Sous les miroitements du soleil, la silhouette agile de la sirène se mouvait avec rapidité. Tel un éclair doré, il suffisait d’un battement de paupière pour manquer cette apparition. La sensation de l’eau qui filait à toute vitesse sur sa peau était grisante. Les courants chauds et froids faisaient danser les sensations sur son épiderme. En temps normal, la souveraine ne s’approchait pas autant de la terre des hommes, encore moins du territoire des pirates. Une habitude qui tendait à changer dans un avenir proche puisque la curiosité propre à son espèce allait la porter à poser pied sur le sable plus souvent. Paradoxalement, ses responsabilités de reine lui offraient une place quasi permanente sous les flots. Ce dilemme entre terre et mer serait sans doute sujet à de futures réflexions... D’un autre côté, elle s’était faite à l’idée que tous les humains n’étaient pas mauvais, même si les brigands des mers appartenaient à une catégorie à part de danger. Cela dit, son cœur trop grand avait eu raison de ce principe de sécurité lorsque son regard aiguisé avait capté les mésaventures d’un animal en détresse. Une pauvre tortue s’était prise dans un filet de pêche et, d’une natation plutôt bancale, s’était réfugiée près de Cannibal Cove. Avec précaution, la sirène s’aventura dans la baie en se cachant dans l’ombre des rochers. Elle avait délaissé la couronne et son trône pour l’après-midi, laissant le royaume aux bons soins de son époux. Certes, elle était plus diplomate que Malech, mais le triton n’était pas non plus dépourvu de qualités de meneur. Aussi l’immortelle ne s’inquiéta pas plus de savoir comment se déroulaient les choses durant son absence. Cependant, elle prendrait bien garde à rester vague sur sa destination du jour, supposant que sa tendre moitié n’approuverait pas ses excursions de plus en plus fréquentes sur la terre ferme.
Zéa retrouva la trace de l’animal blessé au détour d’un amas d’algues avant de l’apercevoir sur la plage et, s’assurant qu’il n’y avait personne autour, elle osa s’aventurer sur le rivage. Avec précaution, elle s’avança vers l’animal, sentant que sa queue se métamorphosait en jambe à chaque pas qui l’éloignait de la mer. À l’aide d’un coquillage taillé sous forme de lame, elle coupa les liens qui retenaient les nageoires de la tortue avec douceur. Quand ce fut fait, elle regarda la créature s’éloigner vers les tréfonds de la mer avec un sourire bienveillant. Sa robe en voile, qui voletait joliment autour d’elle lorsqu’elle était dans l’eau, lui collait maintenant à la peau tout comme sa chevelure de blé. À sa taille était attaché une ceinture en peau de phoque d’où pendait l’étui du couteau en coquillage ainsi que diverses besaces au cas où elle ferait quelques trouvailles. Se disant qu’elle n’avait pas de raison de rester plus longtemps, la souveraine allait faire demi-tour lorsque le mouvement des vagues dégageait un objet brillant dans le sable. C’était une pierre scintillante dont les teintes rougeâtres détonnaient du reste des galets. La marée avait dû ramener ce trésor et Zéa s’en saisit pour mieux l’observer sous le soleil. Elle leva le précieux caillou devant son visage pour mieux l’admirer. Comme sa fille, la reine avait un penchant pour les jolies choses. Aussi, elle considérait l’option de ramener la pierre avec elle lorsqu’une voix l’interpella. La blonde tourna la tête en direction de l’inconnue et l’idée de se jeter dans les vagues pour disparaître lui effleura l’esprit. Néanmoins, l’étrangère ne semblait pas menaçante, hormis peut-être son habilité à approcher aussi silencieusement. « Je peux vous aider ? » se hasarda-t-elle sur un ton polit pendant que son esprit calculait déjà les possibilités d’avoir affaire à un pirate...
« On trouve des amis partout, même là où on ne l'attend pas »
J'utilise souvent un peu d'eau salée pour nettoyer mes pierres les plus salles. Je les achètes, je les récupères plus ou moins brutes et souvent elles ont besoin d'un petit nettoyage avant de les tailler et de les incorporer à mes bijoux. J'aime ce travail, je m’épanouis lorsque je crée des pendentifs, des boucles d'oreilles, et toute sortes de parures. Mon ancien métier de Yiji ne me manque pas du tout, pas un seul instant, je suis libre de faire ce que je souhaite de mon corps et de mes mains. J'aurais pu chanter pour de l'argent, mais je préfère pratiquer cet art de manière plus simple, je chante et je joue quand j'en ai envie, j'en fait profiter ceux qui sont là et je suis contente lorsque je n'arrive pas à déterminer si ils s'arrêtent pour mon stand ou pour ma voie. Ce matin j'ai reçu une grosse livraison de pierres plus ou moins précieuses. Certaines vaudront une petite fortune une fois taillées et serties et j'ai toujours un peu la pression quand c'est comme ça parce que j'ai peur de les abimer ou de les perdre. J'ai fait un petit panier et je me suis dirigée de bonne heure vers la côte. Je m'éloigne toujours un peu de la ville, les pirates c'est intéressant, mais de temps en temps il faut savoir faire un pause, se recentrer, et ces excursions sont aussi là pour ça.
J'étais tranquillement en train de compter mes pierres après les avoir rincés à l'eau douce (j'en avait amené exprès pour éviter que le sel ne commence à les attaquer sur le trajet du retour) quand tout à coup l'horreur se produit devant mes yeux, j'en ai perdu une. Voilà, il fallait bien que ça arrive une fois, pourtant je suis d'une prudence sans faille mais visiblement une rouge s'est fait la malle. Elle a dû se perdre quand je les ai trempé dans l'eau, ça arrive des fois, une bulle d'air se loge au cœur de la pierre et quand je les plonges, elles flottent légèrement et je manque de les échapper. En stress, je rejoins le bord de l'eau pour essayer de la retrouver avant que le roulis des vagues ne l’emmène au large. Le soucis c'est que je ne me rappelle pas exactement où j'étais pour les laver, je n'ai pas vraiment fait attention quand je me suis écartée pour les rincer. Il va me falloir marcher un peu et être très attentive. Au moins ce n'est pas une bleu, j'aurais moins de mal à la repérer dans l'eau avec son beau rouge vif.
J'avance lentement au bord de l'eau, je scrute le sable tandis que les battements de mon cœur se font plus rapides. Plus je m'éloigne de là où j'étais, plus je sens que c'est peine perdue, j'ai perdu une des plus belles pierres que j'avais. J'ai déjà commencé à renoncé à l'idée de la revoir quand j'entends des bruits de pas dans le sable. Je me redresse et je vois face à moi une magnifique femme blonde légèrement vêtue. Elle semble vouloir prendre un bain, enfin c'est ce que je suppose puisqu'elle se dirige vers l'eau, quand tout d'un coup elle se penche pour ramasser quelque chose. Qu'elle n'est pas ma surprise quand je vois entre ses doigts cette friponne de pierre qui s'était échappée. Le soulagement est tel que je me précipite vers cette femme aux cheveux dorés sans même me demander si elle ne serait pas dangereuse (on sait jamais dans ce monde, les choses ne sont jamais ce qu'elles paraissent). " Euh, excusez moi ? " Elle se retourne vers moi, ma pierre toujours à la main. Il semble que je l'ai surprise, je ne pensais pas avoir été aussi furtive que cela, mais il est vrai que c'est une seconde nature chez les Yiji, on nous l'enseigne dès l'enfance, être toujours discrète et silencieuse. " Je peux vous aider ? " Je m'avance encore un petit peu, j'essaye de trouver les mots pour rester aimable et polie, même si j'aimerais beaucoup récupérer ma pierre sans avoir à la négocier ou à la payer (vu que je l'ai déjà payé le prix fort hier sur le marché). " Eh bien, vous allez rire, mais je cherchais justement la pierre que vous avez à la main ... Ce n'est pas que je cherche à vous la voler ou quoi que ce soit de malhonnête, mais, à vrai dire, je l'ai payé assez cher et je croyais l'avoir perdue tout à l'heure en la lavant avec les autres ... " Maintenant que j'y pense, je ne sais pas bien si cela était judicieux de dire que je l'avais payé cher ET que j'en avais d'autres ...
Quand on voit les années défilées avec la lenteur de l’éternité, on apprend à se réjouir des petites choses qui changent le quotidien. On admire comment aucune vague n’est jamais semblable à la précédente, comment les plus belles rencontres sont souvent faites par hasard et même à quel point les cailloux trouvés sur la grève pouvaient être précieux. Zéa était trop sage et modelée par le temps pour avoir peur de l’inconnue, mais pas assez naïve pour lui accorder sa confiance aussitôt. Sa tête blonde légèrement penchée sur le côté, la sirène écouta la jeune femme qui venait de faire son apparition. Elle prit un moment pour l’observer de ses grands yeux clairs, réalisant que son interlocutrice ne ressemblait à personne qu’elle ait croisé auparavant. C’était un visage jeune et, à l’inverse du peuple de la mer, la reine ne pensait pas se tromper en essayant de lui donner un âge se rapprochant de la fin vingtaine. C’est l’idée qu’elle ne ressemblait pas du tout à un pirate qui fit taire sa méfiance. Du moins, suffisamment pour ne pas s’empresser de rejoindre l’eau salée. « Oh. » fut sa seule réponse devant le monologue de la brune. Elle observa la pierre au creux de sa paume, indécise quant à l’option de simplement la rendre sans poser de questions. Du bout des doigts, elle en caressa la surface lisse. « Vous les collectionnez ? » dit-elle d’une voix douce, sans une once de malveillance. Acheter des pierres… Quelle drôle d’idée! Il est vrai que la souveraine des eaux n’avait nul besoin de se déplacer bien loin pour trouver des petits trésors. Des mines et des minéraux précieux, il y en avait des tas dans les fonds marins. Néanmoins, ce n’était pas tous les types qui se trouvaient dans son royaume de reflets d’où la curiosité de la reine. « C’est vraie qu’elle est très belle celle-ci... Que pouvez bien faire avec toutes ces jolies pierres ? »
Elle pourrait la lancer au loin dans les profondeurs, endroit où elle serait la seule à l’atteindre, mais Zéa n’était pas malicieuse à ce point. Et puis, si elle voulait des jolies choses, elle n’aurait qu’à en demander une fois rentrée au bercail. Ce qui lui manquait dans le dit foyer était plus complexe à obtenir : un moment de tranquillité où elle pouvait être elle-même. Ni reine, ni mère, ni sœur, ni épouse, seulement Zéa. « Je vous l’échange contre un peu de compagnie si vous n'êtes pas trop pressée... » L’idée n’était pas d’embêter ou d’embarrasser la jeune femme. Cela dit, la blonde n’avait tout simplement pas envie de rentrer tout de suite ou même de rendre la pierre aussi facilement. Une curiosité pour une autre, c’était un marché convenable, non ? « Parlez-moi un peu de vous… Depuis combien de temps vivez-vous sur cette île ? » dit-elle en se mettant à marcher tranquillement sur la plage, convaincue que, si l’inconnue voulait récupérer son bien, elle la suivrait dans son petit jeu. Ses pieds nus s’enfonçaient dans le sable et elle prit soin de rester entre l'eau et la demoiselle. Malgré l’absence de sa nageoire, elle parvint à garder une démarche gracieuse et pleine de dignité, faisant fit de ses vêtements et de ses cheveux qui lui collaient encore à la peau.
« On trouve des amis partout, même là où on ne l'attend pas »
Elle est belle cette femme qui se tient en face de moi, très belle même, elle a quelque chose d'envoutant. Si je ne la voyais pas là debout devant moi, sur deux pieds, je pourrais croire que c'est une sirène, une de celles qui envoute les hommes pour les attirer au plus profond des mers. Après tout, pourquoi cela ne serait pas une sirène, ce ne serait pas si bête, elle est au bord de l'eau, toute mouillée, mais bon, je préfère garder le mystère, après tout, c'est une femme comme une autre, les sirènes ne sont pas bien différentes des humaines, elles aspirent elles aussi à une vie remplie d'amour et de paix. En tout cas, si s'en est bien une, c'est la première que je vois et je dois avouer, elle ressemble tout à fait à ce que je m'étais imaginée, d'une beauté presque surnaturelle.
Il est vrai que la situation est assez compliquée à comprendre, on pourrait aisément s'imaginer, comme elle, que je collectionne les belles pierres, après tout, il y en a qui collectionnent bien des coquillages. " Non je ne les collectionne pas. " Je me demande si elle a l'intention de me la rendre ou pas. Elle demande ce que je peux en faire, mais avant que j'ai pu y répondre, elle me propose un marché, zut, je savais que j'étais fichue, je ne reverrais jamais la couleur de cette pierre. Par contre, je ne m'attendais pas à ce genre d'échange, je pensais qu'elle allait plutôt vouloir de l'argent, ou d'autres pierres en échange, étrange. De la compagnie, ce n'est pas de refus, j'aime faire de nouvelles connaissances. Avant, quand je vivais à Hong Kong, les seules rencontres que je faisais avaient été planifiées et étudiées en fonction de ce qu'elles pourraient me rapporter pour ma carrière de Yiji. Aujourd'hui, je peux choisir de voir qui je veux, et je suis libre de faire des rencontres au hasard d'un chemin, je me sens tellement plus libre, même en étant esclave !
Je ne dis pas non à une petite balade au bord de l'eau à papoter avec une nouvelle amie, après tout, c'est ça que je peux faire maintenant, m'ouvrir aux imprévus de la vie. Et puis, elle ne me semble pas méchante, pas foncièrement en tout cas, je pense vraiment qu'elle finira par me rendre mon bien, elle veut juste discuter. Je peux la comprendre, de temps en temps, on a besoin de voir du monde, de parler de tout et de rien, même avec une inconnue. " Je suis arrivée il y a un peu plus d'un an. Et vous ? Vous semblez terriblement à l'aise, vous avez toujours vécu ici non ? " Je ne sais pas bien si dans son marché j'ai le droit de lui poser des questions, après tout, peut-être qu'elle ne veut pas parler d'elle, juste m'entendre parler de moi, enfin bon, on verra bien. Autant profiter de cette promenade et de la fraicheur de l'air marin, ce n'est pas tous les jours que je pourrais le faire. Je suis en train de me dire qu'heureusement que j'ai laissé la fille de William chez une de ses amies parce que sinon il m'aurait maudit à la lui avoir laissé comme ça sans prévenir.
Le mystère restait entier, la demoiselle à la chevelure de jais ne collectionnait pas les jolies pierres. Alors pourquoi donc les achetait-elle ? Il y avait bien divers scénarios qui prenaient vit dans sa tête couronnée, mais comme cela n’était pas une question de vie ou de mort, la souveraine supposa simplement que le sujet ne plaisait pas à sa compagne. Pendant une brève période de temps, les tracas de la reine s’envolaient, là-bas, à l’horizon avec les mouettes piailleuses. Le bruit des vagues faisait toujours écho dans sa tête, comme l’appel incessant de ses devoirs royaux. Qu’attends-tu pour rentrer Zéa ? Ils ont besoin de toi en bas. Non elle avait besoin d’une pause, d’une échappatoire, aussi courte soit-elle. Plus besoin de se tracasser à propos de Néisse ou du retour de son enfant prodigue. Son regard d’azur se posa sur son interlocutrice, un coup d’œil par-dessus son épaule pour vérifier qu’elle entrait bien dans le jeu avec elle. Ses pieds nus s’enfonçaient doucement dans le sable, une sensation grisante pour qui ne possédait pas deux jambes en permanence. La demoiselle se rapproche doucement, suivant sans trop de questions la créature pour une petite promenade au bord de l’eau. Elle s’ouvre comme une huître, sa voix est une belle perle et son histoire est une nouvelle découverte. Comme ils sont touchants ces moments de pure simplicité, de petits bonheurs éphémères qui poussent les gens à faire connaissance. Bon, d’accord, elle ne cherche peut-être qu’à récupérer son caillou…
« Oui, cela fait de nombreuses années que j’habite la région… Pourtant, je voyage très peu. Cette île me réserve encore beaucoup de surprises, je suppose. Aujourd’hui, j’ai voulu briser la routine. » répondit-elle sur un ton neutre, l’ombre d’un sourire sur les lèvres. Une reine avait-elle le droit de prendre des vacances ? Surement pas. Cela dit, à quoi bon contrôler l’océan si on ne peut pas exiger quelques heures de tranquillité ? Ses mirettes se posèrent sur le paysage environnant, le mémorisant comme un tableau. C’était étrange toute cette faune et cette flore qu’elle côtoyait depuis des décennies sans jamais y prêter plus d’attention que nécessaire. Mille dangers s’y cachaient, mais si tant de gens trouvaient leur bonheur à vivre sur terre, alors cela en valait peut-être la peine… « Y a-t-il des lieux qui valent le déplacement ? Je veux dire, des activités ou des lieux magnifiques qui valent la peine d’être visité ? » D’où venait sa nouvelle curiosité pour les humaines ? Zéa ne le savait pas vraiment. Peut-être que, depuis la disparition de son fils, elle s’interrogeait sur ses motivations profondes. Peut-être est-ce son ignorance qui l’agace, ce fait de vivre en voisin éloigné sans jamais daigner visiter cette terre sauvage. Le final était le même ; sa curiosité la poussait à se mêler au peuple terrestre. « Voyez-vous, mon fils est parti à l’aventure il y a très longtemps. Je me demande bien ce qui peut l’avoir poussé à explorer davantage cette île. » La blonde secoua la tête doucement, histoire de chasser ses mauvais souvenirs. Toutes ces longues nuits d’insomnie à se demander où son petit garçon était parti… Certes, Maea avait l’âge adulte quand il s’était enfoui, mais dans son cœur de mère, il était encore son enfant. Elle avait encore besoin de le protéger de ce monde cruel. Le fait qu’il la dépossède de ce droit la faisait souffrir. « Votre famille vit avec vous ? »
« On trouve des amis partout, même là où on ne l'attend pas »
Toujours aussi envoutante, toujours aussi mystérieuse, elle s'avance pas à pas dans le sable meuble sous la plante de ses pieds. Je me surprend à penser que si cette femme avait été Yiji comme moi à Hong Kong, elle n'aurait fait qu'une bouchée des filles qui, comme moi, ne cherchaient qu'à garder la tête hors de l'eau. Elle aurait raflé tous les bons clients et on aurait pu dire adieu à notre gagne pain, à la fortune et à cette petite maison qui perlait depuis toujours dans un coin de mon cœur, secrète et inaccessible. Elle est tellement belle, tellement gracieuse, comme si chez elle c'était inné. Si on m'avait dit en cet instant que cette grande blonde face à moi était une sirène, je n'aurais pas eu de peine à le croire parce qu'elle correspond tout à fait à l'image que je m'en fait, des créatures plus sublimes les unes que les autres, nées de la beauté, naturellement dotées de ce petit truc en plus. Elle ne s'attarda pas plus sur ses origine, la raison de sa présence ici, après tout on a tous le droit à notre petite intimité, même moi qui ai toujours vécue scrutée et observée, j'ai mon jardin secret.
Voilà qu'elle me pose des questions sur l'île, à moi, moi qui ne suis qu'une esclave, une esclave qui n'ai pas énormément de liberté. " Je ne saurais vous dire, je vis dans la ville des pirates, One-Eyed Willy, à mes yeux cette ville regorge de merveilles, mais c'est sûrement parce que j'ai grandit dans un monde si différent ... Le mermaid lagoon est magnifique, toujours baigné de lumière et cette eau si claire qui étincelle. En plus on peut y voir des sirènes parfois, elle complètent à merveille ce tableau, elles sont si belles, si gracieuses. Parfois je les envie vous savez, j'ai passé de longues années à apprendre et à trimer pour au final ne leur arriver qu'à la cheville. On m'a dit que l'île regorgeait d'endroits fabuleux, comme la vallée des fées, mais on ne peut qu'imaginer sa beauté, on a pas le droit d'y aller. " Je deviens curieusement bavarde, peut-être que moi aussi, inconsciemment j'ai envie de papoter, de mettre pause dans ce quotidien qui m'épuise par moments. Finalement je me demande qui de nous deux fait durer l'instant, qui de nous deux profite le plus de cette balade.
Elle évoqua un instant son fils et je pus lire fugacement la tristesse sur son visage, la séparation a due être difficile. Je repense alors à mes propres parents, je me demande ce qu'ils ont ressentis quand ils m'ont regardés partir dans cette charrette, après tout ils venaient quand même de vendre leur enfant unique, cela a dû les toucher ne serait-ce qu'un peu. Mais bon, ce n'est plus le moment d'y penser, après tout ils ont fait leur choix et maintenant ils ne sont plus là pour le regretter, cela fait bien longtemps qu'ils ont rejoins leurs ancêtre dans le monde des morts. " Non, je suis arrivée ici sans famille ni amis. Il m'a fallut du temps pour e refaire une place, mais maintenant ... Je dirais que ceux avec qui je vis sont un peu ma famille, même si bien souvent je préfèrerais vivre seule, avoir ma maison et ma liberté. " Je perds moi aussi mon regard à l'horizon, je ne sais pas ce que l'avenir me réserve, tout ce que je sais c'est que je ferais tout pour un jour être réellement libre, libre comme je ne l'ai, au final jamais été. Ce monde est le mien depuis maintenant plus d'un an et je me surprend encore à m'émerveiller de ses curiosité, de sa beauté. Je me trouve chanceuse d'avoir atterrie ici, oui, maintenant je le vois, ma vie aurait été tellement plus terrible si mon bateau avait continué sa route, je passerais probablement mes journées à assouvir les moindres désirs, sexuels ou non, d'un gros riche à qui on ne dit jamais non, entassée avec d'autres femmes, mariée de force. Oui, au moins ici je suis esclave, mais j'ai la tête haute, mon corps m'appartient toujours et je me sens seine, propre.
Et puis je repense à la pierre qu'elle tient toujours entre ses mains. Je me dis que finalement peut-être que ce n'est pas une coïncidence, peut-être que le destin l'a mené à elle. Je crois de plus en plus au destin, je me dis que beaucoup de choses n'arrivent pas par hasard. Par exemple, si je n'avais pas atterrie sur cette île, je n'aurais probablement jamais connue l'amour, ce sentiment qui grandit dans mon cœur et qui me surprend un peu plus chaque jour. Si je n'étais pas montée sur ce bateau, je n'aurais jamais rencontré Graham, certes il n'accepte pas le fait que j'ai des sentiments pour lui, mais le simple fait de pouvoir l'aimer me ravis, parce qu'avant lui, je m'étais faite à l'idée de ne jamais pouvoir en être capable. Alors finalement, peut-être que cette femme et cette pierre étaient destinées à se rencontrer. Après tout quand je les regarde toutes les deux, je ne peux ignorer la ressemblance, elles sont pareilles, pures, simplement belles, un véritable trésor. Maintenant que j'ai remarqué ça, cela me fait presque mal de devoir les séparer, et puis tout à cour une idée me vient. " Vous savez, si cette pierre vous plait, je peux vous en faire un bijoux. C'est pour ça que je les achète, j'en fait des bracelets, des boucles d'oreilles, des bagues et des pendentifs que je revend après sur le marché. Et puis je me dis que si vous l'avez trouvé, c'est peut-être que cela devait en être ainsi. Je serais très honorée d'en faire un bijoux qui saura compléter votre beauté naturelle. " Pas que je veuille lui faire un compliment, c'est juste que j'extériorise ce que je ressens depuis le début de cette rencontre.