Il a l’air surpris. Bien sûr qu’il est surpris de me voir, c’est pas comme si je l’avais habitué à ce que je le couve comme ça. Ceci dit, il se remet visiblement vite de sa surprise, se redressant pour me questionner sur un ton trop sec, trop blasé à mon goût. Si j’allais partir ? Pourquoi se sent il obligé de poser la question ? Il en connaît déjà la réponse non ? Ça fait combien de temps qu’on se fréquente lui et moi, combien de temps qu’il a appris à me connaître, qu’il sait déjà probablement que c’est justement pour ça que je me dois de passer cette porte sans regarder en arrière ? Car il est loin d’être stupide mon amant, il sait tout ça, il l’a compris. C’est probablement pour cela qu’il ne semble pas attendre de réponse d’ailleurs. Du moins jusqu’à ce que son regard se pose sur l’anneau que je lui ai rendu, laissé bien en évidence sur la table de chevet. L’expression de surprise et d’incompréhension que je devine dans ses yeux est sans pareille et c’est avec un rictus amusé que je lui aurais répondu à mon tour s’il m’en avait laissé le temps.
Ce n’est pas une pleureuse Nolan, pas une chochotte non plus, et sous ses airs de vagabond paumé il cache bien plus de courage qu’il n’y parait. Ainsi c’est mon tour d’être surpris quand il se colle contre moi après m’avoir remercié. Merci ? Merci… Oh allez-y, marrez-vous, mais bien qu’il me semble qu’il m’ait déjà remercié par le passé pour je ne sais plus quelle raison, le remboursement d’une de ses dettes de jeu sans doutes.. bien qu’il me semble qu’il m’ait déjà remercié disais-je, je n’ai pas souvenir qu’il ait jamais été aussi sincère que maintenant. Merci… c’est un mot que j’entends si peu souvent qu’il me glace le sang. Et bien plus que les reste de rhum de la veille, ce sont ces mots et ses gestes qui me mettent mal à l’aise. Vous est-il déjà arrivé de vous retrouver dans cette situation ou chaque parcelle de votre esprit vous hurle de prendre la poudre d’escampette avant que les choses échappent à votre contrôle, mais où cette chose, cet instinct, vos tripes, appelez ça comme vous voudrez, vous pousse au contraire à rester pour voir jusqu’où les choses peuvent aller ? Et bien en cet instant si une petite voix dans ma tête tentait de me faire quitter la pièce une bonne fois pour toute, une autre me suppliait de céder aux avances de ce bout d’humain.
Aurait-il réussit cette fois ? A me rendre fou tout à fait ? « Pourquoi je te la rends maintenant ? » Je me laisse prendre à son jeu, l’embrassant à mon tour, sans plus de retenue, résigné à perdre cette bataille que se livraient ma raison et mon instinct. « On s’en fou non ? C’est pas… » mes lèvres glissent dans son cou pour venir mordiller sa clavicule « .. la question la plus importante pour le moment tu penses pas ? » je remonte m’attarder dans son cou tout en le repoussant lentement vers le lit « La vrai question, foutu valet de cœur… c’est pourquoi je suis incapable de te dire non ? Pourquoi tu es le seul à qui je ne peux pas dire non ? Ou... adieu tout simplement ... »