Nous avancions à présent vers le port, cet endroit qui me semblait familier était pourtant l’un des endroits que je ne fréquentais pas depuis mon retour de Pixie Hollow. Rosasharn m’interroge sur mon « aventure », cette histoire d’élus qui ont sauvé l’île – dont je faisais parti. Je n’aimais pas me venter d’avoir été choisi, car je n’ai jamais aimé attirer l’attention sur moi. J’étais quelqu’un de discret, qui ne voulait surtout pas avoir de problème. Enfin, c’est plutôt drôle de dire cela quand on sait que j’ai courtisé une femme fiancée à un autre. Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore, non ? Quand j’y repense, je me dis que j’ai été complètement dingue d’avoir flirté avec Rosasharn ainsi… mais au final, si elle ressentait la même chose que moi ; alors je n’avais aucun remords. Avec elle, je me sentais revivre – je voulais lui faire découvrir de nouvelles choses, bousculer son quotidien, la faire voyager. Dès notre première rencontre, j’avais ressenti qu’il manquait quelque chose dans la vie de Rosasharn – qu’elle avait besoin de bien plus que sa vie actuelle – que ce manque, je pouvais le combler. Je lui dévoilais mes envies de voyage, surtout avec elle à mes cotés. C’est là, qu’elle m’avoua que chacun de mes départs en mer la terrifiait… j’avais encore du mal à me dire que j’avais vraiment vécu cette vie de pirate, et je me dis que ce n’est pas plus mal si aujourd’hui je ne suis qu’un simple fermier. Certes, c’est bien plus romanesque d’être un loup de mer ; mais je pense qu’à nous deux, nous pouvons créer nos propres histoires. Je tenais la main de Rosasharn dans la mienne, caressant sa peau de mon pouce. « Oui aujourd’hui, ma vie est sur la terre ferme et j’espère vous retrouver autant que possible. La mer ne sera plus un obstacle entre nous. » Nos vies étaient similaires aujourd’hui, nous avions tous deux une ferme à gérer, et je me demandais si celle de Rosasharn avait reprit vie depuis la malédiction. Elle était souriante, j’étais heureux que son « gagne-pain » soit de nouveau productif, et proposa mon aide. Je m’imaginais travailler en sa compagnie, ce qui pourrait égayer nos journées. Je lui dévoilais l’un de mes secrets, une chose dont je ne lui ai jamais parlé. « Je dois vous dire quelque chose Rosasharn, notre première rencontre au marché… ce n’était pas la première. » Je marque une légère pause, un peu gênée par cette confession. « Je vous ai vu dans l’un de vos champs la première fois, il était recouvert de neige et dans cette nuit noire, je n’ai vu que vos cheveux blonds. Mon cœur s’est éprit de vous à ce moment-même. Alors … je vous ai suivi jusqu’au marché, prétextant vouloir acheté des légumes… » J’avais sûrement dû rougir face à cette déclaration, mais le moment se prêtait à la confidence.
Nous avancions sur le quai, quand Rosasharn m’interpella. Elle montrait du doigt un magnifique navire, il me semblait familier, et je compris la raison lorsque Rosasharn m’expliqua que je travaillais sur ce dernier. Elle ajouta que nous avions vécu une scène sur ce même navire – malheureusement pour moi – tout ce qui touchait la piraterie avec été effacé de ma mémoire. Je rageais intérieurement de ne plus me souvenir de ce moment passé avec elle. Elle avait dû lire sur mon visage la tristesse, puisqu’elle me demanda si je me souvenais…. Hélas, non. Je lâchais la main de Rosasharn puis m’avança vers l’immense bâtiment. Je posais ma paume contre le bois, levant les yeux vers la proue ornée d’une sirène de bronze. « Je n’ai aucun souvenir, juste des sensations. Parfois l’odeur iodée de l’océan qui m’appelle, ou comme cette fois dans la forêt où j’ai dégainée mon épée… cela me semblait si naturelle. Quelques fois, je me réveille la nuit – et l’espace d’un instant – je crois être dans ma cabine sur le navire, puis je réalise que ce n’est pas le cas. » Je me retourne vers Rosasharn, la regardante edans les yeux pour lui avouer la dernière partie de ma confession. « C’est comme notre histoire, vous êtes gravés au plus profond de moi… mais parfois j’ai des trous de mémoire. Comme cette scène sur le navire, je n’en ai aucun souvenir… la seule chose dont je suis certain, c’est de vous aimez. » Mes mains se logèrent de chaque coté de son visage, plantant mes iris dans les siennes. « Mais le plus important, c’est qu’à présent, nous allons construire nos propres souvenirs à deux. Cette vie de pirate est bien loin, mais je pense que c’est une bonne chose… si je n’avais pas été sur ce marché ce matin, nous n’en serions pas là à cet instant. » Je le pensais vraiment, si j’avais été encore lieutenant sur le Dunbroch – j’aurais sûrement été dans une taverne à cette heure-ci.
Non, la mer n’était plus un obstacle entre nous ! À cette idée, je resserrais mon étreinte autour de la main de l’ancien pirate. Je n’avais pas les mots pour exprimer à quel point j’étais soulagée, mais il semblait l’avoir parfaitement compris. J’acceptais ensuite qu’il vienne m’aider à la ferme. Ce serait un véritable plaisir qu’il vienne passer ses journées dans mon petit domaine. Ce serait mentir que de dire que je ne nous avais pas déjà imaginé tous les deux, vivre et travailler dans notre petit coin de paradis. Ce rêve n’avait jamais été aussi proche qu’il ne l’était aujourd’hui. J’espérais secrètement que cela se concrétise au plus vite. « Je dois vous dire quelque chose Rosasharn, notre première rencontre au marché… ce n’était pas la première. » Sa phrase m’interloqua… Il m’avait fait une si bonne impression lors de notre rencontre, que je n’aurais pu oublier à l'avoir déjà rencontré auparavant… « Je vous ai vu dans l’un de vos champs la première fois, il était recouvert de neige et dans cette nuit noire, je n’ai vu que vos cheveux blonds. Mon cœur s’est épris de vous à ce moment même. Alors … Je vous ai suivi jusqu’au marché, prétextant vouloir acheter des légumes… » Son récit me fit sourire. Ce n’était donc pas la première fois que lui me voyait. Venant d’une autre personne, j’aurais peut-être trouvé cela étrange que quelqu’un me suive ainsi, mais connaissant Magnus, je trouvais cela adorable. Il rougissait à chacun de ses mots, je pris alors sa tête en mes mains. « Je ne regrette en rien que vous m’ayez suivi ce jour-là ! Cette petite confidence me va droit au cœur. » Comment lui en vouloir après tout ? S’il ne l’avait pas fait, nous ne serions pas là ce soir, tous les deux, mains dans la main en train de marcher et discuter dans le port.
Notre balade continua et j’eus la mauvaise idée de parler du Dunbrock qui était amarré juste devant nous… Je n’avais pas réalisé à quel point il pouvait être douloureux de parler de ses souvenirs perdus pour Magnus… Il semblait alors bien plus pensif qu’auparavant. Il me lâcha la main pour s’approcher du bâtiment. « Je n’ai aucun souvenir, juste des sensations. Parfois, l’odeur iodée de l’océan qui m’appelle, ou comme cette fois dans la forêt où j’ai dégainé mon épée… cela me semblait si naturelle. Quelquefois, je me réveille la nuit – et l’espace d’un instant – je crois être dans ma cabine sur le navire, puis je réalise que ce n’est pas le cas. » J’écoutais d’une oreille très attentive ce que disait Magnus. C’était des sensations que je ne connaissais pas. Je ne pourrais jamais vraiment comprendre ce qui lui arrivait, même si quelque que fois, il m’arrivait de penser à des choses similaires. À la perte de mon père, je me réveillais parfois la nuit, pensant entendre sa voix… Mais il ne s’agissait que d’un rêve, à chaque fois… « C’est comme notre histoire, vous êtes gravés au plus profond de moi… mais parfois j’ai des trous de mémoire. Comme cette scène sur le navire, je n’en ai aucun souvenir… La seule chose dont je suis certain, c’est de vous aimer. » Il s’était rapproché de moi, et nos lèvres n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’une de l’autre. J’avais follement envie de l’embrasser suite à cette déclaration. Cela me touchait, au plus profond de son corps. Je ne m’étais jamais sentie autant aimé avant ce jour. « Mais le plus important, c’est qu’à présent, nous allons construire nos propres souvenirs à deux. Cette vie de pirate est bien loin, mais je pense que c’est une bonne chose… Si je n’avais pas été sur ce marché ce matin, nous n’en serions pas là à cet instant. » Plongeant mon regard dans celui de Magnus, j’acquiesçais après chacune de ses phrases. « Si vous ne m’aviez pas aperçue dans la neige non plus… » C’était de là que tout avait commencé après tout, nos premières paroles ensemble. Je me perdais souvent à repenser à notre première rencontre, je me souvenais, sans aucun doute de tous les détails ! Je me hissais alors sur la pointe des pieds pour embrasser de nouveau le pirate.
Notre balade sur le port se termina lorsqu’il fallut faire demi-tour, nous étions alors arrivés jusqu’au bout du pont, il n’y avait plus grand-chose à faire mis à part regarder la mer qui s’étendait jusqu’à l’horizon. Un léger vent se leva alors et pour parer le froid, je me blottis contre Magnus. « Pensez-vous que je pourrais abuser de votre hospitalité dès ce soir ?... » Demandais-je alors doucement. « Je n’ai pas envie de rentrer chez moi ce soir… » J’avais l’impression d’être une adolescente en fuite qui fuyait ses responsabilités craignant le regard de ses parents si elle devait retourner chez elle. Après tout, la situation n’était pas si différente… Je craignais ma prochaine discussion avec Edward, je craignais les reproches de ma mère qui ne comprendrait sans doute pas ma réaction… Je craignais que tout mon petit monde s’écroule. J’étais si bien dans les bras de Magnus que j’avais l’impression d’être protégée, qu’avec lui, rien ne pouvait m’arriver.
Ma main dans celle de Rosasharn, nous étions sur le port de Blindman’s Bluff – désert à cette heure-ci. L’idée de pouvoir reproduire cette situation dans l’avenir m’enthousiasmait au plus haut point, et dire que je venais de passer – plus d’un mois – dans cette attente interminable, croyant même qu’elle ne désirait plus me voir. Je m’étais trompé sur toute la ligne, elle avait des sentiments pour moi, et elle s’apprêtait à quitter son fiancé pour moi… qui aurait cru qu’elle me choisisse moi, plutôt que lui ? J’étais aux anges, et je n’aspirais qu’à une chose, poursuivre notre histoire. Nous avions perdu tellement de temps, et nous avions une vie à construire ensemble. D’ailleurs, je m’imaginais déjà travaillant avec elle, voyager pour découvrir l’île et ses moindres recoins, profiter de chaque moment que la vie nous offrait. Je lui avouais même, un détail sur le début de notre histoire… ce petit secret que je gardais précieusement car j’avais un peu honte de mon attitude. Mais c’était idiot, j’avais eu le coup de foudre pour cette jolie fermière blonde… et j’avais tout fais pour que cette rencontre soit possible. Si j’étais resté en retrait ce soir là, nous ne serions jamais tombé amoureux l’un de l’autre. Mes joues avaient prient une teinte rosée, mais Rosasharn ne m’en tenait pas rigueur, elle m’avoua même que cela la touchait.
Puis nous nous approchions du Dunbroch, le navire sur lequel j’avais passé dix ans de ma vie – du moins – d’après ce que l’on m’avait dit. Je n’avais aucun souvenir de cette époque, et pourtant les sensations étaient là. Voir ce navire me chamboulait, j’avais l’impression de l’avoir toujours connu. Je sais très bien que cette vie de pirate n’avait pas été mon choix, mais ce sont dix années de ma vie qui se sont effacées. Heureusement pour moi, je n’avais pas oublié les rencontre que j’avais vécu, comme Rosasharn ou encore, Apolline – ma demi-sœur. Vivre comme un pirate, ce n’était pas moi et cela ne l’a jamais été… mais en posant les yeux sur ce bâtiment, je me suis senti… comme chez moi. C’est sur ces planches que je suis devenu un homme, et que j’ai manié l’épée pour la première fois, sur ce pont où j’ai tant de fois rêver à une vie plus douce… cette vie, je m’apprêtais à la vivre à présent, et qui plus est avec Rosasharn à mes cotés. Le destin a voulu nous mettre sur le même chemin, et encore aujourd’hui, il a fait que nous nous retrouvions sur ce marché. « Nous sommes lié l’un à l’autre, par je ne sais quel destin… mais c’est comme si, nous étions fait pour nous retrouver. » Cette phrase me rappelait un conte que je lisais souvent étant enfant, celui ou la princesse et le prince se disaient « i will always find you » à croire que ce conte était un signe. Les lèvres de Rosasharn se posèrent contre les miennes, je fermais les yeux pour savourer cet instant et savourer la chance qui s’offrait à moi.
Nous arrivions au bout du ponton, seule la mer se trouvait à présent devant nous. Les yeux rivés vers cette étendue vaste et agité, je me demandais si je remettrais un jour, le pied sur un bateau. J’espérais de tout mon cœur pouvoir le faire, mais pas en tant que pirate, non ! Juste pour une escapade en compagnie de Rosasharn. Le vent était bien plus virulent au large, lorsqu’il nous parvint, la jolie blonde se blottit contre moi. Je resserrais mon étreinte pour ne pas qu’elle est froid, mais il serait plus judicieux de rentrer. Comme pour lire dans mes pensées, la jeune fermière me demanda si elle pouvait rentrer avec moi. Elle semblait perdue, ou juste apeurée à l’idée de rentrer chez elle et de faire face à ce qui l’attendait chez elle. Caressant son dos alors qu’elle se trouvait dans mes bras, je lui répondis : « Ma proposition tient toujours, ma maison sera votre refuge dès que vous en sentirez le besoin. » Je l’a tenais tout contre moi, puis commençais à faire demi-tour. « Rentrons avant de geler sur place. Êtes-vous venu à cheval ? » Ma jument n’avait pas bougé de l’endroit où je l’avais attaché, à l’entrée du port ; mais je ne savais pas si Rosasharn était venu à pied de chez elle, ou si elle était venu à cheval. Ma maison était bien plus éloignée de la sienne, à la lisière de la forêt des âmes. Nous nous dirigions de nouveau vers Blindman’s Bluff, où l’on pouvait entendre le tumulte de la population. Les rumeurs se propagent à vive allure ici… espérons qu’Edward n’apprenne pas la nouvelle avant que Rosasharn n’est pu lui parler, bien que je doute que quelqu’un nous ai vu sur le port.
Je me laissais aller dans les bras de Magnus, le regard perdu à l’horizon. J’étais si bien dans ses bras, si bien avec lui. À une époque pourtant, tout nous séparait et voilà qu’aujourd’hui, nous étions ensemble, nous avions choisi d’être ensemble ! « Nous sommes liés l’un à l’autre, par je ne sais quel destin… mais c’est comme si, nous étions faits pour nous retrouver. » Ses mots me firent chaud au cœur. Magnus n’avait pas tort, malgré tout ce qui nous était arrivé, nous étions enfin là, tous les deux. Il y avait cette « aura » qui m’avait toujours poussé vers lui, comme lorsque je cherchais si son navire était amarré au port ou lorsque je demandais à des taverniers s’ils avaient des nouvelles du Dunbrock. Mais ce temps était révolu, j’allais pouvoir profiter de chaque moment avec l’homme que j’aimais, et ça commençait maintenant ! J’embrassais Magnus de longues secondes, et savourais cet instant passé avec lui.
Le froid s’installa doucement, il était temps de rentrer. Pourtant, je n’avais aucune envie de rentrer à ma ferme, aucune envie de croiser le regarde d’Edward... Alors je demandais à Magnus s’il était possible que je rentre avec lui ce soir. « Ma proposition tient toujours, ma maison sera votre refuge dès que vous en sentirez le besoin. » Une fois de plus, les paroles réconfortantes de Magnus me touchèrent, droit au cœur. Je me blottis de nouveau contre lui et poussais un long soupir avant de faire demi-tour. Un poids terrible venait enfin de se soulever, je n’allais pas voir Edward ce soir et c’était un véritable soulagement, mais je savais aussi que ce n’était que partie remise... « Rentrons avant de geler sur place. Êtes-vous venu à cheval ? » Je fis non de la tête, j’étais venu à pied au marché ce matin, n’ayant pas grand-chose à vendre. Faire tout ce petit bout de chemin m’avait rappelé les jours sombres où je faisais ce trajet presque tous les jours... Mais la maison de Magnus était bien plus éloignée, nous aurions sans doute mis des heures avant d’y arriver… Magnus monta alors sur son cheval et m’aida ensuite à m’installer devant lui. Une fois assise, je tapotais l’encolure de la jument puis elle partit au galop en direction de la forêt. Je me souvenais de la maison de la tante de Magnus, pourtant, je n’étais pas certaine de connaître le chemin par cœur. J’observais alors chaque sentier pour être certaine de retrouver la maison sans aucune difficulté. De temps en temps, je relevais la tête vers Magnus pour me protéger du vent en m’enroulant dans son manteau. Cette petite balade au creux de ses bras était fort agréable. Je fus presque déçue lorsque je vis de la fumée s’élever au loin, cela signifiait que nous étions bientôt arrivés. Magnus n’arrêtait pas son cheval devant la maison de sa tante, mais un peu plus loin, juste à côté d’une petite maison, qui était tout à fait charmante. « C’est vraiment toi qui as construit tout ça ? » Je m’attendais à voir quelques murs et un début de charpente, pas une adorable petite maisonnette au milieu de la petite plaine. « Elle est magnifique cette maison ! » J’avais hâte d’entrée pour la visiter !
Nous étions tous les deux dans cet endroit qui avait vu dix ans de ma vie, malgré le fait qu’aucun souvenir de cette vie ne me parvienne, j’en gardais la sensation. Comme si, je connaissais ce plancher par cœur, que j’avais croisé la route de chacun de ces navires, et cette odeur iodée me chatouillait les narines. Pourtant, à ce moment-là, pour rien au monde, je ne retournerais à cette vie de pirate. Non, un nouvel avenir se dessinait face à moi… et cela grâce à la jolie blonde qui se trouvait au creux de mes bras. Le vent me fouettait le visage, et le froid commençait à s’engouffrer à travers nos vêtements. Il était temps de rentrer au chaud, et avant même que je ne le propose, Rosasharn me devança. Je ne pus cacher ma joie plus longtemps, elle me demandait si elle pouvait rentrer avec moi. C’était bien la chose que j’espérais secrètement depuis nos retrouvailles. Je ne voulais plus passer une seule seconde de ma vie loin d’elle ; je sais que c’est ridicule… mais je l’ai déjà perdu une fois, je ne pourrais survivre une seconde fois.
Alors que nous quittions le port pour rejoindre mon cheval, je m’informais sur la façon dont Rosasharn était venu jusqu’ici. Puisqu’elle était venue à pied, nous pouvions quitter Blindman’s Bluff sur mon canasson qui nous attendait. Je grimpais sur mon destrier, puis attrapa la main de Rosasharn pour qu’elle monte à son tour. Nous partions en direction de ma demeure, et toute au long de la route, je resserrais mon étreinte sur Rosasharn. J’avais peur qu’elle prenne froid avec ce vent, et il fallait l’avouer, c’était agréable de l’avoir au creux de mes bras. Je pouvais sentir le doux parfum de sa peau, et la chaleur de son corps contre le mien… cette sensation, je la gardais graver au fond de moi. Nous nous approchions de ma demeure, et une idée me vient à l’esprit. Je n’avais pas envie de passer cette soirée dans une demeure qui n’était pas la mienne, je voulais que Rosasharn se sente à l’aise ; il n’y avait qu’un endroit qui pourrait le lui apporter : ma maison. Elle n’était pas totalement terminée, mais elle était tout de même habitable. Je n’avais pas eu le temps de faire les finitions, la décoration mais nous pouvions passer la nuit ici sans problème. Il y avait une cheminée pour chauffer la maison dans sa globalité, et l’intérieur fait de bois, était chaleureux et accueillant. J’avançais vers le verger, dépassant la maison de ma tante pour rejoindre ma nouvelle demeure. Je m’arrêtais près de la maisonnette – construite de mes mains – et descendais de mon cheval. Une fois le pied à terre, je saisis Rosasharn par la taille, et l’aida à descendre. « Oui, je l’ai fais tout seul en deux mois. Elle n’est pas complètement terminée, mais je ne voulais pas t’emmener dans cette maison qui n’est pas la mienne. Je veux que tu te sentes bien ici. » Je saisis sa main, et l’attira vers la porte d’entrée. Je poussais le battant de bois, et fis entrer Rosasharn en premier, je la suivis tout en observant sa réaction. « Je n’ai pas eu le temps de décorer, la chambre n’est pas encore fini, mais que penses-tu du salon ? Je vais allumer la cheminée, cela sera plus agréable. » Je laissais la jolie blonde dans la maison, pour aller chercher quelques buches de bois et rentra aussitôt. Je m’afférais à allumer le feu, et dès qu’une flamme dense fit son appariation, la chaleur se repartit dans la pièce. Je m’approchais de la jolie fermière, et glissa mes mains autour de sa taille : « Si on m’avait dit que tu serais là, dans cette maison avec moi… je ne l’aurais pas cru. J’ai l’impression de rêver. » Je déposais mes lèvres contre les siennes, savourant ce baiser. Je m’écartais légèrement du corps de la jeune femme et lui retira son manteau. « Il fait bon à présent, viens près du feu pour te réchauffer. » J’avais le sourire aux lèvres, j’étais heureux.
Contre lui, me balançant au rythme du galop, je profitais de la promenade dans les bras de Magnus. Je sentais son souffle contre ma nuque et son odeur à travers son manteau qui était maintenant enroulé aussi autour de moi. Cette petite balade pour nous rendre chez lui, j’aurais aimé qu’elle dure encore des heures et heures. Au creux de ses bras, je n’avais pas froid, je n’avais pas peur, je me laissais seulement bercer par tant de délices. J’étais déjà venu à l’endroit où avait grandi Magnus, je me souvenais de cette petite clairière qui était ravissante, j’aurais aimé que ma ferme se trouve dans un si joli endroit. La maison de Magnus n’était pas loin de celle de sa tante, légèrement en contrebas et elle était encore plus charmante que celle de sa « bienfaitrice ». Je fus alors étonnée de voir que Magnus était parvenu à faire d’aussi gros travaux seul. Je n’avais aucune idée de ses talents de maçon et de charpentier et le connaissant pirate, je ne les aurais même pas soupçonnés. J’étais très agréablement surprise et cela se voyait sans doute au grand sourire qu’affichait mon visage depuis que nous étions devant la maison. « Oui, je l’ai fait tout seul en deux mois. Elle n’est pas complètement terminée, mais je ne voulais pas t’emmener dans cette maison qui n’est pas la mienne. Je veux que tu te sentes bien ici. » Tout en parlant, il m’aida à descendre de son cheval. Une fois les pieds à terre, je tapotais l’encolure de la jument avant de suivre Magnus à l’intérieur.
« Je n’ai pas eu le temps de décorer, la chambre n’est pas encore finie, mais que penses-tu du salon . Je vais allumer la cheminée, cela sera plus agréable. » Mes yeux regardaient chaque détail de la maison tandis que j’y explorais tous les recoins. « Il n’y a presque pas besoin de décoration ! Cette maison est magnifique juste comme ça ! » Magnus sortit ensuite chercher du bois et lorsqu’il revint, je ne pus m’empêcher de continuer à complimenter le travail qu’il avait fait. « Ce salon est tout juste parfait ! » Dis-je en m’affalant dans un rocking-chair qui n’était pas loin de la cheminée. « Il manque juste quelques couvertures peut-être ! Pour se détendre au coin du feu et une bibliothèque ! Pour lire devant la cheminée ! Je pourrais passer des après-midi à ne faire que ça ! » Je n’étais pas très exigeante, même pas du tout, je ne demandais absolument pas à Magnus de faire des changements dans sa maison, non loin de là ! Seulement, pour une fois, je parlais de moi… C’était rare et toujours aussi succins, mais j’aimais beaucoup ce genre de choses simples. Je finis par me relever pour aller voir la vue que l’on avait de la fenêtre du salon et me mis à songer. « Si on m’avait dit que tu serais là, dans cette maison avec moi… je ne l’aurais pas cru. J’ai l’impression de rêver. » Magnus était venu se glisser derrière moi. Je posai alors ma tête sur son épaule, « C’est comme un rêve c’est vrai. » *et j’espère que cela ne virera pas au cauchemar* pensais-je avant de me ressaisir « C’est comme si je me sentais libérée d’un poids et qu’à présent, je pouvais faire tout ce que je voulais. C’est très étrange comme sentiment, mais je me sens bien ! » Puis, il déposa ses lèvres contre les miennes. C’était doux, c’était agréable. J’en demanderais des millions comme celui-là. « Il fait bon à présent, viens près du feu pour te réchauffer. » Je lui lâchais la main, je m’approchai de la cheminée et enlaçai l’homme que j’aimais devant le feu ardent.
Après ce doux moment de tendresse, je m’installais sur le tapis devant la cheminée. Il y avait le rocking-chair que j’aurais pu approcher, mais j’étais bien là. « Alors raconte-moi ! Comment t’es venu l’idée de te construire une maison ? Combien de temps tu as mis ? Je veux tout savoir ! » J’avais envie d’apprendre un tas de choses à son sujet, car je m’étais aperçue que je ne savais presque rien de Magnus à propos de la vie de tous les jours. C’était comme si je retombais amoureuse pour la première fois. J’avais des papillons dans le ventre et le sourire aux lèvres. Je n’étais visiblement pas encore assez grande pour avoir ce genre de comportement. « Cet après-midi, tu vendais des pommes au marché non ? Tu as ton propre verger aussi maintenant ? » J’avais tant de choses à apprendre de lui, je comptais bien passer la nuit avec lui au coin du feu et absolument tout savoir !
Nous étions arrivés à destination, la maisonnette de bois se dessinait au milieu du verger. La vue qui s’offrait à nous me fit sourire, comme si cette vision faisait partie intégrante de notre futur. Je savais que Rosasharn ne voulait pas quitter sa ferme, et je la comprenais parfaitement, elle avait un bien joli domaine – et ce serait idiot de renoncer à cela – mais j’espérais que cette maison serait notre endroit rien qu’à nous. Une sorte de refuge pour nous éloigner de toutes les tensions extérieures. Je descendis le premier, puis aida la jolie blonde à poser un pied à terre. Je posais mon regard sur elle, ses yeux émerveillés par le fruit de mon labeur. Après mon retour de pixie hollow, je n’arrivais plus à dormir – tous ses évènements m’avaient profondément bouleversé – alors je me suis mis en tête de tout recommencer à zéro, et cette maison était la première étape. Il y a deux mois de cela, j’avais perdu espoir de revoir cette jolie fermière ici… ces mots étaient clairs, elle l’avait choisi lui. Qui aurait cru à ce retournement de situation ? La voilà à présent dans ma demeure, prête à construire une nouvelle relation avec moi. Mon cœur ne cessait de battre la chamade depuis que nous nous étions retrouvés sur ce marché, puis ces mots résonnaient toujours dans ma tête lorsqu’elle m’avait avoué que c’était moi qu’elle désirait – et non celui qui lui avait offert cette bague. J’espérais seulement que ce rêve soir réel, et que je n’avais pas imaginé tout cela.
Je laissais Rosa pénétrer dans ma maison, observant chacune de ses émotions, priant intérieurement qu’elle aimait ce qu’elle voyait. Je la laissais quelques instants pour aller chercher du bois pour allumer la cheminée, et quand je revins, elle s’était installée dans le rocking-chair près de l’âtre. Elle m’avoua que cette maison n’avait pas besoin de décoration, seulement besoin de quelques plaids et de livres. J’esquissais un sourire à sa remarque, et lui répondis : « C’est exactement ce à quoi je pensais. Il me reste assez de bois pour construire une étagère, pour ce qui est des plaids, je ne sais pas tisser ! Je ne sais pas tout faire, mais il y en a certainement sur le marché. » Je m’imaginais déjà, Rosasharn enroulé dans un plaid près du feu, la tête plongée dans un livre. J’allumais le feu de la cheminée, laissant la chaleur envahir la pièce dans laquelle nous nous trouvions. La jolie blonde s’était levée pour regarder par la fenêtre, et je l’avais rejoint. Mes bras autour de sa taille, je savourais cet instant précieux, les prémices d’une relation qui je l’espérais serait longue et éternelle. Je ne voyais plus ma vie sans elle, comme si aujourd’hui, mon monde ne gravitait plus autour du soleil, mais bel et bien autour d’elle. Rosa m’avoua qu’elle se sentait bien, libérée d’un poids. Je fus soulagé qu’elle ne regrette pas son choix. Je l’embrassais comme pour la rassurer, elle avait fait ce qu’il fallait pour son bonheur, et que chaque jour, je ferais en sorte qu’elle ne le regrette pas.
À présent, il faisait bon dans la pièce, je proposais à la jeune femme de s’installer confortablement devant la cheminée. Elle prit place sur le tapis de fourrure à même le sol, une peau que j’avais achetée à un indien. Avant de m’installer à ses côtés, je retournais dans la cuisine, pour y chercher deux verres et une bouteille de vin. Je revenais auprès de celle qui faisait battre mon cœur, et m’installa à ses côtés. Rosasharn me questionna sur mon travail, sur cette maison, son enthousiasme à propos de ma vie me faisait sourire. Elle voulait tout savoir de moi, tout comme je voulais tout connaître d’elle. Tout en commençant à lui dévoiler mes secrets, je versais du vin dans chaque verre et en tendit un à la jolie blonde. « Quand je suis revenu ici, j’avais bien du mal à trouver ma place dans la maison que ma mère partageait avec ma tante et mes cousines. Certes, j’avais quelques bons souvenirs dans cette ferme, mais il y avait ce quelque chose qui faisait que je n’étais pas réellement chez moi. » Les yeux rivés vers le feu ardent qui brûlait dans la cheminée, je pris une respiration, puis inclina mon visage pour planter mes iris noirs dans les yeux de Rosasharn. « Si tu veux savoir comment je suis devenu l’homme que je suis aujourd’hui, je dois te raconter l’histoire depuis le début. » J’avalais une gorgée de vin avant de commencer par lui conter mon enfance. « Je n’ai jamais connu mon père, je suis né à Lawless Island mais je n’ai pas eu le plaisir d’y grandir. À peine, avait-elle accouché que ma mère a pris la fuite… pour me protéger disait-elle. Mon père était quelqu’un de riche, il possédait des terres, une belle demeure, mais son seul défaut serait de ne pas aimer les enfants. Elle a tout quitté pour venir s’installer ici, chez sa sœur. » On pouvait sentir de la rancune dans ma voix, ou alors le regret de n’avoir jamais pu vérifier si mon père était vraiment cet homme violent que ma mère me décrivait. « J’ai grandi au milieu de femmes, ma tante était veuve avec ses deux filles. Mon enfance n’était pas à plaindre, ma mère me surprotégeait, me donnait tout l’amour qu’une mère peut donner à son fils… mais j’ai grandi. » Je m’arrêtais un moment, parler de tout ça à Rosasharn me bouleversait, mais si elle voulait me connaître, me comprendre, je me devais de lui dire. « Plus je grandissais, et plus ma mère voyait en moi, la seule raison de son malheur. Elle avait quitté un homme riche et ne vivait plus dans le luxe, elle vivait au beau milieu d’une ferme. Au fil du temps, elle m’imposait toujours plus de tâches. Magnus va réparer la toiture, Magnus va nourrir les bêtes, Magnus va au marché. Elle faisait tout pour que je ne sois plus dans les parages, ma ressemblance avec mon père lui rappelait continuellement que j’avais gâché sa vie. Puis vient l’ultime coup de poignard quand elle m’a laissé aux mains de son amant pirate. Je n’avais que seize ans, et du jour au lendemain, je me suis retrouvé au milieu d’hommes tous, avide d’or et de rhum. » J’avais les larmes au bord des yeux, mais j’avais l’impression qu’un poids quittait mes épaules. Me livrer à Rosa était une façon d’oublier mon passé, et de regarder devant moi. « Tu comprends pourquoi je ne pouvais pas vivre dans cette maison qui m’a vu grandir, plus longtemps ? Durant ces deux mois, je travaillais nuit et jour, ne trouvant pas le sommeil… cela m’occupait l’esprit. » Je caressais le dessus de sa main, puis répondis à sa dernière question : « Oui, ce verger est à moi, ironie du sort… c’est le seul héritage que ma mère m’a légué. Mon père en avait un comme celui-ci à Lawless Island, je suppose qu’elle a trouvé cela important de me souligner ce que j’aurais pu avoir si j’avais grandi là-bas. » J’avalais le contenu de mon verre d’une traite, et ajouta : « Mais parlons plutôt de toi, je suis certain que tu as eu tout l’amour qu’il fallait par tes deux parents ? »
Installée près du feu, je contemplais les flammes qui dansaient sous mes yeux. Il faisait bien chaud à présent dans la maison. Je m’y sentais bien, même si ce n’était pas chez moi. Magnus, qui était parti chercher quelque chose dans la cuisine, revint avec deux verres et une bouteille qui semblait contenir du vin. Maintenant qu’il était de retour, je lui posai des questions qui m’intriguaient depuis nos retrouvailles. Il s’installa alors à mes côtés et me versa un verre de vin tout en expliquant qu’il ne se sentait pas chez lui chez sa tante. Ce que je pouvais tout à fait concevoir, tout le monde a besoin de son propre chez soi. De plus, Magnus semblait ailleurs, comme s’il se remémorait des souvenirs. Puis revenant à lui, il plongea son regard dans le mien. Ses paroles m’intriguaient… « L’histoire depuis le début ? » Qu’entendait-il par là ?
Je ne tardais pas à avoir ma réponse puisque Magnus me parla de son enfance. Un père sombre, inconnu et totalement absent de sa vie… Ce récit me peinait terriblement et comme pour le réconforter, je déposais une main sur celle du pirate. Je ne souhaitais à personne de ne pas connaître ses parents… Je ne comptais pas poser de questions, mais à la place de Magnus j’aurais peut-être cherché à le retrouver ?... Non, après tout, je n’avais aucune idée de ce que l’on pouvait ressentir, comment on pouvait agir dans ce genre de situation… Il m’expliqua ensuite qu’il avait grandi avec sa tante et ses cousines. Je sentais, à chacun de ses mots, que sa voix s’écorchait un petit peu plus… Il semblait y avoir quelque chose qu’il avait du mal à dire, qui était sans doute difficile. J’essayais de me montrer rassurante avec lui, je lui prenais les mains et le regardais avec le regard le plus compatissant du monde, je voyais bien que cette enfance n’avait pas été si facile... Il s’était alors mis à parler de sa mère sur un ton bien plus dur et froid et il y avait de quoi. Magnus n’avait visiblement pas été traiter comme un enfant, mais comme un esclave. Je fronçais les sourcils suite à cette annonce qui me faisait énormément de peine… Il n’était qu’un enfant… Comment pouvait-on faire vivre cela à son propre fils ?... Je pris une gorgée de vin et continuai a écoutant le récit de Magnus. A présent, je comprenais pourquoi il ne sentait pas chez lui dans la maison de sa tante… Qui aurait envie de retourner vivre dans la maison de ses bourreaux ? J’étais peut-être dur, mais pas autant que les événements en l’avaient été pour l’enfant. Puis vint le moment de l’histoire sur son entrée dans la piraterie. Je pensais que c’était un choix, pour fuir cette vie… Mais c’était bien plus terrible que cela... Il avait été donné à des pirates, pour qu’il soit enrôler dans l’équipage… « Je suis désolée… » Murmurais-je alors… Ce n’était pas de ma faute, mais je n’avais pas trouvé d’autres mots pour lui exprimer ma compassion. Je déposais alors ma tête sur son épaule pour le réconforter et continua de l’écouter sans l’interrompre.
« Tu comprends pourquoi je ne pouvais pas vivre dans cette maison qui m’a vu grandir, plus longtemps ? Durant ces deux mois, je travaillais nuit et jour, ne trouvant pas le sommeil… Cela m’occupait l’esprit. » Deux mois… C’était le temps qui s’était écoulé depuis notre dernière rencontre... Tout à coup, je me sentais fautive… Même si à présent Magnus semblait heureux, ce n’était pas le cas pendant toutes ses insomnies et j’en étais la cause. « Je comprends oui… » Je ne savais pas vraiment quoi dire de plus… J’avais mal pour Magnus et je n’arrivais pas à me sortir de la tête que c’était de ma faute... « Oui, ce verger est à moi, ironie du sort… c’est le seul héritage que ma mère m’a légué. Mon père en avait un comme celui-ci à Lawless Island, je suppose qu’elle a trouvé cela important de me souligner ce que j’aurais pu avoir si j’avais grandi là-bas. » Ses mots m’arrachèrent un sourire nerveux. C’était un comble en effet. Mais au moins, il n’était pas sans rien maintenant qu’il n’était plus pirate... À vrai dire, je ne savais absolument pas quoi lui dire après ça… Mais à part le serrer contre moi pour le réconforter, je ne trouvais pas les mots. Il termina son verre et je fis de même.
« Mais parlons plutôt de toi, je suis certain que tu as eu tout l’amour qu’il fallait par tes deux parents ? » Je pris la bouteille pour remplir nos deux verres à nouveau quand Magnus me posa cette question. Je me sentais assez gêner de lui répondre à vrai dire… Ma vie avec été idyllique à côté de la sienne et je m’en sentais presque coupage. « Mes parents étaient incroyables l’un comme l’autre ! Pour une raison que j’ignore, j’ai toujours été bien plus proche de mon père. Il a toujours été incroyablement aimant avec moi et me protégeait contre tout. Il était mon meilleur ami, mon confident, c’est lui qui m’a tout appris ! » Je levais les yeux me remémorant les meilleurs moments de ma vie passés à ses côtés. Mon père avait été et resterait pour toujours mon héros. « Mais la maladie l’a emporté il y a plusieurs années… » Ma voix se fit alors plus faible. Cela faisait longtemps, mais c’était toujours aussi difficile d’en parler… « Il me manque… Il me manque terriblement. » Des petites perles salées se mirent alors à couler le long de mes joues, mais je les essuyais d’un revers de manche et soufflai. « C’est toujours difficile d’en parler… Depuis qu’il est parti, il y a toujours un vide à la ferme, à la maison… Parfois, je me dis que ce n’est qu’un mauvais rêve, qu’il va passer le pas de la porte un soir, rentrant du travail et que nous allons tous passé à table, Papa, Maman, Edward et moi… » Oui, ce souvenir, quelquefois, j’aimerais qu’il soit encore réel… J’essuie une nouvelle fois mes larmes qui ne cessent de couler et relève les yeux vers Magnus avant de me lever et de tourner le dos au feu ainsi qu’à Magnus « Ce que je dis est complètement stupide. » Oui je me sens vraiment stupide parce que je rêve d’une chose impossible, mais aussi parce que je viens d’évoquer Edward. Il est vrai que jusqu’à présent, Edward était présent dans ce rêve, mais énormément de choses allaient changer à partir d’aujourd’hui… Je m’agenouillai alors devant Magnus et pris sa tête dans le creux de mes mains. « Ce n’est pas ce que je voulais dire. » Les yeux encore rouges et humides, je les plongeais dans son regard noir. « Magnus, je t’aime comme je n’ai jamais aimé personne ! Je ne veux pas d’une autre vie, si je ne peux la passer dans tes bras. Je sens que je vais dire un tas de choses complètement débile, mais c’est parce que c’est tout nouveau pour moi… Je me voyais déjà mariée à un autre homme que toi, mais tout a changé ! Je ne veux plus de cette vie maintenant ! J’en veux une avec toi… » Un de mes plus gros défauts était de ne pas savoir trouver les mots pour dire ce que je ressentais clairement… Je fermais alors les yeux et déposais un baiser sur ses lèvres. Il avait un goût salé à cause des larmes qui avaient coulé, mais je savourais ce baiser de peur que Magnus me rejette après ce que je venais de dire…
On m’a souvent considérer comme un homme rêveur, j’étais souvent perdu dans mes pensées car tout simplement, je rêvais d’une vie plus douce. Je n’ai cessé de croire en un avenir meilleur, que toute cette enfance gâché par une mère rancunière pourrait s’effacer si j’arrivais à me construire ce conte de fée auquel je croyais durement. Quand j’ai rencontré Adélaïde pour la première, c’est elle qui m’a raconté toutes ces histoires de princesses et de princes, et c’est sûrement idiot… mais j’avais parfois l’impression que j’étais cette fameuse cendrillon. Cette fille qui n’était qu’une servante aux yeux de sa belle-mère, moi j’étais le larbin de ma propre mère. Au début, j’ai vraiment cru qu’Adélaïde serait celle qui me sauverait de cette vie triste, mais nous n’étions pas fait l’un pour l’autre… aujourd’hui j’en ai conscience. Car j’ai trouvé celle qui saura me redonner le sourire, celle pour qui je me battrais corps et âme pour qu’elle soit heureuse. Rosasharn était mon futur, celle que j’aime comme je n’ai jamais aimer par le passé. C’était une évidence, et cela l’a toujours été dès notre premier échange de regard. Elle avait se dont j’avais cruellement besoin, de l’affection à revendre, et ces gestes si tendres envers moi. Sa main dans la mienne lorsque je lui raconte mon enfance, ses regards compatissants sur moi, la façon dont elle me comprend. Quand je suis avec elle, j’oublie ce passé, je ne vois que le présent, et je m’imagine notre futur. Peu importe si nous ne vivons pas dans cette maison – bâtie de mes mains – je sais qu’ici, nous partagerons des moments forts comme celui-ci. Je lui avouais que durant ces deux mois – ceux qui m’ont éloigné d’elle – je m’étais tué à la tâche pour bâtir cette demeure. Je ne voulais pas qu’elle se sente coupable, après tout admettre ses sentiments pour moi signifiait qu’elle devait renoncer à une partie de sa vie… c’était un choix difficile, je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir prit ce temps pour y réfléchir sérieusement. Si ces deux mois lui ont permit de savoir ce qu’elle voulait vraiment, alors je ne regrettais pas. Le sentir au creux de mes bras était la réponse que j’avais espérer durant toutes ces heures d’insomnies. C’était avec moi qu’elle voulait être, pas un autre homme… pas celui qu’elle aurait dû épouser dans quelques mois.
Je décidais de changer de sujet, je voulais tout connaître d’elle, et cela commençait par sa famille. Elle avait déjà évoqué son défunt père lors de notre promenade à cheval, je savais qu’il comptait énormément pour elle. Je saisis le verre de vin qu’elle venait de remplir, et l’écoutais avec attention. Ses yeux brillaient lorsqu’elle parlait de ses parents, mais rapidement, le fait d’évoquer la mort de son père terni son visage. Mon main se posa sur sa joue, caressant doucement sa peau pour lui montrer mon soutien. Perdre un être cher était difficile, peu importe la relation que l’on a avec ses personnes. Malgré ce que ma mère m’avait fait enduré, elle restait ma mère, celle qui m’avait mise au monde… sa mort m’avait touchée et engendrer tout un tas de regret ; mais on ne peut pas revenir en arrière. « C’est normal qu’il te manque, personne ne pourra remplacer ton père… il faut juste apprendre à vivre avec l’absence. » Puis elle reprit la parole, et mon cœur fit un raté. Ma main quitta brusquement sa joue, ce geste était totalement incontrôlé de ma part… mais rien que le fait d’entendre ce prénom m’avait glacé le sang. Je sais que ma réaction était puérile, mais je ne pouvais m’empêcher de jalouser cette vie qu’elle avait partagée avec lui. Cette chose que je n’aurais jamais, Edward avait connu son père, il avait vécu sous le même toit… il faisait partie de sa famille depuis si longtemps. Je ne sais pas si c’est à cause de mon geste, de ma réaction, mais Rosa se leva et me tourna le dos. Je baissais la tête comme un gamin qui venait de commettre une erreur. Je sais qu’il lui faudra du temps pour l’oublier… comme il me faudra du temps pour être rassurer sur le fait qu’elle m’ait choisi moi, plutôt que lui. Je sentis ses mains se poser sur mes joues, je relevais les yeux vers son regard rougi par les larmes. Elle s’excusa pour ce qu’elle avait dit quelques secondes plus tôt, mais au final, elle n’avait pas à se faire pardonner quoi que ce soit. C’était normal qu’elle soit encore confuse par la situation, nous avons tous les deux besoin d’un temps d’adaptation. Elle pressa ses lèvres contre les miennes, ce geste me prouvait qu’elle m’aimait, que je n’avais pas à avoir peur. Mes mains glissèrent de chaque coté de sa taille fine, la rapprochant de moi un peu plus. Je ne quittais pas ses lèvres, mais dans un mouvement parfaitement fluide, je l’entrainais avec moi sur le tapis de fourrure. Allongé sur le duvet blanc, je me retrouvais au dessus d’elle - appuyé sur mon coude - tandis que ma main libre venait se loger dans son cou. Je mis fin à cet échange passionné, ouvrant les yeux pour fixer les siens. « Nous avons tous les deux un passé, et cela mettra un certain temps avant que tout devienne naturel pour nous. Mais la seule chose dont je suis certain, c’est qu’aujourd’hui, nous sommes là tous les deux et que rien ni personne ne changera cela. Je veux que tu sois la femme qui partage ma vie… » Je marquais une pause, caressant le contour de sa mâchoire de mon pouce, puis ajouta : « avec toi, j’ai envie d’avoir la famille que je n’ai jamais eu… » C’était la simple vérité, je voulais qu’elle soit mienne, qu’elle soit la mère de nos enfants, je veux vieillir à ces cotés.
Il avait conquis mon cœur et j’avais été bien trop aveugle pour m’en apercevoir… Il avait hanté mes jours et mes nuits. Maintenant que nous étions enfin rassemblés, mon cerveau me faisait dire des choses complètement stupides… Je m’en voulais d’avoir évoqué le nom d’Edward devant Magnus. Mais qu’est-ce qu’il m’avait pris ? Je n’avais pas réfléchi à mes mots, et je me sentais complètement ridicule. Devant l’homme que j’aimais, je parlais d’un autre… J’étais bien sotte… Mais je n’allais pas laisser cette maladresse détruire tout ce que nous étions en train d’essayer de construire tous les deux. Je m’étais alors agenouillé auprès du pirate pour lui dire simplement et honnêtement ce que je ressentais. Que je voulais être avoir lui plus que tout au monde, que je l’aimais et que s’il voulait toujours de moi, j’étais là. Prête à me jeter dans ses bras dès qu’il me le demanderait, prête à remuer ciel et terre pour lui. Je l’embrassais de nouveau amoureusement. Je sentis ses mains délicates se glisser autour de ma taille et me pressais contre lui. Il me pardonnait.
Il m’entraînait doucement avec lui, sur la fourrure qui recouvrait le sol. Toujours en m’embrassant, je me sentis se hisser au-dessus de moi. Mes yeux ne se rouvrir que lorsqu’il quitta mes lèvres pour me dire des mots que jamais je n’oublierais. « Nous avons tous les deux un passé, et cela mettra un certain temps avant que tout devienne naturel pour nous. Mais la seule chose dont je suis certain, c’est qu’aujourd’hui, nous sommes là tous les deux et que rien ni personne ne changera cela. Je veux que tu sois la femme qui partage ma vie… » Je le regardais, les yeux pétillants de joie et d’amour. Nous savions tous les deux que cela n’allait pas être facile tous les jours, que nous allions sans doute traverser de difficiles épreuves, mais je savais qu’à partir de maintenant, il serait toujours auprès de moi. « avec toi, j’ai envie d’avoir la famille que je n’ai jamais eue… » Ma main vint se poser sur sa joue tandis qu’un grand sourire se dessinait sur mes lèvres. Mon regard noisette se perdait dans ses yeux noirs et je me sentais complètement défaillir. « Oh Magnus… Je n’imagine pas mon futur si tu n’es pas à mes côtés. Je veux me coucher près de toi chaque nuit, je veux me réveiller dans tes bras chaque matin. Je veux partager tous mes moments de bonheur dans tes bras et je veux que tu sois le père de mes enfants. » J’esquissais de nouveau un sourire et reposai mes lèvres contre les siennes. Tandis que nous nous embrassions passionnément, je glissais doucement, une de mes mains par-dessous la chemise de Magnus. Mon autre main se logea dans sa nuque et lui caressait doucement la tête.
Après plusieurs secondes blotties l’un contre l’autre, je mis fin à ce baiser passionné. Mes yeux plongés dans les siens, je sentais que Magnus était en train de réveiller une flamme endormie. D’une main hésitante, je soulevais doucement la chemise de Magnus et lui retirai. J’observai son torse quelques secondes, redessinant chaque ligne de ses muscles avec mes doigts avant de relever les yeux vers lui et lui embrasser le cou, le serrant contre moi. Ma bouche remonta doucement jusqu’à de nouveau se poser sur la sienne. « Je t’aime… » Murmurais-je alors.