C’était dur... C’était terrible et je me sentais de plus en plus mal… Je venais de rompre mes fiançailles… Jamais je n’aurais cru que cela puisse venir de moi. J’étais tellement amoureuse d’Edward… Il était tout pour moi, mais voilà que la flamme s’était éteinte. Je savais que j’allais lui faire mal en lui annonçant que je voulais le quitter… Mais voilà que j’avais l’impression d’être bien plus attristée que lui. Je m’en voulais terriblement et je ne parvenais plus à trouver le sommeil. La première nuit que je passai seule dans mon lit fut horriblement longue. Je posais un million de questions, est-ce que j’ai pris la bonne décision ? Est-ce que je suis certaine de mes sentiments pour Magnus ? Est-ce qu’Edward m’en voudra longtemps ? Qu’est-ce que les gens du village vont penser ? Est-ce que je viens de détruire ma vie ? Est-ce que je m’en remettrai s ?... La seule question à laquelle j’avais pu répondre était celle à propos de mes sentiments pour Magnus. À partir d’aujourd’hui, j’étais certaine de l’aimer plus que tout. Même si quitter Edward était tout de même douloureux…
Lorsque je descendis de ma chambre, le soleil était à peine levé. Je ne parvenais pas à dormir alors à quoi bon rester dans le lit . Sans même prendre de petit-déjeuner, je n’avais pas vraiment faim... La seule chose qui me donnait un peu de réconfort était l’amour que pouvaient me donner mes animaux alors que j’allais les nourrir de bons matins. Ils étaient joyeux eux et ne semblaient pas soucieux pour le moins du monde et cela faisait du bien ! Monsieur l'oie et les lapins eurent même la chance d’écouter mes soucis… Parler me faisait du bien. Moi qui avais horreur d’être le centre de l’attention, c’était la première fois que parler de moi me soulager. Mais malgré l’attention des animaux, je sentais que j’avais besoin de réponse… De quelqu’un pour me donner des conseils, pour me remonter le moral aussi et la seule personne en qui je pouvais avoir totalement confiance était Grace ! Je sellais donc mon cheval et sans perdre une minute partie en direction de la ville.
« Grace ? » Je toquais à la porte de chez elle. Personne ne répondit, mais la porte qui était mal fermée sans trouva. Je la poussais délicatement pour voir à l’intérieur. « Il y a quelqu’un ? » D’un pas hésitant, j’entrais quand même et tombais sur Grace. « Oh heu, je me suis permise d’entrer, la porte était ouverte. » Dis-je pour justifier ma présence. « Dis-moi, serais-tu partante pour une petite promenade à cheval . Il est tôt, je sais, mais j’avais envie de sortir un peu. » Grace allait sans doute me trouver très étrange. C’était la première fois que je me pointais aussi tôt chez elle pour une promenade, habituellement, elles se déroulaient plutôt l’après-midi. Je n’avais même pas pensé à lui demander si je la dérangeais, honte a moi.
Comme à mon habitude, je m'étais levée aux aurores pour aller vérifier l'état de mon étable. Tirée du lit par les rayons du soleil qui commençaient à se montrer timidement à ma fenêtre, je m'étais levée en vitesse pour me diriger d'un pas paresseux jusqu'à la pièce principale de ma maison qui me servait à la fois de cuisine et de séjour chaleureux dans laquelle je pus m'emparer d'une cape épaisse posée sur la patère qui trônait près de la porte d'entrée et d'une paire de bottes que j'enfilais en vitesse avant de me diriger vers l'extérieure. Cette fois, ma démarche était un peu plus énergique, pleine d'impatience face à l'idée de retrouver ma jument, Cannelle et mon vieil âne. Ces derniers, contrairement à moi, étaient toujours à moitié endormis. Toutefois, en me voyant arriver, ils semblèrent comprendre rapidement que l'heure du repas était arrivée, puisqu'ils se dirigèrent automatiquement vers la mangeoire au petit trot. Cette vision m'arracha un sourire tandis que je me dirigeais vers ma grange pour y dénicher une palette de foin que j'allai tout de suite verser à mes deux protégers, pour le plus grand bonheur de ces derniers. Une routine banale que je répétais tous les matins, mais qui restait pour moi la meilleure façon de commencer la journée. Surtout lorsque j'avais l'occasion de passer un peu plus de temps avec mes équidés! D'ailleurs, comme je ne travaillais pas aujourd'hui, il s'agissait du moment idéal pour une petite balade à cheval.
Je retournai donc à l'intérieur, à la recherche de mes brosses que j'avais accidentellement oublié dans ma chambre hier soir. Étant rentrée tard de mon dernier quart de travail, je m'étais rendue directement à mon lit plutôt que d'aller entreposer mon équipement dans la grange. Suite à ma paresse, l'endroit où je dormais et faisait ma toilette sentait maintenant l'écurie, mais ça m'était égal. De toute façon, l'odeur finirait bien par se dissiper et ce détail était bien trop insignifiant pour gâcher une si belle journée! J'allai donc récupérer mes affaires, lorsqu'un son étrange se fit entendre. Un grincement bien précis, celui de la porte d'entrée que j'avais probablement mal refermé. Croyant qu'il s'agissait du vent, je n'en fis pas trop de cas, jusqu'au moment où j'entendis des pas. Quelqu'un était entré chez moi? Curieuse, je quittai rapidement la pièce dans laquelle j'étais, traversant le court couloir pour me retrouver face à ma grande amie, Rosasharn. « Oh heu, je me suis permise d’entrer, la porte était ouverte. » S'excusa-t-elle en m'apercevant, ce qui n'était pas nécessaire. Elle était toujours la bienvenue ici et ce n'était pas nouveau de la voir débarquer ainsi, à l'improviste. Seulement, ses visites avaient habituellement lieues en après-midi et souvent, son visage arborait un grand sourire. « Dis-moi, serais-tu partante pour une petite promenade à cheval . Il est tôt, je sais, mais j’avais envie de sortir un peu. » Ça aussi, c'était étrange et, bien que l'idée n'était pas déplaisante, je commençais à m'inquiéter pour la blonde qui ne semblait pas dans son état normal.
« Bien sûr! J'allais justement préparer Cannelle pour une balade et un peu de compagnie ne sera pas de refus. » Répondis-je en lui adressant un grand sourire, histoire de lui montrer qu'elle ne me dérangeait pas du tout. Certes, j'aurais du lui demander ce qui n'allait pas et pourquoi elle semblait si différente, mais je me disais qu'il y aurait un temps pour ça et que si elle avait quelque chose à me dire, elle finirait par le faire. Je ne tenais pas à lui mettre la pression. Je retournai donc dans ma chambre en vitesse, puis je m'emparai de ma bride. Pas besoin de selle, je monterai à cru! Ça irait plus vite comme ça. « Je vais chercher Cannelle, tu n'as qu'à aller m'attendre en avant, je ne serai pas longue! » Dis-je avant de m'éclipser rapidement pour aller chercher ma jument. Quelques minutes à peine plus tard, j'étais à nouveau auprès de mon amie, prête à me mettre en selle. « Tu avais une destination précise en tête? » Demandai-je avant de monter en vitesse sur le dos de l'équidé.
« Bien sûr! J'allais justement préparer Cannelle pour une balade et un peu de compagnie ne sera pas de refus. » Le sourire de Grace me permit de me détendre sur-le-champ. À vrai dire, j’aurais sans doute déprimé si j’avais encore une fois passé la journée seule... « Formidable ! Je t’attends dehors ! » Alors que je sortais de la maison, j’entendais Grace courir dans sa maison, ce qui me fit esquisser un petit sourire à mon tour. Elle se pressait pour moi, mais il ne fallait pas. J’allais lui dire que si elle avait d’autres choses à faire, je pouvais tout à faire attendre une heure ou deux en ville, mais la jeune femme se pointa très rapidement devant moi. « Je vais chercher Cannelle, tu n'as qu'à aller m'attendre en avant, je ne serai pas longue! » J’acquiesçais alors et me dirigeai vers mon cheval qui attendait à côté d’un abreuvoir. Je lui tapotais tendrement l’encolure avant de le détacher et de passer les rennes par-dessus sa tête. Je montais ensuite en m’accrochant au pommeau de ma selle et attendis Grace au bout de la rue. « Tu avais une destination précise en tête? » Je n’y avais pas vraiment réfléchi à vrai dire… J’avais juste envie de quitter ma ferme, de m’éloigner autant que je le pouvais et aussi de me confier à une amie. « Que dirais-tu d’une promenade dans la forêt des âmes ? Ce n’est pas très loin et puis, je trouve toujours la végétation de cette forêt magnifique ! » Je pressais alors tendrement les flancs de mon cheval pour qu’il se mette doucement à trotter. À ce rythme-là, nous n’allions pas arriver à la forêt avant la nuit. J’incitai alors ma monture à aller encore plus vite et elle partit au grand galop.
Je sentais le vent dans mes cheveux qui retombaient sur mon dos à chaque foulée de mon étalon. De temps en temps, je regardais par-dessus mon épaule si Grace et Cannelle me suivaient toujours et elles n’étaient jamais loin ! Je finis tout de même par ralentir afin de me mettre au niveau de Grace, je n’étais pas allé la chercher pour galoper loin devant elle, non ! Je voulais passer du temps en sa compagnie, lui demander quelques conseils et aussi du réconfort. « Ça fait un bien fou ! » Lui dis-je alors que je freinais mon cheval pour qu’il reprenne son souffle. Je lui tapotais ensuite l’encolure pour le remercier de cette formidable chevauchée ! Je relevais ensuite la tête vers mon amie. Je n’avais pas envie de tourner autour du pot pendant des heures et lui dit alors ce qui me chagrinait depuis maintenant plusieurs jours. « Il faut que je te parle de quelque chose... J’ai… J’ai quitté Edward... » Certes, je n’avais pas encore été très souriante aujourd’hui, mais j’arborais maintenant une mine grave... « Je… Nous… » C’était difficile de parler de ça sans perdre tous mes moyens… « Nous nous sommes éloignés et j’ai rencontré un autre homme… J’en suis tombée follement amoureuse et… » Des larmes de désarrois commencèrent alors à couler sur mes joues. « Oh Grace, je m’en veux terriblement ! Je n’arrive plus à dormir, j’ai peur d’avoir fait le mauvais choix… Je ne sais plus quoi faire… » Je m’essuyais les joues, tendant à me calmer et cherchant désespérément du réconfort dans le regard de mon amie.
Encore une fois, je ne peux m'empêcher de remarquer l'inquiétude de mon amie. Si je ne la connaissais pas autant, je n'aurais pu deviner qu'une chose la tracassait. Mais, après tous ces après-midi passés avec elle, je pouvais facilement deviner l'ombre dans le regard de Rosasharn. Toutefois, je fis comme si je n'avais rien remarquer. Je ne voulais pas la brusquer dans ses confidences, alors je préférais attendre qu'elle se lance d'elle-même, ce qui risquait de ne pas tarder vu l'heure à laquelle elle était venue me trouver pour cette balade. Je retournai donc à l'arrière de ma petite habitation pour passer la selle à ma jument avant de lui donner un léger coup de brosse. Une fois ma petite besogne terminée, je guidai Cannelle jusqu'à Rosasharn qui m'attendait sur le dos de sa propre monture. Je pris donc place moi-même avant de lui demander où elle désirait se rendre. « Que dirais-tu d’une promenade dans la forêt des âmes ? Ce n’est pas très loin et puis, je trouve toujours la végétation de cette forêt magnifique ! » Pour toute réponse, je me contentai d'un hochement de tête. Elle avait raison, la forêt des âmes était particulièrement jolie! Je partis donc au trot à mon tour, suivant la blonde de près. Enfin... Jusqu'au moment où mon amie se mit à galoper sans avertir! Mais, plutôt que d'être choquée, cette soudaine prise de vitesse m'amusa. J'avais toujours aimé galoper. Sentir le vent dans mes cheveux, la force des foulées de mon cheval sur la terre... Face à de telles sensations, un sourire ne tarda pas à illuminer mon visage.
Toutefois, la réalité me rattrapa rapidement. Après quelques minutes à grande vitesse, Rosasharn ralentit à nouveau le rythme, ce qui me permit de me remettre à sa hauteur. Puis, une fois côte à côte, mon amie prit enfin la parole, me racontant enfin ce qui la préoccupait tant. « Il faut que je te parle de quelque chose... J’ai… J’ai quitté Edward... » Cette première révélation me fit l'effet d'une giffle en plein visage. D'aussi loin que je pouvais m'en souvenir, Edward et Rosa m'avaient toujours parus faits l'un pour l'autre. J'avais donc bien du mal à comprendre comment la situation avait pu se détériorer autant et j'avais une bonne dizaine de questions à lui poser à ce sujet. Seulement, je préférai la laisser parler, tentant du mieux que je le pouvais de conserver un visage neutre. Pour l'instant, je n'étais visiblement pas au courant de toute la situation, alors je ne voulais pas la juger. « Nous nous sommes éloignés et j’ai rencontré un autre homme… J’en suis tombée follement amoureuse et… » Voilà l'explication... C'était regrettable, mais ce genre de choses arrivaient et mon amie n'avait pas à se sentir coupable.
« Rosa... » Commençai-je en sentant moi-même mon regard s'embuer, tout simplement parce que je n'aimais pas voir mon amie dans cet état. En temps normal, je l'aurais serrée dans mes bras pour la réconforter, mais cette pratique était un peu compliquée en selle. Je me contentai donc de serrer doucement son bras en lui adressant un petit sourire qui se voulait rassurant. « Je comprends parfaitement comment tu dois te sentir en ce moment. Edward et toi, c'était tellement évident! Vous sembliez faits l'un pour l'autre et jusqu'à maintenant, tu n'avais probablement jamais envisagé la probabilité de passer ta vie sans être auprès de lui, alors c'est normal que ça te fasse un choc et que ça t'atteigne autant... Parce que, même si tu aimes ton nouveau prétendant, tu ne peux pas effacer tous tes souvenirs avec Edward pour autant... » Expliquai-je en repensant à mon défunt mari et à mon nouvel ami. La situation était semblable, quoi que plus compliquée pour la pauvre Rosa qui devait s'être retrouvée prise entre deux sièges. « Tu sais, l'amour est une chose imprévisible. Tu ne pouvais pas savoir que tu allais tomber amoureuse de cet homme, alors c'est normal de te retrouver aussi dépassée par la situation. Mais... dans ce cas-ci, je crois que tu dois uniquement écouter ton coeur, même s'il est difficile de renoncer à ce que tu avais construit avec Edward... Cet homme, il te rend heureuse? Si c'est le cas -et si Edward tient réellement à toi-, il devrait finir par comprendre ta décision. »
Grace était la première personne a qui je parlais de ma rupture… C’était douloureux et je sentais mon cœur se déchirer à chaque fois que je prononçais le moindre mot… « Rosa... » Elle s’était approchée de moi et me tenait le bras pour me réconforter. Les yeux embués, je relevais la tête vers elle. Son regard était compatissant et je pouvais voir qu’elle était touchée par mes déclarations. Non loin de moi, l’idée de lui faire de la peine, non… « Je comprends parfaitement comment tu dois te sentir en ce moment. Edward et toi, c'était tellement évident ! Vous sembliez faits l'un pour l'autre et jusqu'à maintenant, tu n'avais probablement jamais envisagé la probabilité de passer ta vie sans être auprès de lui, alors c'est normal que ça te fasse un choc et que ça t'atteigne autant... Parce que, même si tu aimes ton nouveau prétendant, tu ne peux pas effacer tous tes souvenirs avec Edward pour autant... » Elle avait raison sur toute la ligne… Je connaissais Edward depuis que nous étions enfant, il était avant tout mon ami avant de devenir mon prétendant. Nous avions appris à nous connaître au fils du temps et notre amitié s’était changée en amour. Il occupait encore aujourd’hui, une place très importante dans mon cœur, mais je devais bien l’avouer, ce n’était plus la même… Je reniflais et essuyais mes yeux d’un revers de main et continuai a écouter mon amie. « Tu sais, l'amour est une chose imprévisible. Tu ne pouvais pas savoir que tu allais tomber amoureuse de cet homme, alors c'est normal de te retrouver aussi dépassée par la situation. Mais... dans ce cas-ci, je crois que tu dois uniquement écouter ton coeur, même s'il est difficile de renoncer à ce que tu avais construit avec Edward... Cet homme, il te rend heureuse ? Si c'est le cas -et si Edward tient réellement à toi-, il devrait finir par comprendre ta décision. » Écouter mon cœur… C’est ce que je tentais de faire, pourtant, c’était dur… Je n’arrivais jamais à savoir si je prenais la bonne décision… Alors je fuyais… Et maintenant que j’avais enfin osé écouter mon cœur, je me sentais terriblement mal… Lorsqu’elle me demanda si l’homme que j’avais rencontré me rendait heureuse, je hochais la tête de haut en bas. « Oh oui, il me rend heureuse. Dans ses bras, j’oublie tous mes soucis à la ferme, j’en oublie même Edward… Mais dès que je le quitte, c’est un retour à la réalité… Brutal et difficile… »
Reprenant doucement mes esprits et mon souffle, je remis mon cheval au pas, pour suivre le sentier au milieu duquel je m’étais arrêté pour parler avec mon amie. « Je suis désolée de t’importuner avec mes histoires de cœurs… C’est tellement puéril… J’ai l’impression d’être une gamine qui n’arrive pas à prendre une fichue décision ! » J’étais énervée par moi-même puisque je m’étais mise, tout seul, dans cette situation… « J’ai laissé mon couple se dégrader, je le regrette, mais je m’en veux aussi d’avoir trouvé du réconfort dans les bras d’un autre… Et les gens au village ? Que vont-ils penser de moi ? » Je n’aimais pas particulièrement le regard des gens sur moi à vrai dire… J’étais plutôt discrète et je préférais me faire oublier... Comment est-ce qu’ils allaient parler de moi maintenant ? Allais-je devenir à leurs yeux une catin comme celles qu’ils pointent du doigt sans aucun respect ?... « Je ne vais pas oser retourner au marcher avant des semaines… Je ne veux plus sortir de chez moi… Je ne sais plus quoi faire… » Une nouvelle fois, mes yeux rouges, à cause des larmes, cherchaient le regard de mon amie. Je savais qu’elle aurait des mots réconfortants et doux comme à son habitude. Je m’en voulais de l’importuner avec mes déboires sentimentaux, mais c’était la seule personne vers qui je pouvais me tourner aujourd’hui.
Je ne pouvais faire autrement que de me sentir triste pour mon amie. La voir dans un tel état m'affectait et je me retrouvais désemparrée. Dans l'idéal, j'aurais voulu prendre tous ses doutes et toute sa peine pour les vivres à sa place, mais c'était impossible. Je me contentai donc de lui adresser quelques conseils qui me paraissaient logiques malgré le peu d'expérience que j'avais en la matière. Après tout, je n'avais jamais aimé qu'un seul homme et ce dernier était décédé. Toutefois, pour avoir beaucoup lu et observer les couples autour de moi, je pouvais tout de même comprendre le tiraillement que ressentait la pauvre Rosasharn. Car, même si au final Edward était celui qui perdrait le plus, mon amie avait tout de même un deuil à faire. À vrai dire, son univers tout entier s'écroulait. Depuis que je la connaissais qu'elle n'avait d'yeux que pour l'ancien enfant perdu. J'avais toujours cru qu'ils étaient faits l'un pour l'autre et que leur amour serait éternel. Mais, comme je venais de le dire à la jolie fermière, ce sentiment était imprévisible. Ce n'était nullement sa faute si elle s'était entichée d'un autre homme et personne ne pouvait la blâmer pour ça. Pas même Edward, car si ce dernier l'aimait autant qu'il le prétendait, il finirait par accepter la rupture pour Rosasharn. Pour qu'elle soit heureuse.
J'expliquai donc mon point de vue à la blonde, vaillant à bien choisir mes mots afin qu'elle comprenne bien que rien dans tout ça n'était sa faute. Je ne voulais surtout pas qu'elle continue de culpabiliser. Mais je voulais aussi m'assurer que ce nouveau prétendant la méritait, parce qu'au moment de mon arrivée à Neverland, Rosa avait été l'une des premières avec qui j'avais pu me lier d'amitié. Cette fille était la douceur et la gentillesse incarnée, alors elle méritait ce qu'il y avait de mieux. Je lui demandai donc si cet homme la rendait heureuse, ce à quoi elle répondit : « Oh oui, il me rend heureuse. Dans ses bras, j’oublie tous mes soucis à la ferme, j’en oublie même Edward… Mais dès que je le quitte, c’est un retour à la réalité… Brutal et difficile… » En entendant ces paroles, je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire de soulagement. Au moins, elle semblait être tombée sur un type bien et dans ce sens, j'étais aussi ravie pour elle. Seulement, il suffit de quelques secondes pour que l'image d'Edward envahisse mes pensées. Le pauvre... Ce serait un coup dur pour lui et si même-moi je ne pouvais m'empêcher de me sentir triste pour ce jeune homme, je n'imaginais même pas dans quel état se trouvait Rosasharn...
Juste avant de reprendre la parole, la fermière remit son cheval au pas. Je l'imitai de façon automatique et bientôt, nous progressions à nouveau sur le sentier. « Je suis désolée de t’importuner avec mes histoires de cœurs… C’est tellement puéril… J’ai l’impression d’être une gamine qui n’arrive pas à prendre une fichue décision ! » Reprit-elle avant d'enchaîner en me confiant ses craintes à propos de la réaction qu'aurait les autres habitants du village. « Je ne vais pas oser retourner au marcher avant des semaines… Je ne veux plus sortir de chez moi… Je ne sais plus quoi faire… » Termina-t-elle les yeux remplis d'eau. Cette vision me parut insupportable tellement j'étais habituée de voir mon amie souriante et pleine de vie. Je me sentais impuissante face à sa peine, mais je fis tout de même de mon mieux pour trouver les mots justes. « Ne t'inquiètes pas pour moi. Tu ne m'importunes pas du tout, au contraire. Je n'aurais pas supporter de te voir triste sans comprendre pourquoi et sans pouvoir t'aider. » Répondis-je d'un ton doux avant de lui adresser un sourire sincère.
« Et tu n'as pas à t'en vouloir. Si votre couple s'est dégradé, ce n'est pas uniquement ta faute et même si les villageois ne sont pas de cet avis, je serai toujours là pour te soutenir. Leur avis à eux ne compte pas. De toute façon, ils ne peuvent pas comprendre. Tout ce qui compte, c'est ton entourage. Tes vrais amis seront là pour te soutenir. En tout cas, moi je le serai... » Je marquai une légère pause, le temps de me calmer un peu. Sans m'en rendre compte, je m'étais laissée emporter par mes émotions et ma voix était légèrement tremblante. « Et si tu n'oses plus sortir de chez toi, alors je viendrai te rendre visite. N'oublies pas, je serai toujours là pour te consoler et te rassurer. Par contre, je crois que tu devrais tout de même parler de ce que tu ressens à Edward... Et à ton nouvel ami, si ce n'est pas déjà fait et même si c'est difficile. » Terminai-je d'un ton plus assuré.
Si j’étais venu me confier auprès de Grace, c’est que je savais que mon amie était celle qui arriverait à trouver les mots pour me faire du bien et pour me réconforter. C’était aussi parce qu’auprès d’elle, je me sentais à l’aise, je savais pertinemment qu’elle n’allait porter aucun jugement et que je serais écoutée. J’expliquais alors à Grace les raisons de notre rupture avec Edward… J’avais beau dire qu’il s’était fait de plus en plus absent, j’avais tout de même l’impression que c’était de ma faute si aujourd’hui, nous étions séparés… De ma faute, car j’étais tombée amoureuse d’un autre homme... Je me posais toujours un million de questions et j’avais peur d’ennuyer mon amie avec toutes mes histoires. « Ne t'inquiète pas pour moi. Tu ne m'importunes pas du tout, au contraire. Je n'aurais pas supporté de te voir triste sans comprendre pourquoi et sans pouvoir t'aider. » Je relevais les yeux vers Grace et lui souris. Elle avait cette voix douce qui réussissait toujours à me rassurer.
« Et tu n'as pas à t'en vouloir. Si votre couple s'est dégradé, ce n'est pas uniquement ta faute et même si les villageois ne sont pas de cet avis, je serai toujours là pour te soutenir. Leur avis à eux ne compte pas. De toute façon, ils ne peuvent pas comprendre. Tout ce qui compte, c'est ton entourage. Tes vrais amis seront là pour te soutenir. En tout cas, moi je le serai... » Nos chevaux marchaient l’un à côté de l’autre et j’écoutais Grace qui faisait tout pour que je me sente mieux. J’étais quelque peu anxieuse en imaginant l’image que les gens de Blindman’s Bluff allaient se faire de moi, mais comme le disais si bien mon amie, leur avis ne comptait pas. C’était pourtant difficile... Je croisais ces personnages presque tous les jours au marché et j’avais peur que ma réputation ne les fasse quitter mon étale… Je me faisais encore une fois des films, sans doute bien plus dramatique que ne le sera la réalité. « Merci » dis-je alors à Grace lorsqu’elle fit une petite pause. « Et si tu n'oses plus sortir de chez toi, alors je viendrai te rendre visite. N'oublies pas, je serai toujours là pour te consoler et te rassurer. Par contre, je crois que tu devrais tout de même parler de ce que tu ressens à Edward... Et à ton nouvel ami, si ce n'est pas déjà fait et même si c'est difficile. » Je ris lorsque Grace me dit qu’elle viendrait me voir si je ne quittais plus ma maison. Je l’imaginais bien venir me sortir du lit pour aller prendre l’air. « C’est déjà fait… » Dis-je ensuite avec un air plus triste en parlant d’Edward… « Hier matin, je lui ai expliqué ma situation… Enfin, je n’ai pas vraiment dit que je voyais quelqu’un… J’ai… » Tout comme la veille lorsque j’avais essayé d’avoir cette conversation avec Edward, je tournai autour du pot. « Enfaite, je lui ai expliqué que je me sentais délaissé, que je ne voulais plus d’une relation comme celle que nous avions… et je n’ai pas ajouté grand-chose de plus… C’était déjà assez délicat alors je n’ai pas osé évoquer Magnus… » Durant notre conversation, j’ignorais si Edward bouillonnait de colère ou de tristesse alors j’avais rapidement mis fin à notre conversation avant que les esprits ne s’échauffent… Depuis nous ne nous étions plus adresser un seul mot… « Quant à Magnus, il connaît ma situation… Il savait que j’étais fiancée. Les premières fois que l’on s’est vues, c’était en tout bien tout honneur, sans arrière-pensée je t’assure. Puis à force de se croiser… Je me suis attachée à lui et lui ai moi. Et même si au début de ne voulais pas me l’avouer, mes sentiments se sont transformés en amour… » C’était apaisant de se confier. Je gardais tout pour moi depuis hier et en parler avec quelqu’un me soulageais… J’aurais certaine pu en parler avec ma mère, mais elle avait, elle aussi du mal à accepter ma rupture avec Edward... Alors c’est auprès de Grace que je trouvais du réconfort. « Assez parler de mes problèmes ! Dis-moi que tu as quelque chose de joyeux à raconter ! »
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