Neverland – Eight years ago « Où vas-tu fils ? » Je me retourne vers mon père, levant mes épaules avec un sourire sur les lèvres : « Je ne sais pas, j’aimerai découvrir ce lieu ! » « Ne t’aventure pas trop loin, nous ignorons tout de cet endroit maudit ! » Un hochement de tête qui se veut rassurant, puis je décampe sans demander mon reste pour aller en direction d’une épaisse forêt. D’après un pirate du navire sur lequel nous sommes apparus, je viens de quitter la crique des Cannibales et je vais vers le Nord-Ouest. Il est étrange de se dire que dans cette île, des créatures inconnues vivent. On m’a parlé de sirènes, de fées… que des mythes et des légendes de là où je viens. Il n’y a que les Valkyries que l’on prend pour des sirènes dangereuses qui survolent les champs de bataille pour s’emparer des âmes valeureuses. Je doute qu’elle vienne jusque ici, c’est un pays inconnu loin de toute réalité comme ils disent. Pourtant, chaque arbre que je touche me semble réel. Le vent qui balaye mon visage également, comme toutes ses odeurs agréables qui me chatouillent les narines. L’inconnu ne me fait pas peur, il m’excite au contraire, car j’ai envie d’en découvrir davantage. Je veux connaître ce monde, les secrets qu’il cache et jouir de tous ses trésors dont il regorge. Père a tort de craindre, de se méfier de l’Imaginaire, car je suis certain qu’il emportera son lot de richesses pour chacun d’entre nous. Nous le serons encore plus qu’au retour d’un raid pourtant fructueux. Ma marche est longue, mais paisible, je suis un sentier dans l’épais bois aux effluves agréables et rencontre quelques animaux. La faune ne change pas de celle que j’ai toujours connue. Il est étrange de penser que mon pays me semble si proche et à la fois si loin dans mes réminiscences. Comme si j’avais vécu certains souvenirs, mais uniquement dans un songe flou, lointain.
La luminosité devient plus forte et je débouche sur une plaine verdoyante avec des fleurs sauvages qui dansent sous la brise matinale. La Norvège est recouverte de neige bien trop souvent, si bien que la nature a peu de temps pour s’émouvoir et se parer de verdures. C’est un changement brutal, mais… plutôt confortable. J’en ai l’esprit chamboulé, en effervescence, mais je n’en perds pas la tête. Je sais que ce pays deviendra prochainement mien en mon sein, je le ferai terre de mon cœur et ainsi, je pourrai dire que je suis chez moi, ici à Neverland. Une épaisse fumée noirâtre fait tache dans le ciel d’azur, elle apparaît par saccade dans une forme étrange à chaque fois. Je fronce des sourcils et prends la direction pour savoir de quoi il en retourne. Un feu de bois ne provoquerait pas des formes de fumées aussi spasmodiques, ce serait continu. Je m’arrête devant une rivière, jugeant de sa profondeur avant de la traverser sans perdre de temps à aller jusqu’au petit pont à plusieurs pas de mon trajet. Seulement, alors que je tourne les mirettes dans ma contemplation perpétuelle du paysage, je remarque une silhouette qui me tourne le dos le long de la rivière, tenant une sorte de lance entre ses mains. Sa couleur de peau est plus sombre, cet étranger à l’allure bien singulière. J’en oublie les fumées noires pour m’approcher de l’homme avec discrétion. Il enfonce la lame dans l’eau et ressort avec un poisson qui frétille au bout. Oh, nous utilisons la même technique pour la pêche sauf que nos armes sont différentes. Le plus intrigant chez cet inconnu, c’est le basané de sa peau. D’où vient-il ? La méfiance noie mon cœur, j’en dégaine ma hache pour aller tuer cette abomination de la nature. Je n’ai jamais connu d’homme comme lui, il doit être une mauvaise chose pour ce pays luxuriant !
Je m’élance vers le jeune homme qui a dû m’entendre venir, car il se défend tout de go à mon attaque. J’ai pourtant été aussi discret que de coutume, voir encore plus. A-t-il des yeux derrière son crâne, invisible ? Ou les Nornes ont murmuré à son oreille mon approche ?! Blasphème ! Comment pourraient-elles s’adresser à cette erreur de la nature, il n’est pas de mon sang, ni de mon pays. « A mort l’étranger ! » Nouvel élan en sa direction, hache en avant et poignard de l’autre main pour l’enfoncer dans son flanc. Mais le jeune garçon est agile, bien plus que je ne le suis et parvient à parer toutes mes attaques. Ma fierté s’enflamme, je n’ai encore jamais été vaincu par un garçon de mon âge, cela ne risque pas d’arriver et surtout pas avec un homme d’une couleur de peau étrangère. Dans mes souvenirs, tous les thraell que nous avons eus n’ont jamais eu la chair aussi sombre alors, qui est-il ? Quel est son rôle à Neverland ? Doit-il vivre ou est-il là pour que je le tue ?!
I was looking for a breath of a life, for a little touch of heavenly light. But all the choirs in my head sang no oh oh oh. To get a dream of life again, a little vision of the start and the end. But all the choirs in my head sang, no oh oh oh
Tankred & Cheyenne
Calme, serein. Ses pieds nus enfoncés dans les eaux fraîches, le liquide froid venant lécher ses chevilles et emplir son corps d’un long frisson. Cheyenne s’est fait totem, parfait élément de la nature. Tout son être a fusionné avec le cours d’eau, son corps droit et massif est planté au beau milieu de la rivière. Pas un souffle de vent, pas un bruit animalier ne le faisait ciller. Seul son regard semblait suivre une forme bien précise, se mouvant dans les eaux avec une agilité inhumaine. Cheyenne savait que la précipitation serait son erreur. Il lui fallait se montrer patient, aux aguets. Et quand le moment propice surviendrait, le jeune homme le saurait.
Brusquement, son harpon improvisé s’enfonça dans la rivière. Un bruit caractéristique du couperet chutant sur la tête du condamné, retentit avec force. Quelques filets rougeâtres vinrent peindre le courant de minces filaments rouges. L’indien soulève l’arme, son butin se tortillant avec ferveur au bout du pique. L’animal s’agite quelques instants mais trépasse rapidement, son pauvre corps affaiblit abandonnant cette lutte inégale. Cheyenne ferma alors les paupières un instant, un seul. Songeant à ce que la nature lui offrait, à lui et à sa tribu.
Un bruit. Le dessous d’une semelle déchirant la rivière. L’urgence, l’éclat, le danger. Cheyenne se jette vers l’avant, exerçant une roulade sur l’épaule comme le lui a appris son père des années auparavant. De cette façon, l’indien est capable de faire face à cet adversaire qui escomptait bien l’assassiner de dos. Ce monstre issu des entrailles même des pires cauchemars des enfants perdus, s’élança à nouveau toutes armes dehors. Dans ses yeux irradiait une lueur de sadisme, la mort habitait chacun de ses gestes. Cheyenne pouvait presque voir son aura, aussi putride que son être, flamboyer tout autre de lui. L’indien souffrait de rencontrer une telle créature. L’île de Neverland ne cesserait donc jamais de le surprendre. L’homme secoua alors la tête et cracha à son adversaire :
- Quelle espèce de porc attaque son ennemi par derrière ?
Cheyenne était un indien et bien qu’il n’ait pas été celui qui suivait le plus à la lettre leurs ancestraux préceptes, il gardait une mentalité digne de chez lui. Communier avec la nature, être équitable, être juste. Le jeune homme se positionna alors, prenant appui sur sa jambe arrière et soulevant bien haut son harpon dont il n’hésiterait pas à se servir comme cette ombre malfaisante. Au-delà de ce regard assassin, sa carrure était imposante pour son âge. Sa peau pâle contrastait avec sa pilosité faciale et ses cheveux coupés d’une bien étrange façon. Cheyenne ignorait totalement à qui ou à quoi il avait affaire. Serait-ce possible qu’un esprit des marais ait pris forme humaine ? L’indien était totalement perdu.
- Crève abomination !
Dans un grand cri de rage, Cheyenne se jeta sur son assaillant. Tel une bête sauvage fondant sur sa proie, le jeune homme fit un bond souple et se rua vers l’inconnu. Tout son corps chuta sur le mystérieux individu et quelque chose le frappa au niveau du torse. Par chance, ce n’était pas une lame ou une pointe. Peut-être le poing de son adversaire ? Ou sa tête ? Cheyenne en eut le souffle coupé mais cela ne l’empêcha pas de faire tomber son ennemi avec lui, l’emmenant dans sa chute. L’indien perdit son harpon dans la manœuvre.
- Qui es-tu ? Un chien de pirate, envoyé ici pour meurtrir notre peuple en paix ?
Cheyenne, dont tout le corps était animé par la haine, fendit l’air de ses poings rageurs. Prenant quelques violents coups au passage, l’indien sentit la douleur envahir son être. Une chose était sûre : cet inconnu avait tout d’un guerrier !
Par souci de facilité, et pour éviter que tu aies à chaque fois à attendre mes actions XD je t'autorise à blesser Cheyenne comme tu le souhaites Mais bien sûr, évite de me couper un bras hein ... XD
Tankred Snørrisón
Beware, I'm starving
ζ Inscris le : 01/08/2015
ζ Messages : 2874
ζ Avatar : Travis Fimmel
ζ Localisation : Oscille entre One-Eyed Willy et Blindman's Bluff
ζ Occupations : Second sur le Poséidon - Ancien maître Charpentier du Queen
ζ Âge : Trente ans
ζ Statut : Célibataire au coeur de pierre
ζ Signes distinctifs : Nombreux tatouages sur le corps et le crâne, bouffe ses mots quand il parle
Neverland – Eight years ago « Quelle espèce de porc attaque son ennemi par derrière ? » Aussi valeureux que nous pouvons l’être, les Vikings ne sont pas célèbres pour leur combat honnête et équitable. Tant qu’on peut avoir le dessus, on fonce dans le tas ans réfléchir ni même offrir à l’adversaire, une once d’équité. Je ne suis donc pas blessé par ses paroles, je suis conscient de l’ignominie de mon geste. Fourbe et vicieux, à l’image du Chaos, Loki. Il serait fier d’avoir un mortel comme moi, si seulement il pouvait nous voir, mais j’ignore si cette terre est à la vue de nos Dieux. « Crève abomination ! » Un sourire étire mes lippes, tandis que je m’enfonce dans le sable au fond de l’eau. L’homme basané s’élance sur moi, arme de pêche en avant et je me prépare à le recevoir comme il se doit. Il préfère le corps à corps, bien alors il va être servi. Mon crâne aussi solide que le roc, comme j’aime le prétendre, s’écrase contre son torse au moment du choc. J’entends sa gorge aspirer de l’air, je peux presque sentir le murmure de la douleur virevolter jusqu’à mes oreilles. Hélas, et ce malgré la force dont je fais preuve, l’inconnu hâlé parvient à nous faire chuter à la renverse. Être trempé est bien le dernier de mes soucis : « Qui es-tu ? Un chien de pirate, envoyé ici pour meurtrir notre peuple en paix ? » La position que nous avons m’incommode, pire, elle détruit mon égo. Je suis en dessous, faible et soumis. D’un coup de coude à son faciès, je roule sur le côté pour pouvoir me redresser sur mes jambes, sortant mon poignard après avoir perdu ma hachette dans la rivière. Mes mirettes cobalt l’observent et il semble toujours en attente d’une réponse. Est-ce qu’il parle durant les batailles chez eux, quelle étrange coutume : « Je suis Tankred, fils de Snørri l’infâme ! Je ne suis pas un pirate, mais un Viking venu d’un peuple ancien. Et toi, créature sombre, qu’es-tu ? Un esclave des profondeurs de l’Helheim ? » La couleur de sa peau est ce qui m’intrigue le plus, car je n’ai pas souvenir d’en avoir déjà vu. Est-ce naturel ? Dans mon peuple, nous sommes tous pâle limite à pouvoir détrôner la mort. Mes paroles semblent avoir levé une trêve de quelques instants entre nous, suffisant pour me faire ramasser ma hachette que je glisse derrière moi. Mes mirettes se lèvent vers les épaisses fumées toujours là, plus grosses que tantôt. Il va me falloir exterminer cette vermine au plus vite pour aller identifier la source de ces nuages étranges. « Parle, que je puisse te tuer ! » Pourtant, je sens qu’il ne va pas être facile à éliminer, car de ce que je viens d’en voir, il s’est défendu avec brio de mes attaques et a même réussi à m’atteindre. Je fronce des sourcils en sentant soudainement une douleur apparaître au niveau de ma lèvre, je passe mon pouce dessus et lorsque je pose mes mirettes, il est recouvert de sang. Je lève les yeux vers l’inconnu, voilà bien longtemps qu’un garçon de mon âge ne m’avait pas blessé.
I was looking for a breath of a life, for a little touch of heavenly light. But all the choirs in my head sang no oh oh oh. To get a dream of life again, a little vision of the start and the end. But all the choirs in my head sang, no oh oh oh
Tankred & Cheyenne
Les indiens avaient des préceptes et un honneur, même lorsqu’ils tuaient une bête sauvage, ils le faisaient avec respect. Hors de question d’abattre son arme encore et encore, de faire des carnages pourpres, de souiller la mémoire d’un être vivant. Cheyenne était donc particulièrement sensible à ce genre de geste. En l’attaquant d’emblée par derrière, l’inconnu venait de s’abaisser au rang misérable d’un pirate. Autrement dit, un être dépourvu de fierté, dépourvu d’honneur et qui ne méritait donc en aucun cas une once de considération. C’est pour cela que le Piccaninny ne se priva pas de l’inonder de noms d’oiseaux, cherchant non seulement à le provoquer mais aussi à lui montrer à quel point il l’exécrait et combien son comportement le répugnait.
Cela n’avait rien d’un beau combat. On n’aurait pas dit deux guerriers mais plutôt deux chiens, luttant pour savoir à qui reviendrait l’os. Alors que Cheyenne était parvenu à faire s’écrouler l’infâme inconnu, celui-ci lui asséna un coup de coude en plein visage qui déstabilisa l’indien. Chutant et reculant, les paumes et les pieds dans l’eau, il retint un juron et s’essuya d’un revers de main les filets de sang qui s’écoulaient de ses narines. S’il fallait reconnaître une qualité à ce démon, c’est qu’il savait se défendre. Mais la curiosité de Cheyenne était piquée au vif, son désir d’en apprendre plus sur l’origine de l’individu le poussa à le questionner.
- Tu n’as pas l’allure d’un pirate. Tes mots n’ont pourtant aucun sens ! Tu dois donc être un fourbe dupé par les plaisirs du rhum ...
L’indien n’y voyait aucune autre explication. Ce Tankred prononçait des mots, des sons que l’indien n’avait jamais entendu nulle part ailleurs. Toutefois, le viking s’essuya la lèvre, épongeant les perles rougeâtres qui s’en épanchaient. Cela fit sourire Cheyenne, il n’était pas guerrier de profession comme pouvaient l’être certains de ses frères de tribu ! Pourtant, il ne vendrait pas sa peau au plus bas prix. Si cette drôle de créature voulait l’envoyer rejoindre les esprits des anciens, alors le Piccaninny se devait de lui apprendre quelques petites choses d’abord.
Tankred avait récupéré sa hachette, profitant de cette brève discussion pour se réarmer. Cheyenne l’avait vu sortir une autre lame, quelques instants plus tôt. Clairement, le viking était mieux équipé que le pêcheur. Qu’à cela ne tienne, l’homme se releva et fixa droit dans les yeux la créature infernale.
- Je suis un indien de la tribu Piccaninny. Et de tes lourds sabots, tu souilles les terres de nos ancêtres. Pour cela, et pour la traitrise qui brille dans tes yeux, je me dois de t’achever.
Dans la paume de sa main, l’indien eut l’idée de dissimuler une poignée de terre humide, formant un petit tas de boue entre ses doigts. Il la jeta droit au visage de Tankred, visant les yeux. Dans un bruit visqueux, le matériau alla se coller à la peau du viking.
- Tu n’es pas d’ici, étranger. Sache que tu n’as aucune chance de survie en ces lieux si tu en ignores tout ...
À ses mots, Cheyenne se jeta à nouveau sur Tankred. Il avait déjà eu un aperçu de la force colossale de l’individu quand son crâne avait heurté le torse du Piccaninny. Pourtant, c’était sa meilleure chance. L’aveugler une seconde pour mieux le dépouiller. D’une main agile, Cheyenne alla capturer la lame du poignard que Tankred avait emmené avec lui. L’acier lécha la peau du viking au niveau du bras, laissant une fine marque et colorant l’eau de quelques nuages rosés.
Neverland – Eight years ago « Je suis un indien de la tribu Piccaninny. Et de tes lourds sabots, tu souilles les terres de nos ancêtres. Pour cela, et pour la traitrise qui brille dans tes yeux, je me dois de t’achever. » Un indien ? Qu’est-ce donc que ce type de peuple ? Sont-ils une sorte de Viking d’un pays chaud, ce qui expliquerait son accoutrement ? Ou une race de personne vivant dans un pays lointain et isolé ? Je suis face à l’inconnu et ça n’est guère plaisant. J’ignore contre quoi je me bats et je ne suis pas à l’aise : j’aime pouvoir me faire une idée de mes adversaires avant de les tuer. Là, je crains de ne pas avoir le dessus et j’effectuerai alors ma première défaite face à une abomination de la nature ! Intolérable ! L’indien me lance une boule de terre glaise au visage au niveau de mes mirettes, m’offrant ainsi de nombreuses secondes dans la cécité totale. « Tu n’es pas d’ici, étranger. Sache que tu n’as aucune chance de survie en ces lieux si tu en ignores tout ... » Mes sens s’éveillent pour l’entendre venir et je pare son attaque comme je le peux, mais je me retrouve avec un sens essentiel en moins, ce qui me bloque sur une bataille équitable, mais surtout, facile. Une vive douleur apparaît au niveau de mon bras, me laissant échapper un grognement. Je fais un bond en arrière, passant ma chemise sur mes yeux afin de retirer les restes de son agression terrestre. Mes mirettes tombent directement sur la balafre qu’il a faite sur mon avant-bras. Je l’incendie du regard, n’appréciant pas qu’on me touche. Je déteste ne pas avoir le dessus et c’est pourtant ce qui se passe avec l’Indien. Mon côté guerrier est honoré d’avoir un adversaire digne. Mais mon égo lui, est assassin et veut sa tête. On s’observe, on se tourne autour sans attaquer. Lui comme moi, attendons peut-être le bon moment. À se jauger ainsi, je peux mieux l’observer et voir comment il se prépare pour attaquer. De ses contractions au niveau de ses mollets à cette moue sur son faciès basané.
Puis sans prévenir, je m’élance contre l’Indien qui se protège avec ma lame. Celle-ci s’enfonce au niveau de ma taille en ressortant, étant trop proche du bord. Je m’accroche à l’homme comme un animal pour aller mordre dans sa nuque et lui arracher un morceau de chair. Je crache celui-ci en sautant vers l’arrière, le laissant s’épancher sur sa blessure. Je prends ma hache pour frapper à diverses reprises, il les pare toutes avec agilité bien que sa blessure à la nuque doit être brûlante de douleur. J’ai encore le goût cuivré de son liquide vital dans la gorge. D’un coup, nos deux armes disparaissent dans la terre meuble de la rivière et nous nous retrouvons désarmés. Cela ne risque pas de m’arrêter et j’ai l’impression que mon adversaire est du même avis. Je frappe un poing au niveau de sa mâchoire, il répond par un uppercut qui m’assomme et me fait tomber à la renverse. L’eau fraîche fait un bien fou sur ma chair ardente. Je crache du sang et une dent, me redressant avec un filet carmin sur le menton. « Tu vas crever l’Indien ! Si tu étais un Viking, tu mériterais le Vahlalla pour ton courage et ta façon d’te battre ! Mais c’est moi qui vaincrai ! » Je profite que son attention est portée sur mes paroles pour lever ma jambe afin de le frapper au niveau du ventre avec force.
I was looking for a breath of a life, for a little touch of heavenly light. But all the choirs in my head sang no oh oh oh. To get a dream of life again, a little vision of the start and the end. But all the choirs in my head sang, no oh oh oh
Tankred & Cheyenne
Cet étranger, il lui rappelait son frère. Pour une raison stupide, pour une raison incohérente. Pourquoi ? La seule explication que Cheyenne parvenait à mettre sur cette sensation, c’était tout simplement car son grand-frère était le seul à s’être jamais battu de la sorte contre lui. Tous ses adversaires finissaient par reculer ou par s’enfuir. Non pas que Cheyenne soit un guerrier aguerri, une bête sauvage ou un monstre en puissance ! Pas du tout. Il n’était pas non plus surpuissant au point de terrifier ses adversaires. Mais Cheyenne avait cette attitude presque bestiale, cette agilité innée qui suintait de son corps lorsqu’il passait au combat. Autrefois, son frère parvenait à l’envoyer valser, à le blesser même. Aujourd’hui, c’était ce viking qui faisait couler son sang. Et l’indien ne l’oublierait pas aussi vite.
Pour l’instant cependant, c’est surtout le liquide pourpre de l’inconnu qui a coulé. Cheyenne l’a blessé à l’avant-bras, pourfendant une zone tendre et musculeuse. Une zone qui saignerait beaucoup. Le Piccaninny avait l’habitude de faire ce genre de choses avec les animaux. Son domaine était le poisson mais comme tout être un tant soit peu indépendant à Neverland, il lui était arrivé de chasser. Soudain, l’assaillant perdit patience et fonça. Cheyenne lui enfonça la lame dans le flanc, ce qui n’empêcha pas le furieux individu d’attaquer sa chair et d’y laisser une marque ruisselante de pourpre et chaude. Ses doigts se portèrent naturellement à sa plaie mais déjà, des coups de hache fendaient l’air. Son corps se tritura avec souplesse pour éviter le tranchant de l’arme et bientôt, Cheyenne et le viking se retrouvèrent désarmés. Leurs lames s’étant rencontrées et étant parties rejoindre la terre humide.
Son poing percuta la mâchoire de Cheyenne qui sentit comme une étincelle dans sa tête. Sous l’impact des phalanges dures de l’individu, sa lèvre inférieure avait craqué et un mince jet de sang avait giclé au visage du viking. Le Piccaninny, qui se devait de répliquer férocement, mit toute sa force dans le coup qu’il porta à son tour à l’ennemi. L’homme chuta, éclaboussant les environs et répandant de l’eau sur les rives. Quelques paroles dénuées de sens franchirent à nouveau ses lèvres mais Cheyenne n’y portait plus le moindre intérêt, il n’avait plus qu’une seule envie : le voir mort. Savoir Neverland débarrassé de cette erreur.
Profitant d’un instant où la haine déconcentra Cheyenne, le viking lui administra un magistral coup de pied dans l’abdomen qui lui fit faire plusieurs pas en arrière. Le Piccaninny sentait ses organes vrombir en lui. Cette fois, l’assaillant avait prouvé sa dangerosité. Le pêcheur n’était pas de taille. Il aurait fallu un guerrier du village pour pouvoir faire face à un tel adversaire. Cheyenne, pour sa part, était peut-être apte à parer les coups et à en donner quelques-uns mais jamais il ne viendrait à bout du viking ! Pas comme ça, en tous cas. Alors, l’indien usa de ruse. Il esquissa un sourire et piqua un sprint vers les armes qu’il emporta avec lui vers la forêt. Tout en s’enfonçant vers les bois, il cria à l’adresse du dangereux individu :
- Si tu as un tant soit peu d’intelligence, je pense que tu prendrais la fuite ...
Cheyenne ralentit une seconde, juste pour être sûr que le viking entendrait sa phrase suivante :
- Mais comme tu es un pauvre idiot, je pense que tu me suivras !
C’était une technique utilisée depuis toujours notamment par les enfants perdus. Attirer son ennemi dans un terrain que l’on maîtrise mieux pour en obtenir les avantages. Cheyenne se hissa à la force des bras sur une branche d’arbre relativement haute. Dès que le viking poserait le pied sous cet arbre ... il ramasserait un corps musculeux sur le coin du crâne et un coup magistral sur la nuque.
Neverland – Eight years ago Je me redresse non sans difficulté de la rivière. J’ai le corps froid et douloureux à divers endroits, j’ai le visage en feu et le sang bouillonnant de rage. Jamais, dans mes maigres souvenirs, je n’ai été face à autant d’affront et de force. Cet indien, aussi étrange soit-il, est à la hauteur de mon peuple. Il ferait partie des meilleurs guerriers et avec quelqu’un de sa trempe dans nos lignes, pour sûr que nos ennemis n’auront aucun espoir. Je m’attends et me tiens prêt à une autre attaque de mon adversaire, mais contre toute attente, le lâche prend la fuite non sans voler mes armes au passage. Quel bougre préfère fuir que de mourir au combat ? C’est un honneur ! J’observe sa silhouette agile s’éloigner, il ralentit et crache des paroles qui m’échauffent l’esprit à nouveau. Moi fuir ? Jamais. « Mais comme tu es un pauvre idiot, je pense que tu me suivras ! » Un sourire dangereux étire mes babines, il pense donc que je suis stupide ? Qu’à la lueur de ma force, rien ne régit mes coups ? Que je suis un crâne vide dénué de réflexion et d’intelligence ? Arrogante créature ! Je mire rapidement la rivière, cherchant une arme qu’il aurait laissée, mais rien, il m’a complètement dépouillé l’animal. Je grogne, peste dans ma barbe et m’élance pour le rejoindre en pistant sa trace. Ses pieds nus ont laissé des traces de pas dans la terre meuble et je les suis docilement, grimaçant par moment sous la douleur des stigmates de notre bataille près de la rivière. Je m’essouffle bien trop rapidement, je suis quasi au bout et si je ne veux pas perdre cette bagarre bêtement, il va falloir puiser. Dieu tout puissant, que Tyr m’accompagne et m’envoie toute sa force guerrière. Qu’Eir soigne tous mes maux, que les Valkyries m’insufflent leur courage et observent ma rixe pour que je rejoigne dignement le Valhalla à mon trépas.
Je m’arrête, posant mes paumes sur mes genoux, penché en avant pour reprendre mon souffle. Les traces de pieds s’arrêtent ici. Où est-il ? Je mire autour de moi, cherchant une silhouette dissimulée dans les buissons ou derrière un arbre. Rien. Je fronce des sourcils. Il ne s’est pas envolé, tout de même. Je grogne, avant de sentir une énorme pression au dessus de mon crâne, je chute d’ailleurs sous l’implosion de mon cerveau qui se comprime, tremble après le coup reçu. Mes prunelles se croisent, mon regard est flou et je sens mon cœur pulser sous la chair de mon crâne endolori. Je vois la silhouette de l’indien se dédoubler devant moi, se tenant fièrement. Je suis complètement à sa merci, assommer par son attaque surprise et inédite, que je m’empresserai d’imiter lors de mes prochains combats, si je survis à cette altercation. Mais j’en doute. Il n’a qu’à se saisir d’une de mes armes pour me tuer. « Vas-y Indien… T’n’as qu’un geste à faire… » Je suis condamné, ma vision reste trouble et sa silhouette continue de se dédoubler à tel point que j’ignore lequel des deux attaquer. Celui de gauche ou de droite ? Surtout qu’il semble prendre un malin plaisir à inter changé leur place. « Mourir d’ta main s’ra un honneur ! » Je ne tente même plus d’essayer de me redresser, le laissant s’approcher pour faire ce qu’il doit. Pourtant, dans un dernier élan, ma jambe s’allonge quand il est tout prêt et balaye le sol pour le coucher à terre. Mon premier coup échoue et rencontre la terre, pourquoi n’arrête-t-il pas de bouger ?! Mon second rencontre sa mâchoire, le troisième aussi. « Jamais un Viking n’ploiera ! » Je me redresse, retombe sur mes genoux puis me relève et j’essaye d’attraper mon arme qui bouge, ou bien est-ce moi. Pourtant quand je suis au-dessous prêt à le pourfendre, je lui crache dessus. « T’mérite pas ça ! » Trop d’honneur, trop de respect pour ses qualités de guerriers. Je lève le drapeau blanc.
I was looking for a breath of a life, for a little touch of heavenly light. But all the choirs in my head sang no oh oh oh. To get a dream of life again, a little vision of the start and the end. But all the choirs in my head sang, no oh oh oh
Tankred & Cheyenne
Tirer profit du terrain familier, une leçon que tout indien digne de ce nom a apprise étant encore tout petit. C’est précisément comme cela qu’ils parvenaient à chasser des proies plus grosses, plus féroces, plus dangereuses. Cheyenne n’était pas un traqueur, pas un chasseur non plus. S’il en avait été un, sans doute aurait-il pu réellement tirer un avantage mortel de cette situation. Cependant, le pêcheur qu’il était se contenta de retourner la situation et de s’imposer. Le Piccaninny se jeta alors de son poids, chutant littéralement sur sa cible. Celui-ci ramassa un sale coup au crâne, du genre qui désoriente et qui fait chanter des petits oisillons dans le fin fond de l’esprit. Cheyenne tomba lui aussi mais exécuta une roulade sur l’épaule pour se redresser un peu plus loin.
Bizarrement, l’ennemi lui intima presque de l’achever. Quel drôle d’individu, personnage haut-en-couleur et si imprévisible. Cheyenne ne comprenait pas cette envie presque féroce de trépasser ! C’était absurde, tout simplement. L’indien avait appris que la mort n’était qu’un énième cycle dans le renouveau de la vie. Cependant, il connaissait aussi la valeur de la vie et ne souhaitait pas rejoindre les esprits avant que son heure ne soit venue. Et clairement, le temps n’était arrivé ni pour l’un ni pour l’autre. Tous deux ayant encore la jeunesse irradiant dans leurs pupilles dopées à l’adrénaline.
Cheyenne réalisa brusquement que s’il tuait réellement cette bizarrerie de la nature, il s’agirait de son premier combat à mort. Certes, le Piccaninny avait déjà emporté la vie de nombreuses créatures animales telles que des lapins, des faisans ou des sangliers. Mais jamais son arme n’avait porté le coup fatal à un être humain. Et c’est peut-être cela qui le déstabilisa, Cheyenne ressentit une douleur vive dans la mâchoire et entendit de loin le viking lui crier qu’il ne ploierait pas. Un deuxième coup. Brutal, assommant. Le Piccaninny recula d’un pas, sentant sa tête tourner comme lorsqu’il s’amusait à tournoyer sur lui-même étant enfant ! Sauf que cette fois, c’était en plus très douloureux.
En un instant, le viking s’était redressé et avait récupéré une arme. Il aurait pu tenter une nouvelle attaque, relancer le combat mais au lieu de cela, il lâcha une phrase qui prit Cheyene par surprise. Il ne méritait pas quoi ? Cette mort si fière dont le viking ne cessait de se vanter ? Le Piccaninny profita que son adversaire lui ait laissé une seconde pour exécuter un petit retrait vers l’arrière, se mettant hors de portée de l’ennemi. Son regard, accroché à la carcasse du viking, tentait de le comprendre. Chose qu’il ne parviendrait pas à faire car les deux êtres réfléchissaient de façon diamétralement opposée.
- Je ne te comprends pas, étranger. Mais tu es plus que valeureux au combat. De telles compétence sont gâchées si tu les retournes contre les indiens !
Cheyenne fronça les sourcils. Cet homme-là était clairement une menace pour les Piccaninny ! Comment laisser les enfants jouer aux abords du camp quand un tel individu rôdait dans le coin ? Inooké se devait d’en informer les guerriers. Il ne serait alors plus responsable de ce qu’il se passerait entre indiens et vikings ...
- Ce combat fut mémorable. Je te déconseille fortement de rester sur les terres des indiens, retourne auprès des tiens et cesse de menacer les miens ...
L’indien lui tourna le dos et se mit à courir dans la direction opposée, prêt à rejoindre son village et à alerter les Piccaninny d’une menace voisine. Tout en s’éloignant, il cria :
- J’espère fortement que nos chemins ne se recroiseront plus jamais !
Neverland – Eight years ago L’indien se redresse et recule pour s’éloigner de mon arme, mais je ne compte pas le tuer aujourd’hui. Au final, je n’ai rien à lui reproché excepté la surprise qu’il m’a faite par la découverte de sa race. Des Indiens. Je vais devoir m’informer auprès des autres pour savoir ce qu’ils sont et pourquoi sont-ils ici. Ont-ils un rôle essentiel sur Neverland ? « Je ne te comprends pas, étranger. Mais tu es plus que valeureux au combat. De telles compétences sont gâchées si tu les retournes contre les Indiens ! » Mes lippes s’étirent, hochant de la tête en direction de l’indien qui se dédouble toujours devant mes mirettes : mes idées ne sont pas encore remises en place par ce coup qu’il a porté contre ma tête peu avant. « Ce combat fut mémorable. Je te déconseille fortement de rester sur les terres des Indiens, retourne auprès des tiens et cesse de menacer les miens ... » L’indien se retourne prêt à partir et je fronce des sourcils à la suite de ces propos. Il est vrai que ce combat est un des meilleurs que j’ai faits durant toute mon existence. J’insiste sur le fait qu’il ferait un guerrier redoutable chez les Vikings. J’observe sa silhouette s’éloigner, puis il crie une nouvelle fois en espérant que nos chemins ne se recroisent plus. « J’y compte bien l’Indien ! » J’ignore s’il a entendu mes paroles, toujours est-il que je ne souhaite pas de nouveau frôler la mort. Les nornes ont de beaux projets pour moi et je ne veux pas jouer l’orgueilleux en me pavanant devant Hel sans qu’elle ne puisse m’attraper. Je range ma hache au niveau de ma ceinture avant de rebrousser chemin pour plonger la tête complète dans l’eau fraîche de la rivière. Je fouille la glaise pour retrouver mon poignard et je le glisse dans ma botte, à sa place. Ma vision commence à revenir, les arbres ne se dédoublent plus, mais par contre, j’ai un mal horrible à l’intérieur du crâne. Merci l’Indien. Je me souviendrai de notre rencontre, c’est certain. Je finis par revenir sur mes premiers pas, de là où je suis arrivé pour regagner Blindman’s Bluff, à plusieurs jours de marche. Je ne veux pas m’aventurer dans le coin, vu la menace discrète de Cheyenne Inooké, fils du peuple Piccaninny.