Je n'ai jamais eu l'âme des chevaliers servants ou des nobles héros de mes histoires. J'ai toujours été plus un faire valoir, ou tout au mieux, le sage qui relate les péripéties du dit héros aux générations futures. Pourtant, quand la détresse de cet homme m'est arrivée aux oreilles, j'ai sauté sur l'occasion. Je sais que si certains sont ici, à Bartok, avec les meilleurs intentions du monde, je sais qu'il a raison, l'homme, quand il dit que la récompense qu'il a promis en a appâté plus d'un. Mais ce n'est ni l'un ni l'autre qui m'a entraîné parmi eux. Je mentirais si je prétendais ne pas être plus à la recherche d’un nouveau héros à suivre que d'une aventure à vivre moi même. Je prends note de chacun de ses mots ou presque sur un de mes carnets qui me sert de brouillon. Tout peut être utile, tant pour aider si besoin à mener cette quête à bien que pour raconter le tout en détail plus tard. Belegan, Myrielle et Hemma, ainsi se nomment le damoiseau et les demoiselles en détresse. Les protagonistes en revanche.. bah j'inventerais.
Je prends note en revanche de chaque détail comme à mon habitude. Les cheveux blonds comme les blés de cette femme ou les airs aguicheurs de celle ci, le regard déterminé de cet homme encore jeune ou la peau halée de celui là, la tristesse cachée dans l'air trop froid de la suivante et.. tout le mystère qui entoure le silence de cet autre. Eux, tous, ils ont chacun un petit quelque chose qui en ferait un personnage de choix pour le récit que je compte faire de cette épopée. Et si pour l'heure je n'adresse la parole à personne comme nous avançons pourtant ensemble vers les marais, je tends l'oreille à chaque phrase qui pourrait être prononcée. Peut être aussi que je le fais pour oublier les dangers qui nous attendent. Je ne suis pas du genre pleutre, à fuir la queue entre les jambes, mais ces marais.. ils me font froid dans le dos. Enfin je ne serais pas seul. Même si Mussichetta avait autre chose à faire, c'est ce qu'elle a dit du moins. Moi je pense qu'elle s'est vexée quand je lui ait dit que je préférerais qu’elle reste discrète. C'est que je suis persuadé qu'il y a dans cette assemblée des gens peu fréquentable et je tiens trop à elle même si je ne le lui dirais pas ouvertement. Elle fait comme partie de ma famille aussi étrange que ça puisse paraître au profane, je ne veux pas qu'on lui fasse du mal.
A mon grand désarroi, mes rêves de quête épique, de personnages aux destins complexes qui s'entrechoquent se retrouvent piétinés dans la boue du marais lorsque le père angoissé décide de former deux groupes. Il a raison dans le fond, nous couvrirons plus de terrain ainsi, mais voilà que je me retrouve avec pour seuls compagnons, le dit homme et quelques gredins. Quoi qu'il y a là un jeune homme qui me semble fort honnête. Mais le reste... mon sixième sens de résident de l'Arbre du Pendu sans doute.. mais je mettrais ma main aux feu qu'il passent plus de temps sous pavillon noir ou à cuver leur rhum dans une ruelle qu'à aider les gens. Je suis content que ma fée ne m’ait pas suivi, j'éviterais peut être les ennuis. Le plus important aujourd'hui, ces de retrouver ces enfants non ? Alors je prendrais sur moi. Enfin si j'arrive à faire taire mon insatiable curiosité.
Et je finis par craquer. Me rapprochant de celui qui m'a l'air le plus fréquentable en essayant de ne pas déraper sur un mauvais rocher et finir les quatre fers en l'air dans la vase. « On risque de chercher un moment, autant se présenter non ? Mon nom à moi c’est Plu.. Nikolaï. Et vous ? » Qui sait, ce sera peut être lui le héros de mon histoire. A moins que ce ne soit un des types à l'air patibulaire.. l'un d’eux à peut être entamé une quête de rédemption. C'est toujours classe une quête de rédemption. « John. » Répond il simplement ne me faisant sursauter. C'est que j'étais déjà passé à autre chose moi. Oh, concentre toi Kolia, tu vas louper des détails. « On est nombreux à aider. C’est bien, on les retrouvera plus vite. » Il hausse les épaules mais c'est un autre qui répond en me bousculant pour me doubler. « Ouai, on pourra surtout plus facilement transporter les corps. De toutes façons on sera payé pareil. » Moi je reste quoi, estomaqué par autant de froideur et par le stoïcisme du père qui marche un peu en avant. L 'idée ne m'avait pas effleuré l'esprit. C’est stupide, je ne veux pas écrire une histoire qui finit si mal. On va les retrouver, et en pleine santé. Je veux m'en convaincre.
La brume opaque semblait prendre vie devant eux, s'étirant comme un long voile, bruissant de murmures inquiétants. Un tic nerveux traversa la face du jeune homme. Il sentait ces tentacules vaporeuses glisser sur ses vêtements, tâter son âme, sonder son courage, et rire, rire doucement. Comment des gamins avaient pu y entrer d'eux même? La certitude qu'ils y avaient été emmenés de force lui apparaissait désormais évident. Même la bonne humeur affichée de Rosy, qui avait pourtant le chique pour dérider le garçon d'une blague pécuniaire le laissa de marbre. La nervosité le gagnait et il détestait ça.
Aussi quand le père de famille proposa de les faire contourner les marais, Raygon sentit un léger mais bien présent soulagement. Il n'aimait pas être aveugle devant le danger, ne pas savoir à quoi il faisait face. Le suspens, le mystérieux, il le supportait mal, préférant tout compter, tout observer minutieusement avant de se lancer dans l'aventure, du moins lorsqu'il était calme. Le garçon prit donc le parti de choisir le groupe qui borderait les marais, histoire d'en apprendre un peu plus sur la surface de ces marécages. Il fut heureux que Rosy et Grace soit de la partie. Le fait que Keyne soit là également, après leur récente dispute le mettait plus mal à l'aise. Il avait cherché en elle une mère qu'il n'avait pas trouvée. Son rejet confirmait finalement ses convictions profondes, il n'avait besoin d'aucune femme dans sa vie familiale, elles n'avaient rien à lui apporter. Se rapprochant des compères qui ont emprunté le même chemin, Raygon déclara.
« Restons ensemble, inutile de se séparer encore, on ne sait pas ce que ces marais peuvent cacher. Ouvrez l'oeil ! Qu'avez-vous apporté avec vous? »
Le jeune homme montra sa hache à sa ceinture, qui lui servait autant à couper les arbres que les têtes et la petite équipe se mit en marche. Il y avait peu d'indices pour dire aucun. Les enfants étaient entrés dans le marais sans le contourner, et ils leur faudrait y entrer également, pas le choix.
Se reposant un court instant, Raygon posa la main sur un rocher, et fit face aux regards des autres interloqués, effrayés, curieux et Raygon se recula brusquement en identifiant le visage terrifiant qui leur faisait face. Gravé dans la pierre, comme un rappel à la magie de cette île et ses interdictions, un visage sculpté les observait, les suivant du regard...
Je me sentais un peu décallée par rapport au reste du groupe. Je me sentais faible face à tous ces mercenaires, alors j'étais plus qu'heureuse de pouvoir reconnaître quelques visages familiers, dont ceux de Rosemary et de Raygon. Je savais qu'au moins, je pourrais probablement compter sur l'un d'entre-eux s'il m'arrivait quoi que ce soit, ce qui ne m'étonnerait pas du tout dans ce genre d'endroit. J'avais beau ne pas être imprudente, on ne savait jamais ce qui pouvait se produire dans ces marais. J'avais entendu de nombreuses histoires à leur sujet et aucune n'était rassurante. Je me doutais donc que nous ne nous aventurions pas seuls dans ces lieux inquiétants, mais je ne savais pas trop comment nous étions supposés lancer les recherches. Peut-être qu'on nous diviserait en petits groupes, ou peut-être qu'on pourrait former nos alliances par nous même. J'aurais bien aimé demander au père des pauvres enfants comment procéder, mais je ne voulais pas attirer l'attention sur ma personne. Je restai donc légèrement à l'écard du groupe, veillant à faire le moins de bruit possible.
La réponse à ma question ne se fit pas attendre bien longtemps. Quelques secondes plus tard, le père de famille nous annonça la marche à suivre. Nous serons séparés en deux groupes. Certains entreront immédiatement dans les marais, tandis que les autres le contourneront pour trouver des indices du passage des gamins. Nous étions libre de choisir où aller et ce choix me paraissait bien évident. Refusant de m'aventurer tout de suite dans la brume sinistre, je me rangeai auprès de ceux qui souhaitaient en faire le tour et je me mis à marcher à leur côté, calquant mon rythme sur les voyageurs qui me précédaient. J'étais complètement en arrière du groupe, mais ça m'était complètement égal. Je souhaitais me faire discrète pour l'instant.
Après quelques minutes de marche, une première voix se fit enfin entendre. [color:abd7=000000]« Restons ensemble, inutile de se séparer encore, on ne sait pas ce que ces marais peuvent cacher. Ouvrez l'oeil ! Qu'avez-vous apporté avec vous? » Demanda Raygon d'un ton parfaitement neutre avant d'exposer la hache qu'il portait à sa ceinture. Une arme pratique, mais peu discrète, contrairement au poignard que je cachais dans ma botte. Lorsque je voyagais, je trainais toujours une arme sur moi, car je me savais parfaitement vulnérabe. Je comptais donc sur l'effet de suprise à chaque fois qu'on s'en prenait à moi et c'était ce que je comptais faire aujourd'hui. Si l'un des mercenaires présent décidait de se retourner contre ma personne, je pourrais au moins me défendre. Mais si ces mécréants savaient que j'étais armée, ils auraient ma peau encore plus facilement. « Au moins toi tu pourras te défendre. Moi j'ai seulement une gourde et quelques gâteaux, au cas ou quelqu'un ait une petite fringale. » Répondis-je doucement, un petit sourire collé aux lèvres.
Par la suite, la marche repris son cours tranquilement, bien que tout le monde soit sur ses gardes. De mon côté, je posais mon regard un peu partout sur le paysage lugubre qui nous entourait. Ainsi, rien ne pouvait m'échapper et s'il y avait la moindre trace des enfants sur notre chemin, je ne pourrais la manquer. Seulement, les minutes s'écoulaient et ils ne semblaient être nul part. J'étais donc de plus en plus désespérée lorsque notre groupe s'arrêta subitement. Étant un peu en retrait, j'eus à peine le temps de m'approcher un peu pour voir Raygon s'éloigner brusquement d'un rocher qui semblait presque... vivant. Curieuse, je m'approchai encore un peu.
Aodren / Rosy / Sirhaan (sans réponse, mais vous pouvez encore continuer)
2ème étape
Les 10 différences pour ceux sur le bon chemin Nikolaï Afin de poursuivre votre aventures, il va falloir nous prouvez que vous avez le sens de l’observation. Ci-dessous, deux images et dix différences. A vous de les retrouvez toutes. Vous pouvez me les mentionner par écrit ou via l’image directement en les entourant. Toujours par MP bien entendu à l’adresse de votre cher Erim. Vous avez 8 jours pour me répondre, ce qui fera une pause RP pour tout le monde.
Spoiler:
Les intrus pour ceux sur le mauvais Aodren / Keyne / Sirhaan / Rosy / Raygon / Grace Vous n’êtes pas partis du bon pied, mais je vous promets que cela va s’arranger avec l’étape suivante. Voici plusieurs images, chaque groupe d’images à son intrus. A vous de me donner les misérables qui se sont glissés dans les chaînes. Vous avez 8 jours pour me répondre par MP à l’adresse d’Erim.
Pour ceux qui étaient sur le mauvais et retournent sur le bon -> Keyne et Sirhaan Vous avez été d’une ingéniosité incroyable et voilà que pour vous récompenser de votre courage, vous entendez au cœur des marais vos noms prononcés. Sans un regard pour ceux restés derrière vous, vous pénétrez sans crainte dans les entrailles du marais pour montrer votre valeur aux autres participants.
• Vous allez traverser un pont dont les planches ne vous paraissent pas sûres, tuer quelques moustiques aussi gros que votre poing avant de retrouver le groupe, la lueur des torches vous ayant aidé, ainsi que la chance, car le brouillard est si épais que vous n’y voyez rien. Vous arrivez vers l’autre groupe, alors qu’ils sont piégés dans une voie sans issue. (A vous de RP)
Pour ceux qui étaient sur le bon et vont vers le mauvais -> Nikolaï Il n’y a jamais de place pour les faibles, on vous avait pourtant averti avant de vous engager dans cette aventure. Vous avez failli mener le groupe à sa perte en glissant sur un des objets que vous cherchiez et plusieurs de vos « camarades » de recherche auraient pu perdre la vie en venant à votre secours. De ce fait, on vous demande gentiment d’aller avec ceux qui font le tour du marais à l’extérieur, peut-être que là-bas vous serez plus utile et moins dangereux.
• Faites demi-tour et trouvez un moyen sûr de retrouver l’autre groupe. Vous pouvez encore renoncer et repartir chez vous. Si vous décidez d’abandonner, faites votre prochaine réponse dans ce sens. Si vous voulez continuer, faites en sorte de retrouver les autres pour la prochaine énigme. (A toi de choisir)
Toujours sur le mauvais –> Rosemary - Raygon - Grace - Aodren Vous accumulez la malchance par toutes les fées du pays de l’imaginaire ! Mais, je ne veux pas croire que l’aventure s’arrête ici pour vous. Vous avez encore des ressources pour le prouver, vous redoublez d’effort et lorsqu’une voix d’enfant se fait entendre à quelques mètres, vous vous élancez tête baissée.
• Faites votre avancée en Rp, les départs, les arrivées…votre échec de nouveau…Ne soyez pas abattus et si vous l’êtes. Vous avez la possibilité de faire repartir votre personnage chez lui. Pour les autres, avancés jusqu’à l’endroit de la voix qui se trouve près d’une étendue d’eau à l’orée des marais. Endroit étrangement beau, fleuri et verdoyant pour un marais dégoutant.
Allez soyez courageux ! C'est bientôt le bout du tunnel
Foutus marais. Aodren commençait sérieusement à les détester ! Le mercenaire refusait de s'abaisser à simplement suivre les autres, ceux qui paraissaient sûrs d'eux ou qui semblaient mieux gérer les lieux. Par fierté mal placée, il allait finir par s'enliser dans ces étranges endroits hostiles. Autour de lui, les gens échangeaient des paroles, des impressions mais le triton ne leur décrocha pas une syllabe. Inutile de perdre son temps à discuter et à piailler, ils étaient tous dans la même galère et aucun n'avait la bonne route en tête.
Brusquement un étrange rocher presque trop humain apparut sous ses yeux et sembla créer la confusion parmi le groupe. Il fut dit qu'il était mieux de rester soudés, Aodren se contentait d'avancer, restant assez proche des autres pour entendre leur conversation mais assez éloigné pour être laissé en paix. Malheureusement, les chemins se séparèrent dans la brume. Quand Aodren lança un regard vers le groupe qu'il restait non loin de lui, il ne restait que ceux en qui il ne ferait confiance pour rien au monde. Deux jeunes gens et une habitante de Blindman's Bluff. Pas vraiment les profils types des explorateurs ou des sauveteurs mais plutôt des bonnes âmes embarquées dans une sale histoire.
- Vous avez entendu ?
La voix semblait provenir de nulle part, émanant tout droit de l'horizon. Une voix enfantine, Aodren avait enfin adressé la parole au groupe mais juste pour vérifier que la magie des lieux ne lui avait pas joué un tour. Dès lors, l'homme accéléra le pas et se mit même à courir. Il ne voulait pas forcément doubler les autres .. à ce stade, Aodren perdait l'espoir de bénéficier de la récompense seul, voire d'en bénéficier tout court. L'air était frais et la vision difficile, ces enfants devaient être bien perdus ...
Keyne Delendar
Beware, I'm starving
ζ Inscris le : 22/11/2015
ζ Messages : 305
ζ Avatar : Tabrett Bethell
ζ Localisation : Oscille entre le Poséidon et Bartok
ζ Occupations : Femme du Capitaine
ζ Âge : Vingt-huit ans
ζ Statut : Épouse possessive et comblée, de nouveau avec son mari
« DELENDAR ! DELENDAAAR ! » Je fronce des sourcils en mirant la brume si épaisse que j’ai du mal à savoir où je vais mettre un pied si j’avance. Pourtant, on m’appelle, c’est qu’on a besoin de moi. Un autre nom est prononcé et je mire un court instant le jeune homme qui s’approche lui aussi des marais, enfin on ignore vraiment où on se trouve. À l’orée ? Déjà légèrement à l’intérieur ? Ou carrément à plusieurs mètres ? Il va falloir se servir de son instinct pour retrouver ces mômes, car niveau vision, c’est mort. Il reste l’ouïe et l’odorat, mais vu les vapeurs nauséabondes qui remontent de certaines mares, ça risque d’être délicat. L’ouïe donc. Ni une ni deux, je m’engouffre dans la brume en espérant ne pas mettre un pied dans un sable mouvant, dans une marre profonde ou je risque la noyade et autres réjouissances du genre. Mais fort heureusement, rien de grave. J’avance sans réellement savoir où je vais, j’écoute mon instinct et par là où les voix provenaient. Avec l’autre inconnu, on s’arrête devant un pont qui ma foi, ne m’inspire guère confiance. Je me penche légèrement sur le côté dans l’espoir de voir ce qu’il y a en dessous, mais avec ce brouillard, impossible. Pitié que ce ne soit pas de l’eau ! Je pose un premier pied sur une planche qui craque et bouge légèrement, j’avale difficilement. Allez Keyne, tu n’es pas une couarde ! Je me tiens à la corde avant d’accélérer le pas pour traverser en marchant vite – courant même –. Le bourdonnement d’un insecte me fait me retourner, cherchant l’individu, mais il n’y a rien. Ce n’est que lorsque le bruit s’intensifie que je vois la créature, aussi grosse que mon poing. Par les cornes d’un taureau, je n’ai jamais vu de moustiques aussi gros. Il essaye de venir se poser pour me piquer et je me défends comme je peux, consciente que je dois avoir l’air stupide. Mais le bruit au départ solitaire se duplique et un second, un troisième, un quatrième moustique viennent nous enquiquiner. Mes bras fouettent l’air, je me claque les épaules, les bras, les joues aussi – laissant des traces rouges – à chaque fois que j’ai l’impression qu’ils me piquent. Saloperie de bestiole !
Je me penche vers une branche morte avec des feuilles mortes au bout, sortant les allumettes de mon époux, je gratte et les étincelles viennent embraser les branches et les feuilles qui crépitent. Je redresse ma torche de substitution, faisant fuir les bestioles – ou plutôt les brûlants – dès qu’elles s’approchent de trop près. « Le feu va bientôt s’éteindre, mieux ne vaut pas s’éterniser ici… » Je ne tiens pas à me faire vider de mon sang par des moustiques, une mort stupide… vraiment ridicule. Ce sont des lueurs difformes qui nous interpellent un peu plus loin et sans attendre, je cours dans cette direction, bien heureuse de retrouver le petit groupe qui a pénétré dans les marais au début de cette excursion. Joie qui disparaît tout de go, une fois qu’ils nous annoncent être piégés dans une impasse. Cela n’en finira donc jamais. Ah ça, pour me changer les esprits, j’ai tout ce qu’il faut. Mais, je tiens quand même à revenir vivante…
Depuis le départ de cette aventure un peu sordide, je veillais toujours à me tenir à l'écart du groupe, doutant fortement des intentions de certains de nos accompagnateurs. Je ne voulais pas me faire remarquer, mais pourtant, lorsque Raygon prit la parole, je n'hésitai pas à lui répondre. Heureusement, mon commentaire ne sembla pas trop attirer l'attention, car tout le monde, moi compris, semblait intrigué par un rocher qui semblait presque vivant. Je m'approchai donc légèrement de l'objet, histoire de mieux l'identifier. Seulement, quelques secondes à peine plus tard, je fus forcée de me retourner lorsque j'entendis des bruits de pas étranges. Comme si quelqu'un venait de s'aventurer dans ces lugubres marais, ce qui me paraissait complètement irréfléchi. Selon moi, valait mieux rester en groupe. C'était plus sécuritaire ainsi. Seulement, tous ne semblaient pas partager mon avis, puisque d'après mes observations rapides, je pouvais constater que la mercenaire qui nous accompagnait était partie, suivie de près par l'homme à tout faire de Rosemary. En constatant leur départ, je fronçai les sourcils. J'avais un peu de mal à comprendre pourquoi ils auraient voulu s'éloigner ainsi, sans raison apparente.
Je n'eus pas le temps de me questionner d'avantage à ce sujet, puisque, quelques secondes à peine plus tard, une voix enfantine parvient à mes oreilles. je me retournai brusquement, à la recherche de la source du bruit. « Vous avez entendu ? » Demanda alors un homme qui ne semblait pas des plus sympathiques. D'ailleurs, je ne croyais pas l'avoir remarqué auparavant. Sinon, je me serais inquiétée d'avantage de sa présence, mais pour l'instant, la sécurité des enfants était bien plus importante. J'hochai donc rapidement la tête, avant de me mettre à observer l'horizon. La voix ne semblait pas provenir des marais, ce qui était rassurant, non? Je me mis donc à courir à la suite du type, sans trop me poser de question. De toute façon, rien ne pouvait nous arriver tant que nous n'étions pas à l'intérieur de ce lugubre marais. Je le suivis donc difficilement, aggripant tant bien que mal les pans de ma robe pour ne pas trébucher dans l'excès de tissus. Avoir su, je me serais changée avant de m'embarquer dans cette aventure qui me semblait de plus en plus inutile. Toutefois, je refusais de baisser les bras maintenant.
Je ne pipai pas mot durant une grande partie du voyage. Je saluai d’un signe de tête et d’un petit sourire les quelques personnes dont je croisais le regard, mais rien de plus. Je n’avais pas grand-chose à dire de toute façon, je ne connaissais absolument pas les lieux ni le genre de trucs que l’on pourrait y croiser ; dans nos marais, à Sainte Marie, on pouvait trouver des bestioles diverses, type moustiques, mouches, araignées, serpents à la rigueur…Mais ici, j’avais déjà eu la surprise de découvrir des crocodiles au moins deux fois plus gros que le seul autre que j’avais pu voir avec Bookman (qui pourtant m’avait dit qu’il faisait partie des plus gros qu’on ait vu jusqu’à présent), des sirènes (et bon dieu que ça me perturbait encore ça…), et bien d’autres trucs dont je n’avais jamais entendu parler et que je n’aurais jamais connu sans mon arrivée ici. Alors dans un marais, de nuit en plus…Allez savoir. Mais depuis que j’ai croisé un indien pas très commode, j’ai retenu ma leçon : je me baladais avec un couteau. Pas un très grand, un que je pouvais facilement cacher. Rosy a bien essayé de me convaincre d’apprendre à tirer mais…non. Plus tard, peut-être.
En attendant, on avançait, et si je vis un jeune homme foncer vers l’intérieur du marais, le reste du groupe et donc Madame Rosy, a fini par prendre le parti de contourner le marais. Ouais, j’aimais bien cette option. Je sais que je ne fais que retarder l’inévitable, mais sérieusement, devoir mettre les pieds dans un sol qui pouvait s’avérer des sables mouvants à n’importe quel moment…Bof. Donc si je peux avoir un peu plus de temps dans l’espoir de me préparer psychologiquement, je ne dirais pas non. Tout le monde regardait autour, je portais une oreille discrète à ce qu’il se disait, ayant appris depuis tout petit à écouter en me faisant discret. Une chose qui me servait beaucoup aujourd’hui, il faut bien le dire. Je reportais le regard vers l’avant quand je vis du coin de l’œil des gens s’arrêter. En fait, j’aurais peut-être dû garder les yeux au sol. Ce rocher…Il me mettait sérieusement mal à l’aise. Il ressemblait trop à une forme humaine pour ne pas se poser de questions. Quand je vous disais que cette île vous changeait la façon dont on voyait les choses. La magie était omniprésente ici et elle pouvait faire des choses étranges.
Alors que je commençais à sérieusement considérer aller toucher le rocher pour voir s’il n’était pas simplement un être vivant avec une apparence inhabituelle, j’entendis mon nom être appelé. Je tournai la tête vers Rosy, mais elle ne semblait pas m’avoir appelé, elle ne regardait même pas dans ma direction. J’entendis à nouveau mon nom, clairement à l’opposé de là où se trouve Rosy et je décide alors de me déplacer un peu, cherchant à savoir qui (ou quoi) m’a appelé. Quand je ne vis rien d’autre qu’une des femmes venue avec nous, je me retournai, dans l’idée de rejoindre Rosy et le groupe mais là…Je ne les voyais plus. Avais-je autant avancé que j’avais perdu de vue les autres ? Je n’en n’avais pas eu l’impression pourtant. Bon…Faire demi-tour était possible mais tout aussi hasardeux que de continuer vers l’avant, d’autant plus que je ne serais pas seul si je continuais droit devant, une chose que me rassurais un peu. Rosy allait me tirer les oreilles pour l’avoir laissée seule sans prévenir mais tant pis. Je lui proposerais de me faire travailler le double du temps en échange.
J’avançais, suivant à pas prudent la femme qui tâtait le terrain en premier et je me fis discret. Mais bientôt, un bourdonnement se fit entendre et puis deux, trois…Et puis je vis enfin ce qui faisait ce bruit, des moustiques. Rien de bien méchant vous me direz. Mais alors des Moustiques de cette taille-là…BON SANG. Je me saisis d’une branche un peu épaisse et m’en servit pour frapper les moustiques que je distinguais. Je restais près de la femme, qui avec sa torche de fortune illuminait un peu le marais un court instant.
"Je ne demande que ça, mais par où ?!" j’envoyais valser un autre moustique avant de suivre le regard de la blonde et de repérer aussi des formes au loin "Par-là !"
On se mit à courir comme des fous pour échapper aux moustiques monstres. J’ai gardé ma branhce avec moi au cas où, mais rapidement, les bourdonnements se font plus faibles et on remarquait des points lumineux au loin…Des torches ! Sauvés ! Ou presque. Car si on était arrivé à retrouver les gens dans le marais, ils…sont bloqués.
"En tout cas, mieux vaut rester loin de là d’où on vient avec elle" je désigne la femme m’ayant accompagné bon gré mal gré "Car il y a des bestioles vraiment pas sympas." Je finis de reprendre mon souffle et observe un peu autour avec la lumière des torches présentes "Et si on retourne un peu sur le chemin que vous avez pris et qu’on essaye une autre direction ? Voir ce que ça donne ?"
Plus il trainait ses bottes dans ce mélange de mélasse visqueuse et plus il était persuadé d'avoir pris la mauvaise décision, le mauvais chemin, les mauvais compagnons de route, bref, le merdier total en somme. Il n'y avait eu que Grace pour lui répondre, ce qui le questionnait sur les intentions de chacun. Au final, ils semblaient tous être partis à la quête de l'or des gamins plus que des gamins eux-même. Et Neverland, Raygon le savait, avait la fâcheuse tendance à punir les mauvaises intentions.
Il s'écarta lentement du rocher à visage humain, plissant le nez devant ces yeux de pierre qui semblaient le poursuivent et lui brûler le dos. A peine reporta t-il son attention sur le groupe que deux manquaient déjà à l'appel. Il vit Keyne et Sirhaan s'éloigner dans la brume comme mus par un instant supérieur. Il observa les autres mais personne ne réagit à leur départ. Ne pas se séparer. C'était bien la base de toutes les histoires d'horreur non? Pourquoi les gens s'évertuaient-ils sans arrêt à ne pas suivre les lois les plus simples de la survie. Pour la première fois depuis longtemps, la chaleur et la coopération des Enfants Perdus lui manqua.
Ils n'étaient donc plus que quatre sur le chemin longeant les marais. Raygon observa du coin de l'oeil l'autre homme de la bande. Son pas léger, quasi absent, ses regards furtifs, rien en lui ne lui inspirait confiance. C'était comme s'il était toujours aux aguets, autant sur les dangers extérieurs que sur ses acolytes et une chose était sûre, la confiance était aussi peu évidente de son côté que du sien. Il espérait juste que si danger il y avait, il resterait soudé à la petite équipe qu'ils formaient.
Le murmure de l'homme le sortit de ses réflexions. Oui, il entendait cette voix. Après, à savoir s'il s'agissait d'une réalité, ou d'un mirage. Le jeune homme n'eut pas le temps de se poser plus longuement la question que tout le monde s'élança à sa suite. Bien obligé de suivre, il ferma la marche, jetant un coup d'oeil en arrière. Si la voix était un mirage, le paysage qui s'offrit sous leurs yeux lui sembla plus irréel encore...