On frappe à la porte. Je sursaute. Il est tard, le soleil a laissé place à l'astre lunaire qui illumine vaguement le ciel noir et nuageux. Qui que ce soit, je n'ai pas envie d'ouvrir cette porte, je m'en sens incapable, je refuse que quiconque me voit dans cet état. Le poing s'abat une seconde fois contre le bois, je ne bronche pas. Je demeure étendue sur les couvertures, les yeux clos. Mon crâne me fait souffrir, mon visage et mes côtes aussi. J'ai été sotte et j'en paye le prix fort. Je peux une fois de plus dire avec certitude que j'aime les animaux bien plus que j'aime les humains. Il y a une raison à mon isolement, une raison pour laquelle je déteste la ville. Je préfère vivre seule, loin de tous ces humains, parce qu'ils me déçoivent à chaque fois. Toc toc toc. On frappe encore à cette foutue porte. Il n'y a personne, est-ce si difficile à comprendre ?
- Lowen ?
Mon coeur manque un battement. Forest... Tout mon être le réclame, en ce moment j'ai besoin de lui, de sa présence, de sa voix réconfortante. Il est l'un des seuls humains en qui j'ai encore la foi. Je désire le voir, sentir ses bras autour de moi, mais je ne veux pas qu'il voit cette Lowen-ci. J'ai l'air bien trop faible en cet instant et j'ai honte, même si je ne le devrais pas. S'il me voit ainsi... Je sais qu'il sera en colère, pas contre moi, mais contre cet homme et contre lui-même. Il n'aime pas me voir seule dans ces montagnes et après ça, il ne voudra plus jamais me laisser seule. Je n'ouvrirai pas cette porte, c'est hors de question. Il croira sans doute que je ne suis pas là et il partira. Néanmoins, c'est ce que j'espère. Je suis déchirée entre le besoin de l'avoir auprès de moi et cette crainte immense qu'il me voit ainsi. Il m'a déjà vu dans des moments de faiblesses, mais cette fois, c'est bien différent.
Si Forest entrait, je ne pourrais pas lui cacher la vérité. Ma mâchoire et ma joue sont bleuies, ma lèvre inférieure est fendue et c'est sans parler de mes poignets et mon cou où ses doigts ont laissés des marques. En dessous de mes vêtements, mon côté droit porte les stigmates de cette violente chute causée par sa colère. Mon ami n'aurait qu'à poser son regard sur moi pour comprendre que j'ai vécu un sale quart d'heure et je serais incapable de lui mentir. Il me prendrait pour une victime et je refuse qu'il me voit ainsi. Je suis une survivante, j'ai échappée aux griffes acérées de ce monstre, alors qu'il aurait pu m'enlever la vie. Je ne suis pas une jeune femme faible et sans défense. Je suis une battante, mais ce n'est pas ce qu'il croirait. Je n'ouvrirai pas cette porte, c'est décidé... sauf que celle-ci vient toujours de s'ouvrir contre ma propre volonté.
Je roule sur le franc gauche, tentant ainsi de cacher la partie de mon visage amoché et je tire sur la couverture, la remontant par dessus ma tête. Peut-être qu'il croira que je dors, bien que j'en doutes... S'il est entré, c'est qu'il sait que je suis là et qu'il ne tardera pas à comprendre qu'un truc cloche, si ce n'est pas déjà le cas.
L’astre lumière illumine mon chemin dans la nuit, je fais ce simple voyage de chez moi aux montagnes pour voir cette personne qui soudain me manque… Pas de grand voyage aujourd’hui, juste une envie de la voir elle. Je ressens un drôle de sentiment, quelque chose qui me tiraille l’intérieur… La peur, mais peur de quoi ? Aucune n’idée, j’ai un sentiment étrange en traversant la forêt nocturne. La noirceur étouffe, j’ai l’impression de ne pas être seul et pourtant, je le suis… Enfin, pour le moment. Après un long chemin, voilà cette petite maison qui est ici au beau milieu de cette nature sauvage… Sincèrement, je me demande comment elle fait pour rester ici seule… Je la comprends dans un sens, loin de tout... loin des humains… Mais j’ai peur pour elle, je crois que je suis le problème dans cette histoire, c’est moi qui la couve trop… Je m’inquiète pour elle comme un père pour sa fille, un frère pour sa sœur, un ami pour son amie… Un mari pour sa femme… C’est une grande fille, elle sait ce qu’elle fait après tout.
Aucune lumière, je m’approche de la maison de Lowen et je me dis qu’elle est peut-être sortie. Je grimpe les escaliers et m’approche de la porte, je fronce les sourcils… J’ai le sentiment que quelque chose cloche, à l’intérieur de moi, j’hésite même à entrer sans permissions. Je cogne, une fois... deux fois... La troisième, je prononce son prénom, mais je n’ai pas de réponse. La nuit m’enveloppe, je ressens une détresse qui monte en moi et me hante… Je sais que Lowen est ici, car, il est rare qu’elle trappe la nuit… Pourquoi elle n’ouvre pas ? La belle est peut-être en visite ou elle est avec un de ses amants... ou elle dort tout simplement. Bref, peu importe, je me mets à l’œuvre et crochète la serrure pour entrer en douce. Je ressens rarement ce genre de sentiment de crainte et je vais me fier à mon instinct, j’entre tout simplement… peu importe, la mauvaise surprise. La maison est plongée dans le noir, j’avance peu à peu dans la cuisine pour me rendre à sa chambre.
Là, dans son lit, elle est allongée et endormi ou fait peut-être semblent… J’approche tranquillement et enlève mes bottes pour ensuite grimper sur le matelas de la belle au bois dormant. Je m’étends tout près d’elle et j’entends sa respiration, sa respiration calme, mais pas son doux souffle qu’elle fait lorsqu’elle est endormie… Je sais que Lowen ne dort pas et cela met encore plus étrange et suspect… Elle ignore ma présence. Je m’installe tout près d’elle, une de mes mains vint caresser ses cheveux avec douceur… Je n’ose pas parler, pourtant, il le faut bien. -Lowen, tu vas bien? soufflais-je à son oreille, mes lèvres frôlant celle-ci avec tendresse et délicatesse…
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On frappe à la porte. Je sursaute. Il est tard, le soleil a laissé place à l'astre lunaire qui illumine vaguement le ciel noir et nuageux. Qui que ce soit, je n'ai pas envie d'ouvrir cette porte, je m'en sens incapable, je refuse que quiconque me voit dans cet état. Le poing s'abat une seconde fois contre le bois, je ne bronche pas. Je demeure étendue sur les couvertures, les yeux clos. Mon crâne me fait souffrir, mon visage et mes côtes aussi. J'ai été sotte et j'en paye le prix fort. Je peux une fois de plus dire avec certitude que j'aime les animaux bien plus que j'aime les humains. Il y a une raison à mon isolement, une raison pour laquelle je déteste la ville. Je préfère vivre seule, loin de tous ces humains, parce qu'ils me déçoivent à chaque fois. Toc toc toc. On frappe encore à cette foutue porte. Il n'y a personne, est-ce si difficile à comprendre ? 
