J'avais envoyé une lettre à Rosie pour savoir si elle voulait venir me voir pour que l'on puisse se faire une petite après midi toutes les deux. Il y a quelques jours, elle m'avait demandé de l'aide concernant des robes ou des tenues à réaliser, elle voulait apprendre à les faire elle. J'en étais assez ravie, je voulais être à la hauteur, je dois dire que je couds à l’œil, je n'ai pas spécialement de techniques, mais j'essaie de m'améliorer et d'en développer une, je pense que cela pourrait servir pour la suite.
Ma petite chaumière était vers la fin du village, elle fut abandonnée, mais je l'ai restauré, avec l'aide de beaucoup de bras, il faut se l'avouer. Au rez de chaussée,j'avais mon atelier et un côté vente de tissu, à l'étage, disponible soit par un escalier à l'intérieur ou à l'extérieur, j'avais mon petit chez moi où je peux non seulement vivre ou encore recevoir de la visite.
C'est alors qu'on toque à la porte à l'extérieur (logique, j'ai fermé boutique en ce dimanche), je souris, mets mon eau à chauffer et je vais ouvrir la porte pour apercevoir mon amie Bonjour Rosie, je suis heureuse de te voir lui dis je en la laissant entrer. Je ferme la porte derrière nous. Je suis désolée pour le bazar, j'ai essayé de ranger au mieux mon atelier, mais il y a toujours des chutes qui n'en font qu'à leur tête, mais installe toi, le thé sera bientôt prêt je lui souris et m'installe avec elle sur le canapé. Rosie et moi sommes meilleures amies et elle est devenue rapidement très précieuse pour moi. Nous avons quelques années de différences, mais j'ai l'impression que cela ne change pas des masses. Je me relève et récupère l'eau chaude, que je mets dans une théière, la met sur un plateau, accompagné du sucre, du lait et de deux tasses sur deux soucoupes, avant de revenir, de m'installer et de nous servir.
Je dois dire que je n'avais pas perdu de temps après les fêtes, on me demandait encore des tenues à réaliser ou à réparer. Je voulais faire tout cela en temps et en heure, mais très souvent, je dormais sur les canapés et sur les habits. C'est pour cela que la visite de Rosie me faisait beaucoup de bien, j'avais besoin de me calmer et de me reposer. Je m'étais bien reposée avant son arrivée, j'étais même lavée, habillée et coiffée, certes je suis très souvent présentable, mais une fois seule, je dois dire que je ne prenais pas trop le temps pour moi, du coup, je ne sors pas.
Une lettre de Melusine ? Quand le facteur m’apporta une lettre signée de la main de mon amie, je crus d’abord qu’elle m’annonçait une mauvaise nouvelle… Un départ ou autre chose ? J’avais des pensées si négatives en ce moment que je m’imaginais toujours le pire. Melusine m’invitait simplement à prendre le thé dimanche et qui me proposait aussi de m’aider dans ma couture. J’acceptais avec joie ! La voir allait sans doute me faire sortir de mes sombres habitudes que j’avais prises depuis qu’Edward et moi, c’était terminé… Je ne m’apitoyais pas sur mon sort, bien sûr que non, ce n’était pas mon genre, mais je me sentais toujours aussi mal… Mal d’avoir fait croire à un homme que nous allions finir notre vie ensemble alors que non... Je me répétais inlassablement que tout était de ma faute… Que le mal-être d’Edward était de ma faute à m’en rendre malade… Mais il fallait que je m’en sorte, il fallait que j’arrête ce mal qui me rongeait un petit peu plus chaque jour et toutes les occasions pour cela étaient bonnes !
Comme convenu, je me présentai alors devant la petite chaumière de mon amie dimanche après-midi et frappai à sa porte. Habituellement, j’entrais dans le magasin, mais il n’était pas ouvert aujourd’hui, ni tous les autres dimanches de l’année d’ailleurs. Au bout de quelques secondes, la jolie blonde se présenta et ouvrit la porte. « Bonjour Rosie, je suis heureuse de te voir » Je luis souris à mon tour puis entra dans sa maison. « Bonjour ! Et moi, je suis heureuse que tu m’aies proposé de venir ! » Je n’allais m’étaler sur le pourquoi du comment j’étais contente de quitter ma ferme, mais j’étais obligée de le souligner tout de même. « Je suis désolée pour le bazar, j'ai essayé de ranger au mieux mon atelier, mais il y a toujours des chutes qui n'en font qu'à leur tête, mais installes-toi, le thé sera bientôt prêt » à vrai dire, je n’y avais même pas fait attention. C’était un atelier après-tout, il était normal qu’il y ait des outils et des tissus partout. Ma grange n’était pas non plus très bien rangée après tout ! « Oh ne t’inquiète pas ! » Je suivis ensuite mon amie jusqu’à son canapé. « Dis-moi, comment est-ce que tu vas ? »
Melu se lève ensuite pour aller chercher le thé qui semble être près. Elle revient ensuite avec un plateau et je lui prends une tasse. Il fait si froid dehors que je ne pourrais en aucun cas refuser un bon thé chaud ! Je porte ensuite la tasse jusqu’à ma bouche et en prends une gorgée. « Alors, tu m’as parlé de ma robe dans ta lettre, mais je suis certaine qu’il y a une autre raison à ma venue ici ? Je me trompe ? » Je commençais à bien connaître Melusine maintenant et je me doutais qu’elle avait quelque chose à me raconter ! Contrairement à moi, qui vivais loin de tout le monde dans ma ferme, elle, elle voyait énormément de personne se rendre dans son magasin jour après jour, elle avait sans doute des choses intéressantes à me raconter sur les habitants de Blindman’s Bluff.
Il fallait que je vois Rosie, car elle saura m’aider, enfin, je l’espère. Et puis, j’ai un besoin vital de la revoir, cela faisait beaucoup trop longtemps que nous ne nous sommes plus revues. J’étais très heureuse qu’elle accepte ce thé avec moi, ce dimanche. Il fallait que ma demeure soit impeccable, mais je dois avouer qu’entre mon atelier d’en bas et celui instauré dans mon salon, c’était un peu compliqué, d’autant que je voulais aider mon amie dans sa robe, donc il a fallu que j’ai aussi tout mon matériel ici.
On toqua à la porte, le cœur battant, je me hâtais d’aller ouvrir, avec cet espoir de retrouver mon amie et non quelqu’un d’autre. C’est donc soulagée que je retrouve ma Rosie, je la prend dans mes bras et l’invite à l’intérieur, lui disant que j’étais heureuse de la revoir, sa réflexion me perturba légèrement, mais je ne dis rien pour le moment, je ne pensais pas que je la manquais à ce point-là ! Une fois installées, je m’excuse du bazar et lui propose un thé, c’est lorsqu’elle me demanda comme je vais que je me lève le chercher, sans un mot. Comment lui dire ? Comment dire à ma meilleure amie que je suis la femme la plus perdue au monde ? Je ne savais pas par où commencer et comme si ce silence en disait long, je m’installe à ses côtés, lui servant le thé. Je prends ma tasse à mes lèvres, ne répondant pas de suite à sa question avant de la poser sur sa soucoupe. Je reste silencieuse, je suis troublée, encore aujourd’hui sur tout ce qu’il se passe en ce moment « Oh Rosie, comme je t’envie de vivre loin de tout » lui avoue je finalement. Je lui montrais ce visage que j’ai en ce moment : angoissée, remplie de questions. « Je ne sais même pas pour où commencer ». Je déglutis, j’ai envie de pleurer, j’ai tellement envie de retourner dans ma petite bubulle. Je soupire et me place face à mon amie
« Tu te souviens de Forest, l’homme qui m’a aidé quand je suis arrivée en ville ? Il y a de ça 6 ans ? ». Je m’assois et la regarde, j’en tremble rien que d’y penser « Rosie, je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Quand je suis près de lui, je balbutie, je tremble, j’ai la tête qui tourne, je manque d’air » rien que d’y repenser, je manque d’air et je panique. Je me calme, je panique, j’ai l’impression que je vais pleurer « Quand je passe des journées sans le voir, je ressens un manque. Quand je le vois, je suis tétanisée » je soupire me trouvant idiote « J’ai l’impression d’être une enfant perdue dans un corps adulte, c’est terrifiante »
Je me lève croise les bras, regarde par la fenêtre et me retourne face à lui « J’en ai connu des batailles, toutes les plus … terrifiantes les unes que les autres. Je me suis battue contre des …. Indiens, des pirates, j’ai fuis les crocodiles … mais ça … je ne sais même pas comment réagir ! Je ne suis pas comme toutes ces femmes dehors qui passent d’homme à homme … je veux … un homme comme dans les livres, comme ceux auxquels tu me parles et … oh et puis toi je suis désolée … je t’ennuie avec ces sottises » m’en voulant aussitôt, je m’assied à côté d’elle et reprends mon souffle « Bon … et toi que me racontes tu mon amie ? » lui demande je, voulant faire l’impasse sur tout ce que je ressens
Melusine semble vraiment troublée… Je ne me suis pas trompée ! Elle a quelque chose à me dire ! Je le sens, cela se voit ! « Oh Rosie, comme je t’envie de vivre loin de tout. Je ne sais même pas pour où commencer » Je n’étais pas certain de vraiment comprendre pourquoi elle m’enviait. Lui était-il arrivé quelque chose de grave ?... Sa petite maison en plein milieu de Blindman’s Bluff était peut-être sujette à des vols ? Il était clair que dans ma ferme, au milieu des champs, je n’avais que très peu de visiteurs moi. Melusine semble avoir du mal à respirer. Je mets alors une main dans son dos puis lui prends les mains et l’encourage. « Raconte-moi tout ! Je t’écoute. » Lui dis-je calmement. Je ne voulais pas la brusquer ni lui forcer à me parler. Melu semblait en avoir envie de toute manière, elle semblait juste un peu perdue. « Dis-moi comme les mots te viennent ! Ne te tracasse pas. » Elle soupire alors et se lance enfin ? « Tu te souviens de Forest, l’homme qui m’a aidé quand je suis arrivée en ville ? Il y a de ça 6 ans ? » Forest. Oui, ce nom me parle ! Je n’ai jamais rencontré le jeune homme, mais il est vrai que Mélusine m’en a parlé quelques fois. Je hoche donc la tête de haut en bas pour répondre à sa question. « Rosie, je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Quand je suis près de lui, je balbutie, je tremble, j’ai la tête qui tourne, je manque d’air. Quand je passe des journées sans le voir, je ressens un manque. Quand je le vois, je suis tétanisée. J’ai l’impression d’être une enfant perdue dans un corps adulte, c’est terrifiant » Je la laisse parler sans la coupée. Parler semble lui faire du bien, même si elle tremble encore. Délicatement, je lui lâche les mains et lui fais un très large sourire. Melu se lève et le regard fuyant par la fenêtre, elle continue à me confier ses doutes. Je l’écoute, mais même si elle trouve cela alarmant, je suis ravie ! Ravie pour elle. « J’en ai connu des batailles, toutes les plus… Terrifiantes, les unes que les autres. Je me suis battue contre des …. Indiens, des pirates, j’ai fuis les crocodiles … mais ça … je ne sais même pas comment réagir ! Je ne suis pas comme toutes ces femmes dehors qui passent d’homme à homme … je veux … un homme comme dans les livres, comme ceux auxquels tu me parles et … oh et puis toi je suis désolée … je t’ennuie avec ces sottises » Je me lève aussitôt et reprends les mains de mon amie. « Oh non ! Tu ne m’ennuies pas le moins du monde ! Mélusine, c’est génial ! Tu es amoureuse ! » Les yeux pétillants de joies, je sautais presque sur place de bonheur pour elle. « Tu ne dois pas te mettre dans des états pareils ! Je sais parfaitement ce que tu ressens ! Les papillons dans le ventre, le souffle coupé, le sentiment de ne plus pouvoir faire une phrase correcte. Je suis passée par là moi aussi ! » Deux fois même… Mais là n’est pas la question.
Melusine vint ensuite se rasseoir sur le canapé et je la suis. « Bon … et toi que me racontes-tu mon amie ? » Je la regarde en souriant. « Ce n’est pas le moment de parler de moi me chère ! » Je la regarde avec malice et trépigne d’impatience. « Raconte-moi plutôt ce qui s’est passé avec Forest la dernière fois que tu l’as vu ? » Ce n’était pas dans mes habitudes de faire ma commère, mais je voulais tout savoir sur ce qu’il avait pu se passer entre eux, sans trop entrer dans leur vie privée évidemment. « Déjà, la dernière fois que je t’ai vu, tu étais toute chamboulée, mais là, c’est encore pire. Il ne faut pas te mettre dans des états pareils, tu sais ! Il ne faut pas avoir peur bien au contraire ! » Je ne pouvais que soutenir mon amie ! Je savais qu’elle n’était pas une croqueuse d’hommes, qu’elle prenait ce genre de choses très au sérieux, et voilà qu’elle était toute émoustillée à cause d’un homme. J’avais alors l’impression de jouer la grande sœur, celle qui apaise, qui aide et qui donne des conseils. « Nous rêvons toutes d’un homme comme dans les livres ! Et toi, tu sembles bien avoir trouvé ton prince charmant ! » Lui dis-je avec un regard espiègle. Je voulais vraiment que Mélusine se sente bien, qu’elle n’ait plus peur de ses sentiments, car l’amour était quelque chose de merveilleux. La seule chose qui parvenait à me faire sourire aujourd’hui, la seule chose qui me restait à moi pour me rattacher. Si seulement, elle pouvait partager, elle aussi, cela avec quelqu’un, alors je lui souhaitais du plus profond de mon cœur !
Je finis par me confier à ma tendre amie, la jalousant d’être si loin de la ville, de pouvoir être si paisible malgré tout. Elle m’invite à tout lui raconter, comme les mots me viennent, je joue avec mes doigts, inquiète, avant de finalement commencer à lui parler de Forest, l’homme qui m’a aidé 6 ans auparavant, l’homme qui est aussi vu comme un coureur de jupon et celui qui aime me lancer des petites phrases étranges. Au début, nous pensions, avec Rosa, qu’il voulait voir si j’étais comme toutes ses autres femmes, alors, j’en suis restée là et puis, nous ne nous voyons pas souvent, puisque j’étais et je suis encore et toujours occupée quant à mon activité ou alors à partir rejoindre des amis d’enfance dans la nature. Je commence à tout lui raconter, ce que je ressens, ce que je vie, ce qu’il se passe dans mon petit corps. Je la vois sourire, je vois son regard s’illuminer de bonheur que je ne comprends pas. Elle me lâche doucement les mains, prises quelques instants plus tôt et je me lève, me dirigeant vers la fenêtre, continuant mon récit.
Paniquée, je m’excuse d’être si stupide, faisant un signe de la main comme pour effacer quelque chose dans le vide. Rosie se lève et se dirige vers moi, me prenant les mains tout en mettant des mots à tout ce que j’ai pu ressentir. Je la regarde, surprise, je ne comprends comment ressentir tout cela c’est génial et dans la foulée, elle m’annonce : « tu es amoureuse ! ». Oh … je papillonne des yeux, ne comprenant pas trop ce qu’il m’arrive. Je serais donc … « amoureuse ? » Cela explique tout, même si je ne comprends toujours pas pourquoi j’agis ou ressent tout ce la … elle est passée deux fois par ces étapes ? Mais … est-elle tombée au sol ? Je ne sais pas, je ne pense pas, se serait étrange, des femmes qui tombent au sol à chaque vu des hommes … je voulais passer à autre chose, mais elle s’obstinait à rester sur le même sujet. Rosie voulait tout savoir, oh ciel … je l’écoute, oui, la dernière fois j’étais déjà dans cet état, puisqu’il était venu me demander de recoudre quelques pans de sa chemise trouée et qu’il avait agi étrangement avec moi, encore plus que d’ordinaire. Avant, c’était juste quelques clins d’oeils, des sourires, des attentions ou des petites phrases, mais sans plus. Depuis quelques temps, il est devenu de plus en plus … aaah flûte, je ne retrouve plus ce mot … ah oui entreprenant. Je ne dis rien alors que Rosie était heureuse pour moi. Elle voulait que je lui raconte tout. Rosie savait que j’avais été une Enfant Perdue, elle se doute du coup de comment je dois vivre tout cela. Elle me parle de prince charmant, que j’avais semble-t-il trouvé le mien, j’arque mon sourcil et hausse les épaules
« Un prince charmant qui passe pourtant de femmes en femmes … et pourtant … » mon regard si inquiet se fait plus doux. Je déglutis et regarde mon amie « Asseyons-nous » lui dis je, car ce que j’allais lui raconter, aller être assez … disons qu’il y a désormais des éléments supplémentaires ! Je bis une gorgée de mon thé et fais face à mon amie « C’était à la zone artisanale de Blindman’Bluff. J’arborais ma nouvelle robe couleur pêche, que je te montrerais plus tard. Je discutais avec des femmes, clientes et futures clientes, disant à certaines que même en tant que roturière, elles pouvaient se permettre de belles robes pour se sentir belle pour elles, mais aussi, pour leurs maris. Nous avions ris, discutées, puis, je suis allée voir Gustave, mon fournisseur de tissu. Il a été ravi de voir ma dernière pièce et m’a fait quelques petites ristournes sur des produits. Tout se passait bien, rien à l’horizon, je marchais, dans mes songes, m’arrêtant près d’un marchant avec cette statuette de fée, j’ai pensé à mes vieilles amies, mes aventures, avec énormément de nostalgie », lui raconte je, sourire aux lèvres. A l’Arbre, nous étions doués pour raconter les histoires, surtout le plus grands, comme moi.
« J’allais partir, lorsqu’un jeune freluquet voulu voler mon sac contenant les quelques pièces qu’il me restait et que j’avais sur moi. J’ai réussi à garder contre moi ce précieux sac, bien qu’une des attaches fussent cassées par l’interaction. Alors que je remettais ma robe en place, salie de surcroît par la bousculade, je me suis retournée et … il était là. Grand, élancé, l’allure fière et sûre, le torse bombé, ses cheveux châtains clairs ébouriffés, cette barbe mal rasée qui lui donnait un air de rustre et ce regard … ses yeux verts se sont posés sur moi. Je me suis sentie, comme je te l’ai décrit, étrange. Mon cœur s’est emballée, je me suis figée. Il me cherchait, il voulait que l’on parle d’un raccommodage de vêtements, alors que j’espérais lui en faire du neuf. Il a passé son épaule au-dessus des miennes, me tenant contre lui. J’étais pas très à l’aise, alors je me suis faufilée loin de lui pour rentrer dans ma boutique, je n’aimais pas être en spectacle ainsi, au vu de sa réputation » je souris et secoue la tête « Il est le seul à s’être permis ces derniers à autant de familiarités et à aller plus loin que les autres ne l’ont fait pourtant … il y avait un marchant qui voulait m’inviter tu te souviens ? J’avais refusé et tu m’avais dit de lui proposer de nouveau un rendez-vous et quand je suis retournée le voir, il a refusé net prétextant qu’il avait trouvé une femme digne de lui, pourtant, deux jours seulement se sont écoulés ! Ce qui fut amusant, c’est que je m’en fichais, j’ai simplement haussé les épaules et je suis partie, je crois l’avoir vexé depuis ! » dis je amusée en riant.
Je soupire et perd doucement mon sourire, mais je n’étais pas triste. Je regarde une nouvelle fois Rosie « Nous étions dans ma boutique, j’ai pris la pancarte pour indiquer que j’étais ouverte. Puis, je suis partie à l’arrière-boutique pour me changer. Travailler en robe sale et majestueuse, disons que je n’étais pas très à l’aise. Une fois cachée et loin de lui, je me suis collée à la porte, je sentais mon corps chercher de l’air, se compresser, je ne trouver plus ma respiration. J’ai cru que c’était ma robe ! Alors, je l’ai enlevé et posée sur une chaise, pour pouvoir la laver plus tard et j’ai enlevé ce corset qui me comprimer l’estomac ! Et pourtant, rien n’y faisant. J’ai mis ma robe de travail ainsi que mon tablier de couture et je suis restée là, pour me calmer. Je suis ensuite sortie, pour le rejoindre. Il était là, face à moi et … on va dire que j’ai fait une toute petite boulette … je me suis moquée vilainement de ses guenilles » je fis une grimace et eu un petit rire avant de finalement soupirer l’air de dire et ça m’a coûté cher ! Ce qui fut le cas ! « C’est là, que les choses ont commencé à se gâtées. Il s’est avancé vers moi, doucement, le regard fixé sur moi, il a enlevé ses boutons de chemises délicatement. Dans ma tête tout résonnait, je voulais l’arrêter et je ne voulais pas qu’il s’arrête, donc … je n’ai rien dit, je n’ai rien fait. Je regardais cette chemise partir de son corps pour être jetée vulgairement dans la poubelle et là, il me fit face, de par sa carrure, son torse bombé, ses muscles saillants, ses bras forts et imposants, il surplombait la salle de sa présence, mais ce n’était pas … ce n’était pas effrayant, non. C’était élégant. On aurait dit un homme sauvage avec ses poils naissant et effroyablement séduisant sur son torse. Ses courbes étaient parfaites. Il s’est approché très près de moi. Trop. Nous étions à ça de nous embrasser » lui raconte je, mimant de mon pouce et mon index la distance de nos visages.
« Doucement, il a levé son bras pour enlever mes attaches, qui formaient mes cheveux en un chignon parfait. Mes cheveux sont tombés en cascade sur mon dos et mes épaules. Il a faufilé ses doigts dans mes cheveux. Je lui ai demandé, ‘’ A quoi jouez-vous Forrest ?’’ et … il m’a répondu … ‘’ Je n’en sais rien … tu me troubles complètement’’. Il a placé sa main sur ma taille et m’a avancé contre lui, je n’avais pas reculé mon buste, je l’aurais senti tout contre moi et je pouvais ressentir la pression de son bras sur moi. Il a fini par lâcher prise, désolé, il semblait … perturbé et il m’a clairement dit que si je lui demandais de partir … il le ferait ». Je m’arrête. Tout aurait pu s’arrêter là. Je me souviens de ce que j’ai répondu, je souris, moqueuse contre moi-même secouant la tête en soupirant. « Tu sais ce que je lui ai répondu ? » lui demande je avec un air qui disait « tu vas me détester » « Il faut que je te rhabille !» c’est alors que je me mets à rire, à rire de la situation de cette « moi » si perdue et si perturbée, et pourtant …
« C’est là que tout a basculé. Pour ainsi dire, j’aurais semble-t-il fait une crise de panique. Mon cœur se déchaînait, comme à cheval sur un étalon à essayer de fuir loin de ce corps pour se mettre en sécurité quelque part, mon corps tout entier s’est mis à trembler, ma tête tournait, je voyais flou et … je me suis sentie vaciller. Je me suis tenue à lui, à ses bras, je lui ai demandé de ne pas me lâcher mais il était trop tard. Mon corps m’a lâché. Forest a accompagné ma chute, doucement, j’étais assise recroquevillée contre lui, cherchant ma respiration, que je ne trouvais plus, il m’a enlevé mon tablier pour que je respire mieux, mais rien n’y fais. Je me sentais tellement stupide, tellement idiote. Il est partie cherche de quoi me réchauffer, il a ouvert la fenêtre – toujours torse nu – il est venu m’allonger au sol, utilisant une couverture comme coussin et une autre pour me couvrir. Il me regardait de ses yeux de chien battus. Tellement adorable. Je me suis calmée, un silence surplombait la salle. Ma respiration se fit plus lente au fur et à mesure qu’il caressait mes cheveux. Je me suis assise et je l’ai regardé. Je lui ai dit que j’ai connu bien des aventures en tant qu’Enfant Perdue et qu’il était ma première » mon cœur battait quand je racontais tout cela. Pour la dernière phrase, je regardais mon amie, le sourire aux lèvres, les yeux pétillants « J’ai pris son doux visage … et … je lui ai … tout simplement … déposé … un baiser sur ses lèvres ».
Rien qu’à lui conter tout cela, je me sentais, frétiller, heureuse c’était si fou ce que je vivais. Mon corps battait, je sentais tout ce florilège d’émotion, d’amour me traverser. Je recouvre mon nez et ma bouche de mes mains, des larmes vinrent tomber, de joie, je souris et ris, les enlevant rapidement. J’hausse les épaules « Je … c’était tellement évident sur le moment. Il est ma première aventure et … c’est vrai que dit qu’il est comme un adversaire est légèrement exagéré mais … » j’hausse les épaules « Ce genre de bataille est malgré tout plus compliquée et étrange que les autres que j’ai déjà menées » confies je en souriant
J’étais impatience de savoir ce qu’il avait bien pu se passer avec Forest pour que mon amie soit dans un tel état. J’avais une petite idée, mais je voulais tous les détails ! Elle m’avait toujours semblé troublée après les visites du jeune homme, mais jamais à ce point ! « Un prince charmant qui passe pourtant de femmes en femmes… et pourtant… » Elle marquait un point… Je n’avais pas été très subtile en parlant de Forest comme d’un prince charmant… Me rendant compte de mon erreur, je me mordis la lèvre et haussai doucement les épaules. La réputation du jeune homme le précédait, certes, mais pourquoi Mélusine ne pouvait-elle pas avoir sa chance ? Après tout, les gens chances non ? Forest était peut-être un de ces hommes volages qui seraient tout de même prêts à tout pour leur véritable amour ?... J’avais apparemment lu bien trop de livres moi aussi...
Melusine proposa ensuite que l’on retourne sur le canapé et commença un grand et long monologue. Ses phrases s’enchainaient les unes après les autres sans que je ne puisse dire un seul mot ! Appuyée contre mes bras, j’écoutais attentivement ce qu’elle me racontait. Melu se souvenait de chaque détail, de chaque petit moment passé en compagnie de Forest. Elle tremblait et parfois perdu dans ses paroles, mais elle semblait aussi heureuse. De temps à autre, alors qu’elle s’emballait dans son embarras, je me penchais pour lui donner un petit coup d’épaule, histoire de lui dire Ne t’inquiété pas Melu c’est rien ! Je pense même qu’elle comprenait mes messages, bien qu’à aucun moment, je n’avais ouvert la bouche, si ce n’était pour lui sourire. « Tu sais ce que je lui ai répondu ? » Je dois avouer que je m’attendais à plein de choses. « Venant de toi ? J’imagine bien quelque chose de malicieux ! Ou vu dans l’état dans lequel tu semblais être peut-être des mots charmeurs ? Mais je parie que tu n’as pas réussi à finir ta phrase ! » « Il faut que je te rhabille ! » Je me mis alors à rire avec elle. « D’accord, je ne m’attendais pas à ça ! » Avec tout ce qu’elle avait pu me dire, je pensais que Melusine avait tenté quelque chose ! Elle n’était pourtant pas farouche comme jeune femme. Mais cette réponse était hilarante ! Il me fut plusieurs secondes avant que je ne me calme. Melusine trouvait des choses à dire au moins ! La première fois où je m’étais retrouvé dans la même situation qu’elle avec Magnus, j’avais fui moi…
Melusine m’expliqua qu’ensuite elle avait une sorte de crise de panique. Cette fois, mon regard qui se posait sur elle était plus inquiet. Je ne pensais pas qu’elle s’était sentie aussi mal que ça.. Il y avait se sentir mal et faire un malaise. Melu me semblait plutôt dans le deuxième cas… Heureusement que Forest était là ! Il avait réussi à la calmer et à lui faire reprendre ses esprits. « J’ai pris son doux visage … et … je lui ai … tout simplement … déposé … un baiser sur ses lèvres ». Je voyais de la joie dans les yeux de mon amie ce qui me fit sourire aussi à mon tour. J’étais vraiment heureuse de la voir comme ça. Il lui en aura fallu du temps pour qu’elle ose enfin faire le premier pas, mais au fond de moi, je sentais que c’était le bon moment ! Le bon homme ? J’avais quelques réticences, mais Melusine semblait si heureuse, que je n’allais pas jouer les rabat-joie aujourd’hui ! Surtout que maintenant, Melu se mettait à pleurer. De joie, vu le large sourire qui se dessinait sur ses lèvres, mais elle pleurait tout de même. « Oh Melusine !... » Je me rapprochais d’elle et la pris dans mes bras, passant une main derrière son épaule. « Je … c’était tellement évident sur le moment. Il est ma première aventure et … c’est vrai que dit qu’il est comme un adversaire est légèrement exagéré mais … Ce genre de bataille est malgré tout plus compliqué et étrange que les autres que j’ai déjà menées » Je me recule alors pour voir les beaux yeux de mon amie. « Cette bataille sera sans doute plus difficile, mais je te connais assez pour savoir que tu gagneras ! » Parler d’amour avec de tels termes était assez étrange et nouveau pour moi. Je n’avais jamais vu l’amour, les sentiments comme une bataille, pour moi, ils nous guidaient, nous trompaient aussi, mais n’étaient pas contre nous. Même si j’avais été plusieurs fois déchirée à cause de mes sentiments, je leur faisais confiance à présent, je ne me battais pas contre eux. Comme une mère le ferait envers sa fille, je replaçai une mèche de cheveux à Melusine derrière son oreille tout en lui disant. « Et tu verras, l’amour te fera vivre de fabuleuses choses ! Et si ce Forest est méchant avec toi, il aura affaire à moi ! » Dis-je en riant. Je n’avais pas froid aux yeux, même si je savais que j’étais loin d’être intimidante et j’étais prête à défendre mon amie à la première occasion !
Nous nous sommes assises, toutes les deux, sur le canapé. Je commence mon récit et à essayer de me souvenir de chaque détail, de chaque moment. Je ne me souviens plus trop des paroles, mais je sais encore ce que j’ai ressentis, c’est ancré en moi, mon regard était parfois, je regardais le sol, parfois elle, je parlais même avec les mains pour dire ! De temps en temps, je regardais Rosie, confuse, elle me souriait, me donnait des coups d’épaules qui me firent sourire aussi. Je suis contente qu’elle soit là, contente qu’elle m’écoute, car elle pourra m’aider dans cette passe que je ne comprends pas ou du moins si, je comprends, mais j’ai dû mal à définir certaines choses. Je finis par m’arrêter sur un point, sur ce que j’avais dit à Forest, faisant deviner à mon amie ce que j’avais pu lui dire, elle essaye de deviner, je souris avant de lui lancer l’ultime phrase « Il faut que je te rhabille ! ». Rosie éclate de rire, je souris aussi avant de rire avec elle, Rosie continue de rire, je rougis « ce n’est pas drôle ! » dis je en lui donnant une petite tape, mais elle continue de rire et … moi aussi « Bon c’est vrai … si, ça l’est » avoue je finalement.
Et puis, je continue mon récit, parlant de ce malaise que j’ai eu, lui expliquant en détail tous les sentiments que j’ai éprouvé. Mon cœur qui battait trop vite, mon corps qui chauffait, ma tête qui me faisait atrocement mal, des pensées qui se sont enchaînées, des sensations jamais ressenties auparavant et … boum. Je suis tombée. Alors que Rosie perdit son sourire, je la rassure, lui expliquant qu’il avait là pour moi, qu’il avait tout fait pour me calmer, Rosie se calma et je continua mon récit, jusqu’au moment où je lui parle de ce baiser. Elle me fait un grand sourire et je me sens …. Heureuse ! Une vague de bonheur m’envahit à cet instant et mes larmes s’embuent de bonheur. Mettant mes mains sur mon visage, je regarde mon amie, perdue encore une fois, mais tellement bien. C’est quand elle vient me prendre dans ses bras, que j’enlève mes mains de mon visage pour répondre à ce câlin la serrant très fort et parlant encore une fois, avec le cœur. Rosie se recule, me regarde, me sourit et me dit « Cette bataille sera sans doute plus difficile, mais je te connais assez pour savoir que tu gagneras ! » . Je souris, touchée par ce qu’elle vient de me dire et je rougis « Je pense qu’il faudrait que je donne une autre définition à cette ‘’bataille’’, mais … je ne sais pas … je vais me laisser aller dans cette petite bulle ». J’hausse les épaules, on verra bien comment l’avenir sera fait. Rosie s’avance doucement et met une mèche derrière mon oreille, sa remarque me fait rire aussi. « Oh oui, je voudrais t’y voir ! » lui dis je en riant « je vais le voir ce soir … je vais le rejoindre dans les montagnes, nous nous sommes donnés rendez-vous dans les cascades, il est aussi aventurier que moi, ça me permettra peut-être d’avoir un compagnon de route » dis-je en souriant
« Cependant, il y a autre chose qui terni ce tableau merveilleux. Comme dit, c’est un homme à femme et … quand il est parti hier, j’ai eu une altercation avec une femme, elle ne semblait pas très contente, elle avait une sorte de robe hideuse … brrrr ! Même moi je n’oserais pas faire ça pour mes clients ! Nous nous sommes disputées et … je l’ai poussé … dans l’abreuvoir à chevaux ! » dis-je en pouffant de rire « mais voila, ila fallu qu’un homme, comme Forest, entre dans ma boutique et qu’il en ressort tout sourire et qui EN PLUS ! …. Je t’ai pas dit … je ne sais plus, mais ce goujat a mis ma pancarte ‘’ouvert’’ sur ‘’fermé’’ ! » lance je faussement choquée en souriant, avant de reprendre « je puis t’assurer que hier après-midi, je ne faisais pas ma fière. On m’a regardé bizarrement, je n’étais vraiment pas à l’aise. Mais, ma bonne cliente, ma bonne adorable cliente préféré, Madame Berta, une adorable crème, elle a été là pour me défendre contre des clientes, elles ne m’ont rien dit, mais leur comportement voulait tout dire. Je veux bien avoir 23 ans et être parfois naïve, mais il y a des limites je pense … oh et ce matin », je soupire agacée « Je suis allée à la messe … je ne sais pas si je vais y retourner un jour, mais l’hypocrisie des gens … cela me débecte. Et alors que j’allais rentrer chez moi, il y a ce rustre de … de … tu sais ce soldat que tu qualifie de ‘’coincé de l’arrière train’’ ? Donc, il m’a suivi, barré le chemin et alors que je lui ai gentiment prie congé … il m’a touché les fesses ! » lui dis je, choquée et énervée en balançant mes bras sur mes genoux « Donc, qu’est-ce que j’ai fait ? Je l’ai giflé ! Je ne me permets pas à n’importe qui de toucher à ma personne et ce … mmmmmmh » pinçant des lèvres, grognant entre mes lèvres, fermant un poing …. Dont certains doigts craquèrent … ce qui me fait rire. Je ris, nerveuse et agacée, pourtant, je n’étais pas très heureuse en revenant à la maison, mais c’est Rosie, Rosie qui m’a détendu et … c’est en racontant tout ce que j’ai vécu la veille. Je rouve le poing « si tu l’avais vu, rien que d’y penser … il s’est porté en spectacle ! Il m’a appelé ‘’femme de petite vertue’’ » l’imite je avec une drôle de voix « Moi ? Une femme de petite vertue ? Je vais t’en donner moi de la petite vertue ! Un tour dans le lac à croco et hop ! Plus de soldat tiens ! Non mais je rêve … donc sous prétexte que je me suis sois disant jetée dans les bras d’un homme comme Forest, il faut que TOUS les hommes me prennent pour … ce genre de femme qui forniquent à tout va ? Et bah tiens à d’autres ! Heureusement, mon marchand de tissu et protecteur est venu me sauver ma fierté en l’humiliant devant tout le monde …. Il a dit que c’était un ‘’eunuque’’ » à ces mots je ris de plus belle, mettant ma main devant la bouche, comme si je ne voulais pas que l’on nous entende.
Je calme ce fou rire et soupire « j’ai hésité et j’ai longuement hésité à partir ce soir, je ne sais pas encore si j’y vais. Je ne sais pas quoi faire. Mais j’ai tellement oh oui, tellement envie de le voir et … être avec lui, dans les montagnes. Il n’y aurait que lui et moi. Seuls la nature, les étoiles et la lune seront nos silencieux témoins, nous observant, sans nous juger. Rosie, qu’est-ce que je dois faire ? Si je garde tout pour moi, je sens que je vais en souffrir et ce ne sera pas dans ma nature. » je soupire doucement, perdue, encore une fois. J’ai tellement envie de fuir le rejoindre
JMa petite Melusine... La voire si heureuse, dessinait également un large sourire sur mes lèvres. Je savais exactement ce que l’on ressentait lorsque l’on tombait amoureux, alors je ne pouvais que partager son bonheur ! J’avais envie d’y croire. Envie de croire que l’amour était une belle chose ! « Je pense qu’il faudrait que je donne une autre définition à cette ‘’bataille ", mais … je ne sais pas … je vais me laisser aller dans cette petite bulle » J’étais bien d’accord avec elle ! L’amour n’était ni une bataille, ni une guerre ! Mais s’abandonner sans remords au plaisir. J’explique ensuite à mon amie que je serais pour elle en cas de besoin. Si jamais ce Forest se joue d’elle, qu’il la traite mal, j’irais à mon tour lui en toucher quelques mots ! Melusine était une jeune fille bien, aimante, passionnée, elle ne méritait en aucun cas de devenir le jouet d’un coureur de jupons. « Oh oui, je voudrais t’y voir ! » Elle ne semble pas me croire, pourtant, elle devrait. « Tu sais que cela m’est déjà arrivé ?! » Je n’entrais pas dans les détails puisque j’en avais déjà parlé avec Melusine, mais un jour, pour défendre Ephyra, je m’étais légèrement frottée à Cahan… Le bourreau de Blindman’s Bluff… Chose à laquelle j’aurais sans doute dû réfléchir à deux fois. Au final, les choses avaient pris une tout autre tournure… Mais mes intentions au départ étaient tout à fait honorables ! « je vais le voir ce soir … je vais le rejoindre dans les montagnes, nous nous sommes donnés rendez-vous dans les cascades, il est aussi aventurier que moi, ça me permettra peut-être d’avoir un compagnon de route » Cela me semblait plutôt romantique. Cependant les cascades étaient loin de toutes... Si jamais il lui arrivait quelque chose, personne n’allait être là pour l’aider. Je me faisais trop de soucis…
Melusine me raconta ensuite l’altercation qu’elle avait eut avec une femme avant que Forest ne quitte sa boutique. Ou après ? Je n’étais pas certaine de comprendre tout ce qu’elle me racontait. Melu avait plein de choses à me dire, avec toujours autant de détails et s’était parfois compliqué de tout saisir. Mais je restais là à l’écouter, sans la couper. Elle semblait lancée ! Et puis ce n’était pas bien grave, je comprenais l’essentiel au moins ! Donc Melusine avait poussé une jeune femme dans un abreuvoir ce qui me fit sourire « Je ne savais pas que tu étais une jeune femme violente ! » Lui dis-je en riant. Je savais que Melusine était une personne douce et gentille, mais aussi qu’elle avait son petit caractère lorsqu’on la titillait. Sa réaction ne m’étonnait pas le moins du monde à vrai dire. Elle m’expliqua ensuite comme l’une de ses clientes l’avait défendue face aux autres qui la dévisageaient. « Oh le regard des gens… Ce n’est jamais évident… » Et je parlais en connaissance de cause puisque parfois, j’entendais des commères chuchoter après mon passage… Je n’étais pas vraiment connue à Blindman’s Bluff, je n’étais que la fermière et marchande de légumes… Mais voilà que depuis peu, je fréquentais un des élus qui avaient sauvé l’île… Cela commençait à se savoir…
J’étais partie dans mes pensées une petite seconde de trop, et lorsque je m’en rendis compte, je me remis à écouter mon amie. Elle parlait d’un garde qui avait été trop entreprenant avec elle. « Quel abruti… » Dis-je alors qu’elle me disait qu’il avait posé ses mains sur elle. Et pas n’importe où ! « si tu l’avais vu, rien que d’y penser … il s’est porté en spectacle ! Il m’a appelé ‘’femme de petite vertu " » Quiconque connaissant un tant soit peu Melusine savait qu’elle n’était pas comme cela ! Jamais elle n’avait fréquenté aucun homme, et voilà qu’un pauvre idiot se plaisait à l’humilier en public… « Quel mufle… » Je n’avais pas d’autres mots pour le qualifier… Enfin si, des plus vulgaires que je n’osais prononcer en présence de quelqu’un. Melusine m’expliqua alors comment son marchand de tissus l’avait aidé à s’en sortir. « Tu sais, il ne faut pas que les paroles d’un idiot comme lui t’atteignent. » Elle riait suite à sa dernière phrase, mais les insultes qu’elle avait reçues semblaient quand même la toucher. « Il ne sera sans doute pas le dernier à tenter sa chance aussi maladroitement ce soldat ! Tu es une très belle jeune femme et ça ne m’étonnerait pas que demain, il y ait encore un autre homme à ta porte. Mais tu es forte, tu surmonteras ça ! » Je ne disais pas cela dans le but de dénigrer tous les hommes de Neverland, bien sûr que non ! Il y en avait des très bien, mais il y avait aussi des pourritures. C’est contre ceux-là que je voulais défendre mon amie.
Melusine termina par me confier ses doutes à propos de cette soirée prévu aux cascades. « Oh mais tu dois y aller ! » Je n’avais même pas réfléchi en lui disant ça. Souvent, je pesais le pour et le contre, mais cette fois, je préférais ne pas y penser. Après tout, j’imaginais toujours un tas de choses horribles, et parfois, j’oubliais que Melusine était une ancienne enfant perdue et qu’elle avait connue déjà pleins d’aventures ! Elle saurait forcément se sortir d’une mauvaise situation. « Je comprends que tu aies des doutes, c’est tout nouveau pour toi, mais si tu n’y vas pas, tu le regretteras ! » Tout comme j’avais regretté de fuir devant Magnus… « Je mettrais ma main au fer que tu vas passer la plus belle soirée de ta vie Melusine ! » Je ne pouvais que l’encourager ! J’avais terriblement envie que cela marche ! Je lui fis ensuite un petit clin d’œil avec un regard malicieux « Tu me raconteras ! »
Je suis contente de m’être confiée à Rosie, l’une dans les bras de l’autre, je la regarde et enlève cette larme de ma joue. Je lui souris, heureuse et aurait bien voulu la voir dans la même situation. C’est alors qu’elle m’a dit que ça lui était aussi arrivé, je la regarde étonnée « Ah bon ? » demande je pour espérer plus d’informations de sa part.
Je lui raconte alors mes mésaventures de la veille et rit à sa remarque, oui il ne faut pas m’embêter, quand on m’insulte injustement, disons que mon caractère d’Enfant Perdu reprend le dessus et j’agis de manière impulsive, je dois dire que j’ai gardé quelques spécificités de cette époque désormais révolue. Je lui confie que le regard des gens m’était insupportable, mais je pense qu’il va falloir que je fasse avec, j’hausse les épaules à sa remarque « En tant qu’Enfant Perdue c’était plus simple, on te disait tout en face, c’est un peu les avantages de la franchise des enfants comme on dit » lui dis-je en souriant. C’est alors que je lui raconte ma deuxième mésaventure avec ce fichu garde qui m’avait énervée plus que tout. Rosie fronce les sourcils et est aussi outrée que moi. Je l’écoute ensuite, malgré son jeune âge, dans ce genre de situation, elle m’a l’air d’être plus une grande sœur que moi.
Finalement, je lui confis mes doutes et mes craintes, le cœur battant, j’hésite à y aller, mais Rosie m’encourage à le faire. Je l’écoute, angoissée « Et si … et si je me donne à lui et que finalement … rien ne se passe entre lui et moi ? » lui demande je ensuite « enfin, se donner à quelqu’un, ce n’est pas anodin, surtout pour une première fois et … je ne sais pas si je le supporterais qu’il n’y ait rien finalement … déjà que j’ai dû mal à calmer mes nerfs quand il y a quelque chose ! » lui dis je en riant malgré tout, mais en étant aussi angoissée par la situation
Melusine semble à présent complètement désemparée… Elle ne sait plus quoi penser, ni quoi faire et le regard des habitants de Blindman’s Bluff semble être cruel envers elle. Mais je suis là pour la réconforter, c’est mon rôle ! Et je connais cette situation actuellement moi aussi, mais j’arrive à faire avec... J’ignore ceux qui chuchotent après mon passage. « Ah bon ? » Me demande-t-elle. Je pouffe alors légèrement avant de lui expliquer. « Tu as sans doute entendu parler qu’un des élus qui a sauvé Neverland n’est plus célibataire non ?... Eh bien c’est parce que nous sommes ensemble maintenant. » Je fais une petite pause… Je n’en avais pas encore parlé à Melusine parce que c’était dur d’en parler, de trouver des mots sur ce que je ressentais, mais c’était le moment de tout lui dire, nous étions toutes les deux en pleine confession à présent. « Je t’avais dit qu’avec Edward tout était différent... Qu’il était distant et… Et j’ai rencontré Magnus alors qu’il était encore un pirate. Je crois que ce fut le véritable coup de foudre, mais je n’osais me l’avouer. Je voulais encore croire en Edward et moi… Les choses n’allant pas en s’améliorant, j’ai fini par ne plus repousser Magnus. » Je pris une grande respiration. Ces mots étaient toujours durs à dire, car je m’en voulais d’avoir fait souffrir Magnus puis Edward… C’était terriblement égoïste de ma part d’avoir fait un choix, mais je ne pouvais plus vivre dans le déni comme je l’avais fait durant de longs mois… « Aujourd’hui, tout est terminé avec Edward et cela commence à se savoir en ville. Je m’en fiche de ce que les gens pensent, de ceux qu’ils peuvent dire sur moi, car je sais à présent que j’ai pris la bonne décision ! Mais c’est vrai que ce n’est pas évident tous les jours… » Je me tue ensuite. J’avais assez parlé de moi pour cette fois.
« En tant qu’Enfant perdue c’était plus simple, on te disait tout en face, c’est un peu les avantages de la franchise des enfants comme on dit » Je n’avais jamais été une enfant perdue, je ne pouvais pas ressentir la même chose qu’elle, mais au fond de moi, je comprenais ce qu’elle disait. Melusine n’avait jamais été quelqu’un qui s’apitoyer sur son sort. Pour qu’elle se sente si mal, c’est que tout ça l’affectait vraiment. Je ne trouvais pas les mots pour la réconforter, alors je la serrais dans mes bras. « Vraiment, si ça ne va pas, n’hésite à venir frapper chez moi ! À n’importe quelle heure de la journée, ma porte sera ouverte pour toi. Sois forte ! » Ajoutais-je enfin.
Melusine me parla ensuite de ses doutes. Et si ce n’était pas une bonne idée de rejoindre Forest ce soir ? J’étais quant à moi persuadée que si ! Je savais que si elle restait chez elle, elle allait le regretter ! Je la poussais donc à accepter ce rendez-vous aux cascades ! C’était de plus, très romantique ! « Et si je me donne à lui et que finalement… rien ne se passe entre lui et moi ? » Je posais un regard attendrissant sur mon amie. Je comprenais ses doutes, c’était normal, tout le monde passait par là un jour. « enfin, se donner à quelqu’un, ce n’est pas anodin, surtout pour une première fois et … je ne sais pas si je le supporterais qu’il n’y ait rien finalement … déjà que j’ai du mal à calmer mes nerfs quand il y a quelque chose ! » Mon amie m’arracha alors un sourire. Elle était douée pour garder sa joie de vivre même en parlant de tels sujets. À sa place, je n’aurais sans doute trouvé aucun mot et serais devenue aussi rouge qu’une tomate ! « Melusine voyons ! » Lui dis-je en riant « C’est normal d’avoir des doutes, au contraire, si tu n’en avais aucun, là, tu serais une fille facile ! » Je dois bien avouer que je ne faisais pas partie des gens pour qui la « vertu » était si importante. Ce n’était pas quelques choses d’anodin et je l’admettais, mais pas vraiment sacré. « Eh bien, s’il ne se passe rien par la suite, tu auras quand même passé une très bonne nuit. » Je n’avais pas vraiment le discours d’une ancienne fiancée là… « Il ne faut pas que tu aies peur, tu n’as pas besoin de te poser toutes ces questions ! Tu verras les choses se feront naturellement. » J’espérais sincèrement pour elle que les choses n’allaient pas durer qu’une seule petite nuit. Melusine semblait terriblement amoureuse et je souhaitais tout le bonheur du monde à mon amie, avec l’homme qu’elle aimait.