Je ne suis pas de ceux qui aiment se mêler à la foule, préférant rester sur le navire pendant que ses pauvres diables vont s’amuser dans la cité. Qu’il fasse nuit ou non, cela m’importe peu, du moment que je peux encore me mirer à la lueur des chandelles de ma cabine. Nous n’avons pas repris la mer depuis un moment, le Queen est plus souvent à quai qu’à rebondir sur les vagues tempétueuses de la mer imaginaire. J’ai besoin d’aventures, plus encore, j’ai besoin d’écorcher, d’éventrer, de massacrer des enfants perdus ou mieux encore…assassiné celui qui n’est que l’ombre de lui-même. Celui qui perd l’esprit de plus en plus en pensant qu’un jour, il retournera dans son monde. Qu’il ne se fasse pas trop d’illusions, ce monde sous la gouvernance des enfants est celui qu’il ne quittera jamais et je suis prêt à l’y aider…D’ailleurs, je n’attends que cela, il suffit qu’il me le demande, ma solution serait des plus radicales. Un verre de brandy à la main, je contemple la maquette de l’île qui se trouve dans ma cabine, pensant que j’avais pourtant mis toute ma force à trouver la cabane de ces maudits enfants perdus, à croire qu’ils se camouflent à l’approche d’un adulte ou alors ils deviennent invisibles. Ce sont encore ces fées qui les protègent, j’en suis plus que certain, cette lubie qu’elles possèdent et que je ne comprends pas, les microbes sont plus attachants que ne le sont ces minables créatures enfantines et éternelles. Ils sont ingrats et ne créés que le désordre, pourquoi, ces minuscules lucioles s’intéresseraient à leur sort ? Je soupire, mes yeux bleus myosotis croisant ceux d’un marron commun de mon « ami », Monsieur Smee, dit plus couramment, Mouche. « Sois gentil, Mouche…rapporte moi à manger et à boire…surtout à boire, j’ai le gosier sec » Sans plus attendre, le cuistot se lève, bondit à travers la pièce et disparait derrière une porte qui mène directement à sa cuisine.
Je suis d’humeur maussade, et cela même durant mon repas, ce qui n’échappe pas à Mouche qui s’empresse de manger et dévorer mes plats à ma place. Mon crochet posé sur ma tempe, je m’interroge. Faisant aller et venir le métal sur mon visage sans pourtant m’écorcher. « J’ai besoin de distraction, Mouche… » Sans que je ne lui demande rien, il attrape l’un des bateaux de ma maquette pour s’amuser avec. « Non…tu es grotesque…j’ai besoin de sang… » Ma main valide se resserre sur mon crochet. « J’ai besoin d’aller sur l’île, prépare mon petit charriot, nous allons nous amuser un peu » Aussitôt demandé, que me voilà, habillé de mon long manteau rouge, coiffé de mon chapeau dont la superbe n’est plus à dire. Je passe le pont supérieur, descend la rampe vers le port où m’attend l’impatient Mouche, tel un cheval qui attend sa promenade, je monte dans ce qui ressemblerait le plus à une sorte de charriot une personne, dont Mouche est la brave créature qui va me pousser jusqu’à ma destination. Il s’empare des tiges qui servent à me transporter et court à travers la ville de One Eyed Willy, nous emmenant vers le bac pour regagner l’île principale.
Après le passage du bac et m’être fait délesté de quelques pièces de cuivre pour le transport, je demande à Mouche de me laisser seul, lui expliquant que j’ai besoin d’être seul pour cette charmante promenade nocturne. Si mon fidèle ami trouve cela étrange et désire m’accompagner, il change rapidement d’envie lorsque je lui donne l’endroit où se trouve une bonne bouteille de Rhum sur le navire. Jamais vous ne verrez Mouche détaler plus vite que si le rhum est en jeu, ou qu’il y a un trésor à sa portée. « Brave Mouche… » Soupirais je entre mes moustaches parfaitement symétriques. Il n’est pas dans mon habitude de me promener seul, sans escorte, comme un Roi avec sa Cour, mais il va de soi qu’il est parfois agréable de se sentir isolé de cette bande de mécréants puants et sans envergures. Après tout, ils ne possèdent en rien mes manières et mon intellect, ce ne sont qu’un ramassis de stupides pirates qui ne connaissent pas les bonnes manières. Seul donc, je m’avance vers ce qui ressemble fort au chemin menant à la crique aux crocodiles, j’ignore ce que je vais croiser chemin faisant, mais mon instinct me dit que je ne regretterai pas ma décision. Sur le trajet, mon sang se glace, je sens l’imperceptible odeur de l’aventure, mon crochet en frétille et si je ne me trompe pas, un individu n’est pas loin de moi, tapit dans les buissons. Sans me déparer de mon éloquence naturelle et du charme qui est le mien, je m’exprime, pensant que l’individu non loin, aura la décence d’en faire autant. « Je suis James Crochet ! Et toi, qui es-tu, lâche qui se cache pour mieux observer ? N’as-tu pas de courage ? Tu n’oser te montrer, cela je comprends ? Mais, je te le promets, tu ne crains rien avec moi » Craindre de moi, non, mais de mon épée ou de mon crochet, cela était encore bien différent. L’art de détourner les mots…j’en faisais un jeu.
Il y avait de ces nuits où elle avait du mal à dormir. Némésis ne pouvait le supporter, se sentant projeté à l'arrière dans cette vie qu'elle tentait d'oublier, qu'elle préférait nier. Son père n'osait pas lui en parler et pourtant elle voyait bien qu'il était nostalgique en ce moment. Ça lui arrivait, parfois, de regretter l'époque où ils voguaient librement loin du monde imaginaire. Elle savait que ça lui manquait bien plus qu'à elle, mais elle pouvait ressentir ses émotions et ça la troublait malgré elle. Tournant à rond, elle décidait d'aller se divertir un peu. Le Queen Anne's était "immobile" depuis trop longtemps. Némésis avait besoin d'un peu de divertissement et elle était bien décidée à transformer cette soirée banale et ennuyante en quelque chose de bien plus divertissant... Il y avait tellement d'âme curieuse s'aventurant dans ces lieux, elle trouvait rapidement quelqu'un à tourmenter. Enfilant un lourd manteau contre ses frêles épaules, elle place soigneusement sa capuche afin que son visage soit correctement camouflé, elle quitta sans même savoir où elle se dirigeait. Elle comptait bien laisser son sens de l'observation trouver sa victime de ce soir et son imagination se charger de prévoir ce qu'elle comptait en faire une fois trouvée... L'improvisation était tellement excitante après tout !
Moins d'une heure plus tard. Le souffle court et le coeur battant à tout rompre, Némésis filait à vive allure dans des endroits difficilement accessibles à pied, usant son agilité pour fuir l'homme aux capacités physiques impressionnantes qui était à sa poursuite. Un bref regard derrière elle et elle pouvait toujours le voir bien qu'elle gagnait tranquillement de la distance. Merde depuis quand les hommes bourrés sont capables de telles prouesses. Avait-elle peur ? Non pas du tout, mais la dernière chose qu'elle souhaitait était qu'il la rattrape et voit son visage où elle devrait dire adieu à l'un de ses nouveaux jouets préférés. Némésis continuait sa course jusqu'à ce qu'elle tombe sur l'un des chemins menant à la crique aux crocodiles. Préférant se cacher et laisser l'idiot passer tout droit. Repérant un buisson dans lequel elle pouvait facilement se camoufler et passer inaperçu, surtout aux attentions d'un homme aux facultés aussi affaiblies. Elle y était depuis plusieurs minutes lorsque des bruits de pas se firent entendre dans le chemin. Immobile, elle fut surprise d'entendre les pas s'arrêter. Maudissant le fait de ne pas avoir apporté avec elle son épée, elle cherchait quelque chose pouvant lui servir d'arme lorsque la voix se fit entendre. « Je suis James Crochet ! Et toi, qui es-tu, lâche qui se cache pour mieux observer ? N’as-tu pas de courage ? Tu n’osais te montrer, cela je comprends . Mais, je te le promets, tu ne crains rien avec moi » Némésis fronçait les sourcils, de tous ceux qu'elle aurait pu imaginer croiser, c'était bien le dernier. Un sourire amusé aux lèvres, elle se leva doucement du buisson. « Bonsoir. Nul besoin de te présenter je te connais déjà. » Elle s'approcha doucement de lui, inutile de préciser la raison pour laquelle elle se cachait dans un buisson, c'était déjà suffisamment ridicule. « Némésis Breslin. Navrée de te décevoir, mais tu n'étais pas la raison me poussant à faire un arrêt derrière ses buissons. » Peut-être ferait-elle mieux de garder une certaine distance, après tout elle avait beau ne pas avoir eu affaire à ce pirate bien souvent, elle connaissait très bien sa réputation. Ce n'était pas de la peur qu'elle ressentait pour lui, mais plutôt une certaine forme de curiosité. Cela lui faisait d'ailleurs étrange de parler naturellement, elle qui était habituée d'être la bête curieuse par son côté bourgeoise, il était plaisant de ne pas avoir à faire attention à la tournure de ses phrases. Certains devaient d'ailleurs à trouver un peu trop à l'aise et insouciante face à lui, mais son excès de confiance en elle avait toujours été l'une de ses grandes faiblesses.« J'ai perdu quelque chose... une babiole rien de bien intéressant et toi, une raison particulière ayant guidé une balade aussi tardive ? » S'attendait-elle réellement à une réponse sincère, plus ou moins. Mais elle était néanmoins surprise de le croiser seule dans un tel endroit. Elle devrait peut-être s'en inquiéter... mais elle préférait et de loin s'en intriguer.
Le buisson se mit à remuer et l’individu sortit de l’ombre où il s’était engouffré pour de bonnes ou mauvaises raisons. L’un ou l’autre m’importait peu.
Némésis : Bonsoir. Nul besoin de te présenter je te connais déjà.
La jeune femme s’approche de ma personne, si elle me connait, je crains de ne pas me souvenir de son faciès. Mais beaucoup de choses m’échappent du moment qu’elles ne me concernent pas directement. Ses habits sont ceux d’une femme d’aventures, il ne lui manquerait plus qu’un magnifique chapeau comme le mien et je pourrai croire qu’elle est une pirate.
Némésis : Némésis Breslin. Navrée de te décevoir, mais tu n'étais pas la raison me poussant à faire un arrêt derrière ses buissons.
Quelle familiarité se permettait-elle là ? Mais, je dois bien lui reconnaitre une chose plaisante à mon goût, elle venait de se nommer ce que les plus vils pirates ne faisaient certes jamais. Toujours mal appris et empestant le rhum plus que la noblesse. Son regard ne me craint pas, sa manière de se tenir est celle d’une femme, qui sait ce qu’elle veut et sans doute doit-elle l’obtenir la majeure partie du temps. J’avoue qu’elle m’intrigue à mon tour. Elle me connait de réputation, certainement…Humm, cette interrogation trouvera une réponse dans peu de temps, cela je m’en fais la promesse. « Et quelles aventures malheureuses te poussent à choisir un buisson au bord d’une route peu fréquentée ? Bien que cela ne soit pas mon affaire, je suis curieux d’entendre ce récit certainement ennuyeux »
Némésis : J'ai perdu quelque chose... une babiole rien de bien intéressant et toi, une raison particulière ayant guidé une balade aussi tardive ?
Ennuyeux, comme je le pensais. J’étais entouré d’incompétents, de gens qui ne généraient aucun sentiment, si ce n’est la lassitude de leurs propos aussi creux qu’une coquille vide. « Tu m’en vois navré ! La platitude de ton excuse vraie ou non m’est parfaitement égale. Quant à ma présence ici, elle ne regarde que moi et si tu tiens à ta langue, je pense que je ne pousserai pas plus loin mes investigations…maintenant…j’aimerai reprendre mon chemin, mais si tu viens dans la même direction, tu as mon accord pour m’accompagner » Sans attendre sa réponse, une main sur le pommeau de mon épée, je repris la route, songeant encore et toujours à ma condition qui se devait de changer et le plus rapidement serait le mieux. Voyant que la jeune personne était quelques mètres derrière moi, je stoppais ma marche, me retournant pour la voir toujours au même endroit. Avec élégance et panache, je levais une main hasardeuse. « Une question me taraude et peut-être, même sans doute auras tu la réponse… » Je fis marche arrière pour me placer non loin d’elle, mais suffisamment loin pour ne pas qu’elle pense que je me montrais familier avec elle. « Nous sommes-nous déjà croisés ? Comment me connais-tu, Ô, je sais que mon nom est célèbre tout comme mes exploits légendaires…mais…ma personne ne se souvient pas de toi ? J’aimerai éclaircir ce mystère et je sais que tu as la clé du trésor »
« Tu m’en vois navré ! La platitude de ton excuse vraie ou non m’est parfaitement égale. Quant à ma présence ici, elle ne regarde que moi et si tu tiens à ta langue, je pense que je ne pousserai pas plus loin mes investigations…maintenant…j’aimerai reprendre mon chemin, mais si tu viens dans la même direction, tu as mon accord pour m’accompagner » si elle avait trouvé qu'il devenait rapidement éloquent lorsqu'elle était encore cachée derrière le buisson, il était encore plus rapide quand venait le temps de mettre fin au semblant de conversation pour reprendre sa route. L'envie de répliquer quelque chose se faisait sentir, mais elle restait muette en voyant qu'il avait déjà plusieurs pas d'avance sur elle.
Hésitant une seconde entre retourner au bateau et prétendre avoir à faire dans cette direction, elle jugeait qu'elle n'était pas encore prête à tenter de trouver le sommeil et elle se mit en marche. Quelques mètres les séparaient encore lorsqu'elle le vit s'immobiliser pour ensuite se retourner. « Une question me taraude et peut-être, même sans doute auras tu la réponse… » Némésis le voit faire demi-tour et elle avance également de quelques pas afin de collaborer à cette diminution de distance. « Vas-y. S'il est vrai que je possède la réponse à ton interrogation j'y répondrai. » Peut-être... Rajoutait-elle pour elle-même curieuse d'entendre ce qui pouvait l'intriguer. « Nous sommes-nous déjà croisés ? Comment me connais-tu, Ô, je sais que mon nom est célèbre tout comme mes exploits légendaires…mais…ma personne ne se souvient pas de toi ? J’aimerai éclaircir ce mystère et je sais que tu as la clé du trésor » Némésis s'amusait légèrement de cette question, mais n'en laissait rien paraître. Elle avait depuis longtemps l’ambition de gravir les échelons un à un afin de devenir une meilleure pirate... enfin plutôt la meilleure. Une ambition débordante, une confiance dangereusement élevée, elle croyait réellement en ses chances d'y parvenir et elle avait bien hâte au jour où elle pourrait ainsi clamer haut et fort que ses exploits sont connus de tous. Elle voulait être celle-ci se faisant reconnaître alors qu'elle ne reconnaissait personne et elle y parviendrait tôt ou tard. « Poser la question et y répondre... J’admets que de clamer à haute voix que je te connaissais n'était pas vrai... ou du moins pas exacte. Je sais certaines choses que l'on raconte de toi, mais c'est la première fois que nous faisons connaissance... » Une précision peut être inutile pour lui comme pour plusieurs, mais qui pour elle faisait toute la différence.
Reprenant le pas doucement, elle commença à marcher, continuant sa réponse lorsqu'elle fut arrivée à ses côtés. « Quant à savoir si nous nous sommes déjà croisés, oui. Très brièvement il va s'en dire, mais je vogue également sur le Queen Anne's en tant qu'artilleur... pour le moment. » Préciser ses ambitions étaient inutiles tant et aussi longtemps qu'elle ne les aurait pas atteint. Elle continuait d'avancer, jetant un coup d'oeil autour d'elle afin de voir s'ils étaient seuls ou si l'homme à l'esprit fortement embué par l'alcool était parvenu à la rejoindre. Rien n'attira particulièrement son attention et elle ne put retenir un léger sourire en coin à l'idée d'être parvenue à lui échapper. « Puisque j'ai répondu à ta question, peut-être me feras-tu la même faveur ? » Elle n'avait pas vraiment d'attente à ce niveau, il lui avait déjà clairement exprimé que sa présence en ces lieux ne la concernait en rien, mais elle était bien décidée à tenter d'obtenir une réponse à cette question légèrement inusitée qu'il avait éveillée en elle. « Qu'aurais-tu faits si j'étais restée cachée ? » Elle avait envie de mieux comprendre ce pirate qui éveillait la crainte chez bon nombre de personnes au pays imaginaire. Elle ne savait pas encore si elle devait s'en méfier et elle se doutait bien qu'il y avait de grandes choses qu'il ne réponde pas honnêtement s'il daignait même le faire, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher. Elle devait tenter de savoir quitte à devoir essayer de le deviner.
Némésis : Poser la question et y répondre... J’admets que de clamer à haute voix que je te connaissais n'était pas vrai... ou du moins pas exacte. Je sais certaines choses que l'on raconte de toi, mais c'est la première fois que nous faisons connaissance...
Connaissance était un bien grand mot pour une si petite personne. Nous ne faisions que parler, faire connaissance aurait suggéré que je lui parle de moi et elle d’elle. Et pour le moment, ce n’était pas le cas et qu’elle ne se fasse aucune fausse idée, ça n’arriverait jamais. Le peu de personnes, qui me connaissaient vraiment, étaient….MORTES ! (petit rire intérieur). Mon égo se sentit tout simplement gonflé par le fait qu’on me reconnaisse de réputation, et qu’une simple…femme pirate ou autre me reconnaisse rien qu’à mon apparence, me rendait plus que bien heureux. Peut-être ma manière de m’habiller, peut-être cette façon de parler que j’avais, faisait de moi un personnage reconnaissable. Tant mieux, me direz-vous ! Crochet devrait être unique ! J’étais unique par bien des aspects et je continuerai de l’être tant que ce pays existera.
Némésis : Quant à savoir si nous nous sommes déjà croisés, oui. Très brièvement il va sans dire, mais je vogue également sur le Queen Anne's en tant qu'artilleur... pour le moment.
Inutile de délier les langues, lorsqu’elles parlent d’elles-mêmes et voilà, le piaf qui se met à parler d’elle. Non, cette conversation, bien que cordiale, m’était aussi antipathique qu’un caillou dans mes bottes. Un regard en biais sur la sylphide, un haussement d’épaules suivi d’une bouche en forme de « O » pour sortir mon étonnement. « Oh ! Je vois ». J’espérais la dissuader de prolonger son monologue fort ennuyeux, mais voilà qu’elle continue de parler pour elle seule. Comme si mon ouïe pouvait supporter la voix des femmes, bien trop haute perchée pour moi, et bien trop bavardes tout court ! Les femmes une fois lancées deviennent de vrai calvaire. Némésis : Puisque j'ai répondu à ta question, peut-être me feras-tu la même faveur ?
Mes yeux roulent dans leurs orbites, qu’ai-je fait en lui autorisant de me suivre. Je l’avoue, sa présence n’est pas désagréable et cela m’évite de me sentir seul, bien que ce fut le but premier de ma promenade nocturne. « Si cela est fait en bonne et due forme…alors…je t’écoute » Un mouvement de moulinet de poignet accompagne mes paroles, l’invitant je l’espère à parler au plus vite, débarrassons nous de la frivolité et des conversations superficielles.
Némésis : Qu'aurais-tu fait si j'étais restée cachée ?
Ah ! En voilà, une question qui éveillait mon intérêt. Je m’arrête net, me tournant vers elle sans qu’elle ait pu réagir et je lui pose mon crochet sur la tempe avec une lueur cruelle dans mon regard myosotis. Mes pupilles glissent le long de la courbe de sa joue, tout comme mon crochet le fait maintenant. Un sourire sadique sur le visage, dès que l’on parle de choses intéressantes, je suis tout ouïe. « Une balle se serait logée dans ton front, ta joue, ta tête, ta jambe, peu importe l’endroit, tu serais restée dans ce buisson, dernier lit de feuilles et ta toute…dernière…demeure… » Aussi rapidement que je l’eusse été pour venir vers elle, je me recule pour découvre mes dents dans un sourire carnassier. « Artilleuse…Hum….tu es donc sous les ordres directs du Maître Canonnier, Cookson ? » Voilà, une chose qui pourrait mettre fort utile, si la donzelle est toute disposée à me porter assistance dans mon dessein. « Que penses-tu de cet homme ? Est-il digne de confiance, mes oreilles ont entendu des tas de choses sur lui, des faits qui auraient pu mériter la planche ou bien pire encore. En as-tu eu vent ? » Je m’approche à nouveau d’elle, mon regard perçant et menaçant dans le sien, tentant de la décontenancer. « Une bonne information pourrait sans doute te valoir une meilleure position dans le navire, après tout, ne suis pas le maître à bord après ce cher Capitaine ? » Mes paroles étaient simples et faciles à saisir. C’était donnant donnant, mais si l’information se révélait caduc, ce serait un aller simple pour retrouver Davy Jones.
Son regard le suit alors qu'il se retourne vivement, la prenant par surprise bien qu'elle camoufle habilement cette réaction. Elle garde ses iris accrochés au siens et malgré que ce qu'elle peut y lire soit bien loin d'être rassurant, elle ne le quitte pas, même pas pour un battement de paupière. La fraîcheur de son crochet glisse contre sa joue et malgré qu'elle en soit troublée, elle n'en démontre rien. Après tout, elle lui a posé une question et le pirate apprécie peut-être donner des réponses dramatiques. La jeune femme ne croit après tout pas qu'il ait l'intention de la tuer, non pas qu'il en soit incapable, mais elle est convaincue que ce ne serait pas dans son intérêt. Elle valait bien mieux que la mort... « Une balle se serait logée dans ton front, ta joue, ta tête, ta jambe, peu importe l’endroit, tu serais restée dans ce buisson, dernier lit de feuilles et ta toute…dernière…demeure… » La poésie de cette mort qui aurait pu être la sienne si elle était trop lâche pour se montrer eut pour effet de l'amuser. « Ça aurait été un terrible gâchis.. » Elle était trop belle et trop jeune pour mourir... Il y avait tant de manigances qu'elle n'avait pas eu l'occasion de mettre en place... Heureusement pour elle, elle était bien décidée à ce que sa mort n'arrive pas avant de très nombreuses années.
« Artilleuse…Hum….tu es donc sous les ordres directs du Maître Canonnier, Cookson ? » Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. « C'est juste... » Se contente-t-elle simplement de confirmer attendant la suite, consciente que le pirate est bien loin d'avoir été au bout de sa pensée. « Que penses-tu de cet homme ? Est-il digne de confiance, mes oreilles ont entendu des tas de choses sur lui, des faits qui auraient pu mériter la planche ou bien pire encore. En as-tu eu vent ? » Son sourire s'agrandit légèrement, presque moqueuse. Pour qui la prenait-il ? La belle avait beau avoir une réputation de femme appréciant l'alcool et les compagnes variées, il était beaucoup plus difficile de lui délier la langue que de lui ouvrir les cuisses. Elle s’apprêtait à lui rétorquer qu'elle n'avait aucune raison de lui dévoiler ce qu'elle avait pu ou non entendre lorsque l'homme devint plus intéressant... Énormément plus intéressant. « Une bonne information pourrait sans doute te valoir une meilleure position dans le navire, après tout, ne suis pas le maître à bord après ce cher Capitaine ? »
Gardant le silence un moment, songeuse, la pirate finie par ouvrir les lèvres à nouveau. « Cookson.. un personnage particulier n'est-ce pas. Que de diversité en un seul homme... Je crois bien posséder certaines informations pouvant attiser votre intérêt et avoir les capacités d'en découvrir d'avantage si le jeu en vaut la chandelle, bien entendu. » Allait-elle tout déballer ces soupçons, observations et impressions sans être certaine que les paroles du pirate n'étaient pas seulement belles ? Non. Elle voyait des choses en Cookson que plusieurs ignoraient et qu'elle pourrait très probablement pousser afin de les jouer contre lui, néanmoins le principal problème était que ce sentiment était réciproque. « Si je vous permets d'acquérir de bonnes informations... Qu'entendez-vous par meilleure position ?» Ce n'était pas un secret pour personne, Némésis avait des rêves de grandeur que le poste d'artilleur ne pouvait pas satisfaire. Elle avait besoin de concret même si elle doutait pouvoir véritablement faire confiance à la parole de Crochet... L'homme serait très certainement un allié de taille, mais la dernière chose qu'elle souhaitait était une alliance à sens unique qui conduirait à sa perte.
La donzelle joue avec le temps et le silence. J’ai l’expérience, soit elle ne sait rien et elle ne m’est donc d’aucune utilité, soit elle sait et le protège ce qui reviendrait au même. La pousser à m’informer en insistant ne reviendrait qu’à obtenir de mauvaises informations, je dois me montrer plus malin, plus fin, plus…moi ! Je touche ma moustache tout en attendant qu’elle ouvre la bouche, chose qu’elle finit par faire pour me…balbutier des choses que je n’ai pas besoin de savoir. Nemesis : Cookson.. Un personnage particulier n'est-ce pas. Que de diversité en un seul homme... Je crois bien posséder certaines informations pouvant attiser votre intérêt et avoir les capacités d'en découvrir davantage si le jeu en vaut la chandelle, bien entendu.
Mes yeux roulent dans mes orbites, paroles tout à fait inutiles, stériles et sans aucun intérêt. Qu’elle prenne garde, je ne m’encombre pas de personne comme elle, des gens qui veulent perdre du temps sont pour moi…ma perte de temps. Je soupire, touchant de la main qu’elle ne peut apercevoir mon trois coups qui si je m’en sers contre elle lui vaudra un aller simple pour les tréfonds de ce pays.
Némésis : Si je vous permets d'acquérir de bonnes informations... Qu'entendez-vous par meilleure position ?
Voilà qu’elle négocie, la chienne de mer ! Comme si ma parole ne suffisait pas, ai-je trahi une parole que j’avais donnée ? Je ne suis pas l’un de ses puants qui rôdent sur le pont du Queen, je suis Crochet ! Cependant…elle ne manque pas de cran pour oser me demande ouvertement quelle serait ma proposition. « Dis-moi ce que tu sais et j’aviserai par la suite du prix que cela peut avoir. Depuis quand paye ton aveuglement une marchandise sans l’avoir contemplé sous tous les anges et juger du prix qu’on en demande ? » Elle semble se troubler, où suis-je trop hâtif dans ma vision de la jeune pirate ? « Mais tu as raison sur une chose et comme je suis un homme qui aime les choses faites en bonne et due forme, je vais t’écouter et savoir ce que toi, tu désires comme récompense, ensuite, et bien entendu, après négociation, tu me diras ce que tu sais et je t’informerai si le prix demandé est juste ou non ? Cela te parait-il équitable, Némésis ? » Il va sans dire que mes plans pour mettre Cookson dans la poche de mon veston étaient risqués, plus encore que bavarder de ce genre de choses avec une presque inconnue. Mais le poisson que je ferrais bien au-delà du maître canonnier valant bien plus qu’une place à bord. Comme si je me préoccupais vraiment des autres…il n’y avait que moi et mon ambition qui valait de l’or ! Et pas ce rafiot que je ferai brûler du pont à la cale une fois que je serais devenu…Capitaine !