Les mers du nord étaient parmi les plus redoutés de toute leur archipels. Pourquoi ? La faute à des rumeurs noires, des histoires racontés par des pirates dans le recoin d’une taverne, aux marins trop imbibés d'alcool qui perdait la raison au bout de leur énième voyage sur les flots... Et avec le temps, ces mers sombres et tumultueuse avaient bien finir par mériter leur sombre réputation. Enlèvement, meurtre, pillages... Pour un triton c'était différent. Tout s'observait de sous les flots. Tout se voyait depuis en bas. Ils savaient qu'ils ne risqué rien, tant qu'ils restaient à une profondeur raisonnable. I le savait, il ne faisait pas bon vivre pour un triton hors de l'eau, sur le territoire de Barbe Noire. Et si Aeden Blackwood se trouvait là en cet instant précis, c'est qu'il y cherchait une perle rare. Pas au sens poétique du terme, où l'on aurait pu penser à une demoiselle en détresse attendant son prince, non, une vraie perle. Pour ses bijoux royaux. Trois soirées entière qu'il avait commencé, et il lui manquait cette pièce afin de poursuivre son chef-d'oeuvre. La mer était sombre aujourd'hui. S'il avait choisis d'y aller le soir, c'était pour mieux repéré la perle dont il était question, puisque sa couleur nacré ne ressortait d'une fois les rayon de la lune posés sur elle. L'eau était plus froid que d'habitude, il devait venter à la surface. Parfois il était vraiment heureux d'être né avec une queue de poisson à la place des jambes. Les humains devaient essuyer les vents et les tempêtes alors que lui subissait tout ça au fond de l'océan, mais planqué, à l'abri de tout.
Et soudain, un bruit de plongeon. Avec le temps, on apprenait à reconnaître les divers bruits marins. Ceux d'un noyé qui suffoquait, ceux des enfants qui pataugeait en bords de mer, ceux d'un corps heurtant le sol sableux et celui entre autre, d'un corps qui tombait ou sautait dans les flots. Et c'était le cas ici. Ses sens étaient en alerte et en quelques coups de nageoire il s'approcha de la source sonore. Un corps sombrait, inconscient, dans la noirceur des eaux baignées d'une étrange lueur lunaire. Et les tritons étaient réputés comme des être curieux, il obéit à la règle en s'approchant un peu plus. De longs cheveux sombre flottait au dessus d'un visage comme endormi et... Une queue de sirène. Une sirène qui sombrait. Ça, ce n'était pas normal. Il s’élança pour l'attraper et l'entraîner un peu plus loin des côtes, jusqu'à trouver un rocher qui trouver son sommet hors des eaux. Il lui écarta les cheveux du visage, les mains légèrement tremblante. Quelque chose n'allait pas... Du sang, il avait du sang sur les mains. Et ce fut alors qu'il découvrit son visage impassible, les yeux clos et les lèvres pincées.
elle sombrait dans des eaux trop sombres pour elle.
Naïla s'était retirée dans la forêt des Esprits pour la journée, histoire de chasser. En ce lieu, elle doutait croiser des pirates. Il s'agissait surtout d'un lieu de paix entre les deux camps d'indiens. Mingan lui avait appris les secrets de cette forêt et c'était ici qu'avait eu lieu ses premières parties de chasse. Rien de bien exceptionnel contrairement à ses capacités d'aujourd'hui. Elle était bien plus agile et adroite avec un arc ou même sur ses deux pieds. L'avantage de rester sur l'île de Neverland. Mais apparemment, il restait quelques secrets inavoués de la part de son meilleur ami. Ou plutôt quelques dangers qu'il ne lui avait pas dit.
Adossée contre un immense chêne, elle lisait un des livres qu'elle avait acheté sur le marché en échange d'un de ses lièvres. Il était passionnant, mais moins qu'un adorable animal qui vint l'interrompre dans sa lecture. Rangeant son acquisition dans son sac qu'elle porta sur ses épaules, elle s'approcha de l'animal en lançant un "bonjour, toi". Elle n'avait jamais vu créature pareille. Mais ce dernier sauta sur son bras et commença à la mordre et lui lacérer la peau à l'aide de ses petites dents. Naïla poussa un cri et lança littéralement la bête à plusieurs mètres d'elle, mais il ne lui fallut que deux misérables bondissements pour l'atteindre de nouveau, faisant basculer la belle au sol. Elle hurla de douleur alors que le sang ruisselait le long de ses bras et au niveau de sa joue. Attrapant une de ses flèches, elle l'enfonça dans l'animal avant de courir pour lui échapper. Mais son manque de réflexion eut raison d'elle, car elle ne remarqua pas la fin de la falaise, bien trop occupée à regarder à ses arrières. La jeune femme roula dans une descente de plusieurs mètres arrivant sur un petit rebord au dessus de l'eau. Le sol ensablé était à une dizaine de mètres en dessous d'elle. La belle lança son sac sur la plage pour le récupérer un peu plus tard. Elle n'avait pas le choix, il fallait sauter dans l'eau. Mais sa faiblesse l'acheva totalement. Penchant au dessus du vide, elle perdit connaissance, entrainant son corps dans une chute périlleuse vers le fin fond des Océans.
La jolie brune resta dans les vapes un bon moment. Elle ne sut dire ce qu'il s'était passé et n'avait même pas connaissance du sauvetage qu'Aeden venait d'effectuer. Elle avait perdu bien trop de sang, ce qui fut sans doute la raison de son malaise. Mais alors que l'homme l'avait ramené le long de la plage, sa respiration commença à devenir bruyante et inquiétante. Elle n'arrivait plus à prendre d'inspiration. Son esprit semblait totalement déconnecté de la réalité. Des néants dans lesquels elle était plongée dans son inconscient, elle n'avait même pas connaissance qu'elle était en train de perdre la vie et qu'il fallait qu'elle se bouge pour se réveiller. Naïla semblait perdu dans les ténèbres, ou peut-être dans une sorte de rêve, qui l'empêchaient de reprendre conscience face à la réalité qui l'entourait.
Son visage, il pouvait le reconnaître entre mille. Comment cela aurait-il pu en être autrement ? Après tout ce qu'il avait traversé ? Car oui, c'était bien elle, sa délicieuse fiancée qui semblait dormir dans ses bras à présent. La vérité était tout autre, elle était gravement blessé, inconsciente. Laissa la sur ce rocher Aeden.... Pense à ce qu'elle t'a fait en te retrouvant en train de mourir chez toi cette nuit là... Les voix se bousculaient dans sa tête et le jeune homme peinait à se concentrer. Les vagues frappait son dos et les deux corps semblait un peu plus ballotté à chaque secondes par la mer qui avait décidé de ce déchaîné cette nuit là. Tu vas le regretter si tu l'aide... Le regretter ? Oui, sûrement. S'il avait la rancœur tenace, il n'avait pour autant pas près à la laisser ici, à la merci des vagues et des pirates. Car il savait ce que faisait ces hommes aux gens de son espèce. Alors il la prit dans ses bras et l'entraîna dans les profondeur. Vers leur maison.
Ce fut discrètement qu'il entra chez lui. Cela faisait belle lurette qu'il avait quitté le domicile parentale et de soirées comme celle-ci, il s'en félicitait plutôt pas mal. Il l'installa sur son lit et farfouilla dans ses tiroirs en quête d'une quelconque aide. En vain. Il n'avait pas de quoi a guérir ici. À moins que... Après de longues minutes il fini par mettre la main sur ce qu'il cherchait. Ses plus proches voisins (sa maison était volontairement un peu éloigné du reste, il aimait sa tranquillité) allaient finir par se demander ce qu'il trafiquait. Il appliqua sa mixture sur ses plaies. L'avantage avec l'eau de mer, était quelle nettoyait déjà bien leur peau d'être marin. Le tout était de la faire guérir et cicatriser maintenant... Et... Il attendit. Combien de temps il ne saurait le dire, mais longtemps. Il resta à son chevet pour ne pas manquer son réveil. Il se surpris quelques dizaine de fois à la regarder de A à Z, comme si c'était la première fois qu'il posait son regard sur elle. Tu déconnes Aeden, arrête tout de suite... Il secoua la tête et s'installa à son petit bureau ou traînant une multitudes de babioles inachevées.
« Aeden ! »
C'était la voix de ces parents. Il sursauta et rapidement répondit à leur appel, les saluant en personne. Ils ne devaient pas rentrer. Ni la voir.
« Nous te cherchions hier soir ! » « Oh hé bien je... J'étais partis en quête de perle. » « Certains t'ont aperçu rentrer aussi, tu étais accompagné d'après eux... » « Oh hé... hum. » « Tu peux nous le dire, nous sommes tes parents ! » « C'est un poil gênant ! Ils ont du se tromper hein ? Aller, je viendrais vous voir ce soir ! Je suis vraiment très occupé ces jours-ci... » « Aeden ! »
Il leur ferma la porte au nez en soupirant. Vite, qu'elle se réveille et parte de là avant que tous le monde se fasse des idées.
elle sombrait dans des eaux trop sombres pour elle.
Naïla fut comme plongée dans un monde parallèle. Elle avait l'impression de rêver, d'halluciner et elle ne sut dire si cela était dû à un profond sommeil ou à la fine lisière où elle se trouvait entre la vie et la mort. Quoi qu'il en soit, elle était totalement ailleurs le temps de plusieurs heures.
La jolie sirène se trouvait sous les Océans, face à ce qu'était sa vie, ou plutôt ce qu'elle aurait pu être. La voilà ornait de bijoux, une sorte de voile fait avec des coquillages. Elle était élégante, elle était à son mariage. Elle nageait vers le lieu de réception où se trouvait Aeden, son promis et son époux d'ici peu. Mais avant qu'elle nage les quelques mètres qu'il lui restait, quelqu'un la retint par le bras, mais pas n'importe qui. Emma. Son ancienne et défunte meilleure amie.
« Emma ? Tu... Tu es vivante ? Comment ? Qu... - Je n'ai jamais été morte, qu'est-ce que tu racontes ? - Mais... Les pirates ? Et Aeden ? Il s'est fait poignardé ! - Non, Naïla. Tu dois halluciner. Aujourd'hui c'est ton mariage. Tu vas épouser un époux que t'ont assigné tes parents et que tu aimes. Pourquoi tu fuis ce moment ? Pourquoi tu essaies sans cesse de fuir ce que tu redoutes ? L'amitié, l'amour, le désir... Acceptes de ressentir cela. Ce sera la seule manière pour toi d'être heureuse. - Mais, tu es morte, je le sais. Et Aeden veut ma mort. - Pourtant, il t'a sauvé ! - Qu'est-ce que tu racontes, Emma ? Il ne m'a... - Réveilles toi et constates par toi même, Naïla. Tu es ma meilleure amie. Et même si ma présence n'est plus de rigueur, je suis toujours là, dans ton coeur. Cesses d'avoir peur. Trouves cette force qui te nourrit au plus profond de toi et acceptes les épreuves qui s'offrent à toi afin de découvrir de nouvelles choses, de nouvelles expériences. Autorises-toi à être heureuse, promets-toi le bonheur. - Mais si je ne le mérite pas avec tout ça ? - Cesses de réfléchir et réveilles-toi Naïla. »
Une voix lointaine résonna en écho ses trois derniers mots. Naïla se redressa en sursaut, prenant une grande inspiration, une inspiration comme une personne pouvait prendre quelques secondes après que son coeur se soit arrêtée, une respiration profonde d'un revenant. Elle se mit soudain à paniquer, à s'agiter de tous les sens là où elle était allongée. Où était-elle ? Son visage reflétait la panique, avant qu'elle croise les yeux noisettes d'Aeden.
Soudain, les paroles de l'Emma-imaginaire lui revinrent en mémoire. Il l'avait sauvé. Elle tenta de se redresser, mais la douleur la fit se stopper d'un râlement de douleur. Elle avait un mal au crâne terrible. Ne quittant pas une seconde Aeden du regard, elle se mit à parler au bout d'un petit moment.
« Pourquoi ? »
Pas besoin de développer. Il savait ce que ces paroles signifiées. Pourquoi l'avait-il sauvé après tous les terribles sorts qu'elle lui avait réservé ? Elle était perplexe, mais apaisée à la fois. Comme-ci elle se sentait en sécurité ici. Bien qu'elle ne l'avouerait jamais.
Pourquoi. La question de la jeune sirène resta en suspend quelques secondes, le temps qu'Aeden Blackwood chercher, fouille dans sa tête afin de trouver les arguments, du siècle. Parce que oui, pourquoi l'avait-il sauvé ? Par pitié pour un membre de son espèce qui aurait sans doute fini entre les mailles d'un filet de pirate mal attentionné ? Parce qu'il n'aimait pas tant que ça voir les gens souffrir au fond ? Ou parce que c'était elle ? La dernière possibilité était la plus saugrenue que toute, quand on savait que la jeune sirène l'avait déjà laissé pour mort, ici même, dans cette même pièce. D'ailleurs,rien que d'y repenser des images étouffantes et insupportables lui revenaient en tête, il préférait les chasser. Il croisa les bras dans son torse, donnant l'air de savoir parfaitement ce qu'il faisait. La vérité était tout autre, il se demandait vraiment ce qui lui été passé par la tête. Bon sang, Aeden le chevalier chevaleresque. Ce n'était pas vraiment lui ça. En plus pour les beau yeux d'une demoiselle. Fut un temps où son meilleur ami se serait bien fichu de lui. Mais lui comme elle savait que ce temps était révolu.
« Hé bien... A cause des pirates. »
Super Aeden, excellente idée, part donc sur ça.
« On est de la même espèce et il y a toujours eu une certaines entraide entre les tritons et les sirènes, tu vois ? Avoue qu'il serait dommage qu'un pirate mal attentionné ai profité de ta faiblesse pour te remonter dans son bateau. »
Il savait le passé désagréable qu'elle avait eu avec les gens comme eux. Et puis son excuse n'était pas tout à fait fausse. Hormis le fait qu'il s'était étrangement un peu attaché à elle ses derniers temps (et que bon sang, ils avaient été fiancés!) il ne pouvait pas laisser une telle chose se produire.
« Et toi ? » C'était typique, retourner la situation à son avantage... « Une explication pour t'être retrouvé dans cet état ? »
Bon, il en déduisait d'après sa posture et les blessures qu'elle portait sur son corps que non, Naïla n'avait pas du chercher l'affrontement pour une fois, mais qu'il avait du lui tomber dessus sans qu'elle ne voit rien venir. C'était ainsi. Et puis une sirène n'était pas en sécurité sur la terre ferme. Quand elle comprendrait que leur avantage à eux résidait dans la mer et les océans...
« Je veux bien l'avouer, tes blessures m'ont intrigué, ça n'a pas l'air de venir d'un homme. Mais plus d'un animal et c'est bien la première fois que j'en vois de telle sorte. »
Il avait haussé les épaules, faisait quelques pas en rond dans sa chambre. Si des animaux fou furieux se baladaient sur l'île, il voulait être au courant. Pour sa culture personnelle, et sa sécurité, sait-on jamais. D'ailleurs elle garderait des cicatrices. Sans doute légère, car l'eau de mer avait aidé et ses soins rapides aussi. Mais on gardait toujours des traces de nos affrontements, qu'elles soient morales ou physiques. Les deux pouvaient en juger.
elle sombrait dans des eaux trop sombres pour elle.
Naïla n'avait jamais été bien douée pour faire la conversation. C'était une fille compliquée au passé qui la hantait quotidiennement. Ses parents ne lui avaient jamais autorisé à quitter leur lieu de vie. Elle n'avait jamais su pourquoi. Ils lui disaient sans cesse que les Océans étaient bien trop dangereux pour une jeune fille comme elle, à l'époque. Alors au lieu de sortir s'amuser avec des enfants de son âge, elle restait seule, chez elle, sans personne. Sa seule amie fut Emma. Mais aujourd'hui la jolie blonde ne faisait plus parti de ce monde. Tout comme le meilleur de Naïla. Pas étonnant qu'elle ne sache pas faire la conversation quand son passé n'est fait que de solitude et de silence.
« Et tu oses me faire croire que tu souhaites me sauver la vie des mains de ses crétins de pirates ? Je n'y crois pas, Aeden. Pirates ou non, tu préfères me voir morte que vivante. »
Quand l'on disait précédemment qu'elle n'était pas douée pour faire la conversation... Elle n'était pas très douée pour se faire apprécier des autres non plus. La meilleure partie d'elle même semblait coincée au fin fond d'un gouffre, attendant que quelqu'un arrive à traverser toute sa noirceur pour lui tendre la main.
« Ce n'était qu'un fichu animal. » dit-elle d'une voix perdue, observant la pièce dans laquelle elle se trouvait. « Il semble adorable, mais fait des bons de plusieurs mètres et te lacèrent la peau avec ses dents. Je n'ai pas eu le choix que de sauter. »
Son regard continua à parcourir la pièce qui lui semblait étrangement familière. Jusqu'à ce que les souvenirs émergent peu à peu. Le sang s'éparpillant dans l'Océan, quittant l'abdomen d'Aeden qui puisait ses dernières forces. Naïla arriva, paniquait, les larmes aux yeux, mais prenant la fuite. Il l'avait amené dans la pièce de l'un de ses pires pêchés. Là où elle avait abandonné son prochain au lieu de lui venir en aide. Son sang se figea en comprenant tout ça.
« Il faut que j'y aille. Merci de m'avoir soigné. »
Elle parla d'une voix rapide, tentant de se redresser. Malheureusement, un gémissement de douleur quitta le seuil de ses lèvres et elle se relaissa tomber là où elle était allongée, à bout de force. Elle avait atrocement mal au bas du dos. Sans doute à cause de sa chute. Mais restait ici la blesser encore plus. Parce qu'ici elle se rendait compte du commencement. Du jour où elle avait commencé à devenir un monstre, la pire version possible d'elle-même. Le jour où tout le positif de sa vie s'était envolé.
Elle s'obstinait à vouloir croire qu'il la voulait morte plut^t qu'en vie. Le fait été qu'il n'avait pas encore basculé du mauvais côté et qu'il n'était pas devenue tueur à plein temps. Alors oui, elle l’agaçait, elle l’exaspérait au plus haut point mais de là à vouloir la voir reposer au fond des eaux, complètement morte... Certes, il y avait songé, quelques fois. Mais il n'avait fait qu'y penser. Et aussi la fois où ils avaient chuté du rocher. Mais sans jamais passer à l'acte parce que, qu'il le voulait au non, il ne pouvait pas être aussi mauvais, il n'y arrivait pas. Il était plein de rancœur, ronchon, mais pas mauvais de la sorte. Un animal disait-elle. Il ne pouvait que la croire, faute de preuve alors il haussa les épaules. Elle voulu partir, elle se redressa mais ses blessures la rappelèrent à l'ordre presque immédiatement.
« Tu n'est pas encore remise de tes blessures, tu devrais continuer à te reposer. »
Il était conscient que tout cela ne devait pas être simple pour elle. Être là, dans la demeure de celui qu'elle avait laissé mourir au fond des flots quelques mois plus tôt. Et à l'endroit précis ou leur vie avait basculé, à tous les deux qu'ils le veuille ou non.
« Je n'ai pas d'autre chambres... » murmura t-il comme pour expliquer le fait qu'il ne pouvait pas l'allonger ailleurs. « Je vais te laisser quelques minutes, je repasserais de temps à autres voir où cela en est. »
Il se prenait presque de pitié pour elle. Elle était dans un sale état la faute à une bête en apparence douce et gentille qui n'avait pour seul but de lacérer les gens qu'elle croisait. Il se força à ne pas faire de rapprochement entre l'animal et Naïla, même si la chose était tentante : la jeune femme était de toute beauté pour une créature des mers, mais à s'en approcher trop près, on finissait par se blesser, à se brûler les ailes comme disaient les hommes. Il resta là longtemps, devant son établie, devant ses bijoux en cours de créations à penser. À tout et à rien. Et à elle qui sommeillait ou luttait contre la douleur dans sa chambre. Il était peut-être temps d'aller voir si tout allait bien. Il la trouva les paupières pas entièrement closes.
« Tu veux manger quelque chose ? »
La politesse avant tout et même s'il n'avait pas grand chose dans son garde manger il se voyait mal la laisser là, sans aucune force.
elle sombrait dans des eaux trop sombres pour elle.
Naïla ne prit même pas la peine de répondre à Aeden. Manque de faiblesse, peut-être; ou bien manque de motivation. Peut-être ne savait-elle tout simplement pas quoi lui dire? Se retrouver ici faisait resurgir en elle tout un tas de sentiments qu'elle pensait enfoui à tout jamais. La peur, la faiblesse, l'incertitude.... Oui, elle haïssait cet endroit. Oh, ça oui ! Et c'est en cogitant ainsi dans ses pensées qu'elle ne remarqua même pas le départ d'Aeden. Son regard était perdu sur le lieu de l'homicide depuis... depuis quand déjà ? Elle l'ignorait totalement. Tout ce qui se passa, ce fut que ses paupières se refermèrent par elles-même, petit à petit, sans que Naïla ne puisse lutter contre le sommeil qui l'attirait. C'était comme une tentation. Elle ne put y résister. Elle n'avait jamais été très douée pour ça de toute manière. Il existait toute type de tentation, mais pour le moment, elle n'était tombée que dans les mauvaises: tuer des pirates, rester seule, avoir beaucoup trop d'alcool dans les veines, vivre des aventures insensées... Mais elle ne put énumérer plus d'exemples. La voilà tombée dans les bras de la douce Morphée.
Elle fut durant un moment dans ce monde parallèle que l'on appelait "rêve". Mais comme bien souvent, la voilà piégeait dans un monde cauchemardesque. Ces cauchemars lui arrivaient assez régulièrement, particulièrement depuis le retour d'Aeden dans sa vie. A croire qu'il avait réveillé plus d'un démon au fin fond d'elle. Quoi qu'il en soit, dans ce monde parallèle, elle était à son mariage, le mariage qui aurait dû avoir lieu avant la tentative d'assassinat d'Aeden. Naïla était ornée d'une magnifique couronne de coquillages qui se trouvaient ici et là dans sa longue chevelure brune. Elle était préparée pour l'occasion. S'avançant vers son futur mari, un sourire aux lèvres échangé, ils s'apprêtaient à échanger leurs voeux, quand du sang quitta l'abdomen de son promis. « Qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle paniquée. « C'est de ta faute. » lança Aeden, alors qu'elle détourna son regard vers sa meilleure amie, Emma, encore en vie, qui elle venait de recevoir un coup d'épée dans son corps, lançant un "tu es la seule coupable" avant de tomber inerte contre le sable. « Je n'ai rien fais. Je vous en prie, réveillez-vous ! » supplia-t-elle. Mais rien ne se passa. Elle hurla dans ce chaos.
Puis, elle se redressa en sursaut, obligée de se rallonger à cause de la douleur. Entrouvrant les yeux, elle tenta de reprendre une respiration un peu plus calme. Elle mit quelques secondes avant de remarquer Aeden qui se tenait à l'entrée de la pièce. Et comme bien souvent son meilleur ami, Mingan, lui avait fait remarqué, elle était persuadée d'avoir bougé de manière assez violente et parlé dans son sommeil. Peut-être même pousser des petits cris. Elle observa Aeden en silence. Qu'avait-il bien pu entendre ? Ne sachant pas si il comptait le lui dire, elle décida de faire comme-ci de rien ne s'était produit et de répondre à sa question. Une petite prière en espérant que ce rêve ne soit que entre ses mains et non pas dans la conscience d'un homme qu'elle avait longtemps détesté. Et qui devait être réciproque et toujours d'actualité pour lui.
« Ca ira, je n'ai pas faim. »mentit-elle, espérant partir d'ici le plus vite possible, afin d'échapper à ses démons.
« Aiden, c'est marrant d'avoir des jambes, non ? » Il avait levé les yeux vers son ami, qui souriant autant qu'il le pouvait. Leur visage était baigné de lumière et les deux petits tritons se laissaient dorer au soleil. Rester là, assis sur des roches fouettés par les vagues en pleine mer... ça, c'était reposant. Amon lui envoyé un peu d'eau salé à la figure, le faisant sortir de sa rêverie. « Ouais, très marrant ! » Et il regarda ses jambes, nues et terriblement pâle. C'était marrant. Dès qu'elle sortaient de l'eau, sa queue disparaissait. Amon le faisait bien plus souvent que lui. Des deux, il était celui qui avait le moins peur d'aller faire l'andouille sur les plages. Mais pas Aiden. Il avait dix ans, et la terre ferme le terrifiait. Elle n'était pas faite pour les gens de son espèce. Alors ils étaient là, au milieu de l'eau, mais au sec quand même. Jusqu'à qu'Amon le pousse dans l'eau. « Je t'ai eu, écrevisse cramoisie ! » Il éclata de rire, ce rire si enfant et innocent. C'était peut-être pour ça qu'il le voyait comme un frère. Lui, un peu bougon et râleur et Amon, rieur et toujours à le pousser à faire des bêtises, à rire... « Aller remonte la crevette ! Tu veux de l'aide peut-être ? » « Rêve... » Il lui tira la langue et se hissa avec ses frêles bras d'enfant triton à la surface, lui recrachant une gorgée d'eau salée à la figure. « Eurk, t'es dégeu Aiden ! »
~ ~ ~
Ce fut la voix de son ex fiancé qui le ramena sur terre. Ah, et son regard qui faisait peur aussi. Hé bien oui, elle était flippante quand elle s'y mettait, et il plaignait sérieusement le pauvre homme qui allait passer sa vie avec elle. Quelque part, il avait échappé belle.
« Tu parlais dans ton sommeil. Des cauchemars de pirates ? » la taquina t-il.
Plus sérieusement, il envisageait bien qu'une telle chose soit possible, après tout ce qu'ils avaient fais à sa meilleure amie, jusqu'à la tueur, elle devait revoir et revivre ces instants atroces assez souvent.
« D'accord, mais fais moi signe si ton ventre venait à te rappeler à l'ordre, je n'ai pas envie de voir mourir de faim chez moi. »
Ni mourir tout court d'ailleurs, si elle pouvait lui éviter ces quelques désagrément et l'horreur que cela occasionnerait chez lui...
« Tu sais je croise souvent tes parents. Qui me demandent où tu es, si j'ai des nouvelles. Si mentir ne me dérange pas plus que ça je... Je crois que ta visite les soulagerait d'un poids immense. »
elle sombrait dans des eaux trop sombres pour elle.
Naïla n'avait aucune envie de rester ici. Sur Terre, elle avait commencé à croire qu'une rédemption était possible pour elle. Elle commençait même à faire des rêves. Des vrais. Pas ces satanés cauchemars qui l'avaient suivi toutes ses années. Elle avait commencé à être heureuse. Véritablement heureuse. Même si la solitude la guidait toujours. Et voilà qu'Aeden avait décidé de revenir d'entre les morts, gâchant le calme et la paix qu'elle avait enfin réussi à trouver après tant de haine et de peur. Il avait gâché tout ce qu'elle avait entrepris ces derniers temps. Elle le blâmait pour ça. Pas pour qu'il soit en vie, non ! Mais pour qu'il fasse son possible à la ramener au fin fond des Océans là où, disait-il, était "sa place". Mais elle n'en avait pas envie. Elle n'avait pas envie d'être entouré de tous ces gens qui la jugeront pour sa fuite. Qui la jugeront d'avoir trouvé la rédemption sur l'île et pas parmi "son peuple". Elle avait trouvé une nouvelle identité là-haut. Revenir ici la faisait redevenir... une coquille vide ! C'était le mot. Naïla se sentait comme après la mort de sa meilleure amie; la vie était vide de sens et dénouée d'intérêt. Elle détestait cette sensation. Elle voulait sentir l'air, le vent parcourir sa chevelure, ses jambes gambadaient en forêt. Etait-ce si terrible pour une sirène qui avait laissé sa vie, ici ? Etait-elle "normale" ? Que pouvait bien signifier ce mot à présent, après tout ça ?
L'entendant arriver et la taquiner sur le cauchemar qu'elle venait de faire, la jeune femme fronça les sourcils. Se fichait-il d'elle ? Elle n'avait aucune envie de rigoler. Pas avec lui, pas sur ces cauchemars qui la bouffaient de l'intérieur. Son visage était fermé, comme toujours. Avait-elle déjà rigolé avec lui, après tout ? Rares étaient les personnes qui, de toute manière, avaient entendu ce son mélodieux quitter le seuil de ses fines lèvres rosées.
« Ouais. En quelque sorte. » dit-elle d'une voix terriblement neutre, n'exprimant ni joie, ni colère, ni peur... Une voix vide de sentiments. Mais une voix sèche et froide sur les bords. Puis, il exprima le fait qu'il ne voulait pas la voir mourir chez lui. Son sourcil se arqua, laissant son air un peu plus grave de côté, et elle lui répondit. « Ce serait un drôle de paradoxe, si ça arrivait... ici. »
Elle faisait tout naturellement référence à la tentative d'assassinat qui avait été fait sur Aeden, et elle qui n'avait rien fait. Mais même si sa voix avait adopté un ton plus calme, plus posé, presque d'une légèreté étonnante venant d'elle; il arriva sur un sujet fâcheux: ses parents. Comme ça, elle leur manquait ou tentait-il tout simplement de la pousser à rester un peu plus au fin fond des Océans?
« Mes parents n'ont jamais rien fait pour m'aider. Quand j'étais au plus bas, ils m'ont simplement fiancé à toi en espérant que je ferai comme toutes ses filles heureuses d'avoir trouvé un "prince charmant". Mais ce n'est pas le cas. Et ils n'ont jamais tenté de m'aider, en quoi que ce soit. Donc, ils veulent me voir, bien: j'irai les voir. Mais ne comptes pas sur eux pour tenter de me pousser à rester, ici. L'île est ma maison, désormais. Et même si tu t'entêtes à penser que ce n'est pas fait pour nous, tu n'as jamais réellement chercher à voir la vie là-haut. Tu l'as seulement jugé à un loup enragé, des plantes hallucinogènes et un singe qui t'a volé tes vêtements, sans même tenter de voir la beauté qu'il y règne. » lâcha-t-elle d'une traite, révoltée contre l'idée de revoir sa vie d'avant.