But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
La diablesse avait été repérée à One-Eyed-Willy. Rien d’étonnant à ça, habillée en homme et douée au combat comme elle l’était, elle devait être une pirate à n’en pas douter. Seth ne se décourageait pas pour autant. Cette femme lui avait dérobé des biens et avait osé mettre le pied dans sa demeure sans y être invitée. L’homme devait avouer lui reconnaître un certain talent, elle était parvenue à survivre aux gardes et à s’enfuir sans y laisser une jambe ou une main. Quoi qu’il en soit, le joaillier refusait de laisser cette voleuse errer librement. Ayant déboursé de l’argent auprès de mercenaire pour la retrouver, Seth n’avait eu aucun mal à la décrire. Une femme aux cheveux de feu, habillée en homme et combattant habilement.
La nuit était tombée sur One-Eyed lorsque Seth y parvint. Il se dirigea tout naturellement vers les ports, des dizaines de pirates s’y agglutinaient. L’artiste n’aurait pas pu se sentir plus mal à sa place. Lui qui se considérait tellement au-dessus de ces sous-êtres humains … Son regard hautain passa des vieux loups de mer perdus dans les décolletés des prostituées aux jeunes mousses qui astiquaient avec ferveur les lattes des bateaux. Seth était accompagné de ses deux gardes mais ceux-ci restaient en retrait pour ne pas attirer l’attention sur lui. Pour passer inaperçu, l’homme avait délaissé ses vêtements irréprochables et avait opté tout bêtement pour une chemise et un pantalon. Rien d’exubérant, rien de tape-à-l’oeil. Personne n’aurait pu dire qu’il venait de la haute société. Sauf peut-être à en juger par son port de tête et sa colonne vertébrale droite et fière.
Contre sa cuisse, rangée dans son étui, une arme à feu sommeillait tendrement. Seth n’hésiterait pas une seule seconde à trouer la peau de cette sauvageonne ! D’ailleurs, il ne lui laisserait sans doute pas le temps d’approcher car une diablesse comme elle, devait bien mieux savoir se battre que lui. L’homme se dirigea vers le point de rendez-vous où le mercenaire avait dit avoir vu la femme. La première chose qu’il aperçut furent ses cheveux. Rien à avoir avec les mèches douces et tendres de ses muses. Cette femme était vêtue en homme, ressemblait presque à un petit gars maigrichon de loin. Cela amusa beaucoup Seth. L’artisan la suivit quelques instants, bifurquant dans la même ruelle qu’elle.
Il sortit soudainement son arme et tira une première fois dans le mur de brique sur la droite de la femme. Seth n’avait aucune pitié pour cette voleuse et aucune estime. Cependant, il ne pouvait décemment abattre une femme de dos, désarmée. Même ses gardes n’auraient plus eu le moindre respect pour un être capable d’une telle chose. Le maître attendit qu’elle se soit retournée pour lui adresser une petite courbette du bras et un large sourire carnassier.
- Je ne pense pas que nous ayons été présenté.
Seth rechargea son arme et la pointa droit vers le visage de la jeune femme. Elle avait les traits fins et anguleux, des yeux clairs et un air qu’il n’oublierait pas de si tôt.
- Je m’appelle Seth Gordón. Et vous, vous êtes l’idiote qui avez crû possible de me cambrioler sans en payer les conséquences.
L’homme haussa vaguement les épaules. Il la détestait pour ce qu’elle avait osé faire. Ces pirates n’avaient de respect pour rien. Ils s’octroyaient tout ce que bon leur semblait comme si Neverland leur appartenait. Seth était souvent aux premières loges lorsque l’un d’eux était condamné à aller danser au bout d’une corde sur la place de Blindman’s Bluff. On ne pleurera pas la vermine.
- C’est un charmant accoutrement que vous portez là. Cela doit beaucoup plaire aux demoiselles …
Il esquissa un nouveau sourire moqueur et pencha la tête, Seth était bon tireur et ne se priverait pas de faire feu mais la pointe de sadisme qui apparaissait en lui, lui donnait presque envie de faire durer le calvaire. Peut-être ne la tuerait-il pas, au final. Peut-être l’offrirait-il simplement au gouverneur pour que celui-ci puisse en faire un exemple. Seth appréciait beaucoup cette idée, en tous cas.
crackle bones
Dernière édition par Seth Gordón le Mar 13 Sep 2016 - 20:39, édité 1 fois
I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Seth & Anne
La nuit était calme, la mer l’était également et une douce brise soufflait mais ce soir là l’odeur de poisson était bien plus forte qu’à l’accoutumée. Anne était dans le port, s’affairant à marchander avec les pêcheurs tant qu’ils étaient encore sobres pour la plupart. Pour certains chercheurs de perles il était plus intéressant de les revendre aux pirates qu’aller voir directement les contrebandiers. Et tout était bon pour tirer du bénéfice, par chance, Anne était plutôt bonne négociatrice. Mais alors un bruit sourd vint lui percer les tympans. Anne sursauta en reconnaissant une détonation liée à un tir d’arme à feu qui avait perturbé le silence de la baie. Son regard se posa dans le mur dont l’impact de balle avait formé un petit cratère dans la brique. Pas de doute, elle avait été directement visée et épargnée volontairement. Un coup de stress ; c’était courant à faire, il faut dire que l’on aime jouer avec la nourriture avant de manger par ici. La jeune femme se retourna et reconnu très vite ce visage méprisant qui se dessina dans l’ombre. Elle n’avait pas besoin de réfléchir pour savoir qu’il l’avait retrouvée grâce aux témoignages retenus contre elle et non parce qu’il avait déjà vu son visage. La jeune femme fronça les sourcils, l’écoutant brièvement se présenter tout en justifiant sa soudaine attaque. Anne n’en avait que faire, pour elle ce n’était qu’un salopard qui aurait mérité de voir son parquet dépoussiéré imbibé de son propre sang cette nuit là. Mais il avait été chanceux et du coup elle n’était pas étonnée de le voir ici. Les mâchoires serrées, la main sur sa garde, prête à dégainer son sabre au moindre mouvement, elle ne pouvait cependant rien faire puisqu’elle était enjoue, se laissant malgré elle en proie à son regard qui vint la détailler. Sa remarque sur son allure était puérile et ne la fit pas sourciller : elle avait l’habitude qu’on la traite comme un homme et puisqu’elle n’avait pas de belles courbures il était tout à fait normal qu’on essaye de la provoquer là-dessus. Quoi qu’il en soit il serait surpris de savoir que même si elle n’essayait pas de charmer les demoiselles, Anne avait sans doute plus de succès auprès d’elles que bien des hommes.
Pour le coup elle ne répondit rien, se contentant de le dévisager d’un regard assassin. Elle observa son accoutrement, lui qui avait de quoi se payer de belles redingotes portait des guenilles sans doute par souci d’infiltration afin d’arriver jusqu’à elle. Elle appréciait l’effort, toutefois elle se serait bien passée de ce genre de visite. Nier qu’elle était celle qu’il recherchait était inutile puisqu’il avait les moyens de se payer des informations fiables et s’il était parvenu jusqu’à elle en si peu de temps ce n’était certainement pas pour rien. Son butin, elle l’avait utilisé pour réparer le navire et ce dernier avait bénéficié de belles fortifications et de nouveaux canons de brodée en plus de refaire le plein de boulets. Il en restait encore mais il n’était plus en sa possession, elle avait tout laissé à Silver. Anne leva les mains pour montrer qu’elle n’essayait pas d’aller contre lui, elle n’était pas comme tous ces pirates qui avaient les yeux plus gros que le ventre et le sang coupé à l’alcool car n’importe quel d’entre eux aurait déjà tôt fait de sortir leur arme pour tenter de tirer le premier. Anne savait que cela ne serait pas intelligent et pour le coup elle se retrouvait quelque peu coincée. A bien y réfléchir elle n’aurait même pas le temps de lui trancher la main, d’autant plus qu’il avait l’air accompagné de deux gorilles qui semblaient surveiller de loin. Anne étudia toutes les possibilités et n’en voyait qu’une : la fuite, à savoir ou et comment désormais.
La jeune femme fit un pas en arrière, mimant la crainte puis finalement étira un fin sourire.
« Je vous avoue que j’aurais préféré libérer vos esclaves mais ce n'était pas le bon moment »
D’habitude, Anne n’était pas une personne encline à répondre aux provocations ou qui se laisse bavarder avec ses ennemis, elle n’avait rien à lui dire, mais elle meublait volontairement son attention.
« Il y a un temps pour tout, n’est ce pas ? Un temps pour voler, un temps pour se venger, un temps pour combattre, un temps pour fuir. »
Anne fit un dernier pas en arrière, rencontrant le bord du quai et se laissa tomber dans l’eau en restant droite comme un i pour s’y enfoncer plus vite. Son chapeau resta flottant à la surface alors qu’en immersion totale, la pirate vida la moitié de son air rapidement pour ne pas remonter et s’aida du mur pour s’abîmer au plus profond possible afin de mettre de la distance avec la surface et éviter d’essuyer des tirs. Elle nagea sur un côté, en brasse coulée sans y voir grand-chose puisqu’il faisait nuit. D’autant plus que les flots près du port n’étaient pas réputés pour être des eaux claires avec bon nombre de cochonneries que l’on jetait à la mer. Anne se fia à son instinct, en apnée au maximum, elle fit quelques mètres. Elle était habile nageuse et avait pour habitude de s’engouffrer dans les eaux lorsqu’elle allait fouiller les épaves. Elle avait beau être assez chétive, elle avait les muscles suffisamment développés pour ne pas ressentir de crampes après les quelques mètres avalés. Elle nagea jusqu’à mettre la main sur les rondins vaseux que constituaient la jetée artificielle quelques mètres plus loin, veillant à se placer de sorte qu’elle puisse voir ce qu’il en était à la surface, elle remonta doucement et reprit son souffle avant d’immerger la moitié de son visage. Les gardes devaient sans doute la chercher dans le coin, Anne ne pouvait pas rester dans l’eau sous peine de faire de l’hypothermie à la longue et décida donc de refaire surface au risque d’être repérée. La jeune femme agrippa la structure, sortant de l’eau en forçant sur ses bras pour palier à la lourdeur de ses vêtements trempés, et, tout en restant penchée, elle se mit à courir en direction du centre. Elle jeta son arme à feu pour être plus à l’aise et parce que de toute façon la poudre avait pris l’eau et cela la rendait inutilisable. Si elle voulait toucher son adversaire, elle devrait provoquer un combat rapproché. La jeune femme courait, poussant ces silhouettes pirates de son chemin et termina sa course en plaquant son dos dans un coin sombre. Elle reprit son souffle et sorti son sabre, il lui fallait d’abord achever ses gardes pour l’avoir lui et ce ne serait pas une mince affaire. Mais son emplacement étai stratégique, puisque l’un d’entre eux se montra dans le coin. Elle l’attira en le choppant par le col de sa blouse et lui découpa sèchement la gorge tout en posant sa main sur sa bouche pour étouffer son agonie.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Un pas en arrière, une mine effrayée. Elle devait ruser, la rouquine. Seth la fixait sans détacher le regard de cette silhouette svelte et maigrichonne. Le joaillier savait qu'il ne fallait pas la sous-estimer non seulement car elle avait affronté ses gardes et s'en était tirée vivante ! Mais aussi car les pirates avaient ce seul et unique don d'être coriace. Sa remarque fit beaucoup rire Seth. Il n'hésita d'ailleurs pas à éclater d'un grand rire dans cette sordide ruelle aux allures de scène de crime. Libérer ses esclaves ? Pauvre petite, elle ignorait totalement à qui elle avait affaire.
Seth ne fermait aucune porte de sa demeure à clef en journée et il lui arrivait quotidiennement de partir durant des heures dans la nature pour dessiner, peindre ou s'inspirer. Si les esclaves avaient voulu s'enfuir, ils l'auraient fait depuis des lustres déjà. Sauf que Seth n'était pas un gentil petit maître qui proposait une vie correcte à ses esclaves. Les siens savaient ce qu'il leur arriverait si jamais ils osaient le trahir et rien qu'à cette pensée, aucun n'aurait osé passer le pas de la porte sans l'autorisation de leur maître. Le pouvoir du mental surpasse parfois le véritable pouvoir physique.
Elle lui lança une jolie phrase avant de disparaître en se laissant tomber à l'eau. Seth esquissa un sourire. Si cette voleuse voulait jouer au chat et à la souris, le joaillier avait toute la nuit à lui offrir. Cependant, avant l'aube, elle aurait soit un trou dans le crâne soit une corde autour du cou en direction de la demeure du gouverneur. Il n'avait pas encore décidé du châtiment de l'imprudente. Sous l'eau, même ses cheveux de feu étaient impossibles à discerner. Seth fit quelques signes de la main à ses gardes, leur ordonnant de se séparer pour couvrir plus de terrain. Si elle avait une once d'intelligence, elle chercherait à les séparer et à les attaquer un à un. De préférence en commençant par les plus menaçants selon elle, c'est-à-dire les gardes. Encore une fois, la jeune femme sous-estimait l'adversaire.
Seth n'avait pas la puissante physique d'un pirate et ne maniait pas l'épée avec brio. Comment faisait-il pour survivre sur une île infestée de ces monstres sans pitié ? Il utilisait principalement sa tête et à l'occasion, ses armes à feux. Une fois de plus, l'homme se mit à la place de la pirate en prenant en compte qu'elle n'était pas totalement idiote. Elle aurait forcément un semblant de plan. Seth gagna donc discrètement les toits des habitations en grimpant sur des tonneaux puis en passant par un balcon. Il s'accroupit et observa ses gardes se déplacer dans l'obscurité.
Quand l'un d'eux fut soudainement attiré dans un coin, Seth sut ce qu'il lui restait à faire. Le joaillier estima très rapidement la taille de la jeune femme puis calcula selon les proportions de son corps, quelle taille devait faire son bras tendu. Ses compétences en dessin lui permettait d'avoir une idée plutôt précise des proportions d'un être humain. Aussi, put-il aisément calculer où cette pirate devait se trouver derrière le mur pour qu'elle puisse se saisir de son esclave de la sorte. Sans hésiter, Seth visa l'endroit calculé et tira une première fois. Comme il n'entendit aucun hurlement de douleur assez vif et puissant à son goût, Seth chargea à nouveau et tira de plus belle.
Les coups de feux attirèrent son second garde qui leva le nez et trouva Seth accroupi sur le toit, celui-ci lui indiqua sans un mot où se trouvait la jeune femme. Avec un peu de chance, elle aurait un trou dans le bras ou dans le ventre. Si par miracle, il avait visé la tête, alors ce serait le jackpot ! Seth ne s'attendait cependant pas à s'être déjà débarrassé de cette vermine. Les cafards sont plus coriaces que tous les êtres humains réunis. La chasse était ouverte. Par pure provocation, Seth se leva et cria, pourfendant de sa voix la nuit opaque tombée sur One-Eyed-Willy :
- Tu peux te cacher mais tu ne t'enfuiras pas ...
Un rire s'échappa de sa bouche. Seth en tirait un plaisir bien trop intense pour que ça soit sain. Cette femme, il la voulait morte. Son choix était désormais fait. Il n'y aurait pas de gouverneur, il n'y aurait pas de pendaison au petit matin. Ses mèche rouges, il s'en servirait probablement plus tard dans une oeuvre d'art tel un trophée de chasse lui remémorant la proie qu'il avait abattue.
I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Seth & Anne
Les détonations résonnaient dans la baie, ici c’était courant d’entendre des coups de feu et ce petit spectacle ne semblait pas déranger les pirates. Il ne valait mieux pas prendre part dans les règlements de compte sous peine d’en avoir quelques éclaboussures. Anne venait de tuer un homme et le second allait bientôt le rejoindre. Si pour lui et l’autre en venir à bout lui serait facile, elle savait que cela ne serait pas le cas pour le principal concerné qui lui vouait suffisamment de haine pour lui donner du fil à retordre. Quoi qu’il en soit savoir qu’il tirait dans sa direction lui permettait de deviner son emplacement sans avoir à passer la tête au dessus du mur. Alors elle s’écartait de sorte d’éviter les balles, du moins priant pour qu’il la rate à chaque fois. Mais sans qu’elle ne puisse le prévoir, une vive douleur lui arracha une plainte, aussitôt elle comprit qu’elle avait été touchée. Derrière le bras elle vit un trou dans sa veste encore trempée dont le pourtour rougi indiquait qu’elle avait reçu une balle et que cette dernière était encore bien logée dans sa peau. Mais elle n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit que déjà le second garde venait vers elle, sous les menaces de son maitre qui résonnaient dans la rue. Anne se jeta sur l’homme, planta un couteau dans son plexus en remontant d’un coup sec dans son abdomen pour lui perforer les organes. Le flux de sang vint tâcher ses mains et ses vêtements avant que son cadavre ne finisse par s’écraser sur les pavés poisseux. Son but était de faire le plus de sang possible, comme à son habitude, elle n’était pas commune et elle voulait le faire comprendre à ce type qui croyait bon de pouvoir la chasser comme un lapin sans qu’elle ne réagisse. Aussitôt l’homme mort, Anne fit quelques pas en se penchant pour que le joaillier la voie le moins possible. Puisqu’il n’avait plus de sbires, s’il voulait l’avoir il devait descendre de son perchoir, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que ça l’arrangeait d’avoir de la hauteur, après tout il visait vraiment très bien. Elle s’attendait à ce qu’il soit tout aussi doué à l’épée mais ce n’était pas ce qui allait la faire reculer, au contraire.
Anne se retrouva cachée derrière une demeure, elle profita de ce laps de temps pour introduire ses doigts dans sa blessure et ressortir la balle afin d’éviter plus amples dégâts et gêner ses mouvements. Serrant les mâchoires, essayant de respirer à un rythme régulier pour ne pas geindre, elle ne voulait pas prendre le risque d’user davantage de temps pour guérir sa blessure et se faire un bandage de fortune le temps d’avoir de plus amples soins. Anne continua sa course à travers les ruelles en direction de la bâtisse sur laquelle était perché l’homme. Aussi commença à attraper des prises pour escalader le bâtiment afin d’arriver à lui faire face, ou dos plutôt, car elle ne voulait pas lui laisser le temps de la voir et de tirer. Mais dans son élan, trop rapide, trop hâtive, elle relâcha brusquement l’une de ses prises en se retrouvant suspendue par un bras. Elle avait manqué de tomber sous la douleur qui s’imprimait dans sa peau et s’empressa de reposer ses pieds sur d’autres prises pour éviter une chute qui pourrait être fatale. Elle qui aimait se battre avec deux sabres, elle ne pourrait pas user de son bras droit cette fois car il était beaucoup trop endolori sous la blessure ; une chance pour elle qu’elle soit parfaitement ambidextre, et c’était dans ces cas là que ça servait. Anne grimaça et continua de grimper en usant de discrétion jusqu’à atteindre le toit.
La pirate dégaina son sabre, observant la silhouette de l’homme qui sans doute la cherchait dans les rues. Elle n’aurait pas le temps de courir vers lui et l’attaquer, il aurait vite fait de lui tirer une balle à bout portant le temps qu’elle engage son geste. Tout devait être calculé à la seconde près et il n’était pas question de sous-estimer son adversaire qui de plus n’avait pas l’air d’être ivre. Anne rengaina son sabre et opta pour une autre option, prit appui sur ses bras pour se hisser sur le toit et enchaina sur un sprint des plus rapides qu’elle soit capable de donner. Le temps que ses pas claquant sur les tuiles alertent son adversaire, elle se jeta sur lui et l’emmena avec elle dans le vide en l’ayant saisi par la taille tout en plongeant. Ils terminèrent leur chute dans des bottes de foin qu’elle avait repéré plus tôt. L’objectif n’avait pas été de le tuer mais de le déstabiliser pour qu’elle reprenne enfin l’avantage. La jeune femme se releva derechef, donnant un coup de pied dans l’arme de l’homme pour l’éloigner et se jeta sur lui, le bloquant au sol en le mettant face contre terre et en s’asseyant sur le bas de son dos pour lui rentre tout mouvement impossible. Agrippant fermement ses cheveux courts, elle tira sa tête en arrière et logea sa lame sous sa mâchoire sur un côté avec la ferme intention de l’égorger. Déjà le sang tâchait sa peau mais elle ignorait si c’était le sien ou celui de sa victime qu’il restait encore sur le couteau. Elle ne parvenait pas à lui mettre suffisamment de pression, la douleur dans son bras lui rendait la tâche compliquée alors qu’elle devait et le maintenir alors qu’il était plus important gabarit et que forcément il imprimait de la résistance, avec cela elle essayait de l’égorger mais ne pouvait pas le faire tant qu’elle ne l’avait totalement neutralisé. Serrant les dents, la pirate tentait de réunir ses forces pour venir à bout de cet homme.
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L'avait-il touchée ? Cette femme lui donnait plus de fil à retordre que ce qu'il avait cru mais au final, ce n'était pas forcément plus mal. Après tout, Seth aurait sans doute moins eu l'impression de traquer et chasser une proie si les choses avaient été simples. Cependant, quand il la vit se ruer sur ultime esclave et que seuls les éclaboussures de sang lui furent visibles, le visage de l'homme changea. La pirate n'avait d'égard pour la vie d'aucun être sur son passage. S'il voulait avoir une infime chance de s'en sortir vivant, Seth devrait s'abaisser à son niveau. Plus aucune pitié. Qu'importe qu'elle soit désarmée ou de dos, si cette dangereuse pirate passait sous ses yeux ... il s'assurerait qu'elle ne s'en relève plus jamais.
Pour l'heure, son dernier garde était mort et Seth se retrouvait seul face à une sorte d'animal ayant assassiné ses hommes avec une barbarie qui le rendait malade. Une sorte d'appréhension commença à poindre dans son estomac. Il faisait très sombre, la femme pouvait être absolument n'importe où et il ne la discernait pas. Vu comment elle s'était débrouillée au corps-à-corps avec ses gardes, Seth n'aurait sans doute pas la moindre chance dès qu'elle lui mettrait la main dessus. Il lui fallait réfléchir.
Il n'eut pas le temps d'anticiper et fut soudain plaqué par la pirate, étant emporté avec elle dans le vide. Ils chutèrent et atterrirent dans le foin. Elle ne perdit pas une seule seconde et shoota dans son arme, rendant Seth nettement moins menaçant désormais. La pirate se rua sur lui et le plaqua au sol, son visage heurta le bitume et sa joue fut éraflée, laissant quelques gouttes de sang trôner sur le sol de One-Eyed. Elle l'immobilisa au sol et lui glissa une lame sous la gorge. Seth sentit l'acier lui lécher la peau et son sang commença à couler. Il grimaça furieusement et rentra les épaules puis parvint à profiter de la faiblesse dans le bras de la pirate pour glisser un poignet entre la lame et son cou déjà meurtri. Elle lui somma de rester calme, que tout irait vite. Cela l'aurait fait sourire en d'autres circonstances. Pour l'heure, Seth était en position de faiblesse.
Sa main libre chercha à agripper quelque chose. Ses longs cheveux, sa peau, ses vêtements. Ses phalanges effleurèrent alors une zone mouillée mais pas du tout par de l'eau ... par du sang. Seth n'hésita pas une seconde et plongea allègrement deux doigts dans la zone où la pirate avait reçu la balle. Il les enfonça comme si sa vie en dépendait, serrant les dents et appuyant de toutes ses forces dans son bras. Dès qu'il sentit une ouverture, Seth prit de l'élan et claqua le sommet du crâne dans ce qui devait être le visage de la femme. L'homme put alors enfin la repousser et se hisser hors de portée de son arme.
Il rampa littéralement et se précipita sur son arme qu'il récupéra tout en se retournant et en tirant à l'aveugle, tentant surtout d'effrayer l'adversaire et de la faire reculer. Seth porta deux doigts à son cou. La coupure n'avait rien d'une éraflure causée par un accident lors du rasage. Encore un peu plus et elle aurait sans doute touché une veine qui l'aurait vidé de son sang.
- Tu vas crever. Je le jure, tu vas crever !
Seth beuglait comme un damné, il sentait une vive douleur dans son cou et arracha brutalement un pan de sa manche de chemise pour presser contre sa blessure. L'artiste n'était pas un pro du combat mais son arme était prête à tirer, son bras tremblait de rage et il ne parvenait même plus à réfléchir de façon cohérente. Il la voulait morte et il ferait tout pour exaucer son voeu.
- Quand j'aurai troué ta sale face, j'offrirai ton corps aux porcs ... c'est là que se trouve ta place.
Il ricana malgré la douleur. Seth ne la connaissait pas mais les pirates étaient généralement assez susceptibles et froisser leur égo pouvait en amener à faire des erreurs. Erreur dont l'homme comptait bien tirer avantage.
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Seth & Anne
Le sang coulant au contact de sa main était chaud et lui indiqua donc que c’était bien celui de cet homme qu’elle était en train de faire couler. Mais elle n’eut pas le temps d’aller davantage en profondeur dans sa gorge qu’elle se senti de nouveau sa plaie lui faire un mal de chien. Ce salopard y enfonçait correctement ses doigts, fragilisant les tissus rougis de sa peau et faisant sans doute affluer le sang. Elle se sentait couler le long de son bras, se différenciant du tissu imbibé d’eau de sa chemise. Elle ne devait plus tarder à la soigner mais ce n’était clairement pas le moment puisqu’elle était en trin de perdre le contrôle sur son adversaire. Il lui arracha une plainte, la forçant à lâcher prise et alors il en profita pour cogner son crâne contre son visage. Aussitôt déséquilibrée, elle se retrouva à terre, le nez picotant désagréablement mais n’avait manifestement pas été cassé. Passant sa main sur son visage elle se rendit tout de même compte qu’elle saignait du nez et essuya celui-ci d’un revers de manche. Alors elle le vit se précipiter vers son arme, écarquillant les yeux, Anne se releva et commença à courir dans sa direction dans le but de l’arrêter mais tira dans sa direction.
La détonation vint l’étourdir en passant trop près de l’un de ses tympans, lui faisant quelque peu perdre l’équilibre dans des lourds sifflements au creux de son oreille et la força à poser un genou à terre. La vision se troubla, le monde semblait tanguer pareil au pont du navire par une furieuse tempête. La pirate grimaça, plaçant machinalement sa main au niveau de son oreille comme si cela aurait pu changer quelque chose. Les paroles de l’homme bourdonnèrent dans sa tête et elle n’était pas certaine d’avoir pu en saisir le sens. Elle ne doutait cependant pas de la violence de celles-ci au vu du ton employé mais comme toute menace, il était inutile d’avoir besoin de demander de les répéter. Quelles qu’elles soient, Anne ne s’attardait jamais vraiment sur des provocations ; elle avait l’habitude, tout au long de sa vie elle s’était pris des remarques, que ce soit pour son genre, pour son attitude, pour son physique, et quand il venait l’heure des menaces alors elle avait appris à ne plus les écouter et ne pas faire l’erreur de se sentir touchée dans son orgueil.
Le problème présent était qu’elle se trouvait devant un adversaire redoutable et qui visiblement avait beaucoup de colère contre elle au point qu’il n’hésiterait sans doute pas à la tuer. Faire face à quelqu’un d’aussi impitoyable qu’elle et doublé d’entêtement était pour le moins assez rare et ne lui donnait donc pas le droit à l’erreur. Anne dégaina son sabre, se levant soudainement et envoya son sabre trancher l’air avec l’intention de le toucher. Elle se demandait pourquoi il en restait encore au flingue alors qu’elle s’était considérablement rapprochée et menaçait de lui ouvrir le ventre. Se pourrait il qu’il soit habile tireur et piètre duelliste ? La pirate ne comptait pas le sous-estimer, puisqu’il était tout à fait possible qu’il fasse le malin et la laisse prendre trop confiance en elle pour ensuite la surprendre et l’embrocher. Elle connaissait que trop bien ce genre de stratégie pour l’avoir maintes fois utilisée. Mais son objectif sur le moment était de le désarmer et le pousser à sortir son sabre afin que le combat commence.
Sous l’effet déstabilisant de son oreille interne malmenée, Anne perdit l’équilibre et le coup qu’elle porta ne servit pas à grand-chose. Elle fit en sorte de ne pas être dans sa ligne de mire lorsqu’il voulait à nouveau tirer en espérant qu’il ne lui restait plus beaucoup de balles à passer. Anne revint à se redresser, ses deux pieds bien au sol et ses esprits de nouveau clairs, elle lui entailla le bras en ayant voulu transpercer sa cage thoracique au niveau de son cœur afin de le réduire au silence de manière plus efficace que ce qu’elle avait tenté jusque là. Puisqu’elle évitait d’être dans son champ de tir et de dévier sa trajectoire à chaque fois, elle ne parvenait pas à obtenir un duel cohérant, il la gênait dans ses entreprises.
« Sors ton sabre qu’on en finisse !! Lâche !! » Beugla la jeune femme.
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La lutte était rude et sans merci. L'un comme l'autre, ils redoublaient d'ingéniosité et de réflexes. Elle ne lui laissait pas la moindre chance de lui décocher un tir en plein visage. Bien trop habile pour cela, la pirate évitait ses tirs. Seth enrageait, sa colère était sans doute sa plus fidèle alliée en cet instant car elle l'enivrait, le rendait fou et bien plus téméraire qu'il ne l'était en temps normal. La femme parvint à esquiver ses tirs même si la détonation sembla la déstabiliser. Elle sortit son arme et Seth réalisa que la situation devenait critique. La combattre avec un sabre reviendrait à signer son arrêt de mort. Ses mains étaient faites pour sculpter, dessiner ou tailler mais certainement pas pour tenir une lame.
Dans un mouvement soudain et rapide, la pirate parvint à esquiver son tir et à toucher la peau de son bras. Sa chemise se déchira et quelques filets pourpres dégueulèrent de sous son épiderme, laissant de longs filaments couler jusqu'à son poignet et se glisser entre ses phalanges. Seth grimaça et fusilla du regard l'adversaire. Coriace et impitoyable. Il adorait ça. La pirate l'invectiva, elle voulait qu'il joue son jeu. Cela fit sourire Seth, si elle voulait qu'il fasse une erreur ... elle se trompait.
- La ferme !
Seth attrapa une poignée de foin de sa main libre et la jeta au visage d'Anne. Profitant de cette diversion, l'homme rampa sur le sol et se redressa au plus vite. La pirate avait trop de répondant, il ne pouvait se permettre de continuer à l'attaquer sans finesse ni ruse. L'artiste devait utiliser sa tête et pas seulement son arme à feu. D'ailleurs, les balles de celle-ci finiraient bien par s'épuiser. Il piqua un sprint dans la ruelle voisine, profitant de la confusion de la femme pour prendre de la distance.
L'artisan trouva refuge derrière de lourds tonneaux disposés là dans le but d'être vidés par plusieurs ivrognes. Le doute commençait à le gagner. Cette harpie l'avait atteint au bras, heureusement, elle n'avait pas touché ses mains. Seth tenait beaucoup trop à celles-ci qui étaient ses outils de travail, sans elles, l'homme ne serait plus rien. Si on le privait de son art, l'artiste n'aurait même plus de raison de vivre. Obsédé par cette pensée, Seth hésita quelques instants à fuir. Une partie de lui détestait cette idée et voulait vraiment achever cette opportuniste. Une autre partie, refusait de risquer la base même de son existence par pure vanité.
Seth vit sortir quelques pirates de la taverne, des hommes armés et apparemment prêts à en découdre. Un plan saugrenu germa dans son esprit, jusqu'à présent, il s'était laissé emporter par sa rage. Cette tactique ne fonctionnerait pas, il l'avait compris désormais. La pirate avait de la ressource et Seth n'était ni un combattant ni un épéiste. Il sortit de sa cachette et se dirigea vers les pirates qui buvaient ensemble et éclataient de leur rire gras. L'artiste se posta face à eux. Ils l'observèrent comme on regarde un oisillon tombé du nid.
- La pirate aux cheveux rouges. Elle rôde dans le coin. Celui d'entre vous qui me ramène sa tête aura en récompense une coquette somme.
Les pirates s'observèrent et Seth comprit qu'ils mesuraient le pour et le contre. C'était bien pour ça qu'il avait glisse le mot "coquette" dans sa phrase. Ces forbans avaient besoin de le savoir un minimum éduqué, l'éducation étant spécialement pour les plus fortunés ... ils feraient la liaison. Seth les sentit plus décontractés. Dès qu'ils eurent hoché de la tête et sortis leurs armes, Seth ajouta en souriant :
- Oh ... et s'il vous prenait l'envie de vous amuser avec elle avant de lui arracher les tripes. Libre à vous messieurs.
Il esquissa un sourire et entra dans la taverne. Seth alla s'attabler et commanda une bière. Il siroterait tranquillement une boisson fraîche pendant que sa cible serait traquée comme du gibier. Voilà un plan qui lui ressemblait davantage.
I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Seth & Anne
Le temps d’essuyer son visage et de tousser les particules de foin qui s’étaient collés aux parois de ses poumons, la pirate vit que son adversaire avait totalement disparu. Pourquoi n’avait il pas saisi cette chance pour lui porter le coup fatal ? Se pourrait il qu’il ne soit pas à l’aise au sabre ? C’était un détail fort intéressant à exploiter et à vérifier surtout mais elle n’avait malheureusement pas eu l’honneur de lui trancher les membres qu’il s’était volatilisé. Elle doutait cependant que cela signait l’arrêt de leur combat, au vu de la haine qu’elle avait pu entrevoir dans son regard, elle devinait que ce n’était que partie remise. Peut être le temps qu’il mette d’autres balles dans son arme ou qu’il revienne avec d’autres gorilles. Crachant le sang qu’elle avait dans la bouche, Anne essuya aussi son nez qui saignait d’un revers de manche. Elle avait l’habitude des blessures, ce n’était pas elles qui allaient la faire tourner de l’œil. En revanche la balle qu’elle avait pris dans le bras lui engourdissait sérieusement le membre. Passant ses doigts dans ses cheveux encore humides, elle les ramena en arrière et rengaina son sabre.
Se postant dans un coin sombre du port derrière des cargaisons pour être tranquille, La jeune femme se laissa glisser jusqu’à s’asseoir sur le bois du quai. Elle retira sa veste et prit possession de sa gourde qui contenait du rhum. Le visage encore crispé et la respiration accélérée par cette rencontre, elle vint verser allègrement du rhum sur la blessure avant d’en finir sa gourde d’une traite. S’aidant d’un tissu, elle entoura la plaie, serrant comme elle le pouvait afin de faire compresse sans pour autant garrotter le bras et limiter les dégâts le temps qu’elle trouve un guérisseur encore sobre qui pourrait lui recoudre la peau. Le duel avait été d’une violence sans nom mais c’était encore loin d’être fini. Ce fut à ce moment là qu’elle entendit les murmures comme un orage pointant le bout de son nez, on recherchait plus loin la pirate à cheveux rouges, c’est qu’elle était recherchée. Anne serra les dents, ce salopard avait engagé d’autres personnes pour l’avoir sauf que cette fois ci ce n’était plus ses esclaves mais bien des pirates. En plus d’être plus lourdement armés, ils avaient le gout du combat, se nourrissant de conflit comme ils remplissaient leurs bedaines de bière. Le combat, le sang, ils aimaient ça et ne reculaient devant rien. Anne se sentait quelque peu prise au piège mais la frustration était telle qu’elle refusait de perdre cet affront. Puisqu’il n’avait rien dans le froc et qu’en plus de ça il se payait sa tête, elle comptait bien lui faire bouffer le sable.
Anne observa le groupe de pirates cherchant visiblement un peu partout sa trace. Ils se séparèrent et lorsque l’un d’entre eux arriva dans sa direction, Anne se remit sur pieds, se relevant doucement en plaquant son dos contre les cargos. Elle sorti l’une de ses lames brillante à la lumière de la Lune, fine, aiguisée et qui n’avait pas encore servit. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, Anne dû agir en quelques secondes pour lui planter le couteau dans la gorge tout en le ramenant dans le coin afin que ses comparses ne voient pas son cadavre. La pirate enfonça le couteau dans sa carotide, provoquant un afflux de sang suffisamment important pour qu’il agonise en silence et qu’il meure étouffé. Ceci fait, elle le jeta à l’eau et s’empressa de se remettre en mouvement. Baissée, à pas de chats, Anne fit le tour du port, évitant les silhouettes menaçantes. Elle en tua un autre sur le chemin qui eu le temps d’hurler avant qu’elle le lui enfonce son sabre dans le fond de sa bouche.
« Là bas !!! Attrapez-la !! »
Alertés, ils se mirent ainsi à courir et Anne n’eut d’autre choix que de suivre le mouvement puisqu’ils étaient encore quatre contre elle. Pour le coup, elle devait user d’agilité et berner ces tonneaux imbibés de rhum afin de les semer. Elle ne jetait pas de regard derrière elle, se contentait de courir jusqu’à prendre de l’élan pour finir par grimper sur le toit d’une maisonnette. L’un d’entre eux tenta de la suivre, se blessa au passage et redescendit. C’était donc là un atout d’être aussi douée qu’un singe en matière d’escalade, qu’Anne fit bien de profiter. Lorsqu’arriva la fin de son parcours, elle se jeta sur l’un d’entre ses poursuivants afin de se réceptionner et en profita pour planter son couteau dans la tête de celui-ci. Mais elle calcula mal le temps qu’il lui aurait fallut pour faire ces deux choses là et lorsque l’un de ses camarades parvint à sa hauteur, il l’envoya valdinguer droit dans un tas de ferrailles. Griffée de toutes part, Anne eu tout juste le temps d’envoyer son poing dans la figure de l’un d’entre eux, lui cassant deux dents qu’il lui recracha dessus.
« Immonde raclure !!! » Fit-il à son attention
Il empoigna Anne par les cheveux, l’obligeant à se relever pour la plaquer sans ménagement contre un poteau. Anne lui enfonça son couteau dans le gras essayant de lui découper le ventre mais fut bien vite stoppée par ce dernier qui l'assoma d'un coup dans la tête. Il lui retira toutes ses armes, les jetant sur un côté avant de la saisir à la gorge pour qu’elle le regarde qu’elle voit son air malsain. Récupérant ses esprits assez vite pour le coup, elle pu entendre les mots qu'il lui adressa.
« l’gars il a dit qu’on avait droit d’s’amuser avec toi avant d’t’arracher les tripes. Tu veux jouer à quoi ma p’tite lady ? »
Essoufflée, Anne ne desserrait pas les mâchoires, elle tenta alors de nouveau de se débattre comme une bête enragée, agrippant son visage, elle enfonça l’un de ses pouces dans son œil mais n’eut pas le temps de lui exploser le globe occulaire que son pote lui vint en aide. Il décolla une gifle magistrale à la pirate qui vint s’écraser au sol. Elle prit faiblement appui sur ses bras, recrachant du sang en ignorant les insultes qu’on lui lançait.
« Attends attends Bud, r’garde la c’est Bonny Blood, la s’conde de Cap’tain Barbecue ! »
Il attrapa de nouveau Anne, la forçant à se relever pour laisser paraitre son visage à la lumière de la lune. Silver était craint parmi les pirates, ces trois là ne désiraient pas prendre de risque en exécutant Anne et se contentèrent alors de l’attacher pour l’emmener près du Joaillier. Après de longues minutes de chemin, poussant à tour de rôle la jeune femme, ils arrivèrent dans une taverne. Anne entrevit vite celui qui aurait dû rester son adversaire en train de se la couler douce mais n’eut pas le temps de faire la moindre remarque que l’un des pirates s’empara d’Anne pour lui écraser la tête contre la table.
« On t’la livre, tu files la récompense et t’en fais c’que tu veux on va pas s'en mêler plus. » Fit-il à l’attention du joaillier.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Les pieds sur la table, un verre d'hydromel à la main, Seth aurait presque pu se sentir bien. Presque. Son poignet était douloureux sans parler de son dos que la pirate avait écrasé et toutes ces blessures dont elle avait parsemé son corps en le jetant et le frappant. L'artiste n'avait pas la résistance d'un combattant, son sang n'avait pas pour habitude de couler. Il avala l'alcool d'un coup sec et en commanda une deuxième choppe. Les relents de sueur le rendait nauséeux, à moins que ça ne soit la perte de sang qui le menace de l'affaiblir ? Les tavernes étaient des endroits que l'artisan fréquentait peu. Il préférait largement les réceptions du gouverneur ou les soirées entre gens de la haute. Se mêler à la populace et s'enivrer parmi les pirates et les catins, ce n'était clairement pas digne de lui.
One-Eyed-Willy était l'un des lieux qu'il aimait le moins sur Neverland. L'endroit puait la luxure, la décadence et la bassesse. Seth avait hâte que cette pirate lui revienne morte et qu'il en ait terminé. Son honneur serait sauf et la diablesse irait rejoindre ses aïeuls. Cependant, quand les pirates qu'il avait embauché passèrent la porte, le joaillier réalisa bien vite qu'ils traînaient avec eux leur cible. Son sourcil droit s'arqua automatiquement. Septique.
L'un d'entre eux plaqua la femme sur la table juste devant Seth. Le joaillier l'observa, l'interrogeant du regard. Le forban eut tôt fait de l'informer qu'il ne voulait pas s'aventurer plus loin dans cette manoeuvre. Cela intrigua énormément Seth. L'homme se leva et s'approcha de ceux qu'il allait payer.
- Qui est-elle exactement ?
Seth emmena l'un d'eux un peu plus loin pour que celui-ci réponde à la question tandis que l'autre surveillait la captive. Le visage de l'artiste s'illumina soudain. L'euphorie le gagna presque. Voilà donc pourquoi cette diablesse était encore vivante et que ses vêtements ne lui avaient pas été sauvagement arraché ! Elle avait une certaine valeur visiblement ... Seth se dirigea vers le comptoir et chuchota à voix basse à l'adresse du tavernier. Celui-ci lui glissa un objet dans la main et l'homme revint à sa table. Ses doigts se glissèrent dans les mèches rouges de la pirate et il lui susurra :
- Tu m'as dérobé des biens ... je vais devoir te rendre la politesse.
Il glissa la lame parmi la chevelure de feu de la pirate et lui coupa négligemment quelques mèches. Seth les glissa dans sa poche, hors de question de perdre le butin. Il en ferait peut-être quelque chose de bien. Son génie artistique serait mis à rude épreuve mais bien que souillées par son sang, ces mèches avaient le mérite d'être d'une couleur éclatante. Seth s'avança vers les pirates et leur indiqua à voix basse où se trouvaient les cadavres de ses gardes. Ceux-ci avaient dans leur poche de quoi satisfaire l'appétit vorace des forbans en matière d'argent.
Seth revint ensuite vers la diablesse et la poussa sur une chaise pour qu'elle prenne place face à lui. Il lui souriait de toutes ses dents, se sentant tellement supérieur à elle désormais que la jeune femme était non seulement à sa merci mais aussi privée de l'anonymat.
- J'espère que je ne t'ai pas trop amochée Bonny ? Oh et s'il te venait l'idée stupide de faire un mouvement brusque, sache que ton ventre serait orné d'un magnifique petit trou bien trop vite pour que tu puisses t'en sortir, cette fois.
Il jeta un regard vers son bras et constata qu'elle s'était rafistolé. Ingénieuse petite. Si Seth cédait à l'euphorie, c'est parce que ses plans avaient changés. Désormais, hors de question de la tuer. Elle ne méritait pas la clémence d'être égorgée comme un porc dans la ruelle d'à côté. Non, Bonny irait danser au bout d'une corde au milieu de la grande place de Blindman's Bluff sous le regard amusé du peuple. Seth serait aux premières loges, évidemment. Et le gouverneur, ravi d'avoir mis la main sur une pirate de la trempe de celle-ci, aurait forcément Seth à la bonne durant les semaines à venir. Pour l'artiste, c'était tout bénéf' !
- Tu sais ce que je trouve plus dommage encore que de ne pas pouvoir te tuer de mes propres mains ? Le fait que tu sois pirate ... je veux dire, bien que tu en aies l'air, tu n'es pas complètement idiote. Je dois même te reconnaître un certain sens de la stratégie. Tu aurais pu faire de grandes choses ...
Seth esquissa un sourire. Dans sa tête, elle gesticulait déjà, les pieds dans le vide. Son visage pâle virant lentement vers le bleu puis vers le mauve tandis que la peau de son cou rougissait sous la pression violente de la corde. Les hurlements bestiaux de la foule résonnaient dans sa tête. A mort la pécheresse. Qu'elle aille pourrir au fond d'une fosse. Seth se réjouissait déjà du spectacle ...
I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Seth & Anne
Les pirates s’éloignèrent, sans doute pour aller dépenser leur fric en se payant de l’alcool et des catins. C’était au moins cela de réglé, elle préférait largement être en tête à tête avec cet imbécile qui lui avait servit d’adversaire avant qu’il ne décide qu’il était trop fatigué pour continuer leur duel. En voyant la lame qu’il avait rapportée, Anne se disait que cette fois c’en était fini. Ses doigts se glissant entre ses mèches rouges lui arrachèrent un vif frisson d’horreur, elle se tenait prête à donner un coup de pied en arrière pour se défendre et l’éloigner mais fut totalement surprise de senti que c’était dans sa masse capillaire qu’il venait découper. Pour beaucoup de femmes, se faire couper les cheveux de la sorte était souvent une marque de déshonneur. Mais Anne s’en foutait, ce n’était que des cheveux et puis les siens poussaient suffisamment vite pour que la différence finisse par ne plus se voir. En revanche ce qui la dérangeait, c’était de voir qu’il les gardait, comme un trophée ou peut être pour de la sorcellerie. Quoi qu’il en soit elle le trouvait sacrément bizarre.
Alors elle comprit qu’il ne comptait pas la tuer et surtout pas lui retirer les liens qui lui bloquaient les poignets. Toutefois trouver place était bien plus confortable une fois qu’il eu fini de jouer les coiffeurs, Anne laissant échapper un grognement sous la brutalité de son geste lorsqu’il la força à s’assoir sur la chaise. Elle le suivit du regard quand il vint à son tour s’installer, fronçant les sourcils et écouta ce qu’il avait à dire. Il confirma donc ses doutes : Lui non plus ne voulait pas la tuer, alors que c’était ce qu’il avait cherché à faire toute la soirée durant. Etait il aussi dégonflé que cela ou carrément psychopathe ? Elle ignorait ce qu’il comptait faire pour pallier à sa frustration évidente de ne pas pouvoir la saigner, quoi qu’il en soit Anne fit le choix de ne pas chercher plus loin et remettre cela sur le coup de la lâcheté – après tout jusque là, il ne lui avait pas prouvé le contraire. Une fois qu’il eu fini de parler, Anne ne manqua pas de lui cracher son mépris au visage :
« Tu vas faire quoi d’ces mèches ? Te r’faire une virilité en t’rajoutant des poils au menton ? »
Anne n’était pas du genre à plaisanter d’habitude en étant dans une situation aussi peu confortable. Mais elle refusait de perdre la face et tentait d’analyser les alentours pour réfléchir à un moyen de l’égorger puis se faire la malle. Assurément cela relevait d’un gros défi : il avait raison en disant qu’elle n’aurait pas le temps de réagir et qu’il aurait vite fait de la tuer si par malheur elle osait lever le petit doigt. Anne n’était une imbécile en effet, mais puisqu’il ne la tuait pas – ou du moins pas encore -cela lui donnait encore du temps pour envisager de se défaire de lui et inverser les rôles. Elle devait se montrer patiente, car fatalement elle comptait bien en finir avec lui et ce, même si cela devait prendre plusieurs heures ou plusieurs jours.
L’Irlandaise lui adressa un sourire carnassier, souhaitant le provoquer un peu plus sous l’effet de l’adrénaline et voir jusqu’où elle pouvait appuyer sur sa frustration et quelles seraient les limites de sa patience tout en jouant avec ses nerfs, le faire douter. Alors elle le prit au mot et tira de ses mains liées le bas de sa blouse en lin pour la sortir de son pantalon et dénuder la peau de son ventre encore vierge de toute cicatrice.
« Perds pas d’temps ma jolie, t’as juste a viser les points vitaux, ils ont d’jà fait l’sale boulot pour toi ! Mais j’suis pas sure que tous les clients ici tiennent leur langue, tu s’ras dénoncé à Silver et tu s’ras dans la merde jusqu’au cou. »
Il était inutile de préciser que Silver serait plus redoutable adversaire qu’elle ou qu’au lieu d’avoir à faire à une seule personne, c’est tout un équipage qui viendrait chez lui pour piller sa maison et lui faire la peau si par malheur il la tuait dans cette taverne infestée de pirates. Il avait l’air bien assez dégourdi et intelligent pour le comprendre sans qu’elle lui fasse un dessin. Le mystère à présent était de savoir ce qu’elle cherchait réellement en lui disant cela.