lânant à travers la Forêt des Quatre Saisons, je cherchais de nouvelles idées pour mes peintures, de beaux paysages et de belles matières susceptibles de me séduire. Je virevoltais entre les arbres côté Printemps, me délectant des odeurs que je percevais sur mon passage. Pins, Chênes, Hètres et Noisetier libéraient des senteurs dont je ne me lassais pas. Sans oublier les petites fleurs, les violettes et les bluets recouvraient le sol de petites tâches colorées parmi les feuilles séchées. Je m'arrêtais quelques fois pour faire des petits croquis de ce que je voyais, pour admirer ce que le nature m'offrait ou pour observer une biche ou un geai moqueur au détour d'un sentier caché. Toutefois, je restais sur mes gardes, guettant les alentours et évitant les mauvaises rencontres. Les aigles et les faucons par exemple. Ces oiseaux là chassaient les fées, je ne tenais pas à être une proie pour l'un des leurs.
Mon exploration me vidait bien la tête, si bien que je ne me rendis même pas compte de ma nouvelle direction. Je jetais un oeil autour de moi afin de vérifier si je ne m'étais pas égarée. Je ne me rappelais pas avoir déjà été dans ce coin là de la forêt. On disait souvent que le meilleur moyen de découvrir un nouvel endroit était de s'y perdre, je ne pouvais que le confimer. En face de moi se hisser d'immenses arbres dont les feuilles baignaient d'une chaude et agréable lumière. Je me hissais sous les frondaisons, admirant les jolies couleurs nacrées des petites feuilles. Puis derrière ces arbres je découvris une petite clairière aux hautes herbes et aux couleurs chatoyantes. Le vert vif caressait par les rayons du soleil couchant m'aveugla presque lorsque je pénétrais dans cette plaine secrète. Ce spectacle emplit mon petite coeur de fée d'une joie immense. J'adorais tout ce que la nature offrait, et j'adoré encore plus l'immortaliser par une aquarelle ou un dessin. Pour moi, cela été absolument essentiel et important, particulièrement pour les souvenirs qui en découlaient.
Bien installée sur une branche de noisetier, je sortis mes pinceaux et mon carnet pour pouvoir peindre cette magnifique lumière dorée et peut être m'en servir sur les nouvelles enluminures des bouquins. Mes yeux ne tenaient pas longtemps lorsque j'observais l'horizon, aussi je pris une grande feuille pour me servir de parasol et éviter les reflets sur le papier blanc de mon carnet. Une légère brise vint faire trembler mon petit arbre, mes boucles d'or se mirent à danser dans l'air, je respirais profondément en fermant les yeux, tout en écoutant le doux chant des oiseaux. Cependant, un craquement de branche me fit soudain revenir à la réalité. Sur le qui-vive, je restais cachée sous les feuilles en observant la forêt. C'était probablement un renard ou une biche qui passait par là ... Quoi qu'il en soit, je sentais que cela se rapprochait peu à peu ...
« Le hasard nous offre souvent les plus belles rencontres qui soit »
J'ai entendu parler il y a quelques temps de cela, d'une forêt qui serait séparée en quatre parties, chacune ayant sa saison propre. Je n'ai pas vraiment voulut y croire au début, mais comme ici tout m'étonne en permanence, et que j'ai un peu besoin de me changer les idées en ce moment, je me suis dit que j'allais partir pour une fois à l'aventure. Moïra étant chez une amie à elle sous la surveillance de sa mère, je me suis dit que je pouvais me permettre d'aller vadrouiller de ci de là pour laisser mon esprit respirer quelque peu. Depuis la mort de William c'est assez difficile au quotidien et les choses commencent tout juste à aller mieux pour tout dire. Pour une fois que j'ai envie de me changer les idées et d'avoir l'esprit plus léger, je me dis que je ferais mieux d'en profiter et de foncer. Ma cithare à la main, je m'en vais parcourir cette île pleine de surprise en direction de la forêt des quatre saisons. J'aime amener mon instrument de musique quand je vais dans ce genre d'endroit, c'est paisible et cela me donne envie de chanter des chants traditionnels chinois, ces petites trucs de chez moi qui me rappellent que je suis partis depuis bien longtemps. Je sais que cela ne fait pas bien plus d'un an, mais j'ai l'impression que cela fait déjà une éternité. Je ne sais pas pourquoi je suis aussi mélancolique, après tout ma vie à Hong Kong était bien pénible, très monotone et restreinte, je suis beaucoup plus épanouie depuis que je suis ici, mais lorsque je chante, mon pays se rappelle à moi, c'est comme si je déplaçais un peu de ma terre natale à Neverland.
Au final il me fallut faire une pause à Blindman's Bluff pour passer la nuit parce que le trajet était trop long. Le lendemain on m'indiqua la direction à suivre, je pris quelques affaires au cas où il me faudrait dormir sur place à même la forêt. Une véritable aventure, voilà qui me redonne du baume au cœur, toute pleine d'excitation, je commence mon voyage, en espérant qu'il soit sans embûches. Finalement je croise deux trois personnes de voyage elles également, des marchands, un indien qui va vendre sa marchandise au marché de Blindman's, un enfant qui part en riant en me voyant, j'espère qu'il ne me prend pas pour une pirate, cela serait bête de tomber dans une embuscade, je sais qu'ils ne sont pas tendre avec les pirates, tout autant que les pirates ne sont pas tendres avec les enfants perdus. Finalement j'arrive saine et sauve à destination, je me demande comment j'ai pu faire aussi bon voyage, moi qui ai souvenir de mon premier trajet vers Blindman's Bluff peu de temps après mon arrivée. Je m'étais faite attaquée par un bandit, heureusement un homme me porta secours et aujourd'hui encore je lui suis redevable.
Je me perds alors dans ce qui me semble être la partie dédiée au printemps. Les fleurs sont tellement belles, toutes pleines de couleur, les animaux sont plus que présents, je m'étonne de ne pas tant les effrayer que ça, c'est sûrement dû à cet atmosphère si reposant, si chaleureux. Je progresse petit à petit dans ce qui me semble être un petit coin de paradis, à la recherche de l'endroit parfait pour me poser, manger un peu et jouer jusqu'à m'en user les doigts. J'entre alors, complètement par hasard, dans une magnifique clairière baignée de lumière. L'herbe luit de santé, tout ici respire le bonheur, je suis comme subjuguée pas la beauté de ce lieu qui s'offre à moi. Après quelques secondes à simplement remplir mes yeux de ce spectacle, je décide de m'installer, j'étale la petite étoffe que j'ai emporter pour éviter d'être en contact avec le sol humide. J'attrape ma cithare que j'ai attachée dans mon dos grâce à une cordelette et la dépose délicatement à mes côtés. Tranquillement, je profite de cette plénitude qui se dégage de ce lieu pour grignoter deux trois gâteaux et simplement rester allongée et emplir mes poumons de l'odeur d'herbe fraîche et de fleurs écloses. Une fois le repos pleinement gagné, je me saisie de mon instrument et je commence à chanter, doucement, juste pour moi et la nature qui m'entoure. Je chante un chant traditionnel de chez moi, un chant qui parle d'une histoire d'amour entre une petite fleur et une abeille, un amour impossible mais terriblement beau. Je suis, à cet instant, à mille lieu d'imaginer que là quelque part sur une branche, un petit être brillant de mille feu m'observe derrière sa toile.