître quelques temps. Mais il fallait savoir que le plus gros défaut de la jolie jeune femme était sans doute la curiosité. Et rester enfermer dans une ferme devenait de plus en plus difficile. Alors, elle avait informé Magnus du fait qu'elle irait chercher quelques affaires à Bluffman's Bluff. Mais tout ne s'était pas passé comme prévu. Des pirates rôdaient dans la forêt et étaient tombés sur Naïla. Une course poursuite s'était ensuivi dans la forêt. Elle avait couru. Encore et encore. Trébuchant, manquant de tomber. Cela faisait au moins trois bons kilomètres. Elle était essoufflée et en plus de ça trempée. Le mauvais temps faisait rage. Il pleuvait à torrent. L'eau dégoulinait le long des cheveux de la jeune femme. Elle savait qu'elle se rendait dans la direction opposée à son objectif. La seule porte de secours qu'elle connaissait se trouvait au campement des Picaninny.
Elle ne savait pas où étaient ses fichus pirates. Elle n'avait pas le temps de regarder derrière elle. Naïla fit seulement en sorte de prendre des petits recoins afin de les semer. C'est ce qui arriva quand elle arriva au campement des indiens qui était calme contenu de l'heure. Sans perdre une minute, paniquée, elle se rendit au tipi de Mingan. C'était son seul ami à qui elle pourrait faire confiance et elle connaissait ses habitudes de ne pas dormir la nuit. Ce fut donc sans prévention qu'elle rentra dans son tipi et se mit à parler, à bout de souffle, d'une voix rapide, saccadée à cause du manque de souffle. Sa robe lui arrivant à mi-genoux était trempée et pleine de boue en bas. Ses bottes... N'en parlons pas !
« Mingan. J'ai... besoin de ton aide. Je... Remarquant qu'elle venait de le réveiller et qu'en plus de ça il était torse nu, elle détourna son regard par pure politesse. Je suis vraiment... désolé...»
Depuis la mort de ma fiancée, tout est un grand bordel dans ma tête, je suis devenu un oiseau de nuit. La chasse du matin jusqu'à la noirceur de la nuit, sinon la nuit jusqu'aux petites heures du matin, bref... Je suis le loup gris solitaire, celui qu'on voit rarement maintenant plus de 3 heures dans le camp. Une demi-journée est pratiquement trop longue pour moi, je ne peux rester ici à rien faire, je dois me changer les idées. Cependant, cette nuit, je suis resté dans mon tipi allongé et pour une fois depuis longtemps, je me suis endormi paisiblement. Je suis tombé dans un sommeil si profond que rien, ni même le hurlement des loups ne réussit pas à me réveiller.
Sous le déluge et l'orage à l'extérieur je suis bien sous mes fourrures et même qu'il fait trop chaud, donc je me suis débarrassé de mes vêtements complets pour les poser au pied de mon lit. Les rêves m'emportent dans leur monde et me font découvrir un étrange univers, fantastique, mais à la fois effrayant, tellement qu'il était étrange...
Dans un de mes rêves, je vis Naïla, ma jeune protégée qui ne m'a pas donnée de nouvelles depuis environ, un mois ? J'essaye de ne pas m'inquiéter pour elle, mais il y a longtemps que je l'ai vu apparaître à ma porte, devrais-je m'inquiéter plus qu'il le faut ? Bref, dans ce rêve, je vois la jeune femme apparaître dans mon tipi, le regard terrifié et les mains pleines de sang... J'eus un choc au cœur en la voyant dans cet état! Cependant, cela n'est qu'un rêve jusqu'à ce que la vie réelle me frappe en pleine nuit.
« Mingan. J'ai... besoin de ton aide. Je... » Hum, je me réveille en sursaut, les yeux encore endormis et les plissant légèrement à cause de la fatigue. Je suis complètement perdu, où suis-je ? Qui est cette inconnue devant moi ? Cela dur quelques secondes, le temps de reprendre mes esprits... Puis soudain, dans la simple lueur d'une chandelle allumée, je reconnais l'endroit où je suis et la jeune femme qui se tient devant moi...
-Naïla ?...
Je passe une main sur mon visage pour me réveiller un peu et dans mes cheveux pour ensuite sortir de mes fourrures torses nu, à vrai dire pas simplement torse nu, mais complètement nu. Elle détourne les yeux et un sourire endormi se dessine doucement sur mes lèvres le temps de prendre au moins mon pantalon et de l'enfiler. Je m'approche d'elle tout en la détaillant du regard... Oh! merde... Ma protégée est vraiment dans un piteux état. Je l'observe d'un air confus...
-Tu... vas bien... Pourquoi es-tu couvert de boue ? Dis-je calmement.
Je ne remarque pas son air paniqué sur son visage, mes yeux observent fixement sa robe toute sale et trempée ainsi que ses bottes horriblement... bref, elles font presque pitié. Toutefois, lorsque je pose mon regard clair dans ses yeux et que je la vois paniquée, je ne peux m'empêcher de ressentir le besoin de la rassurer. Je m'approche d'elle et pose mes mains sur son visage, mes yeux dans les siens j'essaye tant bien que mal de la calmer.
-Calme-toi... viens avec moi. Dis-je lui caressant la joue.
Je lui prends sa main délicate et l'attire sur mon lit. Une fois qu'elle est assise, je m'accroupis pour lui enlever ses bottes. Seigneur, elle doit souffrir! Je ne peux pas la laisser ainsi, elle va tomber malade... Je me lève et dans un vieux coffre, je réussis à sortir les vêtements d'une femme qui me manque terriblement... Je n'ai pas vue ces vêtements depuis sa mort et même si cela me fait mal, je crois qu'ils ont besoin d'être portés. Je prends un linge et le trempe dans l'eau encore tiède de mon vieux chaudron pour nettoyer un peu Naïla. Bref, une fois que j'ai trouvé ce que je cherche, je me retourne vers ma protégée et m'approche d'elle calmement. Je l'aide à se mettre debout et m'attaque à sa robe, mes doigts détachent celle-ci délicatement et avant de lui retirer complètement, mes yeux plongent dans les siens pour quelques secondes.
-Tu es en sécurité avec moi Naïla... prend cette robe et ce linge pour te nettoyer d'accord ? Ensuite, tu m'expliqueras qu'est-ce qui t'arrive.
Naïla est chez elle ici, aussi longtemps que je serais en vie sur cette terre, elle pourra toujours compter sur moi. Dehors l'orage devient plus intense, plus violent et on entend plus que le déluge qui frappe le tipi... Tous les sons ont disparu et Naïla n'avait rien à craindre avec moi, je ne laisserais personne lui faire du mal.
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Naïla était belle et bien consciente qu'elle devait faire totalement pitié dans cette tenue. Ce n'était pas ainsi qu'elle avait espéré revoir l'un de ses seuls amis, Mingan. A vrai dire, elle avait disparu près d'un mois. C'était comme-ci elle revenait comme une fleur et profitait de ce qu'il avait à lui offrir. Mingan savait mieux que tout le monde que la jeune femme détestait dépendre des autres et qu'elle voulait constamment se débrouiller seule. Elle avait peut-être besoin de se prouver quelque chose à elle-même qui sait ?
Le pire dans la situation était qu'elle s'en voulait d'être ici. Elle le mettait en danger inutilement. Elle aurait dû aller ailleurs, mais elle n'avait nul part où aller. Les choses étaient claires dans sa tête: elle resterait ici pour la nuit et repartirait pour sa quête dès le levée du soleil. Dans ce campement, il y avait des tas de personnes à qui elle tenait pour lui avoir sauvé la vie. Elle n'allait pas les mettre en danger de morts face à des pirates plus crétins les uns que les autres.
Peu importe. Maintenant, elle était là. Face à Mingan. Grelottante et trempée de la tête aux pieds. On aurait pu croire qu'elle sortait d'une baignade toute habillé, mais avec les inconvénients de la boue en plus. L'eau ruisselait dans ses cheveux et s'écoula lentement sur le sol du tip. Plic. Ploc. Ce fut le seul son que la jolie brune entendit le temps d'un instant.
Il ne fallut que quelques secondes avant que le grand chasseur se lève et s'approche d'elle. Il devait faire une tête de plus qu'elle. Quand il posa la main sur sa joue, la jeune sirène se laissa étonnement faire. Pourtant Dieu savait qu'elle haïssait le contact humain. Elle évitait ça comme la peste. Ce n'était pas son fort. Pourtant, depuis quelques semaines, son mode de vie avait été totalement chamboulé. Elle avait été "obligée" de se sociabiliser. Pour le meilleur comme pour le pire.
Tremblante, elle avait les bras croisés sous la poitrine et se laissa guider jusqu'au lit du jeune homme avant de s'asseoir dessus. Ses pensées étaient rivés sur les pirates. Et si ils débarquaient ici? Elle était comme omniprésente. Physiquement, elle était là. Mentalement, elle était à des milliers de kilomètres de là. Elle était surtout inquiète. Et si elle avait fait une connerie en venant ici? Elle pourrait être rassurée d'ici dix minutes, au moins. Pas avant.
Elle revint à la réalité quand Mingan la fit se mettre debout. Elle se laissa guider, sentant ses mains chaudes parcourir le lacet du corset de sa robe. La douce chaleur d'un corps humain mélangé à l'humidité de sa peau la fit frissonner. Retirer ce noeud était comme une liberté. Bien entendu, elle tint le devant de sa robe en se tournant vers Mingan. Elle n'était pas pudique, mais se retrouver en sous-vêtements devant un homme torse-nu, à moitié collé à lui, ce n'était pas vraiment son fort. Elle se contenta d'attraper les vêtements, sachant très bien à qui ils avaient appartenu. Elle redressa son regard vers lui en fronçant les sourcils.
« Je ne peux pas prendre ses vêtements, Mingan... »
Voyant son expression faciale qui lui confirmait que cela ne posait pas problème, elle ne broncha pas plus et se mit dos à lui avant de laisser tomber sa robe à ses pieds et d'enfiler ce qui ressemblait à unerobe arrivant au niveau des genoux. Le type de tenue que la jeune Naïla adorait pour ses escapades en forêt. En effet, cela était à la fois féminin et pratique par le fait qu'elle pouvait facilement courir sans ses prendre les pattes dans sa robe qui lui arrivait aux pieds, contrairement à elle qui atteignait les genoux. La dentelle au dessus de sa poitrine dévoilait légèrement une cicatrice récente à l'épaule, dû à une épée qui y avait été plantée. Finissant d'enfiler le haut de la robe, elle se tourna vers son ami et une fois son action terminée, elle planta son regard dans le sien.
« Merci, Mingan. Ecoutes, j'ai besoin d'un refuge, juste pour cette nuit. Je te promet que je ne m'éterniserai pas longtemps ici. Tu veux bien ? » dit-elle, finalement calmée, malgré qu'elle était gelée.
Je sais que Naïla n'est pas du genre à aimer le contact humain, je connais la jeune femme dans toutes ses surfaces, mais malgré tout... Je ne m'empêche pas de faire ce genre de geste dont elle s'habituera probablement un jour... Même que cette fois, elle se laisse faire. Peut-être parce qu'elle a le sentiment qu'elle peut me faire confiance. Naïla tremble de froid et grelotte, elle est trempée de la tête au pied et je ne tarde pas plus longtemps, je l'attire vers mon lit pour qu'elle s'assoie et lui enlèves ses bottes... La jeune femme ne répond pas tout de suite à ma question, elle semble être dans un autre monde que le nôtre, pensive... J'essaye de ne pas la troubler plus qu'elle ne l'est avec mes questions.
Plus elle pense, plus dans ses yeux montent cette frayeur, cette panique pique ma curiosité et sincèrement, je commence à m'inquiéter. Je pose ses bottes près du lit et la laisse un moment pour ouvrir ce coffre du quel, je sors une robe pas trop longue. Elle appartenait à ma fiancée, mais pourquoi la laisser vieillir, alors qu'elle peut servir à Naïla qui en a plus besoin que moi. De toute façon, celle qui la portait autrefois n'est plus là pour l'enfiler.
Mes doigts s'attaquent avec légèreté au lacet de son corset, mes doigts qui frôlent sa peau fraîche et humide, la font frissonner légèrement. Comment peut-elle respirer avec un nœud pareil ? J'imagine qu'à présent, elle peut se sentir plus légère... Elle tint le devant de sa robe lorsqu'elle se retourne vers moi et ses yeux se baissent vers les vêtements que je lui tends. Aussitôt, elle comprend à qui cette robe appartenait et fronce les sourcils « Je ne peux pas prendre ses vêtements, Mingan... » Hum, mais comprend vite dans mes yeux que je n'ai pas l'intention de la laisser dans cet accoutrement ! J'hausse les sourcils et lui fais un léger signe de tête pour qu'elle l'enfile. Naïla se retourne dos à moi et laisse tomber sa robe parterre, ah bien sûr... sous les yeux d'un homme curieux. Mes yeux détaillent Naïla un moment tout en restant silencieux, je m'approche d'elle fronçant légèrement les sourcils en apercevant cette cicatrice qui dépasse légèrement de la dentelle qu'elle porte. Mes doigts frôlent cette blessure récente qui marque sa peau de satin. L'instant d'après, Naïla se retourne pour me faire face... « Merci, Mingan. Écoute, j'ai besoin d'un refuge, juste pour cette nuit. Je te promets que je ne m'éterniserais pas longtemps ici. Tu veux bien ? »
Mes yeux l'observent silencieusement et je fronce légèrement les sourcils, j'aimerais comprendre ce qui lui arrive, pourquoi cette absence ? Pourquoi se retrouve-t-elle devant moi cette nuit dans une situation aussi troublée et effrayer? Pourquoi cette cicatrice sur son épaule...? La laisser dormir ici cette nuit pour qu'elle disparaisse ensuite au petit matin ? J'aimerais avoir des réponses à mes questions, mais je ne veux pas lui mettre de pression. Mon regard se radoucit lorsque je m'aperçois qu'elle grelotte toujours, Naïla a froid et à besoin de fourrure avant tout, mais avant de l'attirer dans mes fourrures, je la détaille de la tête au pied... Je déglutis en voyant cette vision du passé et je baisse les yeux avant d'inspirer et de lui répondre :
-tu sais bien que m’as porte est toujours ouverte pour toi Naïla, allez ne reste pas là, tu vas tomber malade.
La nuit est froide et Naïla a besoin de repos. Je l'attire avec moi, mais avant, je souffle sur la chandelle, je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai pas un bon pressentiment et vos mieux éteindre cette lumière qui pourrait attirer l'attention de je ne sais trop qui dehors... J'ai le sentiment que Naïla fuyait quelqu'un et non quelque chose. Je soulève les fourrures du lit et lui fait un petit signe de tête d'embarquer dans celui-ci comme elle la souvent fait auparavant... Combien de fois Naïla c'est retrouvé ici avec moi pour simplement se sentir soulager, combien de fois avons-nous partagé ce moment à regarder la nuit en silence, tout simplement pour se rassurer un et l'autre ? Une fois qu'elle s'est faufilée sous les fourrures, je m'allonge à ses côtés et observe au-dessus de moi cette faible clarté qui entre dans le tipi et j'écoute la pluie... Je guette si j'entendrais quelque chose d'alarmant, comme des bruits de pas. Dur de savoir avec ce déluge !
-Ça va, tu es bien ?... dis-je simplement, mais avant qu’elle ne réponde, je pose cette question qui me tourmente :
- Cette cicatrice sur ton épaule, c’est l’œuvre de ceux qui te poursuivent ? Tu veux en parler ?
Je sais qu'elle n'aime pas le contact humain et je respecte une certaine distance entre nos deux corps pour ne pas la troubler plus qu'elle ne l'est déjà. Je tourne mon regard vers elle que je vois faiblement dans la luminosité de la nuit. Je sais bien que la jeune femme n'est pas ici par hasard, la frayeur que j'ai vue dans ses yeux plus tôt m'en avait dit assez long pour deviner un peu qu'est-ce qui la tracassait ou peut-être que j'ai tort aussi... Mais mon instinct ne me dit rien de bon. Je suis calme et patient, rien ne sert à la forcer, elle a le droit de garder le silence ici.
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La jolie brune enfila la robe qui lui allait remarquablement bien avant de se laisser tirer dans le lit, une fois la chandelle éteinte. Sa respiration avait repris un rythme plus normal. Il en valait de même avec les battements de son coeur qui tambourinaient contre sa poitrine. Se glissant sous la fourrure, elle se cala le plus au bord du lit. Ce n'était pas que Mingan sentait fort ou si elle le craignait, mais il s'agissait plus particulièrement du fait qu'elle était mouillée et qu'elle n'allait pas collé sa chevelure trempée jusqu'aux pointes contre lui. Elle s'enroula le plus possible dans la fourrure sans lui prendre tout quand même avant d'écouter ses questions.
« Tout va bien, ne t'inquiète pas. » dit-elle d'une voix faussement convaincante.
A la fin de ses paroles, elle s'allongea sur le côté pour être face à lui. Elle pouvait voir quelques traits de son visage grâce à la clarté de la lune qui éclairait quelque peu le tipi. Puis finalement, elle se ravisa de ne rien lui dire. Si il y avait une personne en qui elle pouvait faire confiance c'était bien Mingan. Mais d'un autre côté, tout était trop risqué ! Il voudrait forcément se mêler à l'affaire et cela ne présageait rien de bon, ni pour l'un, ni pour l'autre. Mais elle prit tout de même la parole d'un voix particulièrement calme. A force de jouer la carte de la fille froide et solitaire, elle arrivait particulièrement à se donner de faux comportement qui ne reflétait pas comment elle était réellement. Notamment la panique qui régnait en elle, qui formait une boule qui s'agrandissait au fil des jours un peu plus.
« Tu es au courant de la vengeance que je mène, ou plutôt menait contre ses pirates ? » Elle attendit sa confirmation et enchaîna sur la suite des événements. « Et bien les choses sont devenues un peu plus... délicates, déclara-t-elle en cherchant le mot qui correspondait le mieux. Ils ont commencé à payer des mercenaires pour ma capture ou ma mort. Je ne sais pas comment l'information de qui j'étais a pu remonter à eux. L'un des mercenaires a proposé de me cacher chez lui. Mais tu me connais. Je n'aime pas profiter de la bonté des gens. Alors un jour je suis partie en pleine forêt et, par je ne sais quel moyen, ils m'ont retrouvé en pleine nuit. Grâce à un paysan, j'ai survécu à leurs attouchements et à une mort certaine. Je ne me souviens plus de tout. J'ai perdu connaissance avec l'épée qu'ils m'ont plantée dans l'épaule. Ca fait un mois que je me cache. J'avais besoin de quelques affaires que j'ai laissé à Blindman's Bluff, mais ils me sont tombés dessus en pleine forêt. J'ai réussi à les semer en venant ici. Je suis désolé, je ne veux pas vous mettre en danger. C'est pour ça que je pars dès le levé du soleil. »
Une fois dans le lit et la noirceur qui nous enveloppait, je lui pose quelques questions. La jeune femme me dit qu’elle va bien et j’arque un sourcil... Pensait-elle vraiment que j’allais croire ça ? Mes yeux qui l’observaient dans la lueur de la lune n’ont pas l’air convaincus et elle le sait bien... Personne n’arrive chez une personne couvert de boue, trempé de la tête au pied avec un air paniqué gravé sur le visage. Cette image restait et défilait dans mon esprit de nombreuses fois.
Naïla s’allonge sur le côté pour me faire face, elle m’observe dans les yeux et malgré la noirceur, je peux voir les traits de son visage. Elle est encore pensive... Je reste silencieux, je ne l’oblige pas à parler, cela n’est pas un côté de ma personnalité... l’obligation ! Bref, qu’elle parle ou non, cette nuit Naïla était en sécurité. Cependant, elle décider de continuer et me parle de son histoire avec les pirates, cette histoire de son passé affreux... Je fais un son positif et elle continue son récit. La situation est devenue plus délicate ?
Je me tourne vers elle un peu plus pour l’observer dans les yeux que je vois à peine dans le noir et Naïla me raconte son histoire avec les mercenaires qui la cherche. Son histoire c’est gâté, mais elle a survécu grâce à un paysan qui la mis sous son aile... Bref, après une petite escapade pour récupérer quelque affaire à Blindman’s Bluff, ils sont tombé sur la jeune sirène et l’on traquer. Plus elle me raconte cette histoire, plus je sens l’intérieur de mon corps se nouer. Je connais l’histoire de Naïla et elle a bien fait de venir ici... Elle peut compter sur moi...
-Arrête... ne soit pas désolé ! Tu as bien fait d’accord... ne te tourmente pas, personne n’est en...
J’arrête soudainement de parler... Doucement, je m’approche de Naîla et pose mes doigts sur ses lèvres pour qu’elle reste silencieuse. J’écoute et me concentre sur les bruits extérieurs, mes yeux plongés dans les siens qui sont à quelques centimètres des miens. Je peux la sentir grelotter contre moi, je peux sentir son cœur battre à un rythme normal, mais qui devrait d’un instant à l’autre prendre un rythme plus rapide. Bref, j’ai cru entendre quelque chose, des pas et un léger grognement à travers la pluie... N’oublions pas que je suis un chasseur, les sons, je l’ai entends de loin.
-tu restes là... ne bouge pas... dis-je en chuchotant. Je ne voulais pas l’alarmer, mais j’avais réellement entendu quelque chose à l’extérieur. Sans attendre, je sors des couvertures et même si Naïla essayerait de m’en empêcher, c’est mon devoir d’aller voir. Je ne prends pas le temps de m’habiller et attrape mon couteau de chasse que je laisse toujours près de mon lit... Je sors sous la pluie froide pour faire une ronde. La pluie ne tarde pas à me tremper de la tête au pied, je fais le tour du tipi... Mais rien, à par des traces de pas dans la boue, un animal ou même deux rôdes. Je retourne à l’entrée du tipi et observe le camp endormi subtilement... Il n’y a rien, seulement de la paranoïa. L’eau ruisselle dans mes cheveux et sur mon torse nu, mes yeux observent l’obscurité alors que je fais semblant de prendre quelques cordes de bois qui ne me serviront à rien. Bref, je retourne dans le tipi et dépose le tout près de l’entrée et va m’assoir sur le lit.
-Un animal... Dis-je en murmurant presque. Je reste assis au bord du lit, silencieux, je ne suis tellement plus habitué de passer mes nuits ici ! Ce lit, ces fourrures, une femme dans mon lit... ce sont toutes des choses qui me manquent et que je ne peux plus combler... Si je suis ici cette nuit, c’est parce que j’essaye de faire un effort pour ceux qui s’inquiètent de ma solitude, mais si je m’écoutais, je serais probablement dans la forêt. Je dois m’habituer à cette nouvelle vie, cependant c’est difficile et les autres ne peuvent comprendre... Mais d’un autre côté, si je n’avait pas passé la nuit ici, Naïla n’aurait pas été à l’abri... Donc, c’est pour elle que je reste.
-Je suis incapable de dormir... si tu veux repose toi, je vais veillé sur toi... Tu peux me faire confiance, je ne laisserai personne te faire du mal Naïla. Dis-je d’une voix douce en observant la noirceur.
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Naïla avait toujours vécu indépendamment des autres. Il était pour elle hors de question de s'attacher à qui que ce soit. Ca pouvait être difficile à savoir, mais son passé expliquait un peu les choses. Quand sa meilleure amie avait tenté de lui faire plaisir en l'amenant à la découverte de l'Océan, les deux jeunes sirènes s'étaient faites capturer par des ignobles pirates se moquant d'elles. C'est le sacrifice de sa meilleure amie qui l'a sauvé ! Voilà pourquoi elle ne comptait sur personne. Elle ne voulait pas que quelqu'un s'attache à elle, elle ne voulait pas connaître un autre sacrifice pour elle alors qu'elle n'en valait pas la peine. Mingan avait été l'exception à la cause et plus le temps passait et plus elle s'ouvrait à d'autres horizons, à d'autres personnes. Cela ne présageait rien de bon. Comme-ci elle oubliait les erreurs du passé. Elle ne cessait même de se dire qu'elle s'était bien trop dévoilée auprès de Mingan. Elle le mettait potentiellement en danger avec tout ça.
Allongée dans le lit, elle ne rajouta rien de plus avant qu'il ne pose ses doigts sur ses lèvres et ne s'éclipse de la tente. Inquiète, la jolie brune se redressa et attrapa un couteau qu'elle cachait la plupart du temps dans sa botte droite. Assise sur le lit, elle garda l'outil potentiel de tuerie dans le creux de sa main, prête à se défendre avant que Mingan ne revienne, faisant lâcher une profonde expiration de soulagement à la demoiselle. Elle baissa son arme, la glissant non loin du lit au cas où elle en ait besoin durant la nuit. Bien que le grand brun avait un instinct protecteur, Naïla pouvait très bien se défendre toute seule, sans son aide. Et cela l'inquiétait d'autant plus qu'il se mettait inutilement en danger. Assise toujours en plein milieu du lit, elle lui mit une petite tape dans l'épaule, comme-ci elle lui faisait la morale, sans lui faire mal non plus. « Je ne veux pas que tu te mettes en danger pour moi, c'est bien clair ? Je peux me défendre toute seule. Et je pense que tu devrais dormir. Ne t'inquiète pas je ne partirai pas pendant ton sommeil et si j'entends quelque chose de suspicieux je te réveillerais. »
La vérité était que la jolie sirène n'arriverait pas à trouver le sommeil. Elle était sur ses gardes et même si elle savait que ne pas dormir serait mal pour son énergie du lendemain, elle n'avait pas le choix. C'était psychologique. Là haut ça ne suivait pas avec la fatigue que ressentait son corps. Alors elle resterait éveillée, comme souvent.
Lorsque je reviens dans le tipi et que je m'assoie , elle me donne une tape dans le dos pour me faire la morale et un sourire apparu sur mes lèvres laissant échapper un léger rire. Naïla, j'aime bien la voir dans cet état, elle est mignonne. « Je ne veux pas que tu te mettes en danger pour moi, c'est bien clair ? Je peux me défendre toute seule. Et je pense que tu devrais dormir. Ne t'inquiète pas je ne partirai pas pendant ton sommeil et si j'entends quelque chose de suspicieux je te réveillerais. » Qui a besoin le plus de sommeil ici entre moi et elle ? Je me retourne face à elle et l'observe un moment dans la lueur de la lune.
-Un jour tu devras assumer que tu m'aimes bien... C'est pour ça que tu nis tout... Si tu es ici cette nuit, c'est parce que tu as confiance en moi et que tu as besoin de moi. Donc arrête !! Tu espérais quoi ? Que je te laisse te faire tuer ? Oubli ça. Dis-je en chuchotent.
J'arque légèrement les sourcils, je me mords la joue. *Mingan ferme là un peu...* cependant je suis inccapable de retenir tous les sentiments que je ressens présentement, comment peut-elle apparaître ici et me faire la morale ? J'ai aussi perdu des gens que j'aime, j'ai même du tuer mon cousin qui était comme mon frère, le mari de Gamé... Bref, d'un côté je suis incapable de la laisser se faire du mal et de l'autre elle ne veut pas que je l'aide. Je devrais peut-être laisser tout cela aller avant qu'elle ne me déteste.
-Je peux pas dormir, même si je le veux ! dis-je dans un murmure. Sur ce, tout se dissipe et je me laisse tomber sur le lit, la tête sur ses genoux. Je sais que se n'est pas le temps de plaisanter, mais je ne peux pas résister à la faire sourire un peu.
-Avoue que tu me trouves irrésistible... Je souris amusé, l'observant elle au-dessus de moi. Je m'attends à une tape sur la gueule et je m'attire des ennuis avec elle, mais qu'est-ce que je ferais pour la voir sourire un peu ? Il n'y a personne ici sauf moi et elle, Naïla devrait se détendre et se reposer un peu... C'est pirate ne la retrouverons pas tout de suite.
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Faire confiance à quelqu'un était quelque chose de tout nouveau pour la jeune sirène, comme un souvenir du passé qui remontait à la surface. Des sensations oubliées. C'était à la fois terrible et merveilleux, douloureux et mystérieux. Elle n'arrivait pas à mettre des mots sur ses sensations qu'elle avait oublié. Celles de rire, de sourire, de s'amuser sans prise de tête. Elle avait connu Mingan en période faiblesse. Elle en était pleinement consciente. Elle aurait dû couper contact avec lui une fois qu'elle avait quitté le campement des Indiens, mais elle n'y avait pu se résoudre. Etait-ce ça que l'on appelle l'amitié ? Se sentir vide quand on ne passe pas la nuit à papoter et les journées à chasser avec l'individu à qui on doit tout ? Sans doute.
L'homme ouvrit de nouveau la bouche. « Un jour tu devras assumer que tu m'aimes bien... C'est pour ça que tu nies tout... Si tu es ici cette nuit, c'est parce que tu as confiance en moi et que tu as besoin de moi. Donc arrête !! Tu espérais quoi ? Que je te laisse te faire tuer ? Oublies ça.». Ses paroles résonnèrent dans sa tête, mais elle se contenta de ne rien dire. Se laissant tout simplement glisser sous ses draps. Ou plutôt sa fourrure. Le pire, c'est qu'il avait raison. Bien-sûr qu'elle avait confiance en lui. Elle savait qu'elle était en sécurité en sa compagnie. Mais apprécier quelqu'un et le mettre en danger de mort étaient deux choses loin d'être complémentaires à ses yeux.
Fixant le sommet du tipi, elle se mit à rêvasser sur le passé. Elle se souvint de la première fois qu'elle était venue ici. A la suite d'un cauchemar. En sueur et en larmes. Elle était dans le campement depuis trois jours et les mêmes rêves hantés ses nuits: les pirates, sa défunte et seule amie, son fiancé entrain d'agoniser sous le regard de la jeune femme... Ce jour-là, elle avait rencontré Mingan en tentant de quitter le campement pour prendre l'air. Ou plutôt, elle lui avait écrasé les pieds. Comment aurait été le présent si elle n'avait pas parlé de son passé au grand brun ? Peut-être ne se seraient-ils tout simplement pas parler ?
Ce fut les nouvelles paroles du jeune homme qui la tira de sa rêverie. Tournant son corps vers le sien pour être face à lui, elle l'écouta parler avant de hausser tout simplement les épaules. « Dans ce cas, nous sommes deux. » puis il ajouta une nouvelle remarque concernant son visage. Au début Naïla fronça les sourcils, mais son visage finit bien vite par se détendre et laisser place à un petit rire. « Tu ne sais pas à quel point, Mingan ! »
Le silence, la pureté du moment... Naïla n'avait nul besoin de parler, je savais qu'elle était pensive sur ce sujet, au fond elle, la jeune femme connaissait très bien sa réponse, le lien qui nous unit moi et elle. Ce n'est pas là qu'une simple relation entre deux inconnus, mais une amitié beaucoup plus ouverte à des horizons plus vastes. Un jour, elle comprendra, je suis là pour l'écouter et surmonter les épreuves qui détruisent son cœur... Je comprends sa tristesse, perdre un être cher est affreux et surtout lorsqu'il s'est sacrifié pour notre vie. Lorsque nous perdons un être cher, la vie nous semble s'écrouler et notre âme est meurtrie par les mauvais souvenirs qui nous hante et aussi les bons qui nous manquent. Ma femme n'est pas morte par sacrifice, mais d'une maladie... J'étais à la chasse le jour qu'elle est décédée et je m'en voudrais toute ma vie de ne pas avoir pu l'aider dans ce passage au monde des esprits... Cependant, ne plus aimer quelqu'un est impossible pour moi, je sais qu'elle ne voudrait pas me voir malheureux, que cela la rendrait triste de me voir renoncer à l'amour ou l'amitié... Je suis sensible, surtout ses derniers jours.
-Je comprends tes sentiments, la peur que tu as de t'attacher à quelqu'un et d'avoir peur de la perdre... Mais, cela ne doit pas t'empêcher de te faire des amis ou autre... C'est dur la solitude. Crois-moi... Dis-je doucement avant qu'elle entre sous les couvertures et de lui avouer que je n'avais pas sommeil.
Naïla hausse les épaules, nous sommes deux à ne pouvoir dormir, alors aussi bien rester éveillé jusqu'à ce que le temps passe. Je décide de détendre l'atmosphère... Lorsque je lui demande d'avouer qu'elle me trouve irrésistible, la belle fronce les sourcils, mais son visage se radoucit bien vite et me dit « Tu ne sais pas à quel point, Mingan ! » ah ? Je souris et arque un sourcil.
-À quel point dit moi ? Je la taquine un peu, l’observe dans les yeux un moment sans rien dire. Je me redresse doucement et sort du lit un moment, mon pantalon est tout trempé, je suis trempé de la tête au pied, donc j’en cherche un sec que je trouve bien vite. Dans la noirceur, on ne peut pas voir grand-chose, donc j’enlève et en remets un neuf... Je ne crois pas que Naïla serait à l’aise de m’avoir nu sous les couvertures. Bref, je reviens dans le lit et me faufile sous les couvertures tout près d’elle... Je suis pensif. Mes yeux mirent le plafond du tipi, étendu sur le dos je me passe une main sur le visage.
-Ça fait du bien de te voir sourire... Je ne suis pas très poli, je ne t’ai rien offert... Tu as besoin de quelque chose ? À boire ou manger... je ne sais pas trop. Dis-je en souriant bêtement, je me sens étrangement stupide, j’aurais du lui offrir avant.