Le son des vagues qui s’échouent sur la roche me parvient comme une douce mélopée, assise sur le rebord de la falaise, je contemple avec émerveillement l’aube qui renait éclairant avec douceur la mer qui s’étend devant ma vision. Le ciel se part de couleurs pastel, rose orangé, bleu foncé au bleu plus clair. J’ai vu plus de coucher et lever de soleil qu’à mon tour dans ce monde, plus que mes années physiques ne le prouvent. Un rictus se fige à la commissure de ma bouche joueuse, comment pourrais-je changer moi qui suis née un jour de joie. J’ai inondé de soleil l’après-midi qui me vit naître. La brise se fait légère et je lève les bras pour obtenir cette sensation, le regard au loin, à presque me sentir soulever par le vent, cette impression de voler qui me fait tant rêver. Une nouvelle journée vient, pleine de surprises et d’évènements auxquels je ne m’attends pas. Mes bras retombent doucement le long de mon corps et ma paume délicate s’échoue sur ce journal aux pages cornées, premier volume de ma vie écrit par la mère que jadis j’avais eu. J’ai peu dormi cette nuit, j’ai relu les passages qu’elle avait écrit, noircissant les pages en espérant que je les lise un jour comme aujourd’hui. Un passage m’a interloqué plus que les autres, elle parle de l’amour qu’on ressent au fond de son cœur, des sentiments qui naissent d’une certitude absolue. Elle dit que mon cœur est fait pour rendre meilleur celui de ma moitié et que je peux faire sourire n’importe qui, même si son âme est en berne. Elle a écrit que je devais toujours suivre mon cœur qu’importe ce que cela me coûte, parce que si un sentiment est assez fort pour me faire traverser le monde, c’est que je regretterai toute mon existence en ne tentant pas de le faire vivre. J’ai eu un coup de cœur pour ce jeune homme dans les bois, si j’ai d’abord cru qu’il était mon ami d’enfance, depuis, je sais qu’il est bien différent, cependant, mon esprit pense très souvent à lui, trop pour mon propre bien-être. J’en suis venue à me poser des tas de questions et toutes le concernant. Je suis même allée jusqu’à en parler à Ma’Lila pour devenir ce qu’il veut que je sois. On ne se change pas, je ne dois pas me perdre en voulant lui plaire, mais comment être une femme à ses yeux, lui qui semble penser que je suis une gamine dans le corps d’une adulte. Ô, je sais qu’il n’a pas tort. Après tout, j’ai refusé de grandir dans ma tête pour celui que j’espérais voir revenir un beau matin. Sottises d’enfant ! Je me redresse et je descends vers la mer, je dépose mon livre sur un rocher loin des remous de l’eau des vagues qui pourraient l’emporter loin de moi. Je laisse glisser ma robe le long de mon corps, lentement les formes et la vision de mon corps s’offre à cette nature que j’aime tant. Je ne me pose pas la question, il pourrait y avoir du monde et alors ? Je suis loin de mon camp, plus vers loin dans le nord, au-delà de l’arbre du pendu, vers l’endroit qui m’a vu grandir, vers le territoire des fées. C’est un endroit rempli de souvenirs. Nue, je marche vers l’étendue saline, appréciant la fraicheur de l’eau entre mes orteils. Mes paupières se closent, tandis que je poursuis mon avancée, l’eau recouvre mes jambes, mon bas ventre, puis mon ventre. Je mordille mes lèvres lorsqu’elle franchit la barrière de ma poitrine arrondie qui se contracte à la sensation de fraicheur de l’élément liquide. Je disparais totalement dans l’eau, ressortant un peu plus loin après quelques battements de jambes.
C’était l’endroit préféré de mon père et moi, lorsqu’on habitait non loin dans une masure qui doit toujours exister d’ailleurs. Le seul endroit à des kilomètres où l’eau est sûre, car une petite barrière empêche les grosses créatures aquatiques de venir près de la rive. Pourquoi suis-je revenue dans le coin ? Parce qu’il s’y trouve aussi, à seulement quelques mètres plus à l’est, il a monté son campement que j’ai aperçu hier soir en arrivant. Ils sont plusieurs, mais c’est lui à qui je veux parler. Une fois ma toilette faite, je reviens sur le sable, ne prenant pas la peine de me sécher, j’enfile ma robe qui moule les formes de ce corps dont j’ignore l’attraction qu’il pourrait avoir. J’essore mes cheveux, lorsqu’un raclement de gorge me fait sursauter. Je me retourne étonner de le voir ici, depuis combien de temps, il est présent, cela m’importe peu, je crois…après tout, un corps ressemble bien à un autre, non ? « Bonjour Dream…Toi, aussi, tu voulais te baigner ? Elle est encore fraiche, mais…cela fait du bien » Ses sourcils se froncent un peu, il me salue et me demande ce que je fais dans le coin, loin des miens. « Je suis venue pour toi ? Pour te voir ? » A quoi dois je bien ressembler, trempée, mes cheveux qui dégoulinent encore sur ma chair et ma tenue, pieds nus. Que pourrait-il voir, à part la naïve petite Indienne…moi qui souhaite qu’il me voir femme, admire mes formes, les caresses. Rien qu’à cette pensée, je frissonne, ressentant les prémices d’une vague dans mon ventre. « Je voulais te dire que…je ne suis plus une enfant…j’ai l’esprit léger, c’est vrai, mais…la vie n’est pas si mauvaise qu’on se méfie d’elle, tu ne crois pas ? » Dans mes songes, il se serait avancé, sa paume contre ma joue, il aurait posé. Lover contre sa chair, je me serais laissé aller…mais ce n’est pas songe, ce n’est que la réalité.
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Dream Bo'
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« Où tu vas ? » Je me retourne vers Miro, montrant un point au loin. « Là-bas, il y a… avait une maison que j’aimerai revoir. Et non, aucun de vous ne peut venir avec moi. » Je tourne les yeux également vers Daeron. Après notre aventure au rocher du crâne, notre relation est plus… forte. J’ai encore du mal à l’entendre m’appeler papa, mais, je ne l’empêche plus de le faire. Comment être un père quand on n’a eu aucun modèle ? D’un signe de main, je délaisse mes compagnons pour marcher en direction de cette vieille bâtisse qui a accueilli pendant des années un de mes meilleurs amis. Depuis qu’il est mort, il y a des décennies, cette maison n’a jamais été occupée. La nature a repris ses droits, dissimulant les murs par d’épaisses branches et feuilles. Je pousse la porte en bois qui s’émiette légèrement, entrant dans la pièce à vivre. Vide. Des brigands ont dû voler ce qu’il y avait à l’intérieur. Je ferme les yeux, revoyant cet ami assis dans son fauteuil à me raconter des histoires, des gâteaux sur mes jambes tandis que la petite blonde marchait à quatre pattes dans la pièce en riant aux éclats. Je traverse, pénétrant dans ce qui était la chambre de Rainbow. Un nouveau souvenir revient, celui où je l’ai emmené avec moi jusqu’à la forêt des quatre saisons. Je soupire. Je me sens comme un intrus ici, comme un ennemi. C’est ici même, à cet endroit, que j’ai fait une promesse. Celle de toujours veiller sur Rainbow. Et pourtant, je l’ai abandonné. Je soupire, quittant cet endroit pour retourner auprès des autres. Je longe la côte lorsque j’aperçois une silhouette au loin. Je m’approche, reconnaissant justement Rainbow. On dirait bien que de nouveau, elle est sur ma route. Étrange coïncidence, surtout lorsque je viens de retourner dans son ancienne demeure. Je me racle la gorge et elle se retourne : « Bonjour Dream…Toi, aussi, tu voulais te baigner ? Elle est encore fraiche, mais…cela fait du bien » Je fronce des sourcils. « Qu’est-ce que tu fais dans le coin, loin des tiens ? » « Je suis venue pour toi ? Pour te voir ? » Pour me voir ? Qu’est-ce qu’elle peut bien me vouloir encore ?
La dernière fois que nous nous sommes vus, c’était près de la réserve. J’avais cru discerné dans son comportement, une sorte de béguin pour moi et je l’avais éconduit en précisant qu’elle était bien trop gamine pour moi. Et c’est encore le cas. Physiquement, c’est une femme, mais elle reste et restera Rainbow, cette petite que j’ai vu grandir, que j’ai protégée pendant des années à l’Arbre et que j’ai abandonnée. Non vraiment. « Je voulais te dire que…je ne suis plus une enfant…j’ai l’esprit léger, c’est vrai, mais…la vie n’est pas si mauvaise qu’on se méfie d’elle, tu ne crois pas ? » Je roule des yeux. « Non, tu n’es plus une enfant Rainbow. Mais dans ta tête, tu es encore une gamine. C’est… touchant que de savoir que je te plais, mais, tu n’es pas une fille pour moi. Je préfère les vraies femmes Rainbow et même si tu… » Je montre son corps dévoilant des formes agréables dignes d’une femme et non d’une gamine : « es loin d’une gamine physiquement… Tes réactions, ta manière de penser, de te comporter… c’est enfantin. Tu n’es plus à l’Arbre et pourtant, tu ne grandis pas ! Il serait peut-être temps d’atterrir non ? » Un brin brutal ça, Dream. Je soupire. J’envie ce qu’elle est, le fait de ne pas avoir perdu cette innocence qu’on possède tous, quand on est à l’Arbre. J’ai été contraint de grandir et j’ai dit adieu à ce gamin que j’ai été, pour devenir l’homme que je suis aujourd’hui. Je suis jaloux oui, jaloux de Rainbow, de ce qu’elle a vécu après l’Arbre. J’ai erré, je me suis fait attraper par les pirates et j’ai bossé dans les Mines sur l’île de Barbe Noire. Elle, elle a été recueillie par les Indiens et elle a continué à rester innocente, protégée des malheurs de la vie. Elle reste silencieuse à la suite de mes paroles, peut-être l’ais-je encore vexée ? « Excuse-moi Rainbow. On ne se connait pas, je n’ai pas à juger… ce que tu es. La vision de la vie est différente pour tout le monde. Si pour toi, elle est merveilleuse…, elle ne l’est pas à mes yeux. Et je me contente de la vivre à ma manière, ce qui n’est pas… Bref. Je ne suis pas un homme pour toi Rainbow. Je vais te faire souffrir ! »
Rainbow Luyana
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Dream ne me laisse même pas une chance de lui prouver qu’il a tort, il me redit plus ou moins ce qu’il m’a déjà dit l’autre fois. Je ressens cette pointe dans mon cœur, cette douleur dans mon ventre, qui me fait presque remonter l’estomac dans la gorge. Blessée, oui, il vient de me blesser. Je ne réponds rien, encore bien trop choquée d’un côté, comment devenir plus mûre si on ne m’autorise pas à le redevenir.
Dream : Excuse-moi Rainbow. On ne se connait pas, je n’ai pas à juger… ce que tu es. La vision de la vie est différente pour tout le monde. Si pour toi, elle est merveilleuse…, elle ne l’est pas à mes yeux. Et je me contente de la vivre à ma manière, ce qui n’est pas… Bref. Je ne suis pas un homme pour toi Rainbow. Je vais te faire souffrir !
Mon regard ne le quitte pas un instant alors qu’il me dit ce qu’il ressent, il s’excuse, il peut, il m’a fait mal. Mais, je lui pardonne, je ne peux pas ressentir du négatif envers lui, je serais prête à tout lui céder, à tout lui donner. Il parait que c’est ainsi, lorsqu’on est amoureux. J’ai envie de tout savoir de lui, d’être avec lui, de l’embrasser, qu’il me regarde, comme moi, je le regarde. Je veux être comme ces couples que je croise au camp ou dans la grande ville. Ces amoureux, qui se complètent, s’aiment à l’unisson. Pour la première fois de ma vie, je retiens les paroles qui auraient fusé sans retenue, sans réfléchir. Je modère mon impulsivité, avec beaucoup d’effort bien évidemment. Je ravale la douleur passagère qu’il vient de m’infliger et j’approche de lui. « Mais ce n’est pas parce que nous sommes différents que nous devons nous faire du mal ? » Je m’approche encore, posant ma paume au niveau de la poche de son veston. Plongeant mon regard dans le sien, j’y décèle de la souffrance, mais aussi, de l’incompréhension. « Apprends-moi…comment puis-je apprendre à devenir plus adulte, si personne ne me donne la chance d’y arriver ? Tu as dit toi-même, lors de notre première rencontre dans ce bois en pleine nuit, qu’une aussi jolie fille que moi ne devrait pas être sans amour… » Je caresse doucement l’endroit où se trouve ma main, laissant mes doigts en contacte avec lui. « …qu’il était impensable qu’un homme ne m’ait jamais courtisé…Sois cette personne…Dream…Je serais bonne élève, tu ne peux pas me juger sans me connaitre…je peux changer…je le veux…si c’est le moyen pour atteindre ton cœur, alors je veux le faire » Me livrer sans tabou, sans retenue dans mes sentiments, oui, je suis comme ça. De ce côté-là, les filtres vont avoir du mal à être retirés.
A cet instant, alors qu’il ne prononce aucun mot, j’ai envie de…Je me hisse sur la pointe des pieds, mais il m’arrête dans mon geste, me repoussant un peu. Encore une fois, je me sens blessée et terriblement mal. « Je ne te comprends pas ! Tu me dis que je te plais ! Dans cette forêt, puis tu apprends mon nom et tu te comportes différemment…c’est à cause de Boule ? Oui, j’ai été enfant perdu et oui, je ne suis pas une vraie femme encore, mais…laisse moi une chance…s’il te plait ?! » Mes grands yeux le supplient, implorant juste d’obtenir la chance que j’aimerais qu’il m’offre. Allez savoir la raison, subitement, j’ai besoin de le dire, alors avant qu’il ne prononce son verdict, je me laisse aller. « Avant de te rencontrer…la seule chose dont j’avais été certaine, c’est que j’avais été amoureuse de mon ami d’enfance… » Il redresse son visage enfin et je souris. J’ai les larmes qui viennent, parce que parler de lui me fait toujours beaucoup de mal. « Il n’avait rien d’un héros, mais il était gentil avec moi, il me faisait rire, lorsque j’avais envie de pleurer. J’avais toujours quelque chose à manger sur moi, parce que je savais qu’il oubliait toujours d’emporter assez dans nos aventures et nos jeux…le soir avant d’aller dormir, Boule se glissait dans mon lit et me racontait des aventures dont il était le héros, ce n’était pas vrai, mais je l’imaginais ainsi…quand mon père est parti, il m’a consolé, il m’a redonné une nouvelle vie, sans lui, je serais morte, plus d’une fois…tout ça pour dire… » je renifle et je viens essuyer les perles salines de mes joues d’un revers de main. « Qu’il me manque, tout le temps…tous les jours, il n’y a pas un moment où je ne revois pas son visage, j’ai aimé une image pendant toute ma vie, mais…lorsque je t’ai rencontré…j’ai ressenti…une chose plus forte. Je n’ai pas su mettre de mots dessus immédiatement, mais maintenant, je sais que c’est…» Je marque une pause, avançant de nouveau vers lui. je ne peux pas lui dire, comme ça, il va partir, je le sens. «..j’ai envie d’apprendre à te connaitre…que tu me connaisses aussi…apprends-moi, Dream…je veux grandir pour toi »
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Elle s’approche de moi doucement, mentionnant que nos différences ne nous feront pas obligatoirement souffrir. Certes non. Mais pourrais-je faire semblant d’être Dream longtemps avec elle ? Boule est-il réellement mort comme je le prétends ? Même Miro parvient à revoir le gamin que j’ai été parfois, alors elle, qui me connait mieux que quiconque, enfin, qui connait Boule mieux que mes frères, ne s’en rendra-t-elle pas compte ? Elle finira par me reprocher de lui avoir menti, à juste titre, de l’avoir abandonné. Suis-je prêt à recevoir ces reproches ? Non. Clairement pas. Sa paume vient se poser sur mon torse et je mire ses grands yeux clairs. « Apprends-moi…comment puis-je apprendre à devenir plus adulte, si personne ne me donne la chance d’y arriver ? Tu as dit toi-même, lors de notre première rencontre dans ce bois en pleine nuit, qu’une aussi jolie fille que moi ne devrait pas être sans amour… …qu’il était impensable qu’un homme ne m’ait jamais courtisé…Sois cette personne…Dream…Je serais bonne élève, tu ne peux pas me juger sans me connaitre…je peux changer…je le veux…si c’est le moyen pour atteindre ton cœur, alors je veux le faire » Atteindre mon cœur. Est-ce que j’en ai un ? Je pensais l’avoir perdu dans les mines, mais depuis que Daeron vit avec moi, je retrouve peu à peu ce qui me caractérisait autrefois. Ô je n’ai jamais été un enfant de choeur, menteur et arrogant, je ne suis pas un modèle. La belle blondine se hisse sur la pointe des pieds, souhaitant certainement recevoir un baiser que je repousse, mes mains sur ses épaules pour l’empêcher d’approcher plus. « Je ne te comprends pas ! Tu me dis que je te plais ! Dans cette forêt, puis tu apprends mon nom et tu te comportes différemment…c’est à cause de Boule ? Oui, j’ai été enfant perdu et oui, je ne suis pas une vraie femme encore, mais…laisse moi une chance…s’il te plait ?! » Oui, c’est à cause de Boule. C’est à cause de tout ce que nous avons vécu Rainbow. Tu étais ma petite sœur, tu étais une promesse que je n’ai pas tenue. Compréhensible, j’étais un gamin qui craignait de la voir mourir parce que je n’étais pas capable de nous assumer. Je l’ai confié pour qu’elle puisse vivre. Son père voulait que je prenne soin d’elle et c’est ce que j’ai fait. Grâce à mon abandon, elle est vivante. Je soupire.
« Avant de te rencontrer…la seule chose dont j’avais été certaine, c’est que j’avais été amoureuse de mon ami d’enfance… » Je lève les yeux vers elle, les sourcils froncés. Ses beaux yeux bleus s’humidifient. La douleur que je perçois me touche, elle me poignarde le cœur et je ne parviens pas à rester spectateur, aussi je baisse les yeux. « Il n’avait rien d’un héros, mais il était gentil avec moi, il me faisait rire, lorsque j’avais envie de pleurer. J’avais toujours quelque chose à manger sur moi, parce que je savais qu’il oubliait toujours d’emporter assez dans nos aventures et nos jeux…le soir avant d’aller dormir, Boule se glissait dans mon lit et me racontait des aventures dont il était le héros, ce n’était pas vrai, mais je l’imaginais ainsi…quand mon père est parti, il m’a consolé, il m’a redonné une nouvelle vie, sans lui, je serais morte, plus d’une fois…tout ça pour dire… » Un simulacre de sourire étire mes lèvres, qu’elle ne peut pas voir, mais l’entendre parler de moi ainsi, je ne sais pas, je crois que ça me fait du bien. Sans moi, elle serait morte plus d’une fois qu’elle dit, mais avec moi, elle a failli y passer aussi. Ce que j’ai été, je n’ai aucun regret et à aucun moment, je n’ai oublié cette amie d’enfance. J’ignorai qu’elle était amoureuse de moi et je pense, à cette époque, que j’en aurais ri. Nous étions des gamins, elle encore plus que moi. « Qu’il me manque, tout le temps…tous les jours, il n’y a pas un moment où je ne revois pas son visage, j’ai aimé une image pendant toute ma vie, mais…lorsque je t’ai rencontré…j’ai ressenti…une chose plus forte. Je n’ai pas su mettre de mots dessus immédiatement, mais maintenant, je sais que c’est…» Je fronce des sourcils, n’affrontant pas ses yeux pour ne pas lire ce que je redoute. Je ne suis pas stupide, j’ai déjà affronté le regard d’une fille amoureuse et elle m’a donné un fils. Je sens sa silhouette se rapprocher à nouveau. «..j’ai envie d’apprendre à te connaitre…que tu me connaisses aussi…apprends-moi, Dream…je veux grandir pour toi » Je lève les yeux, croisant les siens puis je soupire, m’éloignant tout en passant une main dans mes cheveux. Je sens son regard sur moi, elle me suit comme si elle craignait que je prenne la fuite. J’y ai pensé, là à l’instant, mais je pense qu’il vaut mieux affronter cette fois-ci. Il sera encore temps de fuir après. « Tu penses être amoureuse de moi Rainbow, mais ce n’est pas le cas. » Je tourne les yeux vers elle, un petit rictus au coin des lèvres. « C’est Boule que tu aimes. Quand on s’est rencontré, tu as cru que j’étais Boule et j’ai dû batailler pour te convaincre du contraire. Tu l’aimes toujours et je pense que ce sera ainsi tant que tu ne l’auras pas affronté. » Elle dit qu’il est mort et je remue de la tête. « Oui c’est vrai. Boule est mort dans les mines de Barbe Noir. N’importe quel gamin venant de l’Arbre serait mort là-bas, parce qu’on y vit nous contraint à grandir. Nous oblige à perdre notre innocence. Boule était un gamin, il est mort là-bas. À sa place, c’est un homme qui est ressorti. Un homme qui a fait table rase du passé, qui a préféré tout mettre de côté pour se forger une nouvelle existence. » Je glisse mes mains dans les poches de mon pantalon. « Prends soin d’elle ! Je compte sur toi mon ami, tu ne m’as jamais abandonné alors, fait pareil avec Rainbow. Ne l’abandonne jamais et ainsi, je resterai pour toujours avec toi ! … c’était ses mots. Et qu’est-ce que Boule a fait ? Il t’a abandonné. Il n’a pas tenu sa promesse parce qu’il ne voulait pas te voir mourir. Tu étais si malade et il ne pouvait rien faire. Alors, quand il a vu ces gens, il s’est dit que tu serais mieux avec eux. Qu’il pourrait te nourrir, te soigner et que tu pourrais grandir sans risquer de mourir à chaque coin de forêt. »
Même le revivre rien que par les mots, ce souvenir m’étrangle la gorge et me contracte le ventre. Je n’aime pas y repenser, je n’aime pas en parler. « Tu peux lui en vouloir, tu as le droit de lui en vouloir, mais… tu allais mourir. Il a fait ce qu’il pensait juste. Il a erré quelque temps puis il s’est fait prendre par les pirates. C’est là-bas que j’ai pris sa place. » Ses sourcils se froncent. « Je ne suis ni un héros, ni un bon ami. Je ne suis même pas capable de tenir une promesse pourtant simple. Mais je pense que ton père, de là où il est, préfère te voir comme tu es aujourd’hui... parce que tu ne serais pas là si Boule t’avait gardé avec lui. Tu serais morte avec lui, dans les mines. » Quel genre de femme serait-elle devenue ? Est-ce que ce serait elle, la mère de Daeron que j’aurais à nouveau abandonnée ? J’ouvre ma besace, ressortant une poupée salie, à la tignasse blonde emmêlée et aux vêtements déchirés ci et là. Je lui tends, la laissant prendre celle-ci. Ses mains tremblent, elle doit prendre conscience au fur et à mesure de l’ampleur de mes paroles. « Elle aurait dû être toujours avec toi. Je suis navrée Rainbow, pour toute la souffrance que je t’ai infligée et… de ne pas être le héros de tes rêves. » Ses larmes coulent et à nouveau, je baisse les yeux pour ne pas avoir à les affronter. « S’il y a une chose dont je suis certain… c’est que tu ne pourras pas être heureuse avec un garçon pour quoi, que je sois Boule ou Dream à tes yeux. Je fais souffrir mon fils, mes amis… Je te ferai de nouveau du mal Rainbow et moi, j’ai besoin d’avancer. Je ne veux pas vivre dans mon passé. Tu es mon passé. »
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J’ai fait le premier pas, lui préfère encore mettre de la distance, je suis naïve, mais pas stupide, je ne relancerais pas la chose. Il ne veut pas de moi, repoussée plusieurs fois, j’ai mal, mais j’ai compris. Je le suis pourtant, lorsqu’il semble chercher un moyen de s’en sortir, est-ce que je lui déplais à ce point ? Si c’était le cas, pourquoi n’a-t-il point tourné les talons au lieu de venir me parler il y a quelques minutes ? Décidément, Dream est un personnage à part. En dehors de tout, je ne le comprends pas.
Dream : Tu penses être amoureuse de moi Rainbow, mais ce n’est pas le cas.
Qu’en sait-il, comment peut-il être certain d’une chose que je suis la seule à ressentir. Il n’a pas la capacité de me dire à moi, ce que je ressens ou non. Dream : C’est Boule que tu aimes. Quand on s’est rencontré, tu as cru que j’étais Boule […] tant que tu ne l’auras pas affronté.
Comment pourrais-je affronter un mort ? « Mais il n’est plus, je ne peux pas affronter un mort ! » Puis, il reprend et je sens durant tout son discours la sueur froide descendre le long de mon dos, jusqu’à me donner envie de vomir. J’ai mal au ventre, je comprends doucement, ce qu’il est en train de m’avouer.
Dream : […] Prends soin d’elle ! Je compte sur toi mon ami, tu ne m’as jamais abandonné alors, fait pareil avec Rainbow. Ne l’abandonne jamais […]
Souffle qui se stoppe d’un coup, larmes qui glissent sans que je ne puisse les retenir, ce n’est pas de la tristesse, ce n’est pas de colère que je ressens. Mais un bonheur immense, en sachant qu’il est là, que c’est lui, je le savais, j’en étais intimement persuadée, j’aurais dû me faire confiance et ne pas croire ce qu’il m’avait dit.
Dream : Tu peux lui en vouloir, tu as le droit de lui en vouloir, mais… tu allais mourir. Il a fait ce qu’il pensait juste. Il a erré quelque temps puis il s’est fait prendre par les pirates. C’est là-bas que j’ai pris sa place.
Mes lèvres tentent de retenir un sanglot, mais il sort tout de même, je plaque ma paume sur ma bouche, mes larmes continuant encore et encore, dans un flot intarissable de perles salées, silencieuses et ordonnées. Il poursuit, il s’en veut, c’est pour ça qu’il ne m’a pas dit qui il était, c’est pour cela qu’il a changé de comportement, c’est pour ça qu’il n’est pas venu me chercher. Ô Boule, comme tu me connais mal…ta propre culpabilité a pris le dessus, mais tu aurais dû savoir que je t’aurais pardonné, mon ami. Tu étais tout pour moi, ma famille et ce que j’avais de plus cher en mon cœur. Son visage bifurque vers sa besace d’où il sort cette poupée qu’il avait volée pour moi, je m’en souviens, comme c’était hier. Avant que l’ours ne vienne manger nos provisions, avant que je tombe malade et qu’il me laisse entre la vie et la mort. Je ne viens pas prendre la poupée immédiatement, j’attends. Il parle du héros qu’il pense que j’attends, il parle, dit que je ne pourrais pas être heureuse avec un homme comme lui, j’étais prête pourtant à sacrifier bien des choses pour cet inconnu, ce qu’il ignore, c’est que je ferais bien plus pour l’ancien Boule, oh oui, tellement plus. Il a un fils, soudain, j’ai mal au ventre. Il a un enfant, lui ? Un petit Boule, j’imagine sa naissance, les images de Ma’Lila avec sa fille se superposent à l’image d’une femme donnant à MON boule un enfant. J’imagine sous sourire lorsqu’il a dû le voir, petit et fragile, comment il a dû l’aimer. Et cette fille, cette femme qui est-elle ? Est-il amoureux d’elle ? Est-ce que c’est la femme brune qui était au camp hier soir ? Soudain, mon univers s’écroule encore plus que je ne le pensais. Je ferme les paupières, souris à travers mes larmes avant de dodeliner de la tête.
« Tu as raison…je suis ton passé… » Je m’approche de lui, prenant la poupée qu’il me tend encore. « Merci…elle a vécu…mais elle est toujours aussi belle…on dirait… » Je la contemple pour éviter de le regarder lui. « Qu’elle a grandi plus vite que moi…. » Je sanglote, je ne sais plus quoi faire. Je le calme, prenant du recul dans ma tête pour ne pas laisser mes sentiments prendre le dessus, cela je peux le faire, Mataku m’a appris, la concentration pour le contrôle de soi. « Tu n’es pas un héros…je ne suis pas déçue parce que tu ne l’as jamais été. J’aimais juste à le croire… » Pendant que je parle, je mire le visage de ma poupée, caressant ses joues, trouvant une occupation pour ne surtout pas le regarder en face. Je renifle une fois encore, avant de soupirer un grand coup. « Tu n’es plus Boule…et, ce n’est pas lui qui fait battre mon cœur fortement lorsque je le vois, non, lui me fait pleurer, parce qu’il est mort…ce n’est pas les souvenirs qui me sont douloureux, mais savoir qu’il est parti seul sans moi, sans m’attendre…C’est encore moins l’amour actuel qui m’a forcé à te dire combien, je l’ai aimé. Mais bien, cette affection révolue. Tu penses que je lui en ai voulu de m’avoir confié à ses gens ? »
Je le regarde enfin, droit dans les yeux. « Non…ce jour-là, il m’a sauvé et il a agi en adulte. J’imagine bien combien cela a été difficile, parce que je me suis mise à sa place et le laisser aurait été une épreuve. J’étais déçue, oui, parce qu’il me laissait en arrière, il faisait la tête en course et moi, il me protégeait, alors que je pouvais encore faire mes preuves. » Je caresse une dernière fois la poupée avant de déposer sur un rocher près du reste de mes vêtements. « J’ai beaucoup pleuré pour Boule, il m’arrive de le faire encore, mais je suis consciente qu’il appartient à mon passé. Comme je le disais, ce n’est pas lui qui me rend toute chose, ce n’est pas à lui que je pense en m’endormant…C’est un homme rencontré dans les bois, qui refusait d’entendre les tintements d’une fée…un homme qui se cache derrière des apparences pour éviter de se faire atteindre et de souffrir, parce que, soyons honnêtes…La plus grande crainte de Boule était de passé inaperçu, d’être invisible et que personne ne fasse attention à lui. J’imagine que Dream ne doit pas être bien différent, la crainte de ne pas être aimé, d’être repoussé…est forte. Alors, tu fais du mal aux autres, avant que ce soient eux qui t’en fassent »
Je m’assois, mes jambes ne lâchent, je le sens, je suis trop faible, trop de nouvelles…trop de choses à porter et bien que je montre en apparence une grande maturité, ce n’est pas du tout le cas, en vérité. « Comment se nomme ton fils ? » il me donne son prénom et je ne veux pas en savoir plus. « Je suis contente pour toi…je suis certaine qu’il t’aime, même si tu prétends ne pas être un homme bon pour lui… » Je rapproche mes genoux vers mon buste, plaçant mes bras pour maintenir l’ensemble et me réchauffer, j’ai l’impression de frissonner bien trop. « J’ai bien entendu, que je n’étais pas ton futur, et que je ne suis que ton passé…je ne t’embêterai plus, je te le promets… » Les larmes s’écoulent, je ne pense pas un traitre mot de ce que je dis, mes paroles me poignardent chacune leur tour, me brisant entièrement. S’il voulait que je grandisse, c’est réussi, mais la douleur est-elle, que je ne veux même pas penser à revivre une chose pareille, je préférerais chuter de la falaise que de sentir à nouveau cette douleur cuisante dans mon cœur. « Pourtant, je t’assure, j’aurais été prête à devenir ce futur…mais la place est certainement déjà prise par la mère de ton fils…Et c’est bien normal ! » Je raconte des choses fausses, je mens, comme jamais je n’ai menti, pour lui dire ce qu’il veut entendre, mais pas ce qui est vrai pour moi. J’ai tellement mal, il ne s’en rend même pas compte, il ignore combien j’ai mal en cet instant. C’est comme une brûlure dans le ventre, une boule qui grossit telle une tumeur maline. Je ramasse mes affaires, allant vers lui pour lui dire un dernier mot. Mes yeux dans les siens, je suis beaucoup plus petite que Dream. « Si un jour…tu veux… » Mes mots se coupent, ma voix déraille. « Tu seras toujours le bienvenu…Que tu sois Boule ou Dream…Je reste ton…amie…non ? » Espoir dans le ton, morose dans la voix, mine triste et à l’agonie, il suffirait pourtant d’un seul mot de sa part, un seul. Il reste impassible, mais moi, je ne peux plus, je suis Rainbow, pas cette personne que je tente d’être depuis cinq minutes. Je lâche tout, le bruit de la poupée ne m’inquiète plus et je me love contre lui. Mon ami, mon amour…Dream et Boule réunis. Je l’étreins comme je peux, je veux graver cela dans ma tête. Là, contre lui, écoutant involontairement les battements de son cœur, je me laisse aller. Non pas en larmes, mais en affection profonde. « Sers-moi contre toi…s’il te plait…juste une fois…une dernière fois…»
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Dream Bo'
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« Tu as raison…je suis ton passé… » Je l’observe s’avancer et prendra la poupée que je lui tends depuis un moment. Elle l’observe et j’étire un sourire quand elle parle du vécu de ce jouet. Oh oui, elle en a vu des choses tout comme moi. Elle m’a aidé à affronter les premières nuits dans les mines, elle m’a réconforté, elle m’a apporté de la paix et du bonheur dans les instants les plus sombres. Cette poupée est un lien fort pour moi, même si bien évidemment, je ne dirai rien. Je me contente d’un sourire alors qu’elle pleure devant moi et je reste impassible, presque insensible en apparence pour ne pas lui montrer mes failles. « Tu n’es pas un héros…je ne suis pas déçue parce que tu ne l’as jamais été. J’aimais juste à le croire… » Le silence accompagne ses paroles. Je pense avoir déjà bien parlé et je ne vois pas ce que je pourrais dire. Alors, je me contente de l’écouter, de l’observer elle qui n’a d’yeux que pour cette poupée. « Tu n’es plus Boule…et, ce n’est pas lui qui fait battre mon cœur fortement lorsque je le vois, non, lui me fait pleurer, parce qu’il est mort…ce n’est pas les souvenirs qui me sont douloureux, mais savoir qu’il est parti seul sans moi, sans m’attendre…C’est encore moins l’amour actuel qui m’a forcé à te dire combien, je l’ai aimé. Mais bien, cette affection révolue. Tu penses que je lui en ai voulu de m’avoir confié à ses gens ? » Elle n’est pas amoureuse de Boule mais de moi, pourtant Boule fut ce que j’ai été jadis et il sommeille parfois encore en moi. A jamais, je serai ce gros garçon qui aimait rire, qui aimait attirer l’attention et faire des bêtises. Qui se sentait bien uniquement lorsqu’il faisait rire les autres, qui adorait ses frères et cette petite fille. Oui Boule est toujours là et il ressort parfois, mais ce n’est pas un mensonge quand je dis qu’il est mort dans les mines. C’est un fait. Elle lève les yeux vers moi pour répondre à cette question qui, je l’avoue, attire grandement mon attention. Oui, je veux savoir si elle m’en a voulu. « Non…ce jour-là, il m’a sauvé et il a agi en adulte. J’imagine bien combien cela a été difficile, parce que je me suis mise à sa place et le laisser aurait été une épreuve. J’étais déçue, oui, parce qu’il me laissait en arrière, il faisait la tête en course et moi, il me protégeait, alors que je pouvais encore faire mes preuves. » Ainsi donc, elle ne m’en veut pas. Je détourne le regard, sentant une vague d’émotion m’envahir à ses paroles. Combien de nuits j’ai pensé à elle, l’imaginant me maudire parce que j’ai osé nous séparer. Parce que je lui ai menti. Toutes ces fois où j’ai dit : « Rien ni personne ne nous séparera… » alors que, justement, je nous ai séparés. Elle ne peut pas savoir et je pense que personne ne le saura, combien j’ai pu m’en vouloir. Et encore aujourd’hui. Mes yeux me piquent et je profite qu’elle me tourne le dos pour déposer la poupée afin d’essuyer l’humidité de mes yeux. « J’ai beaucoup pleuré pour Boule, il m’arrive de le faire encore, mais je suis consciente qu’il appartient à mon passé. Comme je le disais, ce n’est pas lui qui me rend toute chose, ce n’est pas à lui que je pense en m’endormant…C’est un homme rencontré dans les bois, qui refusait d’entendre les tintements d’une fée…un homme qui se cache derrière des apparences pour éviter de se faire atteindre et de souffrir, parce que, soyons honnêtes…La plus grande crainte de Boule était de passé inaperçu, d’être invisible et que personne ne fasse attention à lui. J’imagine que Dream ne doit pas être bien différent, la crainte de ne pas être aimé, d’être repoussé…est forte. Alors, tu fais du mal aux autres, avant que ce soient eux qui t’en fassent » J’étire un sourire en coin. Elle me connait si bien, effectivement. Je n’ai pas changé de ce côté-là. Je suis toujours le même idiot qui préfère faire pleurer quelqu’un plutôt que de pleurer, qui fait tout pour qu’on le remarque, même en mal, plutôt que d’être ignoré. J’avale ma salive difficilement, me rendant compte que ma gorge est toujours contractée. L’émotion est omniprésente, autant chez elle que chez moi. Sauf que… c’est moins flagrant. Elle s’assoit et je baisse les yeux vers elle sans un mot. De toute manière, à la moindre parole, je vais me trahir alors autant ne rien dire. J’aimerai pourtant à cet instant la rassurer, la réconforter, car la voir pleurer me fait mal. Mais encore une fois, je suis bien trop stupide pour faire un pas, un geste envers elle, pour elle. A quoi bon ? Je ne veux pas lui donner de faux espoir, la laisser interpréter une étreinte. Je passe une main dans ma nuque, me sentant impuissant. Qu’attends-tu de moi Rainbow ? Veux-tu que je te prenne dans mes bras ou souhaites-tu plutôt que je m’éloigne, toi que je fais souffrir volontairement et… involontairement à la fois.
« Comment se nomme ton fils ? » Je baisse les yeux vers son visage si pâle, si triste et je détourne les yeux : « Daeron. » « Je suis contente pour toi…je suis certaine qu’il t’aime, même si tu prétends ne pas être un homme bon pour lui… » Je n’ajoute rien. Oui Daeron m’aime, ça je le sais et j’en ai été témoin, mais encore une fois, je me comporte comme un imbécile avec lui. Avec tout le monde en vérité. « J’ai bien entendu, que je n’étais pas ton futur, et que je ne suis que ton passé…je ne t’embêterai plus, je te le promets… Pourtant, je t’assure, j’aurais été prête à devenir ce futur…mais la place est certainement déjà prise par la mère de ton fils…Et c’est bien normal ! » Mes sourcils se froncent tandis qu’elle continue de pleurer, encore. Je devrais me flageller pour faire autant souffrir une jeune fille. Je n’ai jamais aimé la voir avec des larmes sur les joues enfants, je faisais tout pour qu’elle retrouve le sourire et là, aujourd’hui, je reste debout en évitant ses regards, en ignorant ses larmes. Elle se lève pour récupérer ses affaires avant de se mettre devant moi, ses yeux dans les miens. « Si un jour…tu veux… Tu seras toujours le bienvenu…Que tu sois Boule ou Dream…Je reste ton…amie…non ? » Nouveau silence. Qu’est-ce que je peux lui dire ? Que nous serons toujours des amis, mais cela serait cruel pour elle. Mieux vaut que nos chemins ne se recroisent plus jamais, qu’elle tire un trait sur moi et s’ouvre à d’autres. Ses affaires tombent sur le sol et ses bras viennent m’encercler la taille, son corps contre le mien. Mes bras restent le long de mes hanches, même là, je ne fais pas un mouvement vers elle. Pourtant, j’en meurs d’envie. « Sers-moi contre toi…s’il te plait…juste une fois…une dernière fois…» Je baisse les yeux vers son crâne, son visage contre mon torse et je réfléchis. Puis, je finis enfin par l’étreindre en retour, d’abord doucement et timidement, puis plus fortement. Mon front vient se poser sur le haut de son crâne, j’hume son odeur pour me l’imprégner et je ferme les yeux. Là, une larme glisse le long de ma joue tandis que je murmure contre elle sans qu’elle ne puisse m’entendre un « pardonne-moi… ». Je la sens trembler contre moi, je sens ses paumes serrer ma chemise dans mon dos et je la sers un peu plus contre moi en soupirant. Ses sanglots et reniflements sont le bruit aux alentours, comme si Neverland s’était mis en pause le long de ces retrouvailles tendres. Elle s’écarte doucement et je viens prendre son visage en coupe, croisant son regard clair et brillant, rougi par les nombreuses larmes que j’ai fait couler. « Je ne suis qu’un idiot Rain. Je n’ai pas changé, Boule ou Dream, j’ai toujours été un crétin quand il s’agit de sentiments. Et je ne pense pas que ça changera un jour. Mon fils le subit aussi, incapable de lui montrer la moindre affection, je ne fais que le repousser… comme toi. Mais j’ai toujours été ainsi… souviens-toi. Efface l’image parfaite que tu as de moi et repense à toutes les fois où je t’ai laissé derrière alors que j’étais avec Calico, Ginger et Miro… Je ne suis pas un garçon parfait, je suis même bourré de vices. Pardonne-moi de te faire pleurer, de te faire du mal, mais… tu mérites un homme qui saura t’aimer comme tu le mérites, qui te rendra heureuse et qui n’aura pas peur de te dire qu’il t’aime. Tu mérites ça Rainbow… et moi je ne peux pas te l’offrir. » Je passe et repasse mes pouces sur ses joues, tandis que ses mains tiennent mes poignées. Je sens et je sais qu’elle va dire quelque chose alors, je viens doucement lover mes lèvres contre les siennes. Un baiser chaste, qui dérive doucement vers quelque chose de plus tendre, de plus affectueux. Deux bouches qui se frottent, qui se caressent avec une infinie douceur, avec un léger goût de sel, secoué par quelques frissons. Ma bouche bouge contre la sienne avant que je ne m’écarte, mirant son visage aux paupières closes. « Écoute-moi pour une fois Rainbow… » Je souris avant de lâcher son visage pour me redresser, la voyant tanguer sur ses jambes. « Un jour, nos routes se recroiseront et j’espère que ce jour-là, tu seras amoureuse d’un homme qui t’aimera comme tu le mérites. Quand à moi, je serai toujours sur les routes, accompagné de Miro et de mon fils, sûrement… » Je souris et sans attendre, je m’éloigne. Elle ne cherche pas à me retenir, tant mieux, je me faufile entre les arbres pour disparaître et retourner à notre campement.
Rainbow Luyana
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Il ne peut pas imaginer combien je suis bien, là, contre lui, qu’il me refuse ou non cette étreinte que je demande. Puis, doucement, comme avec hésitation, je perçois le mouvement de ses bras, ils viennent m’entourer et je ne retiens pas un sanglot à ce geste qui signifie plus qu’une étreinte banale. Plus les secondes passent et plus ses bras se referment sur moi, comme s’il voulait lui aussi bien prendre pour réalité ce corps contre lui. Sa tête se pose contre la mienne, mon cœur se gonfle d’un sentiment fort qui me prend à la gorge, je ne peux retenir un hoquet, je suis à fleur de peau, le sentir m’accepter et me reconnaitre, fait ressurgir des tas de souvenirs, des émotions perdues dans les méandres de mon passé depuis si longtemps que lorsqu’ils remontent à la surface, ils explosent un à un dans un torrent de sensations puissantes. C’est moi qui finis par couper ce cocon dans lequel nous nous sommes mis, comme un hymne à notre relation antérieure et révolue. Ses mains viennent instantanément sur mes joues, comme s’il ne voulait pas que je le quitte avant qu’il n’ait pu me dire quelque chose. Mes paumes s’accrochent à ses poignets, comme lui faire comprendre que je ne compte pas m’enfuir.
Dream : Je ne suis qu’un idiot Rain. Je n’ai pas changé, Boule ou Dream, j’ai toujours été un crétin quand il s’agit de sentiments. Et je ne pense pas que ça changera un jour. Mon fils le subit aussi, incapable de lui montrer la moindre affection, je ne fais que le repousser… comme toi…[…]
Il repousse également son fils ? Pourquoi ? Ne l’a-t-il pas vu naître et grandir, comment peut-on repousser son enfant. Il prétend avoir toujours été ainsi, dans un sens oui, mais c’est ce qu’il fait qu’il est lui…imparfait et pourtant…oh oui, pourtant, cela ne m’a jamais empêché moi de lui porter la plus grande affection. Après tout, j’ai grandi à ses côtés, il m’a vue petite, bébé même…est-ce cela ? il fait avec son fils, ce qu’il a fait avec moi ? Serais-je comme sa sœur, une sorte d’enfant à ses yeux. Ce serait logique.
[…]Tu mérites un homme qui saura t’aimer comme tu le mérites, qui te rendra heureuse et qui n’aura pas peur de te dire qu’il t’aime. Tu mérites ça, Rainbow… et moi je ne peux pas te l’offrir.
Ma tête se secoue d’un côté et d’un autre. De me dire qu’il m’aime ? Tu ne peux pas me le dire, mais tu le penses ? Il se penche sans que je puisse répondre à ses paroles qui m’ont bien plus que touché. Je sens mon cœur qui s’accélère brutalement, mon estomac se contracte et j’ai des frissons dans tout le corps. Sa bouche se pose contre la mienne, mon esprit explose en même temps que les sentiments qu’il me fait naître à ce baiser que j’ai tant rêvé. Volupté de notre danse l’un contre l’autre, envie de ressentir ce bienfait et cette douleur à la fois en restant contre sa bouche qui m’enivre d’une manière étrange et nouvelle. Il n’est pas le premier qui vient contre cette bouche que je réservais pourtant pour lui, un autre ami, appartenant à mon passé m’avait déjà embrassé. Mais ce n’était pas comparable, ce que je ressens aujourd’hui, n’a pas d’égale. Son souffle chaud s’éloigne et me laisse dans un froid presque hivernal. Il me demande de l’écouter, comme si je ne l’avais jamais fait. J’ouvre les paupières, observant son visage, ressentent encore son gout sur ma bouche rougissante de trop de sensations.
Dream : Un jour, nos routes se recroiseront et j’espère que ce jour-là, tu seras amoureuse d’un homme qui t’aimera comme tu le mérites. Quand à moi, je serai toujours sur les routes, accompagné de Miro et de mon fils, sûrement…
Il me quitte…après un baiser, une étreinte et la révélation presque certaine qu’il m’a au moins aimé comme une sœur. Je reste à mirer l’endroit où sa silhouette a disparu encore un moment, avant de reprendre mes esprits et comme si le temps s’était arrêté, je recommence à bouger, ramassant mes affaires, dont cette jolie poupée qui représente tellement pour moi. Je l’étreins avec férocité, caressant sa chevelure plus aussi belle qu’avant. Mon regard se perd sur elle et je soupire. « Tu me demandes de vivre le reste de ma vie sans toi, alors que durant des dizaines d’années, j’ai vécu auprès de toi, comment puis-je réussir un tel retournement… » Ma poupée ne va pas répondre et je soupire de nouveau, avant de reprendre, un peu mélancoliquement, le chemin de la maison de mon père et moi. Après quelques pas, je l’atteins m’installant sur le sol recouvert de plantes, racines qui ont pris le dessus sur la construction. Recroquevillant mes jambes à mon menton, je ferme les yeux, tentant de me souvenir de tout, par mes écrits, et par les images que cela me fait venir. Si je dois tourner la page, alors il faut que j’en fasse le deuil.