La taverne s’anime ce soir-là et je sais pourquoi, trois navires sont apparus dans la brume. Ils viennent de l’autre monde et les richesses ont été abondantes alors forcément, les marins sont heureux de revenir sur terre avec les poches pleines. J’observe l’effervescence avec un sourcil arqué, l’alcool coule à foison et hommes s’excitent entre eux. Je le sens, tout ce remue-ménage ne va pas durer et va rapidement évoluer en bain de sang, l’alcool ayant sournoisement fait son chemin pour enivrer les esprits, mais surtout, apporter sa folie et son attrait de l’or. Ils vont s’entretuer pour récupérer les gains des uns et des autres. Pourquoi je reste ? Je suis impatient de pouvoir enfoncer ma hache dans quelques crânes, les pillages ici sont moins… disons que j’ai besoin de violence et de sang pour me défouler. J’ai l’impression de m’abrutir… Je soulève mon verre de rhum pour l’avaler avant de me resservir tout en tendant l’oreille vers les conversations. Pour le moment, ils sont calmes, mais je bouillonne. J’ai besoin de tuer, maintenant. Que puis-je faire pour les inciter à empoigner leurs armes ? Je bois une nouvelle fois mon verre d’une seule traite avant de me lever, posant mes mains à plat sur la table qui craque légèrement lorsque j’y appuie mon poids. « Alors l’gars ! L’pillage était bon hein ? » « T’m’étonnes ! » J’étire un sourire en remuant de la tête, mes mirettes luisantes de toutes les pensées qui m’animent. « Comment ça s’fait qu’t’as touché plus qu’lui ? » Le marin fronce des sourcils tandis que l’autre ouvre la bouche, mécontent. L’égalité des parts, essentielle pour une meilleure entente, et éviter justement les bagarres entre les marins. J’accumule la poudre et après, j’allumerai la mèche pour que tout explose et me fasse le plus grand bien. « J’ai touché com’ tout l’monde ! » Je remue de la tête, un sourire victorieux sur les lèvres. « Non moi j’ai vu qu’tu avais plus qu’moi ! » La conversation dérive, les esprits s’échauffent et les voix s’élèvent. Le grand spectacle va bientôt commencer, moi au cœur de la scène et prêt à devenir le héros. Il n’y a qu’une dizaine d’hommes dans la taverne… Tout juste de quoi satisfaire ma frustration.
Le tavernier s’avance pour tenter de calmer les esprits, mais quand il sent qu’il vaut mieux se cacher derrière son comptoir, il s’efface sans un mot. J’enchaîne plusieurs verres tandis qu’ils se chamaillent et je roule des yeux : je ne suis vraiment pas avec des flèches et plus ça continue, plus ils vont me dégoûter de tuer ces rats de cale qui ne mérite pas la violence que je prépare. N’y tenant plus, je sors une hache de mon dos et je l’enfonce facilement dans la boîte crânienne du marin chauve à ma gauche. Le sang gicle et le silence remplit la pièce tandis que je me bats pour retirer mon arme de son crâne, giclant un peu plus mes vêtements et la table de son liquide pourpre. « Sal’ rat ! » Le bruit sinistre retentit et je me redresse avec un sentiment de satisfaction, une certaine excitation par ce premier acte de barbarie. Je suis le prédateur cette nuit et ils sont mes proies, tous autant qu’ils sont. Personne ne les regrettera, la pièce est remplie d’ignares, d’imbéciles et autres stupides marins qu’on utilise pour les tâches ingrates sur les navires. L’un d’eux, comprenant le manège, sort son sabre pour frapper les autres et commence ainsi le combat humain ; des pirates qui s’entretuent pour hériter du pactole et le seul viking qui tue pour tuer. Quel pied ! J’en ressens un plaisir malsain, à cet instant, je préfère tuer que caramboler une donzelle même si le sentiment ressenti est différent. La base est là. Le bruit ambiant de la taverne se dissout peu à peu, alors que les corps tombent au fur et à mesure que je progresse entre les tables. Blessé par quelques entailles et un coup d’arme à feu par un borgne, je suis pourtant le seul debout – avec le tavernier toujours planqué – dans la taverne. Un regard circulaire sur cette pyramide de corps ensanglantés et je range mes haches dans mon dos. Je récupère quelques bourses que je balance près du comptoir : « Pour l’dérangement tavernier ! » Je garde les autres pour moi et je sors de la taverne, couvert du liquide carmin.
La porte claque derrière moi et je me dirige vers le bac du trépas pour regagner ma demeure, ne prenant pas garde à la silhouette qui me frôle pour entrer dans la taverne. Des cailloux crissent sous des bottes et je me retourne face au faciès légèrement dissimulé de la belle Anne Bonny. Mes lèvres s’étirent et je me redresse : « Tiens Bonny ! » Je lui fais un clin d’œil sans me préoccuper de mon apparence monstrueuse, la belle sauvage appréciera certainement : « T’viens d’rater un moment d’divertissement ! »
De retour à One-Eyed-Willy après quelques semaines d’absence, Anne revenait au port, suivant ses pas comme si là était son point d’attache. Elle ignorait depuis combien de temps elle était ici et plus elle s’était enfoncée dans ces terres sauvages plus ses souvenirs s’étaient floutés. Quoi qu’il en soit, elle était tout de même contente de revenir après avoir un peu exploré l’île. On ne pouvait désormais plus parler d’elle comme une étrangère, elle en avait vu de ces choses et pouvait ainsi envisager l’avenir. En revenant à la ville des pirates, la jeune femme envisageait ainsi de trouver un capitaine qu’elle pourrait suivre à la vie à la mort et pour qui elle pourrait mettre à profit ses dons de quartier maitre. Elle n’avait encore aucune idée de par où commencer et savait d’hors et déjà que cela allait prendre quelques jours avant de se faire bien voir et trouver une personne qui la motiverait. Anne avait beau chercher, elle gardait de nombreux critères concernant le capitaine, refusant de prêter serment à n’importe quel illuminé. Elle n’avait pas encore eu l’occasion d’en rencontrer mais il n’y avait rien de plus facile pour en croiser qu’aller dans les tavernes. Elle allait donc osciller entre les tavernes à la recherche d’informations. A commencer par celle non loin du Bac du Trépas. Et puisqu’elle n’y avait encore jamais été c’était aussi l’occasion de connaitre un peu le coin.
Celle dans laquelle elle se dirigeait semblait quelque peu vide puisque l’on entendait ni railleries ni chants nu musiciens. La jeune femme était quand même décidée à y faire un tour puisque c’était ouvert et ouvrit la porte. Une personne sorti à ce moment là, elle n’y prêta pas attention, ses longs cheveux roux cachant son visage alors qu’elle était dans ses pensées. Mais elle fut interpellée alors qu’une voix familière appela son prénom. Anne se retourna et vit le visage de Tankred se dessiner avec les lumières des torches dansantes. La pirate étira un fin sourire au coin en remarquant bien vite qu’il était couvert de sang. Un beau tableau qu’il faisait là, la pirate ne se gêna pas pour le regarder de haut en bas et constater les résultats d’une bataille visiblement acharnée. Elle n’eut pas le temps de le saluer à son tour qu’il lui indiqua qu’elle avait manqué quelque chose. Ainsi Anne ne se priva pas d’ouvrir plus grand la porte d’entrée de la taverne pour y glisser un œil à l’intérieur. Elle pu contempler le massacre, un dont la boite crânienne avait été complètement ouverte, d’autres se noyant dans leur sang tandis que certains avait les boyaux dispersés ici et là. Une vision qui aurait pu en choquer le plus grand nombre, sauf quelqu’un comme Anne Bonny qui se délectait de ce spectacle avec une certaine fascination. Il ne lui fallait pas plus pour savoir que c’était Tankred le responsable. Elle avait toujours su qu’elle avait eu affaire avec un homme particulièrement sanguinaire, mais là il dépassait de loin ses premières impressions sur lui. Y’avait pas à dire, c’était magnifique, de la piraterie pure et dure comme elle l’aimait.
Anne referma la porte de la taverne, puisqu’il était visiblement inutile de venir s’abreuver ici après ce qu’il venait de se passer au risque qu’on la prenne pour responsable et parce qu’elle n’aimait pas vraiment boire du rhum avec cette odeur de sang. Elle reporta donc son regard vers le viking, les yeux brillants malgré le fait qu’elle était déçue de ne pas avoir pu y participer.
« J’aurais éventuellement pu être impressionnée, la prochaine fois t’fait pas blesser et j’reconnaitrais qu’t’es l’plus sauvage d’nous deux. » Fit-elle sur un ton de défi dans un large sourire malicieux.
Elle avait vu le trou causé par l’impact d’une balle, il était encore debout mais pour combien de temps ? Il ne fallait pas longtemps pour une telle blessure de s’infecter. La jeune femme ne se gêna pas pour soulever un pan de son vêtement pour la regarder avec plus de détail.
« Viens j’vais t’rafistoler. »
Anne détourna les talons, marchant aux côtés de Tankred tandis qu’ils se dirigèrent vers l’auberge la plus proche afin qu’elle puisse lui apporter quelques soins. Elle s’y connaissait en médecine, elle ignorait d’où elle tenait ces capacités puisque ça faisait bien longtemps qu’elle était là désormais. Le temps semblait s’être considérablement étiré, annihilant certains souvenirs de son esprit. C’était utile pour sa propre survie mais aussi celle des autres, et le jour où elle se retrouverait à bord d’un navire, ce serait tout autant pratique pour l’équipage. Ils entrèrent dans l’auberge, accueillis par le propriétaire qui sembla se pétrifier à la vision de Tankred.
« J’ai b’soin d’eau propre et d’linges, une aiguille et du fil. Ah, et du rhum aussi. » Demanda Anne tandis qu’elle prit l’initiative d’aller s’installer dans un coin près de la cheminée.
L’aubergiste n’avait donc pas droit aux questions et s’exécuta. Anne sorti un couteau et découpa habilement la manche de Tankred afin de pouvoir travailler sur sa blessure sans être gênée par le tissu en nouant les pans au dessus de celle-ci. Rien de bien affreux, il avait eu beaucoup de chance mais une blessure infectée pouvait aisément plonger dans une lente agonie. Elle avait déjà eu l’occasion d’observer ça, la chair putréfiée devient vite nauséabonde. L’aubergiste arriva avec le nécessaire, elle l’en remercia d’un vif hochement de tête avant de reporter son attention sur Tankred.
« Evite de m’égorger si t’as mal. »
Anne se rinça les mains avant d’entreprendre d’humidifier les linges et nettoya d’abord les pourtours de la blessure afin d’éviter au sang qu’il ne la gêne en coagulant. Puis, elle se rinça les doigts avec du rhum et alla extirper la balle en essayant de triturer sa peau le moins possible. Elle ignorait les tressaillements de Tankred dus aux nerfs et se concentrait seulement dans son travail. Un peu de rhum versé sur un autre linge et elle le passa sur la blessure afin de tuer les bactéries qui avaient déjà pu s’y infiltrer. Rien de bien agréable mais quel pirate n’était pas passé par là ? Les sutures étaient devenu quelque chose d’habituel qu’en les voyant on n’avait plus cette habitude de demander comment elles avaient été causées. Anne se dépêcha donc de passer le fil dans l’aiguille puis piqua sa peau rougie afin de réunir les bords de la blessure afin d’aider à la cicatrisation de celle-ci. Quelques points avaient suffit, la balle n’avait pas été tirée d’assez près pour lui faire une plus vive lésion.
Ceci fait, elle passa encore un peu d’alcool sur sa blessure avant de la porter à ses lèvres pour en descendre quelques gorgées – histoire de se dire que ce n’était pas complètement gaspillé. Enfin elle termina par un bandage qu’elle noua fermement sur son bras. Elle ne se priva néanmoins pas de lui donner une frappe sur sa blessure, dans un geste de plaisanterie.
« Voilà, t’es comme neuf ! »
AVENGEDINCHAINS
Tankred Snørrisón
Beware, I'm starving
ζ Inscris le : 01/08/2015
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ζ Localisation : Oscille entre One-Eyed Willy et Blindman's Bluff
ζ Occupations : Second sur le Poséidon - Ancien maître Charpentier du Queen
ζ Âge : Trente ans
ζ Statut : Célibataire au coeur de pierre
ζ Signes distinctifs : Nombreux tatouages sur le corps et le crâne, bouffe ses mots quand il parle
La belle pirate se penche pour contempler mon œuvre dans la taverne, maintenant la porte d’une main puis elle se redresse face à moi. « J’aurais éventuellement pu être impressionnée, la prochaine fois t’fait pas blesser et j’reconnaitrais qu’t’es l’plus sauvage d’nous deux. » Mes sourcils se froncent et je baisse le regard sur ma propre anatomie pour chercher cette fameuse blessure que je ne sens même pas. « Viens j’vais t’rafistoler. » Oh non ! Je me souviens encore de ce jour où le chirurgien du Queen’s m’a soigné après une blessure au niveau du ventre. Je ne suis pas le meilleur patient qui soit, douillet et bougon de surplus. Je ne tiens pas à ce que Bonny connaisse cette facette ridicule de moi, mais elle semble pourtant déterminée à rafistoler ce petit détail pourtant insignifiant. J’ai laissé des blessures plus importantes se soigner seules, sans l’intervention d’un guérisseur. Résigné, je marche aux côtés de la donzelle non sans une certaine appréhension. Si elle utilise une aiguille, là je risque de passer pour un couard. Lorsqu’on arrive dans l’auberge, je remarque son corps qui se raidit à la vue de mon visage, mais surtout – je pense – du sang qui me recouvre. « J’ai b’soin d’eau propre et d’linges, une aiguille et du fil. Ah, et du rhum aussi. » Elle s’installe près de la cheminée. En plus, je vais avoir un public pour assister à ce spectacle risible. J’en frémis d’avance. La pirate commence déjà et je l’observe faire, pour le moment c’est supportable, mais je pense que si je veux éviter d’être un enfant qui pleure parce qu’il a un petit bobo. L’aubergiste revient avec le nécessaire puis disparaît rapidement, mais je le vois qui reste à son comptoir pour mirer dans notre direction. Ma hache me démange. « Evite de m’égorger si t’as mal. » Je tourne le regard sur elle : « Je vais essayer… » Elle commence avec un linge humide, jusque-là, tout va bien, puis je sens quelque chose s’infiltrer dans ma plaie et je ravale un gémissement tout en tapant du poing sur la table qui tremble. J’en ai eu des blessures pourtant, mais je ne m’y fais jamais.
Je ne regarde pas ce qu’elle fait, mais ça ne m’empêche pas de râler ou de l’insulter dès que j’ai mal. Je vois quelques gorgées de rhum lorsque je sens que j’en ai besoin, parce que l’air de rien, ce n’est pas une partie de plaisir. Certains pirates ne souffrent plus lorsqu’ils se font rafistoler par le chirurgien, mais moi, je souffre le martyre à chaque fois. Par contre, l’aiguille qui s’enfonce dans ma chair à deux endroits pour ramener ensemble les morceaux, je le sens parfaitement et je grogne, peste dans ma barbe et maudit la pirate. Je me moque bien de l’image que je donne, je déteste ça et j’essaye tant bien que mal d’éviter les blessures ou les soigneurs surtout. La torture s’arrête enfin, elle termine par un bandage de fortune et je respire enfin. Elle tapote mon bras, là où je viens d’être torturé, avec amusement et je siffle entre mes dents. « Voilà, t’es comme neuf ! » J’étire une grimace, prenant la bouteille de rhum pour en descendre une bonne gorgée avant de m’essuyer la bouche avec mon bras, j’ai le goût du sang sur mes lèvres. J’en oublie que je suis encore couvert de ce liquide libérateur. « Merci ! » Je soupire, massant mon bras juste en dessous de la plaie et j’entends presque un rictus moqueur, mais je n’y porte aucune attention, attrapant la bassine pour pouvoir me rincer le faciès. L’aubergiste demande de loin si on veut quelque chose d’autre : « À manger ! Et à boire ! » Si elle n’a pas faim, alors je mangerai pour deux. Je repousse la bassine colorée et je l’observe. « Alors Bonny… qu’est-ce tu d’viens ? C’fait un bout d’temps que j’t’ai pas vu dans l’coin. Toujours en solitaire ou t’as enfin trouvé un Cap’taine pour accomplir t’méfaits ? » Je prends la bouteille de rhum pour en boire une longue rasade. Notre dernière rencontre, c’était lorsque je l’ai aidée à buter son mari et maintenant, elle est veuve, mais surtout libre. Libre de devenir ce qu’elle veut et même si je trouve qu’elle pourrait faire un bon Capitaine, la donzelle préfère suivre plutôt que guider. D’avoir toutes les responsabilités et en soit, ce n’est pas stupide, puisqu’être Capitaine n’est pas facile. Surtout avec Barbe Noire comme Roi qui exige beaucoup de tous les navires. « T’trouv’ras… Qui n’voudrait pas d’une tigresse comme quartier maître ? Avoir l’confiance d’tous les marins, ça s’f’ra pas en un jour, mais t’y arriveras ! »
Finalement remis en état non sans avoir écopé de quelques injures et insultes pour sa pomme, Anne Bonny se laissait enfin aller. Se concentrer n’était pas chose aisée quand on avait déjà quelques grammes d’alcool dans le sang mais à présent elle pouvait profiter de sa soirée qu’elle avait d’ailleurs en très bonne compagnie finalement. Elle qui avait cru finir dans un coin comme la torchée désespérée le nez dans le verre, tomer sur Tankred n’était pas plus mal. Il s’était passé pas mal de choses depuis leur première et dernière rencontre, Anne avait eu le temps d’évoluer un peu dans ce trou et n’était plus la fraichement débarquée complètement paumée. C’était donc sous un nouveau jour qu’il la voyait là. Même si elle avait toujours l’air en rogne, elle paraissait déjà moins crispée. En plus de jour à sa liberté et d’en avoir profité, Tankred avait aussi contribué à ce qu’elle se sente mieux et c’était bien pour cela qu’elle restait avec lui. Il le constaterait de lui-même, qu’elle avait l’air mieux dans ses bottes et qu’elle n’observait plus les alentours avec méfiance.
Les jours qui avaient suivit le meurtre furent étonnamment calmes, Anne s’était encore attendue à ce qu’il finisse par la trahir et pendant un certain temps elle s’était même maudite d’avoir eu un excès de confiance, deal ou pas. Rien n’était arrivé, il avait tenu sa parole et pour cela elle lui était grandement reconnaissante. Elle attendait désormais qu’il lui réclame son dû et elle n’aimait pas bien qu’il traine ainsi. Toutefois à cet instant là c’était le cadet de ses soucis. Anne appuya son dos contre le canapé, posant l’un de ses pieds sur la table basse au risque de paraitre malpolie et porta le goulot de sa bouteille de rhum à ses lèvres tout en descendant quelques gorgées.
Si elle avait trouvé un capitaine ? Non loin de cela, à vrai dire elle ne s’y était pas penchée sérieusement et attendait le moment opportun pour le faire. Elle secoua la tête pour lui signifier que non alors qu’elle était en train de boire et retira finalement la bouteille d’entre ses lèvres. Elle appréciait cet optimisme qu’il avait, déjà la dernière fois il lui avait assuré qu’elle serait forcément recrutée au sein d’un bon équipage.
« C’est l’problème mon gars, les tigresses on les fou en cage pas au command’ment ! » Commença t-elle en adressant un large sourire joueur à Tankred.
Anne avait déjà une petite réputation de folle furieuse qu’il ne fallait pas trop approcher ni froisser au risque de perdre ses couilles. Si pour certains c’était une qualité, d’autres ne voulaient pas avoir un tel énergumène sur leurs navires et c’était tout à fait compréhensible. Il fallait avoir une certaine capacité à la canaliser et montrer de l’autorité qui à jouer au bras de fer avec elle ou elle ne ferait qu’une bouchée de ces prétendus capitaines qui tremblaient devant une femme malgré leurs commentaires misogynes. Anne retira son chapeau, le posant soigneusement sur la table basse et se remit en place tout en déportant son regard sur Tankred afin de lui raconter un peu tout ce qu’elle avait fait avant de se représenter devant lui.
« Chui allée explorer l’coin, c’est une sacrée belle île… J’ai vu des types chelous et des machins bizarres mais chui contente, j’me sens moins paumée ! J’tais enceinte de l’autre rat mais j’m’en suis rendue compte quand j’ai perdu l’mioche. C’pas plus mal, l’aurait été malheureux l’gamin ! Et puis Chui r’venue à One-eyed-Willy y’a deux s'maines seulement après avoir fini mon tour.»
Anne laissa un instant de silence planer le temps de bourrer sa pipe et de l’allumer. La fumée s’éleva en arabesques, une douce odeur d’herbe fraiche dans le nez, elle se consumait à mesure que la pirate tirait dessus. La mort de son enfant l’avait réellement attristée, mais elle ne le montrait pas, c’était courant chez les femmes comme elle d’être fertile et de jamais pouvoir se montrer à la hauteur jusqu’à mourir avec des regrets. Le temps de faire le deuil et de se dire que c’était mieux ainsi, Anne avait rebroussé chemin, suivant ses pieds jusqu’au port avec la ferme intention de changer la donne et de trouver un équipage pour repartir en mer. Elle sentait la frustration monter en elle depuis quelques jours, l’appel de l’océan qui commençait à se faire grand comme quand on est alcoolique et qu’on a besoin de se bourrer la gueule pour se dire que la vie est bien plus belle ainsi.
« J’vais m’mett’ en quête d’un cap’tain, on m’a parlé du Walrus qui cherchait un quartier maitre justement. T’en penses quoi ? C’est rafiot d’timbrés incapables ou y vaut que’qu’chose ? Si t'as d'ja bossé avec eux j'veux bien qu'tu m'dises c'que t'en as pensé.»
Puisque Tankred s’était montré à la hauteur de sa confiance, il était désormais pour elle tout naturel de lui demander son avis auquel elle se fierait sans croire qu’il essaye de l’embobiner.
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Tankred Snørrisón
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« C’est l’problème mon gars, les tigresses on les fou en cage pas au command’ment ! » Mes lèvres s’étirent et j’observe la donzelle qui prend ses aises chez moi. Elle n’a aucune gêne et cela me plait, je n’aime pas les personnes qui n’osent pas. Après tout, elle est dans la demeure d’un pirate et c’est elle-aussi, une pirate alors si elle avait une certaine gêne, ça me décevrait de la tigresse. Lorsqu’elle retire son chapeau, je me permets une observation plus approfondie. C’est qu’elle est restée tout le temps avec lors de notre rencontre, m’offrant une vue sombre du haut de son visage. Elle se lance dans une explication de ce qu’elle a fait depuis que nous avons exécuté son mari. Visiter le coin, ça me semble bien et ça lui a permis d’apprendre comment est l’île, mais surtout, d’observer la population. Elle a sûrement une meilleure idée du monde qui l’entoure et qu’elle va devoir côtoyée jusqu’à la mort. Elle parle d’un enfant perdu, puis de son retour ici et je continue de la mirer en silence. L’odeur de son herbe qui brûle vient chatouiller mes narines et je me penche pour prendre la bouteille afin d’en boire un peu. C’est que la sylphide a une bonne descente. « J’vais m’mett’ en quête d’un cap’tain, on m’a parlé du Walrus qui cherchait un quartier maitre justement. T’en penses quoi ? C’est rafiot d’timbrés incapables ou y vaut que’qu’chose ? Si t'as d'ja bossé avec eux j'veux bien qu'tu m'dises c'que t'en as pensé. » Je croise les bras, me souvenant vaguement du bateau dont elle parle. Un Capitaine qui ma foi, ne semble pas faire de vagues ni chercher d’histoires, mais, rien de plus. Je frotte ma barbe : « J’connais pas tell’ment l’gars dont t’causes ! J’sais juste qu’il n’fait pas d’vagues, qu’ça a l’air d’un gars bien ! » Le nom du navire ne me percute pas la tête, mais si elle connait le nom du Capitaine, peut-être que ça me parlera. « T’connais l’nom du Capitaine ? » Je porte la bouteille à ma bouche pour en boire une gorgée avant de lui tendre la bouteille, récupérant sa pipe pour tirer dessus afin de goûter à son mélange, ma foi, plutôt bon. « Ah… J’ai entendu parler d’ce type ! Barbecue qu’on l’surnomme par ici. » Je tire sur sa pipe, observant les volutes de fumées qui se forment au-dessus de ma tête avant de revenir sur la donzelle, avachie dans mon sofa :
« J’connais pas grand-chose de lui, mais, il fait pas partie d’ces Capitaines dont on s’moque ! J’dirais plutôt qu’c’est un costaud et qu’si y’a une place d’libre dans son navire, alors t’devrais l’tenter ! Rien n’dis que tu vas passer, mais… t’façon, t’perd rien à essayer ! » J’étire un sourire, lui redonnant sa pipe pour récupérer la bouteille de rhum. Je ne suis pas sur Neverland depuis suffisamment longtemps pour connaître tous les cancans de chaque pirate qui vit sur cette île. Mais depuis que je suis là, j’en sais déjà beaucoup plus qu’un natif de cet endroit. Eh oui, One-Eyed Willy est le meilleur endroit pour être au courant de tout, sur tout. Suffit de voir cette vieille femme qui traîne une patte derrière elle, le dos courbé et le visage si laid qu’on a envie de la frapper à chaque fois qu’on croise ses mirettes : elle a l’oreille qui traîne partout où elle va et personne ne la remarque, sauf qu’on lui tombe dessus. Elle sait être discrète, malgré ses nombreux défauts. Je le sais, je l’ai déjà vu à l’œuvre et maintenant, je sais vers qui me diriger pour obtenir des informations. « L’mer t’manque ? » Je croise ses yeux avant d’étirer un sourire : « J’suis pas un vrai pirate, ce qui me plait le plus, ce sont les pillages, mais uniquement lorsqu’on aborde. Pas… avec les canons ! J’aime quand j’peux m’battre ! J’suis un guerrier et pourtant, on m’a d’jà proposé d’rejoindre des navires ! Alors, j’pense qu’la tigresse que j’connais, n’essuiera pas qu’des refus ! Et ceux qu’pensent qu’une donzelle com’ toi sur l’navire est un maléfice, n’sont que des pisses-froids ! »
C’est avec une attention inhabituelle qu’Anne écouta les dires de Tankred à propos de ce capitaine qu’elle allait rencontrer. Puisqu’il était son seul allié jusque là et qu’elle avait l’air de pouvoir lui faire confiance, son avis comptait beaucoup. Elle fut ainsi rassurée de savoir que c’était un bon cap’tain mais toutefois déçue qu’il n’ait pas grosse réputation. Anne se senti idiote de s’être attendue à quelque chose de grand qui lui permettrait de connaitre l’aventure ainsi qu’elle l’avait attendue avec toute la frustration possible. Ainsi elle ne trouva pas plus de questions à lui poser sur sa réputation et se contenta de feindre d’être rassurée de savoir qu’il était bon capitaine.
« hmm… » Fit elle d’abord dans un murmure de réflexion tout en hochant l tête.
Au moins il ne se laissait pas éclipser par les autres, pour sûr qu’elle allait tenter, elle avait bien plus peur de prendre racine que d’aller à sa rencontre après tout. Elle appréciait la réponse honnête du viking, sans quoi elle y serait allée à l’aveugle et se serait montré désagréable. Elle bougea les épaules, de sorte de dénouer les tensions dans ses cervicales à cause de cela. Qui vivra verra ; nul besoin de se faire un sang d’encre.
« J’irais d’main l’rencontrer parait qu’y va mouiller là. T’façon si dès not’ conversation ça passe pas là, ça passera pas après !» Ricana t-elle dans un élan d’autodérision.
Anne était de ceux dont la première impression était souvent la bonne. Elle n’était pas douée en manipulation ni en comédie, elle se donnait entière sans rien cacher de sa personnalité. Elle avait beau être une personne difficile à cerner, en réalité la comprendre n’était pas difficile puisqu’elle ne faisait jamais de messes basses. Quitte à ce que ça ne plaise pas, un connard est en droit de savoir que c’est un connard – voilà là de ses plus gros principes et aussi ce qui a fait qu’elle était très appréciée sur son précédent navire et de son cher et tendre défunt époux. Avec cela, elle donnerait possiblement du fil à retordre au capitaine, surtout s’il n’aime pas se recevoir des critiques en pleine poire. Mais si elle n’avait rien à lui reprocher quand à sa manière de diriger son équipage et que c’était un marin aguerri tout se passerait très bien entre eux.
Anne reprit possession de sa pipe et la porta à ses lèvres tandis que son regard se posa sur le feu de cheminée, pensive et surtout dans la hâte de voir comment cela allait se passer. Ho ; il y avait plutôt intérêt à ce que leur rencontre se fasse de la meilleure des manières car Anne ne supporterait pas un mois de plus sur terre. Si c’était le cas elle était bonne pour ne jamais trouver de place, pessimiste comme elle est. En plus de cela, Tankred avait marqué un point, attirant l’attention d’Anne qui le regarda un instant avant de lâcher un rire amusé. IL devait comprendre ce qu’elle ressentait en grands amoureux de l’océan, ne pas y être pendant des mois provoquait ce même manque que l’alcool quand on en consommait pas suffisamment. Anne en était à ce point là, non sevrée, le mal de terre.
« Par tous les dieux ça s’voit tant qu’ça ? » S’esclaffa t-elle dans un rire franc. « Aye, ça m’manque de pas sentir la houle et ses odeurs de poisson, et puis cette sensation de vertige quand tu grimpe au mat, t’sais ! » Fit-elle avec un sourire nostalgique.
La pirate fit des ronds de fumée alors que certains détails lui revenaient en tête jusqu’au bruit des cordages frappant les voiles déployées. Et ces connasses de mouettes, même elles, lui manquaient, c’était pour dire. Il lui arrivait de fredonner des chants de pirate pour elle-même, ayant toujours préféré les entendre chantées en cœur alors que les paroles leur sortaient des tripes et que l’on percevait dans la voix des marins cet amour partagé pour la mer et ses tréfonds. Il n’y avait que ceux qui étaient habitués à prendre le large qui pouvaient comprendre tout cela. Comme Tank’ puisqu’il était pirate il la prendrait pas pour une folle et c’était plutôt rafraichissant de pouvoir parler comme ça sans se recevoir dans la tronche des critiques quand à sa position. Une femme c’est pas fait pour être en mer, c’est fait pour être au foyer, c’est fait pour être engrosser et s’occuper des marmots une fois pondus. Il y avait assurément à One-Eyed-Willy quelque chose qui la rassurait et qui lui procurait cette sensation qu’elle avait à un autre endroit. Qu’est ce que c’était déjà ?
« J’apprécie ton soutien Tank’ »
De toute manière elle ne pouvait pas finir ailleurs. On l’aurait imaginée marchande, elle aurait tué et pillé les richesses de ses partenaires commerciaux plutôt que de négocier. On l’aurait foutue aubergiste elle aurait trainé des pieds et craché dans les verres des ivrognes qui s’amuseraient à lui claque le fessier. Et dans un bordel, n’en parlons pas, elle y aurait été que pour satisfaire ses propres désirs charnels et aurait sélectionné ses clients avant de les chevaucher sauvagement juste pour se faire plaisir elle-même ; de quoi leur faire faillite.
« Aye, la phase d’échange des canons est insupportable et tourner autour du pot c’est chiant, c’est tellement plus intéressant quand on va droit au but. »
Anne s’autorisa un fin sourire, le genre que l’on lui voyait que très rarement sur les lèvres et qui illuminait son visage d’une manière assez surprenante alors qu’elle se rendit compte que sa phrase pouvait être interprétée de bien des façons. Elle ne savait pas si Tankred l’entendrait aussi, ce n’était pas l’effet cherché mais se laisser aller à des pensées plus frivoles avec de lourds sous entendus avaient souvent de quoi amuser la galerie.
« Et Barb’noire y vaut quoi selon toi ? Puisqu’on peut parler franch’ment toi et moi, m’dis pas qu’t’es à sa botte et dévoué même s’il t’a fait lui-même v’nir ? On peut pas mettre de laisse à un viking c’connu… J’suis sure qu’t’as bien envie d’lui faire des trous dans l’bide des fois.. »
AVENGEDINCHAINS
Tankred Snørrisón
Beware, I'm starving
ζ Inscris le : 01/08/2015
ζ Messages : 2874
ζ Avatar : Travis Fimmel
ζ Localisation : Oscille entre One-Eyed Willy et Blindman's Bluff
ζ Occupations : Second sur le Poséidon - Ancien maître Charpentier du Queen
ζ Âge : Trente ans
ζ Statut : Célibataire au coeur de pierre
ζ Signes distinctifs : Nombreux tatouages sur le corps et le crâne, bouffe ses mots quand il parle
« Par tous les dieux ça s’voit tant qu’ça ? » Comme le nez au milieu de la figure. Il n’y a que les pirates entre eux capable de remarquer lorsqu’un loup de mer n’a pas été sur les flots pendant un moment. Allez savoir, c’est difficile à expliquer, mais tout vient du regard et même le badaud le plus impassible du monde ne pourra pas y échapper. « Aye, ça m’manque de pas sentir la houle et ses odeurs de poisson, et puis cette sensation de vertige quand tu grimpe au mat, t’sais ! » Je remue de la tête, je ne peux que comprendre ce qu’elle ressent même si depuis que je suis ici, je n’ai jamais été trop longtemps à terre. Barbe Noire essaye de mouiller plusieurs fois ce qui fait que mes séjours sur Terre sont courts. Mais qu’importe, ça me plait énormément et puis ça m’offre l’occasion de pouvoir continuer à me battre, même si quelques traversées se font parfois sans attaque particulière. « J’apprécie ton soutien Tank’ » Je fais un mouvement de la main. « Aye, la phase d’échange des canons est insupportable et tourner autour du pot c’est chiant, c’est tellement plus intéressant quand on va droit au but. » Je lève les yeux sur le visage de la donzelle, étirant un sourire en coin. Elle aime quand on y va pas par quatre chemins, elle préfère les personnes directes plutôt que ceux qui hésitent. « Ouais ! J’aim’pas ça non plus ! » « Et Barb’noire y vaut quoi selon toi ? Puisqu’on peut parler franch’ment toi et moi, m’dis pas qu’t’es à sa botte et dévoué même s’il t’a fait lui-même v’nir ? On peut pas mettre de laisse à un viking c’connu… J’suis sure qu’t’as bien envie d’lui faire des trous dans l’bide des fois.. » Fichtre ! En voilà une bonne question. Que vaut Barbe Noire ? Je sais que j’ai une grande déférence envers lui parce qu’il m’a fait venir ici et que j’ai droit à une seconde vie – ou une véritable, on s’en moque. Mais, je n’ai pas autant d’estime pour l’homme qu’il est que pour mes dieux ou d’autres hommes valeureux dans l’équipage. J’étire un sourire, baissant mes yeux clairs sur mon verre : « Si t’veux savoir… plus que des fois ! » Mes lèvres s’étirent, mais mon regard reste fixe sur mes paumes tandis que je pense un instant à tout ce que je pourrais dire sur Barbe Noire, du moins, tout ce que je sais. Mais d’un autre côté, même si ce n’est pas encore le cas, elle pourrait choisir un équipage ennemi à notre Roi et utiliser les informations que je lui ai données.
« J’pourrais t’dire d’montagnes d’choses sur Barbe Noire ! Mais… t’vas p’t’être finir sur l’Walrus et d’ce que j’sais, l’Capitaine Barbecue n’est pas un grand admirateur d’Teach. Alors, t’pourras l’dire c’que j’vais t’confier là, chez moi ! » Je termine mon verre d’une traite avant de le poser à côté de moi. « Après, t’vas m’décevoir et j’n’aime pas qu’les gens m’déçoivent ! » Je lève les yeux pour croiser ses mirettes avant d’observer les volutes de fumées qui s’échappent de ses lèvres : « Mais en même temps… j’parle d’Barbe Noire, c’vieux poisson qu’j’respecte, mais qu’j’n’apprécie pas ! » Je me lève de mon fauteuil, n’appréciant pas de rester trop longtemps inactif. « C’pas l’genre de Capitaine qu’t’as envie d’rouler ! C’n’est pas qu’un mauvais bougre, il a ses p’tits moments… on va dire agréable… mais ça reste un r’doutable pirate ! J’lui dois m’vie ici, alors j’reste, mais… si j’pouvais choisir alors… j’irais p’t’être sur un autre navire ! J’mérite mieux qu’mon poste d’Charpentier sur c’navire ! » J’étire un sourire, pensant à ce Capitaine d’un Galion qui m’a fait une proposition. Je suis sur Neverland depuis seulement trois ans et déjà, on me propose de devenir second. Il ne me connait pas, que de réputation et pourtant, il m’a fait cette proposition. Il aimerait que je lui enseigne mes aptitudes de guerriers.
Anne avait été curieuse de recueillir l’avis de Tankred à propos de Barbe Noire et plus le viking lui répondait plus elle était déçue de sa réponse. La pirate roula les yeux au ciel lorsqu’il lui fit part de ses craintes à son sujet qu’elle serait capapble de le balancer une fois sur le Walrus. Peut être qu’il penserait que de cette manière elle pourrait s’acquitter de la dette qu’elle avait envers lui. L’idée ne lui avait même pas effleuré l’esprit et elle avait plutôt été dans une optique de partage d’opinons plutôt que dans l’idée de recueillir des informations et s’en servir après. C’était vexant en fi de compte qu’il la pense capable de faire de telles choses d’un niveau aussi bas comme James.
« Dis pas des conneries Tank, j’te d’mande pas d’me faire confiance mais par principe, tu m’as couvert pour James, qu’est c’que j’vais foutre à t’dénoncer ? T’me vexe à dire ça ! » Elle pouvait comprendre qu’il ne soit pas aisé de se confier là-dessus. Quand bien même, il avait de quoi la faire chanter si jamais elle faisait quelque chose qui lui déplaisait. Anne n’était de toute manière pas de ce genre là, elle n’est pas couarde, ce n’est pas une taupe ni un rat de cale qui se fait son chemin en venant lécher les bottes des capitaines. Elle avait beaucoup trop d’honneur pour ce genre de mesquinerie. Anne a toujours été une personne loyale dans la mesure ou la personne qu’elle suit ne lui fait pas honte, pas comme James. Et pourtant même pour lui, elle lui était toujours restée fidèle, jusqu’à ce qu’elle ne le supporte plus et qu’elle en finisse une bonne fois pour toutes
« Si j’ai un problème avec toi, si j’veux t’nuire, tu s’ras l’premier au courant, comme c’bon vieux James.» Ajouta t-elle en lui faisant un clin d’œil, histoire qu’il se souvienne de cette nuit particulièrement sauvage au sanguinaire.
Anne étira un large sourire malicieux, levant sa bouteille de rhum vers le ciel comme si elle trinquait avec lui. Ce vieux pirate était sans doute avec Neptune en train de se saouler la gueule à maudire sa putain de femme. Il devait regretter ce jour où il avait croisé la donzelle Irlandaise, avant de l’emmener avec lui sur son navire pour tout lui apprendre et lui montrer ce qu’était la vraie vie. Mais trêve de nostalgie, Anne savait que Tankred était particulièrement mal à l’aise dans son poste de charpentier, ils en avaient déjà évoqué les faits. Un véritable gâchis de talent encore une fois, souvent les pirates avaient eu recours à des techniques de viking pour assiéger des villages portuaires. James en particulier avait été grand fervent d’histoires vikings. La pirate porta la bouteille de rhum à ses lèvres, épanchant sa soif et ressentant les effets de l’alcool fluidifier ses mouvements
« Sauf qu’toi t’mériterais pas de mourir avec un couteau dans le dos, si j’d’vais te tuer un jour, j’le f’rais de face. T‘es un sacré morceau, et pour moi y’a rien d’plus délectable que d’voir toute vie s’évaporer dans l’fond des yeux. »
Anne tenait des propos étranges, mais en vérité elle était loin d’avoir envie de le tuer. Elle le rassurait, à sa manière, étirant de larges sourires malicieux tout en l’observant. Il s’était levé, elle se demandait si ce qu’elle disait suffisait pour qu’il soit rassuré la concernant. Et alors que ses derniers dires n’avaient pas été très positifs malgré le fait qu’ils soient très axés sur l’humour avec cette part de vérité, elle continua dans un rire, dédramatisant le tout
« J’dis ça en fait, comme ça en fait on s’en fou, ça a rien d’poétique, ce s’rait plus un duel en fin d’compte. Mais tout ça pour t’dire qu’t’as rien à craindre de moi. »
Anne sorti l’un de ses couteaux et se leva afin d’entailler la paume de sa main. Elle grimaça mais le geste était calculé pour qu’elle lui tende la main, lui jurant qu’elle serait toujours de son côté si lui aussi souhaitait faire ce geste assez symbolique. Elle avait compris que Tankred lui serait un allié de taille, elle n’avait aucun intérêt à le perdre, quitte à le jurer avec le sang.
AVENGEDINCHAINS
Tankred Snørrisón
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ζ Localisation : Oscille entre One-Eyed Willy et Blindman's Bluff
ζ Occupations : Second sur le Poséidon - Ancien maître Charpentier du Queen
ζ Âge : Trente ans
ζ Statut : Célibataire au coeur de pierre
ζ Signes distinctifs : Nombreux tatouages sur le corps et le crâne, bouffe ses mots quand il parle
« Dis pas des conneries Tank, j’te d’mande pas d’me faire confiance mais par principe, tu m’as couvert pour James, qu’est c’que j’vais foutre à t’dénoncer ? T’me vexe à dire ça ! » J’étire un sourire. C’est une femme, je me méfie toujours des donzelles parce qu’elles ont la capacité de pouvoir jouer un jeu avec bien plus d’aisance et de brio qu’un homme. Non pas qu’on est incapable, mais les femmes ont un pouvoir supplémentaire que nous n’avons pas et ça, même si je le clame pas haut et fort, je n’en pense pas moins. Je reste toujours vigilant avec les donzelles et même si j’apprécie Bonny, je reste sur mes gardes. Je le suis aussi avec Sif et pourtant, elle est plus qu’une simple connaissance ou amie à mes yeux. « Si j’ai un problème avec toi, si j’veux t’nuire, tu s’ras l’premier au courant, comme c’bon vieux James.» Effectivement. Je me souviens encore de cette nuit sauvage avec son feu époux. Comme il a mal agis celui-là et miser sur le mauvais cheval. Ma foi, il n’est plus ici pour s’en mordre les doigts. « Sauf qu’toi t’mériterais pas de mourir avec un couteau dans le dos, si j’d’vais te tuer un jour, j’le f’rais de face. T‘es un sacré morceau, et pour moi y’a rien d’plus délectable que d’voir toute vie s’évaporer dans l’fond des yeux. » Je remue de la tête, parfaitement d’accord avec elle. « C’pas faux ! J’l’ai bien vu qu’t’aimais assister jusqu’à l’fin ! » Quoi qu’il en soit, j’apprécie cette femme, elle reste une redoutable alliée et j’espère que cette « amitié » restera aussi longtemps que je vivrais sur Neverland. « J’dis ça en fait, comme ça en fait on s’en fou, ça a rien d’poétique, ce s’rait plus un duel en fin d’compte. Mais tout ça pour t’dire qu’t’as rien à craindre de moi. » Un duel. Et pas un petit. J’ai déjà vu ses aptitudes donc je ne vais pas dire que je la tuerais facilement, j’ai sûrement plus de force en étant un homme et plus de maîtrise dans l’art martial, mais elle est pirate depuis plus longtemps que moi. Elle se lève et j’observe ce qu’elle fait, la voyant s’entailler la paume avant de tendre sa main. J’étire un sourire, saisissant mon poignard pour faire de même avant de nouer ce lien dans une poignée de main. « Nous v’la liés par l’sang Bonny ! »
Je m’esclaffe, essuyant ma paume contre mon pantalon, la plaie se refermera bien vite, trop minime pour nécessiter l’aide d’un chirurgien. Tant que je peux éviter, je le fais. On arrose cet échange par une autre bouteille, que je porte à ma bouche pour en boire deux grandes gorgées. « T’viendras m’dire pour Silver, si t’vas sur son navire ou pas. Bien que… j’risque d’le savoir ! Ou d’le voir surtout ! » J’étire un sourire, croisant les prunelles de la donzelle avec l’œil brillant par toutes les lampées d’alcools que je prends depuis un moment. Il m’en faut plus pour m’effondrer sur le sol sans être capable de me redresser, mais je commence à sentir l’allégresse s’installer. Les conversations reprennent, encore et encore jusqu’à tard dans la nuit. Plusieurs cadavres de bouteilles gisent sur le sol. Il n’y a pas à dire, Bonny est une femme comme je les aime. Forte, de poigne avec un sacré caractère.