Certaines personnes ont un talent inné pour se mettre dans le pétrin et Sif, elle a ce don pour s'attirer les ennuis. Lorsqu'elle a prononcé son nom, elle savait parfaitement qu'elle mettait les pieds sur une pente glissante, pourtant elle a ouvert les lèvres et elle a parlée. À ce moment, elle savait que c'était dangereux pour l'indien, mais pour elle également. Elle le savait que trop bien, mais elle a décidée de l'aider lui, plutôt que de penser à sa propre sécurité. Encore à ce jour, elle ne sait pas pourquoi elle a prise cette décision, mais elle se rend compte qu'elle aurait dû se taire. Un long moment s'est écoulé depuis ce soir là et alors qu'elle se croyait hors de danger, elle a vite compris qu'elle n'était pas à l'abri. Quelqu'un a entendu cette conversation, ses mots pourtant dit à voix basses. Ce quelqu'un, elle ne sait pas de qui il s'agit, mais si elle l'avait en plein visage, elle n'hésiterait pas à lui infliger une bonne correction. Maintenant, on veut sa peau. Parce qu'elle a donné ce nom à cet indien ou parce qu'elle lui a dit qu'elle savait qui a assassiné son frère et sa belle-soeur, tout simplement. Elle ne sait pas comment tout ça s'est su, mais maintenant, elle est en danger, la brune. Heureusement, tout ça est venu à ses oreilles avant que le pirate ose une approche. Au final, elle a bien fait de garder quelques contacts sur le Jolly Roger, Sif. Maintenant, elle doit se mettre à l'abri. Elle aurait pu parler de ce problème à Tankred, elle aurait pu lui demander de l'aide, mais à quoi bon ? Il aurait pu faire une folie pour tenter de la protéger et ça, elle ne le veut pas. Aujourd'hui, c'est son propre chemin qu'elle veut suivre et ce chemin s'éloigne de lui. C'est plutôt près du camp des Piccaninny qu'elle se retrouve, la viking. Sif, elle a troquée ses habits de pirates pour quelque chose de plus neutre. Mettre les pieds si près du camp indien est déjà imprudent, il vaut mieux qu'ils ne la prenne pour une pirate.
Ses yeux observent et cherchent dans la pénombre, alors qu'elle reste en retrait. Dans quoi est-ce qu'elle s'est embarquée, la guerrière ? On lui a déjà dit que ce peuple était plus accueillant que leurs voisins, mais à quel point ? Ça, elle l'ignore. Mais Mataku, il lui a dit de venir le trouver, si elle avait besoin de quoi que ce soit. Ses mots, elle les prend tel qu'il les a prononcés. Aujourd'hui, elle a besoin de quelque chose. Elle a besoin de se tenir à distance de sa propre vie, elle a besoin de protection. Oui, de protection... Et même si elle déteste avoir à demander de l'aide, elle n'a pas vraiment le choix, Sif. Pourquoi lui ? Parce qu'il a une dette envers elle, parce que c'est à cause de lui qu'elle est dans ce pétrin... Mais ce n'est pas seulement ça. À vrai dire, elle ne sait pas vraiment pourquoi elle a eu l'idée de venir frapper à sa porte, mais maintenant qu'elle se trouve si près du but, elle ne peut plus reculer.
Ses yeux s'accrochent enfin à une une silhouette, sa silhouette. Malgré l'obscurité, ça ne fait aucun doute, c'est bien lui. Elle reconnait sa démarche, elle reconnait sa silhouette, elle ne peut pas se tromper, la viking. Elle échappe un léger soupire de soulagement. D'innombrables minutes se sont écoulées depuis son arrivée. Elle n'avait pas envie de rester là des heures durant, risquant de se faire démasquer par un peau rouge. On aurait pu la prendre pour une ennemie, alors qu'elle ne cherche en rien à faire du mal à qui que ce soit. Heureusement, un peu moins d'une heure s'est écoulée et personne n'a remarquée sa présence. Mais peu importe, il est là, à présent. Elle pourrait sortir de sa cachette de fortune et prononcer son nom, Sif, mais ça serait trop risquée. C'est pourquoi elle décide plutôt de le suivre discrètement, afin de lui parler dans un endroit plus calme et à l'abri des oreilles indiscrètes. Elle excelle dans ce genre de situation, la brune, c'est pourquoi elle arrive à le suivre, sans être repérée par l'indien ou qui que ce soit. La discrétion, ça la connait, Sif, ce n'est pas la première fois qu'elle suit quelqu'un à pas feutrés.
Après quelques minutes, il s'arrête devant une cabane, le grand brun et s’apprête à y rentrer. C'est là qu'elle décide de se montrer, la norvégienne. Ses pas se font moins discrets, plus affirmés. Visiblement, il capte sa présence, car il se retourne et ses yeux se posent sur elle. « Mataku. » Elle étire un léger sourire, la brune, avant de se poser devant lui. Cet homme a été un amant doué qu'elle n'oubliera pas, elle a passé un très agréable moment en sa présence. Et encore aujourd'hui, elle ne reste pas indifférente devant son charme. Mais tout ça n'a rien à voir avec sa présence ici. Ça n'a tout simplement pas d'importance et c'est pourquoi elle chasse aussitôt ses idées de son crâne.
Que peut-elle bien lui dire ? Elle déteste demander de l'aide aux gens, ça lui donne l'impression d'être faible. Mais la vérité, c'est qu'elle est faible face à l'homme qui veut sa peau. Elle n'est qu'une femme seule, alors que lui est un homme bien entouré. C'est la raison pour laquelle elle est ici, ce soir. Le campement des Piccaninny est beaucoup plus sûr que One-Eyed Willy ou que Blindman's Bluff. Oui, elle a besoin d'aide, Sif, mais dans l'immédiat, elle n'est pas prête à demander cet aide. C'est pourquoi elle n'aborde pas ce sujet. Pas pour l'instant. « Mon intuition me dit que tu ne t'attendais pas à me voir ici, ce soir. J'ai tort ? » Comment aurait-il pu s'y attendre ? La voilà qui resurgit dans sa vie, après quelques mois. C'est cependant lui qui a laissé la porte ouverte, il ne peut donc pas être entièrement étonné, l'indien.
J’ai laissé Selyne seule après m'être assuré qu'elle dormait vraiment et qu’elle allait pas encore s’éclipser je ne sais où pour faire je ne sais quelle ânerie qui me rendrait fou une fois de plus. Depuis le retour des rayons du soleil, j'ai comme l'impression que ma fille est déchaînée. Comme si elle relâchait enfin toute l’énergie qu’elle avait accumulée, comme un animal qui sort d'hibernation. Et moi, moi dans tout ça, cette nuit interminable ma plus épuisé qu'une semaine entière de labeur. Et chose étrange, elle m'a aussi permis de me rapprocher d'un être cher avec qui j'avais pris mes distances malgré moi. Le temps et le silence font parfois plus de ravages qu'une dispute. Nous avions nos vies, ma sœur et moi, chacun de notre coté, ne trouvant que peu de temps pour laisser à nos routes l'occasion de se croiser. Je ne saurais jamais si elle m'évitait, si elle m'en voulait d'avoir trahi notre frère en courtisant sa femme, ou si c'était moi, honteux, qui n'osait affronter son regard. Mais depuis quelques temps, nos conversations se font plus longues, plus personnelles aussi. Chacun a beaucoup à raconter et beaucoup à entendre. Elle s'est mariée tard, ma sœur, mais sa famille est de celles dont on devrait prendre exemple. Peut être une part de moi jalouse-elle la complicité évidente entre elle et son époux, une complicité que je n'ai jamais eu l'occasion de partager avec la seule femme qui avait du ravir mon cœur. Peut-être suis simplement gêné de m'incruster ainsi dans la vie de cet homme qui devrait être un frère mais reste encore un étranger pour moi.
Ce soir encore, nous avons beaucoup parlé elle et moi. Elle va être mère, une fois de plus, mais cette fois elle veut que je sois là. Et de fil en aiguille la voilà qui a habillement su amener ma propre situation dans la conversation. Donner une sœur ou un frère à Selyne ? Quelle idée ? Seulement si j'ai su, avec tout autant d’habileté il me semble, détourner le sujet, je doute qu’elle renonce. Elle reviendra cette question, ma main à couper. Mais le plus tard possible si les esprits me sont cléments. Il y a bien d'autre choses dont nous avons parlé ensuite, nos parents notamment. La fatigue de notre mère entre autre. Demain je forcerais ma fille à passer la journée avec moi et nous irons la voir. C'est cette idée qui m'a occupé l'esprit tout le trajet du retour. La pensée même de la longue série d'arguments qu'il me faudra choisir avec précaution pour convaincre le chat sauvage et borné qui me sert de rejeton de bien vouloir cesser ses jeux espiègles le temps d'une visite familiale.
Mais peut être sont ce ces longues et interminables nuits qui ont attisé ma méfiance et, comme je le faisais remarquer à Cheyenne en parlant des poissons et autres maillons faibles de la chaîne alimentaire, réveillé mes instincts. Car tout absorbé que je suis par la perspective de cette journée, il me semble être épié, suivi même. Et par quelle créature.. qui aurait pu parier que la silhouette qui se dessinerait dans l'obscurité et prononcerait mon nom serait celle ci. La brunette de One Eyed Willy. Oh j'ai encore bien à l'esprit notre première rencontre et me voilà presque à rougir comme un môme quand elle esquisse un sourire en guise de salut. La fatigue me jouerait elle des tours au point de laisser mon imagination me faire croire qu'elle se tient là, à quelques pas de ma porte ? Je ne crois pas au hasard et son apparition après la conversation que j'ai tenue avec ma sœur me fait grandement douter de ma lucidité. Qu'est ce qui pourrait bien la pousser à se risquer ici ? Alors à sa question, je ne réponds que par une mimique bouche bée, cherchant des mots qui ne viennent pas avant de me ressaisir en secouant al tête comme un chien qui s’ébroue en sortant de l'eau. « Si je t'attendais ? Ha ça.. certainement pas. » Qu'ai je dit encore ? La dernière fois que j'ai parlé trop vite, ma dernière dispute avec Chey ne m'a elle rien appris ? Mataku, tu n'es qu'un imbécile.
Mais cette fois, pas question de laisser le moindre malaise s'installer. D'une part parce que je suis désormais certain qu’elle est réelle et non le fruit de mon imagination, ensuite parce qu'il me semble inconcevable de la laisser partir en se croyant chassée après qu’elle ait fait tout ce chemin pour me voir. Pour quelle autre raison serait elle ici ? Aussi je me ressaisi rapidement, m’efforçant de ne pas laisser trop de place au moindre doute et venant doucement poser une main sur une de ses épaules. « Pas ce soir en tout cas, je ne suis pas devin. » Je ponctue d'un sourire maladroit, et je lâche presque aussitôt son épaule pour venir nerveusement masser ma nuque. Je sais la promesse que je lui ai faite, qu’elle pouvait demander ce qu’elle voulait quand elle en aurait besoin en échange du nom qu’elle m'a donné, mais elle me prends de court et moi.. je reste ce même imbécile maladroit. « Oserais je ? T'inviter à entrer sans que tu le prennes comme.. par rapport à l'autre jour j'entends. C'est que je me refuse à te laisser dehors après tout ce chemin mais que je ne voudrais pas... » Un môme de nouveau, je me comporte comme un môme. Un môme... « Selyne... » Que je lâche dans un murmure, me surprenant moi même en posant la main sur ma porte. Pourvu qu'elle dorme encore. Que de questions la présence de la pirate soulèverait si elle venait à nous surprendre. Je ferme les yeux, priant pour que la brunette ne m’ait pas entendu, prenant une grande inspiration en ouvrant la porte. Personne. Je ne sais si je devrais justifier mon soupire de soulagement mais qu'importe. J'invite rapidement la jeune femme à entrer avant de refermer derrière nous et de lui indiquer la table dans un coin de la pièce. « C'est petit et mal rangé, j'en suis navré. Mais comment aurais je pu savoir que j'aurais de la visite. » A nouveau, ce sourire niais d'adolescent honteux reviens fendre mes lèvres. Allons allons, j’ai passé l'âge d'être ainsi mis à mal par la simple présence d'une jolie fille.
En revanche, je réalise rapidement que bien plus que le capharnaüm qui règne en ces lieux, je risque de manquer à tous mes devoirs d'hôte. Du coin de l’œil, je surveille que l'autre porte de la pièce, celle qui donne sur la chambre de ma fille est belle est bien fermée tandis que je m'affole autour des placards et du feu. Je rassemble ce que j'estime être le mieux que je puisse lui offrir, du fromage, un restant de potage, un malheureux morceau de pain et un pichet d'eau. « Je... me doute que tu n'es pas venue pour profiter de mon hospitalité mais mange à ta faim, bois, quoi que je n'ai pas grand chose à t'offrir, et ensuite parle. Quoi qui ait pu t'amener ici, je suis toute ouïe. Une promesse est une promesse. » Cette fois, j'ai mis plus de sérieux et de conviction dans mon ton. Je veux qu'elle sache que tout maladroit que je puisse paraître, je tiendrais parole. J'ai appuyé mes mots d'une nouvelle main sur son épaule, plus insistante celle ci, m’accroupissant devant la chaise sur laquelle elle a pris place , plongeant mon regard dans le sien. Quoi qu'elle ait à dire, quoi qu’elle soit venue chercher.
C'est l'étonnant qu'elle peut lire sur le visage de l'indien, Sif. Bien sûr qu'il ne s'attendait pas à la voir ici ce soir. Sans doute s'était-il dit qu'il ne la reverrait jamais, mais la viking, elle a eu l'audace de se présenter chez lui. Honnêtement, elle a longuement réfléchie, avant de mettre les pieds ici, elle a pesée le pour et le contre à plusieurs reprises et finalement, elle s'est décidée à venir. Peut-être n'aurait-elle pas dû... mais ça, elle le saura sans doute plus tôt que tard. C'est à un Mataku bouche bée qu'elle fait face et l'expression sur son visage fait accroître le sourire sur le visage de la brune. L'indien, il doit même se secouer la tête, afin de reprendre ses esprits. « Si je t'attendais ? Ha ça.. certainement pas. » Ça c'est plutôt direct. Peut-être même que la visite de l'ancienne pirate le gêne ? Ça pourrait être une possibilité, elle y a d'ailleurs pensée et c'est une des raisons qui l'a fait longuement réfléchir. Mais, il lui a fait une promesse et aujourd'hui, il ne peut plus se défiler. Elle a besoin de son aide, Sif et par la même occasion, elle se doit de l'avertir que le pirate aura sa tête à lui aussi, s'il continue de le chercher. Alors que sa présente le gêne ou non, peu importe, il se doit de lui donner un coup de main, de quelque manière que ce soit.
Mataku, il semble reprendre rapidement le contrôle de ses moyens. Il vient poser une de ses grandes mains sur l'épaule de la norvégienne, plongeant son regard dans le sien. « Pas ce soir en tout cas, je ne suis pas devin. » Il esquisse un sourire qui ne se veut sans doute pas maladroit, mais qui l'est tout de même, avant de lâcher l'épaule de la brune et de venir se masser la nuque. Décidément, la présence de la viking le rend bien nerveux et elle se demande pourquoi, Sif. Mais cette question, elle ne lui pose pas maintenant. « Oserais je ? T'inviter à entrer sans que tu le prennes comme.. par rapport à l'autre jour j'entends. C'est que je me refuse à te laisser dehors après tout ce chemin mais que je ne voudrais pas... » Oh oui, la maladresse ça le connait et ça lui donne des airs de gamin timide et attendrissant. Mais d'une autre part, c'est plutôt attirant... ce qui donne un étrange contresens.
« Ne t'inquiète pas. Je ne suis pas ici pour ça. » C'est vrai qu'il est toujours aussi attirant et qu'elle ne pourrait sans doute pas résister à ses avances, s'il venait à lui en faire, mais Sif, elle n'est pas là dans ce but. Et elle sait très bien que s'il la laisse entrer, ce n'est pas pour ça. Il veut connaître le but de sa visite, voilà tout. Elle étire un nouveau sourire, alors que lui pose une main sur la porte. « Selyne... » C'est un murmure qui s'échappe d'entre ses lèvres, mais il n'échappe pas aux oreilles de la brune. Selyne ? C'est un prénom, mais à qui appartient-il et pourquoi le prononce-t-il maintenant ? Elle fronce les sourcils l'espace d'un instant, mais elle ne pose pas de question, pas maintenant. Sif, elle se contente de garder le silence, l'observant de ses iris sombres. La porte s'ouvre lentement et c'est un soupire de soulagement qu'elle entend, alors que le grand brun franchit le seuil. Une fois de plus, elle ne relève pas, même si certaines questions viennent danser dans son crâne. Elle entre lorsque Mataku l'invite dans sa demeure et vient se poser sur une chaise, lorsqu'il lui indique la table. « C'est petit et mal rangé, j'en suis navré. Mais comment aurais je pu savoir que j'aurais de la visite. » Un nouveau sourire se glisse sur ses lèvres, cette fois un peu honteux. C'est elle ou autre chose qui le met hors de lui ? Ça, elle l'ignore, mais cette une nouvelle question qu'elle vient à se poser, Sif. Mais une fois de plus, elle ne relève pas. « Ne t'en fais pas. Tu pense peut-être que c'est mieux rangé chez moi ? » Elle étire un léger sourire moqueur, tout en l'observant s'affoler autour des placards. À vrai dire, elle n'avait même pas pris le temps d'observer la cabane, avant qu'il ne souligne que c'était petit et mal rangé. Maintenant qu'elle observe, elle constate que c'est effet plutôt petit, mais pour ce qui est de mal rangé, elle a déjà vu pire, la brune.
Rapidement, il vient déposer un peu de nourriture et de l'eau sur la table, mais c'est sur lui qu'elle pose son regard, la viking, l'écoutant parler. « Je... me doute que tu n'es pas venue pour profiter de mon hospitalité mais mange à ta faim, bois, quoi que je n'ai pas grand chose à t'offrir, et ensuite parle. Quoi qui ait pu t'amener ici, je suis toute ouïe. Une promesse est une promesse. » C'est un Mataku plus assuré qui se pose devant elle et qui vient posé une nouvelle fois sa main sur son épaule, tout en s'accroupissant devant elle, son regard plongé dans le sien. « Merci, Mataku. » Elle étire un léger sourire, tout en scrutant ses yeux encore plus sombres que les siens. « Mais tu as raison, je ne suis pas là pour profiter de ton hospitalité. Alors, je préfère en venir droit au but. » Elle n'a pas envie d'entrer sur ce terrain, la viking, mais désormais, c'est la seule option qui s'offre à elle. Elle est en danger, Sif, parce qu'elle a trop parlé et cette fois, elle à peur, ou du moins elle éprouve un sentiment qui s'en approche. Elle entrouvre les lèvres pour continuer, mais des craquements attirent son attention et celle de l'homme aussi. Son regard se pose au fond de la pièce, avant de se reposer sur le visage de la brune. Ce n'est pas la première fois qu'elle le voit regarder la porte avec un air soucieux, mais à cet instant elle en vient à se demander ce que cache cette porte. C'est à ce moment exact qu'elle y songe... Peut-être que dans cette pièce se cache une femme endormie... peut-être qu'il est marié, l'indien. Cette pensée ne lui a jamais effleurée l'esprit, mais maintenant, ça pourrait être totalement logique. Il semble anxieux, Mataku, depuis qu'elle est là et c'est peut-être la raison pour laquelle il l'est...
Le regard de la brune devient plus sérieux. Elle doit savoir, Sif, par principe ou par curiosité, elle ne pourrait dire, mais elle doit savoir. « Non, en fait... avant d'entrer dans ce sujet, il y a quelque chose que je dois savoir. » Son regard scrute le sien avec intensité, comme si elle cherchait à y lire quelque chose. « Il y a quelqu'un d'autre que nous deux ici, non ? » S'il est marié, s'il a une femme dans sa vie... elle ne peut pas lui demander ce pourquoi elle est venue. Enfin, oui... elle le pourrait. Mais par la même occasion, elle le mettrait dans le pétrin, alors que lui a tenu à lui éviter les ennuis ce soir là. Elle a pesée le pour et le contre avant de venir, Sif, mais visiblement elle n'a pas songé au fait qu'il pouvait avoir quelqu'un dans sa vie. Certes, demander sa protection n'a rien à voir avec l'agréable moment qu'ils ont passé tous les deux, mais la question finirait peut-être par venir sur le tapis et là, il pourrait avoir des ennuis, le grand brun. Décidément, elle n'a pas assez réfléchie, la viking, avant de venir frapper à sa porte.
Bien qu’elle ait tenté de me rassurer en prétendant que son intérieur à elle n’est pas mieux entretenu que le mien, je ne parviens pas à cesser de m’en faire pour autant. C’est que quelque part, sans que je ne puisse en expliquer la raison, je tiens à faire en sorte qu’elle ai une bonne image de moi, la pirate. C’est curieux, ce que le sort nous resserve parfois. Si on m’avait dit il y a quelques mois de cela que je inquiéterais de plaire à un pirate… une certes, et de forte agréable compagnie, mais pirate tout de même. Plus encore si on m’avait affirmé que j’aurais une dette envers cette même femme et, continuons à aller crescendo, que je la laisserais entrer chez moi et lui promettrais de régler le problème qu’elle me soumettra, quel qu’il soit… Ah il est certain que j’aurais rit au nez du prétendu oracle m’annonçant une telle chose. Ou peut être lui aurais je encastré le crane dans le premier arbre venu pour lui apprendre à se moquer de moi de la sorte. Et pourtant, pourtant la brunette est belle est bien là, au milieu de la pièce à vivre de ma modeste demeure. Elle a ses raisons d'être là et je m’apprête à les écouter attentivement. Après tout, je tiendrais serment, et pour l'aider je dois savoir de quoi il retourne. Cette fois, rien d’illogique ou d'étrange.
Seulement comme elle dit vouloir aller droit au but, voici que dans mon dos, de la pièce attenante où dort ma princesse, quelques bruits se font entendre et je retiens ma respiration. Si elle entrait maintenant, si elle était réveillée, si Selyne nous trouvait là tous les deux, moi encore accroupi devant la pirate.. oh je n'ose imaginer la scène à laquelle j'aurais le droit. Elle la chasserait certainement, avec pertes et fracas. Et moi, moi elle me ferait la leçon comme à son habitude, me dirait que nous n'avons besoin de personne, qu'il n'y a que nous et que c'est très bien ainsi. Elle se méprendrait sur la situation à n'en pas douter mais qui ne le ferait pas en nous trouvant ainsi à cette heure tardive ? Quoi que se méprendre... peut-être pas. Allons allons, ce qui s'est passé à One Eyed Willy reste à One Eyed Willy. Elle n'est pas venue pour cela. Elle n'est là que pour cette dette que j'ai contractée. N'est ce pas ? Pourtant plus qu’inquiète, elle semble, perturbée par ces bruits. Jalouse ? Non je n'oserais songer qu'elle puisse l'être, je n'aurais rien fait pour le mériter. Mais je n'ai rien à cacher. Je lui fait simplement signe de se taire, portant un index à mes lèvres, puis je me redresse pour me diriger vers la porte. Il n'y a plus rien, plus un bruit, pourtant il me faut en avoir le cœur net. Aussi, le plus silencieusement possible, j'entrouvre la porte en question en retenant un peu plus mon souffle. Énième soupire de la soirée. Elle dort paisiblement, tournée vers le mur. Sans doute s'est elle simplement retournée, sans doute...
La porte refermée, je reviens vers Sif, les sourcils froncés, cherchant dans ma mémoire les mots que j'aurais pu employer lors de notre première rencontre. Je me souviens avoir parlé d'Ena, de la fille qu’elle a laissé derrière elle, mais en avais je dit plus ? Me laissant tomber plus que je ne m'assieds sur la couchette qui dans un coin de la pièce me sert habituellement de lit, je fixe le plafond en silence. Qu'ai je bien pu dire ce soir là.... « Il y a quelqu'un d'autre en effet. Pourquoi devrais je te mentir à ce sujet ? » Je n'ai pas de honte à élever et à aimer cette enfant. J'en ai bien plus pour la façon dont elle est venue au monde. Et tout en chuchotant, comme depuis que j'ai refermé la porte, de crainte que cette fois elle ne se réveille pour de bon, je poursuis. « Je t'ai dit que je cherchais l'assassin de mon frère. Je t'ai dit que sa femme se trouvait avec lui ce soir là. Et j'ai du te dire aussi qu'elle avait laissé une fille. Que c'était pour elle autant que pour moi que j'avais besoin de tirer un trait sur tout ceci. Ce que je ne t'ai pas dit... » Pourquoi devrais je me justifier auprès d'elle ? Je pourrais lui dire que j’élève ma nièce, tout simplement, alors pourquoi est ce que je me sens obligé de lui avouer la vérité ? Comme si la façon dont elle allait prendre la chose m'importait vraiment, comme si j'avais besoin de savoir qu'elle peut comprendre. Qu'est ce que ça changerait ? J'aurais toujours une dette envers elle quoi qu'il arrive. « Simplement.. je n'ai pas souvenir avoir prétendu que mon frère était le père de cette enfant. » Curieuse façon de présenter la chose. C'est flou, ça veut tout dire et rien à la fois mais je la crois assez futée pour lire entre les lignes. « C'est elle, dans la pièce à coté. Elle qui dort et sur qui je veille. Elle à qui je voudrais ne pas avoir à expliquer pourquoi à cette heure, je me retrouve en compagnie d'une femme sous notre toit. Et non... avant que tu ne poses la question, il n'y a personne d'autre. Cette fois tu sais tout. » Lentement, je relève les yeux vers elle comme mon regard avait glissé sur le sol au fil de mes mots, et je me fends d'un petit sourire en coin en guise de ponctuation. Oh non je ne veux pas avoir à entrer dans les détails avec Selyne, ni avoir à faire à sa furie. Je la crains bien plus que la réaction de la brunette devant moi.
Si ces quelques bruits ne s'étaient pas fait entendre, elle lui aurait expliquée la raison de sa visite, Sif, c'est ce qu'elle allait faire. Mais ces craquements, ces bruits, ils la font maintenant douter. Ils la font tout remettre en perspective. C'était peut-être une belle grosse erreur de venir ici... Mais maintenant, elle est là devant lui et elle ne parlera pas avant de savoir si ses pensées sont fondées ou non. Mataku, il pose un index devant ses lèvres, afin de lui demander de garder le silence. Elle se tait, la brune, tout en l'observant. Il se redresse, l'indien, avant de se diriger vers cette fameuse porte d'où provient le bruit et de l'ouvrir, doucement. C'est le soulagement qu'elle peut lire sur son visage, alors qu'il se retourne vers elle, une fois la porte refermée. Après le soulagement vient un froncement de sourcils, alors qu'il s'approche à nouveau de la viking. Qu'est-ce qui se cache derrière cette porte ? Ou plutôt, qui est-ce qui s'y cache ? Elle veut le savoir, Sif, maintenant encore plus qu'au moment où elle lui a posée la question. Elle sait qu'il y a quelqu'un dans l'autre pièce, c'est évident, mais qui ? Sa femme ? Son amante ? Elle a besoin de le savoir, avant de lui avouer la raison de sa venue sur le territoire indien.
Le grand brun, il se laisse tomber sur la couchette placée dans un coin de la pièce, avant d'observer le plafond, en silence, pendant de nombreuses secondes. On peut dire qu'il aime faire durer le mystère, Mataku. Et Sif, elle se contente de rester silencieuse, ses yeux posés sur lui, attendant une réponse à toutes ces questions. Enfin, il brise le silence. « Il y a quelqu'un d'autre en effet. Pourquoi devrais je te mentir à ce sujet ? » C'est un chuchotement qui s'échappe d'entre ses lèvres. Visiblement, il ne tient pas à réveiller cette personne qui dort sans nulle doute dans l'autre pièce. Pourquoi devrait-il lui mentir ? Ça, elle n'en sait rien, Sif, mais bien sûr qu'il pourrait lui mentir. Il n'est pas rare que les hommes mentent, elle le sait parfaitement, elle n'est pas dupe. La brune, elle se contente d'un léger haussement d'épaules, avant qu'il poursuive. « Je t'ai dit que je cherchais l'assassin de mon frère. Je t'ai dit que sa femme se trouvait avec lui ce soir là. Et j'ai du te dire aussi qu'elle avait laissé une fille. Que c'était pour elle autant que pour moi que j'avais besoin de tirer un trait sur tout ceci. Ce que je ne t'ai pas dit... » Elle écoute très attentivement, la norvégienne, commençant à comprendre où il veut en venir ou plutôt, pensant le comprendre. « Simplement.. je n'ai pas souvenir avoir prétendu que mon frère était le père de cette enfant. » Oh... pas besoin de tout lui expliquer en détails, à ses mots, elle se doute maintenant que c'est lui le père de la gamine. Honnêtement, elle ne s'y attendait pas, Sif et même que ça la surprend. Ou pas... elle comprend davantage les motifs qui le pousse à vouloir se venger. « C'est elle, dans la pièce à coté. Elle qui dort et sur qui je veille. Elle à qui je voudrais ne pas avoir à expliquer pourquoi à cette heure, je me retrouve en compagnie d'une femme sous notre toit. Et non... avant que tu ne poses la question, il n'y a personne d'autre. Cette fois tu sais tout. » Il lève enfin les yeux vers elle, le brun, alors qu'elle, elle ne l'a pas quitté des yeux un seul instant. Il ponctue sa dernière phrase d'un léger sourire en coin, Mataku.
Sif, c'est une légère vague de soulagement qu'elle ressent, lorsqu'il lui avoue qu'il n'y a personne d'autre. Cependant, ce soulagement est vite remplacé par l'appréhension. Est-ce vraiment une bonne idée de venir ici et de s'imposer alors qu'il veille sur une enfant qui pourrait poser multiples questions ? Sans doute pas... Mais, Sif... elle n'a pas vraiment d'autre option et elle n'a pas fait tout ce chemin pour le saluer et repartir en vain. La brune, elle lui fait un léger signe de tête, afin de lui montrer qu'elle comprend. « Maintenant, je comprends mieux. Autant les raisons qui te poussent à la vengeance, que ton agissement ce soir. » Elle chuchote elle aussi, la brune. Elle ne tient pas à réveiller la gamine qui dort à quelques mètres seulement. Elle peut être bruyante, elle peut s'imposer, la viking, mais elle sait également se montrer discrète et compréhensive. « Je croyais avoir pensée à toutes les éventualités avant de venir ici, mais honnêtement, je n'avais même pas pensée à la possibilité que tu ne sois pas seul. » Ce qui l'emmène à douter de l'aide qu'il voudra lui apporter... Peu importe, même si elle ressort de là bredouille, elle aura au moins tenter le coup. Sif, elle se lève et vient s’assoir tout près de lui, sur la couchette, posant ses yeux dans les siens. « Mataku, tu sais par ma seule présence que j'attends quelque chose de ta part. Tu m'as fait la promesse que tu serais là, en cas de besoin... mais je comprendrais, si tu refuse. Encore plus en sachant qu'une enfant vit sous ton toit. » Son regard sérieux observe celui de l'homme. Elle a besoin d'aide, Sif, de son aide, mais s'il n'est pas en mesure de l'aider, elle devra faire sans et elle ne lui en voudra pas.
« L'homme que tu recherche sait que je l'ai trahi... je ne sais pas comment il l'a su, mais maintenant, il veut ma peau. Je ne suis pas en sécurité chez moi, ni dans les villes ou les villages environnants, mais... je doute qu'il pense à me chercher jusqu'ici... » Pas besoin d'en dire davantage, il est assez intelligent pour comprendre où elle veut en venir, la brune. Même si elle déteste le dire et même y songer, elle a besoin de protection, Sif. Le pirate ne pensera pas à venir la chercher sur la réserve indienne et la brune, il n'y a que Mataku qu'elle connait et qui est en mesure de lui venir en aide. Mais s'il refuse de l'aider, elle comprendra et elle trouvera une nouvelle solution ou elle fera face à la musique, tout simplement. Sif, elle a toujours cet air sérieux dans le regard, alors qu'elle appréhende sa réaction. S'il ne lui offre pas son aide, elle ne lui en tiendra pas rigueur.
Plus je parle, plus je m’explique, et plus je crains qu’elle ne finisse par se lever et franchir la porte pour ne plus jamais revenir. Car il me monte cette frayeur sourde au fil de mes mots : et si la femme en face de moi me jugeait pour cela et me trouvait… Rha c’est stupide. Il ne me vient aucun mot pour décrire ce que j’éprouve moi-même pour ma trahison et pourtant je sais qu’elle en trouverait, elle, si ce sens moral pourtant si rare à ses semblable se réveillait en comprenant le sens de mes paroles. Quelque part, si elle fuyait maintenant, je n’aurais plus à m’acquitter de ma dette, quoi qu’il serait particulièrement dés-honorable de s’en débarrasser de la sorte, mais qui a dit que je tenais à abréger les choses pour ne plus avoir à la croiser ensuite ? Personne et certainement pas moi. Et tandis que je termine mon explication d’un sourire gêné autant qu’amusé par le ridicule de ma propre situation, son regard se voile de ce que je devine, à tort peut-être, être du doute. Alors ça y est, j’ai réussi à l’écœurer et cette entrevue aura été vite écourtée. En cause : ma stupidité et ma faiblesse. Faiblesse, parfaitement, car je me refuse à employer le mot erreur lorsqu’il s’agit de ma fille. Selyne est certes le fruit d’une faiblesse de ma part mais jamais au grand jamais je ne pourrais parler de la nuit où elle a été conçue ou de celles qui ont suivi comme des erreurs. L’erreur est ailleurs. L’erreur est d’avoir osé espérer que tout ceci finirait par être oublié et que Selyne et moi pourrions devenir une famille.. normale aux yeux des gens dans la confidence.
Alors quand la pirate reprend la parole, je suis déjà convaincu de ce qu’elle va dire, du jugement qu’elle va prononcer et de l’adieu qu’elle va formuler, quoi qu’il n’est pas improbable qu’elle se rit simplement de moi, me laissant planté là avec ma honte. Pourtant ce sont bien d’autres mots qui franchissent ses lèvres. Pas un instant elle n’émet la moindre opinion à ce propos, mieux encore et à mon grand étonnement, elle dit comprendre à présent plus aisément les raisons qui me poussent à mettre de côté la prudence pour dresser un bras vengeur contre l’homme qui nous a volé la famille que nous avions ma fille et moi, toute bancale fut-elle. Et moi je reste quoi, la fixant sans comprendre ce qui justifie une telle compassion de sa part quand rien ne l’y oblige. Après tout, je viens de renouveler ma presse envers elle, elle pourrait tout aussi bien me rappeler ce que je lui dois sans se forcer à se montrer compréhensive. D’ailleurs elle y vient, à la raison de sa présence ici, à cette dette que j’ai contractée, à l’explication qu’elle allait me donner quand nous avons été interrompus et moi, je secoue brièvement la tête pour en chasser mes questions et me concentrer sur ses mots. C’est le moins que je lui doive après ce qu’elle vient de faire, qu’elle en ait conscience ou non, la brunette vient de me redonner une fois de plus un peu plus d’estime pour ses semblables. Car elle ne peut pas être la seule à être capable de faire montre de compassion. Je bois ses paroles avec attention et j’acquiesce quand elle devine que sa présence seule annonce qu’il est temps de tenir ma promesse, mais je fronce les sourcils quand elle l’évoque la possibilité que je puisse me raviser. Mais qu’elle parle donc par tous les Esprits ! Quel est donc cette tache dont je ne pourrais pas m’acquitter à cause de ma fille ?
Pourtant, malgré ce juron silencieux que mon esprit a formulé sans même y penser, lorsqu’elle finit par avouer enfin, je le regrette aussitôt. « Non, non, non… jamais. Jamais je n’ai… » Tout en parlant, comme machinalement, je me suis levé et j’ai commencé à ramasser ces choses éparpillées çà et là, sur les meubles, au sol, sur ma couche. Entassant le tout sans précaution dans une malle de l’autre côté de la pièce, je continue à marmonner comme si elle n’était plus là bien que je fasse ceci pour elle. « Ça n’aurait pas dû arriver.. ça n’aurait pas dû se passer comme cela… » Je tire une large fourrure du dessus d’un meuble. Je la pose sur le lit. Je vais à la porte de la chambre. Je me souviens juste à temps que réveiller Selyne maintenant est la dernière des choses à faire. Je reviens vers la table et déplace le pichet. Je cherche un calme qui ne me vient pas. Reprend tes esprits Mata, ne la laisse pas de nouveau comprendre tes propos ou tes actions de travers. Me giflant mentalement, je reviens vers elle, tirant la chaise libre pour m’asseoir à ses côtés et la saisir par les épaules avec sans doute plus de poigne que je ne le voudrais. « Jamais il n’a été dans mon intention de te mettre en danger de la sorte, Sif. Jamais. Jamais je n’aurais dû te laisser me dire son nom, j’aurais dû te faire taire quand tu l’as prononcé, j’aurais dû… » Et comme ma colère s’éveille contre ma propre négligence, j’ai fini par la lâcher tout en parlant pour poser un coude sur la table, puis un autre, pour enfin me tenir la tête à deux mains, les doigts resserrés sur ma tignasse, prêt à littéralement m’arracher les cheveux de la tête. « Comment ais je pu être aussi stupide… Tu le savais, tu savais que ça arriverait et tu m’as quand même donné son nom. Simplement parce que nous avons… Ça n’en valait pas la peine.. Mettre ta vie en danger pour un moment d’égarement… Est-ce que ça en valait la peine ? » Ma question, je comptais me la poser à moi-même, pas la prononcer et encore moins sur ce ton si fébrile à coté de toute la rage que j’essaye d’évacuer depuis tout à l’heure. Si j’avais été égoïste, j’aurais juré que oui. Qu’il n’y a absolument rien à regretter à ce moment partagé dans l’intimité toute relative de cette remise et mieux encore que j’en garde malgré l’alcool un souvenir bien plus qu’agréable. Mais je ne peux me résoudre à faire abstraction de ce qu’elle vient de me dire, de ce que tout ceci risque de lui coûter et du rôle que j’ai joué là-dedans.
Il est enfin temps de parler, il est enfin temps de lui révéler la raison qui l'a poussée devant se porte, ce soir. À aucun moment elle n'a voulu le blâmer pour ce qui lui arrive, Sif. Si aujourd'hui elle se retrouve ici, c'est parce qu'elle a besoin d'aide et qu'il est le seul à pouvoir lui offrir cet aide, Mataku. Alors, elle parle, elle lui avoue que le pirate dont il veut se venger sait que la viking l'a trahi et que maintenant, il veut s'en prendre à elle. Par ses mots, elle ne veut pas susciter sa faute dans cette histoire, mais elle se doit d'être franche, pas seulement pour elle-même, mais pour lui également. S'il sait que Sif, elle l'a trahi, il sait également qu'un homme désire se venger de lui et l'homme en question se doit de connaître la situation. Donc, Mataku, il doit connaître la vérité et les risques qu'il encourt à vouloir se venger. Le regard de l'ancienne pirate est rivé sur celui de l'indien, elle possède à l'instant un air sérieux, presque grave. Elle s'inquiète de sa réaction et sans doute a-t-elle raison de le faire, car la réaction qui vient est plutôt violente.
« Non, non, non… jamais. Jamais je n’ai… » Il se lève, Mataku, il ramasse des objets éparpillés ici et là dans la cabane et les entassent dans une malle, à l'autre bout de la pièce. Elle le suit du regard, Sif, mais elle a soudainement l'impression d'être invisible à ses yeux. Il s'agite, il parle pour lui-même et honnêtement, elle n'est pas certaine de comprendre sa réaction. « Ça n’aurait pas dû arriver.. ça n’aurait pas dû se passer comme cela… » Elle l'observe toujours, ne sachant elle-même comment réagir ou comment prendre ses paroles, ses gestes, sa réaction... Il revient vers la table, déplace le pichet, comme machinalement, sans réel but à atteindre. Et enfin, il revient vers la brune, tirant une chaise et venant s'asseoir à ses côtés. Ses grandes mains se posent sur les épaules de la jeune femme et son regard se fait intense. « Jamais il n’a été dans mon intention de te mettre en danger de la sorte, Sif. Jamais. Jamais je n’aurais dû te laisser me dire son nom, j’aurais dû te faire taire quand tu l’as prononcé, j’aurais dû… » C'est donc ça qui le met hors de lui et qui l'agite de la sorte... Elle échappe un soupire intérieur, la brune. Elle sait parfaitement qu'il n'a jamais voulu la mettre en danger. Tout comme elle, elle n'a jamais voulu le blâme pour ça. Il ne l'a pas forcée à lui révéler ce nom, Mataku, c'est elle qui a pris cette décision et elle aurait très bien pu se taire.
Ses iris observent l'homme dont les coudes sont désormais posés sur la table, sa tête calée entre ses mains et ses doigts enserrant ses cheveux. Il s'en veut... et maintenant, elle aussi. Elle aurait dû utiliser d'autres mots, Sif ou même mentir. C'était peut-être une mauvaise idée de lui dire que cet homme voulait sa peau... Mais si elle l'a fait, c'est pour lui aussi et pas seulement pour elle. Parce qu'il devait savoir... « Comment ais je pu être aussi stupide… Tu le savais, tu savais que ça arriverait et tu m’as quand même donné son nom. Simplement parce que nous avons… Ça n’en valait pas la peine.. Mettre ta vie en danger pour un moment d’égarement… Est-ce que ça en valait la peine ? » Il est en colère, Mataku et visiblement, ce n'est pas avec facilité qu'elle réussira à le calmer, la brune. Si elle lui a dévoilé ce nom qu'il a tant cherché, ce n'est pas à cause de ce qui s'est passé entre eux, ce soir-là... Du moins, c'est ce qu'elle croit, Sif, car elle ne se sait pas si faible. Mais en réalité... c'est peut-être une des raisons qui l'a poussée à lui révéler l'identité du pirate. Peut-être...
La norvégienne, elle vient doucement poser sa main sur le bras de l'homme, dans un geste qui se veut apaisant. « Je n'étais pas obligée de te donner son nom, Mataku. Je l'ai fait parce que dans ta situation, j'aurais désirée me venger à tous prix et j'aurais aimé qu'on m'aide à atteindre mon but. Je l'ai fait parce que je l'ai voulu. Je savais que ça pourrait m'apporter bien des ennuis, mais je l'ai fait. C'était ma décision et tu n'as pas à t'en vouloir. Pas du tout. » Le ton de sa voix est calme, doux, mais affirmé. Elle ne veut pas qu'il s'en veuille pour ça. La brune, elle est assez mature pour prendre ses propres décisions, assez grande pour se mettre dans le trouble si elle le désire. Elle savait parfaitement qu'elle s'attirerait des ennuis en lui dévoilant ce nom et elle l'a fait. Maintenant, elle doit faire face à la musique et il n'a rien à voir dans ça, même si sans lui, elle ne serait pas dans une telle position. « Si je pouvais revenir en arrière, je ne reviendrais ni sur mes gestes, ni sur mes paroles. » Parce que malgré les ennuis qui se dirigent vers elle, elle ne regrette pas de lui avoir donné le nom qu'il cherchait. Mais ça sera une toute autre histoire, si jamais il lui arrive malheur à lui ou à sa fille, à cause d'une vengeance mal exécutée. Mais pour l'instant, non, elle ne regrette pas. Tout comme elle ne regrette pas le déroulement entier de cette soirée et encore moins ce qui s'est déroulée dans l'arrière boutique.
« Je ne suis pas venue ici pour te blâmer, ce n'est pas mon intention, ça ne l'a jamais été. C'était sans doute une très mauvaise idée de venir frapper à ta porte... et te dire tout ça... J'aurais dû m'en tenir à te dire qu'il sait et partir... » Elle parle, ses iris posés sur lui. Oui, elle aurait dû s'en tenir à ça, Sif. Si elle sait s'imposer et ignorer la culpabilité des autres, avec lui c'est une histoire différente. Elle se sent mal à l'idée que lui se sente coupable et ça, c'est quelque chose qui ne lui arrive pas souvent, au contraire. Depuis quand se sent-elle mal face à quelqu'un d'autre qu'elle-même et Tankred ? Pourquoi se sent-elle si concernée par Mataku et ce qu'il peut bien ressentir... Oui, elle devrait peut-être partir, la brune. « Partir... j'imagine que c'est ce qui serait le plus raisonnable... » Sur ses mots, elle se relève, la femme viking. Elle est venue pour lui demander de l'aide et maintenant, elle se demande si elle ne devrait pas plutôt partir. Parce que s’immiscer dans sa vie, c'est peut-être une mauvaise idée, après tout. S'il lui confirme qu'en effet, elle ferait mieux de partir, elle le fera et se débrouillera elle-même, tout simplement.
Ma colère contre moi-même et mes doutes se disputent la part belle dans mon esprit comme je tente de chercher une réponse a ma question. Pourquoi diable l’ai-je posée a voix haute celle-là d’ailleurs ? Est-ce que ça changerait grand-chose si elle me répondait que tout en valait la peine et qu’elle ne regrette rien, ni nos ébats, ni ses aveux, ni leurs conséquences ? Je n’en ai pas la moindre idée. Peut-être, d’une certaine façon, puisqu’une part de moi commence a se demander pourquoi j’ai rangé la pièce comme si son avis m’était précieux, mais cela n’enlèverait rien a cette culpabilité qui me ronge a présent que je sais combien tout ceci a bouleversé sa vie. Quel droit avais-je de perturber son existence de la sorte ? Et toutes ces questions me torturent encore l’esprit au moment où elle vient poser sa main sur mon bras, me provocant un sursaut. Je n’ose la regarder, gardant les yeux rivés à une imperfection du bois de la table sous mes coudes pour mieux me concentrer sur ses paroles et cesser de réfléchir. Et Sif, alors que je me refuse à comprendre pourquoi elle fait preuve d’autant de compréhension, tente une fois de plus de me dire qu’elle a fait son choix en son âme et conscience et plus encore qu’elle aurait aimé que j’agisse comme elle l’a fait si les rôles avaient été inversés. Pourtant elle a beau s’évertuer à insister sur le fait que je n’ai pas a me blâmer pour son sort, rien ne parvient a faire taire ce sentiment de culpabilité.
Mais bien que je reste prostré dans cet état second, les mains toujours solidement ancrée à ma tignasse, quand elle parle de renoncer à mon aide, de se contenter de m'avoir avertit de la situation, je ne peux rester de marbre à cette décision. Il est hors de question qu'elle reparte de cette façon. Pas après qu'elle m'ai mis en garde, pas après les risques qu'elle a pris pour moi et la promesse que je lui ai faite, pas alors que.. Je m'inquiète sur son sort. Et sans vraiment que j'ai souvenir de lui en avoir donné l'ordre, voilà mon bras qui se tend pour que ma main vienne saisir son poignet et la retenir. « Partir Sif? Partir vers où? Ne soit pas ridicule. Si tu as pris le risque de venir jusqu'ici pour me trouver c'est que tu n'avais pas d'autres endroits où aller, je me trompe? Et sachant ça tu penses vraiment que je vais te laisser partir seule, en pleine nuit qui plus est, simplement parce que j'ai... Quelques problèmes pour garder mon sang froid après ton annonce. Ne te méprends pas... » Je ricane, malgré moi et malgré le sérieux de la situation, à la simple pensée de ce que je vais ajouter ensuite « Je sais ce que tu es, et je ne suis pas homme à imaginer une femme trop faible pour s'en sortir sans escorte. Loin de là. Et moins encore une.. Pirate ou peu importe le nom que vous vous donnez entre vous. Mais reste. Je te l'ai dit, je tiendrais parole Sif. »
Je la retiens sans la forcer, d'une prise ferme mais sans m'imposer. Je veux qu'elle sache qu'elle a le choix. Il ne manquerait plus qu'elle me prenne pour un fou capable de la séquestrer déjà qu'elle doit me penser hystérique au vu de ma réaction de tout à l'heure. « Ne me force pas à te suivre. Puisque tu connais le secret qui dort dans la pièce à coté tu sais qu'il m'en couterait de la laisser seule pour te suivre et veiller qu'il ne t'arrive rien. » Et c'est avec un sourire tendre au coin des lèvres que je me tourne enfin vers elle avant de justifier cette dernière phrase. « Tu ne vas pas me forcer à te faire cet odieux chantage tout de même? Reste. Au moins le temps de trouver quelque alternative. Mais je préfère de loin affronter les questions et les réflexion de Selyne que de te savoir dehors, seule, avec un meurtrier ou ses sbires potentiels aux trousses. » Les réflexions de Selyne parfaitement, car celles de mes voisins de me feront ni chaud ni froid. Et puis rien ne m'oblige à crier sur les toits d'où elle vient ou ce pourquoi elle est ici. « Reste te dis-je. Et par les Esprits mange, ne me fais pas passer pour un hôte plus médiocre que je ne le suis déjà par pitié. » Mieux vaut en rire à présent que la question est réglée. Car elle l'est désormais. Du moins j'ose espérer qu'elle n'a plus en tête cette idée ridicule de faire demi tour et de me laisser planté là avec sur la conscience les problèmes que je lui aurait causés.
Sif, elle se demande si elle doit partir, elle se demande s'il la laissera s'en aller ou s'il lui demandera de rester. Elle hésite, elle ne sait pas, la brune, elle ne sait plus. C'était peut-être une bien mauvaise idée que de venir frapper à sa porte. Pourtant, elle a bien réfléchie avant de venir ici, mais pas assez, lui semble-t-il. Elle s'en rend maintenant compte et ça la prend de court, la viking. Jamais elle n'a eu l'intention de le blâmer pour quoi que ce soit, l'indien, bien au contraire. Tout ce qu'elle désirait, l'ancienne pirate, c'est de trouver un refuge, le temps que les ennuis se calment. Maintenant, elle se rend compte que les ennuis, c'est lui qui peut en avoir, alors qu'elle vient s'aventurer chez les siens. Mais depuis quand s'en fait-elle ainsi pour quelqu'un d'autre que sa propre personne ou celle de Tankred ? Ce n'est pas dans ses habitudes... mais elle se rend compte qu'elle a changée, Sif, elle n'est pas tout à fait celle qu'elle était avant. C'est ce même changement qui l'a éloignée de Tankred et de la vie de pirates. Elle évolue, la brune et ce n'est pas pour le pire. Voilà qui semble bien effrayant, soudainement.
Alors qu'elle croit plus sage de s'en aller et de le laisser en paix, la main de l'indien vient saisir son poignet et il la retient. « Partir Sif? Partir vers où? Ne soit pas ridicule. Si tu as pris le risque de venir jusqu'ici pour me trouver c'est que tu n'avais pas d'autres endroits où aller, je me trompe? Et sachant ça tu penses vraiment que je vais te laisser partir seule, en pleine nuit qui plus est, simplement parce que j'ai... Quelques problèmes pour garder mon sang froid après ton annonce. Ne te méprends pas... » Elle est presque soulagée, la Norvégienne, car au fond, elle n'avait pas envie de partir. Et il a raison, Mataku, elle n'a pas d'autres endroits où aller, mais elle aurait trouvée, Sif, elle trouve toujours, elle est maître dans l'art de l'improvisation. « Je sais ce que tu es, et je ne suis pas homme à imaginer une femme trop faible pour s'en sortir sans escorte. Loin de là. Et moins encore une.. Pirate ou peu importe le nom que vous vous donnez entre vous. Mais reste. Je te l'ai dit, je tiendrais parole Sif. » Elle l'observe, l'ancienne pirate, celle qui n'en a jamais vraiment été une. À nouveau, il a totalement raison. Elle n'est pas faible, Sif, elle est loin de l'être, mais face à ce pirate et ceux qui lui obéit comme s'il était un dieu... elle ne ferait pas long feu et elle en a parfaitement conscience. Sinon, elle ne serait pas là, la norvégienne, elle n'aurait pas besoin de lui demander de l'aide... Mais, elle ne veut pas bouleverser sa vie, Sif et maintenant, elle se rend compte que sa seule présence pourrait y parvenir. Elle serait égoïste de rester, non ? Ainsi, elle réfléchie, elle hésite, la femme viking.
« Ne me force pas à te suivre. Puisque tu connais le secret qui dort dans la pièce à coté tu sais qu'il m'en couterait de la laisser seule pour te suivre et veiller qu'il ne t'arrive rien. » Enfin, il se retourne vers elle, affichant un sourire tendre au coin des lèvres. « Tu ne vas pas me forcer à te faire cet odieux chantage tout de même? Reste. Au moins le temps de trouver quelque alternative. Mais je préfère de loin affronter les questions et les réflexion de Selyne que de te savoir dehors, seule, avec un meurtrier ou ses sbires potentiels aux trousses. » Elle secoue légèrement la tête, Sif, l'air exaspéré, avant d'esquisser un sourire. « Reste te dis-je. Et par les Esprits mange, ne me fais pas passer pour un hôte plus médiocre que je ne le suis déjà par pitié. » Elle ne sait pas si ce sont ses paroles ou son sourire qui a raison d'elle ou encore la situation désespérée dans laquelle elle se trouve, mais elle fini par céder, la brune. Elle ne partira pas, Sif, pas ce soir, du moins. Elle ne sait pas s'il oserait réellement la suivre, mais elle ne veut pas courir ce risque, pas après ce qu'il vient de dire.
« Très bien, je reste... Pour cette nuit, au moins. Pour la suite, je verrai... » Ses iris rivés sur le visage du brun, elle vient se mettre à sa hauteur, Sif, affichant un léger sourire, un vrai, cette fois. Puis doucement, elle vient poser sa paume contre la joue de l'homme, dans un geste qui se veut tendre et reconnaissant. « Merci, Mataku. D'autres n'auraient pas tenu cette promesse. D'ailleurs, tu n'étais pas obligé de le faire. Et surtout, arrête de te sentir mal pour ce qui m'arrive. Je l'ai cherchée. » Elle peut comprendre ce sentiment de culpabilité qui l'occupe, mais Mataku, il doit savoir qu'elle sait parfaitement se mettre les pieds dans les plats sans aide, la brune. « Et si ça peut alléger ta conscience, Mataku, ce n'est pas une pirate que tu hébergeras sous le même toit que ta fille, mais une femme, tout simplement. J'ai décidée de laisser la piraterie derrière moi. » À nouveau, elle sourit, la brune. Peut-être que ça n'allégera en rien sa conscience, mais elle peut bien essayer. Il y a encore peu de temps, elle l'était et il le sait très bien, mais désormais, elle laisse cette vie derrière elle. Ce n'est pas une pirate qui se trouve sur la réserve indienne, mais une femme qui n'a nulle part où aller. « Alors personne ici n'est obligé de savoir ce que j'ai été, il n'y a pas encore si longtemps. » Elle n'est l'ennemie de personne ici, Sif et elle n'a jamais été de ces pirates détestant les indiens et désirant leur mort. Elle a toujours valu mieux que ça, la norvégienne. Mataku, il ne risque rien en acceptant de l'héberger, mais ça, elle a l'impression qu'il le sait déjà. Sinon, il aurait accepté de la laisser partir, sans tenter de la convaincre qu'elle ferait mieux de rester. Il sait ce qu'elle est, ce qu'elle a été, mais il sait qu'elle n'est pas une mauvaise personne, sinon il n'accepterait pas qu'elle soit aussi près de Selyne. C'est donc que l'indien, il lui fait suffisamment confiance et cette confiance est partagée, sinon, elle ne serait pas ici, la brune.
U n bref instant je ne crains que mon geste, ou mes mots peut-être, aient pu l’effrayer, la faire changer d’avis à mon sujet tout en confortant son envie de fuir. Qu’elle ait pris tout ceci pour une forme de possessivité qui ne m’a pourtant pas effleuré l’esprit ou qu’elle s’imagine que je fais d’elle une âme en peine à sauver dans une quelconque quête de rédemption que je me serais inventé. Mais elle n’est rien de tout cela. Je n’arrive toujours pas à déterminer ce qu’elle peut bien être d’ailleurs tant mon esprit ne fait que varier à ce sujet. Ainsi c’est avec un grand soulagement que je vois se dessiner un sourire sur ses lèvres laissant présager qu’elle abandonne son idée de disparaitre dans la nuit comme elle était venue. Elle reste, qu’elle dit. Et quand bien même elle prétend que ce ne sera que pour cette nuit, je me surprends à espérer trouver les mots pour la convaincre du contraire demain encore. Tant qu’elle ne sera pas en sécurité, je ne pourrais me résoudre à la laisser filer de nouveau. Et moins encore après ce geste qu’elle esquisse, cette main sur ma joue qui me replonge quelques semaine sen arrière au moment de cet au revoir que je pensais être un adieu.
C ’est en secouant brièvement la tête que j’accueille ses remerciements et sa persistance à croire que rien ne m’obligeait à l’aider de la sorte. Elle a raison dans un sens, rien ne m’y obligeait, sauf ma parole donnée. Quel genre d’exemple donnerais-je à ma fille si je ne respectais pas une promesse pour la simple raison qu’elle fut faite à une inconnue ? Quant au reste, j’étouffe un début de fou rire dans ma barbe, laissant échapper un pouffement mal habille à la simple idée que j’aurais pu la présenter ainsi : une pirate. Allons, ai-je l’air si sot ? « Oh mais je ne comptais pas annoncer ce genre de détails, ne t’en fais pas pour cela. Tu dis avoir laissé ce passé derrière toi, c’est tout à ton honneur et… tu m’en vois le premier ravi... » pour quelles raisons cette précision m’a échappé, je l’ignore, tout comme j’ignore pourquoi j’ai le sentiment d’en penser chaque mot, aussi je reprends rapidement pour.. noyer le poisson si j’ose dire. « Personne n’est obligé de le savoir, tu as entièrement raison. Je pensais simplement te présenter aux éventuels curieux comme une vieille connaissance dans le besoin et à Selyne comme.. et bien la même chose. » C’est probablement elle que nous aurons plus de mal à convaincre tant elle a tendance à se méfier de tout ce qui entre dans cette maison pour peu que ça soit susceptible de porter un jupon. « Il est sans doute difficile d’accorder sa confiance à quelqu’un qu’on a à peine croisé une fois, l’esprit embrumé d’alcool qui plus est.. » nouveau rire contenu et je marque un blanc essayant de me souvenir combien de verres j’avais ingurgité ce soir-là.. avant d’abdiquer. « .. mais tu ne m’as pas donné la moindre raison de douter de toi et tant qu’il en sera ainsi tu seras la bienvenue sous ce toit. Personne n’est parfait en ce monde, Sif, et celui qui se permet de juger un individu sur les erreurs qu’il a commises et non sur ses actes glorieux est un ingrat ce que je me refuse à être. »
E t pour rebondir sur une note plus joyeuse après cette dernière phrase bien trop sérieuse, je me lève tout en l’incitant à s’asseoir enfin et à profiter de ce que j’ai posé sur la table. « En revanche, puisque tu vas rester avec nous, il y a quelques règles que tu dois connaitre. Premièrement, on termine son assiette. Pas que je risquerais de me vexer ou qu’il me vienne à l’idée de te faire culpabiliser pour de la nourriture gaspillée, il n’y a après tout rien ou presque qui ne puisse se resservir le lendemain. Mais je ne voudrais pas devoir expliquer à Selyne que la femme que j’héberge a droit à un traitement de faveur. » Comprendra-t-elle le message ou persistera-elle à ne pas toucher à ce que je lui ai servi ? En attendant qu’elle se décide, je poursuis sur ma lancée. « Ensuite il y a cette étagère-là. La plupart de ces plantes sont inoffensives mais ne va pas les prendre pour quelques aromates exotiques. Si je t’empêche de partir seule en pleine nuit, ce n’est pas pour te retrouver empoisonnée au matin. D’ailleurs à ce propos… voilà peut-être une raison toute trouvée à ta présence ici pour faire taire les curieux. Personne ne s’étonnera que j’ai pu accepter d’apprendre mon art à une étrangère tant Selyne se montre être un esprit libre et se refuse à suivre un chemin tracé. » Oui après tout, c’est une idée comme une autre, et puisqu’elle m’est venue sans même que j’ai à y réfléchir, c’est qu’elle ne doit pas être si mauvaise que cela. « Rien ne te force bien sûr, à te prêter au jeu avec sérieux, je m’en voudrais de t’imposer de retenir l’utilité de telle ou telle racine si tout ceci ne t’intéresse pas le moins du monde. Mais retenir de quoi donner le change ne devrait pas poser trop de problème. Du moins le temps que tu trouves mieux à faire ici. A moins bien sûr que tu n’ais une autre idée, une autre excuse toute trouvée qui pourrait tout à la fois convaincre les curieux et le chat sauvage endormi à côté. » Et voilà que je l’imagine déjà rester parmi nous… qu’est-ce donc qui ne tourne pas rond chez moi ? Là où je devrais voir une étrangère qui pourrait soudain avoir accès à de puissants poisons autant qu’à leurs antidotes, je ne vois qu’une… amie.. en détresse. Amie.. comment puis-je la voir ainsi, elle que je n’ai côtoyé que quelques heures à peine dans l’existence… et dont le sourire m’apaise pourtant comme le ferait celui d’une vieille connaissance.