« La plus stupide des bêtises peut devenir la plus éblouissante des opportunités »
Je ne sais pas ce qui m'a prit ce matin quand je me suis dis que j'allais aller au port pour apporter deux trois choses à William. Ah si, je me suis dis que je croiserais sûrement Graham et que cela pourrait être bien de le voir, vu que j'ai envie de le voir tout le temps et que dernièrement on ne s'est pas beaucoup vu ... Oui, je sais, je suis stupide et naïve, je fais très midinette qui veut voir son amoureux. Hum, je disais donc je ne sais pas ce qui m'a prit. D'ordinaire je suis plutôt sage, je reste à la maison à m'occuper de la petite, je vais faire deux trois courses, je fais des bijoux et deux fois par semaines je pousse jusqu'au marché de Blindman's Bluff pour tenir mon stand. J'ai une petite vie bien réglée depuis que je suis installée chez William (enfin depuis qu'il m'a acheté). Mais ma rencontre avec Graham a eu vite fait de chambouler tout ça. Des sentiments sont nés dans mon petit cœur pour cet homme qui parait si dur, si froids. Moi je sais bien qu'il n'est pas mauvais, il ne peut pas l'être autant qu'il le prétends, je vois dans ses yeux, dans son regard, un fond de tendresse et de bonté qui ne demande qu'à percer cette carapace. Depuis que je l'ai rencontré, je fais tout pour le voir, même des choses stupides comme aujourd'hui. Je sais bien que je n'aurais pas dû venir ici seule, ce n'est pas un lieu pour une femme qui se veut respectable. Même si je suis quelque peu fascinée par le comportement de ses pirates bourrus et grossiers, il se pourrait que je finisse ma matinée dans la soute d'un bateau si je ne fais pas attention.
William avait oublié son chapeau à la maison, ce qui d'ordinaire n'arrive jamais parce qu'il ne sort jamais sans, alors pour éviter qu'il ne soit contrarié à son retour, j'ai décidé de le lui amener sur son bateau avec une bouteille de rhum et des gâteaux pour lui et le reste de l'équipage. Ils m'aiment bien ces pirates, ceux qui ont le bateau avec William, enfin, je crois qu'ils m'aiment bien, à chaque fois que je les vois ils sont tout souriants, comme si j'étais quelqu'un de spécial. C'est peut-être juste parce qu'ils ne veulent pas contrarier mon maître, mais bon, en tout cas moi je trouve ça mignon, du coup je leur amène des pâtisseries dès que je peux. Ils vont bientôt partir en mer, dans l'après-midi normalement, et ils devraient y rester quelques temps, peut-être deux semaines, alors deux semaines sans son chapeau, non vraiment, il n'aurait pas pu, et je n'aurais pas pu le supporter en rentrant alors autant me forcer un peu et aller le lui amener. Au final, je ne sais pas vraiment si j'ai bien fait, enfin si, je sais que j'ai bien fait parce que j'ai bien vu que juste ses quelques heures à se rendre compte qu'il l'avait oublié et à ne pas pouvoir aller le chercher, il est déjà devenu insupportable. C'est limite si les autres ne m'ont pas acclamés et portés dans leurs bras quand ils m'ont vus monter à bord avec le chapeau dans les mains.
Bon pour le chapeau il était content, mais pour les gâteaux et le rhum, il m'a un peu envoyé sur les roses en me sortant que je n'étais pas sa mère ou sa femme et que je n'avais pas à le materner comme ça. Du coup j'ai laissé tout ça par terre dans un coin et je suis partie aussi vite que j'étais venue. Non mais quel toupet, je me met en quatre pour lui faire plaisir et Monsieur n'est jamais satisfait ! Vivement que j'ai assez d'argent pour racheter ma liberté (ou que je me marie) ! Qu'il aille au diable, la prochaine fois il le fera lui même le trajet pour récupérer son précieux chapeau ! On dirait que ce malheureux bout de tissus troué est plus précieux que sa propre fille des fois, elle qui ne désire que le connaitre, il ne l'a même pas embrassé avant de partir, pauvre enfant. Une fois de nouveau sur le pont je fulmine tellement que j'avance tête baissée pour rentrer à la maison et faire quelque chose pour me calmer. Je ne regarde pas vraiment où je vais, je suis plongée dans mes pensées, et du coup je ne remarque même pas Graham qui s'approche de moi, ni même le trou dans les planches dans lequel je met le pied de bon cœur. Je perds mon équilibre, un comble pour une Yiji réputée, et je m'écroule sur quelqu'un qui passait par là, enfin pour moi c'est quelqu'un qui passait par là, parce que si j'avais été attentive, j'aurais vu que c'était Graham, la seule personne sur qui j'aurais voulu tomber plus ou moins volontairement. " Aie. Je suis vraiment désolé de vous être tombée dessus, je ne regardais pas où j'allais, pardonnez moi. " J'essaye de me relever comme je peux, mais j'ai l'impression que je me suis fait mal, je n'arrive pas à m'appuyer convenablement sur le pied qui est passé à travers le ponton.
Alors que le bateau arrivait vers le ponton de la ville, Graham soupira, de bien être. Il venait de passer plusieurs jours en mer, et il en avait un peu par dessus la tête. Ils avaient attaqué quelques bateaux, ramassé pas mal de butins et s'étaient battus pas mal de fois. Ils avaient gagné, comme toujours, car le navire du capitaine crochet était de loin le meilleur, mais pour une fois, Graham n'en était pas sorti indeme. Rien de bien méchant évidemment, mais il avait eu une jolie entaille à la jambe droite. Il avait été recousu par le doc mais la douleur le lançait toujours. Un peu de rhum allait sûrement lui faire du bien, et le calmer, mais pour cela, il devrait aller en acheter, ayant épuisé tout son stock.
Alors que ses compagnons d'équipage se dispersaient tous, Graham se dirigea vers la rue commerçante afin d'aller trouver une boutique pour se ravitailler. Il croisa beaucoup de monde, si bien qu'il devait slalomer entre les passants. Mais cette méthode accentuait la douleur qu'il ressentait et le rendait de plus en plus de mauvaise humeur. Il se mit à insulter un peu les passant, bousculant les demoiselles qui faisaient leur shopping un peu trop lentement à son gout, et continua son ascension.
Un peu plus loin, il aperçut un visage qu'il connaissait bien, et au vus de la moue qu'elle faisait, elle devait être en colère. Il sourit légèrement, se demandant pourquoi elle râlait cette fois ci, puisque pour une fois, ce n'était pas sur lui. Il avait l'intention d'aller à sa rencontre mais en quelques secondes, il la vit trébucher, son pieds s’étant coincé dans une planche un peu abimée. Graham eu juste un peu le temps d'accélérer le pas afin de tenter de la rattraper mais il tomba lui aussi, la douleur de sa jambe l'ayant empêché de tenir debout. C'était un comble quand même, vouloir aider quelqu'un et au final, tomber avec elle. Il la senti essayer de se relever mais son pieds semblait toujours pris au piège par cette planche. Son corps exerçant une pression sur la plaie de sa jambe, Graham sentit tout à coup que son pantalon devenait humide, et en un coup d'oeil, il vit que du sang rejoignait le sol par petites gouttes.
Starseed
Spoiler:
J'espère que ma réponse te plaie sinon n'hésite pas !! :D
« La plus stupide des bêtises peut devenir la plus éblouissante des opportunités »
Oh mon dieu, faites que cela ne ce soit pas réellement produit, je suis tombée sur Graham, littéralement. Je suis verte de honte, enfin plutôt rouge cramoisie. En plus je n'arrive pas à me relever, quelle potiche ! Bien sur au début, je n'avais pas remarqué que c'était lui, mais maintenant que j'ai regardé le visage de mon coussin vivant et que j'ai pu constater que c'est l'homme pour lequel mon cœur balance depuis quelques temps, je ne peux m'empêcher d'avoir honte. J'essaye tant bien que mal de retrouver un peu mes appuis pour après extraire mon pied du ponton. Comme je suis quelque peu affalée sur Graham, je me rends compte que nos deux corps sont entrés en contact, ce contact que j'attendais depuis si longtemps, et voilà qu'il arrive dans ce genre de circonstances, non vraiment, je suis un vrai boulet, peut-être que William a raison finalement, je ne suis bonne à rien. Je n'ose même plus le regarder, alors que bon, d'ordinaire, je ne demande qu'à le voir pour pouvoir essayer de briser cette carapace si envahissante.
J'arrive enfin à sortir mon pied de la planche de bois cassée, je la masse légèrement, elle ne semble pas endommagée, enfin rien de bien grave, j'ai des éraflures, probablement une ou deux échardes et une belle coupure, mais rien de bien alarmant, je survivrais. On va dire que les coups de battons que je recevais régulièrement dans mon ancienne maison à Hong Kong étaient autrement plus douloureux. J'allais me relever pour aider Graham à se mettre debout lorsque je vis sa jambe et son pantalon se colorant d'un rouge vif. Mon dieu, je suis tellement gourde que je l'ai blessé en plus. Je ne sais pas comment j'ai fait, mais c'est sur, c'est ma faute. " Seigneur Graham, tu saignes ! Viens, je vais t'aider. " Je l'aide comme je peux à se relever et à s'éloigner de la foule. Dans un coin un peu moins fréquenté, je trouve un tonneau pour qu'il puisse s'asseoir. Je profite du fait qu'il reprenne un peu ses esprits pour soulever la jambe de son pantalon et regarder l'étendue des dégâts. Lorsque je vis les points, je fus quelque peu soulagée, déjà je n'étais pas réellement à l'origine de cette vilaine blessure. Hélas, je n'avais rien fait pour arranger les choses puisque quelques points avaient sautés et je pense que notre chute n'y était pas pour rien.
Les choses étaient claires, il lui fallait voir un médecin, et vite sinon il allait continuer à se vider de son sang de la sorte. Maintenant la difficulté était là, je connais les pirates maintenant, je sais comment ils sont, et je ne pense pas qu'il acceptera de se laisser trainer chez un médecin aussi facilement. Il me sortira probablement qu'une lichette de rhum fera l'affaire. Ces hommes alors, ils croient vraiment que l'alcool peut tout résoudre. " Graham, c'est assez sérieux, il te faut voir un médecin ... " C'est pas comme ça que tu vas le convaincre ma grande, allez, un peu de nerf, c'est l'homme que tu aimes après tout, te ne dois pas le laisser comme ça, même si c'est ce qu'il veut. " Et ne me dit pas non, tu sais que j'ai raison, il te faut de nouveaux points et seul un médecin peut te les faire ! " Voilà, un peu d'autorité, un peu de cran, après tout, je ne suis plus la docile et mignonne HuaLing, non, je suis une esclave, et il me faut apprendre à vivre dans ce monde de brute alors un peu de caractère ne serait pas malvenu.
Il avait été plus que surpris par son geste, bien qu'il savait qu'elle en était tout à fait capable. Cela faisait bien longtemps que Graham n'avait pas accepté qu'une femme pose ainsi ses mains sur lui, prenne le contrôle de son corps pour l'amener dans un endroit plus éloigné. Trop longtemps peut-être, si bien qu'il ne savait pas vraiment quoi faire. La plaie de sa jambe semblait un peu grosse mais la douleur était supportable. En tant que pirate, il en avait vu des vertes et des pas mures, et des plus douloureuses. Non pas que ça ne lui fasse du bien mais ce n'était pas dramatique. Beaucoup moins que ce qu'avait l'air de penser Hualing qui s'occupait de lui à merveille. Elle l'avait amené jusqu'à un tonneau où elle lui fit comprendre qu'il devait y poser ses fesses, et commencer à écarter le tissu de sa jambe pour apercevoir la plaie. Elle avait eu l'air soulagée, peut-être qu'elle s'attendait à pire, ou bien même avait elle cru que c'était à cause d'elle qu'il avait une plaie pareille. ça aurait bien été son genre. Graham sourit dans son coin, pendant qu'elle avait les yeux rivés sur sa blessure. Mais la tête commençait légèrement à lui tourner, et il ne voulait pas l'admettre, mais il avait un léger mal au coeur.
" Graham, c'est assez sérieux, il te faut voir un médecin ... "
Il n'aimait pas les médecins, toujours à faire la moral parce que la piraterie c'est une gaminerie qui n'apporte que des problèmes selon eux. Il ne voulait pas aller en voir un, surtout qu'il n'avait pas de quoi le payer. Il avait sûrement, mais ne voulait pas le dépenser à autre chose que son plaisir. Il s'était toujours guérri seul et jusque là ça avait très bien marché.
" Et ne me dit pas non, tu sais que j'ai raison, il te faut de nouveaux points et seul un médecin peut te les faire ! "
Oh. Il écarquilla les yeux, ne s'attendant pas du tout à ce qu'elle prenne un air d'autorité avec lui, un pirate. Elle avait du cran, la vie l'avait endurcie et elle savait l'utiliser quand il le fallait. Graham était devenu pirate, et tout le monde sait que les pirates ne sont pas les doués pour prendre les bonnes décisions. Sur ce coup il ferait peut-être bien de l'écouter, et de la laisser l'amener voir un médecin. - Bon... Alors si je n'ai pas le choix... Amène moi voir un doc, femme !
Elle semblait tellement inquiète que Graham voulait la faire rire, afin qu'elle se détende un peu. Même si c'était flatteur de savoir que c'était pour lui, il n'aimait pas trop voir son visage tourmenté comme elle l'avait souvent. Il essaya de se relever mais manqua de perdre l'équilibre et de partir en arrière. Il se retint comme il put au tonneau sur lequel il avait été assis et secoua la tête pour reprendre un peu ses esprits. Oui, il était temps qu'il aille voir un médecin.
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Je doute qu'il m'écoute, après tout je commence à le connaitre, il n'aime pas les médecins et il n'aime pas que quelqu'un d'autre que lui s'occupe de ses problèmes. Mais cette fois-ci il va devoir se faire une raison, je l'emmène chez le médecin un point c'est tout. Je suis même prête à payer les frais médicaux si il faut, c'est pas parce que je suis esclave que je ne possède rien, je gagne mon argent avec ma vente de bijoux. Bon bien sur, cet argent que je gagne, je le donne à William pour racheter petit à petit ma liberté, mais je suis libre de lui en donner un peu moins cette fois-ci et d'aider un ami, enfin un ami ... L'homme dont je suis tombée amoureuse et que je compte bien faire changer d'avis un jour sur ma personne. Je sais qu'il a un passé assez lourd, avec la mort de sa femme tout ça, je trouve ça touchant qu'il ne veuille plus avoir de contact sentimental avec une femme, c'est clairement pour se protéger et je trouve ça émouvant parce que j'ai rarement vu un homme tel que lui. Mais passons, je ne vais pas détailler tout ce qui fait que je l'aime, ce n'est pas le moment, on pourrait y rester un moment (même si lui il dit qu'il ne le mérite pas et qu'il n'a pas toutes ses qualités que je lui attribue).
Je suis un peu surprise de sa réponse, cela me fait rire de l'entendre m'appeler femme, c'est typiquement le genre de chose qu'il ne fait jamais avec moi et dans sa bouche ça détonne quelque peu. Je sais qu'il a dit ça pour détendre un peu l’atmosphère, que je me détende, et visiblement ça marche. Je rougis un peu de cette attention, petit à petit j'ai l'impression que je gagne ma place dans son cœur et j'en suis toute retournée. Mes efforts ne sont pas vains, un jour, peut-être que je pourrais espérer conquérir totalement son amour et vivre cet idylle dont je rêve tant. Le rire fut cependant de courte durée quand je le vis basculer en arrière. Il ne tient plus debout, cela devient quelque peu critique, le temps presse, il lui faut vraiment un médecin. Je ne sais pas depuis combien de temps il a cette blessure, mais il a peut-être perdu trop de sang, ou alors cela pourrait s'infecter, non vraiment, il faut se hâter. Je me précipite pour l'aider à se rasseoir correctement, il ne manquerait plus qu'il tombe et se fasse encore plus mal. " Oh mon dieu Graham, est-ce que ça va ? Tu te sens bien ? " Sans vraiment attendre sa réponse, je vois bien qu'il est plus pâle qu'à l'ordinaire, il va faire un malaise si on ne se hâte pas. J'espère que ce n'est pas trop grave, je ne veux pas le perdre si bêtement.
Je l'aide à se relever, je passe son bras autour de mes épaules pour le soutenir le temps d'arriver chez le médecin. " Viens, je vais t'aider, je connais un médecin qui a son cabinet pas loin. " Mon bras autour de sa taille, je me surprend à rougir encore une fois, je crois bien n'avoir jamais été aussi proche de lui. Il m'a l'air musclé sous sa chemise, mes pensées vagabondes et quand je m'en rend compte, je rougis encore plus. On avance lentement mais sûrement, je connais ce médecin, je l'ai déjà consulté pour la fille de William et aussi pour William et pour moi ... Bon, on est des abonnés quoi, et il est top, on sent qu'il sait ce qu'il fait et je l'ai toujours trouvé très doux avec la petite, c'est une qualité à mes yeux. Sur le trajet, je me surprend à l'observer, je regarde son visage, ce visage qui hante mes nuits depuis quelque temps maintenant, même tout pâle il reste beau, c'est fou. Je n'aurais jamais espéré un jour être aussi proche de lui, physiquement parlant, dommage que ce soit dans de si mauvaises circonstances. J'essaye de faire de mon mieux pour le soutenir et qu'il ne s'appuie pas trop sur sa jambe blessée, mais il est pas tout léger, tous ces muscles, ça pèse. Je pense que demain, j'aurais de belles courbatures. On approche du cabinet, je le vois, bon on a faillit se prendre deux trois fois des passants, mais dans l'ensemble, le trajet c'est plutôt bien passé.
Il n'avait plus trop les idées claires, au fur et à mesure des minutes qui défilaient et du sang qui sortait de sa plaie. Graham savait que cette fois ci, il était plus mal en point qu'il ne l'avait été, qu'il devait faire quelque chose. La tête lui tournait de plus en plus et la voix de Hualing avait l'air de se faire de plus en plus lointaine. Il savait qu'il avait de la chance qu'elle s'occupe comme ça de lui, et surtout il se dit qu'il devait l'apprécier plus qu'il ne le pensait pour la laisser faire de cette façon. Après tout, rares étaient les femmes qui pouvaient se vanter de pouvoir l'approcher comme ça. Depuis la mort de sa femme, il ne s'autorisait plus vraiment à vivre correctement, et privilégiait une vie de débauche et d'alcool. C'était là son moyen de se replier dans ce qu'il pouvait à peu près contrôler et non ce qui lui faisait peur. La seule idée de lâcher prise et de laisser quelqu'un s'occuper lui l'effrayait, mais à cet instant, c'était une question qu'il ne se posait même pas, bien trop fatigué, et à l'ouest pour penser.
Ses pas étaient de plus en plus lents, et Graham se dit qu'il devait peut-être commencer à être lourd pour les petits bras de la demoiselle qui le portait. Un poids comme le siens devait déjà bien peser, mais alors un poids complètement relâché, ce devait être encore pire. Il essaya tant bien que mal de se redresser pour l'aider un peu mais c'était difficile, la douleur se réveillait à chacun de ses pas et le faisait esquisser une grimace. Il aurait adoré avoir une bonne bouteille de rhum pour aider à faire passer tout ça, et en même temps, sombrer dans un long sommeil, mais il savait qu'elle ne le laisserait sans doute pas faire.
- Tas pas du rhum?
Après tout, il pouvait tenter, avec un peu de chance, ils passeraient devant une taverne et elle s'y arrêterait un instant pour lui en acheter une. Alors qu'ils continuaient leur ascension dans les rues de la ville, Graham traine le pieds et ne sentit pas une marche. Il manqua un instant de tomber, et d'entrainer dans sa chute Hualing mais se rattrapa finalement en posant une main sur le sol devant lui. Décidément, le chemin jusqu'à ce fameux médecin serait plus rude que prévu.
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Petit à petit, je vois que Graham se fait plus lent, notre progression en ville se fait pénible, il pèse de plus en plus sur mes épaules. Je serre les dents pour supporter son poids, j'ai comme l'impression que si je craque, si je lâche prise, je risque de le perdre pour de bon, comme si il allait disparaitre là à l'instant où j'aurais baissé les bras. En regardant autour de moi, je reconnais les environs, on est pas très loin de notre destination. Le simple fait de m'en rendre compte me redonne des forces. Je sais que je peux le faire, je peux le conduire en sécurité dans le cabinet de ce médecin. Je sens que ses forces le quittent à mesure que son sang quitte son corps par la plaie qu'il a à la jambe. Je ne sais pas trop quoi faire de plus pour l'aider, je le soutient déjà de mes petits bras. Je sens sa tête se rapprocher de la mienne de temps en temps, j'espère juste qu'il ne va pas tomber dans les pommes. Ce contact physique est relativement nouveau et me chamboule un peu, c'est sûrement ce petit nuage tout doux et tout blanc qui veut poindre dans mon cœur qui me donne des forces pour avancer.
En l'entendant me demander du rhum je fus d'abord choquée, qu'il pense à se boire un verre en un tel instant. Au bord de la mort les pirates veulent-ils tous une dernière rasade d'alcool ? Et puis tout à coup je me souvient de ma dispute de tout à l'heure avec William et son rhum, son satané rhum, j'aurais du lui lancer à la figure tient, cela m'aurait bien soulagé sur le coup. Mais je sais très bien que si je commence à râler et à me plaindre, j'aurais pris une sacrée avoinée dans la tête pas plus tard que quelques minutes après, ou le cas échéant, à son retour à la maison. Tout ça parce que j'ai voulu lui rendre service en lui apportant son très cher chapeau qu'il n'oublie normalement jamais et dont il ne peut pas se passer. Du coup, manque de bol pour Graham, mais ma colère remonte et c'est un peu sur lui que je la déverse, pauvre substitut. " C'est ça oui bien sur, j'en ai toujours sur moi, ça se sait je suis une alcolo notoire ! Mais il s'avère que oui j'en ai, j'en ai amené à William et j'en ai prit trop, mais non je ne t'en donnerais pas à moins que tu veuille que je te vide la bouteille sur la jambe pour te réveiller ! "
Je crois que j'y suis peut-être allé un peu fort, il faut dire que je gardais ça en moi depuis trop longtemps, ce n'est pas la première fois que William me réprimande injustement et que j'essaye de réprimer mon mécontentement. C'est fou comme cet endroit, ce nouveau monde, ce nouveau mode de vie m'a fait changé. Auparavant j'encaissais toutes les accusations, tous les coup bas, tous les coups tout court. Aujourd'hui les coups je peux encore les encaisser aisément mais psychologiquement je suis plus instable, ma carapace semble avoir peu à peu craquée, je suis devenue susceptible. " Désolé ... Euh ... C'est William, il m'a mise en colère tout à l'heure, je ne voulais pas te crier dessus. " Je ne sais pas comment il va le prendre, j'espère qu'il ne m'en voudra pas et si c'est le cas au moins que ça le fera sourire et que ça le réveillera. " Le médecin est juste là allez, tient bon tu es bientôt sauvé. " Je l'aide encore quelques mètres, une fois devant la porte je peine un peu à le soutenir et à ouvrir en même temps mais nous parvenons finalement à arriver à notre objectif. En nous voyant, le médecin se précipite, on a de la chance il n'a pas de patient. Tandis qu'il m'aide à allonger Graham pour l'examiner, je me retrouve complètement inutile. Tout ce que j'arrive à faire c'est me tenir à côté de lui , ma main sur son bras. Je n'ose pas le lâcher, je sais que ce qui va suivre risque d'être douloureux, mais je ne veux pas fuir, pas maintenant, ce serait trop bête.
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Spoiler:
Désolé, c'est pas super, mais je suis pas arrivé à faire mieux T-T
Sa douleur lui faisait perdre la raison, et réveillait son envie de tout oublier à cet instant. Mais malgré ça, malgré le fait qu'il avait demandé, à peu près poliment, ou du moins, sans être vulgaire, elle avait refusé. Elle s'était montrée ferme, et ne scilla pas. Elle avait l'air de savoir ce qu'elle voulait, et ne comptait pas céder. Graham la regarda un instant, surpris d'autant d'assurance, mais se radoucit. A cet instant, elle était celle qui avait la plus grande maturité, et savait ce qu'il était bon de faire ou non. Si elle lui avait dit non, peut-être qu'elle avait raison, et qu'il ne devait pas se laisser tenter. Il était déjà bien faible, si en plus il buvait, il ne serait peut-être plus bon à rien faire. Alors il était prêt à l'écouter, et à lui laisser diriger les choses. Après tout, c'était elle qui le supportait pour l'amener se faire soigner, rien que pour ça, il lui serait reconnaissant et devait se montrer obéissant.
Il vit qu'elle semblait tourmentée, son visage un peu plus crispé que d'habitude. Et en quelques secondes, elle se radoucit, et lui expliqua la situation. Elle en bavait avec sa situation, mais elle était forte et ne montrait rien aux autres. Graham admirait ce côté là chez elle. Elle avait mal, et elle, n'avait pas besoin d'alcool pour que ça aille mieux, que la douleur s'évapore. Il se demandait ce qu'il ressentirait s'il pouvait faire la même chose. Il aurait sans doute une toute autre vie.
" Le médecin est juste là allez, tient bon tu es bientôt sauvé. "
Sauvé? Il n'allait quand même pas mourir? Quoi que la plaie qu'il avait était vraiment vilaine, et une infection pouvait vraiment être fatale. Après quelques efforts de la demoiselle, il se retrouva allongé sur la table du médecin, qui, à son visage, montrait que ce qu'il voyait était moche. Il tourna la tête et vit que Hualing était restée là, la main posée sur son bras à attendre que le médecin commence son travail. Graham fut soulagé, il n'aurait pas aimé se retrouver seul à cet instant. Il ne l'expliquait pas mais sa présence était apaisante, et lui faisait en quelque sorte, oublier le reste.
Reste là... Au cas où je meurs, il faut que tu sois là pour profiter de tes derniers instants avec moi.
Il savait que ce qu'il venait de dire ne lui plairait sans doute pas, mais il voulait tourner un peu la situation à la dérision, pour ne pas laisser ce moment les stresser tous les deux. Sans qu'il ne s'en aperçoive, le médecin écarta un peu la plaie pour regarder s'il y avait des traces d'infection à l'intérieure. Un pic de douleur le surprit et il se mit à hurler en serrant les dents. Et quelques secondes plus tard, c'est du liquide semblable à de l'alcool, qui lui fit l'effet d'une bombe.
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A voir la tête que le médecin fit en découvrant la plaie à la jambe, tout mon optimisme manqua de s'échapper, je ne pensais pas que c'était si mauvais que ça. Certes il a perdu beaucoup de sang, mais à ce que j'avais vu tout à l'heure il avait reçu des soins en mer au moment de l'accident, du coup je pensais que la personne qui lui a posé ces points avait bien fait les choses. Visiblement ce n'était pas le cas, en tout cas cela ne convient pas à ce médecin là. Cela m'inquiète beaucoup, je ne sais pas quoi faire, je reste plantée là comme une idiote, la main sur son bras. Je regarde le médecin s'affairer, un peu paniquée. J'aimerais pouvoir aider mais je ne suis pas médecin, je n'ai pas de notions dans ce domaines, à par faire un garrot quand il le faut. Je regarde Graham et je le vois encore plus livide que tout à l'heure. La peur me prend au ventre et les larmes me montent aux yeux. Je n'ai pas envie de le voir partir, je ne veux pas le perdre, pas maintenant. Je commence tout juste à percer sa carapace et à me rapprocher de lui, mes sentiments n'ont jamais été aussi forts.
Une larme coula le long de ma joue, oui je pleure et j'ai peur que Graham trouve ça pathétique, mais après tout je m'en moque, déjà parce que je suis incapable de m'arrêter maintenant que cela a commencé, et ensuite parce que c'est à cause de lui si je me fais du soucis et que je pleure alors voilà, nah. Et maintenant, monsieur ne trouve d'autre idée que de faire de l'humour, et de l'humour assez noir, pas de mon goût, enfin, c'est vrai que j'ai pas pu réprimer un petit sourire sur le coup, mais tout de même, parler de dernier instants, c'est exagéré, je ne supporterais pas de le voir mourir, pas si tôt, pas maintenant qu'il me voit, qu'il me remarque enfin. " Dit pas de bêtises ! Tu vas t'en sortir, c'est juste une petite égratignure. " Je m'essaye moi aussi à l'humour, voir si cela peut détendre l'atmosphère, même si on sait tous que c'est pas un petit bobo. Mais tout à coup, alors que je suis en train de me perdre dans son regard, Graham se met à crier de douleur. La panique me gagne de nouveau, cela me torture de le voir dans cet état là, je n'aime pas le voir souffrir et ce cri me brise le cœur. Je me sens de nouveau impuissante, j'aimerais pouvoir apaiser ses souffrances, mais je ne peux rien faire, je me déteste d'être aussi inutile.
La seule chose dont je suis capable en le voyant aussi mal est de lui tenir la main. Ma petite main dans la sienne, je la lui serre pour lui montrer que je suis là, pour qu'il sache qu'il peut compter sur moi, que si il a besoin de me la serrer lui aussi pour affronter la douleur, alors il n'a pas à se retenir. Je veux être là pour lui, autant que possible, et j'aimerais qu'il le sache. Mais je ne peux pas le lui dire comme ça, je ne pourrais jamais, je suis trop pudique pour ça, et puis je ne suis même pas sure qu'il m'écouterait. Le médecin versa de l'alcool dans la plaie et la douleur revient hanter le visage de l'homme que j'aime. Moi qui plaisantais tout à l'heure avec le fait de lui verser du rhum sur la jambe, je n'imaginais pas que le médecin le face lui-même cinq minutes après. Du coin de l’œil je le vis attraper quelques ustensiles, il me semble que Graham n'a pas fini d'en baver, il doit vouloir s'assurer que tout va bien la dessous avec de refermer. Je ramène alors la main de Graham vers moi, la saisissant des deux miennes. " Graham, regarde moi, ça va aller d'accord ? Tu vas t'en sortir, le docteur va t'arranger ça et tu va ressortir comme si rien ne s'était passé. Maintenant serre moi la main, ça va faire encore un peu mal. " Je dois avoir une de ces têtes, avec les larmes séchées sur mes joues, un peu de pitié et d'appréhension mêlés à une immense inquiétude de le perdre. Je ne suis clairement pas à mon avantage, mais au moins il ne pourra pas éviter mes sentiments, ils crèvent les yeux.
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Spoiler:
Non du tout c'était pas toi !!! ^^ C'était un manque de motivation et d'inspiration général xD
Le temps lui semblait long, terriblement long, si bien qu'il avait l'impression qu'il s'était arrêté. Graham n'avait jamais pensé ressentir un jour une douleur pareille, et il ne l'avait jamais ressenti avec ses années de piraterie. Il en avait connu des bavures, des jambes amochées, des bras aussi, mais jamais il n'avait connu de moment aussi horrible. Il avait un peu l'impression d'être une fillette mais l'infection qu'il avait était bien trop grande pour qu'il prenne sur lui. Alors qu'il sentait l'alcool qui lui transperçait le corps, d'une brulure intense, il se perdit dans le plafond. L'espace d'un espace il ferma les yeux, essayant d'oublier un peu tout ce qu'il y avait autour de lui, imaginant être dans un mauvais rêve. Malheureusement pour lui, tout ce qu'il vivait en ce moment même n'était pas un rêve, et ce médecin qui lui triturait la peau était bel et bien là. Mais dans cette pièce, il croisa le regard de Hualing. Il ne savait pas pourquoi mais il la remerciait d'être là, à ses côtés, et de veiller sur lui. Plus d'une femme aurait fait demi-tour, et aurait sans doute fuit, en le laissant là, sur cette table d'opération. Mais elle était restée, et s'acharnait à essayer de le rassurer. Elle ramenait un peu de calme et d'apaisement dans la situation, que Graham adorait ressentir à cet instant. Il savait qu'il avait du lui faire un peu de mal avec son humour noir, la jeune femme n'étant pas très fan, mais il ne voulait pas qu'elle soit trop stressé, et ce par sa faute. Mais une chose lui échappait. Et il ne l'expliquait pas. Elle avait les joues mouillées, et il pouvait apercevoir une fine trace, signe d'une larme qui avait coulé. Pourquoi? Elle pleurait par sa faute? Ou bien pour lui? Tout homme aurait souhaité qu'une femme comme elle pleure pour lui, mais Graham ne pouvait se résoudre à le faire. Elle ne pouvait pas perdre son temps à aimer un homme comme lui, et c'était d'ailleurs impossible. Qui pouvait aimer un pirate? Il plongea ses yeux dans les siens, alors qu'elle lui expliqua qu'il allait une nouvelle fois devoir affronter la douleur. Et elle avait raison. Elle fut fulgurante, et c'était comme si son corps était pris de milliers de décharges. Il serra les dents pour ne pas casser les oreilles du médecin et de Hualing, mais il n'y arriva qu'un instant. Hurlant de douleur, il serra la main qu'elle avait posé dans la sienne, essayant tout de même de ne pas lui faire mal. Il avait l'impression de brûler de l'intérieur, et son corps devint de plus en plus trempé, par la sueur. Il devait sentir le bouc à cet instant, mais c'était loin d'être sa préoccupation principale. Il ne savait pas trop ce que le médecin faisait sur sa jambe, mais il sentait les outils qui touchaient peu à peu sa peau, le faisant sursauter à chaque contact.