La situation se précisait. Ils étaient désormais six à attendre la suite des événements. Feisty ne connaissait aucune des adultes présents sur place, mais cela ne l’empêcha pas de les toiser d’un air méfiant. Certes, pour avoir été désigné comme élu surement étaient-ils tous dignes de confiance… Mais il n’en restait pas moins des grandes personnes. La seule personne qui lui était familière, c’était sa petite indienne, Aponie. Feisty avait posé une main se voulant rassurante sur son épaule lorsque la fillette était venue la rejoindre, étonné de la voir ici. La gamine commençait à se poser des questions : quel genre de prophétie choisissait comme élue une petite indienne sans expérience aux combats ? Elle garda ses interrogations pour elle. Ce n’était pas le moment. Une chose était sûre, si Aponie était en danger, elle serait là pour la protéger. Entre enfants et surtout entre amis, on ne s’abandonnait jamais.
Toutes les pièces étaient en place. Une voix s’éleva, celle de la Reine des fées, Titania. Une voix porteuse de mauvaise nouvelle, mais aussi d’espoir. La coalition, c’était donc ça, la solution miracle aux problèmes de l’île ? Elle voulait bien y croire. S’il y avait bien une chose qu’elle avait retenu des histoires qu’on lui lisait et des aventures qu’elle vivait, c’était que l’union faisait la force. Seulement… Ses yeux balayèrent une nouvelle fois le reste du groupe. Vu les regards en coin que chacun se lançait discrètement, elle était forcée de constater que la cohésion du groupe n’était pas encore aux rendez-vous. La cohésion… Les prophéties étaient étranges parfois. Chercher à unir des ennemies de toujours, cette simple idée semblait vouée à l’échec. Pourtant, il allait bien falloir que ça marche. D’après les paroles de la fée, ils n’avaient pas le choix. Visiblement la personne à l’origine de la prophétie n’avait pas prévu de plan B.
Lorsque la reine Titania ouvrit la marche pour les mener au cœur de la forêt de Pixie Hollow, La Bagarreuse prit la main d’Aponie pour la traîner en tête de file auprès de la fée. Hors de question de la laisser en arrière. À l’image d’une grande sœur, la fillette ressentait un semblant de responsabilité envers sa cadette. « T’inquiètes pas, ça va bien se passer ! » lui souffla t’elle. A vrai dire, elle n’avait aucune idée de ce qui pouvait les attendre mais ça, Aponie n’avait pas besoin de la savoir. Ils avaient à peine entamé leur marche lorsque l’un des adultes entama la conversation avec la reine. Feisty prêta une oreille distraite à ce qu’il disait, pinça les lèvres, avant de finalement se laisser aller à un ricanement. Les adultes et leurs mièvreries, ça la faisait bien rire. C’était plus fort qu’elle. Elle ouvrit la bouche et fit mine d’y enfoncer son doigt comme pour se faire vomir, le tout accompagné de diverses grimaces plus ou moins recherché. « N’importe quoi c’est pas un ange c’est la reine des fées ! Ça existe même pas les anges ici, d’abord, tu sais pas ça ? Moi je croyais que les vieux ça savaient tout.» Feisty ne jouait pas spécialement la carte de l’insolence, elle parlait avec cette spontanéité innocente propre aux enfants, sans arrière-pensée particulière. Ce n’était pas le moment de chercher les ennuis. « Et puis c’est pas l’heure de s’amuser à baratiner là hein, y a plus urgent ! » Non mais vraiment ! Si les adultes se mettaient à jouer à leurs jeux étranges entre eux maintenant… C’étaient elle et Aponie les enfants dans l’histoire ! Par conséquent, Feisty en avait conclu qu’elles seules avaient le droit de s’amuser. Et encore, même elles étaient conscientes que ce n’était ni le lieux ni le moment pour se lancer dans une partie de cache-cache. Feisty leva les yeux au ciel. Il y avait vraiment des grands à qui il fallait tout expliquer.
Une autre enfant nous a rejoins peu après. Pourquoi diable y a-t-il des enfants parmi nous ? Je ne dis rien, d'autant que je n'ai pas vraiment le choix. Voilà une femme qui fait son apparition. Une femme ? Non. Elle est bien plus que ça. J'en suis sûr. Je suis certain que c'est la reine des fées. Je ne l'ai jamais vu, mais j'en ai souvent entendu parler. Surtout quand j'étais petit. Elle se met à nous parler, calmement, nous expliquant ce que nous faisons là. Alors comme ça on représente chacun des peuples qui vit sur l'île. Je réprime avec difficulté un fou rire. Moi, représentant les Natifs ? Eh bah merde alors. Elle est au courant que je suis le pire des perdants qui soit ? J'en doute. Sinon je ne serais pas là...
Je zappe un peu le reste de ses paroles. Tout ce que j'entends c'est qu'on va devoir la suivre pour aller au Saule Sacré. Seulement il me semble que le tritons est encore plus allumé que je ne le pensais. Le voilà qu'il drague ouvertement la reine des fées. Non, mais sérieusement… il est con ou quoi. Et l'Enfant Perdu qui lui balance tel quel que bah non c'est pas un ange. Cette fois, je craque. J'explose de rire. Je me doute que ce n'est pas le moment. Mais trop c'est trop.
Je me reprend tant bien que mal et fini par retrouver un semblant de sérieux. « Franchement Aëlis, si tu n'existais pas il faudrait d'inventer. » Oui je me moque de lui. Mais en même temps il cherche là. Je retiens de justesse un nouveau fou rire et m'avance vers lui pour le tirer un peu en arrière. Je m'adresse alors avec politesse à la Reine des fées. « Veuillez le pardonner, je pense qu'il ne sait pas ce qu'il fait. »
J’aperçois une lueur qui s’avance et je me retire de mon appui, pour voir une luciole se transformer en femme. Une fée…mais oui, c’est une fée, mais j’ignorais totalement qu’elles pouvaient prendre notre taille. Elle est d’une rare beauté, de longs cheveux d’or coulant dans son dos, un visage d’une infinie sagesse et d’une grande beauté. Elle me fait songer à une sirène, tout comme ces dernières, j’imagine que leur charisme naturel est lié à leur statut d’Être fantastique. J’ai un petit sourire en coin lorsqu’elle me mire à son tour, posant sur chacun de nous un regard aimable et bienveillant. Je suis ici depuis bien trop peu de temps pour connaître toutes ces légendes et prophéties, chez moi, ce ne sont que racontars d’ivrogne ou dires de charlatans. Mais, j’ai appris sur Neverland à croire, et cela, même sans certitude ou vision concrète. Elle parle de la fin de tout, qu’est ce que cela signifie, que nous sommes là pour sauver ce monde et sans nous, il va disparaitre ? Un individu de chaque nation, je ne me considère pas comme faisant partie d’une nation à proprement parler, mais sans doute fait elle mention au fait que je suis nouvellement arrivée. C’est comme lorsque vous avez une sensation de déjà vu, je fais un pas pour suivre la fée en compagnie des autres et j’ai ce sentiment que c’est une chose que j’ai déjà vécue, comme si chaque personne présente m’était connue avant de ce moment, pourtant, je ne saurais prédire la suite. Je reste en retrait et muette, observant t écoutant les échanges qui se passent devant moi, souriant aux répliques de la petite fille aux allures de garçon manqué.
Je redresse mon visage vers les cimes des arbres au dessus de nous, le feuillage est épais, mais il semble régner ici, une lourdeur pesante, un air qui oppresse la poitrine, comme si une présence nocive venait prendre toute la légèreté de l’endroit. Je me sens moins même légèrement maussade, peut-être, est-ce la peur qui s’insinue dans mes corps ou la crainte de ne pas arriver à faire ce qu’on me demande ? Après tout, qui suis-je pour être l’une de ses personnes ? Je mire les deux enfants devant moi, elles sont bien trop jeunes pour sauver quoi que ce soit, elles sont innocentes et pas aussi fortes que des adultes. Du moins, je l’imagine, ce sont peut-être toutes deux de grandes guerrières…une chose est certaine, étant la seule femme ici, j’imagine que je serais la seule à les protéger, il suffit de voir comment se comportent les hommes qui nous accompagnent pour savoir qu’ils ne bougeront pas le petit doigt pour elles. Soupirant pour reprendre ma respiration due à la lourdeur de l’air, je poursuis mon avancé de plus en plus profondément dans la forêt.
Aponie sourit lorsqu’elle sentit la main de son amie se poser sur son épaule. Heureusement que Feisty était là, les autres personnes présentent ici commençaient à faire peur à la petite. Elle ne connaissait personne et les visages des individus présents n’étaient en rien d’amicaux. La petite indienne arrêta de fixer de son regard inquiet, ceux qui l’entouraient lorsqu’une fée approcha. Elle était si belle et si grande. Aponie ignorait qu’une fée pouvait prendre une taille humaine. C’était extraordinaire, elle n’en revenait pas et lâcha échapper un petit « whaou » lorsque la fée se mit à parler.
Aponie avait la sensation de connaître l’histoire que la fée leur raconter, sa maman lui racontait souvent des histoires similaires avant de s’endormir, mais contrairement à celle que la petite était en train de vivre, elles se terminaient toujours bien. L’union d’un représentant de chaque nation ? La petite gamine sourit alors qu’elle croisait les yeux de la Reine des fées, puis suivit son regard. Un pirate. L’homme qui se tenait non loin d’elle ne ressemblait pas aux ivrognes qu’elle avait déjà pu rencontrer auparavant, mais son épée, accrochée à sa ceinture, ne lui inspirait guère confiance. Les sirènes et tritons. Il y avait donc un triton parmi eux . Aponie n’en’avait jamais vu encore, elle se demandait même s’il avait une belle voix comme ce qu’on raconte dans les légendes sur les sirènes. Les enfants perdus. Cette fois, la Reine des fées parlait de Feisty. Elle était de loin la meilleure pour représenter les enfants perdus d’après la jeune Indienne. Les natifs et les apatrides. C’était donc la femme qui était resté dans son coin et le dernier homme qui restait. Aponie reposa son regard bleu et légèrement apeuré sur la fée lorsqu’elle expliqua qu’ils allaient rejoindre le Saule Sacré.
Elle se mit à faire un pas devant l’autre derrière la Reine des fées et fut surprise lorsque Feisty lui prit la main pour l’entraîner juste derrière celle qui les guidait. Tout de même angoissée, Aponie jetait régulièrement des regards, par-dessus son épaule, pour voir ce qui se tramait derrière elle. La bagarreuse tenta de la rassurer avec des mots réconfortants. Aponie voulait vraiment croire que tout allait bien se passer, mais en regardant les mines d’enterrement des adultes autour d’elle, elle craignait que ce ne soit pas si facile que cela. Elle se détendit quelques secondes en voyant son amie faire des grimaces pour se moquer des adultes à côté d’elles. C’était la première fois qu’elle voyait Feisty parler avec des adultes et elle ne semblait vraiment pas avoir peur d’eux, ce qui surprit la petite indienne. Elle ne fit cependant pas attention plus longtemps à leurs histoires, absorbées par la Reine devant elle. Aponie ne la lâchait plus des yeux. Elle était d’une beauté éclatante, sa chevelure semblait si soyeuse que la petite se mit à penser qu’elle aimerait lui ressembler en devenant plus grande. Après plusieurs minutes de marche, elle se demanda tout de même s’il était encore loin cet arbre. Alors qu’elle faisait 4 pas, les adultes n’en faisaient qu’un et marcher n’avait jamais été son passe-temps favori.
En plusieurs siècles d’existences, Titania n’a jamais eu besoin de côtoyer les humains à quelques rares exceptions – notamment chez les enfants perdus –, mais aujourd’hui, la voilà en compagnie de six personnes que tout oppose. Prendre forme humaine s’impose, notamment pour se faire comprendre par tous lorsqu’elle parle, mais aussi, pour instaurer dès le départ, un climat de confiance entre les élus et elle, leur guide. Personne ne peut pénétrer dans Pixie Hollow sans se faire repousser par son peuple, c’est un territoire sacré. La magie s’essouffle et le peuple des fées sait que ces humains intrus sont là pour une raison, sauver Neverland. Cependant, on le ressent jusqu’aux frétillements des feuilles que la magie pure des fées n’est pas le seul hôte des bois enchantés. Une force, plus sombre et maléfique, surveille le groupe qui s’enfonce de plus en plus dans la vallée de l’hiver. Un sourire étire ses lèvres lorsque l’être hybride des eaux vient flatter la Reine, espérant sûrement un privilège qu’elle ne compte pas lui offrir. Elle se contente d’ignorer cette main tendue, ainsi que ses propos et ceux de l’autre jeune homme. Titania n’est pas ici pour se faire des amis, elle est simplement la guide jusqu’à l’arbre sacré. Son silence pour seule réponse, la fée continue d’avancer en mirant les alentours. Ce qu’elle ressent ne présage rien de bon, cette tension qui palpite et crépite dans l’air, cette oppression qui comprime sa cage thoracique… Quelque chose arrive. Ses sourcils se froncent, « prenez garde, vous n’êtes pas les bienvenus ici… » murmure-t-elle après un frisson qui pourtant, n’est pas dû au froid. Ce genre de tremblement qui vient de l’intérieur, qui fait trembler chaque organe, chaque membre pour laisser à son passage, qu’une pointe d’appréhension.
Plutôt que d’arriver au saule par le sud, Titania préfère le contourner en empruntant la vallée du printemps pour arriver par l’est. L’instinct, elle sait qu’ils doivent arriver par là et se rendre à l’endroit précis où le premier enfant a laissé échapper son dernier souffle. Ils quittent donc les couleurs blanches de la neige pour pénétrer dans le territoire d’habitude verdoyant, vivant de tous les cris des animaux. Mais depuis que les ténèbres sont permanentes, la vie qui régnait ici a disparu et la sylve s’éteint comme l’Arbre Sacré. L’ambiance devient encore plus oppressante pour Titania, à peine supportable puisqu’elle commence à manquer d’air. Elle place une main sur sa poitrine, s’arrêtant de marcher en freinant ainsi toute la troupe derrière elle. Tout de go, survenant de nulle part, des murailles de ronces surgissent de la terre pour emprisonner les élus en deux groupes distincts. Titania évite de justesse une attaque en reprenant sa forme initiale de petite créature. Elle mire les deux cercles où sont prisonniers les élus et elle ne peut rien faire seule. Elle vole autour, cherchant des failles pour pénétrer à l’intérieur, mais rien. Elle disparaît alors dans un nuage de poussière pour aller chercher de l’aide auprès de son peuple, parce que le temps est compté. Le mal se rebelle, il ne veut pas disparaître et fera entrave aux élus. Titania n’avait pas prévu cela.
A SAVOIR : ○ Il n'y a pas d'ordre de passage. Vous pouvez répondre plusieurs fois. N'oubliez pas que vous avez 72h entre chaque intervention pour répondre. ○ Comme vous l'avez remarqué, vous êtes donc deux groupes distincts dans un cercle de ronce. Au fur et à mesure, le cercle se renferme pour vous écraser à l'intérieur, votre temps est donc limité. Il va falloir sortir de là, mais ce n'est pas si simple. Les armes tranchantes sont inutiles, puisque les ronces en sont insensibles. Elles n'ont qu'une seule faille et l'énigme qui contient la réponse va être posée dans le flood de l'intrigue. Il faudra par la suite vous concertez, sans oublier les enfants qui sont une clé. Eh oui, ils vont vous être indispensable pour les outils Utilisez le flood pour obtenir de l'aide à vos questions, je vous guiderai - et les membres pourront aussi s'ils ont deviné -. Les deux groupes sont : Aëlis, Nolan & Aponie / Lyra, Feisty & Magnus.
Cette situation était vraiment étrange, des dizaines de questions se bousculent dans ma tête… mais la première est de toute évidence : « pourquoi moi ? » Je suppose que je ne suis pas le seul à me le demander. Sans réfléchir, je suis la fée qui nous amène au cœur de la foret, cet endroit magique – autrefois interdit. Nous pénétrons dans ce lieu chargé d’histoire, de légende, et nous restons tous bouche-bée… si ; il y a le grand blond qui tente de draguer la fée – je trouve cela d’un pathétique. Pourquoi ces hommes se sentent-ils obligé de sauter sur tout ce qui bouge ? J’aime faire des compliments à une jolie femme, mais là, ce n’est ni le lieu, ni le moment ! Je ne peux m’empêcher de sourire, lorsque je vois les deux enfants se tenir par la main, elles ont l’air si adorable – je me dis au fond de moi – que je ferais tout pour que rien ne leur arrive. Puis je me retiens de glousser quand la rouquine remet en place l’homme-poisson. Apparemment, elle a du caractère la gamine ! Se fut autour du barbu de rétorquer quelque chose, et bien voilà une belle ambiance pour un début !
Nous nous enfoncions dans la forêt, encore plus loin, puis soudainement fée s’arrêta. Chacun se stoppa brutalement, se rentrant presque dedans sous l’effet de surprise. Brusquement, la terre se mit à trembler sous nos pied, ma main se porta immédiatement à mon épée. Des racines sortirent de terre, des ronces commencèrent à nous entourer, et nous séparèrent en deux groupes. Je jetais un regard à la petite fille et la jeune femme qui se trouvaient emprisonné avec moi. Je dégainais mon épée, et m’adressais à ces dernières : « Je vais nous sortir de là, le tranchant de mon épée devrait nous débarrasser rapidement ! » D’un geste rapide, je coupe quelques racines…. Pensant que cela va fonctionner, mais les racines se dédoublent et repoussent immédiatement comme l’hydre dans la mythologie. J’essaie encore, mais c’est peine perdu. Je me retourne vers mes coéquipières, et d’une mine déconfite, je m’adresse de nouveau à elle. « J’ai bien peur que cela empire les choses… il faudrait faire mourir ces plantes à la racine ! » Mais comment ?
Les choses se gâtaient. Feisty ne détachait pas son regard de la Reine des fées, guettant chacune de ses expressions, chacun de ses mouvements. Quelque chose n'allait pas, elle pouvait le deviner. Le mal qui rongeait Neverland s'était immiscé jusqu'en son cœur et menaçait de le faire mourir. La vallée, d'habitude si belle, dégageait désormais un étrange aura. L'ambiance oppressante qui régnait ici était bien loin de l'univers joyeux et coloré auquel l'esprit de la fillette avait tendance à associer les créatures ailées. Le malaise s'intensifiait à chaque pas. Sans lâcher la petite main d'Aponie, la Bagarreuse restait dans l'ombre de la Reine. Elle ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil méfiant autour d'elle. Ce n'était plus des adultes, ces parfaits étrangers avec qui elle était censée sauver l'île, qui l'inquiétait, mais bien ce qu'elle ne pouvait pas voir. C'était comme si quelque chose de mauvais les observait, tapis dans l'ombre, attendant le bon moment pour les enfermer dans un piège. Feisty ne put s'empêcher de repenser à cet horrible monstre avec lequel elle s'était mystérieusement retrouvée enfermé dans les mines. Cette chose qui lui avait laissé une cicatrice sur le mollet ne pouvait être qu'un fruit du mal qui menaçait l'île tout entière.
Tout d'un coup, la Reine s'arrêta. Feisty lâcha la main de l'Indienne, sur le qui-vive, prête à saisir son poignard en cas de danger. Cela ne présageait rien de bon. Ses doutes furent justifiés : le sol se mit à trembler. Surprise, la fillette tituba, peina à garder l'équilibre. Elle fixait le sol, les yeux écarquillés, craignant de le voir s'ouvrir à tout instant pour les engloutir dans les entrailles de l'île. Il était hors de question qu'elle se retrouve de nouveau enfermée sous terre, sans aucune issue. Elle ne revivrait pas deux fois ce cauchemar. Mais ce n'est pas ce qui arriva. Des ronces sortirent soudainement de terre. Feisty eut à peine le temps de reculer dans un saut, que déjà, les plantes les entouraient. Pire, non seulement ce mur végétal les avait séparé en deux groupes distincts, l'arrachant ainsi à Aponie, mais en plus de cela, elles les gardaient prisonnier.
La gamine échangea un regard avec ces compagnons d'infortune : le pirate et la jeune femme. Que faire ? Ils étaient piégés, impossible de s'échapper. Il allait falloir couper. Feisty hocha la tête aux paroles du pirate, elle aussi, aurait résonné de la même manière. Tandis qu'il s'attaquait aux plantes à coup d'épées, Feisty, se jeta elle aussi sur les ronces de son côté, s'écorchant au passage les avant-bras. Elle aussi, essayait de découper ces ronces à l'aide de son poignard, sans grand succès. Même si le pirate voulait l'aider, elle comptait bien avoir sa part d'héroïsme dans l'histoire et être sa propre sauveuse ! Et pourtant… La fillette s'éloigna des ronces, vaincue par les végétaux. Le pirate de son côté rencontrait le même problème : impossible de couper ces fichues plantes. Elles repoussaient sans cesse, rendant toute évasion impossible. Feisty croisa les bras. Elle n'avait pas vraiment prévu de se faire battre par un simple mur de pousse verte… La situation devenait de plus en plus compliquée, cependant l'idée du pirate n'était pas stupide. « Et comment on fait ça ? On creuse et on coupe la racine ? » Dommage que personne n'ait pensé à prendre une pelle sur lui en partant. Feisty s'approcha une nouvelle fois des ronces, elle fit le tour de cette prison improvisée, à l'affût d'un trou assez large pour lui permettre de voir ce qui se tramait de l'autre côté. Une fois encore, sans succès. Saisissant plusieurs cailloux qu'elle gardait dans sa poche comme munition, elle les lança avec rage contre les ronces. « Si seulement t'avais prit des canons avec toi ! On aurait tout fait exploser ! » S'écria-t-elle. Elle détestait ça, être prise comme un rat en cage. Alors, faute de trouver mieux, elle décida d'appliquer le plan du pirate et tomba à genoux sur le sol pour commencer à creuser avec ses mains, à la recherche des racines.
Le sérieux de la situation nous rappelle bien vite à l'ordre comme nous nous enfonçons un peu plus loin encore dans le cœur de Neverland. L'atmosphère oppressante des lieux ne présage rien de bon et je commence vraiment à me demander pourquoi moi. Qu'est-ce que j'ai de spécial qui me permette de représenter toutes ces personnes qui sont nées ici ? J'aurais sans doute la réponse quand nous arrivons à destination. En attendant je me contente de suivre. Le silence est de mise de toute façon. Seulement, il se passe quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas. *comme si quelqu'un pouvait si attendre, crétin* que je me dis.
Nous voilà donc entouré de ronces pour le moins spectaculaire. Il n'y a qu'Aëlis et la petite indienne avec nous. Les autres doivent être dans le même cas que nous. Enfin je pense. Un peu machinalement je tire la fillette vers moi, comme pour la protéger. Peut-être parce que je me souviens que ça me faisait du bien quand j'étais petit ? Que lorsque quelque chose m'effrayait, j'étais heureux de pouvoir me réfugier dans les bras de mon père ou de ma mère. Ou bien parce que ce n'est qu'une enfant et qu'il me semble normal de veiller sur elle ? Enfin toujours est-il que je fais de mon mieux.
Je regarde les ronces évoluer un peu trop facilement à mon goût. Quelque chose cloche sur cette île, c'est certain. Seulement… « Bon… on va pas se faire avoir par de vulgaires plantes, si ? Il doit bien y avoir quelque chose à faire ? » Comme quoi ? Personnellement je n'ai pas d'arme. Il me semble que le triton non plus et l'indienne… ça m'étonnerais grandement. Mais oui, il doit bien y avoir une solution. Neverland ne va pas nous laisser mourir si on est là pour l'aider, si ?
L’air suffoquant m’empêcherait presque de prendre cette respiration pourtant salutaire à mon corps. La troupe se stoppe sans que je n’en connaisse la raison, mais en bonne fille que j’ai pu être avant d’arriver à Neverland et que je dois être encore, je m’arrête de marcher, attendant avec une légère appréhension. Je n’ose poser la question pourtant, elle me brûle les lèvres, pourquoi sommes-nous arrêtés ? La terre tremble et en moins d’une minute, nous sommes enfermés dans un cercle de ronces épais et oppressant. Je ne supporte pas me sentir enfermée, déjà je sens ma poitrine me faire souffrir et l’air me manquer. Une main sur mon buste, je tente de me calmer tandis que mes compagnons d’infortune s’acharnent sur le mur épineux qui semble ne pas apprécier une telle violence envers lui. Plus rien de m’étonne sur cette île, tout est magique, rien n’a de véritable sens, je le sais bien à présent. Il parle juste le pirate, les faire mourir à la racine, c’est une solution, mais…la jeune enfant aussi semble désabusée, elle ne veut pas monter qu’elle est effrayée, mais elle l’est, sa hargne et sa colère dans sa voix le montre à présent. Pendant que l’enfant creuse, je redresse mon visage vers le sommet, cherchant une solution à notre épineux problème. Je n’aperçois déjà presque plus autre, c’est comme si les tiges des ronces se resserraient toujours plus, plus on se débat et plus on accélère notre mort. « Arrête ! » Criais-je à l’attention de la fillette que je redressais pour la ramener au centre de la cage. « C’est comme dans des sables mouvants, plus on bouge pour survivre et plus le sable nous emporte rapidement…regardez » Sous nos yeux, les racines se calment, continuant leur progression comme pour nous entraver, mais beaucoup plus lentement que lorsqu’on tentait de lui briser les tiges. « Cette végétation à sa volonté propre, si on la blesse, elle nous tuera bien plus vite…Ne faites rien avant d’être certain du résultat…si seulement nous avions des torches, nous y verrions plus clair déjà ! »
Allez-y, moquez-vous comme eux du pauvre Don Juan éconduit que je suis. Car si belle soit elle, cette créature, elle n’a visiblement pas de cœur, ou bien elle n’a pas les capacités pour juger de l’opportunité qui s’offre à elle. Quoi mon égo ? Ça commence à bien faire à la fin. Et pour m’achever tout à fait, voilà que ce valet de mon cœur qui m’ignorait jusqu’ici me sert l’estocade finale. Je sais très bien ce que je fais quoi qu’il en dise. Et ainsi nous poursuivons notre chemin, eux se gaussant allègrement de moi et moi.. moi légèrement en retrait, ruminant cet échec après lequel je ne m’avoue pas vaincu pour autant. Je n’ai pas encore dit mon dernier mot dans cette histoire. Quoi que… Il semblerait que nous ayons bien vite mieux à faire que de nous préoccuper de mes histoires de cœur, si j’ose appeler cela ainsi. Si paisible il y a à peine un instant, l’atmosphère semble se faire plus lourde, angoissante, oppressante, suffocante même. Et pour une fois, je n’en rajoute pas en surjouant tout mon saoul. Pas plus que je ne fabule si j’évoque ces.. choses, racines, ronces, trucs… sorties de nulle part pour s’en prendre à nous. Bon, peut-être pas de nul par. Mais avoué que dire simplement qu’elles sont sorties du sol est tout de même moins théâtral et par conséquent moins vendeur, mais qu’importe.
Telle la tour d’une forteresse imprenable, la végétation dresse un mur autour de nous, séparant notre groupe en.. combien.. deux ? trois ? peut-être plus pour ce que j’en sais. En d’autres circonstances, me retrouver ainsi enfermé, prisonnier, seul avec mon petit bout d’humain préféré ne m’aurait pas dérangé outre mesures, mais pas cette fois. D’une part parce que nous ne sommes pas seuls et que je ne suis pas encore assez tordu pour me jeter sur lui sous les yeux d’une enfant, et d’autre part parce que… bordel mais cette chose n’essaye pas de nous offrir un peu d’intimité, cette chose compte nous isoler ici pour nous empêcher d’accomplir notre destin de sauver le monde. Et ça… il est simplement hors de question que ça puisse arriver. C’est mon moment, mon heure de gloire, celle qui va faire de moi le héros de mon peuple et je ne laisserais pas deux pauvres racines me briser mes espoirs. « Il y a quelque chose à faire, sûrement. Reste à trouver quoi. Si on y réfléchi ensemble on devrait y arriver non ? » Il me semble que les parois ont bougé de nouveau, resserrant l’étau sur nous, mais peut-être est-ce mon imagination tout simplement. Je pose une main sur l’épaule de mon amant, lui offrant un sourire que je veux rassurant. Pour moi plus que pour lui mais je ne l’admettrais pas à voix haute. « S’il y a bien une chose que j’ai appris au cours de ma longue existence, c’est que ça.. » je pointe la gamine enfermée avec nous du doigt en la fixant, tête penchée de coté comme si j’avais du mal à comprendre moi-même les mots qui suivent « … ça c’est sacré pour l’île. L’île ne s’en prend pas aux enfants. Enfin.. c’était le cas avant cette nuit sans fin. » Bien… ma phrase n’a servi à rien, je ne suis même plus certain d’être en sécurité en restant à côté d’elle. Bien joué Aëlis, bien joué.
Pourtant je ne baisse pas les bras pour autant. Il nous faut une idée pour sortir de là. Pour pas crever ici déjà, et puis pour être ceux qui viendrons en aide aux autres et pas le groupe des trois andouilles qu’ils a fallu sauver des ronces. « Dites… comment vous vous débarrassez de la végétation encombrante ? Personnellement je ne me suis jamais posé la question, quelques algues trop hautes me barrent la route ? Un coup de nageoire et je passe au-dessus. Là je doute qu’on puisse grimper là-haut à moins de … » Je me tourne de nouveau vers la gosse « Si je grimpe sur les épaules de Nolan et toi sur les miennes, tu penses pouvoir sortir de cette… chose et trouver de l’aide ? » Puis que l’idée même que je puisse demander de l’aide me semble tout à fait aberrante malgré tout, je me sens obligé d’ajouter. « A moins que quelqu’un ait une hache dans sa poche ou une meilleure idée… »
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Cette situation était vraiment étrange, des dizaines de questions se bousculent dans ma tête… mais la première est de toute évidence : « pourquoi moi ? » Je suppose que je ne suis pas le seul à me le demander. Sans réfléchir, je suis la fée qui nous amène au cœur de la foret, cet endroit magique – autrefois interdit. Nous pénétrons dans ce lieu chargé d’histoire, de légende, et nous restons tous bouche-bée… si ; il y a le grand blond qui tente de draguer la fée – je trouve cela d’un pathétique. Pourquoi ces hommes se sentent-ils obligé de sauter sur tout ce qui bouge ? J’aime faire des compliments à une jolie femme, mais là, ce n’est ni le lieu, ni le moment ! Je ne peux m’empêcher de sourire, lorsque je vois les deux enfants se tenir par la main, elles ont l’air si adorable – je me dis au fond de moi – que je ferais tout pour que rien ne leur arrive. Puis je me retiens de glousser quand la rouquine remet en place l’homme-poisson. Apparemment, elle a du caractère la gamine ! Se fut autour du barbu de rétorquer quelque chose, et bien voilà une belle ambiance pour un début !