I tremble. They're gonna eat me alive if I stumble. They're gonna eat me aliv. Can you hear my heart, beating like a hammer, beating like a hammer. Help I'm alive my heart keeps beating like a hammer. Hard to be soft.
Un vent violent, presque féroce. Le Piccaninny avançait tant bien que mal, son corps athlétique étant repoussé vers l’arrière par les bourrasques puissantes. Se déchaussant et ôtant son haut, l’homme put sentir toute la fraîcheur du vent. Quand bien même, les indiens étaient en parfaite symbiose avec la nature et ne craignaient pas d’être quelque peu malmenés. Et en tant que pêcheur, Cheyenne ne pouvait décemment rentrer à la maison les mains vides sous prétexte qu’un peu de vent l’avait ralenti. Sa famille comptait sur lui, sa tribu aussi. Le Piccaninny donna une impulsion sur le sol terreux et plongea, laissant son corps entrer en contact avec le liquide frais. Un long frisson le parcourut de tout son long tandis que ses yeux s’ouvraient sur un univers muet.
Sous ses yeux, les poissons s’enfuyaient. Aussitôt, sa main serra son harpon et Cheyenne l’abattit à plusieurs reprises. En quelques battements de jambes, l’homme s’enlisa un peu plus dans les profondeurs. Ses poumons s’étaient habitués à contenir un reste d’oxygène pour lui permettre de tenir en apnée durant quelques instants. Le pêcheur cibla un plus gros spécimen, s’approcha furtivement et planta son harpon. Victorieux, Cheyenne remonta à la surface en donnant de larges coups de pieds dans l’eau. Sa tête émergea, reprenant d’amples bouffées d’air tandis qu’une voix semblait lui parvenir dans le lointain. On appelait. On l’appelait, lui.
Aussitôt, Cheyenne s’extirpa de l’eau et se hissa à la force des bras sur le rebord. Il vit apparaître une femme, une indienne qu’il connaissait assez bien puisqu’elle vivait dans le tipi juste à côté du sien. À mesure qu’elle approchait, l’homme pouvait discerner l’inquiétude sur ses traits et les larmes sur ses joues. Faisant quelques pas vers elle, Cheyenne s’attendait à apprendre une mauvaise nouvelle mais jamais, ô grand jamais, il n’aurait été prêt à entendre ce qui allait trébucher par-delà les lèvres de l’indienne.
Elle n’eut même pas le temps de finir sa phrase, Cheyenne abandonnait tout là. Vêtements, chaussures, armes. Le Piccaninny piqua un sprint jusqu’au camp, dans sa tête, c’était pire encore qu’un incendie de forêt. Tous ses sens étaient en alerte maximale, la plante de ses pieds écrasait sans vergogne la végétation tandis que ses jambes le propulsaient de toutes leurs forces sur les tipis se dessinant au loin. Cheyenne ne s’arrêta pour personne, courut droit vers l’habitation de quelqu’un qu’il connaissait bien. Le Piccaninny ne prit pas la peine de s’annoncer ou autre ... il entra. À bout de souffle, le regard fou, le torse soulevant furieusement au rythme des battements frénétiques de son cœur.
- Mata, j’ai besoin de ton aide ! Ils ont dit qu’elle était partie chercher des baies avec la petite et puis ils ont cru entendre crier ... et quand elle est allée voir Yul n’a trouvé que quelques traces de sang ... Mata, faut qu’on y aille ! Tout de suite !
Cheyenne se prit la tête entre les mains, il tournait en rond comme pouvait le faire les animaux blessés, mourants, n’attendant plus que leur dernier souffle. L’indien pressa son ami de longue date. S’il était venu le voir lui, c’était parce que Mataku le comprendrait, l’aiderait. Ils en avaient vu d’autres tous les deux et Cheyenne savait qu’il pouvait compter sur le guérisseur pour s’activer et tout faire pour réunir la famille.
- Vite !
Aussitôt, le Piccaninny s’élança à nouveau, repartant dans une course effrénée vers les pics rocheux ...
Help I'm alive my heart keeps beating like a hammer
feat. Cheyenne
Elle va me rendre fou. Cet enfant va me rendre fou. Elle est sortie en boudant un peu plus tôt dans la journée, je n’arrive même plus à me souvenir de la raison de notre dispute. Des brouilles sans doute, comme souvent. Elle voudrait pouvoir sortir du camp seule, il n’est pas question qu’elle s’éloigne sans surveillance. Toujours la même rengaine, toujours le même résultat. Je me suis affairé à mes taches, le temps qu’elle se calme. Elle se calmera, elle se calme toujours. Quelques baumes, quelques onguents dont je devais refaire le stock. Il faudra que je sorte, que j’aille faire le plein de certains ingrédients. Je pourrais lui demander de m’accompagner, ça lui prouverait que je suis prêt à faire des concessions… oui, elle adorerait m’accompagner pour cela, Selyne.
La porte s’ouvre à la volée dans mon dos, je soupire, me préparant déjà à une énième argumentation laborieuse contre mon âne borné de fille. Seulement, c’est une toute autre voix qui brise le silence, une voix plus grave, une voix essoufflée, une voix que j’ai déjà entendu tant de fois mais que je peinerais presque à reconnaître tant il me semble perturbé. J’en ai tout lâché pour me retourner et tenter de la calmer. Mais comment aurais-je pu. Comment aurais-je pu le calmer avec ce qu’il m’annonce. Et voilà mon vieil ami qui tourne et vire en tentant de rassembler ses esprits comme moi j’essaye d’analyser la situation. « Laisse moi juste le temps de prendre le nécessaire. Si elles sont blessées il vaut mieux que j’ai de quoi… » Je ne termine pas ma phrase. D’une part parce qu’il n’a pas besoin d’entendre ça, et d’autre part parce qu’il ne m’en laisse pas le temps.
Il a déjà repassé la porte, et moi je m’élance derrière lui pour tomber sur une Selyne effarée qui ne peu pas comprendre ce qu’il est en train de se passer. « Rentre à la maison. Je reviens très vite. » « Mais papa… » « FAIT ce que je te dis ! » Je ne prends pas le temps de vérifier qu’elle m’obéit. Tant qu’elle ne sort pas du camp elle est en sécurité de toutes façons et moi, je me suis jeté à la poursuite de Cheyenne. Je le rattrape bien moins vite que je ne l'aurais cru ceci dit. Il a foncé tête baissée et qui pourrait l'en blâmer. Si j'avais eu la moindre chance de sauver Ena à l'époque.. j'aurais parcouru le trajet ventre à terre aussi, à n'en pas douter.
Quand nous arrivons sur les lieux, il est toujours dans cet état second de stress et de panique. Nous n'arriverons à rien de bon comme ça. Alors je pose mes mains sur ses épaules et je le force à me regarder. « Hey... on va les trouver. Tu m'entends ? On va les trouver. Mais pour ça il faut que tu te calmes. On va les trouver... » J'ai l'impression d'être la pire des ordures en ce moment. Je viens de voir le sang, j'ai déjà tellement d'images en tête, de scénario de ce qu'il a bien pu se passer.. et pourtant je lui mens. Je lui laisse espérer. Il le faut.
I tremble. They're gonna eat me alive if I stumble. They're gonna eat me aliv. Can you hear my heart, beating like a hammer, beating like a hammer. Help I'm alive my heart keeps beating like a hammer. Hard to be soft.
Elles vont bien. Elles vont bien. Elles vont peut-être bien. Non, elles ne vont pas bien. Ses pieds écrasent le sol, le vent lui fouette le visage et rafraîchit son corps. Pourtant, il irradie. C’est un véritable incendie interne, combustion instantanée. L’indien n’a pas pris le temps d’écouter son ami, de toute façon, la réalité lui paraît à des lieux du cauchemar dans lequel il court. Du sang. Quelqu’un avait vu du sang à l’endroit où elles étaient. Et si ... non. Ne pas y penser, ne pas se mettre des scénarios absurdes en tête. Perdre Gaaji étant petit avait été dur, perdre ses parents avait ensuite été une épreuve aussi mais perdre sa femme, sa fille. De cela, Cheyenne ne se relèverait pas.
Il arriva enfin sur les lieux. Cheyenne inspira profondément, entendant les pas de son ami dans son dos. Mataku approchait, le guérisseur saurait trouver les mots pour apaiser le cœur incendié de son frère de peau. Les Piccaninny se fixèrent droit dans les yeux tandis que Mata tentait tant bien que mal de calmer l’esprit échauffé de Cheyenne. Une vérité suintait des paroles du guérisseur, l’état de stress du pêcheur l’empêcherait de raisonner, de se montrer utile et efficace. Alors, il administra une large tape amicale sur l’épaule de son ami et lui répondit :
- Merci pour tes conseils, mon ami. Tu as raison.
Calmer cette créature vorace qui hurlait au creux de ses tripes, relevait de l’impossible. Mais Cheyenne saurait prendre sur lui, se canaliser l’espace de quelques instants. Les retrouver était primordial, vital. L’homme avança de quelques pas. Elles étaient là, les perfides gouttes. Infimes particules pourpres souillant le paysage. Tout petit détail qui pourtant sautait aux yeux, Cheyenne ne pouvait plus voir que cela. Il y en avait assez pour trahir une blessure mais certainement pas assez pour que l’on puisse craindre le pire. L’indien faisait appel à tout son self-control pour raisonner. Lui-même avait déjà tué, il savait qu’un individu perdait énormément de son liquide vital avant de trépasser. Là, il y avait à peine quelques traces.
Traces qui, toutefois, s’éloignaient. Cheyenne fit signe à Mataku de le suivre. Les deux hommes persévérèrent jusqu’à une antre. Un trou béant dans la roche, comme la bouche d’un golem de pierre se dressant sur leur route. Le Piccaninny blêmit, son visage perdant ce teint halé qui caractérisait les peaux rouges. Parce qu’il savait, il n’avait même plus besoin d’imaginer. Pour avoir vu les créatures qui vivaient là-dedans, l’homme savait à quoi il allait devoir se frotter. L’indien se retourna vers le guérisseur et le prit par les épaules pour lui parler on ne peut plus sérieusement.
- Je t’ai demandé de venir mais je refuse que tu te mettes en danger mortel pour ma famille. Toi aussi, tu dois veiller sur la tienne. Tout ce que je te demande, c’est d’être prêt à intervenir quoi qu’il se passe !
En l’amenant là, Cheyenne mettait déjà la vie de Mataku en danger. Si les ours sortaient, ils pouvaient s’énerver facilement et s’attaquer à eux. Mais le Piccaninny ignorait l’état dans lequel il retrouverait sa femme et sa fille. Il lui fallait donc avoir un guérisseur à portée de main, pouvant agir sur place quitte à ce que Cheyenne fasse diversion en attendant pour éloigner le danger. Le pêcheur hocha de la tête et fit signe à Mata de l’attendre.
Lentement, à pas de loups, Cheyenne s’enfonça dans cette grotte naturellement creusée dans la paroi rocheuse. L’obscurité le digéra tandis que ses yeux s’habituaient péniblement aux alentours. Et puis soudain, un bruit de respiration au loin. Son corps s’immobilisa, il serra sa lame dans sa paume et reprit sa marche lente et calculée. Nouvelle inspiration. Enfin, une forme se dessina. Une lourde silhouette, large et robuste, hirsute à souhait. Enroulée sur elle-même, les pattes posées sur le museau et les paupières closes. La créature était là...
Help I'm alive my heart keeps beating like a hammer
feat. Cheyenne
Si j'ai raison ? Peut être. Probablement. J'en sais rien. Toujours est il que je ne peux pas le laisser voir le moindre doute. Oui il doit y croire, croire que tout se passera bien. S'il doute, s'il panique, il pourrait commettre une erreur qu’il ne se pardonnerait pas. Je ne dit pas que nous n'en commettrons pas, lui ou moi d'ailleurs, même en restant calmes, mais... qu'importe, rester calme est l'essentiel. D'autant que s'il s'agit d'une quelconque bête sauvage, paniquer l’énervera plus qu'autre chose. Et les traces de sang que nous pistons n’arrangerons rien. Le sang, la peur, le stress, les bêtes sentent ces choses là.
Et en parlant de bête, nous nous retrouvons bientôt devant l'antre de l'une d'elles. Je ferme les yeux, serrant les mâchoires, essayant d'imaginer tous les scénarios possibles où la chose, probablement un ursidé, qui vit là ne les a pas traîné ici. Mais bien plus que l'idée de faire face un ours, ce sont les mots de mon ami qui me glacent le sang. Comment suis je supposé prendre ça ? Qu'est ce qu'il s'imagine ? Que je l'ai suivit jusqu'ici pour le regarder se débrouiller seul une fois devant le danger ? Il est fou ? Aussi je reste quoi, tétanisé sur place un bref instant quand il commence à s'engouffrer dans la grotte.
Puis je me ressaisi, secouant la tête comme un chien qui s’ébroue. Hooo non, je ne serais pas ce couard là. Et à pas feutrés, je lui emboîte le pas. Il s’arrête brusquement et je l'imite, venant me placer à ses cotés, une main sur son épaule. Je veux qu'il sache que je ne l'ai pas abandonné et que je ne reculerais pas devant... un ours, tout impressionnant soit-il. L'animal semble dormir. Si la chance est avec nous... oui pourquoi pas...
Je fais signe à mon vieil ami. Jeter un œil dans cette antre sans réveiller le fauve semble envisageable. Si cette chose a entraîné les filles ici, il doit rester des.. traces. Traces. Pas de corps, des traces. Elles vont bien, je le lui ai dit non ? Ne pas douter moi même, essayer de m'en convaincre pour le garder persuadé lui. Et je ne lâche son épaule qu'une fois certain qu'il ne va pas craquer maintenant et foncer sur l'ours en quête d'une quelconque vengeance qui n'a peut être pas encore lieu d’être et qui nous coûterait certainement cher.
Quelques traces de sang. Des restes d'un précédent repas mais rien d'humain. Avec un peu de chance.. oui avec de la chance... ,nous ne les trouverons pas là.
I tremble. They're gonna eat me alive if I stumble. They're gonna eat me aliv. Can you hear my heart, beating like a hammer, beating like a hammer. Help I'm alive my heart keeps beating like a hammer. Hard to be soft.
Une main se posant sur son épaule, Cheyenne acquiesça d’un hochement de tête. Son ami ne l’abandonnerait donc pas, malgré le danger qui les guettait. Malgré le fait qu’une jeune fille à peine sortie de l’enfance attendait le retour de son père dans leur tipi familial. Cette preuve d’amitié toucha profondément Cheyenne. Ils se connaissaient depuis bien longtemps et l’indien n’aurait pas douté de la loyauté de son ami. Mais savoir que dans les pires moments, il y aurait toujours cette personne sur qui il pourrait compter, ça le soulageait. Avec Mataku à ses côtés, Cheyenne parviendrait peut-être mieux à supporter ce qui l’attendait !
Car la bête, là en face d’eux, endormie pour le moment, avait des pattes de la taille d’un menhir. Sur la pointe des pieds, les indiens s’avancèrent. Tous deux étaient assez bien placés pour savoir que la nature ne serait pas tendre avec eux s’ils avaient l’idée stupide de réveiller l’animal. Cheyenne repéra quelques traces de sang plus concentrées, attirant de suite son attention. L’homme longea les murs, se collant à la paroi fraîche et priant les esprits d’avoir épargné sa famille. Quand enfin, il eut contourné l’imposante masse poilue, il découvrit quelques charognes. Il reconnut sans mal les os d’une biche ainsi que quelques plus petits animaux du type rongeur, lapin ou raton laveur peut-être. Cheyenne se déboita le cou pour établir un contact visuel avec Mataku, posté en face de lui à l’exact opposé de la bestiole endormie. Le Piccaninny secoua la tête négativement. Ses proches n’étaient pas ici ...
Cheyenne fit donc signe à son ami de rebrousser chemin, tous deux se rejoignant vers la sortie. Sa femme n’était pas ici, sa fille n’était pas ici non plus. Cela signifiait qu’il avait anticipé, qu’il s’était emporté probablement pour rien. Elles reviendraient sûrement le soir même, revenues d’une balade un peu plus longue que prévue. Cela ravissait l’indien qui ne pouvait s’empêcher de sourire. Il aurait pu en vouloir à sa voisine d’être venue le déranger et le mettre dans un état impossible ! Mais en vérité, l’homme préférait mille fois être perturbé pour rien plutôt que de rester de marbre face à un véritable danger.
Quelque chose de chaud, de doux et d’hirsute frôla sa jambe. Le Piccaninny baissa la tête et écarquilla les yeux d’effroi. Une petite boule de poils venait de s’approcher de lui, frottant sa fourrure brun-orangé contre la peau basanée de l’indien. L’animal, encore tout jeune et tout frêle, paraissait sans défenses. Jamais personne, en voyant un si petit être, n’aurait pu croire que dans quelques années, la bête deviendrait un puissant prédateur prêt à broyer entre ses lourdes pattes tout ce qui se mettait sur son chemin. Cheyenne fit un signe de main à Mataku, il lui désigna du doigt l’ourson qui le suivait désormais docilement. Quand enfin les deux hommes furent réunis, Cheyenne murmura à son ami :
- Il ne faut surtout pas qu’il nous suive ... sa mère se mettrait dans un état de rage si elle ne le trouvait plus !
Ils étaient des indiens, ils respectaient la nature et vivaient en harmonie avec celle-ci. Hors de question de laisser un ourson se séparer de sa mère et les suivre dans la forêt où d’autres prédateurs pourraient se repaître d’un repas facile. Cheyenne tenta bien de faire signe à l’animal de fuir mais ce n’était ni un chien ni une créature domesticable. Autrement dit, l’ours n’en ferait qu’à sa tête. L’indien jeta un regard paniqué à Mataku, cherchant dans la sagesse du guérisseur une idée de génie. Cependant, la silhouette de la mère se mit à bouger et Cheyenne ravale difficilement sa salive. Le moment tant redouté venait peut-être d’arriver ...
Help I'm alive my heart keeps beating like a hammer
feat. Cheyenne
La chance.. je sais bien qu’elle n’a rien à voir là-dedans, qu’il s’agirait plutôt de destin que de hasard. Seulement le hasard, il a quelque chose de variable, d’imprévu par essence, tandis que le destin, il est fixe, tracé depuis longtemps, immuable. Et comme je cherche la moindre trace, la moindre piste, je me mets à prier en silence. Pour que nous ne les trouvions pas ici. Pour que Selyne m’ai écouté et soit resté à l’abri au camp. Pour que les filles y soient elles aussi, nous nous serions croisés, elles iraient bien. Pour que cette bête endormie ne se réveille pas. Pour que tout ceci ne soit plus dans quelques jours qu’une histoire de plus à raconter, un mauvais souvenir tourné en dérision quand tout sera rentré dans l’ordre.
Je fais chou blanc. C’est probablement la première fois que je suis heureux d’un échec, ou pour être exact de l’absence de résultat en bout de piste. Et puisque Cheyenne m’adresse lui aussi un signe négatif, je me laisse aller à soupirer de soulagement. Elles ne sont pas ici. Comment aurait-il pu surmonter cela ? Comment aurais-je pu l’y aider ? Comment… qu’importe, n’y pensons plus. Si elles ne sont pas là, s’il n’y a aucune trace d’elles, c’est qu’elles sont ailleurs, en sécurité, c’est qu’il ne s’agissait probablement pas de leur sang, c’est que tout ceci n’était qu’une mauvaise blague du destin, un test peut être, de quelqu’un ou quelque chose, une force au-dessus de nous pour jauger du sang froid de mon ami, ou du mien qui sait.
Et ce test semble se poursuivre comme nous rebroussons chemin et alors que bien que soulagé je jette encore quelques regards inquiets à l’ours endormi au fond de son antre. Ours ou ourse ? La seconde option probablement au vu de la boule de poil qui vient nous saluer. Un rejeton trop curieux visiblement bien décidé à suivre mon compagnon qui me le désigne alors. Sa réflexion me tire un rictus amusé. Quelle mère, ourse ou humaine, n’entrerait pas dans une rage destructrice en découvrant la disparition de sa progéniture ? Mon ami n’était-il pas sur le point de faire de même ? « Non il ne faut pas qu’il nous suive mais pire encore il ne faudrait pas qu’il gronde et la réveille. » Et c’est probablement là toute la difficulté de la chose, réussir à faire lâcher prise à cet ourson sans le faire brailler d’autant que l’ourse semble sortir lentement de son sommeil. « Il a l’air de t’apprécier. » Exclamation parfaitement inutile de ma part et que je métrais sur le compte d’une espèce d’euphorie à l’idée de repartir d’ici sans mauvaise nouvelle et sans avoir eu à affronter la créature ayant élu domicile en ces lieux.
Et tout en parlant, j’ai fouillé ma besace à la recherche de quelque chose à donner à l’ourson pour détourner son attention. Il nous faut être malins, ne pas non plus laisser ici une signature olfactive trop nette qui conduirait l’ourse directement sur nos pas si elle n’apprécie pas le cadeau que je m’apprête à faire à son rejeton. Quelques baies appétences, quelques plantes aux propriétés narcotiques, le tout justement dosé. Je veux qu’il soit trop ensuqué pour nous suivre tout en restant suffisamment alerte pour ne pas inquiéter sa mère quand elle se réveillera, sans parler du fait que le parfum de ces plantes n’est pas des plus alléchants. Je place le tout dans un des tissus que je garde sur moi pour servir de bandage de fortune et je tends le tout à notre boule de poils en espérant qu’à défaut d’avaler ma mixture, le bout de tissus fera une distraction idéale. Puis quand il semble enfin s’y intéresser, je fais signe à Cheyenne qu’il est temps de décamper avant de se retrouver au-devant d’ennuis plus gros que nous.
I tremble. They're gonna eat me alive if I stumble. They're gonna eat me aliv. Can you hear my heart, beating like a hammer, beating like a hammer. Help I'm alive my heart keeps beating like a hammer. Hard to be soft.
C’est évident, si l’ourson ne les laisse pas filer au plus vite, ils écoperont d’une ourse en furie. Cheyenne ressent un profond soulagement, malgré tout. Et qu’importe si une créature dix fois plus puissante que lui dort à quelques pas seulement ! Sa famille n’est pas ici, n’est pas trépassée. C’est tout ce qui compte à ses yeux. Mataku ne peut s’empêcher de lui jeter une plaisanterie. Le pêcheur lui rendit un regard désabusé. L’ombre d’un sourire se dessine cependant sur ses lèvres tandis que son ami sort un bout de tissu qu’il tend vers le petit animal. C’est leur occasion !
Les indiens virent le jeune ours se laisser intéresser par le tissu et s’éloigner à petits pas. Aussitôt, ils en profitèrent pour s’éloigner. Retrouver l’air libre, l’air pur, fut un véritable soulagement. Cheyenne se pencha vers l’avant, posant les mains sur les genoux et poussant un lourd soupir. Son cœur retrouvait peu à peu un rythme plus humain. Il avait furieusement hâte de rentrer au camp Piccaninny, retrouver sa femme et sa fille et inviter Mataku et la fille de son ami à venir manger tous ensemble. C’était bien le moins qu’il puisse faire pour avoir fait entrer inutilement son meilleur ami dans une caverne d’ours !
- Je te remercie de m’avoir suivi dans cette folie !
Céder à la panique, comme le lui avait dit plus tôt Mataku, ne l’avait pas aidé. Au contraire, Cheyenne avait réagi comme toujours sous une impulsion. Le pêcheur n’était pas un homme sage, il était plutôt du genre à réagir à chaud et à foncer tête baissée. Les paroles pleines de sens et les réflexions profondes, il les laissait plutôt à Mataku qui paraissait mieux maîtriser le domaine. Cheyenne se surprit à rire, peut-être un rire nerveux. Son visage se redressa, il apercevait les volutes de fumée qui s’élevaient dans le ciel en provenance de leur camp.
- Rentrons.
Il fit un pas, un seul, avant de sentir une puissante et vivace douleur au creux de son dos. Cheyenne fut littéralement projeté vers l’avant. Rarement avait-il eu l’occasion de voir des boulets de canon s’envoler dans les cieux mais sur l’instant, l’indien eut l’impression d’en être devenu un. Des griffes acérées venaient de pourfendre sa chair, le Piccaninny avait l’impression de ressentir encore la lourde patte de l’animal frapper son dos. Il s’écrasa quelques mètres plus loin, son corps roulant dans le sable et sa tête percutant le tronc d’un arbre. Le pêcheur mit un instant à se redresser sur les coudes, autour de lui, la forêt dansait. Tout semblait tourner, valser en tous sens. Les feuilles virevoltaient de bas en haut, les arbres prenaient vie pour se déplacer de droite à gauche. Tout tremblait.
La sensation qu’un liquide lui coulait dans le dos lui confirma ses craintes. Les lambeaux de tissu qui pendouillaient de chaque côté de ses flancs lui certifia que l’ourse avait lacéré sa peau. Cheyenne releva le nez, cherchant à croiser du regard son ami. Où était Mataku ? Avait-il lui aussi pris un coup par surprise ? Et cette bête, où était-elle ? Les esprits se jouaient de lui ...
- Mata ?
Sa voix ne porta pas bien loin. Son souffle était court, la douleur lui faisait serrer les dents. Cheyenne s’agrippa fermement au tronc d’arbre et se hissa sur ses jambes. Il était de son devoir de retrouver son meilleur ami. Et vite !
Help I'm alive my heart keeps beating like a hammer
feat. Cheyenne
Ne pas perdre le bénéfice de cette distraction. D D'autant qu'il faut bien l' avouer, je suis le premier surpris de voir mon stratagème fonctionner aussi bien. Passons, nous aurons tout notre temps plus tard pour revenir là dessus, pour faire de cette histoire une anecdote qu'on prendra plaisir à raconter les soirs d'ennui. Car tout ceci ne serait bientôt rien de plus qu'un vague souvenir dont nous rirons de bon cœur puisque que comme on dit : tout est bien qui finit bien.
Et c'est tout naturellement justement, que j'accompagne le rire de mon ami du mien. « Allons, inutile de me remercier. tu aurais fait la même chose s'il ça avait été Selyne non ? » Rien sur qu'il l'aurait fait, du moins j'aime à le croire. C'est un homme d'honneur, Cheyenne, et il m'est impossible d'imaginer qu'il aurait put refuser de m'aider si la situation avait été inversée. Une fois notre souffle retrouvé, et les effets de l’adrénaline retombés, j 'acquiesce d'un « Avec plaisir, après toi !» quand il propose de rentrer.
Seulement nous n'avons pas le temps d'aller bien loin. Mon cher ami a à peine esquissé un premier pas que la créature que nous pensions encore endormie nous tombe dessus, surgissant de nul part, nous prenant à revers. Et il n'y a rien que je puisse faire pour empêcher l'ourse d'envoyer valser mon compagnon d'un puissant coup de patte dans le dos. Rien sauf hurler son nom, terrorisé à l'idée que tout ceci, que cette histoire qui aurait pu si bien se terminer, tourne tout compte fait au cauchemar. Ça ne peut pas finir comme ça. Ça ne peut pas tourner vinaigre de cette façon, pas après ce dénouement joyeux. Mais ça, l'ourse, elle s’en moque. Elle ne voit que les deux intrus qui se sont approchés trop prés de sa tanière, trop prés de son petit.
Et bien sur, elle ne nous laissera pas le bénéfice du doute. Nous sommes un danger à ses yeux, son jugement s’arrête là. Le second coup de patte est pour moi. Mais elle n'a plus l'avantage de la surprise. Malheureusement elle n'en est pas plus lente pour autant, ni moi plus rapide. Et j'ai juste le temps de plonger pour éviter le coup, rouler au sol, me relever et... courir. Je me hais.. je hais cet instinct de survie qui prend le dessus en cet instant. Mais ai-je réellement un autre choix ? Si je cours dans la direction où elle l'a projeté, elle pourrait s'en prendre à lui de nouveau. Non, je dois la semer, la semer et prier pour que ses blessures ne soient pas trop graves, pour qu'il puisse fuir. Je trouverais un moyen de me débarrasser de cette bête enragée.
Si j'ai assez de souffle pour ça. Assez de chance. Assez de... fichue racine ! A trop regarder par dessus mon épaule, je ne vois pas où je pose mes pieds et me voilà à plonger. M’étaler de tout mon long sur le sol. Je n'ai que le temps de pivoter, rouler sur le coté pour limiter les dégât quand l'animal qui me talonnait me fond dessus. Je rampe, je recule comme je peux face à ce destin semble devoir être le mien. Pas ici. Pas maintenant.
I tremble. They're gonna eat me alive if I stumble. They're gonna eat me aliv. Can you hear my heart, beating like a hammer, beating like a hammer. Help I'm alive my heart keeps beating like a hammer. Hard to be soft.
Si avait été Selyne, Cheyenne se serait-il jeté dans la gueule du loup comme l’avait fait Mataku ? Sans l’ombre d’une hésitation, l’indien pouvait affirmer que oui. Pas parce qu’il s’agissait de la tribu Piccaninny et qu’ils veillaient les uns sur les autres mais plutôt parce que Mataku et Selyne étaient importants à ses yeux. Ils étaient comme une branche de son propre arbre généalogique même si aucun lien de sang ne corroborait cela. Les deux hommes se connaissaient depuis bien longtemps, trop longtemps pour s’abandonner au premier problème. Cheyenne lança donc en souriant :
- Évidemment ! Mais j’espère que ça ne sera jamais le cas ...
Trop de stress pour son cœur de pêcheur plutôt habitué à la tranquillité des océans. Ils s’avancent, prêts à rentrer au camp après un périple inutile et éreintant. Soudain, une force colossale l’envoie valser et Cheyenne réalisa son erreur. Quand il se redressa, le Piccaninny voyait des étoiles danser devant ses yeux mais il ne pouvait se lamenter et rester là, à ne rien faire, quand son ami risquait sa vie à chaque instant. Titubant aussi vite que possible, Cheyenne s’avança dans la direction que les lourdes traces lui indiquaient. Peu à peu et malgré une douleur toujours présente, l’homme retrouva ses facultés et son équilibre. Plus besoin de se maintenir tel un équilibriste avec les bras disposés de chaque côté du corps.
Une large touffe de poils lui apparut alors au loin. Elle était si massive que Cheyenne ne parvenait à apercevoir Mataku. L’indien pria les esprits pour qu’il ne soit pas trop tard, que son ami n’ait pas terminé son existence entre les crocs acérés d’une mère surprotectrice. Réagissant à chaud, le Picca ramassa une lourde pierre qu’il jeta violemment en direction de l’animal. La roche heurta la bête au niveau de la gueule, lui arrachant une sorte de grognement plaintif qui fendit le cœur de l’indien. Lui qui détestait s’attaquer à la nature, le voilà qui se retrouvait dans de beaux draps. Cheyenne ramassa d’autres pierres, les jetant droit sur la créature avec force pour la détourner de son ami. Car ça y est, à présent, l’indien pouvait apercevoir Mataku, à même le sol, faisant face à l’ourse.
- Cours Mata, je te rejoindrai au camp !
Cheyenne avait mis les mains en porte-voix autour de la bouche pour s’adresser à son ami. Il était hors de question que Mataku y laisse la vie. L’ourse s’était désormais lancée à la poursuite de l’indien parano. Celui-ci avait cavalé, tâchant de ne pas penser à son dos douloureux et tentant de gagner de la distance. Pas facile de surpasser de si larges pattes mais Cheyenne n’avait pas d’autres solutions. Le Piccaninny s’enfonça dans la forêt, tâchant d’éviter les troncs d’arbre avec aisance. Petit, il avait souvent joué à ça avec son frère Gaaji. Ils couraient, évitant les obstacles et enjambant les souches. Aujourd’hui, ça n’avait plus rien d’un amusement mais plutôt d’une course contre la mort.
Au fond de lui, l’homme espérait sincèrement que Mataku soit rentré au camp. Ça serait mieux pour tout le monde et quand bien même la situation tournerait mal, Cheyenne ne voulait pas avoir la mort de son ami sur la conscience. Il ne l’aurait pas supporté. L’ourse se rapprochait, persévérant dans la forêt avec facilité. Quand l’espoir commençait à s’essouffler, Cheyenne repéra une fissure dans une paroi rocheuse. À peine assez grande pour laisser glisser son corps à l’intérieur. Le Picca n’hésita pas, il se rua vers celle-ci et s’y engouffra, se créant une nouvelle coupure au niveau du torse au passage. Dès qu’il fut entré dans la grotte, il appuya des doigts sur la blessure. L’ourse, au-dehors, beuglait et ouvrait grand la gueule. Mais qu’importe, ici, elle ne l’atteindrait pas. Cheyenne se laissa glisser contre la paroi. Il faisait sombre, froid et la douleur le tétanisait. L’adrénaline de la course poursuite retombait et ses forces le quittait, l’indien posa la tête contre le mur derrière lui. Il attendrait encore quelques minutes pour que l’animal ne se lasse et ne s’en aille. Ensuite, il se traînerait au-dehors et tenterait d’atteindre le camp. En espérant que ses dernières forces le lui permettraient, c’était désormais un pari sur la puissance de son instinct de survie.
Help I'm alive my heart keeps beating like a hammer
feat. Cheyenne
Selyne… L’ourse enragée est à portée de patte, pattes qui pourraient m’arracher la tête d’une seule gifle, mais la seule chose à laquelle je pense, tout ce sur quoi j’arrive à me concentrer, c’est Selyne. Ma fille, mon trésor, tout ce qu’il me reste. Je ferme les yeux comme l’animal s’apprête à frapper. Comment réagira-t-elle si elle apprend ce soir que j’ai terminé mes jours ainsi ? Qui va le lui apprendre ? Est-ce qu’il ou elle saura l’aider à surmonter ça ? Est-ce qu’elle… non cette question-là est stupide, nous nous sommes quittés fâchés ce matin mais elle ne sera pas insensible à ma disparition. Ais-je été un bon père ? Je ne peux pas mourir ici.. je ne peux pas l’abandonner…
Le coup ne vient pas. Au lieu de la douleur et de la mort, il n’y a finalement que la plainte douloureuse de l’ursidé et j’entrouvre un œil pour essayer de comprendre. Elle se désintéresse de moi et je n’ai aucun mal à deviner ce qu’il se passe, même avant d’entendre mon ami brailler. Si une part de moi est soulagé de voir qu’il va mieux que je ne le craignais puisqu’il a eu la force de venir jusqu’ici et qu’il trouve l’énergie de courir, je ne peux m’empêcher de marmonner quelque chose qui ressemble à un « imbécile », suivi de près par un « compte là-dessus et bois de l’eau fraîche mon vieux ». Il s’attend à quoi ? À ce que je l’abandonne réellement ? Elle a du frapper fort pour qu’il perde la tête à ce point !
Mais il est hors de question de jouer à nous renvoyer la balle comme ça bien longtemps. Nous nous épuiserions plus vite que l’animal et elle finirait par nous avoir tous les deux. Ainsi, je me redresse d’un bon, bien décidé à ne pas laisser mon ami périr de cette façon. Curieusement, l’état second dans lequel la peur me tétanisait tout à l’heure semble s’être mué en toute autre chose. Me voilà sur mes pieds, fourbu, endolori, mais prêt à me lancer sur leurs traces.
Et c’est en mettant mes maigres talents de traqueur à profit que je suis la piste laissée par la course poursuite effrénée dans laquelle ils se sont lancés. Je laisse échapper un soupir de soulagement, bien trop bruyant à mon goût et que je regrette presque aussitôt, en découvrant l’ourse grondant devant une ouverture dans la roche. Elle ne m’a pas entendue, trop occupée à tenter de déloger Cheyenne de sa cachette improvisée. Ainsi mon ami se sera vu sauvé par la providence… ce n’était pas l’heure pour lui, ce n’était pas le jour… et ce ne sera pas le mien non plus. Elle se détournera bientôt de cet ennemi inatteignable et nul besoin d’être devin pour comprendre qu’elle se rabattra sur moi si je reste à portée. Le premier arbre fera l’affaire, le premier sur lequel je peux grimper du moins.
Du haut de mon perchoir, j'attends, impatient, anxieux, que le fauve finisse par lâcher prise. Dans quel état était-il, Cheyenne, terré dans son abris de fortune ? Nul doute qu'il aurait besoin d'aide, et le plus rapidement possible, une fois qu'il pourrait s'en extraire. Aussi une fois que l'ourse a tourné les talons, une fois que je suis sur qu’elle ne reviendra pas, je me laisse glisser au sol, quoi que choir précipitamment serait je pense un terme plus approprié. « Chey ? » Que je tente timidement, inquiet, par la fissure où il s'est glissé. Il lui aura fallut tout ce mélange de peur, de volonté, pour se faufiler là dedans. L'en sortir sera une autre affaire. « Ta main. Que je t'aide à quitter ta cachette. » Je ne dis rien sur les plaies qu'il me faudra soigner, les siennes, je n'ai sans trop savoir par quel miracle, que des égratignures et une cheville douloureuse. Non il n'a pas besoin d'entendre ça, il a besoin de trouver la force de se lever. Et puisqu'il est épuisé et que je ne suis plus tout à fait en état de faire preuve de la moindre sagesse ou du moindre tact, je rajoute en tentant de passer une épaule dans la brèche pour mieux l'atteindre « Je ne rentrerais pas sans toi vieux fou. Viens là ne joue pas l'escargot dans sa coquille. Ta main je te dis, je ne te laisserais pas crever là dedans que tu le veuilles ou non. »