Ma routine. Je repousse du pied un peu de terre sur les braises de mon feu de cette nuit et je rassemble mes affaires. Un sac rapiécé qui contient mes maigres richesses, si on peut les appeler ainsi, un ballot des dernières fourrures que j'ai pu tanner, et les quelques proies encore fraîches de la veille. J'ai eu plus de sucés avec mes collets qu'avec mes flèches ces jours ci et j'ai plus de lapins que de volailles bien qu'il me semble que je pourrais tirer un bon prix des deux gousses que j'ai réussit à abattre. C'est peut être le seul aléa, la seule variable de mon programme : la liste des marchandises. Le reste est immuable. Il y a bien des gens sur cette île qui pourront vous dire que leur vie n'est faite que d’événements imprévus et trépidants, d'aventures, de surprises... il y a longtemps que ces mots là ont fuit mon vocabulaire. Savoir où l'ont va, savoir de quoi demain sera fait, c'est s'assurer une certaine sécurité.
Mes pas me guident jusqu'à la ville. Là où je sais que je trouverais toujours quelqu'un pour reprendre ce que j'ai à vendre. C’est toujours la même chose. Qui un poisson contre une fourrure et pour changer mon menu, qui un peu d'argent contre quelques civets. La même rengaine. Les mêmes rues déprimantes, les mêmes visages aux expressions sonnant faux, et les inconnus qui se ressemblent tous. Et comme à chaque fois, je me promets d’écourter mon séjour en ville. Et comme à chaque fois, je vais tout de même perdre du temps à la taverne. La seule petite entorse à ce train train régulier, c'est que cette fois j'ai fait le détour par une échoppe. On ne peut dépecer proprement une proie avec une lame émoussée et le cuir, comme la fourrure, perd de sa valeur si les choses ne sont pas faites comme il faut. Je l'ai appris à mes dépends par le passé, et je n'aime pas refaire deux fois les mêmes erreurs. Une bonne partie de ce que j'ai gagné aujourd'hui , je le laisse à un forgeron aux tarifs un peu trop élevés à mon goût, pour redonner un peu de tranchant à ma dague et mes couteaux. Qu'est ce que j'aurais fait de cet argent de toutes façons ? Je l'aurais bu, probablement. Ou bien je l'aurais parié et il se serait envolé. Je pourrais, bien sur, mettre tout ceci de coté, pour me payer une autre vie, un jour, quand j'aurais réussit à résister à la tentation de tout dépenser. Mais garder de l'argent sur soit, c'est s’attirer des ennuis. Ici, tout le monde sait que je dépense la moindre pièce gagnée. Personne ne cherche à me faire les poches. C'est mieux ainsi.
Alors ce qu'il me reste... il n'y a qu'un endroit qui en vaille la peine pour le bazarder. Un plat cuisiné, une choppe, deux peut être.. ou trois. On verra bien.
Seul à ma table, je compte les nouveaux visages, m'amusant à tenter de deviner qui sera encore là la fois prochaine, qui aura changé de vie lassé de celle ci, qui aura passé l'arme à gauche... Je m’attarde un instant sur un visage qui me semble familier. Celui là, je ne crois pas l'avoir déjà vu et pourtant... il me rappelle étrangement quelqu'un sans que je ne puisse mettre un nom dessus ou me souvenir où j'aurais bien pu le croiser auparavant. Bah qu'importe, je passe à autre chose. Le joli minois d'une femme que je n'aborderais jamais malgré le sourire qu'elle me tend et ses grands yeux que je fuis rapidement. Ma choppe vide, je ne peux m’empêcher de fixer de nouveau le jeune homme de tout à l'heure. Il m'a vu cette fois, j'en jurerais. Mais loin de moi l'envie de le courroucer en le fixant d'avantage, aussi je détourne de nouveau le regard.. pour mieux le fixer de nouveau. Non, je n'arrive pas à me sortir de la tête que je le connais. Et cette fois plus de doute, il m'a bel et bien vu. Il ne manquait plus que ça.. pourvu qu'il ne soit pas le genre à chercher les ennuis...
Dernière édition par Stuart Johnson le Dim 15 Nov 2015 - 16:36, édité 1 fois
Erim Moorehead
Beware, I'm starving
ζ Inscris le : 18/08/2015
ζ Messages : 2801
ζ Avatar : Alexander Ludwig
ζ Localisation : A Blindman's Bluff dans une belle maison près de celle du Gouverneur
ζ Occupations : Ancien enfant perdu, ancien mineur...Bras droit du gouverneur
ζ Âge : Vingt-trois ans
ζ Statut : Marié à la plus délicieuse des vendeuses de Rhum de Blindman
ζ Signes distinctifs : cicatrice en dessous de l'épaule gauche causée par une balle
Je m’éveillais chez la douce Apolline, allongée près de moi, elle dormait paisiblement. Notre nuit avait été riche en émotion et pas uniquement parce que j’avais partagé la couche de la belle brune. Je n’eus pas le cœur de la réveiller, mais partir comme un voleur n’était pas non plus dans mes habitudes. Discrètement, je quittais sa chambre, allant reprendre mes habits près de la cheminée, et m’habillant rapidement. J’attrapais un morceau de parchemin qui trainait et je lui faisais mon au revoir, peut-être pas définitivement, mais je n’étais pas un garçon encore bien convenable pour comprendre qu’on n’abandonne pas une femme qui s’est offerte avec un simple message. Appelez cela une erreur de jeunesse. Je posais le message sur sa table, posant par-dessus un objet lourd pour ne pas que ledit message ne s’envole. Dehors tout semblait plus calme, mais le ciel était de nouveau gris et menaçant. Je posais un dernier regard sur la petite maison et sur le chien couleur charbon, avant de quitter l’endroit en direction de ma demeure.
Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque je découvrais l’étendue des dégâts. Déjà sur la plage se trouvait une partie de mes objets personnels les plus légers. Ma demeure ne ressemblait plus à rien, et tout cela, à cause d’un pirate qui avait anéanti ma seule richesse dans ce pays. Un peu perdu, je décidais de me rendre en ville pour passer commande des matériaux, mais avant, je devais me rendre à la mine. Mon travail était important, je ne pouvais délaisser mon principal revenu et sans lui, je pouvais dire adieux au second salaire, qui en découlait. Visiblement, la tempête de la nuit avait elle aussi fait des dégâts dans les creux de la montagne. Les veines qui couraient dans le cœur de la roche étaient toutes inondées et l’accès nous y était formellement interdit. Il ne manquait plus que ça ! Mécontent, je décidais de faire le trajet jusqu’à la ville de Blindman’s Bluff, là-bas, j’aurais au moins un toit sur la tête et le peu d’argent que j’avais me servirait pour l’achat des clous et du matériel.
Après une demi-journée de marche, j’entrais dans le foutoir de Bleddy. Un bon vendeur, mais un mauvais homme. Il avait la réputation d’être violent avec sa femme et ses enfants, mais tout cela n’était pas mes affaires. Je me contentais de lui acheter ce dont j’avais besoin avant de prendre le chemin de la taverne où j’avais travaillé, il y a longtemps maintenant. J’allais directement voir ma douce amie, lui demandant si elle n’avait pas eu vent d’un peu de travail. J’allais manquer d’argent pour payer mes réparations et ici, on n’avait rien sans pièce d’or. Elle ne m’apporta malheureusement aucune bonne nouvelle, tant pis…je décidais de rester pour la nuit, m’installant à la Taverne de L’Aigrefin, je commandais une assiette chaude et une bière, je n’avais que quelques piécettes dans les poches et je me devais d’économiser le plus possible. Mes petites économies ayant pris le large avec le matériel acheté l’après-midi même. L’endroit se remplissait doucement, des habitués pour la majorité des visages que je croisais. Les coudes sur la table, je portais avec régularité mes morceaux de viandes séchées à mes lèves, portant une importance toute particulière à la mastication de la bidoche qui gisait devant mon visage. Nul doute, j’étais dans mes pensées, un peu pour ma maison détruite, un peu pour la jeune et jolie femme que j’avais laissée ce matin. Avez-vous déjà eu cette sensation qu’on vous regarde, qu’un regard fortement appuyé sur votre personne est là, et que vous le sentez ? C’est justement cet étrange sentiment que me fit redresser le visage, je ne perçus pas immédiatement d’où provenait le curieux, ce ne fut que durant mon second passage visuel que je m’arrêtais sur une silhouette. Je fronçais les sourcils, l’homme me disait vaguement quelque chose, peut-être un ancien mineur ? Non, il n’en avait pas l’allure. J’insistais de nouveau et l’homme baissa le regard ce qui m’intrigua au plus haut point. Curieux de nature et peu farouche, je saisis mon assiette et mon verre pour aller vers le rouquin. Plus mes pas réduisaient l’espace entre son visage et le mien et plus je reconnaissais les traits de son visage. Un faciès qui surgissait d’un passé troué par les oublis, mais maintenant qu’il était proche, je n’en avais plus le doute.
Je désignais la place en face de lui. « Je peux ? » Sans attendre même sa réponse, je me posais, installant mon repas en face du sien. « J’ai hésité à venir, ton visage a beaucoup changé, mais je suis pratiquement certain que tu es Ginger ! » J’ai une chance sur deux de me tromper, il n’y avait qu’une chose qui pouvait faire la différence entre l’erreur et la réussite, son médaillon qui trônait à son cou tel un talisman inviolable. Je n’attendis pas sa réponse, utilisant ma sociabilité naturelle et mon bagou parfois excessif. « Oui, je suis certain que c’est toi ! Tu ne me reconnais pas, Platy Calico ! Cela fait bien longtemps maintenant, des années mêmes. Je pensais ne jamais te revoir, oh, je sais, on oublie facilement notre passé, mais…qu’est ce que tu deviens ? Est-ce que tu vis à Blind ? Je n’ai pas souvenir t’avoir déjà croisé dans ces lieux ! » Oui, un bavard invétéré, je l’avais toujours été et je poursuivais mon destin de grande bouche sans me soucier de ce que pensait mon interlocuteur. Peut-être qu’il ne voulait tout simplement pas converser avec moi, je ne m’étais même pas posé la question, quel manque de manière ! Alors que mon ancien ami, allait ouvrir la bouche, très certainement pour me répondre, ou me dire de foutre le camp, cinq hommes, des pirates déjà bien saouls se postèrent devant notre table. « Vous êtes à notre table ! » Ne prêtant pas attention à eux, je saisis mon verre, buvant comme si je n’avais rien entendu ! Ce que je hais ces hommes. « Elle n’était pas réservée ! » Le premier se penche alors que les autres se mettent à rire, un rire bien gras et nauséabond. « Bah maintenant tu le sais, on veut cette table et si toi et ton copain vous vous ne bougez pas, on se fera un plaisir de vous vider les tripes ! » Le tavernier qui sent les ennuis m’interpelle en annonçant qu’il ne veut pas de grabuge. J’ai un regard vers Ginger, a-t-il perdu également son habileté au combat. Je me souviens que lui et moi, nous nous entrainions souvent et que nous n’étions pas les derniers pour massacrer du pirate. Je me penchais vers le roux tout en murmurant. « Ils sont cinq, nous sommes deux…je te laisse lesquels ? »
Spoiler:
Comme au bon vieux temps !!! Style, Sinbab et Protéus dans le dessin animé, si tu connais
Dernière édition par Erim Moorehead le Lun 16 Nov 2015 - 20:53, édité 1 fois
Ne pas faire de vague, se noyer dans la masse. Éviter les ennuis. C'est ma règle d'or pourtant. Pourquoi diable ais je fixé ce jeune homme de la sorte... Le voilà qui s'avance dans ma direction et je regrette déjà d'avoir mis les pieds ici. Mais ce visage, ce regard, bon sang... et il n'a rien d'agressif ou de courroucé quand il vient me demander s'il peut s'asseoir à ma table. J'arque simplement un sourcil, il ne me laisse pas le temps de trouve rune excuse pour me passer de la compagnie qu'il m'impose et déjà il s'assied face à moi. Il embraye, un bavard apparemment. Un bavard qui me rappelle décidément quelqu'un, un vieux souvenir, un … Comment vient-il de m'appeler ? Ginger.... l'espace d'un instant, le temps qu'il prononce ce nom là, mon cœur a loupé un battement. Je crois que j'aurais porté ma choppe à mes lèvres à ce moment précis, la surprise m'aurait fait lui recracher la bière à la figure. Ginger...Bien sur que c'est moi, mais comment peut-il le savoir ? Les yeux fermés, un rictus gêné aux lèvres, je baisse honteusement la tête. Moi qui étais incapable de mettre un nom sur cette frimousse... Et pourtant c'est bien ce vieil ami qui me fait face. Vieil... par les années qui séparent notre dernière rencontre, et par celles qui l'ont marqué. Bien moins que moi, mais il est bien loin le gamin que j'ai quitté à l'époque. Platy Calico... le petit poisson a bien grandit. En revanche il a toujours le même bagou, il enchaîne phrase après phrase, ne me laissant pas l'occasion d'en placer une et mon rictus crispé se meut peu à peu en un petit sourire amusé. Certaines choses ne changent jamais je suppose.
Et quand il reprend enfin sous souffle, je me penche un peu en avant pour enfin répondre à ses questions et lui poser celles que cette rencontre m'inspire. J'ignore s'il donne le change ou s'il a si peu changé qu'il y parait, mais moi.. moi j'aurais bien des choses à dire. Ou à taire.. pour ne pas lui faire de peine. Il semble aller pour le mieux lui, il n'a pas besoin de savoir la morosité abrutissante où je m'enfonce un peu plus chaque jour. Je vais pour lui répondre donc, seulement quelques silhouettes bien moins amicales que celle de mon ami viennent faire de l'ombre à notre table. Tient, c'est justement de cela qu'il s'agit. La table. Et ce cher petit poisson qui les ignore, pour mieux les narguer probablement. Moi je le fusille du regard. Non il n'a pas changé, cette même inconscience de la jeunesse.. ou peut être est-ce moi qui ai vieillit trop vite. Les pirates, j'ai appris à vivre avec, à faire profil bas en leur présence, à éviter d'avoir affaire à eux tout simplement. C'est plus simple, plus sur, quand on est seul.
Menaces des pirates.. rappel à l'ordre du tavernier... grimace agacée de ma part... la journée avait pourtant commencé comme toutes les autres...
Et ce regard. De vieux souvenir reviennent à la charge, une époque révolue et pourtant ce regard est comme une piqûre de rappel. Il fut un temps où lui et moi n'aurions pas eu besoin de la moindre hésitation pour leur faire ravaler leurs jolies menaces, mais je... merde, pourquoi est-ce que je suis déjà en train de réfléchir auquel cogner en premier pour mieux surprendre les autres... et je roule les yeux vers le plafond avant de ricaner. Non je ne veux pas d'ennuis, mais il l'a dit lui même, ils sont cinq, nous sommes deux.. je ne peux pas le laisser à un contre cinq. « La vraie question c'est lesquels il te restera si tu continues à causer. » Ni une ni deux, je ponctue ma phrase en me levant et d'un même geste, j'abats le bras qui tenais encore ma choppe sur la pommette du pirate le plus proche de moi. Mais qu'est ce que je suis en train de faire....
Trop tard pour reculer et contrairement à celui que je viens de frapper qui fait un pas en arrière sous le choc et la surprise, je reste droit, les poings levés, la garde haute. Comme un instinct qui reprendrait le dessus. « Mais c'est qu'elle est colère la rouquine ! Toi et ton pote, vous allez regretter ça, c'est moi qui... » Épaule en avant, j'ai coupé court à ses vociférations en le chargeant, nous projetant tous deux au sol. C'est étrange... depuis combien d'années n'avais je pas revu ce cher petit poisson ? Et pourtant la seule chose dont je ne doute pas un instant alors que j'enfreins à peu près toutes les règles de survie que je m’étais fixées jusqu'ici, c'est que même si en me jetant ainsi à cœur perdu dans la mêlée je m'expose à un mauvais coup, je sais qu'il assurera mes arrières. Et moi les siennes. Comme un vieil instinct disais je.
Dernière édition par Stuart Johnson le Dim 15 Nov 2015 - 16:36, édité 1 fois
Erim Moorehead
Beware, I'm starving
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Stuart : La vraie question c'est lesquels il te restera si tu continues à causer.
Un large sourire s’affiche sur mon visage encore jeune, le voyant frapper le pirate et envoyant des éclats de céramique et de liquide un peu partout sur la table qui est l’objet de notre querelle. À peine n’a-t-il pas, fait ce geste que le combat s’enclenche, il a raison de ne pas laisser la parole, il faut agir. Ne voulant pas laisser Stuart seul, j’assène un coup de poing sur le visage du pirate le plus proche de moi. Parade, coups de droite et de gauche, je me retrouve à un moment dos à dos avec Stuart, à bout de souffle, je souris. « Avoues tout cela t’a manqué, mon ami » Je pars un coup avec mon avant-bras, donnant du genou sur le mal appris qui vient de couper ma phrase. Le tavernier ne dit plus rien, il sait que personne n’arrêtera des pirates dans une bonne bataille et même si nous faisons des dégâts, ce sont eux qui ont cherché le conflit pas nous.
Je me détache de mon ancien ami, glissant sur le sol pour passer par-dessous l’un des pirates, je le nargue en me redressant et je grimpe sur ladite table. « C’est elle que tu veux ? » il fend l’air de son sabre et je saute pour éviter le coup. « Raté ! » Il recommence et je m’amuse. « Encore raté ! » Ma botte rencontre sa mâchoire et je l’envoie un peu plus loin, profitant de ce petit repos pour m’accroupir et observer Stuart aux prises avec trois pirates. « Besoin d’aide ? » Je sais bien ce qu’il va me répondre et du moment qu’il ne court pas un vrai danger, je n’interviendrais pas. Je ne suis pas assez rapide et je reçois une chaise en plein torse, le souffle court, cela n’était pas franc-jeu. Mon ami m’aide à me redresser et je porte ma main sur ma poitrine douloureuse. Le pirate pas très futé court vers nous comme un dératé, d’un simple regard nous nous comprenons avec Stuart. Comme si nous l’avions répété, nous nous emparons du banc d’une table proche pour le faire glisser vers le pirate qui se retrouve à terre en un rien de temps. J’ai le sourire aux lèvres que c’est bon. On s’ennuie bien trop dans une vie trop bien réglée.
Déjà deux pirates à terre et qui ne se relèveront pas, je me retrouve à faire le fier, passant de tables en table, narguant ce pauvre diable à qui il manque visiblement plus que des dents. Sur mon passage, nourriture, boissons et vaisselles volent en tous sens, les clients de la taverne prennent part et nous voilà en train de donner de l’action à la populace. Je m’arrête, laissant deux hommes se charger du pirate qui me poursuivait. « Stuart !!!! A droite ! » Je saisis l’épée à la ceinture d’un des hommes près de moi et je l’envoie en direction de mon ami pour qu’il s’en saisisse.
Dernière édition par Erim Moorehead le Lun 16 Nov 2015 - 20:53, édité 1 fois
A califourchon sur mon pirate au sol, j'entreprends de lui faire ravaler ses dents quand j'entends mon vieil ami se joindre à la fête.Je me laisse déconcentrer, pare une première riposte mais n'esquive pas la seconde et le poing de mon adversaire vient me frapper au menton. Un coup en entraînant un autre, le pirate qui avait reçu la chope dans la tempe revenant à la charge, me voici de nouveau debout. Accolé à ce cher petit poisson, ricanant à sa remarque. « Peut être ouai... peut être. » Bien sur que oui ! Bien sur qu'une part de moi regrette cette époque et que tout ceci m'avait manqué. Qu'un peu d’adrénaline enfin, dans cette routine monotone, n'est finalement pas de refus. Mais je ne l’admettrais pas. Je le laisse faire son show, user de son bagou habituel, narguer ses.. nos adversaires. Moi je me contente de parer au mieux tout en essayant de rendre coup pour coup.
J'empoigne un tabouret. Toute arme de fortune est bonne à prendre dans ce genre de mêlée ouverte et si je pouvais éviter d’abîmer mes dagues remises à neuves... Surtout qu'au final, le dit tabouret termine ses bons et loyaux services dans les mollets d'un de mes assaillants tandis que je répond à la question rhétorique de mon compagnon. « Je te donne l'impression d'avoir tant vieilli que cela que trois seraient trop pour moi ? » Hors de question d’admettre que je ne puisse m'être.. rouillé. D'autant qu'il se prend un coup de chaise l'instant d’après et que l'envie me démange de le narguer. Mais les gestes étant plus utiles que les mots, je lui tends la main pour l'aider à se remettre debout avant qu'un autre ne nous charge. Ouai, les mots sont inutiles. L'instinct une fois de plus, comme un spectacle bien rodé, et d'un même geste, nous voilà réinventant le chamboule tout avec un banc et un pirate. Et cette fois, j’éclate de rire de bon cœur. Ça en revanche, c'est un instinct que j'avais cru perdu depuis longtemps. Sourire, ouai, mais rire....
Ça y est... la taverne est en liesse, avec mon poisson trop bavard en chef d'orchestre. Et dire que je ne voulais surtout pas attirer l'attention sur moi ici... Qu'importe, pour l'heure.. on a inversé la tendance, nous ne sommes plus deux mais une bonne dizaine. Et je baisse ma garde, prenant le temps de passer ma langue au coin de mes lèvres pour y découvrir le goût ferreux de mon propre sang. Le coup de poing de tout à l'heure ? Probablement. Mais je n'aurais pas plus de temps pour m'y attarder tout de suite. L'interjection d'Erim me fait l'effet d'un frisson électrique me sortant de ma torpeur. On est loin d'en avoir terminé. Et j'ai tout juste le temps de réceptionner maladroitement l'arme qu'il me lance pour bloquer le coup qui venait. Finit les tabourets, les chopes, les chaises et les bancs, le peu d'adversaires qu'il nous reste à décidé de passer aux choses sérieuses. « Quoi ? T'avais peur de pas t'en sortir avec tes poings ? » que je lance simplement au forban. En même temps... je suis surpris qu'ils n'en soient pas venus aux sabres plus tôt. Trop saoul pour les sortir du fourreau avant probablement. Mais grâce à cette chère anguille à la langue bien pendue, je suis à arme égales avec le pirate en face de moi. Enfin... sur le papier, parce qu'à dire vrai je n'ai jamais été très adroit avec une lame, bien plus avec un arc.
Première passe, j'ai reculé de deux bons mètres et manqué de peu d finir avec une belle balafre à la joue. Mais il y a quelque chose dans l'air.. de grisant, d’excitant, les cris autour de nous, galvanisants... Alors finalement je pousse un cris rageur en chargeant mon adversaire. Sa lame me frôle une seconde fois sans que je ne sois plus précis non plus, seulement le coup suivant je suis plus réactif. Bloquant la lame sous mon bras, je m'enroule contre lui pour venir coller mon dos contre son torse. Un coup de coude de mon bras libre dans les reins, un second, il pose un genoux à terre, lâchant son arme et je pivote pour lui faire face. « La rouquine te dit bonne nuit. » Je clos l'affaire d'un coup de pommeau dans la tempe. L’adrénaline retombant, une vive douleur dans le bras m’arrache un cris. Merde.. il m'a eu quand j'ai bloqué son coup. Ça pisse le sang mais c'est superficiel. Et c'est riant de nouveau bien que la main à ma blessure que je me retourne vers mon public, me figeant en croisant le regard d'Erim. « Je chasse les bêtes, plus les hommes, pirates ou non. » Pourtant, je ne prends même pas le temps d’hésiter la moindre seconde en voyant le dernier revenir à la charge derrière lui, sabre au clair. Et c'est sans réfléchir que j'empoigne un de mes couteaux à ma ceinture pour l'envoyer se ficher dans son épaule. Devrais-je avouer que je visais le cou ?
Hors RP:
je me suis peut etre un peu emportée mais c’est venu d'une traite... si y a des trucs à changer t'as qu'un mot à dire
Dernière édition par Stuart Johnson le Dim 15 Nov 2015 - 16:37, édité 1 fois
Erim Moorehead
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Le rouquin reçoit ma lame à temps pour se défendre et je ne l’imaginais pas autrement. Je reste sur ma table, observant le tumulte que nous venons de provoquer, mes années de tranquillité sont bien loin à présent, depuis peu, je pense que l’île a décidé de me faire reprendre du service. Et pour tout dire, je n’attendais que cela. Attentif et intrigué, je mire Stuart prendre du plaisir à la bagarre. Ce qui me plait, c’est que malgré les années écoulées lui et moi, nous n’ayons pas besoin d’une parole de plus pour nous comprendre. Des amis tels que lui sont précieux et je regretterai presque de l’avoir oublié un temps. Je sors de ma rêverie, lorsqu’une lame frôle mon museau, m’obligeant à faire un bon en arrière, surpris et décontenancé. Quelle bande de lâches, ces pirates nauséabonds ! « Mais que fais-tu ? Non ! Ce n’est pas ainsi qu’on tient une épée ! » Je saute devant lui, il semble un brin embrumé par le rhum, ce qui va de soi est à mon avantage. Je le surpasse d’une tête, j’avance sur sa lame et il donne un coup, et je l’assomme avec un broc qui se trouvait là. L’homme chute sur le dos, face vers moi, brandissant encore son sabre. J’ai toujours eu beaucoup d’humour, mais je ne suis pas seulement un clown, non… « Que ta mère vomisse des bâtards pendant dix générations » Mes sourcils se froncent et je le regarde, les mains sur mes cuisses et le visage penché vers lui. D’un geste rapide, je retourne la lame de lui à moi, lui plantant sans une once de dégout dans ses intestins putrides. « Ne dis jamais plus de mal de ma mère, chien de Troll ! » Je laisse le pirate agoniser dans son sang, j’ai beau ne pas me souvenir de mes parents, et de ma mère, il n’en reste pas moins que je l’ai sans doute aimée un jour, et pour cela, l’autre putois devait crever et pour toutes les morts qu’il avait sur les mains. Je m’avance vers Stuart, les choses semblent se calmer, mais la taverne est dans un sale état. Je souris, le souffle encore court de notre rixe improvisée.
Stuart : Je chasse les bêtes, plus les hommes, pirates ou non.
Je souris, un de ces rictus francs typiques d’une amitié sincère. Il n’est pas encore rouillé pour se battre je viens de le voir. Je m’avance dans sa direction pour m’enquérir de son état. Seulement, je suis bien trop focalisé sur Ginger pour entendre et me rendre compte que je suis attaqué par l’arrière. C’est en observant les traits de Stuart qui se meuvent en une moue, entre a surprise et la crainte, que je comprends un peu tardivement. La scène est comme au ralenti, je ne sens pas l’air qui me frôle et pourtant la lame fend le vide près de moi, atteignant son but avec un cri douloureux pour celui qui allait tenter de me faire rendre l’âme. Étonné et encore sous le coup de ce qui aurait pu m’arriver, je me tourne vers l’homme qui gigote et couine comme une femme. « On va vous retrouver et vous ne serez plus jamais tranquille » Mon sourcil se redresse et je pose mes paumes sur mes hanches, pivotant vers Stuart qui arrive une main sur son avant-bras. « Tu te rends compte de ce que cette fripouille me dit ! Il me menace, non ? » Stuart me répond avec autant d’ironie que j’en mets dans mes propos. « On se le joue à pile ou face ? » J’extirpe de mon pantalon, une pièce d’argent que je montre de manière nonchalante à mon camarade de jeu. « Attends ! Attends ! Tu vas le tuer comment, toi ? Parce que moi, j’imaginais un truc assez terrible, comme un abandon ligoté dans la crique au crocodile…une plaie ouverte pour que les bêtes le sentent de loin…mais je me dis que c’est encore un peu faible » Ma main droite se pose à mon menton, minant l’homme réfléchi et sérieux que je suis loin d’être.
J’attends la réponse de Ginger avant de soupirer, dodelinant ma tête de droit à gauche un peu confus. « En même temps, s’il promet de ne plus mettre les pieds ici, on peut bien lui promettre de ne pas lui faire de mal…mais les pirates sont tous des menteurs et des voleurs ! Non, donne moi ta lame mon ami, je vais lui faire passer l’envie d’ennuyer les braves gens une bonne fois pour toutes ! » Tendant la main vers Stuart, j’attendais son arme qu’il finit par me fournir, alors que j’allais lui trancher le cou, l’homme se mit à brailler, promettant de ne plus jamais remettre les pieds ici et qu’il ne savait même plus à quoi nous ressemblions. Un brin dépité par sa supplique, je fis un geste de main vers le tavernier. « Va ! Mets-le donc dehors… » L’homme robuste qu’est le tavernier, et mon ancien patron par ailleurs, me toise un moment, me montrant d’un regard les dégâts. « Je te rembourserai, c’est une promesse » Je me tournai lestement vers Ginger, posant mes iris sur son avant-bras. « Tu es blessé…Je connais un endroit plus tranquille où on te soignera…suis-moi ! »
Sans attendre son accord, je ramassais nos choses et je passais par la porte arrière attenante à la cour pour nous rendre chez une amie. Frappant deux coups à la porte, je laissais entrer Stuart avant moi, lui montrant les chaises de la petite pièce servant de cuisine. « Je n’ai pas le temps, Erim ! Je m’en vais travailler… » Je grimace légèrement. « Alors, je fermerai la porte pour toi…merci, Ondine » Elle me sourit, dépose un baiser sur ma joue et file de chez elle, nous laissant seuls, moi et mon ancien ami. « Alors ainsi, tu chasses les animaux plus que les pirates…au final, cela ne change pas vraiment d’avant, vieux renard ! »
Dernière édition par Erim Moorehead le Lun 16 Nov 2015 - 20:53, édité 1 fois
Je ne sais si c’est mon geste, ou le cri du pirate dans son dos qui le font réagir mais il se retourne finalement et une petite voix au fond de mon esprit me signale au passage que s'il l'avait fait plus tôt, je lui aurais probablement arraché un morceau du nez en plus de toucher le forban.La voix, je la chasse rapidement. Tout s'est passé à merveille, pourquoi s'imaginer les pires scénarios. D'autant que si nos adversaires sont hors d'état de poursuivre le combat, il n'en ont pas perdu leur langue pour autant et celui que je viens de toucher et qui git aux pieds de mon ami se permet une énième menace. « On va vous retrouver et vous ne serez plus jamais tranquille » Je soupire simplement en venant me rapprochant d'eux Il a probablement raison, adieu ma tranquillité. Mais je suis de moins en moins sur de regretter tout ceci, surtout pas après le ton employé par Erim. « Une menace ? J'entends à peine un gargouillis. » Ce qui n’est pas faux en soi... un animal blessé est bien plus dangereux mais.. on parle d'un pirate vexé vociférant sur le sol d'une taverne. Alors quand mon cher petit poisson propose de décider de son sort à pile ou face, je me laisse séduire par l'idée. Comment je compte le tuer ? Est-ce que j'en ai vraiment envie ? Je l'ai dit, il y a longtemps que je ne fais plus ce genre de choses et pourtant je réponds sans réfléchir. « Il me semble que j'ai un piège à loup un peu rouillé dans mon sac, on pourrait lui coincer un pied dedans et voir s'il a le courage d'y laisser un morceau pour s'en sortir... » Ais-je vraiment dit ça ?
Qu'importe, on verra bien ce que la pièce décide de toutes manières. Et en attendant que mon compagnon ne se décide à la lancer, je me penche pour récupérer mon couteau, toujours dans l’épaule du pirate. Il hurle une fois de plus mais je n'y prête pas attention, d'autant qu'Erim a changé d'avis et qu'il réclame le dit couteau pour en finir ici et maintenant. Soit. Ou pas finalement... il geint tellement que mon vieil ami prend finalement la décision de le laisser filer. En revanche... « Nous... Nous rembourserons. J'ai fait autant de dégâts que toi. » Et l'argent que je gagne, je n'en fait rien de concret de toutes manières.. je boirais un peu moins, ce n'est pas un mal.
Je tente de protester quand il m'annonce de but en blanc qu'il faut s'occuper de ma blessure. J'en ai vu d'autre, ce n'est qu'une coupure. Un peu longue certes, mai spas si profonde. Mais Je me résigne finalement et lui emboîte le pas après avoir ramassé arc et carquois quand il se charge du reste. Je suis surpris de la façon dont il se permet d'entrer, enfin de me faire entrer avant de m’emboîter le pas, dans cette maison dont je ne connais absolument pas la propriétaire. Elle ne semble pas si enthousiaste que cela non plus à l'idée de nous voir ainsi débarquer chez elle et je vais pour m’excuser quant elle nous abandonne finalement sur place. Et j'arque un sourcil, étonné de cette situation pour le moins incongrue, tout en prenant place sur l'une des chaises présentes.
Sa réplique.. oh sa réplique... je ne peux m’empêcher de ricaner en l'entendant. « Oh si ça change. Tu n'as pas idée. Je ne le fais plus que par besoin, non plus par envie. Et pourtant... pourtant ce soir.. » J’hésite un instant une fois de plus, à aller au bout de ma pensée. Lui avouer que j'ai pris plaisir à ce grand n'importe quoi que nous venons de vire... c'est admettre ouvertement que je m'en étais privé toutes ces années alors qu'une part de moi en crevait d'envie. « … ce soir on avait pas besoin d'en arriver là. On aurait put éviter tout ce joyeux bordel. Mais toi, toi et ton bagou, toi et ta fougue de gosse... non, j'en crevais d'envie. » Tout en parlant, j'ai commencé à retrousser ma manche pour avoir une idée plus précise de l'entendue des dégâts et une fois chose faite, je relève finalement le regard vers lui. Un regard empreint de toute cette excitation que je n'avais pas ressenti depuis des lustres. « Et pour cela... merci. Du fond du cœur.. merci. Au diable cette balafre. Mais pour avoir brisé ma routine, chose que je n'aurais jamais fait seul.. merci. »
Erim Moorehead
Beware, I'm starving
ζ Inscris le : 18/08/2015
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ζ Avatar : Alexander Ludwig
ζ Localisation : A Blindman's Bluff dans une belle maison près de celle du Gouverneur
ζ Occupations : Ancien enfant perdu, ancien mineur...Bras droit du gouverneur
ζ Âge : Vingt-trois ans
ζ Statut : Marié à la plus délicieuse des vendeuses de Rhum de Blindman
ζ Signes distinctifs : cicatrice en dessous de l'épaule gauche causée par une balle
Stuart : Oh si ça change. Tu n'as pas idée. Je ne le fais plus que par besoin, non plus par envie. Et pourtant... pourtant ce soir…ce soir on n’avait pas besoin d'en arriver là. On aurait pu éviter tout ce joyeux bordel. Mais toi, toi et ton bagou, toi et ta fougue de gosse... non, j'en crevais d'envie.
Le besoin et le jeu…une chose que j’avais cru perdre pendant un court moment et puis…enfin, on est souvent rattrapé par ce qu’on est véritablement au fond de nous. Le jeune gamin aventureux n’était toujours en moi, je le savais à présent plus que tout autre chose qui parlait pour l’homme que je devenais, je savais que jamais, non jamais, je ne serais un adulte comme les autres. Entendre ces mots de sa bouche me provoquait une bien étrange sensation. Bagou, fougue de gosse, joyeux bordel ! Oui, ma vie ici devait ressembler à cette soirée, sinon l’existence ne méritait pas d’être vécue. Je connaissais les raisons du départ de Stuart, je savais la douleur qui l’avait habité, en réalité, je connaissais mon ami sur le bout des ongles, ou plutôt, je l’avais connu. Mais ce qui me faisait particulièrement du bien était de savoir qu’au fond, il n’avait pas changé pendant toutes ces années. Ginger retroussa sa manche observant sa blessure superficielle, mais bien présente. Stuart : Et pour cela... merci. Du fond du cœur…merci. Au diable cette balafre. Mais pour avoir brisé ma routine, chose que je n'aurais jamais fait seul...merci.
Mon regard mire le sien, une profondeur dans nos pupilles que ne pouvaient pas comprendre ceux qui ne connaissaient pas notre passé commun et ce qui nous liait l’un à l’autre comme deux frères. C’est cela la véritable amitié, le temps passe, mais les retrouvailles sont comme une courte absence, un au revoir de la veille. « Alors, j’ai eu toutes les bonnes raisons du monde de le faire, mon ami » Je tends ma main vers lui, la laissant pourtant appuyée sur la table, un sourire en coin à la bordure de mes lèvres. Poignée de mains sincère et virile, regard qui en dit beaucoup plus que la simple observation par un inconnu. Ginger et Calico, une alliance à la vie à la mort. Je pousse sur la table une bassine d’eau et un morceau de tissu pour qu’il retire au moins le sang qui semble recouvrir son avant-bras. Stuart s’applique et me demande si la personne que nous venons de croiser est ma femme ou fiancée. Je rigole, passant mes paumes derrière ma tête et les faisant stopper au dessus de mon crâne, mes doigts entrelacés les uns aux autres. « Diable, non ! Je ne suis pas marié et je ne le souhaite pas. C’est une amie… à qui parfois j’offre un peu de chaleur et elle me rend ma gentillesse, si tu vois ce que je veux dire ! » Je ris, frappant mes deux mains l’une contre l’autre et me redressant pour aller prendre une miche de pain, du pâté et une bouteille que je sais traîner dans un endroit du garde-manger. Je reviens avec ladite bouteille, mais aussi, avec du fromage, des fruits et un petit tonneau de bière brassée. Je dépose le tout sur la table, sous le regard curieux de Ginger. « Tu n’avais pas faim ? Moi, ce combat m’a ouvert l’appétit et je crois que je pourrai avaler un ours.» Je plante un couteau dans le pain mâchouillant en observant mon vieil ami. « Parle-moi de toi, tu es chasseur, mais encore, femme, enfants ? Tu vis où ? Moi, je suis vers la plage à l’Est, vers la lagune, enfin j’habitais…disons que ma maison a été quelque peu détruite…saloperie de pirates ! » Je suis une pipelette, une fois lancé, j’ai un tantinet du mal à m’arrêter, mais cela, Stuart, je sais plus que bien.
Oui merci. Je doute de pouvoir résumer ça aussi clairement en le formulant mieux. Et le regard que nous échangeons me ramène des années en arrière, à une époque que j’aurais voulu voir durer une éternité mais sur laquelle j’ai dû tirer un trait. Par lâcheté. Pourtant, révolu ou pas, ce passé est toujours là, ancré quelque part. Preuve en est l’absence totale d’hésitation tout à l’heure, quand nous nous trouvions sans la moindre concertation pour venir à bout des cinq loosers imbibés d’alcool qui nous étaient tombés dessus. Pas plus d’hésitation quand il me tend la main en se vantant d’être fière de m’avoir entrainé là-dedans. Mais s’il semble emballé par ce constat, par le manque d’impact qu’a eu le temps sur notre amitié, moi c’est la boule au ventre et la gorge serrée que je face à ce constat. Honte, colère, chagrin, le tout en un mélange étrange qui me noue l’estomac. Tout ceci lève le voile sur une vérité que je refusais de voir jusqu’ici. J’ai perdu une sœur certes, mais combien de frères ai-je abandonné, plutôt que de me tourner vers eux pour surmonter tout ça ?
Allons, chasser ces choses de mon esprit, et vite, il est hors de question de lui montrer ce que nos retrouvailles m’inspire, pas cette facette ci en tout cas. Et profitant de la bassine et du linge, je nettoie au mieux la coupure sur mon bras. J’avais raison, ce n’est rien. Ce n’est rien mais il me faut un sujet, n’importe quoi, mais quelque chose de plus joyeux. « Elle est jolie. » Phrase dénuée de tous sens ainsi lâchée en vrac, aussi je précise ma pensée. « La femme qui semblait te houspiller à l’instant. Elle et toi… tu l’as épousée ? Tu comptes le faire ? » Un bref instant je crains que tout ceci ne passe pour une curiosité particulièrement déplacée, mais il me rassure bien vite en ricanant avant de répondre. Pas marié hein... un point commun entre nous… quoi que… tandis qu’il se lève, je réfléchis à la fin de sa phrase. S’offrir un peu de chaleur… Par tous les … et ces les joues empourprées de rouge que je le fixe d’un air ahuri lorsqu’il revient à la table.
Chance pour moi, il s’imagine que ce sont les victuailles qu’il apporte qui me surprennent ainsi. Et comme il se sert, je m’empresse de l’imiter. Noyer le poisson, sans aucun mauvais jeu d’esprit. « Je ne compte pas piller les réserves de ton.. amie, mais j’admets que je n’aurais rien contre grignoter un morceau. » Pain, fromage, quelque grains du raisin qu’il a ramené. Ainsi j’ai la bouche pleine lorsqu’il reprend. Erreur dramatique s’il en est. Quand il évoque la possibilité que je puisse, moi, avoir femme et enfant, j’en avale de travers, toussant, recrachant à moitié, manquant de m’étouffer tout à fait. Et c’est en me tapant du poing sur la poitrine pour essayer de ne pas mourir tout à fait, que je fini par me précipiter le premier verre venu pour faire passer ma crise. Ecarlate de nouveau, je me décide ensuite à répondre. « Et bien.. je vis ici, ailleurs, partout et nul-part. Aucune attache, je change de territoire en fonction de ce que j’ai sur ma liste de chasse. Quant aux femmes…. » Je fixe mes doigts un instant, traçant de petits cercles sur la table. « C’est pas vraiment mon passe-temps préféré. Pas que je sois plus… enfin… non c’est juste… j’ai jamais eu l’occasion d’y réfléchir… enfin… » Bordel.. plus je parle, plus je m’enfonce. C’est pourtant simple à dire : j’ai jamais pris le temps de m’y intéresser. Voila, phrase simple et claire. « J’ai pas le temps. »
Erim Moorehead
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ζ Localisation : A Blindman's Bluff dans une belle maison près de celle du Gouverneur
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ζ Statut : Marié à la plus délicieuse des vendeuses de Rhum de Blindman
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Alors que je débute la pitance, je vois Ginger s’étouffer après ma question. Le pauvre, il passe du teint pâle à celui d’un Peau-Rouge en moins de deux et j’hésite à l’aider, avant de lui servir rapidement un verre qu’il saisit rapidement. J’en étais presque à arrêter moi-même de respirer pour le principe de la solidarité. Son poing se pose sur sa poitrine qui doit être douloureuse et je mire mon ami, les yeux larmoyants de cet étouffement. Suspendu encore plus à sa réponse, je souris lorsqu’il reprend contenance pour finir sa phrase inachevée. Stuart : Et bien…je vis ici, ailleurs, partout et nulle part. Aucune attache, je change de territoire en fonction de ce que j’ai sur ma liste de chasse. Quant aux femmes….
Si au début, je pensais à une simple fausse manœuvre de sa part pour la nourriture, son hésitation me fait douter. Je connais mon ami, enfin, je le connaissais et pourtant en l’observant, je suis certain d’une chose, cette conversation est dérangeante, cela ne fait aucun doute. Stuart : C’est pas vraiment mon passe-temps préféré. Pas que je sois plus… enfin… non c’est juste… j’ai jamais eu l’occasion d’y réfléchir… enfin…J’ai pas le temps.
Je suis perplexe, le sujet des femmes le fait sourire comme une jouvencelle, mais…enfin, il est parti bien avant moi de l’arbre et je veux dire, ce ne sont pas les femmes qui manquent sur l’île. Il est beau garçon, bien que je sois mauvais juge. Mais…se pourrait-il ? Non…un rictus amusé s’affiche pendant que je cogite à ce qu’il vient de se passer. Je le vois, il s’occupe maintenant plus de la table et sa nervosité est palpable. Si je le connais aussi bien qu’avant, alors je mettrai ma main à couper qu’il n’a jamais été réchauffé par une femme. « Tu n’as pas le temps, c’est louable et loin de moi, l’idée de penser que tu aurais pu favoriser les hommes. Mais arrête-moi, si je me trompe, ami… » Je bois une gorgée de bière avant de poser le verre lourdement sur la table, fixant son visage rosi, j’ai tellement envie de rire. « Tu n’as jamais été avec une femme, c’est ça ? » Son regard se pose sur moi, comme si j’avais pété en pleine assemblée, pourtant mon ton n'était pas moqueur ou injurieux, seulement curieux. Alors, c’est bien ça. Ses yeux parlent pour lui, même sans réponse de sa part, je tiens la vérité. « Non, ne réponds pas…après tout, tu es libre, mais tu te prives à mon sens d’un plaisir bien agréable. Après tout, nous ne sommes plus des enfants… » Je me penche un peu vers lui, comme pour lui poser une question que personne ne devait entendre, pas même les murs de la masure. « Tu n’en as pas envie, des besoins… ? » Je suis bavard et je n’ai absolument aucun tabou sur ce sujet, comme pas mal de sujets d’ailleurs.