TO GATHER ONE'S COURAGE.

and swap his flipper against a pair of legs

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L'océan. La terre. Un choix s'offrait à moi. Un choix que je devais faire maintenant. Je pouvais faire marche arrière et reprendre cette vie que je menais au sein de l'océan. Ou alors, je pouvais également sortir et découvrir un monde nouveau. Abandonner ma nageoire pour obtenir une paire de jambe. Que cela devait être drôle de pouvoir marcher... Mais allais-je seulement en être capable, moi qui a passé le plus clair de mon temps à nager ? Je ne pense pas. Comment allais-je m'en sortir alors ? Est-ce tout mes plans allaient tomber à l'eau à cause d'un handicap ? Je me voyais mal rebrousser chemin pour si peu. Après tout, je pouvais apprendre. Oui, j'apprendrais avec ces humains. Ils me diront comment faire et bout d'un moment, je saurais comment faire. Si seulement je ne fais pas la rencontre d'un pirate. Qu'est-ce que je deviendrais si j'avais le malheur d'en croiser un ? Je serais condamné. Adieu mes buts, mes rêves. Adieu la vie. Tout ! Je m'enfonce un peu plus dans la pénombre de ce liquide salé, hésitant d'avantage quant aux alternatives qui se présentent à moi. Ma vie de triton est si belle, je me voyais mal l'abandonner de la sorte en sachant que le danger pouvait guetter, là-dehors. Mais en même temps, j'avais également entendu dire que nombreuses sirènes avaient préféré tout abandonner pour une nouvelle vie parfaitement humaine. Je me disais donc que si elles ne revenaient pas, c'est qu'après tout, l'existence d'un simple mortel pouvait être tout aussi appréciable que celle d'un hybride aquatique. Néanmoins, si j'étais attiré à l'idée d'aller mettre un pied à terre, je ne voulais aucunement partir pour ne plus jamais revenir. Oui, le royaume me manquerait... Et puis, ma famille aussi ! Mon destin de triton, en fait ! Disons que je quittais mon territoire exceptionnellement, afin de découvrir de nouvelles choses. Comme un voyage, somme toute. Un voyage avec une destination inconnue et des dangers tout aussi mystérieux...

Je secoue la tête. Me comporter de la sorte n'arrangera en rien ma situation. J'ai pris une décision et je devais la mener jusqu'au bout. Voilà, un point et puis c'est tout. Je plonge alors encore à nouveau, mais cette fois-ci, cela n'est aucunement dans l'idée de fuir la terre ferme. Ma décision s'est faite sur un coup de tête. Parce que je me disais que j'avais passé assez de temps prêt du bord pour être repéré et pourtant, personne n'avait pris l’initiative de me rejoindre. Qu'au final, je devais m'inquiéter pour si peu probablement. Après tout, la lune dominait sur l'île, les humains devaient donc dormir, se reposer, avant d'attaquer une nouvelle journée. D'un geste rapide, presque violent, je bats donc de la nageoire pour me propulser hors de l'eau avant d’atterrir sur le sol qui me parait soudainement si dur. Pris de panique, je m'agite dans tout les sens, tel un poisson à la recherche d'un point d'eau, mais je m'arrête subitement lorsque finalement je suis saisi par le froid qui m'enlace, me laissant aucune chance pour me réchauffer bien que je tente vainement de le faire en m'étreignant. Là alors, je me dis que je viens sans doute de me condamner sans le savoir : la lune ne daigne à changer de place, le vent s'est levé, je ne sais comment faire pour me déplacer et je n'ai rien sur moi pour me protéger contre quoi que ce soit, dont la bourrasque qui est actuellement ma préoccupation première. En position de fœtus, je reste là comme attendant le déluge. En réalité, j'attends que quelque chose voir quelqu'un vienne me sortir de ce pétrin et en même temps, j'espère rencontrer personne qui me découvrirait dans une telle position de vulnérabilité. Le doute s'installe alors de nouveau en moi. Devrais-je regagner l'eau alors qu'il en est encore le temps où devrais-je attendre pariant sur la prochaine personne qui se joindra à moi ? Je ne sais même pas où je suis exactement.

À cette réflexion inquiète, je me hâte pour dévisager les alentours et essayer d'en tirer un avis. Aussi, je découvre à première vue que je me trouve sur un sol tout fait de bois et que non loin de là se trouve des filets. Un instant, j'ai la folle idée de poser cela sur mon dos comme si le rets suffirait à me réchauffer un minimum pour stopper cette glace brûlante qui me tiraille. D'ailleurs, j'oublie rapidement de continuer mon observation de l'environnement alors que je me concentre sur les tremblements faisant claquer mes os. Cela n'en finit plus, c'est interminable. Je tape des pieds et cogne mes mains sur mes maigres bras. Je veux gémir, crier, quémander, supplier... Mais je me retiens. Si je le fais, je vais sans doute connaître un sort plus terrible encore. Et puis, je fais déjà beaucoup de bruit... Mais il semblerait malgré tout que l'on ait entendu mes prières silencieuses car je vois soudainement une ombre se dessiner au loin, accompagné par des pas qui résonnent. Je suis sur mes gardes. Du moins, je tente d'y être, car lorsque l'on est sur le sol, aplati comme une crêpe, il est difficile de se mettre en position de défense. « - N..No...Non... » Fis-je doucement alors que je vois la silhouette continuer à tracer son chemin tandis que je reprends ma gesticulation pour essayer d'atteindre le bord de l'eau. Mais lorsque j'ai bondis, j'ai pris mon élan... Et je m'en suis éloigné terriblement. Je tente le tout pour le tout en rampant, mais avec une allure aussi faible, je sais qu'il est malgré tout trop tard pour me sortir de là.