But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Une taverne obscure, des effluves d’alcool flottant dans l’air. Aodren était perché sur un tabouret, adossé au mur, observant d’un oeil distrait la populace. Son capuchon rabattu sur sa tête, tous savaient pourquoi l’ombre était présente. Un mercenaire. Soudain, une silhouette prit place sous ses yeux. Pirate, à en juger par ses habits et sa puanteur. Les piécettes cliquetèrent lorsque la bourse percuta le bois de la table. Un nom, un visage. Naïla. Jeune éhontée, forte de sa rancoeur envers la piraterie. L’assassin ne put s’empêcher de sourire et de se jouer de son interlocuteur. Une jeune personne seule parvenait à leur causer autant de problèmes qu’ils devaient avoir recours aux services d’un mercenaire. Si ce n’était pas risible.
Le lendemain matin, Blindman’s Bluff était noyée dans la brume. Les habitations semblaient se dresser au milieu d’un marécage et tout habitant qui aurait osé mettre le pied dehors, n’aurait pratiquement pas pu voir ses pieds. C’était le lot de beaucoup de villes portuaires. Aodren avait quitté sa demeure vêtu de son pantalon noir, de sa chemise noire et de son pull à capuchon vert. Naïla n’avait désormais plus que quelques heures à vivre. Pauvre jeune femme. Elle avait sans doute voulu jouer avec des forces plus puissantes que ses humbles moyens.
L’assassin se faufila jusqu’à la place centrale. Quelques marchands ambulants avaient amené leurs marchandises. Les plus courageux et les plus immunisés contre le froid, étaient sortis se balader et acheter quelques articles. Aodren se faufila discrètement dans la masse, avançant au rythme général, ni trop vite ni trop lentement. Tout pour ne pas attirer le regard. Ses yeux croisèrent alors une silhouette svelte, une chevelure brune, un visage aux traits fins et des yeux noisettes. Naïla. Le mercenaire s’éloigna comme si de rien n’était. Le pirate lui avait dit de se méfier de la demoiselle, elle savait qu’elle se frottait à des forbans et devait sans doute avoir un oeil sur ses arrières.
Aodren la laissa prendre de l’avance, ne lui laissant jamais l’opportunité de quitter son champ de vision. Le mercenaire avançait habilement, se glissant entre les étalages et les passants. Naïla était occupée à vaquer à son quotidien, peut-être menait-elle une vie normale quand elle ne trucidait pas du pirate ? Fut un temps où Aodren n’aurait même pas pris la peine de réfléchir à tout ça. Auparavant, un contrat était un contrat. De l’argent, un travail bien fait et basta. Mais depuis peu, Isis était entrée dans sa vie. Sa demi-soeur avait tout chamboulé autour d’elle, jusqu’à l’essence même de son existence. Aodren ne parvenait plus à être l’assassin sans pitié qu’il avait été. Désormais, le visage doux de sa soeur lui apparaissait et il ressentait une culpabilité nouvelle.
Son occasion finit tout de même par se présenter. Naïla avança, se décalant juste assez d’un étalage pour lui offrir un magnifique angle. Aodren fonça. Il avait fait ça des centaines de fois. D’un bras, il attrapa la jeune femme par la taille et de l’autre, il amena sa lame contre son flanc pour qu’elle réalisa qu’il ne plaisantait pas. Le mercenaire les fit disparaître tous les deux dans la rue juste à l’arrière. L’homme poussa la jeune femme contre le mur de brique et lui glissa la lame contre la peau du cou.
Une dernière volonté peut-être?
Aodren n’avait pas pour coutume de laisser l’opportunité à ses cibles de se justifier. Ouvrir une porte à la vérité, à la justice, c’était se risquer à tout perdre. Bizarrement, le mercenaire ressentait presque l’envie que Naïla parvienne à le faire changer d’avis. Après tout, s’il avait décidé de changer de vie … il faudrait bien commencer un jour.
La calme était revenue au sein de Neverland. Un calme plus que curieux aux yeux de la jolie Vairë. Sa vie n'était qu'un enchaînement de péripéties. Habituellement dans une histoire, au bout de toutes ses épreuves, à la toute fin, on trouvait la paix et le bonheur. Mais d'après elle, le bonheur n'était qu'une idée utopique. Même si elle avait un caractère froid, voir glacial, au fond d'elle se cachait une belle demoiselle au coeur tendre qui ne demandait qu'à être réveillée une fois tous les malheurs passaient. Il fallait être fort dans le monde d'aujourd'hui et -plus que tout- ne jamais abandonner ni baisser les bras. Et c'est ce qu'elle faisait. Elle assouvissait ses désirs de vengeance un peu plus chaque jour. Elle s'en sortait parfaitement bien. D'après son décompte, elle était à vingt-deux pirates tués. Mais ce n'était pas assez. Ca ne l'était jamais. Elle n'avait aucune idée de quand tout ça allait prendre fin. Ni même si elle se dessinera un jour. Elle voulait juste tuer pour se venger. Depuis le kidnapping de ses fichus pirates -sous forme de sirène- et sa meilleure amie tuait sous ses yeux, se sacrifiant pour la laisser vivre, elle n'avait pas d'autres choix que de la venger. Ce monde était terrible et odieux et pour pouvoir l'affronter en toute dignité, il fallait être terrible et odieux. Sinon on se ferait bouffer.
Quoiqu'il en soit, ce jour-là, Naïla s'était rendue à Blindman's Buff sur la grande place. Il y avait lieu un grand marché. La jeune femme passait ses journées à vagabonder en forêt. Elle avait besoin de nourriture, d'eau, mais surtout d'armes. Elle avait fait le plein. Il lui restait encore une petite somme d'argent. Elle comptait la dépenser pour un cadeau à une indienne. Il s'agissait de la mère de famille qui l'avait blanchi durant des mois quand elle venait de quitter l'océan de force et qu'elle devait s'habituer à la vie humaine. Elle aimait lui montrer qu'elle lui avait sauvé la vie, littéralement. Pourquoi ne pas lui acheter un bijou ? Elle n'en savait trop rien. Elle parcourut le stand d'accessoires, lançant un sourire à la vendeuse, en regardant de temps à autre dans sa main les bijoux. Elle gagnait de l'argent grâce à de la chasse. En effet, elle avait appris à manier les armes, enfin particulièrement l'arc. Et elle vendait la peau des bêtes ou bien les appâts eux-même pour se faire un peu d'argent. De quoi vivre une vie simple. Elle n'avait pas grand monde à qui elle tenait ici. Même si elle n'en cherchait pas forcément. Parfois elle se sentait terriblement seule. Mais elle camouflait ce vide avait son caractère de garce et sa froideur habituel.
Aujourd'hui, elle était habillée d'un petit pantalon serré au corps et d'un haut assez long et assez humble. Par dessus, une cape bleue marine d'un tissu très confortable. Elle l'avait volontairement mise car elle s'avait que les femmes ne portant pas de robes n'étaient pas forcément très bien perçue à leur époque. Même si cette idée se répandait de plus en plus. Ainsi, la cape, longue, arrivant un peu après les genoux, cachée sa tenue. Et elle n'avait pas le choix. Pour se battre ou chasser, il n'y avait rien de plus pratique et confortable qu'un pantalon au lieu d'une énorme robe imposante. Soudain, une main la tira dans une rue sombre sans qu'elle n'eut le temps de réagir. Elle se retrouva plaquée contre un mur, une lame sous la gorge. Qui était ce foutu imbécile qui tentait de la tuer ? A sa dégaine, il ne s'agissait pas d'un pirate. Il n'en avait pas du tout le physique. Qui était-il et que lui voulait-il ?
Elle décida de le prendre à son propre jeu. Il était hors de question qu'elle meure aujourd'hui. Soulevant sa jambe, elle attrapa son poignard qu'elle cachait toujours dans sa bottine. Son arc et ses "courses" étaient tombés à quelques mètres d'eux dans la ruelle. Loin de toute civilisation. Contractant la mâchoire, elle porta son propre couteau sous la gorge de l'inconnu et arqua un sourcil.
▬ Je te conseille de ne rien tenter. Même si tu essaies de me trancher la gorge, je riposterai immédiatement. Je pense que ton but en venant me voir n'est pas de mourir à ton tour, n'est-ce pas ? s'exclama-t-elle sèchement, en levant un sourcil en le regardant droit dans les yeux.Alors maintenant, tu vas me dire ce que tu me veux et pourquoi tu es là !
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
La jeune femme était coincée entre le mur de briques et le corps d'Aodren. Le mercenaire la fixait intensément, réfléchissant à son cas. Elle avait de son côté son charme et sa jeunesse. Aucun doute qu'elle se servait de son pouvoir d'attraction pour attirer des pirates dans ses filets. De trop nombreux loups de mer se laissaient duper par des décolletés affriolants ou simplement un joli minois. Ils en oubliaient presque où ils étaient. Sur Neverland, il n'y avait pratiquement rien de plus dangereux qu'une femme. Les sirènes rôdaient et les demoiselles du coin avaient toutes bien assez de ressources pour se sortir de toutes les situations. Aodren, lui, savait à quoi s'en tenir.
Alors pourquoi avait-il offert une ouverture à Naïla au lieu de la planter d'un coup sec et de l'abandonner dans cette ruelle, se vidant de son sang et finissant par s'éteindre entre les poubelles et les rats ? Le mercenaire n'avait tout simplement plus cette envie de tuer, cette indifférence. Et ce fut sa première erreur. L'ingénue sortit une lame de sous sa cape et l'amena contre la gorge d'Aodren. Cela le fit sourire. Au moins, elle n'était pas naïve et n'ignorait pas qu'elle jouait à un jeu extrêmement dangereux en visant des pirates. L'assassin arqua un sourcil en la laissant parler, il doutait fortement que la belle ait les capacités de le tuer. Cependant, mieux valait la laisser croire qu'elle était en position de force.
- Je ne te dois rien. Ni une explication ni le nom de celui qui te veut morte.
Elle avait de la ressource, ça lui plaisait. Cependant, seule, la jeune femme ne tiendrait plus bien longtemps. C'était même un miracle qu'elle soit encore en vie à l'heure actuelle. Quand les pirates voulaient une cible morte, elle mourait tôt ou tard. Aodren n'était qu'un mercenaire parmi tant d'autres, s'il n'accomplissait pas sa mission, quelqu'un d'autre s'en chargerait. L'homme finit par reprendre, un sourire aux coins des lèvres:
- C'était bien tenté de vouloir nettoyer le ville des pirates. Malheureusement, des tas d'autres s'y sont essayés avant toi et tu sais comment ils ont fini ?
Le triton souffla, imitant le bruit des vagues. Il haussa vaguement les épaules puis ôta sa lame du cou de la jeune femme. Il n'avait pas encore totalement décidé s'il la laisserait vivre ou s'il changerait d'avis mais au pire, l'assassin ne craignait absolument pas la demoiselle au corps-à-corps. Il recula d'un pas, s'écartant de l'arme de la jeune femme. Il la détailla longuement du regard. Son charme était certain mais sa force physique était plus inquiétante. Contre des pirates, la demoiselle ne ferait sans doute pas le poids sauf peut-être contre des mousses ...
- Je dois dire que tu m'intrigues. Tu tues des pirates et donc, je suppose que tu sais que tôt ou tard, tu finiras par en payer les conséquences. Et pourtant, au lieu de fuir tant que tu as encore une infime opportunité de sauver ta peau ... tu restes. Quelle est ta motivation ?
Aodren esquissa un sourire. Le mercenaire avait l'impression d'être un chat jouant avec un souris, cherchant à cerner la créature avant d'en finir.
- Non, laisse-moi deviner plutôt. Des pirates ont tué tes parents ? Ou leur ont volé tous leurs biens et tu as donc du vivre dans la misère ? Oh, j'ai mieux ... tu es le fruit de l'union forcée d'un pirate et d'une pauvresse ?
Ces scénarios semblaient l'amuser. Il sondait le regard de la brune, y cherchant une mimique qui lui confirmerait qu'il était dans le bon. Visiblement, ce n'était pas le cas.
Naïla ne s'était pas attendue à se retrouver dans une telle position. Ni aujourd'hui, ni n'importe quand d'ailleurs. Elle n'avait jamais vu son visage. Elle était d'ailleurs assez observatrice pour cerner plusieurs détails. Il ne puait pas l'alcool, il ne portait pas une tenue de pirates, mais il voulait la tuer, sans même la connaître. Un mercenaire ? La suite de ses paroles ne fit que confirmer son interrogation.
▬ Je ne te dois rien. Ni une explication ni le nom de celui qui te veut morte.
Alors quelqu'un la voulait morte ? Elle avait toujours agi dans la discrétion, veillant à ne jamais avoir de témoin. Quelqu'un avait peut-être compris son jeu et décidé de mettre fin à ses soupçons en embauchant une personne pour la tuer ? Cela la fit intérieurement rire. Soit il n'avait rien dans le caleçon pour la tuer lui même, soit il avait peur de ce qu'elle pouvait faire, soit il préférait fournir les mauvaises tâches à quelqu'un qui n'aurait pas de remords si il avait tué la mauvaise personne liée à tous leurs maux. Elle n'en savait rien. Mais elle avait à présent deux gros problèmes: s'échapper d'ici, de cette situation, et rechercher le pirate qui en savait un peu trop à son goût. Elle ne pouvait pas prendre le risque de vivre dans la méfiance constante. Si ce mercenaire n'effectuait pas son travail, il demanderait à quelqu'un d'autre. Le seul moyen de s'en sortir était de mettre fin aux jours de la personne qui causait tous ses problèmes. Pour cela il ne fallait pas qu'elle quitte ce monde avant lui.
Prise au dépourvu, Naïla ne savait pas très bien comment agir face à lui. Le charmer comme les pirates ou le tuer maintenant qu'il venait de baisser son arme ? Elle n'en savait rien. Elle savait juste qu'elle ne prenait jamais de plaisir à retirer la vie aux pirates. Elle était seulement heureuse d'assouvir la vengeance qu'elle voulait face à sa meilleure amie, morte, par leur faute. L'humiliation qu'elle avait subi la poursuivait où qu'elle aille. Elle se souvenait encore de leurs rires moqueurs quand elles étaient nues, face à eux, complètement paniquées face à leur nageoire devenu une belle paire de jambes. Elle voulait les tuer. Elle voulait leur mort. Elle voulait les manipuler comme ils l'avaient fait pour elle. Mais elle ne voulait pas être la cause de tous ses morts. Elle ne voulait pas retirer la vie à quelqu'un comme-ci c'était à elle que revenait cette décision. Elle n'était pas quelqu'un de mauvais. La jolie brune se faisait juste passer comme telle. Derrière ses allures froides se cachaient une femme qui croyait en la justice et en l'amour. Mais en ce moment, elle croyait seulement en l'indépendance. Il fallait juste réveiller la "princesse" qui sommeillait en elle, derrière le "dragon" qu'elle pouvait parfois être.
▬Je dois dire que tu m'intrigues. Tu tues des pirates et donc, je suppose que tu sais que tôt ou tard, tu finiras par en payer les conséquences. Et pourtant, au lieu de fuir tant que tu as encore une infime opportunité de sauver ta peau ... tu restes. Quelle est ta motivation ?
Naïla fronça les sourcils en le regardant droit dans les yeux. Il commençait à énumérer des tas de théories complètement dingues, mais bien loin du compte, au final. Comme-ci elle allait lui raconter sa vie. Elle n'était pas comme ça. Naïla était indépendante et elle n'avait besoin de personne d'autres pour la guider sur sa conduite et sur ses choix. Et encore moins pour lui imposer la mort aujourd'hui. Alors, elle décida de retourner son propre jeu contre lui.
▬ Et toi quelles sont tes motivations pour décider de mettre fin à mes jours aujourd'hui ? s'exclama-t-elle sèchement, en levant un sourcil en le regardant toujours droit dans les yeux.Je crois en la vengeance et en la justice. Et pas en des crétins qui pensent faire la justice en retirant la vie d'une personne innocente. Alors, peut-être que c'est ta mission, mais je ne perdrais pas ma vie aujourd'hui.
A la fin de ses paroles, elle lui mit un violent coup de genoux dans ses parties génitales et se mit à courir, sa cape la suivant au gré du vent derrière elle. Mais au bout de quelques mètres, elle se rendit compte qu'il s'agissait d'une impasse et que la seule sortie possible était de l'autre côté, derrière le mercenaire dont elle ignorait le prénom. La voyant se rapprocher, elle tenta de lui mettre un poing dans le visage de toutes ses forces, le couteau dans l'autre main. Il était hors de question de mourir sans même avoir essayé de lutter.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Elle n'avait pas peur. Pas assez. Aodren ne la sentait pas consciente de la gravité de sa situation. Cependant, il n'était pas là pour la sauver mais au contraire pour la rayer de la surface de Neverland. Le sourire d'Isis lui revint en mémoire. Sa soeur le rendait meilleur, ou tout du moins, lui donnait l'envie d'être un peu moins cruel. C'est sans doute pour ça qu'il se recula et baissa son arme. La demoiselle n'avait de toute façon aucune chance face à lui. Aodren fut surpris de l'entendre lui poser une question qu'il jugea stupide. L'homme arqua un sourcil et défigura son interlocutrice, elle ignorait donc comment fonctionnaient les mercenaires ?
- Ma motivation s'appelle Argent. Tu devrais la rencontrer, c'est une fidèle amie.
Il esquissa un sourire malicieux. Aodren n'avait jamais fonctionné qu'à ça, le son des pièces qui claquètent l'une contre l'autre. Pour quelqu'un comme lui, c'était la plus douce mélodie au monde. La demoiselle lui annonça ses valeurs auxquelles le mercenaire ne crut pas une seule seconde. Si la jeune femme semblait être bel et bien en pleine vengeance, ses actes n'avaient rien de juste. Assassiner quelqu'un en traître n'avait rien d'une quelconque justice. Il nota bien qu'elle le considérait comme un crétin, compliment qui lui fit perdre son sourire.
Son genou rencontra l'entrejambe d'Aodren qui grimaça lourdement et se replia sur lui-même. Il retint une insulte qui lui vint du fond du coeur. Elle venait de signer son arrêt de mort ! L'assassin tenta d'avancer, essayant de ne pas trop se concentrer sur la douleur aiguë qui traversait son entrejambe et ses cuisses. Heureusement, la demoiselle avait foncé dans une impasse. Le mercenaire parvint peu à peu à regagner une posture plus naturelle et pu bientôt ôter sa main de son pantalon, la douleur s'estompant lentement. Il la vit sortir une arme et soudain, elle tenta de lui mettre un poing au visage. Aodren l'esquiva habilement.
- Ce que tu viens de faire ... tu vas le regretter.
Sa main se referma autour du poignet de Naïla, tenant la main dans laquelle elle avait son arme. Aodren pressa violemment, appuyant du pouce contre le poignet de la demoiselle. Il pouvait sentir son pouls sous ses doigts et enfonçait ses phalanges dans la peau de la cible. Le mercenaire aurait pu le lui briser mais il se retint de le faire. Il allait continuer à la presser comme un citron jusqu'à ce que la douleur lui fasse lâcher son arme. De sa main libre, il l'attrapa à la gorge et de la plaqua contre le mur de brique derrière elle. Aodren n'hésita pas à la soulever afin que ses pieds ne puissent même plus toucher le sol. Dans cette position, l'opportuniste devrait redoubler d'ingéniosité pour se défaire de cette situation.
- Tu parles beaucoup mais tu devrais songer à réfléchir aussi, ça peut aider parfois. Tu crois que c'est juste de tuer le premier pirate qui te passe sous la main ? Tu crois qu'aucun d'eux n'a de femme, d'enfants ?
Aodren la jeta négligemment dans les ordures qui traînaient dans la ruelle. Le mercenaire avait perdu son sourire, il la foudroyait du regard mais pourtant, il n'avait toujours pas sorti son arme. L'assassin était cependant bien plus aux aguets, Naïla était parvenue à l'atteindre une première fois mais elle ne l'aurait plus désormais. Il secoua la tête en observant la demoiselle de toute sa hauteur.
- Qu'importe ce qu'ils t'ont fait. Si tu étais réellement en quête de justice, tu t'attaquerais aux bonnes personnes et tu ne sèmerais pas des orphelins partout sur ton passage comme si de rien n'était. Au fond, t'es bien loin de valoir mieux que le crétin qui pense faire la justice en retirant la vie d'une personne innocente.
Il haussa les épaules et se recula d'un pas. Aodren n'allait pas la tuer. Pas tout de suite.
- Si tu veux vraiment agir, tu t'y prends mal. Tu manques de compétences et d'entraînements. Je dois reconnaître que tu es plutôt intuitive et que tu sais profiter des opportunités qui se présentent. Et ton charme te servira à coups sûrs. Mais ça ne suffira pas. Il te faut plus ... beaucoup plus.
Aodren se recula encore d'un pas et écarta les bras de chaque côté en souriant.
- Relève-toi et essaie de me frapper. Si tu arrives à faire couler mon sang, tu ne mourras pas aujourd'hui.
Le mercenaire jouait à un jeu dangereux mais après tout ... pourquoi pas !
Pendant un court instant, ses pensées dérivèrent sur son passé. L'argent n'avait jamais animé sa vie. Pas comme ses parents qui lui avaient imposé un fiancé dont elle ne voulait pas. Dans la politique, il était assez fortuné. Mais Naïla n'avait aucune envie d'être sienne. Alors, un jour, quand elle l'avait vu agoniser dans son propre sang, au lieu de l'aider, elle avait fui. Ce qui faisait d'elle la partenaire de ce crime. Elle l'avait cru mort. Mais elle était bien loin de se douter que ce n'était en vérité pas le cas. Et que ce dernier allait bientôt faire son arrivée sur Neverland. Cette île l'avait accueilli durant des mois. Elle avait appris un nouveau mode de vie, mais menait également une vie modeste, bien loin de toute forme d'argent. Elle chassait et vendait ses appâts. Cela lui faisait que quelques pièces, mais c'était bien suffisant pour vivre. Elle avait seulement besoin de se nourrir, de se laver et de se revêtir. Elle ne dormait jamais au même endroit. Un coup c'était chez les Indiens qui l'avaient recueilli et elle leur ramenait à manger pour les remercier, un coup c'était dans une grotte trouvée au dernier moment. Elle menait une vie simple, sans extravagance. A quoi bon vivre pour l'argent quand tout un monde s'offrait à nous. Il y avait tellement de choses à découvrir, à faire avant de mourir. Et Naïla n'était pas prête à se faire à l'idée que ça se terminerait aujourd'hui. Tout simplement parce que chaque vie mérite d'être vécue.
▬Ce que tu viens de faire ... tu vas le regretter.
La jeune femme n'eut pas le temps de réagir qu'il lui saisit le poignet et appuya tellement fort qu'elle lâcha son couteau. Un bruit aigu résonna quand l'objet métallique tomba au sol. Il avait appuyé sur le poing de pression qui lui avait forcé à lâcher le couteau. Il devait certainement sentir son pouls battre à mille à l'heure, même si elle montrait un visage froid. Elle paniquait à l'intérieur mais semblait rester de marbre. Jusqu'à ce qu'il la plaque contre le mur. Battant des pieds, elle ne trouva pas le sol et commença à suffoquer. Elle posa ses deux mains sur son bras pour tenter de l'éloigner. Mais le manque d'oxygène fit monter de petites larmes dans ses yeux. Simple réflexe humain ! Elle voyait flou et de petites tâches noires apparaissaient. Puis, il la jeta au sol et la jolie brune prit de grande inspiration, toussotant et crachant un peu de sang. Elle avait l'impression que tout le sang de son corps était remonté par sa gorge où de petits hématomes s'étaient formés.
▬ Relève-toi et essaie de me frapper. Si tu arrives à faire couler mon sang, tu ne mourras pas aujourd'hui. ▬ Pourquoi tu me donnes une chance de pouvoir m'en aller ?
Elle fronça les sourcils en le regardant. Pourquoi lui laissait-il une chance ? Pourquoi ne pas l'avoir tué directement sans poser de question ? Elle se releva à l'aider du mur, avec difficulté, reprenant un peu plus de force à chaque seconde. Elle jeta un coup d'oeil à la sortie. Soit elle tentait de fuir mais il la retrouverait, soit elle tentait de s'en aller en toute dignité en respectant ses conditions. Elle n'avait pas peur de la mort. Elle ne manquerait à personne. D'un élan de détermination, elle commença à tenter une droite dans son visage, puis différents coups de pieds pour lui faire perdre l'équilibre.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Une tueuse de pirate. Elle lui rappelait celles qu'il avait si bien connu de par le passé et qu'il continuait parfois à fréquenter quand l'envie lui prenait. Les sirènes étaient douées pour faire chavirer les marins. Aodren était fasciné par leurs techniques. Certaines attaquaient par dizaines, elles jaillissaient de l'eau tels des démons aquatiques et ricanaient en attrapant leurs proies. Ceux-ci, même armés, n'avaient aucune chance. Elles étaient nombreuses, protectrices les unes envers les autres, organisées, déterminées. Des tueuses. Des vraies. Aodren esquissa un sourire en repensant à elles. Parfois, l'assassin s'était installé sur un rocher et avait simplement observé. Elles parvenaient pratiquement toujours à leurs fins.
L'attaque la plus impressionnante à laquelle il avait assisté, remontait à plus de deux siècles. Aodren était encore jeune à l'époque, bien différent d'aujourd'hui et bien moins expérimenté dans l'art de la disparition. Perché sur un rocher, le triton avait observé les sirènes faire. Elles s'en étaient prises à un vieux bateau qu'elles savaient mal en point et dont elles avaient percé à jour des failles notamment dans la coque. Aodren n'avait jamais rien vu d'aussi surprenant que ce ballet magistral de sirènes se propulsant à grands coups de nageoires, bondissant hors de l'eau pour capturer une victime et l'arracher aux planches pour l'emmener par le fond. Ce soir-là, les hurlements avaient retenti sans discontinuer durant plus de cinq heures. Les pauvres marins avaient été bien incapables de répliquer. Les diablesses s'étaient acharnées, redoublant d'efforts. Lorsqu'elles avaient tué tous ceux sur le pont, elles s'en étaient prises aux autres. Détruisant les points faibles de la coque en grand coup de nageoire ou de cailloux, elles étaient entrées et n'avaient pas laissé le temps aux pirates restant de se noyer.
Cette demoiselle qu'il avait sous les yeux, elle lui rappelait beaucoup ces sirènes. Il retrouvait chez elle, une détermination très semblable à leurs. Aodren l'avait pourtant coincée dans l'impasse et plaquée au mur, soulevée du sol et incapable de respirer. L'assassin l'avait ensuite jetée négligemment, se fichant de son sort. Il fallait qu'elle s'endurcisse car ce qui l'attendait, était bien pire que ce qu'elle pouvait imaginer si elle tombait aux mains des pirates qui la recherchaient. Cependant, l'homme ne la tua pas. Au contraire, il lui offrit une opportunité de s'en sortir quasiment indemne. Cela sembla troubler la jeune femme qui le questionna à ce sujet.
- Et pourquoi pas ? Tu ne t'en rends peut-être pas compte mais dans le fond, nous ne sommes pas si différents.
Cette fille lui paraissait bien seule, armée de son idéal. Aodren avait l'impression de retrouver en elle, un vieux fantôme du passé. Lui-même avait connu une période où il errait, seul, en quête d'un Graal a obtenir. Le temps n'était plus aux lubies aujourd'hui mais le mercenaire devait reconnaître à son interlocutrice, une passion qui le faisait sourire. Animée par l'instinct de survie, la belle se releva et s'avança. Son premier coup fut prévisible, un poing au visage. Aodren l'esquiva sans mal. S'en suivit une série de coups de pied partant dans tous les sens, de tous les côtés. L'homme les para, les bloqua, les esquiva. Parfois, la demoiselle atteignait sa cible mais à force de lancer des attaques dans tous les sens, sa puissance s'en voyait diminuée. Attaquer juste pour attaquer était une terriblement mauvaise idée.
Aodren se saisit de son pied alors qu'elle venait de le toucher au flanc. Il garda sa cheville dans sa main et empêcha Naïla de se libérer. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres tandis qu'il recula de quelques pas, forçant la jeune femme à sautiller sur un pied pour éviter de tomber lamentablement. Brusquement, il tira un coup sec sur la jambe de la belle et la fit chuter. Alors enfin, il la lâcha et recula en secouant la tête. Aodren se plaça à nouveau entre elle et son unique échappatoire. Ils n'en avaient pas terminé tous les deux.
- C'est ça que t'appelles frapper ? Arrête de bousiller ton énergie en frappant n'importe où et n'importe comment. Concentre-toi. Tu joues ta vie là, faudrait peut-être que tu te décides ...
Pour lui prouver qu'il ne plaisantait pas et que tout cela n'avait rien d'une plaisanterie, Aodren lui administra un violent coup dans le haut du buste, à la naissance du cou. C'était le genre de frappe qu'on lui avait enseigné à la dure en la lui faisant subir. Le triton se souvenait de cette atroce sensation d'étouffement durant quelques secondes sans parler du fait de la douleur brutale au point d'impact. Cependant, il était nécessaire et même vital de remettre les choses à leur place. Si Naïla voulait poursuivre sa quête, elle devait le faire mieux.
- Positionne-toi, place ta garde devant ton visage et n'attaque que quand tu repères une ouverture.
Aodren était on ne peut plus sérieux. Il lui fit signe d'approcher, c'était désormais à son tour de lui prouver qu'il ne perdait pas son temps avec une fillette uniquement bonne à sourire et à planter un couteau dans le dos. Pour survivre dans le monde de la vendetta, il lui faudrait bien plus que ça.
Naïla frappait. Encore et encore. Mais rien n'y faisait. Elle avait l'impression de frapper un mur: à part se faire mal aux phalanges, cela ne lui faisait rien. Elle était en plus de ça irréfléchie quand elle le voulait. Enfin, plutôt sans s'en rendre compte. Elle s'épuisa assez rapidement, méditant sur ses paroles qui disaient qu'ils n'étaient pas aussi différents l'un que l'autre. Elle ne savait pas vraiment comment elle prenait ça. On la comparait à un mercenaire. C'était d'une part vexant, mais d'une autre la pure vérité. Elle tuait comme eux sans même réfléchir aux personnes qui souffraient derrière. Mais d'une autre part, les pirates n'avaient pas de femmes et d'enfants pour accepter d'aller plus loin avec elle, sans jamais le faire car ils mourraient avant. Ou bien, il n'avait aucun sens des valeurs et de l'honneur. Les deux étaient une possibilité.
▬ C'est ça que t'appelles frapper ? Arrête de bousiller ton énergie en frappant n'importe où et n'importe comment. Concentre-toi. Tu joues ta vie là, faudrait peut-être que tu te décides... ▬ Tu crois que ça m'amuse de ne pas y arriver ! râla-t-elle d'un ton agacé qu'elle n'avait su contrôler. Après tout, elle faisait de son mieux. Mais le "mieux" n'était pas suffisant. ▬ Positionne-toi, place ta garde devant ton visage et n'attaque que quand tu repères une ouverture.
Ecoutant ses conseils, elle redressa un peu plus ses mains face à son visage pour se protéger. Repérer une ouverture. Bien ! Ca ne devait pas être si compliquée. Pourtant... Elle l'observa et n'avait aucune idée d'où frapper. C'est alors que son regard se déposa sur le couteau qu'elle avait fait tombé un peu plus tôt qui était un mètre derrière lui et qu'une idée lui parvint à l'esprit. Un jour, un membre de la famille des indiens qui l'avait recueilli lorsqu'elle avait échoué sur la plage, totalement nue, lui avait donné un sage conseil. Distraire avant d'attaquer. Il lui avait même appris quelques prises de défense. Elle s'avança vers lui et tenta de lui mettre un coup de poing. Pendant qu'il était occupé à le contrer, elle lui mit un violent coup de coude dans la nuque. Cela bloquait la respiration un dixième de secondes. Le temps qu'il lui fallut pour attraper le couteau au sol qui brillait avec les reflets du soleil. Dos à lui, elle lui mit sous la gorge. Puis elle se mit à hésiter. Elle n'allait pas le blesser. Si ? Après tout c'était sa condition: une goutte de son sang au moins. Maîtrisant son désir de fuir, mais également de le tuer pour être enfin débarrassée de lui, elle lutta pour ne pas faire un mauvais choix et décida de suivre ses règles. Elle lui écorcha la peau au niveau de l'épaule. Une fine coupure qui se mit à saigner. Il avait certainement remarqué son hésitation au moment de l'attaquer. Elle n'avait aucune idée de pourquoi elle ne l'avait pas tué. Peut-être n'était-ce pas un pirate ? Naïla ne savait pas, mais toujours dos à lui, elle se contenta d'enlever son bras sous son cou et recula pour le plus être contre lui avec son couteau sous la gorge. Elle ne savait même pas comment se sentir: fière, stressée, sur ses gardes, inquiète ?
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Des tentatives. Des pieds, des poings qui volaient en tous sens sans parvenir à réellement frapper correctement. Aodren attendait plus, bien plus. Il voulait voir jusqu'où elle pouvait aller pour sauver sa peau et jusqu'à présent, cela ne suffisait pas. Inutile de la laisser en vie si c'était pour qu'elle se fasse étriper deux jours plus tard par un pirate ayant été trop fin pour se fier à son apparence. Aodren aurait laissé tomber une récompense pour rien. Et le mercenaire détestait perdre inutilement de l'argent. S'il fallait qu'elle meure dans les jours prochains, ce serait de sa main.
Il la provoquait, la poussait dans ses retranchements. Cela fonctionnait assez bien, Naïla râlait, pestait. Elle avait l'impression de tout donner alors qu'elle n'était pas au maximum, Aodren le savait. Il lui fit réaliser qu'il était sérieux, espérant que cela déclenche chez elle un signal d'alerte. Le mercenaire lui lança alors quelques conseils, des principes basiques mais qui pouvaient retirer n'importe qui d'une situation délicate. Visiblement, la jeune femme se mit en tête d'appliquer les conseils donnés. Elle remonta sa garde et analysa la situation.
Naïla lança une attaque qu'il contra sans mal, la demoiselle ayant un plan en tête pour la suite. Elle le frappa à la nuque et profita d'un dixième de seconde de répit pour se jeter sur sa lame, tombée un peu plus loin. Elle vint à nouveau la glisser sous la gorge d'Aodren. L'assassin esquissa un sourire. Il avait à peu près dix façons différentes en tête de se libérer de cette fâcheuse situation ! Cependant, Naïla avait prouvé qu'elle avait de la ressource. D'ailleurs, la demoiselle ne l'égorgea pas comme un porc sur les pavés de la ruelle. Non, au contraire, elle hésita puis se contenta de l'écorcher à l'épaule. Quelques gouttes de sang glissèrent le long du bras de l'assassin et vinrent souiller ses phalanges. Aodren la sentit ensuite reculer et ôter son arme.
- Très bien. Il semblerait que tu aies gagné ton droit à la vie.
Il esquissa un sourire et hocha du menton. Elle venait par la même occasion de lui prouver qu'elle n'était pas une folle furieuse, avide de sang et prête à tuer n'importe qui se mettant sur le chemin entre elle et sa vengeance. Le mercenaire pouvait donc la laisser partir sans craindre que Naïla irait tuer à tour de bras dans la cité. Toutefois, il restait une question en suspens. Qu'allait-il advenir d'elle lorsqu'Aodren reviendrait auprès des pirates qui l'avaient engagé pour leur dire qu'il n'accomplirait pas la mission. Elle aurait sans doute d'autres tueurs à sa poursuite et cette fois, ils ne feraient pas de quartier.
- Mais n'oublie pas qu'ils sont tout près. Ils ne te lâcheront pas. Pas tant que tu auras trouvé un plan plus efficace que le tiens ...
Aodren haussa les épaules. Naïla avait sans doute des plans en tête mais avoir un ennemi prêt à engager des mercenaires, ce n'était bon pour personne. Le triton était bien placé pour le dire.
- Si j'étais toi, j'irais me planquer quelques temps. Peut-être deux ou trois mois. Ce serait déjà un bon début ... mais après, je dis ça ... je dis rien.
L'assassin ne faisait que lui donner quelques conseils pour lui éviter le pire. Mais après tout, c'était sa vie, elle en faisait ce que bon lui semblait.
Naïla ne s'attendait pas à réussir aussi facilement. D'un autre côté, c'était un mercenaire. Lui aussi devait avoir des coups en réserve et il lui avait certainement fait une chandelle en ne la contre-attaquant pas. Elle en était certaine. C'était trop beau pour être vrai. Mais elle ne s'en plaindrait pas. Elle avait une chance de vivre, désormais. Mais les choses allaient rapidement se corser. Si un mercenaire était parvenu jusqu'à elle, combien d'autres allaient le faire ? Depuis combien de temps était-elle pistée ?
▬ Très bien. Il semblerait que tu aies gagné ton droit à la vie. Mais n'oublie pas qu'ils sont tout près. Ils ne te lâcheront pas. Pas tant que tu auras trouvé un plan plus efficace que le tien.
Naïla regarda son sourire, sans même le lui rendre. Elle n'avait aucune idée de comment réagir. Après tout, il l'aurait tué. Il avait été payé pour ça, mais ne l'avait pas fait. Pouvait-on sourire à quelqu'un qui avait tenté de lui ôter la vie? Au lieu de cogiter sur lui rendre son sourire ou non, elle jeta un bref coup d'oeil à la sortie de la ruelle. Elle était désertique. Comme-ci ils étaient coupés du monde, ici. Elle se surprit même à réfléchir à la dernière fois où elle avait souri. Sincèrement. Les rares fois où elle avait souri avaient été pour "séduire" les pirates. Sa vie, celle avant que tout ne bascule, semblait terriblement loin. Comme-ci la fille joyeuse et amusante était dans un profond sommeil au fin fond d'elle-même. Attendant que quelqu'un vienne la secouer pour la réveiller.
Elle vivait dans un monde terrible. Tuer ou être tuer. Ce n'était que ça dans sa tête. Un simple jeu de vie ou de mort. Un jeu qui la conduirait un jour ou l'autre à une mort certaine. Mais pouvons-nous se permettre de jouer notre propre vie quand l'on a rien à perdre ? Pourquoi n'avait-elle pas tuer le mercenaire ? Quand saurait-elle que sa vengeance envers les pirates aura prit fin ? Peut-être que pour elle, le seul objectif de sa vie était d'assouvir une vengeance sans aucune limite, sans aucune fin. Mais cela était difficile pour une sirène qui avait une bien longue vie à côté de celle des habitants "normaux" de cette île. Être immortel dans un monde de mortels. Elle ignorait même que Aodren venait aussi du royaume des sirènes et des tritons. Pour le moment.
▬ Si j'étais toi, j'irais me planquer quelques temps. Peut-être deux ou trois mois. Ce serait déjà un bon début ... mais après, je dis ça ... je dis rien.
La jolie Vairë était une femme indépendante et solitaire. Elle n'avait aucun ami, aucune ressource pour pouvoir trouver un endroit où se cacher. Il y avait bien la famille qui l'avait accueillie lors de son "naufrage". Des Indiens. Mais elle ne pouvait pas se résoudre à les mettre en danger inutilement. Si d'autres mercenaires avaient été embauchés, ils iront chercher là-bas en premier lieu. Il y avait une autre solution. Or, elle ne pouvait pas s'y résoudre: l'Océan. Ce serait retrouver sa famille et être en sécurité temporaire. L'instant même où elle mettrait trois coups de nageoire dans l'eau elle serait recherchée pour complicité de meurtre. Lorsqu'elle avait retrouvé son "promis" en sang, elle ne l'avait pas aidé et avait fui. Elle ignorait que ce dernier n'était pas mort, mais dans sa tête, elle avait était complice de meurtre. Bien que ce ne soit pas le cas. Comment se cacher dans un monde où nous sommes persécutés de tous les côtés ?
La bouche légèrement entrouverte, Naïla semblait plus que jamais perdue dans son propre cercle de la vie. Là où la mort était présente partout. Elle redressa son regard vers Aodren, dont elle ignorait encore le nom.
▬ Le seul endroit où personne ne pourrait me retrouver, on me recherche aussi. avoua-t-elle en faisant une référence assez claire à l'Océan. Enfin, personne ne l'aurait compris, mise à part une personne venant également des flots, puisque peu de gens pensaient aux eaux comme lieux de vie. Que comptes-tu dire aux pirates?