Cela faisait à présent une semaine. Une semaine après ses retrouvailles terribles avec sa fiancée, Naïla. Des retrouvailles qui bien sûr qui étaient restées en travers de la gorge. Il n'avait pas exactement eut les réponses ni les réactions aux quels ils 'attendait en mettant les pieds sur terre et c'était... frustrant. Il avait l'impression de continuer à stagner, comme depuis des mois et il avait horreur de ça. Depuis, il avait sauvé un hommes des flots, rencontrés un de ses amis... Il s'en était passé des choses en seulement une semaine. Top d'ailleurs pour son petit quotidien si bien rangé.

« Je sais pas pourquoi tu te donne cette peine mon pauvre gars, je ne sais vraiment pas pourquoi... »

Voilà qu'il parlait tout seul à présent. Il avait la tête en dehors des eaux chaudes dans lesquels il baignait depuis toujours. En vue, les bois de la lagune qui bordait la petite plage. Il y avait pas de sable, les arbres côtoyaient les flots directement et il avait toujours trouvé que cet endroit avait son petit charme bien à lui.

« Et puis, tu vas pas réussir à la remettre la main dessus, tu vas encore erreur des heuuuures... » murmura t-il.

Tant pis. Il ne pouvait plus dormir le soir. À cause d'elle. Elle lui pourrissait la vie, même à distance. D'un certains de point de vue, c'était un don que peu de gens pouvaient se vanter d'avoir. Il nagea rapidement jusqu'à la lisière des bois. Il avait prévu un pantalon de toile foncé et une chemise, qu'il déposa sur le bord avant de se hisser hors de l'eau. Toujours prendre ses précaution quand on était un triton ou une sirène au risque de passer pour un nudiste. Avec difficulté, car son poignée lui faisait toujours un peu mal, il se hissa sur la terre ferme et regarda ses jambes apparaître sous ses yeux. Il avait toujours eu horreur de ça. Alors d'accord, il n'avait jamais aimé la couleur de sa queue qui, d'après lui, ne lui correspondait pas. Mais une paire de jambe... Non, ce n'était pas lui ça. Sauf qu'aujourd'hui, sa chance avait visiblement tourné, il enfila sa chemise prestement et avant même qu'il ait pou poser sa main sur son pantalon, ce dernier s'envola. Littéralement. Dans... Les mains d'un primate qui visiblement avait trouvé très drôle de jouer un tour au premier triton venu.

« Oh c'est pas vrai... Rend moi ça toi... »

Il pouvait toujours rêvé, assit sur sa branche l'animal semblait le dévisager, l'air de dire « ben alors, qu'est ce que tu fais les jambes toujours dans l'eau? » et attendre qu'il se bouge pour récupérer ses vêtements. Il eut beau faire de grands gestes, en vain. Il poussa un soupire, lâcha une énième insulte à l'encontre du singe et ôta sa chemise. On était jamais trop prudent, il préférait couvrir le bas. Il avait l'air d'un parfait crétin, il le savait. Quémander ses habits à un singe.

« Aller, soit sympa... »

Et comme pour répondre à la prière du pauvre triton qui se trémoussait nu sous son arbre, le signe lui envoya son linge à la figure. Avec aucune délicatesse. Poussant un soupire de soulagement, il enfila rapidement ses habits et.... Crac. Quelque approchait. Et avec un sursaut il tomba à la renverse. Oh bon sang. Il espérait juste que le ou la nouvelle venue ne l'ait pas vue faire tout son cirque avec le singe. Au pire des cas, il n'avait qu'à plonger la tête la première dans les flots qui n'étaient qu'à quelques mètres de lui.

Les jours passaient et se ressemblaient. Mais Naïla était heureuse. Elle n'avait vu aucun pirate depuis des jours. Ce qui signifiait qu'ils avaient sans doute stopper la recherche de la jeune femme en ayant plus de nouvelles d'elle. Un avenir se dessinait. Elle avait une chance de vivre et de refaire les choses bien. Mais une nouvelle question se posait : allait-elle la saisir ou refaire les mêmes erreurs que dans son passé en se remettant à tuer les pirates ?

Ce jour-là, la jeune femme se baladait dans la forêt du Lagune. Elle n'y avait jamais été avant. A vrai dire, elle ne connaissait que très peu cette partie de l'île. Elle était le plus souvent dans la partie ouest, sud ou centre. Jamais dans l'est. Pourtant, cette forêt respirait l'harmonie et le bien-être. Elle semblait bien trop calme pour être vrai avec ses grands et majestueux arbres.

Naïla était ce jour-là vêtue d'une robe bleue océan dont les courbes lors de sa démarche dessinées des vagues imaginaires, le haut étant un bustier. Elle ne portait que rarement des tenues féminines pour les simples et bonnes raisons que : elle chassait, elle n'était pas à l'aise dedans, elle n'avait que très peu d'argent. La plupart de ses tenues était des prêts amicaux, notamment de Mingan.

Ah, Mingan ! Qu'aurait-elle fait sans lui ? Il lui avait appris à survivre dans la forêt, à repérer les bonnes baies des moins bonnes. Ou presque. En effet, ce jour-là, Naïla était tombée sur une petite baie noire qui ressemblait tant à des mûres appétissantes et succulentes. La belle céda donc à la tentation d'en goûter une, ou disons plutôt une poignée. Il ne lui fallut que quelques instants pour se rendre compte qu'il s'agissait en vérité de Belladone, une baie hallucinogène. Mais c'était trop tard, elle les avait déjà englouti, mourant de faim.

L'effet fut quasi-immédiat et les premières hallucinations arrivèrent en quelques minutes. Malheureusement, la jeune demoiselle était dans un état second, un état ne lui permettant pas de voir qu'elle n'allait pas bien. Voilà pourquoi l'apparition d'une jolie blonde face à elle ne la titilla pas plus que ça : Emma. Sa meilleure amie décédait en tentant de la sauver elle des mains de pirates.

« Emma ? Tu es en vie? »

Les larmes lui montèrent instantanément aux yeux, alors qu'un immense sourire lui apparut sur les lèvres. Elle la serra fort, fort, fort dans ses petits bras. La voilà imaginant même des sensations inexistantes ! Mais ce fut que de courte durée, car son amie disparut de ses bras pour apparaître plus loin, en compagnie d'un pirate une lame tranchante sous son cou. Il n'attendit pas et lui trancha la gorge, faisant tomber le corps inerte de sa meilleure amie une seconde fois au sol. Naïla en poussa un hurlement. Elle se mit à courir vers le pirate pour le tuer, mais celui-ci disparut sous ses doigts. Mais une voix apparut dans sa tête se mettant à parler, la voix de ce pirate. Les mots étaient tranchants : « c'est de ta faute, Naïla. Ton amie est morte par ta faute, tout est de ta faute. ».

« Non ! » se mit à crier la jeune femme. « Ce n'est pas de ma faute. Elle était ma meilleure amie. »

Elle fut tellement emportée dans l'hallucination qu'elle ne prêta même pas attention à la scène hilarante d'Aeden et du singe, ni même à sa présence en ses lieux. « Tu es une tueuse, Naïla, tu fais du mal à tout ceux qui ont le malheur de croiser ta route. ». C'en était trop ! La jolie brune tomba à genoux sur le sol, les mains plaquées contre son crâne.

« La ferme, tu n'es pas réel. Sors de ma tête ! »

Le jeune femme commençait à avoir les nerfs qui lâchent. Elle détestait ce sentiment de faiblesse, d'impuissance. Voilà un beau portrait : la folle hurlant en entendant des voix imaginaires et l'homme humilié par un simple singe qui lui a piqué ses vêtements. Un scène plutôt comique,,, ou gênante selon le point de vue !

Aeden était prêt à la parier, ils étaient liés d'une manière ou d'une autre. Sinon pourquoi et comment avait-elle su qu'aujourd'hui en ce moment très précis il était de nouveau venu sur la terre ferme pour la chercher ? Car oui, c'était bien elle, sa fiancée terrible qui... était juste là, sous ses yeux. Au départ il pensa directement à filer sous les flots. Il ne pourrait jamais se le pardonner si la jeune femme avait ne serait-ce qu'aperçus la petite scène qu'il venait de jouer avec le primate. Mais, c'était encore tout autre chose. Elle... Elle parlait toute seule. Voilà qui était original. Il termina d'enfiler sa chemise, curieux devant une telle scène. D'un côté, il ne pouvait que se féliciter, elle n'avait pas l'air de lavoir remarqué. Une bonne chose pour lui. Il avait deux choix, se planquer et se moquer d'elle en silence, attendant qu'elle termine son cirque ou bien l'interrompre et lui dire que décidément, il lui manquait une case. Ce fut bien évidement la deuxième option qui l'emporta.

« Hum hum », fit-il en se grattant la gorge.

Ce qui n'eut pas beaucoup d'effet immédiatement. La jeune femme se mit à hurler, quelque chose à propos d'une amie et il se demanda si ne pas filer à l'anglaise n'était tout compte fait pas la meilleure solution à prendre. Si elle délirait vraiment, elle pouvait très bien le prendre pour un ennemi et depuis leur dernière rencontre, il la savait armé. Il n'avait aucune envie de se retrouver la lame sous la gorge. Pas aujourd'hui, non merci. Il la regarda tombé à genoux, les mains plaqué sur la tête, continuant de hurler des choses sans aucun sens. Ce fut plus fort que lui, il soupira, presque navré pour elle elle et se dirigea vers la sirène. De sa voix la plus mesquine (et il en avait tout un panel en stock), il se pencha vers elle et lui murmura :

« Mmh, je pense que si. Regarde, je suis parfaitement là, en chaire et en os. »

D'accord, il se doutait bien que ce n'était pas de lui dont elle parlait. Quoi que. Oui non quoi que non il n'avait aucune envie de faire parti des fantasme étranges de cette femme. Il recula d'un pas, pour sa sécurité, et attendit une quelconque réaction à l'écoute de sa voix. « Et si elle et prend pour son amie imaginaire tu es bien barré après mon pauvre homme... » Il s'était préparé à bondir au cas où, où à lui flanquer un coup si la situation devenait trop périlleuse. Elle avait l'air si pitoyable comme ça. « Tu peux toujours parler... » pensa t-il. « Tu t'es vu tout à l'heure ? A demander à un singe de te rendre tes affaires ? » Certes. Mais c'était différent, de son point de vue. Pendant ce temps le singe semblait s'être calmé, il continuait de rire, stupide primate qu'il était, mais bien au loin, toujours sur sa branche. Qu'il se moque. Un jour Aeden prendrait sa revanche.

Naïla déraillait totalement. Ca lui apprendrait à visiter une partie inconnu de l'île. Elle ignorait où elle avait mis les pieds et en plus de ça elle s'était risquée de se nourrir en territoire inconnu. Inconsciemment elle le savait, elle avait avalé des baies hallucinogènes, mais son comportement était incontrôlable tout de même. La voilà à genoux, au sol, basculant d'avant en arrière en répétant un "laissez-moi". Dans un village "normal" on aurait pensé que c'était une sorcière qui méritait la mort. Comme la Jeanne d'Arc qui avait vécu il y a trois siècles de cela. Son histoire l'avait souvent intrigué. Une légende ou non, les livres étaient toujours intéressants. Elle adorait en lire de toute sorte, mais depuis sa fugue forcée, elle ne pouvait pas se permettre de lire. Elle était constamment sur ses gardes... Constamment sauf actuellement. Naïla nageait en plein délire. Sa garde était baissée. On aurait pu facilement la tuer dans son état.

Puis un corps s'approcha et se pencha vers elle. Au bout de quelques instants, les mains plaquées sur ses oreilles, elle redressa la tête et aperçut Aeden. Ce fut comme-ci rien ne s'était passé. Comme-ci leur dernière rencontre n'avait eu lieu. Et sans même comprendre pourquoi, elle se jeta dans ses bras. Ses mains se rejoignirent autour de sa taille et elle se mit à déposer une rafale de baisers sur sa joue.

« Tu es vivant. Ils ne t'ont pas eu. Je suis si heureuse. »

Elle le serra un peu plus avant de remarquer le primate un peu plus loin. Un primate qu'elle prit comme un pirate. Naïla eut un mouvement de recul et prit le poignet d'Aeden entre ses doigts. Son coeur se remit à battre à mille à l'heure. Il pointait une arme vers eux d'un rictus mauvais. Il semblait si réel ! La jolie brune tourna son visage paniqué vers son ancien promis et mit ses deux mains sur ses joues, parlant à toute vitesse. Tenant depuis le début les baies qu'elle avait cueilli précédemment, elle les lâcha face à ce mouvement.

« On doit partir et vite. Il attends de nous tuer. Il ne faut pas qu'il nous tue, Aeden ! Il faut fuir immédiatement ! »

Elle désigna le primate. Il devait sans doute la prendre pour une folle. Mais elle délirait totalement. Regardant l'animal, elle recula d'un pas et attira Aeden avec elle derrière un arbre. Peu importe ce qu'il pensait, tout cela semblait si réaliste pour elle. Comme-ci ses peurs se réveillaient, sortant de six pieds sous terre.

« Ils l'ont déjà prise. Il va nous tirer dessus si on reste devant lui. C'est ce qui arrive à tout ceux qui croisent ma route. Ils meurent. Pars tant qu'il en est encore temps ! »

Naïla avait toujours été prudente dans ce qu'elle avait mangé, mais le manque de sommeil avait dû la duper. Voilà dans quelle situation elle se trouvait maintenant. Pourtant, la jolie sirène en avait appris énormément sur ses plantes. Elle savait que nombreux avait perdu la vie à cause de cela. Soit leur délire les a poussé au suicide, soit ils ont malencontreusement perdu la vie en tentant de fuir. Certains se sont même noyés. Bien-sûr cela n'arriverait pas à Naïla, bien naturellement. Mais sur la terre ferme, les probabilités de mourir étaient plus élevés. Il fallait qu'elle sorte de cette hallucination et qu'elle trouve un point d'ancrage pour ne pas perdre la tête. Les effets allaient sans doute durer une bonne heure, voire demie-heure si la chance lui souriait.

Il s'attendait à a peu près toutes les réactions possible et inimaginable. A toute, sauf celle-ci, il devait bien l'avouer. Quand elle lui sauta au cou (première surprise) et qu'elle lui colla plus baisers humides sur la joue (il lui faisait tant d'effet que ça?) et qu'elle termina par dire qu'elle... était heureuse de le voir ? C'était la meilleure. Il y a quelques mois elle le laissait pour mort la veille de leur mariage. Dire qu'il allait de surprises en surprises avec elle n'était qu'un doux euphémisme.

« Heu je... »

Trop surpris pour lui lancer une réplique acerbe il ne réussit pas à enchaîner plus de deux mots à la suite. D'accord, là, elle l'avait bien eut. Alors oui, il se doutait bien qu'elle devait nager en plein délire. Peut-être que les indiens lui avait fait fumer une de leur herbes étranges qui ne réussissait qu'à eux ? Ou qu'elle avait été mordu par un animal tordu de cette île ? Ou qu'elle était soul ? Mais son haleine ne laisser rien présager de tel. D'ailleurs en parlant d'haleine, il la trouvait un peu trop collé à lui et avec douceur il tenta de se dégager de son emprise. C'est quand il vit les baie tomber de ses doigts qu'il comprit. Empoisonnement bête et méchant. Il ne connaissait rien à la faune terrestre, là dessus, il n'allait pas pouvoir l'aider.

« Fuir mais heu, quoi ? Que devons nous fuir... »

Non, elle l'avait appelé par son prénom, elle avait donc bien conscience que c'était lui. Mais alors que voulait dire cette attitude ? Il n'eut pas le temps de se poser plus de question, elle avait déjà prise sa main dans la sienne, visiblement persuadé qu'un être terrible voulait les voir morts tous les deux. Elle l'attira derrière un arbre, sembla se calmer quelques secondes et recommença à débiter son histoire à toute allure. Non, elle ne pouvait pas continuer et lui non plus. Elle allait finir par se blesser, ou les blesser tout les deux. Et puis cette manière qu'elle avait de regarder le singe, comme ci ce dernier les menaçait d'une arme quelconque. Pris de panique devant ce grabuge le petit animal descendit à toute allure de son arbre pour disparaître dans la végétation luxuriante de l'île.

« Naïla ! Oh, Naïla ! Calme toi, tu as mangé de mauvaises baies. Tu délire complètement, regarde, c'est moi, Aeden ! Tu te souviens ? Tu me déteste ? Et ce que tu as vu, c' était juste un singe ! »

Il n'en revenait pas de lui rappeler lui même quelle était la nature exact de leur relation. Il l'avait prise par les épaule,s tenter de capter son regard, ou son attention. Il ne savait pas combien de temps elle resterait dans cet état, peut-être que le rappel de la mer l'aiderait à aller mieux ? Son regard dériva vers les flots, non loin de là. Les vagues clapotaient doucement contre la terre.

« Heu je... Viens par là, tu vas aller mieux... »

Il l'attira vers la mer. Avec un peu de chance son élément naturel la radoucirait un peu...

Naïla semblait être dans un monde parallèle à la réalité totalement différente. A ses côtés, Aeden semblait dans une incompréhension totale. Elle avait un mal de crâne terrible en plus de ça. Toujours derrière l'arbre, elle se plaqua contre pour ne pas se faire voir par le pirate, ou plutôt le primate. Ne voyant pas qu'il était parti, qu'elle fut sa surprise en découvrant qu'il n'y avait plus personne ! Là elle paniqua de nouveau en regardant tout autour d'elle.

« Il est où ? Un pirate ne fuit jamais. Il prépare quelque chose, j'en suis sûre ! Il faut partir sinon il nous tuera tous les deux comme ils ont tué, Emma ! »

Aeden ne devait sans doute pas comprendre tout son charabia. Peut-être ne connaissait-il même pas Emma! Elle ne savait même pas qu'elle était la situation de sa défunte meilleure amie sous l'Océan: portée disparue, morte au corps introuvable? Naïla n'avait parlé de cet enlèvement à personne. Elle avait été bien trop détruite quand un pirate avait tranché la gorge de la jolie blonde devant elle. Une partie d'elle était partie. La sirène s'était isolée durant des mois dans sa chambre, ne parlant à personne. Totalement anéantie et refermée sur elle-même. Et c'est là que ses parents ont organisés ses fiançailles avec Aeden, pensant que la solitude la rendait malheureuse. Alors que pour elle, elle n'avait plus le droit au bonheur après cet épisode. Quand elle le retrouva poignardé, ce fut un signe de plus qu'elle ne méritait pas le bonheur. Et voilà où elle en était aujourd'hui.

« Ne dis pas de bêtises ! C'était un pirate venu pour nous tuer ! Je sais reconnaître un humain d'un singe quand même. Et puis pourquoi un primate t'aurait volé tes vêtements ? Ca doit être toi qui a mangé quelque chose de pas frais, mon ami ! » dit-elle comme-ci elle le considérait vraiment comme tel.

Même si Naïla n'était que semi-consciente, elle avait entre-aperçu Aeden rattraper ses vêtements au vol. Elle n'était pas folle tout de même, c'était un pirate ! Pas autre chose. La jeune demoiselle n'était même pas assez consciente pour se moquer des bégaiements d'Aeden. Preuve que tout n'allait pas bien !

Puis, ils marchèrent vers l'Océan et là Naïla eut un mouvement de recul et se stoppa soudainement en regardant l'eau. Comme-ci elle avait soudainement peur d'y rentrer. Son regard se balada entre Aeden et l'immensité de l'océan et elle hocha négativement la tête.

« Non, je ne peux pas y aller...» et puis, comme-ci elle devait trouver une justification bidon pour ne pas y rentrer, elle lança un « Mes vêtements vont disparaître et je n'aurai plus rien à porter en revenant sur l'île ! »

Bien entendu, Naïla s'en fichait de ça. Mais l'Océan la terrifiait. Elle ne s'y rendait que rarement. Elle détestait sa véritable forme liée à toutes ses erreurs du passé ! Ce n'était pas une simple étendue d'eau, selon elle, c'était un véritable Océan de secrets, un passé inavoué qui devait disparaître !

Un pirate, c'était donc ça qu'elle avait imaginé ? Et c'était qui Emma ? Sans doute une de ses anciennes amie. Peut importe, il ne connaissait aucun Emma, l'océan était vaste, et très peuplé. Elle se débattait et plus elle se débattait et plus le jeune triton sentait que la tâche n'allait pas être facile. Comment lui faire entendre raison bon sang ?

« Volé mes... »

Flûte. Elle avait sans doute tout vu. Son teint passa de cramoisie à blême mais il ne se laissa pas démolir pour autant. Garder la tête haut, quoi qu'il en coûte. Et puis elle s’enfonçait. Le singe il ne ne l'avait pas rêvé. Contrairement à elle et son maudit pirate invisible. C'était ces maudites baies qui causaient tout cela ! Les sourcils froncés il continua de la traîner vers la mer. Et puis, comme un bébé elle se mit à râler. Allons bon. Il avait l'impression d'avoir à faire à une de ses petites râleuses... L'excuse qu'elle lui sortis le fit sourire. Si ce n'était que ça, elle n'avait qu'à rester dans l'eau, où était le soucis ?

« Allons, allons... Si tu reste dans l'eau pas de panique ! »

Ou craignait-elle les représailles de son peuple ? Ça c'était encore autre chose, mais il y avait bien un moment où elle allait devoir faire face à ses erreurs, trop nombreuses. Il ne demandait pas à ce qu'elle soit jugé en public, mais des explications envers leurs parents. Et vis-à-vis d'Amon.

« Je te donnerai ma chemise s'il n'y a que ça ! »

Elle serait trop grande pour elle et ferait office de tunique. Bon, il n'avait pas mieux à proposer et évidement il ne comptait pas lui céder un de ses vêtements. Elle allait dans l'eau et elle y restait, point barre. Elle en pourrait plus fuir. Et puis zut, la mer était leur maison à tous les deux ! Ils y étaient nés ! Il resserra un peu plus ses mains sur ses épaules et continua de la pousser. Elle ne semblait vraiment pas vouloir y aller. Alors, il la souleva et marcha à grand pas vers la mer.

« Tu vas voir miss.... L'eau va te rafraîchir les idées ! »

Il n'en savait rien, mais c'était sans doute ce qui la calmerait un peu... Ni une, ni deux ils étaient arrivés devant la mer et Aeden la posa à terre.

« Ne m'oblige pas à te pousser... »

Évidement, l'enfant taquin qu'il avait toujours été n'attendit aucune réponse de sa part et, d'un geste rapide, la fit basculer en avant. Depuis le temps, il avait presque oublié à quoi elle ressemblait avec sa queue de sirène. La voir d'ôté de jambes n'était pas naturelle pour une sirène. Elle se devait de retourner à son état naturel. Bon sang, ils n'étaient pas fais pour vivre sur terre ! C'était juste un fantasme chez certains, fantasme qu'il n'avait jamais vraiment compris. Comment apprécier la vie ici alors sous les flots ils étaient les maîtres, libres de leurs mouvements ?

Plus ils se rapprochaient de l'eau et plus son coeur s'emballait dans sa poitrine. Non, elle ne pouvait pas y retourner. Elle ne pouvait pas faire face aux démons de son passé. Et Aeden semblait prendre ça à la légère puisqu'il lui dit qu'elle n'avait pas à s'en faire pour ses vêtements si elle restait dans l'eau. Non, elle ne resterait pas ! La terre était son élément, désormais. Jamais elle ne prendrait le risque de perdre tant d'efforts pour retrouver son véritable domaine. Elle avait appris à chasser, à boire, à survivre, à compter sur elle même. Sous l'eau que faisait-elle ? Elle nageait, nageait et nageait ? Elle ne prenait aucun plaisir à y être. Naïla détestait sa vie là-dessous. Plus qu'elle ne se détestait elle-même.

Puis Aeden lui dit que si ça n'était que ça, il lui donnerait sa chemise. En temps normal, Naïla aurait fermement refusé, l'envoyant baladé, mais au lieu de ça, sa réaction en fut des plus surprenantes. Elle lança un "Ah oui?" avant de lui prendre la main et de le regarder droit dans les yeux et de reprendre la parole "Tu es un homme si bon et si pur, Aeden". Cette phrase sonnait drôlement faux de sa bouche. Jamais elle ne dirait quelque chose de pareil à quelqu'un. Pas même Aeden. Preuve qu'elle n'était pas dans son état normal.

Elle n'avait même pas assez de force pour se débattre et très vite l'homme la porta sans qu'elle ne puisse faire quelque chose. Elle avait l'air d'un gibier mort qui n'était pas en état de faire une quelconque action. Et là, il la balança dans l'eau, sans violence. Mais la demoiselle tenait à peine sur ses jambes donc ce ne fut pas une tâche bien compliquée.

Très vite, l'eau entoura ses jambes et d'une action magique qui semblait si terrifiante pour Naila, elle se retrouva avec une queue de sirène. Se prenant rapidement une vague, elle fut trempée de la tête aux pieds. Ce fut une drôle de sensation qu'elle eut là. Elle se sentait mieux. Non, ce n'était pas sa véritable nature qui lui faisait du bien, mais le fait d'être imbibée d'eau fraîche. Elle fut comme réveillée et reprit un peu connaissance. Même si son cerveau divaguait un peu.

Sans surprise, elle reprit son ton froid habituel. Quel imbécile de l'avoir poussé dans l'eau ! Elle n'avait plus de vêtements, désormais ! Et si elle voulait sortir, elle se retrouverait nue devant lui, ce qu'elle n'avait pas réellement envie de faire. Elle n'était pas pudique, mais les deux fiancés se jugeaient constamment. C'était comme un mode de vie pour eux. Allongée, à moitié dans l'eau, à moitié dans le sable, elle n'était incapable de frapper Aeden pour lui montrer son mécontentement. Alors, elle se contenta de lui lancer d'un ton piquant quelques mots.

« Tu es vraiment qu'un crétin, Aeden Blackwood ! »

Quel contraste avec ses paroles précédentes où elle le qualifiait d'homme bon et pur! Comme pour animer son mécontentement, elle lança une rafale d'eau sur lui. Et rapidement, il prit lui aussi sa véritable forme. Il allait sûrement bien peiner pour rentrer dans l'eau étant à moitié dans le sable, mais c'était bien fait pour lui ! Il l'avait cherché.

Si bon et si pur ? Lui ? Il prenait les compliments avec grand plaisir. Mais tout de même, entendre sa de sa bouche... s'en était presque jouissif. Finalement, ne valait-il pas mieux la laisser délirer ? Elle était beaucoup plus drôle comme ça, dans ce drôle d'état. Mais maintenant qu'il la voyait dans l'eau, ayant repris sa forme originelle, il en pu s'empêcher d'éclater de rire. Lui resta bien sur la terre ferme, histoire de savourer ce moment. Il allait lui lancer une réplique acide quand la jeune femme (enfin, sirène maintenant) sembla reprendre ses esprits et le devança. Lui ? Un crétin ? En attendant il l'avait sauvé de sa petite crise de folie, elle pouvait toujours parler la fille qui mangeait des baies hallucinogènes ou il ne savait trop quoi ! Sans plus attendre elle lui lança une gerbe d'eau qui l'éclaboussa et son réflexe fut rapide : avant de se retrouver (encore) nu sur cette île maudite il s'engouffra à son tour dans l'eau.

« Je m'attendais à autre chose en guise de remerciements. Quelque chose comme « Oh, Aeden, que ferais-je sans toi ! J'aurais pu finir par faire une grosse bêtise, merci beaucoup ! » ou quelque chose dans ce goût là quoi... ! »

D'un côté il se sentait bien mieux sous sa forme de triton. Désormais elle en pouvait plus retourner sur terre, enfin, si, mais il le savait elle ne ferait pas une chose pareille tant qu'il serait là.

« Tient, j'avais presque oublié à quoi tu ressemblait en vrai », dit-il en appuyant sur les derniers mots.

Il agita sa nageoire en l'éclaboussa au passage. Il s'éloigna un peu plus de bord pour laisser son corps s'étirer dans l'eau. Même s'il n'était resté qu'une dizaine de minute sur la terre ferme son corps était déjà courbaturé.

« C'est qui Emma ? »

Parce qu'il était curieux de savoir, il se fichait pas mal d'appuyer un un point sensible ou de réveiller de mauvais souvenirs. Il avait envie d'en savoir plus sur cette mystérieuse amie qui visiblement, semblait avoir disparue. De retour sur la berge le primate s'était remis à les épier, tout les deux cette fois ci. Il semblait avoir trouvé un fruit qu'il trituré dans tous les sens avec ses petites mains agiles. Il avait arrêté de rire au spectacle qu'Aeden et Naïla lui avait offert et désormais, semblait s’ennuyer de la situation redevenue si banale.  

Naïla commençait peu à peu à prendre conscience des événements. Qu'est-ce qu'elle était stupide ! Aeden en savait des choses sur elle, désormais. Trop de choses, même ! Elle tenta de penser à autre chose en se disant que la situation aurait pu être pire. Elle aurait pu, pas vrai ? Ou bien sans doute n'était-ce pas terminé encore, que d'autres mauvaises surprises l'attendaient ?

Surélevant doucement sa nageoire, elle se mit sur le ventre, prenant appui avec ses deux coudes plantés dans le sable. Elle voulait partir de là. Elle lui en voulait vraiment de l'avoir mis à l'eau, même si c'était pour lui rafraîchir les idées. Puis, il se mit à l'imiter, prenant un ton de remerciement qu'elle aurait -soit disant- dû utiliser pour le remercier. Un petit rire, loin d'être source d'amusement, quitta ses lèvres, alors qu'elle roula des yeux.

« C'est bien plus de compliments que ce que tu aurais le droit. »

Elle lança cette réplique telle un pic innocent. Comme-ci la douceur dont elle faisait preuve dans sa voix suffisait à faire passer ses propos piquants en toute délicatesse. Puis, il se jeta à l'eau et l'arrosa, lui faisait froncer les sourcils et tourner la tête.

Un ange passa. Elle en profita pour l'observer tranquillement. Elle n'avait jamais eu l'occasion de l'observer de si près. Elle en avait presque oublié la couleur de sa nageoire depuis le temps: jaune. Elle n'avait même pas remarqué les petits reflets verts et bronze dessus, auparavant. Cela faisait un charme particulier à sa queue, un charme dont elle ne lui ferait bien entendu pas part ! Avant qu'il ne voit son attention portait sur sa forme de triton, la jeune demoiselle détourna le regard. Puis son censé-être-défunt fiancé lui lança qu'il avait presque oublié à quoi elle ressemblait vraiment. Pénétrant un peu plus en profondeur dans l'eau, elle planta son regard dans le sien; son regard insistant, et son habituel ton sarcastique.

« Tu devrais en profiter, car dès que tu partiras je retournerai sur l'île. »

Après tout, il n'allait pas rester éternellement là, pas vrai ? A moins qu'il veuille réellement l'agaçait, ce qui ne l'étonnerait pas. Naïla était réellement peinée de la situation. Elle aurait beaucoup de mal à regagner la terre ferme. Il fallait qu'elle trouve un moyen de se trouver des vêtements, hormis la chemise d'Aeden.

Les minutes passèrent. La jolie brune préféra porter faussement son attention sur ses ongles, enlevant les saletés coincées dedans. Elle attendait patiemment qu'il s'en aille, mais au lieu de ça, il préféra lancer la pire question qu'il soit. Son premier geste vu d'entrouvrir la bouche en commençant à "Qu...", rapidement interrompu. Elle avait parlé d'Emma lors de sa folie passagère. Bien entendu... Il ne manquait plus que ça à l'addition. Son coeur se compressa dans sa poitrine, ce sujet la blessait tout particulièrement. Si Aeden était attentif, il aurait vu le chagrin dans ses yeux, très rapidement transformer en regard noir.

« Et si tu te mêlais un peu de ta vie pour changer ? » Elle n'eut pas le temps de rajouter autre chose qu'un singe apparut dans un bruit de feuillages qui fit sursauter la jolie brune et reculer de surprise. « Le primate était réel.. » dit-elle dans un murmure presque inaudible.

Le pirate n'avait été que le fruit de son imagination, mais ça il lui fallut plusieurs instants pour s'en rendre compte et se remémorer la quasi-totalité des événements. Elle avait été une vraie folle !