Assise dans la grande tour qui renferme les histoires et les secrets de notre monde dans son intégralité, je suis avec mon index les écritures du sage Savennag. Maëa voulait tout savoir sur la manière dont les Humains sont arrivés sur Neverland, alors, je lis encore et encore pendant plusieurs jours d’affilés, je viens ici en emmagasinant des histoires, prenant en mémoire les choses le plus importantes, bien que j’en oublierai très certainement certains détails. Il y a tellement de choses qu’on ignore, tellement de secrets dont nous n’avons même pas connaissance. Je mordille ma lippe tout en me levant pour nager vers l’étagère où j’ai pris la tablette. Lorsque je la remets à sa place, Savennag vient me voir, passant son doigt sur les tablettes de nacre avant de me tendre l’une d’entre elles en souriant. « Je pense que celle-ci te plaira. Elle parle d’une histoire que j’ai moi-même vécue auprès du premier enfant, il t’apprendra les raisons de son vœu pour faire venir les autres dans notre monde » Je le remercie, retournant à ma place pour continuer mon étude et mon apprentissage. Je ne me rends pas compte de l’heure tardive lorsque termine ma lecture. Tout est calme autour de moi, l’océan est plus sombre, signe que le soleil est à présent couché. « Oh…Il faut que je me sauve, mes parents vont s’inquiéter ! » Dis-je en allant remettre la tablette entre les mains du triton. Il me regarde en souriant, comme souvent, je n’ai pas vu le temps filer. « Reviendras-tu demain ? » Hélas, non, demain matin très tôt, je partirai en compagnie de mon père, voyager vers notre lieu secret que l’on nomme notre initiation. « Pas demain, je serais sans doute absente quelques jours, mais je reviendrais » Ses lèvres s’étirent. « Comme toujours » Je lui rends amicalement. « J’aime mes voyages avec mon père, cela…m’apprend beaucoup et je viendrais peut-être un jour, vous raconter une histoire sur l’une de mes escapades » Son regard brille et il m’avoue en être enchanté par avance. Il me demande si j’en fais la promesse. « Oui, je vous le jure ! Que ma nageoire se brise, si ce n’est pas le cas ! » D’une poignée de main, nous scellons notre accord avant que je ne quitte pour quelque temps du moins, l’antre sacré du savoir. Je traverse une partie du palais, croisant quelques connaissances avant de nager vers la maison familiale à plusieurs minutes du palais.
Quand je rentre, mes parents sont déjà à table. Je m’installe à mon tour, renouvelant mes excuses dont ils ne s’étonnent plus. « Tu as appris encore plus de choses aujourd’hui » me demande mon père avec bienveillance. « Oui… » J’avale ma bouchée de poisson cru avant de poursuivre. « Savennag m’a fait lire un passage très intéressant sur l’enfant, le premier, celui qui nous a créés. Et…lui aussi venait de l’autre côté, il n’était pas cruel, ni mal attentionné, lorsqu’il a voulu faire venir les pirates, c’était juste pour vivre des aventures, il ne savait pas que l’île réagirait de cette manière » Je poursuis mon explication, alliant nouveautés apprises et complément d’histoire de celles que je leur narre depuis plusieurs jours. Maëa sera content, bien que je n’aie pas été capable de tout lire en seulement trois semaines. Nous terminons notre repas, Maman nous place les restes dans nos sacoches de voyage pour notre départ qui devrait avoir lieu bien avant le lever du soleil pour les terriens. J’embrasse ma mère, puis mon père et je vais m’installer dans cette petite cavité rocheuse qui me sert de lit. Je trouve rapidement le sommeil en pensant au lendemain.
Le trajet s’est déroulé comme à notre habitude et lorsque nous franchissons la fosse marine, le courant est subitement plus doux. Cyd sort d’un rocher, une algue au niveau du nez qui fait penser à une moustache verte. Papa le salue avant de s’enfoncer encore vers la demeure de Malech et Zéa. Moi, je ris avec Cyd. Sortant de ma sacoche quelques petites choses que j’ai rapportées pour lui d’une plage que j’ai exploré. Ses yeux se mettent à briller et il vient prendre délicatement les trésors qui n’en sont pas vraiment pour les Humains, mais pour lui, c’est magique. « Merci, c’est quoi ? C’est pour se coiffer les cheveux, pour chasser les crevettes ? » Je ris légèrement de cette fraicheur naïve de ce jeune triton. « Non, c’est une fourchette, les humains la piquent dans les aliments pour les porter à leur bouche. Ils n’utilisent pas leurs doigts » il me demande comment j’ai su, est-ce que j’ai vu des humains l’utiliser. « Non, Savennag m’a expliqué » Il vient déposer un baiser sur ma joue avant de disparaitre. Je mire les alentours, pas de signe de lui. J’imagine qu’il est sur la hauteur de la fosse. Je donne quelques coups de nageoire avant d’atteindre le sommet de la faille, cherchant sa silhouette que je ne trouve pas. Où peut-il bien être ?
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« Maëa, tu viens m’aider à trouver des trésors ? » Je me retourne vers Cyd, un sourire aux lèvres. J’aime lorsque nous partons à la chasse, tous les deux. Seulement, je n’en ai pas envie aujourd’hui. Je délaisse ainsi mon frère pour aller nager dans les environs, sans trop m’éloigner comme le souhaite mon père. Je ne suis plus un enfant, mais il semble l’oublier, précisant que c’est dangereux avec Néisse sur le trône. Nous sommes en paix depuis des années maintenant, qu’est-ce qu’il peut bien nous arriver soudainement ? Je ne cherche pas à le contredire ni à lui désobéir, j’ai toujours respecté et idolâtrer mon père. Ce jour-là, je suis en bas de la fosse, dans les profondeurs sombres où on ne peut pas nous voir et j’observe les hauteurs. En réalité, j’y ai fait tomber un objet et je regrette de ne pas avoir un poisson lumineux avec moi qui me permettrait de retrouver ce que j’ai perdu. Cyd n’en possède pas un comme ça. Je lève les yeux en soupirant, lorsque je reconnais la silhouette d’Anara qui nage au-dessus de la fosse. J’étire un sourire, heureux qu’ils soient ici. J’aime ses visites, elle me parle de ce qu’il se passe là-bas et du monde, grâce à Savennag le gardien. J’aimerais tellement me rendre là-bas pour lire par moi-même et poser mes propres questions. Hélas. Nous ne pouvons pas aller dans le royaume maritime, par crainte de nous faire attaquer par les soldats de la Reine. Lors de son dernier séjour, je lui ai demandé de se renseigner sur les Hommes et leurs venues à Neverland. Elle ne m’a jamais déçu. Je l’observe admirer les alentours, certainement à la recherche de ma nageoire : « Anaraaaa ! » Son visage se baisse dans ma direction, mais je sais qu’elle ne peut pas me voir. Les ténèbres me dissimulent. Pourtant, je continue à l’appeler comme si j’étais en danger et je la vois descendre la fosse rapidement pour me rejoindre. Elle cherche d’où provient ma voix, sans toutefois se risquer à pénétrer dans les profondeurs, juste là, entre les deux grands pics de roches. « Anaraaaa ! » Elle s’approche lentement et sans attendre, je lui saute dessus, la faisant tomber à la renverse sur le sable tiède. Elle pousse un cri de surprise et je m’esclaffe en me redressant. « Tu te fais avoir à chaque fois. » J’étire un large sourire, alors qu’elle m’ignore. Elle va certainement jouer la comédie de la bouderie quelques minutes, mais ça ne dure jamais longtemps. « Allez Anara, je plaisantais… » Je m’approche d’elle, posant mes paumes sur ses épaules alors qu’elle me tourne le dos. « Au moins, ton amitié est sincère puisque tu oserais braver la pénombre pour me sauver. » Elle hausse des épaules et je la contourne pour croiser son regard céladon. « Tu me connais, pourtant ? » Je souris, espérant bien lui retirer l’envie de m’offrir ce visage boudeur. J’aime son sourire et ses yeux pétillants. Finalement, après quelques instants à user de mon charme, je finis par obtenir ce que j’attendais. Son pardon et son sourire. « C’est trop facile. » Je bombe le torse avant de remonter sur la fosse pour m’asseoir, la nageoire dans le vide. « Alors, tu as pu te renseigner auprès du gardien sur l’arrivée des Humains à Neverland ? » Je tapote le roc juste à côté de moi pour qu’elle me rejoigne et j’attends qu’elle prenne place. « Garde les histoires pour ce soir après le repas, j’ai découvert un nouvel endroit et il faut absolument que je te le montre. Tu me raconteras tout là-bas. » Je souris légèrement, prenant des nouvelles de ses parents, elle des miens. Nous avons eu quelques visites de personnes de confiance, des proches de mes parents. Mon oncle Délémir est venu à plusieurs reprises. Alors que nous évoquons ce fameux endroit, la voix de ma mère nous parvient et je baisse les yeux vers sa silhouette, près de notre maison : « Maëa, Anara… Pouvez-vous aller chasser quelques crevettes ? » « Oui maman ! » Je me redresse, prenant la main d’Anara et nous nageons quelques instants pour aller vers d’une zone où il y a beaucoup de crevettes. « Alors, est-ce que tu t’es améliorée en chasse depuis la dernière fois ? » Je souris, me souvenant encore du désastre.
Mon prénom me parvient résonnant sur les parois de la fosse au-dessus de laquelle je me trouve. Je reconnais sa voix. Je scrute les profondeurs sans lumière à la recherche de sa silhouette qui remonterait, mais, rien. Mon cœur se met à battre, on dirait qu’il a des soucis. Je donne plusieurs coups de nageoire puissants pour descendre. Je m’arrête en entendant de nouveau mon prénom. Je vais pour crier à mon tour son prénom, mais il me saute dessus, je lâche un cri et je sens le sable contre mon dos. Je le repousse, grognant. « Tu es bête ! » L’ignorant après cela, quel crétin et le jour où il sera vraiment en danger !? Il tente autant qu’il peut de me faire sourire, mais je sais jouer moi aussi, je ne suis pas fâchée, loin de là. « Oui, je te connais…malheureusement… pour moi » Il me fait son charme et je finis par craquer, roulant des yeux et lui souriant. « Tu vas me vexer… » Répondis-je du tac au tac à son « c’est trop facile ». Comme si je pouvais lui en vouloir longtemps, comme si j’étais cette boudeuse constante. Il remonte, je le suis plus lentement, m’arrêtant en face de lui et continuant de battre de la nageoire pour reste en statique. Je m’approche du bord. « Oui, j’ai beaucoup de choses à te raconter » Maëa me demande de garder tout ça pour plus tard et bien que je trépigne à l’idée de tout lui raconter pour ne rien omettre, je me contente de venir m’installer près de lui. « D’accord, cela peut bien attendre encore un peu… » Il me demande comment va ma vie là-bas avec la Reine, comment vont mes parents. « Tout le monde se porte bien. Il y a eu un incident avec un soldat l’autre fois, la Reine fait des exemples, mais…le royaume est toujours calme. Et ta famille depuis la dernière fois ? » Il parle de Délémir, des nouvelles qu’il leur a données. Je ne connais pas vraiment le frère de la Reine, si ce n’est en le croisant parfois dans le palais, mais il ignore sans doute qui je suis. « Et cet endroit ? » Zéa nous interrompt et déjà Maëa m’emporte vers le lieu de chasse. Il me taquine et je ne m’en contrarie pas du tout. « Non, je suis toujours aussi désespérément navrante dans ce domaine, que veux-tu…on ne peut pas être parfait ! » Je donne un coup de nageoire pour accélérer sans l’attendre et il me rejoint. Il m’attrape par la taille et nous tournons l’un près de l’autre dans le courant. On s’amuse ainsi jusqu’à la zone de pêche. « Je les rabats et tu te charges de les prendre au piège. Je ne voudrais pas décevoir ta mère ! » Je cligne d’un œil avant de nager vers le ban de crevettes au sol qui se sauve en me voyant m’approcher. Après une pèche correcte, nous revenons à la fosse allant directement dans la grotte où tout le monde s’y trouve pour déposer notre butin. Le temps que tout soit près, Maëa m’emmène dans la partie de la roche qui lui est réservée et nous y retrouvons Cyd qui vient monter à son frère le cadeau que je lui ai offert.
Après le repas qui s’est bien passé, Maëa prévient ses parents et mon père que nous allons nous promener. J’entends nos parents murmurer quelque chose et Cyd prétendre que nous sommes amoureux, avant que nous quittions la grotte. Amoureux ? Non, jamais…je veux dire...il est mon meilleur ami. Le triton attrape ma main la serrant dans la sienne pour m’emporter à travers les courants vers cet endroit. Je tente d’obtenir des informations en cours de route, mais il se joue de moi, plus qu’il ne répond. On passe par une ouverture dans une sorte de cône de roche recouvert de coraux multicolore. L’intérieur donne sur un puits de lumière proche de la surface vu comment nous pouvons percevoir les étoiles. « Oh…n’as-tu jamais envie de voir les étoiles, je veux dire en dehors de l’eau ? » Je me tourne vers lui, alors qu’il prend place sur un roc. Je viens le rejoindre et il me demande de lui raconter ce que je sais. Je prends une grande inspiration ne sachant plus par où débuter. Je parle, parle et parle encore, entrecoupée par ses questions, je ne peux pas répondre à toutes, cependant, se questionne sur certaines choses et j’ai moi-même demandé à Savennag. « Voilà…je n’ai pas eu le temps de tout lire, tu n’imagines pas le nombre d’histoires qu’il y a sur les Humaines. Leur vie est si…palpitante, plus que la nôtre, leurs aventures, leurs possibilités, j’aimerai vivre là haut pour faire comme eux ! Mais…je sais que ton père pense qu’ils sont dangereux, Savennag prétend que ce n’est pas totalement vrai, que certains sont bons…et toi, penses-tu comme ton père ? »
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« Non, je suis toujours aussi désespérément navrante dans ce domaine, que veux-tu…on ne peut pas être parfait ! » Je m’esclaffe tout en la rejoignant. Elle propose de les rabattre tandis que je les piège avant de les assommer avec ma nageoire. Nous pourrions également utiliser un filet des humains, mais je préfère chasser comme mon père me l’a appris. Nous en rapportons un bon paquet et ma mère nous sourit. Cyd vient me montrer le cadeau que lui a rapporté Anara et je l’observe, écoutant mon frère partir dans des hypothèses sur l’utilité de cet objet. Il a tellement d’imagination et j’aime l’entendre parler ainsi, le voir sourire jusqu’aux oreilles et ses yeux pétiller. Nous rejoignons la famille pour déjeuner tous ensemble, mes parents et le père d’Anara, mes deux frères, elle et moi. Les conversations tournent principalement sur notre famille, sur notre vie ici, mais aussi sur celle d’Anara et ses parents. Après le repas, je lance un « on va se promener avec Anara » et nous sortons tous les deux. Je souris lorsque Cyd parle d’amoureux sans y prendre attention, il est si innocent encore. J’attrape la main de mon amie pour l’entraîner jusqu’à l’endroit que j’ai découvert, une petite cave à l’intérieur d’une roche. « Oh…n’as-tu jamais envie de voir les étoiles, je veux dire en dehors de l’eau ? » Je m’installe sur un rocher et elle vient me rejoindre. « Parle-moi de ce que tu sais. » Je ne réponds pas à sa question, je ne porte pas les humains dans mon cœur. Je suis comme mon père. Je n’ai jamais eu envie de remonter à la surface pour voir ce qu’il s’y passe, les humains sont inintéressants, sauf pour leurs objets qui rendent heureux mon frère. Et puis, ils ont des Histoires intéressantes. Mais eux, ce qu’ils sont… Non.
Mon amie commence à parler, me narrant tout ce qu’elle sait sur l’Humanité, sur leurs existences. Je lui pose de nombreuses questions pendant son récit, elle me promet d’en demander plus à Savennag, car elle n’a pas toutes les réponses. J’aimerais tant voir le Gardien pour pouvoir lui parler, lui poser mes questions et me renseigner moi-même. Hélas, le palais royal est interdit pour les Thelxiope, nous nous ferions tuer à tous les coups. « Voilà…je n’ai pas eu le temps de tout lire, tu n’imagines pas le nombre d’histoires qu’il y a sur les Humaines. Leur vie est si…palpitante, plus que la nôtre, leurs aventures, leurs possibilités, j’aimerai vivre là haut pour faire comme eux ! Mais…je sais que ton père pense qu’ils sont dangereux, Savennag prétend que ce n’est pas totalement vrai, que certains sont bons…et toi, penses-tu comme ton père ? » Je fronce des sourcils, plaçant mes mains derrière mon crâne en observant le ciel. « Je suis comme mon père Anara. Les humains ont quelques intérêts, notamment pour Cyd ou leurs histoires. Mais je n’aime pas cette race. Ils sont cruels envers nous, mon père a vu toutes les atrocités qu’ils ont faites, ce dont ils sont capables. Il y a certainement des exceptions, comme pour nous et les animaux. Toutes les orques ne sont pas assassines, mais la plupart sont dangereuses et il vaut mieux les éviter. Ça n’empêche pas de les trouver fascinantes. » Je tourne mon regard dans sa direction. « Qu’est-ce que tu ferais là-haut ? Tu marcherais sur tes… pieds ? La sensation doit être si désagréable. Je préfère l’océan. » Je soupire. « Je ne renierai jamais ce que je suis pour devenir l’un des leurs. Jamais Anara. » Je me redresse pour observer les quelques crustacés accrochés aux parois rocheuses et j’en décroche un pour le manger. « Tu ne trouves pas qu’on peut vivre de belles aventures aussi ? Nous ne connaissons qu’un quart – et encore – de l’Océan. Il y a plein de parties que nous ignorons. Des animaux différents, des fonds… Je ne vois pas comment tu peux apprécier des personnes qui n’auront aucun scrupule à te tuer dans l’espoir d’être immortel. » Je roule des yeux. « Les Humains sont avides de pouvoir. Mon père me l’a dit et je pense, qu’en tant que premier-né, il est bien placé pour le savoir. »
Je conclus donc qu’il trouve les Humains fascinants également, mais qu’il doit être prudent envers eux, pour son père, parce qu’il doit être le bon fils. Je ne lui reprocherais pas, je sais juste que Savennag m’a longuement parlé des Humains et de ce qu’ils sont capables de faire en bien, comme en mal. Ils ne sont pas les monstres que nous voulons qu’ils soient. Son regard me fait tourner également mon visage dans sa direction. Marcher avec des jambes, cela doit être étrange, pourtant, je suis curieuse de savoir. Tester par moi-même, apprendre, après tout une fois comme les Hommes, personne ne peut savoir que nous sommes des Êtres de l’eau. « Ce n’est pas ce que je prétends…je suis juste curieuse de voir de mes propres yeux ce que j’ai lu dans les ouvrages à leur propos… » Je soupire, j’imaginais qu’il aurait été plus juste envers ces créatures bipèdes qu’il me demande d’étudier. Je ne souhaite pas me fâcher avec lui, il a la version de son père et j’ai la version de Savennag, connaissant l’histoire des deux tritons, je sais maintenant les raisons de leur désaccord, et je ne veux pas en venir là avec mon ami. Je tiens beaucoup à Maëa, je me sens proche de lui et je souhaite que cela perdure. « Oui, ton père doit savoir… » Je nage vers la paroi, allant caresser les coraux rouges qui s’y sont accrochés. « J’ai hâte que tu ne sois plus obligé de te cacher avec ta famille…j’aime faire les trajets avec mon père bien entendu, cependant, je souhaiterai passer beaucoup de temps avec toi, à discuter et explorer les océans ! Oui, nous pourrions partir voir ce qu’il y a au-delà de ce que l’on connait ! » Je donne un coup de nageoire dans sa direction me plaçant contre le rocher où il se trouve, une main sous la tête. « L’aventure, oui…tu prêcheras les crevettes et je chasserai les poissons ! Bien entendu pour cela, il faudrait que la Reine ne te traque plus… » Je souris tout en posant ma main sur son abdomen. « Promets-moi que nous le ferons lorsque tout sera revenu normal pour ta famille ? Même si on ne fait qu’en parler…Demande-moi de lire les ouvrages des explorateurs et je le ferai et la prochaine fois, nous planifierons notre voyage ! » Je vois bien qu’il a envie de rire, suis-je trop excentrique pour lui à cet instant ? « Tu as envie de te moquer de moi, je le sens… » Nos discussions se poursuivent jusqu’à tard avant que nous ne décidions qu’il était temps de rentrer chez Maëa. Le lendemain, je repars en compagnie de mon père, un séjour bien trop court à mon goût, mais il y en aura d’autres. Bien que les choses ne soient jamais certaines.
Les semaines s’écoulent, les mois, les années même. Toujours semblables pour moi, passant de ma vie et mon apprentissage et attendant impatiemment de revoir Maëa et sa famille. Cependant, la relation avec mon meilleur ami semble se mouvoir en autre chose, une chose plus profonde qu’un simple attachement et bien que nous n’en ayons jamais parlé l’un avec l’autre, mon père m’a fait savoir que cela se remarque. Cela me fait bien évidemment toujours rougir, comment nier l’évidence. L’époux de la Reine est mort, tout le peuple des mers est en émois face à cette nouvelle. Délèmir est venu voir mon père, lui demander de prévenir sa sœur et son époux que le peuple commence à penser que Néisse est la cause de sa mort et que cela ne pourra que jouer en leurs faveurs. Trois jours après, nous nous retrouvons sur la route de la grande faille. Mon père se fait messager et je vais retrouver Maëa dans sa cachette, mais il n’y est pas. Je parcours tous les endroits qu’il a l’habitude de fréquenter pour enfin revenir à la faille. Je ne dérange pas les adultes et je vais directement dans ce qui sert de chambre à mon ami. Cyd vient me tenir compagnie et il me demande de lui raconter des histoires ce que je m’empresse de faire. J’aime le voir des étoiles dans le regard, il est comme un frère, un petit frère qu’on a envie de protéger de tout.
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« Promets-moi que nous le ferons lorsque tout sera revenu normal pour ta famille ? Même si on ne fait qu’en parler…Demande-moi de lire les ouvrages des explorateurs et je le ferai et la prochaine fois, nous planifierons notre voyage ! » J’étire un sourire, trouvant cela à la fois amusant et touchant qu’elle le veuille à ce point. Je doute que ce jour arrive, du moins pas avant de nombreuses années si ce n’est siècle. Sera-t-elle encore là à venir me rendre visite ? J’en doute fort. « Tu as envie de te moquer de moi, je le sens… » Je viens poser ma main sur sa nageoire, mes yeux croisant les siens. « Nous le ferons, un jour. On s’évadera, toi et moi. » Après de longues discussions, nous rentrons et Anara repart avec son père dès le lendemain.
Les années passent, nous vivons toujours dans la faille. Anara vient nous rendre visite avec son père aussi régulièrement que possible. Délémir vient également, mais beaucoup plus rarement. D’ailleurs, il semblerait qu’il commence à y avoir quelques soupçons. Je n’ai pas revu mon oncle depuis des mois. Je suis en train d’aider ma mère à préparer des crevettes pour notre repas, elle balance sa nageoire pour frôler la mienne afin d’attirer mon attention. « Hmh, » dis-je tout en redressant le regard vers elle. « Je pense que la crevette que tu tiens est prête chéri. Je te sens ailleurs, tout va bien ? » Ma mère ne rate rien. Je soupire tout en attrapant une autre crevette, « je ne sais pas, je réfléchis… » Elle laisse ce qu’elle fait pour venir s’asseoir sur le roc que nous utilisons pour mettre nos filets de crevettes ou coquillages. « Dis-moi ce qui te tracasse Maëa. » Je me retourne dans sa direction, avant de donner un coup de nageoire vers l’arrière pour nager devant elle. « Et bien, je me demande simplement si Anara est une amie ou si… » Elle sourit, me faisant un signe de venir près d’elle et c’est ce que je fais, elle attrape ma main pour la déposer sur mon torse. « Qu’est-ce qui se passe à cet endroit lorsque tu es avec Anara ? » Je souris légèrement, baissant les yeux. « Et bien, il bat vite et fort. J’ai l’impression de me faire poursuivre par un requin si bien que je frissonne et que ma peau se recouvre de petites boules. » Plus je parle, plus son sourire s’agrandit. Lorsque je m’arrête, elle vient poser une main sur ma joue, délaissant celle sur mon torse et soupire légèrement. « Tu es amoureux Maëa. Nous l’avions remarqué depuis un moment, on en discutait souvent avec Azalan lorsqu’on vous voyait tous les deux. » Je pose de nombreuses questions à ma mère concernant cet émoi et elle me répond, me conseille et me guide.
Anara n’avait pas pu venir depuis des semaines, je commence à m’impatienter surtout que je compte lui parler de ces sentiments. Lorsqu’elle arrive enfin, je m’empresse de venir jusqu’à leur rencontre, saluant son père d’un mouvement de tête. « Viens, on doit parler ! » lui dis-je tout en l’entraînant vers notre repaire secret. Nous nageons en silence, elle ne demande pas ce que j’ai à lui dire comme si elle savait que je ne dirais rien. Tant qu’on ne sera pas au rocher. Je l’observe, sa longue nageoire sombre à côté de la mienne, verte émeraude. Lorsque nous arrivons enfin sur place, je m’installe sur le sable en soupirant, mirant le ciel au loin dans le puits de lumière. Elle s’allonge à côté de moi, toujours silencieuse tout en attendant que je prononce un mot. Je tourne mon visage vers son profil, le baissant vers ses bras qui reposent le long de son buste. Mes doigts glissent de son coude à son poignet, avant de s’entremêler au sien. Elle tourne son visage vers le mien, je redresse les yeux et j’étire un sourire avant de me pencher en avant pour déposer mes lèvres contre les siennes.
« J’aimerai y aller… » Je souris avant de m’arrêter soudainement de nager. Anara fait de même pour venir près de moi, les sourcils froncés. « Je suis sérieux Anara. J’aimerai que tu m’emmènes voir Savennag. Allons-y maintenant ! » Elle veut protester, mais j’attrape sa paume tout en nous faisant tournoyer légèrement comme le font certains dauphins. « On sera discret. Laisse-moi découvrir le palais, peut-être que je ne pourrais jamais le voir ! »
À peine mon père et moi arrivons que Maëa vient à notre rencontre, salut rapidement mon père et m’embarque en prétextant vouloir me parler. Mes yeux s’arrondissent, tandis que je jette à mon père un regard d’incompréhension tout en suivant le triton. Je sais parfaitement où nous allons, notre repère, le sien avant d’être le mien, bien entendu, mais nous aimons à nous y cacher. Maëa m’inquiète, il est trop silencieux pour que ce soit une conversation badine et bien trop tendue pour que cela soit une simple conversation. Je viens près de lui, un léger sourire aux lèvres, optant pour la même position que ami, tout en gardant un silence qu’il a lui-même imposé. Je sens ses doigts voyager sur la chair avant de sentir mon cœur bondir dans ma poitrine, à la sensation de ses phalanges qui s’emmêlent aux miennes. Mon regard céladon croise le sien et je comprends que oui, cela fait bien longtemps que ce moment aurait pu arriver. Ses lèvres se rapprochent venant danser contre ma bouche dans un baiser que j’ai désiré en plusieurs années.
Nos visites aux prétendants au trône se font de plus en plus régulières sur ma demande. Mon père connait les raisons, et je sais qu’il préfère que nous y allions à deux que je sois seule sur le chemin. J’ai de plus en plus de difficultés à trouver la bonne raison pour rentrer avec lui, j’ai besoin d’être avec Maëa, son absence me rend incomplète et la distance et le temps ne font qu’empirer ce sentiment de creux dans mon ventre. Je crois que mon père s’en rend compte lui aussi, il sait qu’un jour prochain, je resterai vivre auprès de Malech, Zéa et leurs enfants.
Le temps passe indéniablement, ne faisant pas bouger nos apparences. Je nage en compagnie du triton dont je suis éprise, lorsqu’il s’arrête, me demandant d’aller quelque part. « Où ? » J’entrouvre les lèvres pour lui dire que c’est interdit, que c’est une folie qu’on pourrait se faire prendre et tuer. Je soupire, tout en sentant que je ne pourrai pas le lui refuser. Maëa est très persuasif lorsqu’il le veut. « C’est de la folie pure, tu le sais…bien entendu que tu le sais… » Je mire les alentours avant de retourner à son regard azur qui me transperce l’âme tout bonnement. « Très bien…Je…Viens ! » Je saisis sa main et je l’entraine vers ce trajet que je connais même les yeux fermés. Nous mettons plusieurs heures avant d’apercevoir les tours du palais. J’ai le cœur qui bat par la peur, alors que mon amour, lui, possède des lumières éclatantes dans les yeux. Il commence à vouloir s’approcher et je le retiens. « Attends ! » Il tourne son regard vers moi et j’ai peur, j’ai peur pour lui, pour sa sécurité, je connais la Reine, je sais les raisons de son exile et je suis là, avec lui sur un coup de tête, sur un caprice que je n’ai pas su refuser. Il me rassure, tel un amant le ferait avant de m’entrainer vers ce bâtiment sous-marin que seules les créatures aquatiques peuvent contempler. Je le fais passer par les chemins peu fréquentés, nageant rapidement, jusqu’à la tour où les écrits du savoir se trouvent. Une fois dans la tour, j’appelle le sage qui fait son apparition, en premier, un sourire avenant au visage qu’il transforme rapidement en des traits de colère. Il se précipite vers la grande porte pour la clore d’un geste et se tourne vers nous, prononçant des mots avec colère. « Seriez-vous fous ! L’un comme l’autre ? Je sais que l’amour peut faire faire des bêtises, mais là, c’est votre vie que vous mettez sur la balance, vous en rendez-vous compte ? » Maëa fait mine de ne rien savoir, de ne pas comprendre de quoi il parle et je me contente de faire profil bas. « Tu ne sais pas ? Tu es bien comme ton père, jeune Thelxiope ! Arrogant et imprudent ! » Il dodeline de la tête avant de nous conduire dans une pièce plus discrète à l’arrière, s’adoucissant par la même occasion. « Pourquoi êtes-vous ici ? Passé la surprise et la colère, je suis ravie de te voir, jeune Maëa, mais si on apprend qui tu es…ce n’est pas seulement toi que tu mettras en danger, mais ta famille et la sienne ! » Dit-il en me désignant. Cependant, après plusieurs paroles, les deux tritons trouvent de quoi parler et je me contente de les écouter. Savennag est un puits de science, un être totalement à part comme j’en ai rarement rencontré.
Avant la nuit, nous quittons le palais avec l’aide de Savennag, nous avons la chance de pouvoir passer inaperçus. Maëa ne souhaite pas rentrer encore et je suppose que notre absence n’a pas dû passer inaperçue à la faille. Nous décidons de passer la nuit chez ma mère qui s’étonne de me voir revenir sans mon père. Discrètement, je lui donne des explications et j’ai le droit à des remontrances, mais elle promet de garder le secret envers papa. Après le repas, je fais visiter les alentours à Maëa, avant que pour la première fois, nous nous unissions comme des adultes. Lorsque je m’endors ce soir là, contre lui, je me sens différente, comme si un lien plus fort qu’un simple amour était né quelque part entre mon âme et mon cœur.
Notre escapade resta secrète, nos parents respectifs, à l’exception de ma mère qui connaissait la vérité, ne surent jamais ce que nous avions fait. Cependant…ce fut le début de bien des maux. Quelques jours seulement après notre retour, alors que nous étions en train de préparer le repas, mon père arriva précipitamment. « Il faut monter à la surface, prenez le passage et remontez vers la grotte, ne revenez pas tant que je ne serais pas venu vous chercher ! Allez ! » Ma mère alla vers mon père, l’embrassa une dernière fois, les traits de son visage tendus et tristes. Elle m’emporta dans le fond de notre cavité de roche et ce fut la dernière fois que je vis mon père. J’appris plus tard qu’il avait été condamné à mort par la Reine, notre maison saccagée. On dit qu’il a survécu pendant longtemps aux tortures qu’on lui fit subir avant que Savennag ne lui offre la possibilité de partir dignement. Ce jour-là, je perdis ma vie, mon père, mon foyer et mon amour. Ma mère quitta la terre des Humains, seulement quelques années plus tard, ne supportant pas d’avoir perdu mon père, elle se laissa succomber à la morosité et je fis jurer de ne pas retourner sous l’océan tant que la Reine serait encore sur le trône. Je n’ai jamais rompu cette promesse, même si j’ai plusieurs fois eu envie de retourner dans mon élément pour retrouver Maëa. J’ignore ce qu’est devenu mon peuple, j’entends parfois de nombreux récits sur eux, mais jamais, je ne suis retournée là-bas, sauf pour un bain de mer rapide et nécessaire.
by beraberel
Peter Pan
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Pouvoir aller au palais sous-marin est un rêve d’enfant. Plus jeune, ma mère me narrait souvent tous les souvenirs qu’elle possède là-bas. Comment elle a rencontré mon père, comment ils ont vécu leurs premiers moments d’amour. Rien ne peut m’empêcher d’y aller, pas même la peur que je lis dans les yeux d’Anara alors que nous observons le palais au loin. Je la rassure, impatient de pouvoir pénétrer à l’intérieur pour aller jusqu’au quartier de Savennag. Lorsqu’on y est, Anara l’appelle et celui-ci arrive avec un sourire au visage, qui disparait bien vite lorsqu’il me voit. Il s’empresse de fermer les portes après notre entrée : « Seriez-vous fous ! L’un comme l’autre ? Je sais que l’amour peut faire faire des bêtises, mais là, c’est votre vie que vous mettez sur la balance, vous en rendez-vous compte ? » Je lève des épaules, jouant l’innocence et l’ignorance. Comment peut-il savoir qui je suis ? « Tu ne sais pas ? Tu es bien comme ton père, jeune Thelxiope ! Arrogant et imprudent ! » Je fronce des sourcils, n’appréciant pas qu’il parle ainsi de mon père. Il n’est ni arrogant, ni imprudent. Mon père est l’exemple même de la perfection dans notre espèce et si nous étions tous comme lui, alors nous n’aurions pas à craindre les Humains. Il nous entraîne dans une autre pièce, parlant du danger potentiel de ma famille et de celle d’Anara, mais après quelques paroles, ma colère finit par s’apaiser pour poser ainsi toutes les questions qui me chamboulent l’esprit. Nous restons au palais jusqu’à al tombée de la nuit sur Terre, assombrissant légèrement les fonds marins pour notre monde, mais uniquement jusqu’à l’éveil de certaines espèces qui deviennent plus lumineuses. Ne souhaitant pas rentrer, on va chez la mère d’Anara et nous restons toute la nuit ici. Parce qu’on le désire et qu’on s’aime, Anara et moi nous unissons comme deux amants cette nuit-là.
Ce n’est que quelques jours plus tard, que Délémir vient nous voir à la faille. Malgré une grosse remontrance par mes parents, quand nous sommes revenus le lendemain matin avec Anara, ils ont dû deviner que nous avions voulu être seuls pour une raison particulière. Ma mère m’a longuement parlé de l’amour et du besoin de vivre auprès de la personne qu’on aime, de se construire un avenir et une famille. Cependant, tous mes projets ont dû disparaître quand on a appris la nouvelle. On ignore comment, ni qui… mais le père d’Anara a été accusé de trahison par la Reine. Il a été tué. Et Délémir n’a jamais pu retrouver ni sa femme, ni sa fille. Il pense qu’elles ont été tuées, également. Il en est même certain. Lorsque je l’ai su, je suis parti durant plusieurs jours m’enfermer dans notre repaire pour pleurer cet amour que je viens de perdre. Comment pouvait-on tuer une sirène comme Anara ? Si douce, si aimante… si parfaite. Si regrettable à mon âme meurtrie. C’est mon jeune frère, Cyd, qui m’a aidé à revenir auprès des miens et de ne pas sombrer dans la colère vengeresse. Il avait besoin de moi lui aussi, il avait perdu une très bonne amie. Alors, pour mon frère, j’ai dû faire mon deuil. Mais ça n’a pas été facile.