Ce fameux jour, je m'en souvenais comme si c'était hier. Je me souvenais encore du visage de cet homme, qui en somme n'était pas désagréable mais ce qu l'était davantage, c'était qu'il est et restera humain. Une proie de plus sur mon tableau de chasse, une tête de plus que je garderais en mémoire, en train d'agoniser par ma hargne des plus sanglantes et des plus mauvaises. Aucune pitié. Tel était ma devise, ma façon de voir les choses. L'Homme était mauvais, l'Homme était néfaste pour nous, les sirènes. Aucun terrain d'entente à mes yeux était possible, nous ne pourrions jamais nous entendre. Et puis tout était fait pour que les sirènes les détruisent, notre chant était dévastateur pour eux. Il y avait bien une raison à cela.
Mais revenons à nous moutons. Je n'avais jamais réellement perdu espoir de retrouver cet homme, ce Viking. Oui, j'avais parfaitement entendu que c'était un viking et sa façon de faire, son physique, sa façon de se battre...Je reconnaissais. Pour avoir beaucoup voyagé, pour avoir vu bien des mondes, des peuples, je ne pouvais me tromper. Mais malheureusement, c'est ce que je fis en pointant le bout de mon nez dans cette taverne, en étant presque sur d'être confronté au bon viking. À ma connaissance, je n'avais jamais entendu qu'il pouvait y avoir deux Vikings sur le même navire, je n'en avais pas eu vent, c'est vrai. Ma jolie et fine silhouette s'était dirigée vers le bar, demandant des informations au tavernier qui en échange d'un regard audacieux et surtout de quelques pièces, me pointa du bout du doigt ton dos, assis à l'arrière de cette taverne animé par une cacophonie assez sonore. Les hommes bourrés et ivrognes, c'était réellement un pur dégoût à voir, à entendre. À ma connaissance, je n'avais jamais entendu qu'il pouvait y avoir deux Vikings sur le même navire, je n'en avais pas eu vent, c'est vrai. Vous aviez tué mes parents, qui, à l'époque, pensait que la paix pouvait encore se faire entre les Hommes et les habitants de la mer.
Mais cet acte était bien évidemment impossible, maintenant que je m'en rendais compte. Mon regard océanique se pose alors légèrement sur le côté, pour observer ta personne, de dos. Était-ce fameux pirate ? Sans doute. Il avait dû changer depuis toutes ces années ou je le traquais. Il avait réussi à se cacher assez longtemps, mais maintenant que j'étais capable de supporter la vie sur la terre ferme, je pouvais venir le chercher de mes propres mains et pas attendre qu'il se décide à remonter sur le navire de son capitaine. Oui, j'étais sûr qu'il était guère paisible depuis notre rencontre, cet abruti.
Moi qui pensais être sur la bonne piste, moi qui pensais réellement avoir affaire à la bonne personne, quelle erreur. La lame sous la gorge, le visage à côté du tien, à seulement quelques centimètres, n'ayant qu'une vague vue de ton visage, qui était encadré par une épaisse barbe. Sur le coup, je pensais que c'était lui, vraiment. « Ne fais pas un geste, mon mignon petit pirate viking, cette fois, je ne te laisserais pas partir sans t'avoir tranché la gorge, pas comme notre dernière rencontre. »Dis-je dans un murmure presque mélodieux mais dévastateur, appuyant la lame du poignard contre ta pomme d'adam. Ton odeur me montait au nez, une odeur d'alcool, de sueur, d'homme...Bref. Je finis par ajouter : « Tu ne m'as pas oublié, n'est-ce pas ? »
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