Last night I dreamed again that I was by your side
Feat. Nolan
Il y a quelque chose qui me chiffonne dans cette histoire. J'ai beau chercher, me torturer l'esprit à comprendre, rien n'y fait. Comprendre quoi me direz vous ? Et bien la raison de am présence ici. Parfait, il est devenu fou maintenant ! Ah si si, ne vous cachez pas je vous entends d'ici. Et pourtant non, je ne suis pas fou, pas encore, du moins il ne me semble pas. En même temps ne dit-on pas que le fou niera qu'il est et que seul le sage peut prétendre reconnaître sa folie ce qui d'ailleurs prouvera qu'il n'est pas si.. fou que.. ça.. et voilà, vous êtes fières de vous ? Me voilà plus perdu encore. Non, je ne suis pas fou, un point c'est tout. J'ignore seulement pourquoi j'ai écouté cette envie qui m'est venue soudainement de forcer le destin, s'il existe, et de donner rendez vous à mon valet de cœur. Pour cela il me faudrait déjà comprendre pourquoi elle m'est venue, cette envie. Je n'ai pas souvenir avoir jamais cherché à revoir d'anciennes maîtresses ou d'anciens amants si la chance ne mêlaient pas nos routes d'elle même. Pas avant lui. Pas plus que je ne me souviens que qui que ce soit ne m'ait manqué un jour et pourtant.. Pourtant il me manque, ce jeune crétin. Pire encore, j'ai pris sur moi je lui donner rendez vous ici, sur cette foutue plage. Voila combien de temps déjà que j'ai sacrifié mes écailles et lui je ne sais quoi pour voir le retour du soleil et éviter la destruction de cette île, du moins ais je souvenir que le deal était celui ci, combien de temps disais je, et nous nous sommes à peine croisés depuis. Est-ce que j'aurais perdu mes principes en même temps que le reste ? Moi qui m’étais juré de ne jamais m'attacher, je suis à l’affût à chaque fois que mes pas me guident à Blindman's Bluff, le guettant à chaque coin de rue, espérant le trouver à chaque fois que j'entends dire qu'une partie de cartes endiablée bat son plein quelque part, cherchant à croiser son regard et attirer son attention dés que j'ai la chance d'enfin l’apercevoir. Peut-être est ce simplement que puisqu'il est une des rares personnes sur la terre ferme à m'avoir connu avant tout ça, peut-être qu’inconsciemment j’espère pouvoir me raccrocher à un peu de passé pour ne pas tout oublier. Pathétique. Comme si on pouvait oublier qui ont est comme ça. Ce n'est qu'un déménagement. Oui il faut le voir de la sorte je suppose. Un déménagement et.. une descente aux enfers. Je vais vieillir nom d'un chien ! Le reste n'est qu'un détail.
Et tout ceci se dispute la part belle dans mes pensées, me plongeant dans un état second qui m'était encore inconnu jusqu'ici. Repenser au passé me rend.. nostalgique. Le regard dans le vide, je me revois encore sortant de l'eau pour la première fois, je revois ma première danse, ma première cuite aussi. Curieusement, même dans cet état, j'arrive à éviter les souvenirs douloureux, ne reviennent à ma mémoire que ces choses qui me tirent malgré moi un sourire mélancolique. Un soupire. Un regard vers le ciel. Le soleil est encore haut et nous avons rendez vous au dernières lueurs du jour. Aller. Remettez en une couche, pensez moi devenu romantique. Et bien détrompez vous, il n'en est rien. Pas encore en tout cas et qu'on m'en préserve par pitié. Non, je connais l'animal et je sais qu'il est fort peu probable qu'il se soit levé avant la mi journée, et puisqu'il faut quelques heures de marche pour arriver jusqu'ici depuis la ville.. le calcul était purement mathématique, rien de plus, soyez en assurés. Et puis on fait plus charmant comme endroit que cette plage là. Mais il se fait attendre et, ça en revanche c'est une sale manie que j'ai prise il y a quelques années déjà, je me mets à chantonner un refrain entendu quelque part. Sans doute d'un quelconque matelot qui n'en était plus à son premier rhum de la soirée, comme la plupart des chansons que je connais d'ailleurs. Une histoire de chef gaulois et de soldats romains, quoi que je n'ai aucune idée de ce qu'est un gaulois ou d'où se trouve la Romainie et encore moins de qui peut bien être cette Cléopatre dont le chef de la Romainie est si éperdument amoureux. Enfin je ne comprends rien à l'histoire si ce n'est qu'il s'y passe des choses qui feraient rougir les dames et que l'air est entraînant et qu'elle m'est restée, cette chanson. Et pour le moment, un air entraînant, c’est tout ce dont j'ai besoin. C'est qu'il est hors de question qu'il me trouve dans cet état second, il me faut absolument me changer les idées avec quelque chose de plus grivois, aussi je me surprends à chanter à présent à voix haute. De temps à autre, je jette un regard en arrière, vers le sentier qui conduit ici. Il ferait bien d'arriver rapidement avant que je n’épuise mon répertoire. Peut-être devrais-je trouver une excuse pour l'avoir ainsi convoqué d'une note laissée à son attention à la taverne... nous verrons bien quand il sera là...
Enfin une nuit où j’ai pu dormir tranquille à la taverne. Une nuit où je n’ai pas joué. Et pour cause c’est une des nuits où je rembourse mes dettes. Une bourgeoise pour le coup. Une de mes « mécènes » les plus régulières. On a veillé une grande partie de la nuit et m’a laissé dormir le matin, partant sans un bruit. J’en ai bien profité il faut dire. Elle a payé la chambre pour deux jours, alors j’ai pu cuvé sans me soucier de ça. Quoi que de toute façon, vu comment j’ai fini, même s’il avait fallu que je rende la chambre avant midi… bah disons que c’était mort. Je me suis lever un peu après que les repas furent servis dans la salle du bas. Une assiette m’attendait, ainsi qu’un mot.
Si je pensais avoir des nouvelles de lui un jour… toujours est-il que je ne sais pas vraiment pourquoi il veut me voir. Cela fait un bail. Je ne sais même pas pourquoi nous avons arrêté de nous voir. Est-ce qu’il avait fini par ne plus tirer suffisamment de profit de ses dépenses avec moi ? Est-ce qu’il veut me voir pour que je le rembourse en pièces sonnantes et trébuchantes ? Il a peut-être engagé des types pour se débarrasser de moi ? Ils sont assez nombreux ceux à qui je dois de l’argent pour que personne ne sache jamais qui aurait fait le coup. Et encore c’est uniquement dans l’option où quelqu’un en aurait quelque chose à faire de ma disparition. *Nolan faut que tu arrêtes là, tu te tords le cerveau pour rien* C’est vrai. Peut-être qu’il veut juste me parler pour ce que j’en sais.
Le lieu du rendez-vous n’est pas vraiment à côté aussi je ne tarde pas trop avant de prendre la route. Si je pouvais arriver avant la tombée de la nuit j’en serais plus que ravi. Ce n’est pas tellement que je suis peureux, mais… bon d’accord un peu quand même. Enfin c’est surtout que je ne sais pas me battre, que je suis plutôt petit et que j’ai aucune force. Autrement dit, une cible facile pour n’importe quel type mal intentionné. Notamment des pirates. Je ne sais pas pourquoi, mais ils me font vraiment flipper. Alors je ne perds pas de temps en chemin, je ne cours pas, mais pas loin. C’est donc un peu essoufflé que j’arrive prêt du point de rencontre. Pour la fin du voyage il me suffit de me fier au son. Je ne sais pas si c’est l’alcool qui embrume encore mon esprit ou si c’est lui qui a bu… mais je ne pensais pas l’entendre entonner un chant pareil un jour. J’approche dans son dos et il me vient une idée comme ça… je ne sais trop d’où. Je me fais le plus discret possible et fond sur lui d’un coup. Je l’entraine du coup avec moi dans un roulé-boulé. Rapidement je me redresse et le regarde avec un grand sourire. « Tu voulais me voir ? »
Last night I dreamed again that I was by your side
Feat. Nolan
C ette chanson me reste dans la tête comme la bonne rengaine qu’elle est et me voilà à la reprendre une fois le dernier couplet terminé. Et plus je chante, plus il me semble que certaines notes sont loin d’être les bonnes mais je doute que les quelques mouettes qui trainent sur la plage à cette heure aillent s’en plaindre. Comme je suis là, assis dans le sable à chanter et que, je l’admets, je fais de grands gestes pour marquer le rythme, je ne l’entends bien évidement pas arriver. Il faut dire que je n’y croyais plus à force. Je le pensais trop occupé ailleurs pour daigner me rejoindre, me snobant comme je l’aurais pourtant mérité au vu du peu de nouvelles que je lui ai donné depuis notre instant de gloire, si on peut appeler cela ainsi, pour sauver l’île. Je ne l’ai pas entendu arrivé disais-je, et c’est sans pouvoir tenter quoi que ce soit pour l’esquiver que je me retrouve emporté avec lui comme il me bondit dessus. Et nous voilà parti, à rouler comme deux imbéciles vers… la mer. Je ne réalise que trop tard que nous sommes à moitié dans l’eau quand nous nous arrêtons et tandis qu’il me pose sa question ridicule sur un ton tout guilleret, moi je le repousse violement et je m’éloigne en rampant à reculons tout en hurlant. « T’ES MALADE ? MAIS QU’EST-CE QUI TE PREND ? » Je ne le regarde pas. Mon regard est rivé à la ligne imprécise que les vagues laissent sur le sable et je tente de reprendre mon souffle. J’ai les jambes et le dos trempés. Je suis trempé. Mais je n’ose baisser les yeux à mes pieds pour voir le résultat. Oh bien sûr, je sais pertinemment ce que j’y verrai s mais c’est précisément ce qui m’effraye.
P as une fois, pas une, je n’ai osé tremper un orteil dans la mer depuis ce jour à Pixie Hollow. J’ai réussi à éviter d’affronter la réalité jusque-là et voici que ce crétin se pointe pour me la balancer ne pleine face. « Qu’est ce qui ne tourne pas rond chez toi ? » Ma voix et saccadée, essoufflée, elle trahi toute la peur que j’éprouve en cet instant et bien qu’il soit la dernière personne que je voudrais froisser, mon ton est sec et désagréable. Bon sang.. j’en ai les larmes aux yeux. Moi… les larmes aux yeux. Je suis donc tombé si bas ? C’est vrai quoi, regardez-moi, à trembler comme une feuille et à me retenir de pleurer comme un gosse à qui ont viendrait de raconter la pire des histoires de fantôme… ou comme une donzelle qui viendrait de croiser un mulot. Je devrais me ressaisir, m’excuser, ne pas le laisser là et l’ignorer à demi après ce que je viens de dire mais j’en suis incapable. Pas par orgueil cette fois, mais parce que je suis tétanisé. Et puis il y a cette part de moi qui voudrait continuer à lui hurler dessus, lui dire que si j’avais su qu’il me ferait un coup pareil je me serais bien abstenu de lui demander de venir. Et celle-là, je veux la faire taire à tout prix aussi je garde le silence plutôt que de dire quelque chose qui dépasserait ma pensée.
C e n’est qu’au moment où je parviens enfin à bouger mes orteils que je finis par m’effondrer en sanglots, me recroquevillant sur moi-même pour enfouir ma tête entre mes genoux et mes bras. Mes orteils… Je suis trempé et je bouge les orteils. « Ça fait mal ». Pas que mes jambes me fassent souffrir ou quoi ni que je voulais vraiment prononcer cette phrase à voix haute, mais j’ai l’impression qu’on vient de m’enfoncer une de ces lames d’abordage en plein cœur. Faire face à la réalité... voilà ce qui fait mal. « Tu n’as pas idée comme ça fait mal… » Il sait lui, ce que j’étais. Et s’il ignorait jusqu’ici ce que j’ai décidé d’offrir à l’île ce jour-là, il a dû comprendre entre les lignes. Il n’a jamais été sot, mon valet de cœur. Mon… cette fois je n’ai aucun regret à l’appeler ainsi. Il est la seule chose qu’il me reste bien que je sois trop fier pour l’admettre et c’est probablement la raison pour laquelle je ne cherche pas à cacher mes larmes devant lui. Il me connait trop bien, lui mentir est inutile. Très égoïstement, en cet instant je me contrefiche de ce qu’il a bien pu perdre lui. Mais c’est lui qui m’a mis dans cet état non ? Tout allait très bien avant qu’il ne me force à faire trempette.
Il ne réagit pas vraiment comme je m’y attendais. Le voilà qui me repousse violement en hurlant. Je ne comprends décidément pas son attitude. C’est pourtant lui m’a demandé de venir le rejoindre. S’il ne voulait pas que je le touche ou s’il voulait parler sérieusement il n’avait qu’à le laisser dans son message. Mais non, il ne réagit pas à cause de mon idiotie grâce à laquelle je suis assis dans l’eau. L’eau… il réagit à cause de l’eau. Mais pourquoi donc ? Il semble même totalement paniqué. Il déconne sévère le triton… une seconde. Les sirènes et autres tritons ne sont pas censés reprendre leur forme naturelle au contact de l’eau ? Mais pourquoi il reste… c’est donc ça. Il est humain…
Je me relève alors comme lui semble se tétaniser. Je m’en veux de lui avoir infligé ça. Si je m’étais douté qu’il a littéralement sacrifié sa nature pour l’île… je ne sais toujours pas ce que j’ai sacrifié, mais comparé à lui cela ne doit pas être grand-chose. Il doit vivre ça comme une véritable torture. D’ailleurs ses paroles me confirment cette impression. Il se repli sur lui-même comme moi je sors finalement de l’eau. Je m’approche un peu, mais me fige à quelques pas de lui. « Je suis navré, sincèrement. Je ne voulais pas… pardonne-moi » Je guette une réaction de sa part, mais il se contente de secouer la tête. Il ne me pardonne pas ? Ou je n’ai pas à me faire pardonner ? J’aimerais lui poser la question, seulement le voir comme ça me brise le cœur. Comme si j’étais… non je ne peux pas être amoureux, pas moi.
Mais le voir comme ça, c’est trop dur. Alors je comble la distance qui nous sépare. Je me demande s’il me laissera le toucher. En même temps il n’y a qu’une seule façon de le savoir… Je tends alors ma main, une fois à sa hauteur, mais ne parviens pas à le toucher. La seule chose que j’arrive à faire et de m’asseoir à côté de lui. Sans un mot je le sers contre moi et suis étrangement soulager quand il se laisse faire. Je l’entour de mes bras, me voulant réconfortant, on dirait un vrai gosse… Nous restons ainsi silencieux pendant un certain temps avant que je ne me décide à reprendre la parole. « Je ne sais pas si je peux t’être utile. Mais je veux que tu saches que je suis là pour toi… » Je me retiens pour ne pas l’embrasser, mais ne peux m’empêcher de venir poser mes lèvres dans ses cheveux tout en le serrant plus fort. Peut-être n’est-ce pas le bon moment, mais j’ai envie de le sentir contre moi… Cette fois c’est sûr, je ne suis pas net…
Last night I dreamed again that I was by your side
Feat. Nolan
Regardez-moi.. si c’est pas malheureux d’être tombé si bas. Ah mon ego, mon cher et tendre ego, foulé au pied par un peu d’eau. Et je parle de celle sur mes joues, pas des vagues qui continuent de me narguer de loin. Bien sûr que si qu’elles me narguent, je les entends très clairement. Leur vas et viens sur le sable résonnent comme un glas, chaque vague comme une chape de plomb sur ce que fut ma vie pour mieux l'enterrer, et le tout noie ses mots dans un vacarme assourdissant. Il tente de s'excuser, il me semble, mais de quoi... je n'en ai pas la moindre idée tant le méli-mélo incohérent de mes émotions et le bruit environnant me masquent tout le reste. Sans doute mes propres paroles l'sont-elles forcé à se sentir responsable de mon sort et ne fois encore je me surprends à hésiter entre les deux envies que me souffle mon instinct. Lui aboyer dessus qu'il n'est pas le centre de l'univers et que tout ceci n'a rien à voir avec lui, ce qui serait reconnaissez le parfaitement ridicule autant que paradoxal au vu de la façon dont j'ai accueilli son salut de tantôt. Ou bien me lever pour parcourir les quelques centimètres qui me séparent de cette main qu'il tend sans oser me toucher et me lover dans ses bras pour y chercher le réconfort dont j'ai besoin. Aussi je reste là, tel le plus parfait des crétins indécis, sans bouger, sans parler, sans réagir au moindre de ses mouvements...
Jusqu'à ce qu'il s'asseye à mes côtés. Cet imbécile vient me serrer contre lui et moi, je le laisse faire avant de céder à la dernière pulsion qui me prends, m'avachissant tout à fait contre lui, blottissant ma tête sur ses genoux, enterrant pour finir, ma dignité entre ses bras. Là, je laisse aller les pleurs qu'il me reste, sans plus chercher à retenir quoi que ce soit ni à ajouter le moindre mot. Riez si vous voulez, allez-y, lâchez-vous cela ne durera pas. Il n'y a que là, sur cette plage sans autre témoin que cet amant trop cher à mon cœur, que je m'abandonne aussi bas. Demain j'aurais retrouvé ma prestance et tout ceci ne sera plus qu'un affreux souvenir, de ceux qu'on enfoui dans un coin de mémoire pour ne plus jamais les ressortir. Et mon valet de cœur, pour lequel il ne me vient soudainement plus aucun qualificatif déplaisant à mon propre étonnement, se met à promettre, non, à m'annoncer simplement, qu'il est là pour moi. Je le savais, merci, ce n'est pas parce que je chantais des idioties plus tôt que je suis saoul au point de me blottir contre une branche morte ou un rocher, je sais très bien qu'il est là. Comment? Il ne parlait pas de ça? Je le sais aussi et c'est bien ce qui m'effraye et pour cela aussi que je voudrais faire mine d'avoir compris sa phrase de travers.
Car si jusqu'à il n'y a pas si longtemps encore, je m'enorgueillissais d'avoir su le séduire et je m'auto-congratulais chaque fois qu'il revenait vers moi, aujourd'hui que les choses sont différentes, même cette certitude semble s'effriter sous mes doigts. Ainsi c'est avec la même rage déplacée que tantôt, quoi que marbrée d'une pointe de cynisme pour tenter de camoufler ma peur, que je me redresse et ricane à sa phrase d'un air moqueur. « Tu es là, vraiment? Aujourd'hui oui, mais demain? Si tu daignes aujourd'hui me faire cadeau de ta présence, m'accorder un peu de compagnie, d'affection même je veux croire... continueras tu à le faire maintenant que je ne suis plus rien qu'un simple... humain ? Je n'ai plus rien d'exotique, plus rien qui puisse me démarquer de ces hommes et ces femmes avec qui tu passes la nuit pour un peu d'argent ou un repas chaud. Pire encore, jusqu'ici tu m'accordais tout ceci sans jamais me demander la moindre contrepartie, et à cela j'ajoute que tu as su mettre de côté mon ingratitude la plus totale, mais demain? » Mes mots sont peut-être malhabiles, crus et... non ils le sont certainement... mais cette angoisse inexpliquée qui me monte peu à peu à la simple idée qu'un jour il cesse de s'intéresser à moi... « Demain quand tu te seras lassé de la créature banale que me voilà devenu, est-ce que tu seras toujours là, Nolan? Ne me prends pas pour un sot. Prend moi en pitié tout ton saoul, rejette moi-même si tu veux puisque je n'ai plus rien à t'apporter, mais ne me ment pas de cette manière. Je te l'ai dit, à demi-mots du moins, j'ai toujours été ingrat mais par pitié, ne me ment pas. Ne fais pas preuve de cette cruauté là en me laissant croire que l'humain pitoyable que je suis présente encore le moindre intérêt à tes yeux. »
Ne jamais s’attacher, ne jamais tomber dans ce piège idiot réservé aux femmes et aux jeunes hommes trop stupides pour se rendre compte qu’être amoureux c’est comme courir au bord d’une falaise un soir de pluie et les yeux bandés : c’est euphorisant mais la chute est inéluctable et l’atterrissage mortel. C’est à peu-prés le discours que je tiens depuis plus longtemps qu’il m’est donné de me souvenir et pourtant... pourtant je sais que je me tiens en cet instant au bord de cette même falaise dont je refusais de m’approcher. Si je refuse de voir que mes pas ont déjà franchis seuls et sans mon accords la distance qui me séparait du vide, je sais qu’il n’a qu’un mot à dire pour provoquer ma chute et je le hais pour cela, tout autant que je... non… je ne ferais pas les quelques pas qu’il me reste avant le précipice tant la chute m’effraye. Et pourtant… pourtant, après cette tirade, je me surprends à avoir l’audace de croire qu’il va me contredire… à espérer même qu’il le fasse…
Il se redresse pour me répondre. Comme si la situation n'étais pas assez pathétique comme ça, comme si nous n'étions pas assez pathétique, tout les deux assit sur le sol entrain de nous morfondre. Voilà qu'il fait preuve d'un cynisme plus que déplacé. Est-ce que je serais là pour lui demain encore ? Alors qu'il est devenu un humain, comme moi ? Il croit quoi ? Que j'ai couché avec lui, juste pour le plaisir de dire que je me suis tapé un triton ? Honnêtement, je crois que je pourrais lui en coller une là, maintenant, tout de suite. Il a peur il me semble, que je ne m’intéresse plus à lui. Ce qui est sommes toute complètement ridicule. « C'est vrai. Tu as étais parfaitement ingrat avec moi. Mais es-tu vraiment idiot à ce point ? Es-tu suffisant sûr que je ne m'intéresse pas à toi pour ne pas avoir vu ? Je ne t'ai jamais rien demandé en échange de nos nuits ensemble, je redoutais même le fait que tu puisses me payer mes soirées de jeux. N'as-tu pas compris à quel point tu es particulier pour moi. » Je marque une pause. Je réalise ce que je suis entrain de faire et fini par le lâcher pour me relever et faire les cents pas devant lui.
« Est-ce que je dois vraiment te faire un dessin. Est-ce qu'il faut que je te l'explique comme à un enfant. Ou vas-tu comprendre de toi même ce que j'essaye de te dire ? » Je me retourne vers lui et m'approche doucement avant de me mettre à genoux devant lui, pour me trouver à la même hauteur. Doucement je viens prendre son visage entre mes mains et me rapproche encore un peu avant de poser mes lèvres sur les siennes. J'agis un peu à l'instinct, j'ai peur de ce que je suis entrain de lui dire, de tenter de lui expliquer. En fait, je ne fais même pas vraiment attention à sa réaction et me contente de reprendre, gardant nos front l'un contre l'autre. « Tu es quelqu'un de particulier pour moi. Pas parce que tu es… que tu étais un triton. Mais pour toi, pour ta personnalité. Tu n'es pas un humain pitoyable, je le sais au plus profond de moi et je suis sûr que tu le sais aussi. »
Je reviens m'asseoir à côté de lui. Je le sers contre moi, pour le rassurer, me rassurer aussi. Et puis faut avouer que c'est pour me donner de la constance aussi. « Je… Ce que j'essaye de te dire, c'est que… tu comptes vraiment pour moi. Beaucoup. Je ne sais pas si tu t'en rends compte, mais tu as une grande importance pour moi… en fait… je t'aime... » Et voilà, cette fois c'est dit. Je viens de lui avouer mon attirance. Ce qui est on ne peut plus difficile pour quelqu'un comme moi. D'autant que je ne vois pas comment je vais pouvoir gagner de l'argent autrement que grâce à mon corps. Mais déjà il faut voir comment il va réagir à cette nouvelle.