Je venais de passer un moment… MAGIQUE ! Aucun autre mot ne me venait à l’esprit. Ce soir, je n’avais pas eu peur de dire à Magnus mes sentiments, mes vrais sentiments. Je lui avais ouvert mon cœur et maintenant, je me sentais libre. La pression qui me pesait depuis des mois dès que mon regard croisait celui d’Edward semblait s’envoler. Durant cette soirée du moins... J’étais maintenant sur le chemin du retour et j’allais devoir tout dire à mon fiancé. J’avais dit à Magnus que je préférais être seule lorsque j’annoncerais la nouvelle. Je ne voulais pas faire plus de mal à Edward que j’allais en faire… Je me sentais terriblement honteuse et je n’avais aucune idée de comment me sortir de cette affaire... Pendant un cours, très cours instant, j’avais songé ne rien lui dire… Laisser les choses se faire puisque de toute manière, nous étions de moins en moins proches... Au fil des semaines, nous aurions pu nous séparer d’un commun accord. Mais j’avais très vite oublié cette idée… Vis-à-vis d’Edward s’était terriblement mal honnête et je ne pouvais infliger une telle situation à Magnus non plus. Il ne désirait déjà pas vraiment que je retrouve Edward seule, mais si en plus, je lui disais que j’allais tout cacher à Edward, il l’aurait sans doute très mal pris. Une chose que j’aurais parfaitement comprise.
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Pendant ce temps, dans la maison de la jeune fermière, tout était calme. Le seul bruit qu’on entendait était le craquement de la charpente de la maison, à cause des bourrasques de vent qui venait frapper violemment le toit. Madame Ashcroft, la mère de Rosasharn se tenait auprès du feu. L’ancienne fermière qui n’avait plus la force de travailler dans les champs lisait un livre tout en se balançant sur un rocking-chair. Tournant les pages de ses veilles mains ridés, elle était plongée dans une histoire de pirates et de trésors. Même si son corps avait vieilli, elle n’avait pas perdu son âme d’aventurière. Elle avait visité de fond en comble l’île de Neverland et aurait aimé aller au-delà des mers, des océans qui les séparaient du reste du monde. C’était elle qui, chaque soir, alors qu’elle était encore toute jeune, racontait de fantastiques histoires à Rosasharn pour qu’elle s’endorme. C’était, à son plus grand désespoir, les seuls et rares moments qu’elle partageait avec sa fille. Rosasharn avait toujours été bien plus proche de son père, pour une raison totalement inexplicable, mais jamais Madame Ashcroft ne lui en avait voulu, ni à lui ni à elle. Ce sont les aléas de la vie. Mais malgré cela, la vieille dame avait aimé sa famille plus que tout au monde. « Rosa ? C’est toi . » Des bruits de pas dans la maison se faisaient entendre, et Madame Ashcroft, qui n’avait perdu presque aucun de ses sens, entendit très distinctement une personne descendre l’escalier qui menait au premier. « Je te croyais au marché, je ne t’ai pas entendu rentrer. » Elle se leva de sa chaise pour se diriger vers l’entrée. Elle fut étonnée de te pas tombé sur sa fille, mais sur une grande rousse. Pendant quelques secondes, elle observa la jeune femme aux traits qui lui semblait familier « Déa ? » Le visage de la vieille femme se crispa, ses sourcils se froncèrent et elle demanda d’un ton non-chaland. « Comment oses-tu revenir ici après tout ce temps ? Tu ne penses pas avoir fait assez de mal à famille comme ça ? » La vieille femme était en train de confondre une sirène avec sa progéniture, mais ne s’en rendit pas compte. « James n’est plus là si c’est lui que tu cherches… Il est décédé il y a des années. Alors vas-t-en ! »
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Respire, respire… Voilà ce que je me répétais sans cesse alors que j’approchais de l’entrée de ma maison… Je commençais à faire une crise d’angoisse à l’idée de tomber sur Edward, de ne pas savoir quoi lui dire et de m’effondrer… Je ne voulais pas rentrer dans la maison et préféra faire un détour par la grande. Je pris un panier avec du lingue a étendre et tomba sur Ephyra qui semblait m'attendre. Son visage était, comme habituellement, hautain, fier mais aussi décontenancé. « Qu’est-ce qu'il se passe ici ? Pourquoi es-tu là Éphyra ? »
Dernière édition par Rosasharn Ashcroft le Jeu 29 Déc 2016 - 22:39, édité 1 fois
Burnt out ends of smoky days the stale cold smell of morning the streetlamp dies, another night is over another day is dawning
Déa ? Elle l’avait à peine remarqué, cette femme, beauté marquée par le temps. Elle aurait pu continuer à ignorer sa présence, quitter la maison sans accorder un regard à la propriétaire des lieux. Il avait suffi d’un mot. D’un prénom. Déa. C’est un regard dénué de toute expression qui toisa la vieille femme. Son visage ne témoignait d’aucune marque de surprise, néanmoins, elle n’en était pas moins troublée. C’était la première fois qu’elle entendait le nom de sa mère dans la bouche d’une humaine. Ephyra n’avait jamais vu sa mère quitter les eaux rassurantes et familières de la mer imaginaire. Sa mère se plaisait dans cet univers, elle chérissait l’océan et ses trésors. Fut pourtant un temps où sa génitrice laissait quotidiennement les reflets dorés de l’eau derrière elle pour s’aventurer chez les humains. Ephyra se savait être le fruit d’une de ces escapades clandestines sur la terre ferme. Elle y pensait avec amertumes. Ses traits se durcirent. De toute évidence, cette femme connaissait sa mère. Souvent, on avait vanté la beauté d’Ephyra, sa ressemblance avec sa mère. Les mêmes nuances rousses venaient faire briller leurs cheveux, les mêmes taches de rousseur constellaient leurs peaux, les mêmes lignes juvéniles dessinaient leurs visages. Qui voyait Déa, voyait sa fille. La confusion de la vieille femme ne devrait pas la surprendre. Le seul défaut qui venait tâcher ce tableau harmonieux, c’était ses yeux. Les prunelles sombres d’Ephyra contrastaient avec les iris verts de sa mère. Les yeux de son père. Des yeux d’humains. Elle les détestait, ces mêmes yeux qui, désormais, dévisageaient la vieille femme avec dureté. Pour une raison qui lui échappait, on la chassait. Tant mieux. Elle n’avait pas l’intention de s’attarder dans la maison du bonheur de Rosasharn. Sans un mot, elle quitta les lieux, l’esprit chargé de questions. D’après les dires de la mère de la fermière, sa mère devait avoir été liée d’une manière ou d’une autre à la famille Ashcroft. Et à un certain James. Ses mots la travaillaient. James. Qui était-il ? Sa mère saurait répondre à ces questions. Au fond, elle-même se doutait déjà de la réponse. Mais elle n’avait pas envie d’y croire. Le sort s’acharnerait-il donc à ponctuer sa vie d’ironies ? Cette journée qui ne devait être qu’une simple visite rendue à Edward marqua la fin d’une énigme.
***
Déa Myotïsee n’était pas connue pour son tact. Ses pensées critiques et criantes de vérités franchissaient ses lèvres sans mise en forme, sans euphémisme. Enfant, cette absence de douceur dans les paroles de sa mère l’avait parfois blessé. Avec le temps, les mots n’avaient plus eu aucun effet sur elle. Ephyra avait appris à user de ce langage sarcastique et dévastateur. Portée par le courant, la sirène rentrait au domicile familial, cette demeure qu’elle partageait avec sa mère. Le silence des profondeurs était propice à la réflexion. James… Ce nom la hantait. Pourquoi ? Ce n’était qu’un humain, mort qui plus est. Tout lui portait à penser que cet inconnu avait été l’une des conquêtes de sa mère. Lorsqu’elle passa le seuil de la porte, Ephyra hésita. Elle n’avait jamais questionné Déa sur l’identité de son père. Elle ne savait rien de lui et elle n’avait jamais rien voulu savoir. C’était un humain. Cela avait suffi pour faire naitre en elle une haine disproportionnée à leur égard. La réaction de la mère de Rosasharn avait suffi à éveiller sa curiosité. Désormais, cette idée l’obsédait. Elle avait besoin de savoir, de mettre un nom sur celui qui était à l’origine de sa mortalité. L’honnêteté massacrante de sa mère allait jouer en sa faveur cette fois.
***
QUELQUES JOURS PLUS TARD Elle pourrait faire semblant, noyer sa rage dans le silence ou l’alcool, le temps d’un instant. Drôle de tour que lui a joué la vie. Devant la ferme des Ashcrofts, le souffle court, les yeux brillants de colère, Ephyra attend, le corps crispé. Cette réaction, elle ne se l’explique pas. N’était-ce donc pas prévisible ? À l’instant même ou la vieille femme avait prononcé le nom de sa mère, Ephyra avait su. Mais elle avait choisi d’ignorer cette vérité, de rester dans le déni l’espace de quelques heures. Désormais, elle sait. Naïvement, elle avait cru que cette découverte l’aiderait à clore un chapitre qu’elle n’avait jamais vraiment commencé : la recherche de soi et de ses origines, ce n’était pas une aventure dans laquelle elle avait voulu se lancer. Mais le destin avait guidé ses pas vers Rosasharn et sa mère, sa curiosité avait pris le dessus et aujourd’hui, elle ne pouvait plus se défaire de la présence de cette immonde petite fermière. Bien sûr, il avait fallu que sa mère s’offre des sauteries à la surface. Bien sûr, il avait fallu qu’elle pousse cette ordure de James Ashcroft à l’adultère.
« Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Pourquoi es-tu là Ephyra ? » La sirène dévisage la blonde qui vient d'arriver. Rosasharn. Il lui avait fallu un regard pour la détester et la jalouser, à l'époque. « Je t'attendais. » Depuis, Ephyra entretient toujours cette même rancune à l'égard de la jeune femme. Pour des raisons qu'elle ne veut pas s'avouer, Rosasharn l'exaspère, l'irrite au plus au point. Aujourd'hui, les voilà liées par le sang. Putain. S'il y avait un Dieu, celui-ci devait clairement se foutre de sa gueule en ce moment même. « J'avais deux mots à te toucher, à propos de ton père. » Son ton est dur, les derniers mots aussi tranchants que des couteaux. Son père. Quel genre de relation on t'il eut ? Avait-il été là pour elle ? Ephyra aimerait ne porter aucun intérêt à ce genre de détails sentimentaux, mais elle est forcée de constater que c'est là les premières questions qui lui viennent à l'esprit. « De toute évidence, ta mère ne lui suffisait pas. Tu le savais .Est-ce qu'on te l'a dit ? » Ephyra s'approche, son ton se fait plus agressif. « Non... toi aussi on ne t'a rien dit... Pourquoi l'aurait-on fait ? » Crache-t-elle. Ses poings refermés sous la colère, ses yeux scrutent avec attention chacune des réactions de la fermière. Bien sûr qu'elle ne sait rien. Surement n'a-t-elle pas la moindre idée d'où elle veut en venir. Au fond, Rosasharn lui ressemble. Elles sont deux, à payer pour les vagabondages de cet homme qu'Ephyra n'a jamais connu. Deux à être resté dans l'ignorance. « On a préféré te faire croire à l'intégrité de ton cher papa n'est-ce pas ? Briser ses voeux de mariages en allant engrosser une sirène ça aurait plutôt fait tâche sur votretableau de la petite famille parfaite. » Ses mots sont durs, criant de vérité. Au fond, démolir cette jolie image que Rosashan a dû se construire dans son esprit est une bien maigre satisfaction pour Ephyra. Animée par la colère, elle a besoin d'un coupable, d'un bouc émissaire sur qui défouler sa rancune.
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Dernière édition par Ephyra Mïotysee le Sam 11 Fév 2017 - 18:46, édité 1 fois
« Je t'attendais. » Mes yeux posés sur la jeune femme rousse, je l’interrogeais du regard. Que pouvait-elle bien faire chez moi et que me voulait-elle ? Même si j’avais beau m’efforcer d’essayer d’être sympathique avec cette sirène, il y avait toujours eu comme une barrière entre nous deux. « J'avais deux mots à te toucher, à propos de ton père. » Mon père ? Intriguée par ce qu’elle venait de dire, je posais mon panier à terre et m’essuyai les mains. Une fois postée devant elle, je mis mes mains sur mes hanches et lui demandai « Qu’est ce que tu veux ? Je t’écoute. » Je n’appréciais pas particulièrement le ton qu’utilisait la demoiselle à la chevelure flamboyante et ne pue pas m’empêcher d’utiliser le même en réponse. De plus, je n’avais pas l’intention de lui accorder beaucoup de temps. Plus vite, elle crachait son venin, plus vite, j’allais avoir la paix. « De toute évidence, ta mère ne lui suffisait pas. Tu le savais .Est-ce qu'on te l'a dit ? » « Je te demande pardon ? » De quoi est-ce qu’elle parlait ? Mon père aurait trompé ma mère ? Foutaise ! Ephyra était là une fois de plus dans le but de me torturer l’esprit. Elle n’avait sans doute rien de mieux à faire… « Va-t-en s’il te plaît ! Tu as apparemment une fois de plus abusé de la bouteille… une fois de plus… Et tu ne sais pas ce que tu dis ! » J’étais polie, mais le ton que j’employais trahissait toute la colère qui commençait à gronder en moi. Je ne pouvais m’abaissais à croire ce qu’il sirène ivrogne racontait devant ma porte, juste dans le but de me faire mal. « Non... Toi aussi, on ne t'a rien dit... Pourquoi l'aurait-on fait ? » Mais à quoi jouait-elle ? Je soufflais en lui tournant le dos, lui faisant signe qu’elle me gênait et qu’elle devait partir. Si seulement cette vipère pouvait aller cracher son venin dans une autre maison. Ou non dans la mer ! Je ne souhaitai à personne de croiser le chemin de cette peste « Je t’ai demandé de partir !… » Je bouillonnais à l’intérieur, pourquoi est-ce qu’elle tournait du pot ? Qu’est-ce qu’il l’amusait tellement ? « On a préféré te faire croire à l'intégrité de ton cher papa n'est-ce pas ? Briser ses voeux de mariages en allant engrosser une sirène ça aurait plutôt fait tâche sur votre tableau de la petite famille parfaite. »
Je me répétais en boucle les mots de la sirène. J’avais mal compris le sens de ses phrases… Ce n’était pas possible… Elle ne parlait pas de mon père, non, elle se trompait, ce n’était pas possible ! « Mais à quoi tu joues ?! Tu fais ça souvent ?! Raconter des mensonges dans les familles pour les détruire par la suite ? Ma pauvre Éphyra tu me fais de la peine ! Ta longue vie de sirène sera bien triste si tu ne trouves pas mieux à faire ! » À chacune de mes phrases, je me rapprochais de la sirène. Les sourcils froncés, les poings serrés, Éphyra parvenaient à me faire sortir de mes gongs comme jamais « Mais tu veux que je te dise ? Tu as gagné ! Edward est à toi, tu l’avais déjà bousillé ma famille quand tu t’es immiscé dans son lit ! Tu n’avais pas besoin d’inventer ce mensonge complètement absurde, il était déjà bien terni le tableau de la petite fille parfaite ! » J’étais maintenant plus qu’à quelque centimètre de son visage, et dans ma colère, cela ne m’étonnerait pas qu’elle ait reçu quelques postillons sur les joues, mais je n’étais pas là pour m’excuser ! « Maintenant déguerpie de mes terres ! Avant que je ne crie aux chasseurs qu’il y a une sirène pas loin… » Je n’avais jamais vraiment eu envie de voir Éphyra se balancer au bout d'un pic, mais voilà que l’idée ne me déplaisait plus vraiment à présent.
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Aucune compassion. Aucune culpabilité. À quoi bon pleurer le coup du sort, s'apitoyer sur un destin farceur ? Dans d'autres circonstances, voir Rosasharn s'énerver de la sorte lui aurait arraché un sourire. Elle sort les griffes, la jolie blonde. La plus douce des roses a donc des épines . Peu importe. Épines ou non, Rosasharn reste une pauvre petite poupée naïve. Trop naïve pour accepter les faits. « Mais à quoi tu joues ?! » Bien sûre, c'est elle, la grande méchante de l'histoire. La sirène avait craché son venin, son abominable vérité, mais de toute évidence, la dureté de ses mots n'avaient pas suffi à ouvrir les yeux de mademoiselle. Ephyra aurait dû s'attendre à cette réaction. Vivre dans le mensonge, bercé d'illusions plaisantes… En voilà une vie confortable. Une vie qu'elle vient d'arracher à Rosasharn. Pourquoi continuer à garder le mensonge ? Pourquoi devrait-elle être la seule à souffrir de ces aveux ? Aurait-elle du porter le fardeau de la vérité en laissant la blonde s'épanouir dans son bonheur superficiel ? Non. Égoïste, la sirène propage son malheur, propage sa haine. Finalement, peut-être est-ce bien elle, la méchante de l'histoire. « Tu fais ça souvent ?! Raconter des mensonges dans les familles pour les détruire par la suite ? » Et ça parle, ça parle… Elle les entend, ses paroles accusatrices, mais elle ne réagit pas. « Ma pauvre Ephyra tu me fais de la peine ! Ta longue vie de sirène sera bien triste si tu ne trouves pas mieux à faire ! » La triste ironie de sa phrase manque de faire naitre un sourire. Longue vie de sirène… Elle parle Rosasharn, mais ses mots sont criants d'ignorance. Elle peut se faire violence, se montrer confiante sous l'emprise de la colère, mais elle ne sait rien. Ni sur sa vie, ni sur celle de la sirène. « Tu ne sais rien sur ma vie, Rosasharn. » Siffle-t-elle sans la quitter des yeux. Elle se rapproche, la blonde. Mais Ephyra ne bouge pas, elle se contente de l'observer d'un regard mauvais. Osera-t-elle en venir aux mains ? Non, bien sûr que non. Qu'importent les circonstances, elle reste cette gentille petite Rosasharn, la fierté de ses très chers parents, surement. La sirène en revanche, en vient à se demander si elle résistera encore longtemps à l'envie d'en coller une à cette idiote impertinente. Il lui suffirait de lever la main pour remettre cette paysanne à sa place. Mais elle ne bouge pas. Elle sait que toute violence est inutile ici. Ces mots avaient d'ores et déjà eu l'effet dévastateur escompté.
C'est tout son petit monde qui est en train de s'écrouler sous ses yeux impuissants. Alors Rosasharn, voir sa petite bulle de bonheur éclater, qu'est-ce que cela fait ? Et elle continue de parler… Pour peu de choses au final. Mensonges et vérités s'entrelacent dans son discours, au point de former une tout autre réalité. Navrant. Presque amusant. Oh, elle peut bien l'accuser de tous les crimes qu'elle veut. Il y a longtemps que ce genre d'accusation ne l'atteigne plus. Qu'elle lui fasse porter tous ses malheurs si elle le souhaite. Ephyra se fiche de devoir endosser ce rôle ou non. Et puis soudain, la fin. Rosasharncesse de proférer ses absurdités, la laissant uniquement avec des menaces peu convaincantes et des perles de salives sur les joues. Des revers de main dégoutés, la sirène les essuies avant d'enchaîner : « Oh, ça, je le sais. Je le sais que tu n'es qu'une petite hypocrite. Je sais bien que tes airs de petite princesse souriante ne sont là que pour cacher une autre vérité. » Un sourire mesquin vint ponctuer ses paroles. « Je trouve ça plutôt amusant, d'ailleurs, te de voir oser mentionner Edward qui lui, croit le ou non, a su te rester fidèle lorsque toi, tu allais voir ailleurs. » Souligne-t-elle en repoussant Rosasharn d'un doigt accusateur planté sur la poitrine. C'est un jeu dangereux auquel elle se risque là, mais Ephyra vient certainement de sortir sa meilleure carte.Elle n'en dit pas plus sur cette histoire-là, elle ose croire que Rosasharn aura la présence d'esprit de comprendre son allusion à ses petites escapades avec son pirate. C'est une grande fille, Rosa, elle saura laisser sa culpabilité la détruire à petit feu. « La vérité te fait trop mal ? Tu préfères vivre dans le mensonge ? Très bien. Ça ne m'étonne pas de toi. Tu es pathétique et… Tellement naïve ! Tu crois que ça me fait plaisir, à moi, de me savoir... souillée de sang humain ?! » Doucement, la sirène cède à son tour à la colère. Son ton, jusque là détaché et dédaigneux, se teinte de rage. Elle la déteste. Elle déteste Rosasharn, elle déteste toute sa maudite famille, elle déteste tout ça. « Le monde ne tourne pas autour de ta petite personne insignifiante, tu penses que je passe mes journées à chercher comment te gâcher la vie ?! » Certes, la sirène avait pris un malin plaisir à s'immiscer dans la vie d'Edward, elle s'était efforcée de retisser des liens d'amitié brisées dans le simple but de l'arracher à Rosasharn. Mais ces enfantillages… C'est trop. « Alors va-y, puisque tu ne me crois pas, pourquoi n'irais-tu pas demander à ta chère maman ? Va lui demander pourquoi elle semble si bien connaitre ma mère, puisque je suis indigne de confiance. » Elle en rit, Ephyra, de cette situation de plus en plus ridicule. Cette dispute est stérile, pour l'une comme pour l'autre.
« Tu ne sais rien sur ma vie, Rosasharn. » Son air si fier, si hautain, je le déteste ! Ses yeux qui me lancent des éclairs, je les hais ! « Et je n’ai absolument aucune envie d’en savoir plus ! » J’ai beau lui demander de partir, la rouquine ne bouge pas d’un pouce, elle ne s’écarte pas, elle ne recule pas, elle me fixe avec son regard mauvais et d’énorme cruauté sortent de sa bouche. La sirène pense réellement que je vais la croire ? Elle dit de telles stupidités qu’il est impossible que ce soit vrai ! Elle crache son venin une fois de plus et ses mensonges ne font que m’énerver. Alors je hausse le ton à mon tour, je la regarde de haut et lui demande de partir. Cette sirène n’a rien à faire chez moi et je ne souhaite qu’une seule chose, qu’elle aille rependre ses calomnies ailleurs !
« Oh, ça, je le sais. Je le sais que tu n'es qu'une petite hypocrite. » Après m’avoir énervé, elle piquait ma curiosité ! Qu’est-ce que la sirène était en train d’insinuer ? Moi ? Une princesse ? Avait-elle vu dans quel état j’étais ? De la boue sur les joues et de la paille dans les cheveux... C’était vraiment l’idée qu’Éphyra se faisait d’une princesse . Certes, je prenais tout au premier degré, mais ses déclarations étaient si absurdes ! « Je trouve ça plutôt amusant, d'ailleurs, te de voir oser mentionner Edward qui lui, croit le ou non, a su te rester fidèle lorsque toi, tu allais voir ailleurs. » Les mots de la sirène me jettent un véritable froid. Je sens alors mes mains se mettre à trembler et je tente, aussi bien que mal, de le cacher en les frottant l’une contre l’autre. Elle sait pour moi et Magnus… Pourtant, je ne devrais pas me mettre dans un tel état… Il ne s’est rien passé entre lui et moi... Juste un baiser, mais je l’ai repoussé ensuite. Cela fait plusieurs semaines que je n’ai pas vu le pirate... Je connais l’aigreur de cette sirène… Elle savait qu’en parlant de Magnus, je perdrais tous mes moyens… Elle savait sans doute que je me sentais déjà coupable, mais elle continuait d’enfoncer le couteau… Si seulement je pouvais la faire taire… « Éphyra… » Grognais-je… « La vérité te fait trop mal ? Tu préfères vivre dans le mensonge ? Très bien. Ça ne m'étonne pas de toi. Tu es pathétique et… Tellement naïve ! Tu crois que ça me fait plaisir, à moi, de me savoir... souillée de sang humain ?! » « Mais qu’est-ce que j’en ai à faire de ta vie Éphyra ?! Je veux seulement que tu me fiches la paix, que tu déguerpisses toi et ton venin ! Tu insinues des choses, mais tu es à dix mille lieux de la vérité !? Tu penses vraiment que j’ai été infidèle à Edward ? Mais où es-tu allé chercher de telle histoire ! Je l’aime et nous allons nous marier, que cela te plaise ou non ! » Dis-je en faisant tourner l’anneau que j’avais autour du doigt. « Il faut croire que cela te rend folle ! Tu n’as juste pas ce que j’ai… Et tu es jalouse ! » Évoquer Magnus ne servait à rien, j’avais été très clair et Éphyra avait sans doute compris qu’entre lui et moi, il ne s’était absolument rien passé ! « Le monde ne tourne pas autour de ta petite personne insignifiante, tu penses que je passe mes journées à chercher comment te gâcher la vie ?! » Le regard noir, soupirant, je lui réponds « Je commence pourtant à croire que tu n’as rien de mieux à faire… » Je m’approche de nouveau d’elle la pointant du doigt « Maintenant, va colporter tes ragots ailleurs et. Laisse. Ma. Famille. Tranquille ! » J’avais articulé chacun de mes mots pour qu’il lui rentre définitivement dans la tête et avais tourné les talons.
« Alors va-y, puisque tu ne me crois pas, pourquoi n'irais-tu pas demander à ta chère maman ? Va lui demander pourquoi elle semble si bien connaitre ma mère, puisque je suis indigne de confiance. » Je m’étais éloigné de quelques pas, mais quand j’entendis ses mots, je m’arrêtai sur-le-champ. Ephyra semblait terriblement sûr d’elle et pour qu’elle le soit à ce point c’était que tout cela était sans doute vrai. Je me retournais alors vers la sirène, pinçant les lèvres avant de courir vers la maison. Une fois à l’intérieur, je claquai la porte au nez de la sirène qui m’avait suivi et m’y adossai, de façon à ce qu’elle ne puisse plus entrer. Je l’entendais, elle était là, derrière, et elle ricanait. « Va-t-en ! Fous-moi la paix ! » Je hurlais à pleins poumons, sentant des larmes commencer à couler le long de mes joues… Les accusations sur mon père étaient graves et c’est tout mon petit monde qui commençait alors à s’écrouler… Ma mère apparut dans l’encadrement de la porte qui menait à la cuisine. « Rosasharn ? » Elle m’avait sans doute entendu crier… Me relevant, j’avançais vers elle le regard implorant. « Est-ce que c’est vrai ?... Papa et … papa et une sirène ? » Les larmes coulaient à flots le long de mes joues, j’étais triste, j’étais en colère, je ne savais pas quoi penser de tout ça… J’ouvris alors violemment la porte, permettant à ma mère de voir Éphyra qui était toujours là. « Dis-moi que cette … » Je me retins alors de ne pas dire de choses trop vulgaires… « …qu’elle n’est pas ma sœur… »
Mon cœur se serrait, j’avais maintenant peur… Peur de ce qui allait sortir de la bouche de ma mère… Mais elle n’avait même pas besoin d’ouvrir la bouche pour me répondre, ses yeux en disaient déjà assez long. Ephyra n’avait pas menti, pour une fois. Nous avions le même père. Sentant que mon corps ne me supportait plus, je me laissais tomber dans l’encadrement du mur. La main sur la bouche, j’essayais de me calmer. Je n’avais jamais été dans un tel état, j’avais mal, j’étais énervée et je n’avais plus aucun repère. Relevant les yeux vers la sirène qui n’avait pas bougé, je lui crachai presque à la figure. « J’espère que tu es fière de toi ! »
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Elle reste muette, la naïade. D'un œil mauvais, Ephyra admire son œuvre. Ses prunelles brunes scrutent les moindres tremblements de la blonde à la recherche d'une nouvelle faille à exploiter. La poupée de porcelaine se fissure lentement devant ses yeux impassibles… Jusqu'à se briser. Elles sont là, les fameuses larmes qu'elle avait voulu lui arracher, preuve ultime d'un mal-être sourd. Pathétique. Elle n'avait même pas eu à lever la main sur elle. De simples paroles avaient suffi. À quoi bon laisser des marques éphémères sur son visage de princesse, lorsqu'elle avait à sa disposition une arme bien plus puissante que ses poings ? Les mots entaillent l'âme, ils empoisonnent les pensées, vous hantent dans vos moments de doute… La sirène assiste en temps réel à leurs effets dévastateurs. Rosasharn a beau hurler, s'évertuer à nier les faits, la vérité s'impose à elle avec une violence insoupçonnée. Et pourtant… Aucun sourire satisfait ne vient étirer les lèvres de la naïade. Au lieu de ça, elle se surprend à, elle aussi, éprouver les effets de cette désagréable réalité. La vie s'amuse, le sort se joue d'elle. Rosasharn… Un vulgaire humain… Cette gueuse… Sa sœur. Cette pensée l’écoeure.
La jeune femme ne s'était jamais posée de questions sur son géniteur. Il n'était une figure lointaine, inexistante, qu'elle avait un instant retrouvée en la personne de Silaën, un des nombreux compagnons de sa mère. Longtemps, son imagination avait comblé les trous du réel. Son père devenait alors un vaillant triton, décédé à la suite d'un combat héroïque avec de vils pirates. Son monde s'était écroulé le jour où la vérité lui avait été dévoilée. Un humain. Cette race infecte vouée à l'extinction. Condamnée à la naissance, leurs vies n'ont aucun sens. Aucune valeur. Mais ils se bernent de chimère, justifient leurs existences à grands coups de traditions, d'inventions, d'histoires et de récit… Elles plaisent à Ephyra, ses illusions. Seulement sa nature à moitié sirène l'empêche d'y adhérer. Pris dans un entre-deux, le meilleur des deux mondes ne parvient jamais à la satisfaire. Elle aurait voulu tellement plus… Désormais, elle doit se contenter d'accepter cette médiocrité que s'obstine à lui offrir le destin. Une médiocrité que Rosasharn incarne parfaitement à ses yeux.
« J’espère que tu es fière de toi! » Si seulement elle était fière d’elle. Se murer dans une jalousie et une mesquinerie sans nom, en voilà une attitude simple et plaisante. Mais ce n’est plus vers Rosasharn que se tournent désormais les pensées venimeuses de la rousse. Doucement, son regard glisse, quitte la blonde pour aller croiser les yeux attristés de la vieille femme qui se tient en retrait. Dans sa colère, Ephyra cherche un nouveau coupable, une nouvelle figure sur lequel cracher son ressentiment. Et soudainement, sa rancœur se transforme, se détache de Rosasharn afin de se concentrer sur un autre visage. Pas celui de la Madame Ashcroft, non. Celui de sa mère. C’est elle, la véritable coupable, c’est elle qui l’a damné en lui imposant cette mortalité. Elle seule est responsable de ce désastre. Ephyra lui en veut. Elle en veut au monde entier en cet instant précis. Rosasharn n’est qu’une victime collatérale de sa rancune massacrante. Immobile, elle observe la mine anéantie de la jeune femme le temps d’un instant. La sirène, elle, ne pleure pas. Elle ne fait pas dans la tristesse. C’est sa colère et sa frustration qui ont guidé ses actions. Désormais, elle n’a plus rien à faire ici. Sans un mot à l’égard de la fermière, la sirène tourne les talons, faisant voler sa chevelure de feu dans son dos. Elle n’a plus rien à ajouter et surtout aucune envie de s’attarder pour discuter. L’heure n’est pas encore à la conversation. Peut-être que ce silence laissera bientôt place au dialogue, mais en attendant, c’est en ressassant encore et toujours ses sentiments vengeurs qu’Ephyra s’éloigne de la ferme des Ashcrofts, abandonnant Rosasharn à cette vérité détestable. FIN