Il fait nuit sur Blindman's Bluff. Dans le ciel, la lune est pleine et je n’arrive pas à trouver le sommeil. Depuis plusieurs jours maintenant que je fais des cauchemars peuplés des fantômes de mon passé, mais surtout je revis sans arrêt l’abandon de ma mère. Telle une blessure dans ma chair, je traîne ce fardeau comme d’autres porteraient une cicatrice indélébile. Incapable de restée en place, je passe un peignoir et je descends aux cuisines pour y trouver quelques choses à manger, mais je trouve plutôt une bouteille de vin. Je m’en verse une coupe que je bois rapidement. Qui sait peut-être que l’alcool m’aidera à mieux dormir. À cette heure, la maison est calme. Tout le monde dort. Je pense à ma petite princesse qui doit certainement rêver au petit poney que son père lui a offert hier pour son anniversaire. Elle était vraiment folle de joie. À présent, seuls ses sourires arrivent à m’arracher à ma mélancolie. Le cœur lourd, je me verse encore du vin et j’emporte avec moi la bouteille dehors. J’ai envie de marché. De prendre l’air, j’ai de plus en plus de mal à rester enfermée dans cette maison. Je passe donc les grilles du manoir et je marche en direction du port. La mer. La mer a toujours été mon refuge. Sur les plages dorées de Crocodile Creek, j’ai passé des heures à lire, me baigner, mais aussi à pleurer le départ de ma chère maman et la mort de mon père. Sans eux, je suis seule au monde. Je suis persuadée à présent que si je me décide à quitter définitivement Luis, je devrai renoncer à mon enfant.
Sentant des larmes coulées le long de mes joues, je me laisse tomber sur le sable et je pleure. Je pleure et je continue de boire le vin qu’il reste dans la bouteille. Je me sens à présent plus légère. L’alcool semble m’avoir momentanément apaisée et je décide d’aller me baigner dans les eaux chaudes de la mer. La nuit est douce et la journée a été chaude donc la fraîcheur de l’eau sur mes chevilles est un véritable délice. La plage étant déserte, je décide de retirer tous mes vêtements et je plonge à l’eau. Pataugeant gaiement dans l’eau, je ne remarque pas alors la venue d’une autre âme solitaire. Un homme marche en direction de la mer. Il titube. Il est certainement lui aussi sous l’effet de l’alcool. Lorsque j’entends le bruit d’une bouteille qui tombe sur le sol, je sursaute et je sors rapidement de l’eau. J’essaie de me couvrir de mon peignoir, mais l’homme est déjà à quelques pas de moi. Il est grand et imposant. Contre lui, je n’ai aucune chance s’il décide de m’attaquer. J’hésite à crier. Si jamais on vient à mon aide et qu’on me découvre à moitié nue et seule avec cet inconnu, je risque d’avoir de grave ennui avec Luis.
L’étranger semble tout aussi surpris que moi de trouver une personne à cette heure sur la plage. Je fais un pas en sa direction et c’est alors que je reconnais ses traits. Est-ce possible que ce soit lui? Ce visage jamais je ne l’ai oublié ainsi que la profondeur de son regard. Ce bleu si délicieux dans lequel je me suis noyée si souvent durant nos nuits au bordel. C’est à peine croyable qu’en si peu de temps, je tombe par hasard sur deux de mes plus fidèles clients. Deux pirates, deux hommes qui m’ont donné des moments d’extases inoubliables et avec qui j’ai partagé mon amour pour la mer. Hasard ou non? Je ne compte pas laisser passer la chance d’avoir de ses nouvelles.
- Jud? … c’est moi Eyah… quelle surprise de te voir ic! Je te croyais partie en mer…
À vraie dire je n’ai pris aucune nouvelle de lui ni d’aucun de mes anciens clients depuis que j’ai quitté l’Excès d'Arum. Impossible alors pour moi de savoir ce qu'il a fait au courant des cinq dernières années.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Et là, Vlad se mit à chanter. Jud serra les dents et arrosa abondamment son gosier de la première bouteille d'alcool qui lui passa sous la main. Il lui faudrait bien ça pour le coup si son meilleur ami se mettait à pousser la chansonnette. Quand Vlad chantait, c'était à peu près aussi mélodieux qu'une tronçonneuse batteuse écrasant un sanglier par inadvertance. Cette douce mélodie pouvait clairement s'apparenter aux sons ignobles qui s'évadaient de la bouche de son ami d'enfance. Jud attrapa celui-ci par la chemise et le tira d'un coup sec vers l'avant, le faisant basculer de la chaise sur laquelle il était monté pour se donner en spectacle. Vlad atterrit sur les fesses et explosa de rire, balançant sa chope en l'air au rythme de la musique et éclaboussant tout sur son passage. Jud reçut un peu de bière dans la figure tandis qu'une grande majorité de la boisson allait s'échouer sur sa chemise autrefois blanche. Aujourd'hui, ce pauvre vêtement paraissait plutôt gris et ressemblait davantage à une serpillière qu'à une chemise.
- Allez reste, on commence seulement à s'amuser !
D'un bond, ils se regroupèrent tous et se mirent à chanter en s'agitant d'un même mouvement de gauche à droite. C'était bien plus que ce que Jud pouvait supporter. Il était plutôt du genre à ronchonner quand il buvait et clairement, il avait beaucoup bu. Le pirate quitta la taverne avec deux bouteilles, une dans chaque main. La musique lui parvenait encore aux oreilles alors que ses pas le menaient vers la plage et l'eau devenue noire, reflétant ce ciel obscur parsemé d'étoiles. Jud portait machinalement une bouteille puis l'autre jusqu'à ses lèvres. L'homme arriva enfin jusqu'au sable et se déchaussa, abandonnant ses bottes sur les pavés et continuant pieds nus.
Le monde autour de lui semblait tanguer, les nuages virevoltaient dans les cieux et Jud savait qu'il finirait par tomber s'il continuait à avancer. Alors, il se stabilisa et tenta de rester debout. Ce n'est qu'à cet instant qu'il vit une silhouette dans l'eau. Ses sourcils se froncèrent tandis que sa curiosité le poussait à avancer. Peu à peu, la jeune femme se dessina dans la nuit. Ses longues boucles blondes pour seul vêtement, elle se baignait avec de l'eau jusqu'à la taille. Jud s'arrêta face à elle, le regard accroché à sa poitrine dénudée qu'il avait si bien connue autrefois.
- Eh bah non ... je suis là, faut croire ...
Il pouffa de rire et pencha la tête sur le côté, ses yeux quittèrent les atouts de la demoiselle pour revenir vers son visage. Comment avait-elle dit s'appeler ? L'alcool n'aidait pas sa mémoire mais son visage lui rappela quelqu'un. Jud revit ses nuits torrides passées aux côtés de la belle et soudain, il se rappela d'elle.
- Eyah. J'ai presque cru à une attaque de sirène.
A nouveau, il ricana et porta sa bouteille jusqu'à ses lèvres. Quand il eut achevé d'en descendre un bon quart, Jud reprit sa respiration et en revint à la contemplation de la baigneuse nocturne. Malgré sa grossesse dont il avait entendu parler à Blindman's Bluff, Eyah était toujours divinement belle et attirante. Le pirate se rappela aussi qu'on la disait désormais aussi respectable qu'une femme comme elle pouvait l'être. C'était au gouverneur qu'elle devait sa nouvelle position et c'était lui, ce vieux bougre, qui lui avait fait un môme.
- Mais ... qu'est-ce que tu fous à poil ? Te méprends pas, le spectacle me plaît hein !
Jud haussa vaguement les épaules. Peut-être avait-elle eu envie d'un bain de nuit. C'était le gouverneur qui risquait de nettement moins apprécier les initiatives de sa belle ...
Est-ce un signe du destin ou une véritable chance de tomber sur Jud au moment où ma vie est sens dessus dessous. Est-ce un test pour savoir si je peux lui être fidèle ou une opportunité à saisir pour me construire une toute nouvelle vie. La vue de cet homme avec lequel j’ai connu tant de bons moments me chamboule. Je ne sais comment réagir.
Je sens ses yeux sur moi. Ce regard si perçant qui encore aujourd’hui aurait le pouvoir de m’ensorceler. Je tremble et j’essaie de me couvrir en prenant mon peignoir sur le sable. Il faut dire que je me présente devant lui totalement nue. Ce n’est certes pas la première fois qu’il me voit dans mon plus simple appareil, mais les circonstances sont différentes et je me demande s’il est bien sage de ma part de me trouver dans une telle situation avec un ancien amant. Je lui souris. Il semble totalement enivrer par l’alcool et je doute qu’il ose me faire du mal. D’ailleurs, je vois qu’il tient une bouteille dans ses mains. Je m’avance vers lui et prends la liberté de la lui prendre pour goûter au nectar qui s’y trouve. Après avoir avalé deux gorgées, je lui rends sa bouteille et lui dit :
- Merci… c’est nettement plus fort que ce à quoi je suis habitué, mais délicieux quand même!
Pirate de son métier, je suis surprise de le retrouver sur la terre ferme. Sans doute est-il en attente d’un prochain voyage en mer. Vêtu sobrement et pied nu, je ne peux m’empêcher de me demander si avait l’intention comme moi de profiter des vagues. Je l’observe en silence. Il a toujours fière allure. Très grand, élancé et parfaitement musclé. Son visage semble le même et je ne peux m’empêcher de me demander ce qui a changé durant les cinq dernières années. Est-ce que d’autres cicatrices se sont ajoutées à son corps déjà tellement meurtri? Il semble amusé de me revoir et alors qu’il reprend sa bouteille pour en boire un autre coup, il me lance :
- Mais ... qu'est-ce que tu fous à poil ? Te méprends pas, le spectacle me plaît hein!
Je lui souris et m’empresse de passer mon peignoir. Ce dernier ne cache pas grand-chose de ma nudité puisqu’il est fait d’une simple mousseline, mais au moins, j’ai l’impression d’être couverte. Je fais un pas vers lui et dépose ma main sur son torse musclé. Je ne sais pas ce qui se passe avec moi, mais j’ai envie de savoir si je lui plais toujours. Une petite voix dans ma tête me dit que c’est mal et que je risque de le regretter, mais j’ai toujours aimé les défis et me frôler au danger.
- J’ai eu envie de me baigner. J’avais envie de sentir les vagues sur ma peau. Quoi de mieux qu’un bain de minuit un soir de pleine lune. Et toi qu’est-ce qui t’amène sur la plage?
De geste lent, je défais les boutons de sa chemise et je passe ma main sur sa peau. Je peux sentir ses muscles se tendre sur ma paume et plus je me rapproche de son cœur et plus je sens son pouls s’accélérer. Cela m’amuse. Je me demande si c’est l’alcool qui le met dans cet état ou ma présence. Je me hisse sur la pointe des pieds et je dépose un léger baisé sur ses lèvres et j’ajoute :
- J’avoue que je n’ai pas agi avec prudence, heureusement que c’est toi qui m’a surprise…
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Une beauté nue jouant dans les vagues sous le regard bienveillant de la lune. Certains auraient pu y voir une sirène et fuir à toutes jambes mais plus Jud s'approchait et plus il reconnaissait la belle. Son visage, ses boucles blondes, courbes généreuses. Ils s'étaient connus de par le passé et ce corps magnifique qu'elle ne voilait qu'à peine, il l'avait encore mieux connu. En le voyant arriver, la demoiselle avait repris son peignoir mais avait préféré attraper la bouteille et l'amener à ses lèvres plutôt que de s'habiller aussitôt. Sa grimace en sentant l'alcool lui brûler la trachée fit sourire le pirate. Elle n'était pas habituée à ce bon vieux démon de rhum ! Eyah avait changé. Elle n'était plus une prostituée parmi tant d'autres, attendant des jours meilleurs. Le futur parfait s'était transformé en présent pour elle. La jeune femme s'était installée dans le demeure du gouverneur et tout le monde savait ce que cela signifiait. Désormais, leur relation était claire.
Il ne put s'empêcher de la taquiner sur sa tenue d'Eve, Eyah passant son peignoir aussi vite malgré le fait que celui-ci ne dissimulait qu'à peine sa plastique. La belle vint poser la main sur le torse du pirate, l'homme baissant le regard vers celui de la blonde. Elle lui demanda ce qui l'amenait sur la plage mais ses doigts s'affairaient déjà à défaire les boutons de sa chemise. Les phalanges d'Eyah caressèrent ses abdos avant de s'aventurer vers ses pectoraux. Lentement, la blonde se hissa sur la pointe des pieds et vint déposer un baiser sur les lèvres de Jud. Le pirate la laissa faire, observant la belle sans répliquer. Elle lui souffla qu'elle avait eu de la chance que ça soit lui et en effet, elle en avait eu de la chance ...
- Je ne faisais que ... passer.
Son regard se posa dans celui d'Eyah. Fut un temps où Jud aurait déjà précipité la jeune femme sur le sable et lui aurait littéralement arraché le peignoir. Mais aujourd'hui, quelque chose avait changé. Lui, il avait changé. Sa main prit délicatement les doigts de la jeune femme tandis qu'il cherchait à capter son regard. Son corps brûlait mais l'homme résistait. Il ne résistait que pour une seule raison ... cet autre visage, cette magnifique indienne qui l'avait ensorcelé. Jamais Jud ne lui avait promis fidélité, jamais il n'avait même eu l'opportunité d'être intime avec elle. Pourtant, pour la première fois depuis toujours, le pirate avait du respect pour cette indienne. Il ressentait de la culpabilité à l'idée de la trahir et ces sentiments l'effrayaient. Tout cela était bien trop inédit. Auparavant, Jud aurait saisi dans la seconde l'opportunité de passer un moment torride sur le sable de la plage en charmante compagnie. Le forban se réfugia donc derrière un faux prétexte, l'hypocrite.
- Eyah. T'es à lui maintenant. Si ça se sait ... je serais pendu haut et court.
Lui. Inutile de définir plus précisément de qui il s'agissait. Un homme qui ne faisait nullement peur à Jud mais dont le pirate se servait comme excuse. En vérité, s'il l'avait vraiment voulu, le loup de mer n'aurait pas hésité une seconde à donner du plaisir à la maîtresse du gouverneur. Mais le voulait-il vraiment ? C'était là tout le problème. Pourtant, ses yeux restaient accrochés à la silhouette d'Eyah. Ce corps magnifique, ce visage doux. Le pauvre bougre était tiraillé, sentant son désir faire vibrer son corps mais subissant simultanément les foudres de sa culpabilité. Jud expérimentait le quotidien des êtres humains, ces gens qui acceptaient ressentir des émotions. Pendant longtemps, il avait réagi tel un animal, sans se soucier de ses ressentis. Aujourd'hui, une personne lui avait appris à voir plus grand. Ses doigts frôlèrent les hanches de la blonde, Jud se sentait funambule à cet instant, menaçant de céder à tout instant.
- Pourquoi as-tu fait ça ? Si tu n'étais pas à lui ... je ...
Mais la véritable question n'était pas celle-là. Ces mots n'étaient qu'une parade pour voiler ceux, beaucoup plus étranges et apeurants, qui rôdaient dans sa tête. Pourquoi lui, le pirate sans coeur, ressentait une quelconque obligation envers une indienne ? Avait-il seulement perdu tous ses principes ? Etait-il devenu l'un de ces amoureux transis, incapable de voir plus loin que le bout de sa porte familiale ? Jud sentit quelque chose se fêler en lui. Il n'était pas ce genre d'homme. Il était un pirate ...
Sa main se posa alors dans le creux du dos d'Eyah et il l'attira contre son torse qu'elle semblait avoir envie de redécouvrir. Son visage vint se placer contre celui de la belle et il s'empara de ses lèvres dans un baiser brûlant, passionné. Ses doigts se glissèrent sous le peignoir de la demoiselle, explorant son ventre et remontant vers sa poitrine. Achevant l'embrassade, Jud lui susurra :
- Arrête-moi tout de suite où je te prends là, sur le sable ... maintenant.
J’avais cru prendre la bonne décision lorsque j’avais demandé à Luis de me sortir du bordel. De me prendre moi et notre enfant chez lui sous sa protection. Je croyais alors qu’il m’aimerait pour toujours. Cela me semblait alors la solution idéale alors je lui ai répété sans cesse les mêmes suppliques jusqu’à ce qu’il cède. Cinq ans s’étaient écoulés et j’étais aujourd’hui remplie de doutes vis-à-vis de notre relation. Je n’y prenais plus aucun plaisir et l’amour que j’avais jadis eu pour lui semblait s’être envolé. Depuis des semaines déjà que mon âme naviguait entre tristesse et mélancolie. Tous mes rêves d’amours et de passion s’étaient envolés. Je m’étais voilà la face. Aveuglée par mes ambitions et mes désirs d’être aimé, j’avais oublié que Luis était un homme marié. Marié et profondément amoureux de sa femme. Que jamais il ne pourrait en aimer une autre avec autant de force et de passion. J’avais également découvert qu’au fil des années passé auprès de lui, il m’avait trompée en de multiples occasions. Moi qui me croyais supérieur aux autres ma peine ne fut que plus amère. À présent, une seule chose me gardait accrocher à ce qui m’avait liée à lui : notre enfant. Ma petite fille que j’aimais tendrement. J’avais fait mon choix pour lui assurer bonheur et protection. Je ne m’étais pas trompée à ce sujet. Depuis sa naissance elle n’avait manqué de rien. Elle était choyée et aimée de tous et particulièrement par son père. Ne pouvant vivre sans amour et me sentir désirée, j’avais l’impression de manquer d’air, de me dessécher comme une plante abandonnée. Je me sentais de moins en moins à ma place dans la maison du gouverneur. Malheureuse, j’avais commencé à boire un peu plus souvent et je prenais de plus en plus de liberté en me sauvant du château. L’alcool ayant un effet immédiat sur les cœurs brisés lorsque je buvais trop je perdais la notion de toute chose. Alors que j’avais été appelée par l’envie de me baigner au clair de lune, je n’avais pas pensé au danger qui me guettait. Et pourtant, je savais fort bien que ce n’était pas un endroit très sécuritaire.
Heureusement pour moi, j’étais tombée sur un ancien amant et pas n’importe lequel. Je gardais d’excellents souvenirs des moments passés en compagnie de Jud. Il s’était toujours montré très gentil et doux avec moi. Comme la plupart des hommes, il venait au bordel pour y trouver de la tendresse, parfois du réconfort, mais surtout du plaisir. Un plaisir que bien des femmes se refusaient dans la bonne société, mais que moi j’appréciais énormément. Dès mes premiers jours au bordel, je m’étais aperçue que ce n’était pas une corvée pour moi que de couchers avec des inconnus. C’était même amusant. Certes certains étaient plus désagréables que d’autres, mais au fil du temps je m’étais bâti une clientèle particulière et je prenais un très grand plaisir aux moments que nous passions ensemble. Contrairement à certaines de mes compagnes, je ne simulais rien ni ne jouait la comédie. Tout était vrai. Mes cris, mes gémissements et mes orgasmes étaient véritables tout comme l’affection profonde que j’avais pour mes clients les plus fidèles.
Le retrouver ici et maintenant était un agréable hasard. Éclairé seulement par la douce lumière de la lune, je le trouvais encore plus beau que dans mon souvenir et je ne pouvais alors m’empêcher de le touché et de lui volé un baiser. De son côté, il ne semble pas choqué par mon geste. Seulement, je sens de l’hésitation chez lui lorsqu’il me capture délicatement les doigts comme s’il voulait m’éviter de commettre une faute. Il a probablement entendu parler de ma nouvelle situation et il a peur des répercussions qui pourraient s’abattre sur lui si Luis venait à apprendre notre rencontre.
- Eyah. T'es à lui maintenant. Si ça se sait... je serais pendue haut et cours.
À ces mots, je ne peux m’empêcher de rire. À cet instant, je me moquais bien de ce que pouvait penser Luis. Il ne se gênait pas de son côté alors pourquoi, je devrais me priver. Je me dois quand même de penser à Jud. Il ne mérite pas qu’on lui fasse du mal par ma faute alors je lui caresse doucement le visage pour le rassurer et lui dit :
- Il n’en saura rien… je te le promets… Et puis nous n’avons commun aucune faute pour le moment…
Il me sourit en retour et semble amusé par mes paroles. Depuis que nous nous sommes rapprochés, je sens du désir dans ses yeux. C’est si bon, si agréable de se sentir désirée de nouveau. Pourtant, mon partenaire ne semble pas rassuré pour autant et me questionne à nouveau au sujet de Luis.
- Pourquoi as-tu fait ça? Si tu n'étais pas à lui... je...
Son regard sur moi était cette fois plus pressant. Il attendait que je lui dise que je pouvais être à lui de nouveau. Je le sentais et je ne voulais ni ne pouvais lui mentir et pourtant, mon envie de lui semblait avoir atteint son paroxysme.
- Parce que j’en ai envie Jud… tout simplement parce que j’en avais envie et qu’à partir de ce moment je compte bien faite tout ce dont j’ai envie, et ce peu importe ce qu’il en pensera…
Je ne sais pas si cette réponse le satisfait ou non, mais je sens l’une de ses mains se poser au creux de mon dos et il m’attire vers lui. Je relève doucement la tête et voilà qu’à son tour il capture mes lèvres dans ce qui devient rapidement un baiser passionné. Je m’accroche alors à lui de toutes mes forces pour lui rendre la même ardeur alors que je caresse avec mes mains son torse musclé. Lorsque je sens ses doigts glissés sous mon peignoir, je l’y encourage en le guidant sur ma poitrine et plus bas encore. J’ai une telle envie de lui que je pourrais pratiquement lui implorer de me prendre là maintenant.
- Arrête-moi tout de suite où je te prends là, sur le sable... maintenant.
Je me libère un instant de son étreinte pour faire glisser sur le sol mon peignoir et je lui dis avant de le guider à venir près de moi sur le sable « Je ne veux pas que tu t’arrêtes… » Je lui vole à nouveau un baiser et j’ajoute encore « Aime-moi Jud… aime-moi comme si c’était notre dernière nuit sur terre… cette nuit est la nôtre le reste n’a plus aucune importance »