Son regard est rivé sur cet homme, Sif, elle l'observe avec attention, guettant le moindre de ses gestes. Il lui rappel certains hommes de l'équipage, ceux sans la moindre once de respect pour les femmes, ceux qui n'hésitent pas à poser leurs sales mains sur elles, sans en avoir la permission. Il charme cette jeune femme sans retenue et cette dernière semble de plus en plus mal à l'aise, mais elle n'ose pas bouger. Elle est très belle, mais semble également très jeune. Aux yeux de la pirate, elle n'a pas plus de seize ans. Immobile, assise au bar, une bière à la main, la femme viking ne les quitte pas des yeux. Elle est prête à intervenir, s'il ose aller trop loin. Une bagarre éclate alors entre plusieurs hommes à quelques mètres d'eux et la belle rousse en profite pour s'éclipser à l'extérieur. L'homme trop insistant délaisse à son tour la bagarre des yeux et se calquer dans les pas de l'adolescente. Il n'en faut pas plus à la femme pirate pour retrouver la sortie à son tour et les observer en toute discrétion. « Pas si vite, on avait pas fini de discuter. » La main de l'homme se referme autour du poignet de la rouquine et il la plaque contre un mur, sa main relevant l’ourlet de sa robe avec empressement. Sif, elle ne lui laisse pas le temps d'aller plus loin, la lame de sa dague glisse sous la gorge de l'homme, maintenant une légère pression.
« Enlève tes sales pattes de sur elle, maintenant ! » L'homme hésite et elle exerce davantage de pression sur la lame, lui laissant une légère entaille. Ses mains délaissent alors sa proie. « Pas de mouvement brusque. » Sif, elle recule doucement, l'obligeant à faire de même et d'un signe de la tête, elle fait signe à la jeune femme de s'éloigner. La rousse s'exécute sur le champ, les larmes continuant d'envahir son beau visage. « Maintenant, je vais retirer la lame, tu reste tranquille ou tu aurais à faire à moi. » Tranquillement, elle retire sa dague et recule de plusieurs pas, ses iris sombres toujours posés sur lui. L'homme se retourne enfin vers elle, le regard sombre et haineux. « Sale petite chienne ! » Ses paroles lui semblent remplie de venin, mais Sif, elle n'en a rien à faire. Elle lui jette un dernier regard, avant de regagner son siège, dans la taverne.
Plusieurs minutes s'écoulent, sans incident, alors qu'elle termine son verre. C'est lorsqu'elle s'apprête à franchir la porte de sortie qu'une main se referme sur son poignet et la retourne violemment. Ses yeux croisent alors le regard de cet homme et Sif, elle n'est pas étonnée de le retrouver là. « Tu vas me le payer, petite chienne. » Elle plisse les yeux, le toisant avec cet air de défi qu'on lui connait bien. Elle n'est pas du genre à se laisser faire, bien au contraire, elle est une battante, une guerrière et cet homme ne lui fait pas peur. Sif, elle est plus redoutable que ce que les hommes peuvent s'imaginer, elle manie l'épée avec habileté, mais elle est également agile et elle sait se battre. En l'espace de quelques secondes, elle se retrouve derrière l'homme, son poignet libéré de son emprise. Alors qu'il se retourne vers elle, sourcils froncés se demandant comment elle y est parvenue, elle lui donne un violent coup de poing au visage. L'homme laisse échapper un juron et son visage s'assombrit. C'est à ce moment que commence la véritable bagarre, le femme contre l'homme. Sif, elle se débrouille bien, même si elle est nettement désavantagée par sa petite taille et sa force qui est moindre que celle de l'homme. Elle reçoit quelques coups, elle en donne également et elle reste solide, jusqu'à ce qu'elle en reçoive un plus violent au visage. À ce moment, elle chute et son crâne vient heurter le sol, elle se retrouve alors à sa merci.
Il était à sec. Non mais vraiment à sec. Il avait vidé son stock de rhum il y avait peu de temps. Il ne l'avait pas fait seul. A force d'en donner à ses patients pour les aider à se détendre et à oublier la douleur, il en vidait complètement son stock. La veille il avait eu une nuit particulièrement difficile. Une fois de plus, il avait noyé ses souvenirs dans les bouteilles de rhum qui lui restait. Il s'était levé le lendemain matin, ou plutôt l'après midi même, avec un mal de tête carabiné. Il avait voulu faire comme à son habitude, combattre le mal par le mal mais il s'était retrouvé seul face à ses bouteilles vides.
Après avoir tenté pendant un moment d'émerger, utilisant tout un tas de moyens différents pour se rendre présentable, il avait finalement réussi à se trainer dehors. Il était parti dans un de ses magasins préférés, le seul en fin de compte qui vendait du rhum de bonne qualité. C'était quand même un comble, quand on voyait le penchant qu'ils avaient tous pour cette boisson, de voir qu'il y avait si peu de marchands de rhum de qualité.
Il se faisait tard désormais. Il était temps pour lui de rentrer. Un petit arrêt peut être dans un bar pour boire un verre. Il s'arrêta un instant, jeta un coup d'oeil à la taverne puis à son rhum. L'idée était séduisante mais il préférait s'abstenir. Le bar n'était pas vraiment un endroit recommandable. Il risquait de se retrouver embarquer dans une bagarre ou pire de se faire voler son rhum. Mieux valait qu'il parte.
Il venait à peine de faire quelques pas qu'il entendit des bruits confirmant sa décision. De là où il était il ne voyait pas grand chose, mais vu les bruits il devinait que plusieurs personnes étaient sorties du bar pour se battre. Pitoyable... mais au moins, ils avaient décidé de faire ça à l'extérieur plutôt que de rouler sous les tables, il y avait du progrès. A moins qu'ils ne se soient fait virer et qu'ils n'aient décidés de continuer dehors. C'était certainement plus probable.
Il était entrain de partir, préférant les laisser seul quand il entendit un éclat de voix un peu plus fort et qu'il le reconnut, enfin qu'il reconnut surtout une voix de femme.
Ce n'était plus vraiment la même chose. Il se trompait peut être. Ce n'était peut être pas deux malheureux ivrognes en train de se battre mais un ou plusieurs abrutis s'en prenant à une femme. Il laissa son rhum de côté et se précipita vers la bagarre. Il allait peut être se le faire voler mais il ne pouvait pas laisser une femme se faire brutaliser.
Il les rejoignit rapidement et se figea un instant, le coeur battant la chamade. Ce n'était pas n'importe quelle femme qui se faisait agresser.... c'était Sif.
Elle était allongée sur le sol et ne semblait pas réagir. Un homme, une brute épaisse plutôt, était entrain de s'approcher d'elle. La façon dont il défaisait son pantalon ne laissait planée aucun doute sur ses intentions.
En deux enjambées il fut sur lui, plaçant la lame de son sabre sur sa gorge.
- Je te déconseille de faire un pas de plus l'ami...
Il lui répondit par un grognement et un regard noir. Il était manifestement contrarié à l'idée de ne pouvoir s'amuser comme il l'avait prévu. Il enfonça davantage sa lame, faisant perler une goutte de sang sur le cou de l'homme. Ils s'affrontèrent du regard encore un moment avant que l'homme ne se décide à se rhabiller et à partir, lui promettant de le tuer si jamais il le recroisait. Il n'en doutait pas un instant mais pour le moment il préférait ne pas y penser. Il s'occuperait du problème le jour où il se présenterait.
Il se pencha sur Sif toujours inconsciente et palpa sa tête. Il soupira, soulagé, quand il ne ramena pas de sang sur sa main. Son coup n'avait pas l'air d'avoir grand chose de méchant Elle était uniquement sonnée.
Il passa ses mains sous elle et la prit dans ses bras. Il la porta un peu plus loin et récupéra au passage ses bouteilles de rhum qui miraculeusement étaient encore là. Il chercha un endroit calme et déposa la jeune femme au sol.
Il caressa doucement son visage pour tenter de la réveiller.
Sif, elle a la tête qui tourne, l'esprit embrumé. Elle n'est plus tout à fait là, son esprit tente à sombrer vers l'inconscience. Une voix parvient jusqu'à ses oreilles, lointaine certes, mais elle a l'impression de la reconnaître. Puis elle s'égare alors, les ténèbres l'envahissent et ont raison d'elle. Par malchance, sa tête a heurtée le sol, sans quoi elle aurait pu s'en sortir indemne. La femme viking a déjà vaincu nombreux hommes, mais aujourd'hui n'est pas son jour de chance... Ou peut-être que si, en fait.
« Sif... » Elle ne bouge pas aussitôt, mais cette voix parvient doucement jusqu'à elle et lentement, elle sort de l'inconscience. Elle bat des paupières doucement et ses iris se posent sur le visage d'un homme. Sif, elle ne le reconnait pas aussitôt, mais lorsque sa vision redevient claire, ce sont les traits d'Alistair qui lui apparaissent. Ses pensées toujours légèrement embrouillées, la scène qui s'est déroulée quelques minutes plutôt ne lui vient pas aussitôt à l'esprit. Ses sourcils se froncent légèrement sous le questionnement, alors qu'elle contemple le beau visage du médecin qui caresse toujours celui de la jeune femme. Elle cherche, mais rien ne lui vient à l'esprit, excepté le joli minois d'une adolescente rousse et des larmes qui glissent sur sa peau d'ivoire. Alors, elle cherche plus loin et tout lui revient en tête. Cet homme, la bagarre et ce coup de poing trop puissant qui l'a clouée au sol... C'est la suite qu'elle ignore, ce qui s'est passé entre ce moment et son réveil...
« Ali... Que s'est-il passé ? Je me souviens avoir reçu un coup solide... ensuite, c'est le néant... Et te voilà... » Sa main se dépose sur celle de l'homme, ses yeux ne le quittant pas. Elle ne sait pas ce qui s'est passé, mais en ce moment, elle est heureuse qu'il soit là. Sif, elle n'est pas tout à fait dans ton état normal, elle a la tête qui tourne légèrement et elle se sent vulnérable, sentiment qu'elle déteste, émotion qu'elle ne connait pas vraiment. Sif, elle n'est pas faible, elle n'est pas vulnérable, elle est forte et courageuse. Ça ne devrait pas tarder à le revenir à l'esprit, mais pour l'instant, elle n'est pas entièrement là. Son orgueil n'est pas encore revenu, elle est tout simplement là, la Sif que seul Tankred connait, sans doute plus vulnérable, même. Elle n'a pas encore réalisée que Alistair la retrouvée dans un de ses moments de faiblesse, elle n'a pas encore réalisée qu'il voit la femme fragile en elle. Sinon, elle ne serait pas là, immobile, à le regarder, elle tenterait sans doute de se justifier, de lui montrer qu'elle n'est pas faible, qu'elle n'est pas fragile. Seulement, c'est trop tard, Alistair commence à voir la femme en elle, contrairement aux autres hommes de l'équipage.
Il attendait.... depuis un moment.... un trop long moment... les battements de son coeur commençaient à s'affoler... il se demandait si son cas n'était pas plus sérieux que ce qu'il pensait. Elle ne saignait pas mais peut être que le coup l'avait fait saigné à l'intérieur. Peut être qu'en ce moment même elle était entrain de mourir sous ses yeux alors qu'il la regardait en attendant simplement.
Il se pencha, chercha son pouls qu'il trouva fort et régulier. Non elle allait bien, il lui fallait juste un peu de temps pour se remettre du coup qu'elle avait reçu.
Finalement il put souffler, son coeur ralentit, retrouvant un rythme normal. Elle allait bien. Elle papillonna des yeux, les posant finalement sur lui. Il lui laissa du temps, celui de remettre ses idées en place, de se souvenir d'où elle se trouvait et de comment elle y était arrivé. Le temps pour lui même aussi de calmer cette peur irraisonnée qui l'avait saisie, l'inquiétude qu'il avait ressenti pour elle. Ce n'était rien. Il l'appréciait et c'était tout. Ils avaient passé une brève nuit ensemble mais c'était tout. Une mauvaise idée, un moment de faiblesse qu'il ne regrettait pas mais qu'il préférait oublier. Il l'appréciait, en tant que compagnon de bord mais c'était tout.
« Ali... Que s'est-il passé ? Je me souviens avoir reçu un coup solide... ensuite, c'est le néant... Et te voilà... »
Sa main qui se posa sur la sienne fit repartir son coeur plus rapidement qu'avant. Se rendait-elle seulement compte de ce qu'elle faisait, de ce que le doux contact de sa main sur la sienne faisait remonter comme souvenirs? Savait-elle à quel point son regard ancré dans le sien pouvait le désarmer?
Il recula, son visage, sa main et tout son être pour la regarder calmement. Ce n'était qu'une réaction normale à une solitude devenue bien trop grande. Et il ne devait pas se servir d'elle ainsi, pas comme avec son rhum, le prendre, l'utiliser pour s'oublier, puis le jeter parce qu'il n'en avait plus besoin avant de le reprendre à nouveau. Elle ne méritait pas ça. Elle méritait beaucoup mieux que l'homme brisé et sans vie qu'il était.
- Une brute... un individu de la pire espèce était entrain de s'en prendre à toi. J'ai entendu les bruits de lutte et je suis venu voir. Je suis arrivé à temps, avant qu'il ne...
Il laissa ses mots en suspens, répugnant à les prononcer et à décrire l'acte odieux que s'apprêtait à commettre cet homme. Il ne pouvait même pas l'appeler ainsi. C'était vil et bas et indigne d'un homme que d'agir ainsi.
- Il ne reviendra plus, tu peux être tranquille.
Il se leva et lui tendit la main pour l'aider à se relever. Il prit ensuite sa caisse de rhum et la coinça sous son bras.
- Je vais te raccompagner au navire, ce n'est pas prudent pour toi de te promener seule dans son état.
Le coup qu'elle avait reçu était plutôt violent. Il ne serait pas surpris qu'elle soit encore un peu étourdie. Et dans cet état là, elle était une proie facile pour toutes les brutes de la même trempe que celui qui avait tenté de lui faire du mal. Il ne pouvait pas la laisser rentrer seule ainsi. Elle ne s'en sortirait certainement pas, pas sans avoir fait une autre mauvaise rencontre avant.
« Une brute... un individu de la pire espèce était entrain de s'en prendre à toi. J'ai entendu les bruits de lutte et je suis venu voir. Je suis arrivé à temps, avant qu'il ne... » Avant qu'il ne quoi ? Sif, elle fronce légèrement les sourcils, mais elle ne demande pas à savoir. Elle s'en doute, elle a vu cet homme avec l'adolescente, elle a comprit ses besoins premiers et sa façon de les combler. Cet homme n'est qu'un salopard parmi tant d'autres et il n'a pas intérêt à croiser sa route de nouveau, car la prochaine fois, Sif n'utilisera pas seulement ses poings. Elle s'est montrée trop clémente à son endroit et ça s'est retourné contre elle. Si elle avait utilisée son épée, il ne l'aurait sans doute pas désarmée de la sorte, la viking la sous-estimé, mais la prochaine fois, elle ne se fera pas prendre. « Il ne reviendra plus, tu peux être tranquille. » Elle étire un léger sourire, son regard rivé sur lui. Elle peut être tranquille grâce à lui, parce qu'il s'est retrouvé au bon endroit au bon moment et parce qu'il s'est interposé entre elle et ce salopard. Elle aurait pu passer un sale quart-d'heure sans lui, elle aurait pu être détruite...
Alistair, il se lève et lui tend la main. La brune la saisit et se relève, avec son aide. La tête lui tourne encore et même davantage. Le paysage tangue autour d'elle, le visage de l'homme aussi, mais ça n'a rien d'anormal, elle est encore légèrement sonnée. « Je vais te raccompagner au navire, ce n'est pas prudent pour toi de te promener seule dans son état. » En temps normal, elle dirait que tout vas bien, qu'elle va s'en sortir, à cause de cet orgueil qui lui est bien propre, mais elle n'en est pas encore rendu là. Pour une fois, la jeune femme se montre raisonnable, elle se monstre sage. Elle n'est pas en état de recroiser cet homme ou n'importe quel autre homme aux idées vicieuses. Et Sif, elle aime bien la compagnie d'Alistair, pas à cause de ce qui s'est passé l'autre nuit, mais parce qu'elle l'a toujours apprécié. Parce qu'il n'a rien à voir avec les autres hommes, parce qu'il a de la classe, parce que sa présence est agréable, tout simplement...
« Merci Ali... pour tout ça. » De nouveau, elle étire un léger sourire. Ils se mettent à marcher, à avancer. Sa tête tourne, son crâne est douloureux, mais elle n'en fait pas d'histoire. Ils avancent et dans la pénombre, ses yeux scrutent le visage du pirate. Elle ne regrette pas la nuit qu'ils ont partagée, bien au contraire et elle y a pensée à plusieurs reprises. Pour elle, tout a changé et elle le savait, Sif, sa vision de lui, ce qu'elle éprouve quand elle le regarde. Elle ne peut pas séparer le Alistair d'avant du Alistair qu'elle a découvert, ce soir là. Elle le désire et ça n'avait jamais été aussi claire, avant ça. Ce n'est que purement physique et Sif, elle ne peut pas se permettre de recommencer. Ça ne peut pas devenir une habitude, non, surtout pas.
Elle se secoue la tête, se sortant de ses pensées. Même l'esprit embrumé, elle pense au sexe, parfois elle a l'impression d'être comme un homme, sans doute parce qu'elle passe trop de temps avec eux. « Il a voulu s'en pendre à une adolescente, il l'a suivi à l'extérieur et il l'a coincée contre un mur... l'homme ou le salaud, devrais-je dire. Je suis intervenue et il n'a pas apprécié... J'aurais pu lui donner une bonne correction, si ma tête n'avait pas heurtée le sol... » Voilà, Sif retrouve ses esprits et elle sent le besoin de se justifier. Elle déteste avoir l'air faible, elle a trop d'orgueil, mais pourtant elle dit vrai. Elle sait se battre, elle est moins forte que les hommes, mais elle est beaucoup plus rapide, beaucoup plus agile. Si son crâne n'avait pas rencontré le sol, elle aurait pu s'en tirer, mais ce n'est pas ce qui est arrivé.
Ses lèvres s'étirèrent en un léger sourire tandis qu'ils se mettaient à marcher. Il la regardait du coin de l'oeil, guettant le moment où elle perdrait l'équilibre. Il se tenait prêt à la rattraper pour éviter qu'elle ne tombe. Elle avait reçu un coup violent à la tête et il ne serait pas surpris si c'était le cas. Il voulait dés à présent la prendre dans ses bras pour l'aider à marcher mais il se retenait. Il ne savait pas s'il parviendrait à se retenir s'il la serrait à nouveau dans ses bras. Les souvenirs de la nuit qu'ils avaient présents étaient encore présents à son esprit. Il avait envie d'elle encore. Il y pensait à chaque fois qu'il la voyait sur le bateau. Il l'observait en retrait, essayant de ne pas éveiller les soupçons de l'équipage, mais chaque fois qu'il la voyait, il sentait son coeur s'emballer au souvenir de la nuit qu'ils avaient passés ensemble. C'était mal. Ils avaient fait un erreur, une délicieuse erreur mais qui ne devait pas se reproduire. Ca ne lui ressemblait pas de chercher la compagnie d'une jeune femme uniquement pour les plaisirs de la chair et ce n'était pas bien de recommencer à la voir uniquement pour cette raison. Mais son corps tout entier ne pouvait s'empêcher d'en avoir envie chaque fois qu'il la voyait. Alors s'approcher davantage d'elle, la prendre dans ses bras... cela serait trop dangereux...
« Il a voulu s'en pendre à une adolescente, il l'a suivi à l'extérieur et il l'a coincée contre un mur... l'homme ou le salaud, devrais-je dire. Je suis intervenue et il n'a pas apprécié... J'aurais pu lui donner une bonne correction, si ma tête n'avait pas heurtée le sol... »
Il lui sourit gentiment tandis qu'elle justifiait la position de faiblesse dans laquelle il l'avait trouvé.
- Oh mais je n'en doute pas...
Et c'était la vérité, elle n'avait pas besoin de se justifier ainsi. Il savait qu'elle était forte et largement de taille à se défendre. Mais les circonstances avaient voulu qu'elle prenne ce mauvais coup sur la tête. Une mauvaise habitude chez elle il en avait l'impression. C'était la seconde fois qu'elle se retrouvait ainsi avec une blessure au même endroit. La seconde fois qu'ils se rencontraient et encore une fois elle était blessé ainsi. Drôle de coïncidence...
Il se retourna vers elle et effleura doucement sa tête et l'endroit où elle s'était blessé.
- Il faut croire que cela devient une habitude chez toi... te blesser à la tête pour venir me voir ensuite...
Il retira sa main et la laissa retomber le long de son corps, se rendant compte tout à coup du geste qu'il avait eu et de la proximité que cela avait engendré entre lui et la jeune femme. Il ne fallait pas, ce n'était pas sérieux. La première fois avait été une erreur, il ne fallait pas que cela se reproduise, même s'il en mourrait d'envie...
Il continua de marcher puis ce qu'il redoutait se produisit, elle trébucha et manqua de tomber. Il se précipita sur elle et la rattrapa de son bras libre.
- Tu ferais mieux de me laisser t'aider...
Il passa son bras en travers du dos de la jeune femme, faisant passer le sien par dessus ses propres épaules. Il repartit ensuite, la tenant contre lui pour guider ses pas et la soutenir. C'était encore plus difficile de cesser de penser à elle ainsi. Il pouvait sentir la chaleur de son corps à travers le tissu. Les souvenirs affluaient à nouveau plus fort que jamais, celui de la douceur de sa peau sous ses mains, de sa saveur...
Il espérait vivement qu'ils ne soient plus loin du navire...
Du coin de l’oeil, elle peut voir Alistair sourire, alors qu’elle se justifie bêtement. « Oh mais je n'en doute pas... » Elle l’observe, continuant d’avancer. Durant un instant, elle se demande si ses paroles étaient sarcastiques, mais elle n’en a pas l’impression. Sif est une guerrière, pas seulement une pirate et même si plusieurs remarquent sa valeur, d’autres continuent de dire qu’elle est une femme, qu’elle est fragile et ils doutent de ses capacités. Et même si elle a déjà donnée une bonne raclé à plus d’un homme, certains s’entêtent à croire qu’elle est faible et qu’elle n’a pas sa place à bord du Queen. Ce n’est pas l’opinion de Tankred et ça ne semble pas être l’opinion d’Alistair, non plus. Il ne s’est jamais montré désagréable avec elle, il n’a jamais tenté de l’humilier. À ses yeux, elle ne semble pas être la catin que d’autres entrevoient en elle, alors qu’il a réussie à l’avoir sous ses draps. Il est différent, Alistair et c’est une des raisons pour laquelle elle l’apprécie.
Le beau médecin se retourne vers elle et effleure doucement sa tête, là où elle s’est blessée la dernière fois. « Il faut croire que cela devient une habitude chez toi... te blesser à la tête pour venir me voir ensuite... » Sif, elle sourit, le regardant, alors qu’il laisse tomber son bras le long de son corps. « Oui, j’ai enfin réussie à trouver le moyen de passer un peu de temps, seul à seule avec toi. » Elle lui accorde un clin d’œil, un sourire légèrement moqueur sur les lèvres. Elle plaisante, car bien entendu, ce soir elle ne s’attendait pas à tomber sur lui, dans cette taverne. Et elle ne s’attendait pas à être blessée non plus.
Sur ses paroles, ils se remettent en route et Sif, le pas légèrement chancelant depuis le début, elle finit par trébucher, mais Alistair la retient de justesse, l’empêchant de tomber. « Tu ferais mieux de me laisser t’aider… » Elle a envie de lui dire qu’elle va bien, qu’elle peut marcher sans aide, mais à son air, elle se résigne à le laisser l’aider. Le pirate l’entoure de son bras et elle prend appuie sur lui, continuant d’avancer. Relevant légèrement le visage vers le sien, elle étire un léger sourire. « Merci, Ali. » La brune continue d’avancer au même rythme que lui, mais ses yeux ne se détachant pas de son visage. Elle a envie de lui, le désir ne s'est toujours pas évaporé et d'ailleurs, il ne se dissoudra pas ainsi et elle sait qu'elle ne doit pas laisser ses désirs l'envahir. Ils sont près l'un de l'autre et le but en ce moment n'est absolument pas de créer un rapprochement, mais bien qu'il l'aide à avancer, sans qu'elle trébuche et pourtant, elle ne peut s'empêcher d'y penser. Le désir l'assaille et elle n'y peut tout simplement rien, c'est plus fort qu'elle. La nuit passée ensemble était une erreur, elle le sait et lui aussi, mais malgré tout, elle a l'impression qu'il y pense toujours autant qu'elle. Elle peut le voir dans ses yeux lorsqu'il le croise sur la bateau et une fois encore ce soir. Elle a également l'impression qu'il est mal à l'aise face à elle et qu'il a peur de la toucher, du moins c'est qu'elle a ressentie quelques minutes auparavant.
Ses yeux défilent sur son visage et décidément, il doit se sentir observer car son regard croise le sien. Sif, elle étire un léger sourire. « Ça te dérange si on s'arrête quelques minutes ? » Elle lui pose cette question, mais n'attend pas son accord, elle s'arrête et lui aussi. « Dis-moi, j'hallucine où tu as peur de me toucher ? Je te sens un peu mal à l'aise... » Ses iris sombres sont rivés sur lui, elle l'observe, alors qu'ils sont près l'un de l'autre, Sif ne s'étant pas détachée de lui. Oui, peut-être qu'elle hallucine, mais c'est l'effet qu'il lui fait. Peut-être qu'il regrette davantage cette nuit qu'elle au point où il est mal à l'aise en sa compagnie ? Elle n'en sait rien, mais elle préfère savoir.