La petite cabane était niché non loin de la lagune au sirène. Elle surplombait l'océan et offrait une vue magnifique sur ce dernier. C'était une cachette secrète, souvent en bazar et presque introuvable. Des tissus coloré, foulard transparent et fleurit, cachait les fenêtre, servant autant de rideaux que de décoration. Partout était suspendu des petit mobiles fait de morceaux de verre polies, de plumes ou de coquillage. Un attrape-rêve indien protégeait un petit hamac qui servait de lieux de repos et de sieste. C'était un endroit privé, un de ces sanctuaire du corps et de l'esprit. Des fleures commençant à se flétrir était entreposé dans des vases fait de bouteille ou de terre, les murs était recouvert de scène peinte avec une certaine innocence. Des aventures et des souvenirs. L'endroit n'avait pas été visité depuis quelques jours et cela se sentait. Il fallait dire que Fleure n'y venait que lorsqu'elle en ressentait l'envie. C'était son atelier privé, un endroit dont elle ne partageait pas le secret. En réalité il était autrefois sont refuge, l'endroit qu'elle s'était construit en arrivant ici. Elle ne l'avait jamais entièrement délaissé avec le temps il était devenue un repère bien connu entre elle et lui. Désormais elle n'avait plus jamais partagé son secret, le gardant comme son propre nids. Elle avait rangé dans un coins les quelques affaires du garçon, un vieux couteau, des outils de pêches, quelques morceaux de bois taillé. Étrangement ils étaient peut être les seuls objets réellement ordonné dans la pièce. Signe qu'on y touchait pas. Généralement elle y venait quatre ou cinq fois par mois, renouvelant les fleures et son stock de coquillage par la même occasion. Elle n'y faisait pas grand chose, passait sa journée à jouer seule et repartait à la nuit tombée vers l'arbre au pendu. Aujourd'hui pourtant les choses n'était pas comme d'habitude. Tapis entre les branche elle observait l'imposante silhouette qui avait envahit sa demeure. Un adulte. Elle fronçait les sourcils, personne jusque là n'avait jamais trouvé sa cabane. Qui pouvait-il être ?
Silencieuse comme une ombre, elle s'approcha. Elle connaissait plus d'une dizaine de chemin pour avoir accès à sa cabane et les entrée dérobée était plutôt nombreuse. Sa main s'était refermé sur son petit poignard, prête à en découdre avec l’intrus si il le fallait. Son même pantalons marron-gris, ses foulard et sa chemise de corps, sa tenue de promenade. Celle qui ne la dérangeait pas. Plus prêt, elle pouvait observer à loisir l'indésirable. Il lui fallut quelques temps pour le reconnaître. Lui. Évidemment, ça ne pouvait pas en être un autre. Il n'y avait que lui qui connaissait le secret de cet endroit. Toujours aussi prudente elle se faufila dans son repère et vivement attrapa l'intrus, faisant sentir la pointe de son poignard dans son dos. « - Rufio exigerait que je te tue Calico. » Elle en était bien incapable au fond, tout comme elle avait toujours été incapable de l'appeler par ce surnom trop long à son goût. Il était devenue si grand maintenant, elle pouvait deviner qu'il avait également gagner en force rien qu'à refermer sa main sur son bras. Rapide elle s'éloigna et trouva refuge dans un coin de la cabane. L'endroit, bâtit pour des adolescent, semblait bien étroit pour un adulte comme Platy Calico l'était devenue. Un lueur furieuse brillait dans le regard de Fleure et elle gardait son arme sortie, prête à se battre. Tout les adultes était des pirates, qu'ils le veulent ou non, c'était bel et bien vers les sanglant maître des flots que leur cœur finissait par les porter. Elle avait toujours eut le sentiment qu'un jour il lui faudrait faire face à celui qui avait été son meilleur ami, son frère, son allié le plus cher. « - Qu'est-ce que tu fiches ici ? » Elle le fusillait toujours du regard, il ne s'était pas introduis que dans son refuge, il en avait fait tout autant dans ses souvenir, réveillant de vieilles images qui restait comme une plaie à vif dans l'esprit de la jeune fille. « - Réponds ! Et n'essaye pas de me mentir! » Déjà son esprit imaginait mille scénario horrible à base de pirate et de trahison.
Le pays imaginaire vous fait tout oublier de votre vie d’avant, mais il est également assez fourbe pour vous faire omettre des souvenirs divers, instants fugaces, heureux ou mélancoliques. Ce n’est pas que l’on veut oublier, cela se fait simplement, comme une maladie qui s’insinue dans nos veines, l’oubli ronge nos songes et notre histoire. C’est sans doute le prix à payer pour vivre dans ce monde imaginaire, je ne saurai le dire. Debout face à la mer, je tente de me souvenir d’elle de son visage. Je me souviens de nos jeux, elle qui était ma meilleure amie, bien entendu tout cela devient de plus en plus lointain. Comme si les moments essentiels s’estompaient de ma caboche au fur et à mesure que je prenais de l’âge. Le rictus qui se formait sur mon visage aurait démontré à tous les adultes qui m’entouraient à présent que si on le désire véritablement, nous avons toujours en nous, une part d’enfant. Je soupirais longuement, j’étais empreint de nostalgie depuis que j’avais secouru ce petit garçon surnommé Tootles. Serais-je capable un jour de tout oublier et de devenir cet adulte froid et cruel ? Non…Ils ne sont pas tous ainsi, je le sais. Mes pensées entrainèrent mes pieds et sans m’en rendre compte vraiment, je retrouvais le chemin vers notre cabane secrète, celle qui renfermait tant de nos jeux, tant de nos confidences et de nos rires. Certains encore bien présents dans mes pensées, m’étaient précieux et je me promis de les conserver le plus longtemps possible. Peut-être que…Je redressais le visage sur la cabane, après plusieurs minutes de marche sans savoir où j’allais. D’instinct, j’avais retracé ce chemin et je me retrouvais devant elle, c’est amusant, je l’imaginais beaucoup plus grande. Sans doute parce que j’étais maintenant un homme et plus cet ado de 13 ans.
Je m’avançais vers l’une des portes secrètes, celle que je savais pouvoir me laisser passer, car ne soyons pas fou, je ne désirai pas me retrouver coincé dans le conduit d’un arbre creux fabriquer juste à ma taille d’enfant. L’endroit n’avait pas trop changé, plus petit, cela oui. Mes yeux se promenèrent un peu partout, les mêmes vieilles couvertures rapiécées, les odeurs de mon enfance me sautaient aux narines, ranimant en moi les souvenirs que je pensais avoir perdu. Mon cœur se gonfla d’un sentiment pur et sans tâche, comme seuls les enfants peuvent avoir. En un sens, je me rassurais sur moi-même en faisant se pèlerinage, j’avais tellement la crainte de devenir un adulte mauvais. Je me déplaçais vers mon coin, mes affaires trônaient encore, comme si je m’étais à peine absenté quelques jours. La poussière recouvrait l’endroit signe que le temps avait malheureusement passé depuis.
Perdu dans mes réflexions, je ne me rendis pas compte qu’une présence était dans mon dos, d’où ma surprise lorsqu’une pointe aiguisée se retrouvant au niveau de mes reins.
Fleure : Rufio exigerait que je te tue Calico
Calico ! Par la Barbe du vieux Tordu ! Cela faisait une éternité que l’on ne m’avait plus nommé ainsi. Il n’y avait que Fleure pour ne pas admettre que j’étais devenu quelqu’un d’autre que ce gamin nommé Platy Calico. Afin, d’éviter un accident, je me tournais prestement pour lui faire face, ma mains sur son avant-bras qui tenait encore fermement sa petite lame. Mon but n’était pas de l’effrayer ou de la provoquer. Je savais quels étaient ses sentiments envers moi depuis que j’avais quitté l’arbre et la protection de Rufio. Fleure ne m’avait pas comprise et pourtant, elle était ma meilleure amie, celle qui partageait mes chagrins et mes questionnements. Tel un félin pris de panique, elle bondit en arrière, s’éloignant de moi, mais continuant de garder ses yeux sombres sur mon faciès. Les traits de son visage respiraient la colère, m’en voulait-elle encore ? Après toutes ces années. Mon seul désir était de prendre la mesure de mon âme, de ce que j’étais devenu, je ne venais pas dans un but agressif. Elle aurait dû le savoir.
Fleure : Qu'est-ce que tu fiches ici ?
Il est compliqué pour l’homme que je suis devenu de trouver les mots face à une enfant qui représentait une chose importante dans sa vie d’autrefois et il est d’autant plus complexe de se rendre compte que l’on a grandi, évolué et que l’autre non. Alors, lui dire ce que je faisais ici, dans notre repère…pourrait s’avérer quelque peu étrange. Comment pourrait-elle comprendre mes raisons, elle qui ne sait rien de ma vie depuis mon départ, elle pour qui rien n’a véritablement changé, une vie routinière et simple…
Fleure : Réponds ! Et n'essaye pas de me mentir!
Ma Fleure…Tu n’as pas changé, non...toujours aussi farouche, mais avec un cœur et des yeux qui en disent tellement plus que cette lame pointée face à moi
« Me connais tu aussi mal, Petite Fleure ? Je pensais que tu me connaissais bien plus que cela » Ô, je sais ce qu’elle pensait. Que j’avais grandi et par conséquent je n’étais plus le même. Les enfants ne connaissaient pas les nuances, les choses sont soient noires, soient banches. Pourtant, il y a tellement de gris qui s’interposent entre ces deux non-couleurs. Mon sourire se dessina et je m’accroupis, pour éviter de me tordre le cou en touchant de mon crâne le plafond de la maisonnette de fortune.
« Je ne te ferais jamais de mal…Je suis toujours le même…enfin presque. J’ai grandi et alors ? Penses-tu que cela aurait fait de moi un cruel pirate ? Tous les adultes ne sont pas des pirates, Fleure. Et le cœur des gens ne changent pas » Voyant qu’elle ne baissait pas cette arme, je trouvais une autre solution pour la convaincre. Je ramassais un morceau d’étoffe sur le sol, chantonnant l’air que nous avions inventé il y a si longtemps. La nostalgie des lieux me l’ayant fait ressurgir. Les paroles vinrent s’entrelacer à la mélodie, que je chantais d’une voix douce mais plus grave qu’autrefois. Je redressais enfin mes yeux acier vers ses sombres pupilles. J’aimerai tant retrouver ta confiance, mon amie. Mais, cela ne sera pas si simple.
Dernière édition par Erim Moorehead le Sam 24 Oct 2015 - 10:46, édité 1 fois
Une étrange ambiance flottait dans la petite cabane en bois. Le lieux étaient imprégné de souvenir si fort qu'ils donnaient l'impression d'être vivant. Si un observateur inconnu avait assisté à la scène qui se déroulait dans l'étrange petite bicoque suspendue, il n'aurait sûrement rien vu de plus qu'un adulte faisant face à une adolescente armée... mais pour ceux initié au secret des lieux on pouvait presque entendre les rires et les chamailleries de deux enfants qui avaient jouer ici de longues heures durant. Le vent et l'odeur de la mer n'avait pas changer, pas plus que le bruit des mouettes qui leur parvenait. L'endroit était toujours le même havre de paix et c'était presque un sacrilège qu'une telle tension puisse s'y faire sentir... Et pourtant... Fleure scrutait le visage de son ami, la colère s'estompait doucement sans toutefois disparaître totalement. Elle observait, cherchait, retrouvait parfois une expression qu'elle connaissait, une façon de plisser les yeux qui lui était familière. Et des différence... Tellement de différence, chacune lui sautait au visage comme un multitude de petites griffes d'acier venant s'enfoncer dans son cœur. Doucement elle rangea son poignard. Calico ne lui voulait pas de mal, c'était une évidence qu'elle ne pouvait guère nier. Cela aurait pourtant été plus simple. « - Je ne sais pas si je te connais toujours Calico. » finit-elle par lâcher trop gravement pour ses habitudes « - Tu n'es plus comme avant. »
Incapable de détacher son regard de son ancien-meilleur ami elle le vit s'accroupir pour ramasser un foulard. Si la lame était ranger, son petit corps d'adolescente était encore tendu, méfiant, prêt à s'échapper au besoin. Elle l'écoutait parler avec une attention qui était autant dut à sa curiosité naturelle qu'à sa crainte de détacher son regard de l'adulte. « - Je ne te ferais jamais de mal…Je suis toujours le même…enfin presque. J’ai grandi et alors ? Penses-tu que cela aurait fait de moi, un cruel pirate ? Tous les adultes ne sont pas des pirates, Fleure. Et le cœur des gens ne changent pas » Pendant un bref instant elle resta silencieuse. Les mots étaient ceux d'adultes, si éloignée de sa façon de voire et de comprendre. « - Tu parles comme un adulte Calico. Ou tu es le même ou tu ne l'es pas, presque le même ce n'est pas être le même. » Sa voix était lourde de reproche et de tristesse. Elle aurait tant voulu l'entendre lui parler de chose simple, mais non... Il avait parler comme un adulte en ajoutant des complications, en niant ce qui était pourtant évident. Le jeune homme c'était mit à fredonner leur vieille chanson. Un refrain ancien et joyeux, un air qu'elle fredonnait toujours quand elle se concentrait ou qu'elle avait besoin de se donner du courage. Doucement elle s'approcha et s'accroupit à son tour, scrutant de plus prêt elle fit un effort pour y retrouver son ami. Durant quelque secondes il n'y eut plus que la chanson et se face à face. Une espèce de calme tranquille emplissait les lieux, rendant encore plus présent les souvenir des enfants qui avaient jouer ici.
« - Tu m'as abandonné Calico. » La phrase était lourde de reproche. « - Tu as choisit d'aller là où je ne pouvais pas te suivre et maintenant je suis toute seule. » Bien sûr il y avait les autres enfants, bien sûr il y avait chaque jours de nouvelle aventures et des batailles mais ce n'était plus pareil et ça ne le serait plus jamais. « - Tu n'es pas devenu un pirate... » finit-elle par concédé « - Mais cela n'empêche pas que tu es un adulte maintenant et les adultes rendent tout compliqué, ils ne voient plus ni ce qui est mal, ni ce qui est bien, ils voient les ennuis, ils parlent de propriété et ne partagent plus. Les adultes croient pouvoir tout posséder et ils ont tord. » Chaque phrase était un reproche et une observation. Les adultes étaient ennuyeux, on ne s'amusait pas avec eux. Tout était raisonnable, ils vendaient, échangeaient mais ne donnait plus rien. Les adultes étaient parfois sournois et calculateur, tout en eux appelait la méfiance. « - Si je regarde bien, je peux voir ton ancien regard... mais il est trop bien caché, trop loin. Un jour lui aussi il va disparaître et alors que seras-tu devenu? Tu as dut te le demander non ? Il n'y a que les adultes pour s'inquiéter de demain ! »
Je remarquais que ma chanson avait l’effet voulu, doucement et toujours avec prudence, la petite fille qu’elle était encore s’accroupit devant moi, se méfiant de mes moindres gestes, ainsi qu’évitais des mouvements trop brusques. Elle était comme un animal sauvage qu’il fallait apprivoiser avec patience et douceur. Nos regards se plongèrent l’un dans l’autre, une tendresse ancienne se reflétait dans nos pupilles si contrastées. Mon amie, ma Fleure. Oui, j’ai grandi et pourtant, même si mes paroles sont plus adultes, même si le temps à faire sur moi son œuvre, je ne suis pas si différent. Comment te le prouver ? Bien entendu, je ne pourrais plus m’immerger dans nos jeux comme avant, je n’en ai plus envie, c’est cela aussi grandir. Mais peut-on effacer une personne de son existence parce qu’elle a changé ?
Fleure : Tu m'as abandonné Calico.
Elle avait le droit de me faire ce reproche, oui, j’avais décidé de grandir et d’accepter de mourir un jour. De ne plus me montrer insouciant. Elle devait me penser égoïste, pourtant, elle l’était aussi en n’acceptant pas ma décision.
Fleure : Tu as choisi d'aller là où je ne pouvais pas te suivre et maintenant je suis toute seule.
Je fronçais mes sourcils, me donnant certainement des traits plus durs que je ne l’aurais souhaité. Mais cela aussi, va avec le temps qui passe sur mon corps. L’innocence masque toujours la dureté chez les plus jeunes. Mais je pouvais également lire dans son visage la tristesse, je ne l’avais pas abandonné, je n’avais pas fait preuve de lâcheté, non. Si seulement, elle pouvait voir ce que moi je vois à présent.
Fleure : Tu n'es pas devenu un pirate... Mais cela n'empêche pas que tu es un adulte maintenant et les adultes rendent tout compliqué, ils ne voient plus ni ce qui est mal, ni ce qui est bien, ils voient les ennuis, ils parlent de propriété et ne partagent plus. Les adultes croient pouvoir tout posséder et ils ont tort.
Ses paroles me touchèrent plus que je ne l’aurais pensé. Oui, j’étais grand, oui, j’avais une maison à moi, on me payait pour mon travail, je ne donnais rien sans rien, sauf à ceux que j’aimais. Je me méfiais de beaucoup de gens de peur qu’ils ne me fassent du tort, mais je savais ce qui était bien ou mal. Elle ne pouvait pas me dire que je ne faisais pas la différence. Cela était erroné et je lui prouverais, d’une manière ou d’une autre.
Fleure : Si je regarde bien, je peux voir ton ancien regard... mais il est trop bien caché, trop loin. Un jour lui aussi il va disparaître et alors que seras-tu devenu? Tu as dû te le demander non ? Il n'y a que les adultes pour s'inquiéter de demain !
Elle aussi y avait sans doute beaucoup songé pour me faire un tel discours avec l’appui qu’une jeune adulte. Connaissant ma Fleure, elle avait répété, un jour dans cette cabane peut-être, les choses qu’elle me reprochait maintenant. Devant tant d’assurance de sa part, et des reproches pour la plupart véridiques, qu’aurais-je pu lui donner comme preuves de ma bonne volonté. Mes yeux se décrochèrent de son regard ébène et je les plongeais loin aux tréfonds de mon âme grandissante, là où mes secrets enfantins étaient encore conservés. J’en eus presque les larmes qui montèrent, si bien qu’à l’ouverture de mes paupières, deux perles s’étaient accrochées à mes cils.
« Je ne cherche pas ton pardon, je sais que tu penses que je fais preuve de traitrise envers toi, plus encore qu’envers les autres enfants perdus. Je ne me défendrais pas sur le fait que oui, je suis parti, non pas crainte de grandir et de me faire bannir de manière officielle, mais parce que j’en avais le besoin, la conviction qu’en devenant grand, je vivrais une chose extraordinaire. J’ai laissé ma vie derrière moi, mes rires et mes jeux. Je suis devenu lentement celui que tu as devant toi aujourd’hui. Un adulte ou presque, un pirate si tu penses encore que tous les adultes sont des pirates… » Je rigole doucement dans ma barbe que je n’ai pas, ce ne sont pas les trois poils au menton que j’affiche qui me permettent de dissimuler mon rire. Mes deux billes acier se portent sur elle, son visage toujours aussi fermé, mais pourtant, je sens cette faille, je ne demande pas à la retrouver comme avant, cela est impossible, seulement à regagner sa confiance. Qu’elle me pardonne un jour pour mon choix.
« Oui, un jour l’éclat de mon enfance disparaitra de mon regard, il sera remplacé par la dureté de la vie que je mène, par les crimes qui se passent tous les jours devant mes yeux et pour lesquels je ne lève pas le petit doigt, parce que la vie des autres ne me concerne pas. Je ne dirais pas le contraire, tu as bien réfléchi à tout ce que tu devais me dire, et je l’entends…seulement… » Je risquais un rapprochement, avançant ma main, paume offerte vers elle, un petit sourire sur mes lèvres, un regard tendre et attentionné. Une envie tout simplement de ce contact qui m’a manqué. N’y voyez pas de chose malsaine, j’ai été un enfant et je le reste encore au fond.
« J’ai besoin de ton pardon, pour aller de l’avant. Pour…savoir que je n’ai pas laissé une enfant triste et solitaire derrière moi, mais bien une amie comprenant mon choix et m’aidant à ne jamais, je dis bien jamais, oublier que j’ai été comme elle » La main toujours tendue, j'attendais sa décision, elle avait le choix, me refuser et me demander de quitter cet endroit, ou accepter mon amitié à nouveau, une amitié différente, mais avec des bases solides, après tout, nous avions toujours été là, l'un pour l'autre.