Le ciel se teintait doucement d'un rose orangé. Le bleu de la nuit était encore loin mais commençait à s'étendre au dessus de Neverland. Le vent était léger, une petit brise qui faisait voleter des feuilles égarées. Le doux clapotis de l'eau contre la berge arrivait à apaiser les esprits. C'était doux, c'était reposant. Un léger soupir s'échappa des lèvres de la sirène qui trainait encore dans l'eau, accoudée à la berge. Elle aimait pouvoir sortir de cette manière sans croiser l'un des siens. Du moins, sans croiser l'un de ceux qu'elle détestait le plus. Entrouvrant mollement la bouche, l'ancienne Reine du Royaume des sirènes et des tritons commença à fredonner une douce mélodie, observant alors l'étrange mélange de couleurs qui parsemait le ciel.
Parfois, elle aimait venir dans un endroit tranquille, se posant dans l'eau tout en restant contre la berge. Ou même sur un rocher. Elle s'allongeait et admirait le ciel, quelque soit le temps qu'il faisait. Et elle se perdait dan ses pensées. Néisse était devenue particulièrement patiente. Elle savait qu'un jour elle pourrait se venger de ceux qui l'avait banni injustement de son Royaume, de son Trône. N'importe qui pensait la sirène folle. L'était elle réellement ou réclamait elle simplement quelque chose qui lui était dû, selon elle ? Les opinions divergeaient et c'était normal. Mais au fond, elle savait que le Roi actuel ne valait pas mieux qu'elle. Après tout, n'était il pas surnommé l'Exécuteur ? Un sourire amusé se dessina sur le visage de la Veuve qui fixait toujours le ciel. L'Exécuteur. Entre la Veuve Sanglante et L'Exécuteur, il n'y avait aucun différence. Il était tout aussi cruel qu'elle. Zéa était juste une femme stupide.
Rien que de penser à cette blonde infâme, Néisse poussa un sifflement de rage, se redressant. Voilà que le fil de ses pensées avait gâché son bien-être. Faisant une moue ronchonne, Néisse remua un peu dans l'eau, s'apprêtant à sortir pour regagner son foyer. Mais un bruit l'interpela et la sirène se tapit légèrement dans l'eau, observant les environs. Elle devait se méfier. Les pirates rôdaient parfois dans le coin et elle n'avait aucune envie de finir embrochée par l'un d'eux. Néisse recula un peu dans l'eau et alla se cacher derrière un rocher, observant la surface. Peut être qu'elle était devenue beaucoup trop méfiante...
Encore une journée noire qui touche à sa fin. Dans tous les sens du terme. Non seulement le soleil n'a toujours pas décidé de pointer le bout de son nez, mais mes collets restent désespérément vides. Sans doute les deux sont ils liés. Comment la faune pourrait ne pas être affectée par les changements climatiques ou le manque de soleil ? Sans parler de la végétation qui commence à dépérir elle aussi. A cette période de l'année on devrait pouvoir profiter des milles et une couleurs de la flore de l'île. Mai sil n'en est rien. Et pour couronner le tout, il y a cette chaleur lourde aujourd'hui. Une chaleur qui pousserait les plus pessimistes à crier à l'orage imminent et d'autres à se précipiter sur une plage ou en bord de ruisseau pour se affranchir. Enfin si le soleil était là. Pourtant, puisque ma besace est restée vide, je surprends me spas à me guider inconsciemment vers le bord de mer. Qu'est ce que je risque à m'accorder un temps mort, quelques heures à ne rien faire, quelques instants à profiter d'un bain de mer. Depuis combien d'années n’ai je plus mis les pieds dans le sable... en temps normal, je me contente du premier ruisseau venu pour me décrasser ou simplement chercher un peu de fraîcheur, mais aujourd'hui... je suppose que les quelques changements que j'ai entrepris en entraînent d'autres. Peut être ais je besoin d'un peu de fantaisie, juste pour me prouver que je suis encore capable de faire ces choses insensées qui sortent de ma routine habituelle.
Ainsi je me laisse porter par cette idée jusqu'à sentir les embruns salés sur mes joues. Je reste là un instant, les yeux clos, à laisser ce sourire niais se dessiner sur ma face. Oui il y avait décidément trop longtemps que je ne me laissais plus aller à des plaisirs aussi simples. Plus simple encore celui de la douce sensation du sable sous mes pieds comme je laisse mes bottes au sol pour avancer un peu plus. Et bientôt, me voilà à égrainer mes affaires en marchant frénétiquement vers l'eau tel le premier gamin venu. Gamin... oui je suppose qu'il y a un peu de cela. Que toutes des retrouvailles et rencontres de ces derniers temps ont réveillé un peu de ce gosse que j'étais et que j'avais cru définitivement perdu en chemin. Et tel un gosse, je recule lorsque la première vague, glacée elle de n'avoir pas pu se chauffer en remontant sur un sable baigné de soleil, vient me chatouiller l’arrière des genoux. Allons Stuart, un peu de courage. A quoi me servirait-il d’être venu jusqu'ici pour me dégonfler à l'arrivée .
Un dernier regard sur mes affaires éparpillées sur le sable , une dernière grande bouffée d'air pour me donner du courage et me voilà lancé. Une course ridicule, à demi ralenti par l'eau, avec cette démarche gauche et ridicule qu'on peut avoir quand on essaye de courir à contre courant, et avec cet élan tout relatif, je plonge tant bien que mal pour m’immerger tout à fait... pour ressortir aussi sec, m’ébrouant et le souffle court. En voilà un plongeon revigorant. Pourtant j'apprécie cette excentricité que je viens de m'offrir. Passant mes deux mains sur mon visage pour en chasser l'eau, je me décide à m'avancer un peu plus sans perdre pied pour autant. Saurais-je nager contre le courant ? J'en doute et je préfère rester prudent. A nouveau, je regarde en arrière, vers la plage. Toujours pas âme qui vive sur le sable. Dans l'eau en revanche... un mouvement attire mon attention du coté des rochers sur ma gauche et plutôt que de courir vers la terre ferme, j'ai ce réflexe idiot de poser la question la plus stupide du monde : « Y a quelqu'un ? »