Ce n'est pas notre seule et unique rencontre, plus j'apprends à la connaître, plus elle me fait penser à ma fiancée décédée et cela me trouble chaque fois qu'elle pose les yeux sur moi. J'ai beau faire comme si rien n'était, mais elle doit bien voir cette lueur d'affection dans mes yeux que je ne peux contrôler. Je ne sais pas tout d'elle et elle ne sait pas tout de moi, c'est peut-être mieux ainsi... Pour le moment.
Là au beau milieu de la végétation et de ces arbres, elle est magnifique... Je l’ai invitée à faire un tour en forêt, cet endroit que j’aime tant, mon espace, ma vie. Devant nous, une mère cerf et son petit mangent des bourgeons et les feuillages. Mais... je m’en fou un peu, car, j’observe ses longs cheveux noirs, sa silhouette délicate. Je pourrais la regarder pendant des lunes.
Je m’avance vers elle d’un pas subtil et délicat pour ensuite approcher mes lèvres à son oreille et lui murmurer :
-ils sont magnifiques n’est-ce pas ?
Un sourire naissant sur mes lèvres, je ne veux pas lui gâcher ce spectacle en les faisant fuirent et en même temps c’est un prétexte pour me rapprocher d’elle, je ne devrais peut-être pas, mais que dois-je faire ? M’abstenir, je sais...
Je pose une main dans son dos et la pousse doucement vers les deux animaux qui d'habitude seraient nerveux de nous voir, mais ils sont pourtant là et ils nous observent sans bouger. Leurs oreilles bien droites et leurs yeux noirs qui s'agrandissent en nous voyant nous approcher. Le petit est moins nerveux, il est moins conscient du danger, mais semble soudain ressentir la nervosité de sa mère.... Dommage, il disparaît dans la forêt pour l'attendre plus loin. Difficile d'apprivoiser un animal aussi nerveux, un des plus nerveux sur cette terre.
« La vie met parfois sur votre chemin de drôles de rencontres »
Cela ne fait pas tant de temps que ça que je connais Mingan, mais je l'apprécie déjà beaucoup. Je suis comme différente avec lui, je me sens écoutée, il à l'air de vouloir à tout prix mon bonheur, comme si il prenait soin de moi. Je n'ai pas l'habitude, d'être considérée de la sorte. Je ne sais pas vraiment pourquoi il me porte tant d'attention et cela me gêne un peu, je suis toute intimidée, j'ai l'impression de me revoir lors de mon premier rendez-vous avec un homme, au début de ma carrière de Yiji, je ne savais pas où me mettre et là encore se sens mon cœur se serrer, je me fais toute timide, je perds toute ma confiance en moi. Il y a quelques jours, il m'a invité à faire une petite balade dans la forêt. Je ne suis jamais très rassurée d'aller en forêt comme ça parce que j'ai déjà eu des mésaventures, mais je sais qu'il sera là à mes côtés et que c'est son milieu alors j'essaye de me rassurer.
Non loin de nous, une biche et son petit picorent dans les fourrés. Ce tableau si pur, si sauvage me charme au premier coup d’œil. C'est la première fois que je me retrouve confronté à ce genre de situation, depuis mon arrivée j'ai eu relativement peu de périodes de calme et de douceur, j'en ai plutôt bavé, il faut l'avouer. J'ai changé de vie et j'aimerais que ces moments, ces petites pépites d'instants que je peux vivre dans cet endroit fabuleux, soient plus fréquents, cela contrasterait vraiment avec ma vie d'avant, je pourrais enfin me dire "ah ouais j'ai vraiment changé de vie, c'est réel !". Mais je pense que pour l'instant, je dois être patiente. Je sens Mingan se pencher sur moi doucement et me murmurer à l'oreille. Je sens sa sincérité dans sa voie, il parait ému, je trouve ça mignon. C'est vrai que la splendeur de ce spectacle me fige un peu, j'aimerais que ce moment ne finisse pas. Il me pousse doucement vers eux, à notre approche ils se retournent pour nous scruter. J'ai entendu dire que ce sont des animaux très craintifs, qu'il est très compliqué de les approcher et moi je me trouve là à seulement quelques mètre d'une mère et son enfant. On se regarde, j'ai l'impression qu'ils sont aussi figés que moi, ils ne savent pas vraiment quoi faire, tout comme moi.
Hélas la magie ne fut que de courte durée puisque la mère prit enfin peur et le petit faon ne tarda pas à la rejoindre. Tant pis, j'aurais sûrement le droit à d'autres instants comme celui là un autre jour, après tout c'est un endroit si fabuleux ce pays. " Dommage, j'aurais bien aimé pouvoir les regarder encore un peu. Leur pelage à l'air si doux, ça donne envie de les caresser. "Je me retourne vers Mingan pour lui sourire, j'espère qu'il n'est pas trop déçu que sa surprise improvisée se soit fait la malle. J'avance vers le petit coin de verdure dépourvu d'arbre où se tenaient les animaux juste avant, cela fait comme une toute petite clairière baignée de soleil, c'est très beau. " Regarde ! Tu connaissais cet endroit ? C'est tout simplement charmant, ce serait parfait pour un repas à même le sol, tu ne trouve pas ? " Après quelques fois où nous nous sommes croisés, nous avons convenus que le vouvoiement n'était plus nécessaire. J'ai du mal à m'y faire encore, mais petit à petit cela ira certainement mieux.
Hualing semble être une personne timide et réserver, elle est calme et parfois j’ai l’impression de remarquer cette lueur de soulagement dans ses yeux... Comme si le fait de vivre ce genre de situation l’apaisait. Je suis très instinctif et sensible aux émotions des gens. Un sourire se forme sur mes lèvres lorsque je la vois observer ce spectacle devant elle. La mère cerf nous observe et son enfant alors que, nous approchons d’eux un peu plus près. Le petit prend peur et s’enfuit dans le sous-bois, mais la mère reste là et nous observe fixement. Je contemple le spectacle et pour moi voir le petit fuir c’est beau... Pourquoi ? Parce qu’il a déjà son instinct, il sent que laisser approcher un humain n’est pas normal. La mère ? Elle se rassure et écoute si nous sommes le seul obstacle à contourner avant de prendre peur à son tour et finalement fuir pour rejoindre son petit. Ce ne sont pas des animaux stupides, ils savent lorsqu’on les chasses ou s’ils n’ont rien à craindre... Bref, elle serait partie tout de suite en nous voyant si elle avait senti du danger, cependant, craintif de nature, le chevreuil ne reste pas toujours longtemps sur place avec des intrus à moins d'être apprivoiser. La nature sauvage est parsemée de trésor et de beauté et moi je suis toujours aussi fasciné de voir un animal.
« Dommage, j’aurais bien aimé pouvoir les regarder encore un peu. Leur pelage à l’air si doux, ça donne envie de les caresser. » Je souris à cette phrase, c’est vrai que leur pelage semble si doux et donne envie de les caresser, mais avec moi, elle n’est pas au bout de cette surprise... Elle en verra d’autres !
-Tu en verras d’autre, promis... dis-je calmement de ma voix douce et grave. Hualing se retourne et me sourit, un sourire qui me pique droit au cœur et que je lui rends. Je l’observe un moment. Hualing s’avance dans la petite clairière où se tenaient les deux animaux et semble émerveillé. « Regarde ! Tu connaissais cet endroit ? C’est tout simplement charmant, ce serait parfait pour un repas à même le sol, tu ne trouves pas ? » Oui, je connais cet endroit, je suis souvent venu ici pour me retrouver seul et observer la nature qui prend vie et ses secrets.
-Je trouve aussi que se serait parfait pour un repas... Je te promets de t’en faire un. Je ris doucement. J’observe au-dessus de nos têtes le couple d’oiseaux qui vint se poser dans l’arbre. Je suis silencieux et songeur...
-Tu viens rarement en forêt n’est-ce pas ? dis-je doucement en me retournant vers elle pour croiser son regard. Je m’approche d’elle essayant d’en comprendre un peu plus Hualing, j’aimerais approfondir notre relation, qu’elle se confit un peu, n’est-ce pas se qui fait évoluer une amitié ? Mes yeux bleus-gris la mirent fixement. Elle me fait penser à ma fiancée, mais j’ai envie de connaître Hualing et pas seulement cette femme qui me fait penser à mon ancienne moitié.
« La vie met parfois sur votre chemin de drôles de rencontres »
Il est tellement aux petits soins avec moi que c'est limite gênant, je ne suis pas du tout habituée à tant d'attentions. L'homme que j'aime me fuit parce qu'il a peur d'aimer à nouveau et tous les autres hommes que j'ai pu côtoyer dans ma vie ne voulaient qu'une chose, passer une nuit avec moi peu importe le prix. Sans parler de William qui ne voyait en moi qu'une esclave plutôt pratique et qui s'occupait plutôt bien de sa fille. Alors l'amour, les petits gestes de tendresse, je ne suis pas du tout accommodée avec tout ça. Il agit comme si j'étais quelque chose de précieux et je dois dire que ce n'est pas désagréable aussi intimidant que cela puisse être. Et le voilà qui est de nouveau aux petits soins en me promettant de me faire un repas à même l'herbe ou que je reverrais un si beau spectacle un jour, il est vraiment extrêmement prévenant, je me demande parfois si il attend quelque chose de moi, pourtant il sait que mon cœur appartient à un autre, enfin il ne me semble pas lui avoir laisser espérer quoi que ce soit.
Je luis souris timidement avant de m'asseoir au sol à même l'herbe d'un vert luisant. Je me dis que cela doit être le signe que la nature est en bonne santé, ici tout est beau, tout est frais, on dirait que ces quelques mois de nuit totalement ne ne sont jamais produits. La forêt à repris ses droit et du poils de la bête, c'est émouvant et réconfortant, je me dis que si la faune et la flore ont pu se remettre aussi facilement de ce traumatisme, de ce manque de photosynthèse, alors l'Homme aussi doit pouvoir oublier, pardonner et guérir ses blessures. Cela me pousse à croire en un futur plus clair, en une vie plus douce et pleine de paix et de bonheur. Mingan se tourne vers moi et plonge son regard dans le mien. Je l'invite d'un signe à venir s'asseoir avec moi histoire de profiter ensemble de ce cadre si magique. Je me demande ce qui l'a mis sur la voie, sûrement le fait que je sois comme une enfant dans un magasin de sucreries, à admirer la moindre petite merveille de forêt qui s'offre à moi. " Euh oui, je viens rarement ... On va dire que comme la première fois que je suis allé en forêt après mon arrivée sur l'île je me suis faite attaquée par un bandit, j'ai une petite appréhension à y retourner maintenant. " J'ai un peu honte d'avoir peur de m'aventurer de nouveau en forêt à cause de cet événement, surtout que ça fait un moment maintenant. " Mais ça fait longtemps, alors je m'efforce à donner une seconde chance à la nature et aux grandes étendues de pins et de sapins. "
La nature ici est différente de celle que j'ai connue en Chine, différente aussi de celle qui borde One Eyed ou Blindman's Bluff, elle a l'air plus sauvage, plus pure et du coup plus débordant de vie. " Toi par contre ça se voit que tu es dans ton élément ! Dis, tu pourrais m'apprendre ... M'aider à me réconcilier avec la forêt ? " J'ai comme l'impression que ma question est stupide, mais j'ai vraiment envie d'en apprendre plus sur cette terre, cette nature. J'ai toujours vécue dans une ville où les seules traces de nature sont des arbres plantés ça et là dans les rues et les quelques ruisseaux qui la traversaient. " Tu as toujours vécu ici ? " Moi qui suis une étrangère dans ce monde, je me demande comment son ceux qui y sont nés qui n'ont toujours connus que Neverland. Je me suis souvent dit qu'ils devaient ressembler à Mingan, les indiens, proches de la nature et à l'aise en toute circonstance, jamais déstabilisés par les choses étonnantes qui peuplent cette île, pas comme moi. J'espère juste que je ne vais pas trop l'ennuyer avec toutes mes questions, j'aimerais tant en apprendre plus sur lui, sur sa façon de vivre, ses habitudes.
Je suis peut-être un peu trop doux avec elle, mais cela est dans ma nature... Je suis rarement bête ou sec avec une personne, sauf si la situation se présente. Je ne suis pas de nature violent, je suis plutôt un protecteur. Malgré ma solitude, j’aime bien avoir de la compagnie à l’occasion. Je ne la connais pas parfaitement, mais une amitié, ça se construit au fil du temps... Je ne demande rien de spécial dans ses petits gestes attentionnés, seulement qu’elle me laisse une chance de me connaître. Son cœur appartient à un autre et je ne compte pas le lui enlever non plus... Seulement, je tiens à connaître cette femme que j’ai rencontrée de nombreuse fois sans vraiment prendre la peine de m’arrêter autrefois.
Hualing me sourit et s’assoit dans l’herbe verte avec un regard pensif. Lorsque je me retourne vers elle, la jeune femme m’invite à la rejoindre et je m’active calmement. Une fois à sa hauteur, je m’assois avec elle dans cette petite clairière illuminée par le soleil. « Euh oui, je viens rarement... On va dire que comme la première fois que je suis allé en forêt après mon arrivée sur l’île je me suis fait attaquer par un bandit, j’ai une petite appréhension à y retourner maintenant. » Je hausse les sourcils à cette réponse, un moment silencieux, je ne sais trop quoi répondre à ce sujet un peu délicat... Il n’y a peut-être rien à dire à part un signe de tête et un sourire qui signifie que je comprends. « Mais ça fait longtemps, alors je m’efforce à donner une seconde chance à la nature et aux grandes étendues de pins et de sapins. » Bonne réponse, un sourire amusé se forme sur mes lèvres alors que je pose les yeux sur elle.
-Rien n’arrive pour rien... l’expérience nous fait grandir.
Dans un sens c’est vrai, chaque épreuve de vie nous donne une expérience et nous fait évoluer sur ce chemin de qui est notre vie. Une façon de voir les choses plus belles après le mauvais temps. « Toi par contre ça se voit que tu es dans ton élément ! Dis, tu pourrais m’apprendre... M’aider à me réconcilier avec la forêt ? » Mes yeux plongent dans les siens qui me parlent, je suis curieux. « Tu as toujours vécu ici ? » qu’elle ajoute avant que je ne réagisse. Je pince les lèvres et réfléchis un peu. Il suffit de regarder autour d’elle et de laisser son esprit errer pour comprendre que la vie l’entoure. Un arbre n’est pas simplement un arbre, qu’il soit planté ou qu’il est poussé de lui-même dans la nature, il est vivant et celui qui purifie notre air. Les animaux nous offre leur compagnie, leur beauté nous réconforte... même si parfois ils nous servent de nourriture ou d’habit une fois dépecer. Nous devons les remerciés. C’est le cycle de la vie qui prend son cour... et qui ne s’arrête jamais.
-J’habite la nature depuis que je suis née ici. Lorsque tu regardes autour de toi, dis-moi ce que tu vois... Je te dirais ce que moi je vois ensuite.
Un sourire amusé s’étire sur mes lèvres, je veux bien l’aider à se réconcilier avec la nature, cependant, j’ai besoin de savoir ce qu’elle connaît, ce qu’elle voit tout simplement pour lui montrer plus encore. Moi ? Je sens la brise fraîche qui frôle mon visage et qui fil entre les feuilles des arbres, je sens le regard de certains animaux ou autres petites bêtes qui nous observent à travers les branches... Un peu trop curieux, ils s’arrêtent pour observer le moindre de nos gestes. Je sens les esprits de ses anciens habitants qui marchent dans l’herbe sans que je ne les vois réellement. Bref, la vie est tout autour de nous même si nous pensons êtres seuls et c’est là qu’est la beauté des choses.