Sacrée Ephyra… Décidément, j’en aurais vu de toutes les couleurs avec cette sirène. Je me souviens encore du temps où nous n’étions que des enfants. La demoiselle avait déjà un caractère très affirmé et un véritable franc parler. Il faut croire que prendre des années ne l’avait pas fait changer tant que ça. Elle avait toujours ce visage angélique et énigmatique, mais son caractère de peste semblait s’être encore plus prononcé. J’avais même l’impression de faire partie de ses cibles préférées… Mais au final… Je ne sais pas, je me sentais proche d’elle. C’était une sensation très étrange que je n’arrivais pas à m’expliquer moi-même à vrai dire, mais j’avais l’impression et le devoir de veiller sur elle. Et c’est ce que je fis lorsqu’un soir, je la retrouvai ivre morte dans la paille à l’écurie…
Je ne m’attendais pas à retrouver une amie d’enfance de cette manière-là. Je pensais la rencontrer en bord de mer, ou même en mer si un jour, j’embarquais sur un bateau, mais jamais je n’aurai cru la revoir sur la terre ferme et ivre à ne même plus pouvoir marcher seule. Toute la nuit, j’étais resté à son chevet, car elle n’était vraiment pas dans un bon état, et nous nous étions mis à parler. À vrai dire, je ne me souviens même plus de l’heure à laquelle nous nous étions endormis tellement nous avions parlé. C’était les rayons du soleil qui m’avait réveillé. Et oui, il y a quelques semaines, ils nous étaient encore possibles de voir cette magnifique boule de feu… Le seul petit bémol, Ephyra après son réveil fut d’une humeur massacrante et je ne me souviens pas avoir déjà passé une matinée aussi affreuse ! Elle était incontrôlable, insupportable et je fus très heureuse de quitter la ferme pour me rendre au marché. Je n’allais plus l’entendre se plaindre à longueur du temps…
Le soir en rentrant chez moi, elle était partie. Depuis, aucune nouvelle…
Les jours suivants, à chaque fois que je me rendais au marché, je la cherchais des yeux dans l’espoir de la revoir, mais pas une seule fois, je ne croisai de nouveau sa chevelure rousse. À aucun moment, je ne m’attendais à ce que ce soit l’homme devant moi à mon étale me fasse penser à ses dires durant cette soirée que j’avais passée avec la sirène. Il semblait parfaitement correspondre à la description que la rousse m’avait fait de l’un de ses très intimes amis.. J’étais curieuse et j’avais vraiment envie d’en savoir plus…
« Excusez-moi, vous prénommez-vous Cahan ? »
Super question Rosa… C’était assez direct et pas très diplomate, mais il n’y avait pas non plus énormément de façon de connaître le prénom d’une personne.
« Excusez-moi, vous prénommez-vous Cahan ? » Le bourreau relève la tête, ses iris clairs se posent sur le visage sans faille de la jeune femme. Sa question est direct, le ton de sa voix démontre un brin d'agacement, mais son regard projette la curiosité qui l'envahi. Elle a quelque chose à lui reprocher, il en a aussitôt la conviction. Cahan, il l'observe en silence, la détaille, le regard aussi froid qu'à son habitude. Cette jeune femme n'a absolument rien de déplaisant pour les yeux et le celte est apte à en juger. Jeune et blonde, comme il les aime, avec un visage harmonieux et un corps svelte. Quelque chose chez elle lui rappelle sa défunte femme, sans doute cette douceur bien ancrée en elle, malgré ce ton qui évoque le contraire. Cette douceur qui ne doit pas disparaître, même lorsque la colère la submerge. Du moins, c'est l'impression qu'elle lui donne au premier regard, mais Cahan, il peut se tromper. Après tout, le bourreau n'est sans doute pas le plus douer pour lire dans l'esprit des gens. Il ne cherche pratiquement jamais à connaître ceux qui l'entourent et les gens ne l'intéressent pas. Il ne sait pas lire ce qui se passe dans la tête des autres ou du moins, il le nie.
Qu'a-t-elle à lui reprocher ? La mort d'un proche, comme tous les autres ou cette fois ça n'a rien à voir avec ce métier qui lui colle à la peau ? Il n'en sait rien. De longues minutes s'écoulent, alors qu'il l'observe en silence, ses yeux parcourant ses traits et venant finalement se poser dans ses yeux sombres. Toujours un visage de marbre, inanimé comme celui d'une statue.
« C'est bien le prénom qu'on m'a attribué à la naissance. » Son ton est ferme, neutre. Il n'y a aucune chaleur dans sa voix, aucune amabilité, qu'une certaine forme de politesse ou du moins, quelque chose qui s'en rapproche. « Si tu as quelque chose à me reprocher, ne te gêne surtout pas, ma belle. » Son regard est intense, il ne la quitte désormais plus des yeux. À Blindman's Bluff, rares sont les gens qui l'apprécient et il n'est pas idiot. Il voit très bien que cette jeune femme à quelque chose à lui dire. Elle pourrait être l'une de celles auprès de qui il s'est réchauffé pour ensuite disparaître sans un mot. Elle pourrait être l'une des jolies blondes qu'il a charmée pour ensuite disparaître à tout jamais, mais si tel était le cas, il s'en souviendrait. Ce n'est pas ça qu'elle a à lui reprocher et il n'a pas l'impression d'avoir causé la mort de l'un de ses proches, alors pourquoi ce regard ? Pourquoi ce ton ?
« C'est bien le prénom qu'on m'a attribué à la naissance. » Elle ne s’était pas trompée, l’homme en face d’elle était bien celui qui avait partagé une nuit avec Ephyra. Rosasharn le regarda alors de haut en bas. C’était un homme impressionnant. Il était grand et fort, de plus son corps semblait couvert de cicatrice. Il était …Effrayant ! Puis la jeune blonde eut une impression de déjà vu. Ses yeux… Ils lui disaient quelque chose… En le regardant encore un cours instant, elle le reconnut. Cet homme, elle avait plusieurs fois, à son grand désespoir, croisé son regard. C’était le bourreau de Blindman’s Bluff, celui qui n’avait jamais cligné de l’œil à l’idée de coupé la tête d’un jeune homme ou d’une jeune femme.. Une sueur froide coula alors dans le cou de la jeune fermière. « Si tu as quelque chose à me reprocher, ne te gêne surtout pas, ma belle. »
Un frisson lui parcouru l’échine. *reprend toi Rosasharn* se répétait-elle dans sa tête. Elle ne devait pas être déstabilisée par cet homme ! Elle releva alors la tête et replongea ses yeux dans ceux du bourreau « Je.. Je voudrais vous parler à propos d’une jeune femme. Ephyra. Elle m’a parlé de vous et de votre histoire. » C’était vague et confus. Comment l’homme aurait pu comprendre quelque chose à cette histoire ? Rosasharn ouvrit alors de nouveau la bouche pour lui expliquer plus clairement. « C’est une personne chère à mon cœur, et je ne voudrais pas qu’il lui arrive du mal ou quel soit malmener par quelqu’un ! » Si la sirène était là, elle aurait déjà égorgé la fermière ! Mais Rosasharn ne se démonta pas à cette idée. « Alors sans vouloir vous offenser, monsieur, je vous prierais d’observer le plus grand respect à son égard. »
Ce n’était pas parce qu’il était bourreau que cet homme était forcément une bête, mais Rosahsarn, se voyait dans l’obligation de protéger la sirène. Durant la longue soirée qu’elles avaient passée ensemble, Rosasharn avait senti qu’il y avait une raison à cette rancœur, à cette méchanceté gratuite qu’Ephyra pouvait distribuer… Et le fond de ce problème était sa relation avec Edward. Ils n’étaient que des enfants, mais Rosasharn avait rapidement pris la place de la sirène dans le cœur du jeune garçon et la rousse ne semblait pas l’avoir oublié… Quitte alors à ne pas plaire à la sirène, Rosa préférait s’immiscer dans sa vie pour éviter un potentiel nouveau drame.
Pendant un instant, il peut lire une peur soudaine dans son regard, elle semble perdre de son aplomb. Il l'observe, ses yeux ne la quitte pas, alors qu'elle baisse la tête. Elle reste muette durant quelques secondes et enfin, elle pose à nouveau ses iris sur lui et se décide à affronter son regard. « Je.. Je voudrais vous parler à propos d’une jeune femme. Ephyra. Elle m’a parlé de vous et de votre histoire. » Ephyra ? Qu'a-t-elle à lui reprocher à ce sujet ? Le visage du bourreau reste de marbre, pourtant, il se demande ce qu'elle a à lui dire. Ephyra et Cahan se réchauffent l'un l'autre, qu'y a-t-il de mal dans ça ? Il ne demande pas, il attend qu'elle ouvre à nouveau la bouffe pour parler. Ça vient, elle reprend. « C’est une personne chère à mon cœur, et je ne voudrais pas qu’il lui arrive du mal ou quel soit malmener par quelqu’un ! » Toujours le regard dur, toujours ce visage impassible. « Alors sans vouloir vous offenser, monsieur, je vous prierais d’observer le plus grand respect à son égard. » De quoi se mêle-t-elle ? En quoi son histoire avec la rousse la regarde-t-elle ? Elle dit être une amie et pourtant, une amie n'a absolument rien à dire face à la visage sexuelle d'une autre amie. Il peut comprendre qu'elle anticipe que son amie soit blessée, mais qu'elle vienne lui dire de la respecter...
Il l'observe, toujours en silence. Il n'aime pas qu'on vienne lui parler, il n'aime pas qu'on se mêle de sa vie priver, il n'aime pas qu'on vienne lui reprocher quoi que ce soit. Pourtant, il n'est pas en colère. Au fond, que cette jeune femme délicate et frêle vienne lui dicter quoi faire, l'amuse d'une certaine façon. Cahan, il fait deux fois sa taille, il pourrait la briser en utilisant que deux de ses doigts et sa réputation le précède. Pourtant, elle est là, face à lui et elle ose lui dire de respecter son amie, alors que cette dernière est assez intelligente pour prendre ses propres décisions. Cette jolie blonde doit bien être naïve et insouciante. Il pourrait presque sourire, le celte, mais il reste de marbre. « Je n'arrive pas à cerner si tu es naïve, courageuse ou tout simplement stupide. » Il ne la quitte pas des yeux, il la fixe avec intensité, Cahan. « Je ne sais pas ce que ton amie t'a racontée, mais ce qui se passe entre elle et moi ne te regarde pas, petite. Mais si ça peut te rassurer, je n'ai pas l'intention de lui faire du mal. » Il ne bronche toujours pas, son regard reste dur, alors que ses yeux restent ancrés dans les siens. Il a du mal à cerner si cet avertissement vient du fait que son métier n'est pas net ou si elle est comme ça, à vouloir préserver ses amis de tout le monde. Il ne sait pas, Cahan, mais il s'en fiche. Il n'a jamais fait de mal à Ephyra et il ne compte pas lui en faire. Ils se réchauffent, se donnent un peu de chaleur humaine et ça s'arrête là. La rouquine est totalement consentante, elle s'offre à lui, voilà tout ce qui compte.
Rosasharn ne s’était donc pas trompé de personnage. Il faut dire, le bourreau de la ville était tout à fait reconnaissable. Grand, fort avec un visage tellement peu affable… Pourtant Rosasharn ne s’était pas démonté lorsqu’elle dut lui parler. Elle savait qu’établir une discutions avec cet homme allait être difficile, cependant, elle ne s’attendait pas à être traitée de jeune fille stupide.. « Je n'arrive pas à cerner si tu es naïve, courageuse ou tout simplement stupide. » Pourtant, encore une fois, elle ne se démonte pas ! Rosasharn se tient toujours devant lui, droite comme un piquet. La seule petite chose qui pue trahir sa légère peur fut ses yeux qui se plissèrent lorsque le bourreau commença à ouvrir la bouche. « Je ne sais pas ce que ton amie t'a raconté, mais ce qui se passe entre elle et moi ne te regarde pas, petite. Mais si ça peut te rassurer, je n'ai pas l'intention de lui faire du mal. » Petite… Rosasharn n’était pas non plus une gamine ! Elle était une adulte, tout comme lui et n’appréciait guerre se manque de respect ! Mais elle quitta sa mine renfrognée après qu’il lui assura que ses intentions n’étaient pas mauvaises. À partir de ce moment, la jeune fermière se senti mal à l’aise.
Qu’est-ce qui avait pu lui passer par la tête pour aller parler un homme, le plus dangereux de la ville d’après-certain, pour ses histoires de cœur et de nuits sans lendemain… « Eh bien.. Je… » Complétement perdues entre sa honte et son envie d’aider Ephyra, Rosasharn cherchait ses mots. « Je.. Excusez-moi de vous avoir dérangé. Vous avez raison, c'était complétement déplacé de ma part, je ne sais pas vraiment ce qu’il m’a pris… » À vrai dire, elle le savait ! Rosasharn s’en voulait d’avoir plus jeune, pris la place d’Ephyra dans le cœur d’un jeune homme et aujourd’hui, elle souhaitait se racheter en veillant sur elle.
« Assassin ! » Alors que Rosasharn allait retourner à son étale, elle reçue une pierre dans le dos. Elle tourna la tête et vie une femme en jeter une deuxième. « ASSASSIN ! » Criait-elle sa direction et celle de Cahan. Ses pierres n’étaient pas adressées à la jeune fille, mais bien au bourreau. « Madame, je vous en prie, calmez-vous ! » Dit-elle en mettant ses mains devant son visage. « Qu’est-ce qu’elle a la putain ? » cria-telle de nouveau tout en continuant à lancer des pierres en directions des deux jeunes gens. Cette dame qui semblait éperdue de tristesse déclencha un véritable mouvement de foule ! D’autres femmes se mirent à lancer de la boue, des pierres, des tomates sur le bourreau de Blindman’s Bluff. Même des enfants qui avaient perdu leurs pères sur la potence s’était mis à lyncher le trentenaire. Rosasharn qui fut elle aussi prise dans cette folie se prit des tomates en pleine figure et de la boue sur sa robe. « Il faut partir ! Allez-vous en ! » Déclara-t-elle au bourreau aussi fort qu’elle le pouvait pour que sa voix passe au-dessus des insultes des autres habitants.
Il voit différentes émotions sur son visage, passant d'un air renfrogné à détendu. Lui est toujours aussi dur, toujours aussi froid, ne la quittant pas un seul instant des yeux. « Eh bien.. Je… » Il voit également la honte sur son visage, sans doute vient-elle de réaliser qu'elle n'aurait pas dû le confronter ainsi. Cependant, c'est trop tard, elle l'a fait et son regard à lui ne cesse de la fixer avec cette intensité troublante. « Je.. Excusez-moi de vous avoir dérangé. Vous avez raison, c'était complétement déplacé de ma part, je ne sais pas vraiment ce qu’il m’a pris… » Il l'observe, ne bronche toujours pas et son visage s'adoucit, l'espace d'un instant, avant qu'on vienne le traiter d'assassin. Son regard s'obscurcit, ses yeux se tournent vers une dame qui jette des pierres dans sa direction. Ces pierres, c'est non-seulement lui qui les reçoit, mais également la jeune femme qui se trouve près de lui. Elle a beau s'être montrée indiscrète envers lui, il a beau ne pas apprécier sa présence, pourtant, elle ne mérite pas de recevoir des pierres, même si elle n'est pas la cible.
« Madame, je vous en prie, calmez-vous ! » Il ne l'entend qu'à moitié, le bourreau, son visage fixant la femme sans s'arrêter. Il sent cette couleur sourde qui gronde en lui, pas parce qu'on le lapide lui, mais bien parce que la femme jette des pierres dans tous les sens, totalement inconsciente de ce qu'elle fait. En voulant le blesser lui, c'est la jeune femme blonde qu'elle pourrait blesser et Cahan, il ne supporte pas ce genre de personne. « Qu’est-ce qu’elle a la putain ? » Le visage du bourreau est encore plus dur qu'il ne l'était auparavant. Il fait un pas dans la direction de la dame, afin de l'arrêter et non de la corriger. Il ne s'en prend pas aux femmes, Cahan, même lorsqu'il est en colère, même lorsqu'elles mériteraient une bonne correction. Non, il n'est pas ce genre d'homme, contrairement à ce que les gens pourraient croire. C'est là que les autres s'y mettent, c'est là que la boue, les légumes et les pierres volent jusqu'à lui et jusqu'à la blonde. Les insultes fusent de toutes parts et la colère grimpe en lui, il peut le sentir. C'est pourquoi il est figé comme une statue, à fixer la foule d'un regard sombre. La colère, il tente de l'éloigner, il ne peut pas se permettre de leur donner raison. Non, il n'est pas un assassin, il n'est qu'un bourreau, Cahan, rien de plus. Et même si la colère lui donne envie de réagir, il ne doit pas, le celte, il doit rester de marbre devant un tel spectacle.
Il n'entend pas la jeune femme qui lui dit de partir, la colère le rend totalement sourd. Mais bien qu'il gère mal ses propres émotions, il parvient à se ressaisir, Cahan. Il se retourne face à la blonde, son regard se pose sur son visage et il s'approche d'elle. Oui, il doit partir de là, mais elle aussi, sinon ça ne s'arrêtera pas. Ces gens sont des imbéciles, ils les ont vu tous les deux et maintenant, ils risquent de s'en prendre à elle. La colère toujours bien ancrée sur son visage, il passe près d'elle et la force à avancer, plaçant une main dans son dos. « Tu dois partir d'ici, sinon ils s'en prendront à toi. » Il n'attend pas une réponse, Cahan, il se fiche de la brusquer, il veut tout simplement l'éloigner de ces humains qui ne valent guère plus que des bêtes sauvages. D'un pas rapide, il la guide hors de la grande place et la fait passer par une sombre ruelle. Elle se laisse guider, la blonde, du moins c'est l'impression qu'il a, mais peu importe, il ne lui laisse pas le choix. Rapidement, c'est une autre ruelle qu'ils atteignent et il s'arrête enfin. « Tout va bien ? Tu n'es pas blessée ? » Il l'observe, tente de voir si elle va bien, mais dans cet état, il peut difficilement différencier le jus de tomate du sang. Quelques minutes plutôt, c'était envers elle qu'il était en colère, maintenant, il veut s'assurer que tout va bien, qu'elle n'a pas été blessée par un de ces stupides habitants, c'est tout à fait Cahan ça.
Dans ce tourbillon de haine, Rosasharn ne savait plus quoi faire. Elle ne parvenait même plus à comprendre les insultes que tous ses crétins hurlaient. Comment des hommes pouvaient-ils être si cruels, si horrible ? On n'insultait pas les juges d’assassin, pourtant, c’était bien à cause d’eux qu’il y avait des morts. Dans toute cette histoire, Cahan avait le malheur de faire le sale boulot à leur place, et voilà que c’était lui qu’on blâmait. Certes, il aurait tout à fait pu choisir une autre voix, mais dans ce cas, une autre personne aurait été blâmée. La jeune fermière incitait le bourreau à s’en aller lorsqu’elle reçue une pierre contre sa joue. Rosasharn n’était pas douillette, pas le moins du monde, mais suite à ce coup, elle sentait qu’il y avait une légère égratignure sur sa peau. Sans doute rien de très grave, mais cela ne lui a pas vraiment fait du bien.
Rosasharn sortit de ses pensées lorsqu’elle sentit une main se poser dans son dos. « Tu dois partir d'ici, sinon ils s'en prendront à toi. » C’était Cahan. Acquiesçant de la tête, elle se laissa guider lorsqu’il l’entraîna à travers les ruelles. Il avait raison, rester ici n’était vraiment pas une bonne idée.. Ils s’écartèrent de tous ses malotrus qui continuaient à les lyncher, certains, avaient même continué à les suivre sur quelques mètres avant de s’arrêter. Lorsqu’ils furent au calme, loin de ses habitants ignobles et des cris, ils s’arrêtèrent à leur tour. La jeune femme reprit alors son souffle pendant quelques secondes. « Tout va bien ? Tu n'es pas blessée ? » Rosasharn s’étonna du regard qui lui lançait. Il n’y avait plus de petites étincelles de colère, mais plutôt un regard doux et conciliant. « Je crois que oui.. » Dit-elle en épousant sa robe. Elle était bonne pour le lavage avec toutes ses tâches… La jeune fermière prit ensuite son tablier qu’elle retourna et s’essuya le visage avec le côté propre. Elle se frotta les joues pour faire partir la boue et fit une grimace de douleur lorsqu’elle s’approcha de son égratignure. Ce n’était peut-être pas si léger que ça. « Il y a un puits à deux pas d’ici, juste histoire de se débarbouiller. » C’était une question rhétorique puisque la jeune fille prit la direction du puits, sans attendre la réponse du bourreau. « Vous n’avez rien non plus ? » demanda-t-elle sur le chemin. C’était lui la première personne visée par cette foule, Rosa n’avait reçu que des pierres perdues.
Ils arrivèrent enfin au puits. La jeune fermière jette le seau au fond puis le remonta après quelques secondes à l’aide de la corde. Elle reprit ensuite sont tablier qu’elle mouilla avant de le tendre à Cahan. « Si vous souhaitez vous laver un peu. » Elle fit ensuite quelques pas en arrière et demanda « Cela vous arrive souvent ? » Il n’y avait pas besoin de plus d’explication, Rosasharn parlait du fait de se faire attaquer en pleine rue, on pouvait lire de la peine dans son regard pour le bourreau. Elle posait sur lui un regard doux et compatissent. Il ne méritait en aucun cas les brutalités qu’il subissait !
Les gens pensent qu'il est dénué d'émotion, le bourreau, qu'il ne ressent aucun fibre protectrice envers quiconque, que personne ne compte à ses yeux, mais c'est faux, totalement faux. Il est vrai que rares sont les gens qu'il porte dans son coeur, rare qu'une autre âme que la sienne lui importe, pourtant c'est bien le cas. Il s'est éloigné de sa famille et sa famille n'a plus jamais repris contact, lorsqu'il est devenu un tout autre homme, Cahan. Le jour où Aifric est morte, ils ont perdu leur fils et lui, il a absolument tout perdu. Il a peu d'amis, le celte, il peut même les compter sur une seule main, mais lorsqu'un être compte à ses yeux, il compte vraiment. Et lorsqu'il se veut protecteur, Cahan, il l'est plus que quiconque. D'ailleurs, on ne fait pas de mal aux femmes, ni aux enfants et lorsqu'on ose s'attaquer à un ou l'autre, c'est la fibre protectrice qui ressort. Non, il n'est pas dénué d'émotion, le bourreau, il est tout simplement un homme brisé par des événements douloureux qui s'est tourné vers l'obscurité. Voilà pourquoi il se soucie de la jeune blonde, en ce moment, il ne veut tout simplement pas qu'elle soit blessée.
Le bourreau, il lui demande si tout va bien et la blonde, elle lui répond qu'elle croit que oui, avant de prendre son tablier et de s'essuyer le visage avec. Frottant sa joue, c'est une grimace qu'elle fait, la jeune femme, visiblement elle a été blessée dans "l'altercation" ou l'attaque, plutôt. Mais évidement qu'elle a pu être blessée, la fermière ! On lui a lancé des pierres, autant qu'à lui, alors qu'elle ne le méritait pas. Bande d'imbéciles ! S'il ne se contenait pas, il retournait là-bas et leur dirait sa façon de penser, mais non, il ne le doit pas, Cahan, c'est pourquoi il reste là, face à la jeune femme, l'observant avec intensité. « Il y a un puits à deux pas d’ici, juste histoire de se débarbouiller. » Elle s'y dirige s'en attendre et il en fait de même, le bourreau, marchant à ses côtés. « Vous n’avez rien non plus ? » Il lève les yeux sur elle, l'observe un instant. Il n'a rien, Cahan, peut-être quelques égratignures, mais il a connu bien pire que cela et à vrai dire, il s'en moque bien. Il lui faut beaucoup plus que quelques cailloux pour se sentir blesser, le tortionnaire. « Ça va. » Il va bien, le trentenaire, mais malgré tout, il a envie de retourner là-bas, juste pour les faire regretter de s'en être pris à lui, mais surtout à elle.
Ils arrivent au puits et elle jette le seau à l'eau, la blonde, avant de le remonter beaucoup plus lentement que lui l'aurait fait. D'ailleurs, s'il n'avait pas été dans cet état de colère, il lui en aurait sûrement fait la remarque, mais plutôt que ça, il garde le silence, Cahan. Il l'observe de ses iris clairs, alors qu'elle mouille le tablier et qu'elle lui tend. « Si vous souhaitez vous laver un peu. » Devant son regard, il saisit le tablier, lui faisant un léger signe de tête pour la remercier. En ce moment, elle se montre plutôt gentille avec lui et il n'en a pas l'habitude, le bourreau. Les gens évitent d'être gentils avec lui, les gens le déteste et les raisons sont plus qu’évidentes. Alors pourquoi cette jolie blonde se montre-t-elle aimable avec lui ? Il ne comprend, Cahan, mais il ne pose pas la question pour autant, se contentant de se débarbouiller rapidement.
« Cela vous arrive souvent ? » Son regard est posé sur lui avec compassion et à nouveau, il ne saisit pas. Elle devrait le détester comme tous les autres, non ? Elle ne devrait pas avoir ce regard doux, il ne devrait pas lire cette peine dans son regard. Ses sourcils se froncent et il lui tend le tablier. « Souvent ? Non, pas tellement. Le plupart doivent avoir la frousse que je me retourne contre eux. J'imagine qu'ils ont eu un regain de courage, aujourd'hui. » Il parle la mâchoire serrée, visiblement toujours affecté par la colère. Heureusement, une telle scène n'arrive pas à tout les jours, sinon, quelqu'un en aurait payé les frais, il y a longtemps de ça. Les gens le craignent, comme s'il était un tueur de sang froid, comme si son seul et unique but dans la vie était d'assassiner tous les gens qui se retrouvent devant lui. Quel bande d'imbéciles ! Il tue parce que c'est son métier, également parce qu'il aime ça, mais tuer de sang froid ? Ça ne s'est produit que cette seule et unique fois. Cet homme le méritait, voilà tout. « Quel est ton nom ? Que je puisse t'appeler autrement que petite. » À nouveau, ses sourcils se froncent. Il ne connait pas son nom, il ne sait pas qui elle est. Une amie d'Ephyra ? Voilà tout ce qu'il sait. Habituellement, il ne cherche pas à connaître les noms des gens, mais le sien, il veut le savoir.
Tandis que Cahan saisit le tablier humide que Rosasharn lui tendait, elle en profite pour s’essuyer le visage avec un bout de son jupon. La jeune femme n’est pas du genre à pleurnicher lorsque ses robes sont salies. Bien au contraire, elles finissent très souvent pleines de boue à force de marcher dans la forêt, dans les champs. Alors une tache de plus, une tache de moins, ce n’est rien ! La petite blonde s’inquiétait plutôt pour le bourreau. La situation était difficile et la fermière se sentait fautive. Si elle n’avait pas interpellé l’homme, sans doute qu’il ne se serait rien passé… Il était trop tard pour revenir en arrière de toute manière. Elle préférait donc lui demander si ce genre d’incident était fréquent ou non. « Souvent ? Non, pas tellement. La plupart doivent avoir la frousse que je me retourne contre eux. J'imagine qu'ils ont eu un regain de courage, aujourd'hui. » Rosasharn fit oui de la tête pour lui dire qu’elle avait compris. Elle n’était pas étonnée que les habitants de Blindam’s Bluff aient peur de lui. Cahan ne semblait pas très affable. Mais ce n’était pas non plus un horrible monstre. La paysanne soupira à l’idée de ses hommes qui ne réfléchissaient pas plus que des pierres. « Quel est ton nom ? Que je puisse t'appeler autrement que petite. »
Rosasharn releva la tête vers l’homme avec un petit sourire. Petite. Elle avait l’impression d’être abaissée au rang de gamine avec ce surnom. Pourtant, elle était loin d’en être une. Du haut de son jeune âge, elle avait une exploitation à sa charge et ne se débrouillait pas si mal ! « Rosasharn. » Répondit-elle ensuite avant de se débarbouiller de nouveau avec l’eau du puits qu’elle vient de remonter. Elle plonge ensuite de nouveau son regard dans les iris clairs du trentenaire. « Je me sens vraiment bête de vous avoir importuné tout à l’heure, alors sachez que si un jour, vous avez besoin de quelque chose ou quoi que ce soit, venez me voir sur le marché ! Ce sera pour moi, le moyen de me faire pardonner ! » Rosasharn était un peu honteuse de n’avoir rien de mieux à lui proposer, mais c’est tout ce qu’elle pouvait faire pour lui.
La fermière récupéra ensuite son tablier qu’elle roula en boule. Elle allait devoir passer au lavoir dans les jours suivants ! Elle se tourna ensuite vers le bourreau. « Veuillez m’excuser, mais je vais devoir m’en aller... Je vais devoir retourne à mon étale, ça commence à faire trop longtemps que je l’ai quitté ! » Elle refit alors quelques pas en direction de la grande place et se retourna pour faire un signe au trentenaire « Au plaisir de vous revoir ! » Elle lui fit un au revoir de la main et disparut au coin d’une rue en direction du grand marcher.
Son nom, il veut l'obtenir, il veut le connaître. Pas par curiosité, mais tout simplement parce qu'il veut l'entendre. Lorsqu'il lui demande, elle relève la tête vers lui, un petit sourire sur les lèvres. « Rosasharn. » En voilà un nom compliqué ! Pourtant, il ne relève pas, il se contente plutôt d'hocher la tête, afin de lui montrer qu'il l'a capté. Elle continue de se débarbouiller, la jolie blonde, mais elle ne semble pas très contrariée de voir sa jolie robe bonne à jeter. Il l'observe, le bourreau, aussi muet que d'habitude, le visage aussi neutre et dépourvu d'émotion. Il n'arrive toujours pas à la comprendre, la jeune femme. Elle est douce, trop douce, d'une douceur qui lui rappelle celle de sa défunte femme. Elle lui semble être le genre de jeune femme trop ouverte, trop bonne et ça, ça pourrait lui porter malheur dans un monde tel que celui-ci. Il n'a qu'à penser à sa douce Aifric pour le savoir. Elle était douce, bonne, voyant de bons côtés à tout, faisant trop facilement confiance aux gens... C'est ce qui a causé sa perte, il le sait.
Il l'observe et à nouveau, elle lève la tête vers lui, venant plonger son regard dans le sien. « Je me sens vraiment bête de vous avoir importuné tout à l’heure, alors sachez que si un jour, vous avez besoin de quelque chose ou quoi que ce soit, venez me voir sur le marché ! Ce sera pour moi, le moyen de me faire pardonner ! » Voilà ce qui confirme ses pensées. Elle a bon coeur, la fermière, trop bon coeur. Un peu plus tôt, elle a voulu protéger Ephyra de lui et maintenant, elle cherche à se faire pardonner. Sa gentillesse pourrait la mener à sa perte et ça, elle doit en avoir totalement inconscience. Cependant, ce n'est pas à lui de lui dire ces choses-là. Elle est de nature bonne et elle ne changera pas pour une mise en garde. C'est pourquoi il demeure silencieux, se contentant une fois de plus d'hocher la tête, lui indiquant qu'il ne lui en tient pas rigueur. La blonde, elle récupère ensuite son tablier, avant de le rouler en boule et de se tourner à nouveau vers le celte. « Veuillez m’excuser, mais je vais devoir m’en aller... Je vais devoir retourne à mon étale, ça commence à faire trop longtemps que je l’ai quitté ! » Encore un hochement de tête de la part de l'homme, alors qu'il continue de l'observer. « Au plaisir de vous revoir ! » Et après un aurevoir de la main, elle disparaît d'où elle est venue, Rosasharn. Il la regarde s'éloigner en silence, le bourreau, espérant qu'elle n'ait pas de problèmes à cause de lui. Les gens pourraient chercher à l'importuner après les avoir vu ensemble, mais si tel est le cas, il n'y pourra rien, Cahan. Il n'est pas là pour veiller sur elle, d'ailleurs ce n'est pas son rôle, c'est celui de son mari, si bien sûr, elle en a un, la belle blonde. Jolie et douce comme elle l' est, il imagine difficilement le contraire, le celte, mais tout est possible.