J’avais fait parvenir une lettre à Égéon pour qu’il vienne me rejoindre dans notre cabane. Celle qui avait été notre refuge pendant plusieurs années. Elle me réconfortait encore. J’avais déniché de petites babioles, j’en avais fait un paradis terrestre. Pour que lui et moi on se sente comme sur la terre ferme l’instant d’un moment. Je savais bien que les escapades à la surface n’étaient plus une option pour m’évader. Malech voulait que j’apprenne à bien me tenir et je lui avais promis que j’essaierais, tout entrant pas dans son jeu. Je ne ferais donc pas exprès de le faire. Et disons-le, je ne voulais pas que mon meilleur ami ait des ennuis. Je ne savais pas combien de temps cela prendrait pour qu’il arrive, mais pendant ce temps, je pris le mot que ma mère m’avait écrit… Je ne l’avais pas encore lu. Elle ne venait pas me voir, elle ne m’avait pratiquement pas élevée, mais mon grand-père disait toujours qu’elle s’inquiétait pour moi. Je ne lui parlais plus vraiment… Nous n’avions rien à nous dire. Elle n’avait fait que des actions pour son bien-être à elle et dans la vision de revenir parmi nous… enfin se rapprocher de la cour. Elle s’inquiétait peut-être pour moi, mais moi, je ne voulais pas savoir cela. Même si je savais que mon grand-père aussi avait des ambitions pour moi, lui, il m’avait élevé, il avait été présent pour moi. Elle, pas du tout. Je m’étais donc assise, du moins, je touchais le fond et j’y étais accoudée. Je pris le mot qu’elle avait pris soin de placer sous une pellicule qui le maintenait en bon état.
«Chère Amina, Je sais que je n’ai pas été présente ces derniers temps, mais je voudrais rattraper le coup. Je n’ai pas été une bonne mère, une qui te protège de la vie, une qui te laisse pleurer sur son épaule et une qui t’aime plus que tout. Je t’ai éloigné de moi, parce que je pensais que c’était ce qu’il y avait de mieux pour toi. Que tu serais mieux avec ton grand-père qui n’avait aucun souci. J’ai eu beaucoup de problèmes, surtout après ta naissance. Je n’allais pas bien. Je n’avais pas l’énergie pour m’occuper de toi et je n’étais pas en mesure de te donner de la force. J’ai su que tu étais devenue une jeune sirène formidable. Que tu étais bien élevée, que tu étais gentille et que tu portais un grand intérêt aux gens qui t’entourent. Je sais que je ne mérites pas de faire partie de ta vie… Mais considèrerais-tu un seul instant que je t’aime énormément et que maintenant je vais mieux? Que je veux être la mère que tu aurais du avoir. Je te laisse réfléchir à tout ça ma chérie.
[…]
De tout mon amour , Maman. »
Je ne savais plus où me mettre, je ne savais plus comment je devais réagir. Mes yeux perlaient de larmes. Comment pouvait-elle me faire cela? Comment pouvait-elle penser pouvoir revenir dans ma vie, alors qu’elle n’avait jamais rien fait pour moi. Mon grand-père l’aimait, parce que c’était sa fille, il lui pardonnait toujours, mais la vérité est que ma mère ne savait pas se tenir. Elle ne savait pas vivre selon des règles. J’étais fâchée contre elle, contre sa lettre qui venait bouleverser toute ma vie. Je laissai aller mes émotions et chiffonnai le mot. Je ne voulais plus le voir. Je ne voulais plus qu’il existe, je ne voulais ne pas l’avoir lu. Je le jetai au bout de mes bras. Mais il ne tomba pas là où je voulais, il heurta égéon à la place.
«Pardon, je ne voulais pas t’assommer avec ce bout de je ne sais quoi.» Dis-je me forçant à reprendre un petit sourire.
« Notre amitié est plus forte que la plus puissante des tempêtes, jamais rien ne nous séparera. »
Ce matin je me suis levé en sachant qu'une longue journée m'attendait. J'ai pas arrêté de la matinée, pas cinq minutes de pause, tout juste le temps de manger. Alors quand j'ai reçu cette lettre d'Amina me demandant de la rejoindre dans notre cabane, j'ai sauté sur l'occasion pour balancer cette excuse à mon père, qui semble apprécier que je passe plus de temps avec elle et m'accorde mon après-midi. Je garde ça dans le coin de ma tête pour plus tard, si je dois m'éclipser, sans trop profiter de la situation bien sur, je pourrais toujours dire que je vais voir Mina ... Comme à chaque fois depuis que je suis prince, je sors sous escorte, enfin sous petite escorte, un seul garde c'est déjà mieux. Les temps sont plus calmes sous l'eau, plus calme qu'après la déchéance de l'ancienne reine, mais aussi plus calme que sur terre. Bizarrement les choses sembles comme figées dans cette obscurité qui envahis tout.
Arrivée devant chez Amina, c'est son grand-père qui m'ouvre. Je le connais depuis toujours, il l'a élevé et il m'a vu grandir moi aussi en quelque sorte. Avant d'habiter au palais on était voisins et j'aimais beaucoup ce vieil homme, il était un peu comme mon grand-père à moi aussi, même si j'ai toujours su qu'il ne m'a jamais parlé comme il le fait avec Mina. En entrant le garde fait mine d'entrer avec moi. Avec le grand-père on s'arrête tous les deux pour le regarder fixement. " Vous êtes nouveau non ? " A bien y regarder en fait il est vrai que je ne l'avais encore jamais vu, pas dans ma garde personnelle en tout cas. " Oui monsieur, euh, votre altesse. C'est que votre garde habituel avait un empêchement il m'a demandé de le remplacer ... " Ça m'étonne un peu mais ce n'est pas la première fois que ça arrive, cela devait être important pour que mon ami ne m'escorte pas en personne. Et je lui fait confiance, si il a choisit ce jeune homme c'est qu'il est à la hauteur. " D'accord, eh bien si jamais vous devez être amené à m'accompagner de nouveau dans le futur, sachez qu'ici je suis comme chez moi, je suis chez des amis fidèles et je suis en parfaite sécurité. Je vous laisse donc m'attendre ici, je vous récupère en sortant. " Je ne veut pas être trop agressif avec lui, après tout il ne m'a rien fait le pauvre. Aussi je prend bien le temps de lui expliquer calmement et tout en lui souriant à la fin. En entrant je me rend compte que j'ai prit quand même une certaine autorité, l'enseignement de mes parents semble commencer à porter ses fruits.
Durant le petit trajet qui sépare la porte d'entrée du jardin, j'eu droit aux familiarités d'usage avec le grand-père Aveshal. Comment vont mes parents, la vie au palais se passe-t-elle bien, on ne me voit plus aussi souvent qu'avant, oui c'est dommage, et lui comment va-t-il, est-ce qu'il reste toujours en forme, est-ce qu'il a des nouvelles de sa fille (ça c'est juste par pure politesse parce que depuis que je sais ce qu'elle a fait à Mina, je peux pas la sentir). Les banalités quoi d'usage, comme j'ai dit quoi. Heureusement, au moment où je commençais à en avoir marre, on atteint le jardin et il me laisse continuer seul jusqu'à notre cabane.
Je me tiens dans l'embrasure lorsque je vois Amina, allongé au sol triste comme tout, la larme à l’œil, une lettre à la main. J'allais me diriger vers elle pour la réconforter quand, sans s’apercevoir que je suis là, elle se retourne et me lance la lettre toute chiffonnée à la figure. Je vois bien que quelque chose ne va pas, elle se force à sourire, je la connais par cœur. Je me dirige vers ell et je m'allonge à ses côtés avant de lui attraper une main que je garde au creux des miennes. " Qu'est-ce qui t'arrive ma petite loutre ? Et ne me dit pas rien, je vois bien que ça va pas. C'était quoi cette lettre ? " J'essaye de lire dans son regard, mais elle me fuit quelque peu. Depuis la dernière fois elle semble un peu plus gênée en ma présence, je ne sais pas si un jour on redeviendra comme avant, je l'aimerais tellement. En tout cas je sais que certains voudraient qu'on passe à la vitesse supérieure, mais autant elle que mon père savent qu'il me faut du temps.
Il lisait en moi comme un livre ouvert. Il savait exactement quand je n’allais pas bien et je savais quand il n’allait pas bien. Nous nous connaissions par cœur. Peut-être un peu trop. Sa main dans la mienne m’apportait du réconfort. J’avais hésité à le lui cacher ou du moins éviter la réponse ou à lui dire toute la vérité. Mes larmes coulaient toujours, elles ne voulaient pas s’arrêter. Cette lettre avait touché quelque chose en moi qui avait été verrouillée à double tours depuis ma jeunesse. Toujours en gardant ses doigts entrelacés aux miens je lui répondis :
«Ma mère… Elle dit aller mieux et vouloir faire partie de ma vie à nouveau. Elle dit vouloir être la mère qu’elle aurait dû être. Qu’elle est prête. Mais comment elle peut me dire ça? Comment elle peut croire que je vais simplement la laisser revenir dans ma vie après toutes ces années, alors qu’elle m’a abandonnée? Je ne sais même pas pourquoi ça me touche autant… Ça ne devrait pas… Je ne la connais même pas… enfin presque pas...»
Je déboulais les phrases à la vitesse de l’éclair, car quand j’étais nerveuse, triste, en colère, je parlais beaucoup trop. Elle ne devrait rien représenter pour moi à part la brillance de son absence. Elle n’était même plus ma mère à mes yeux. C’était ce que je pensais. Parce que visiblement c’était faux, car je pleurnichais comme une gamine.
«La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur qui se pavane et s'agite durant son heure sur la scène et qu’ensuite on n'entend plus. C'est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.» (Les tragédies de Shakespeare)
Une phrase que je me rappelle avoir entendue souvent lorsque j’allais passer quelques jours avec ma mère parce que mon grand-père l’exigeait à ma mère et à moi. Ils ne voulaient pas que l’on perde contact. Ce qui était finalement arrivée, le jour où elle m’avait dit que j’étais son seul espoir de redorer son image et que j’étais un accident… Elle répétait sans cesse cette phrase. Maintenant j’en comprenais tout le sens. C’était ce qui était en «ps» dans la lettre qu’elle m’avait remise. Je n’avais même pas lu trois mots que je savais que c’était cela. Ma mère prenait sa vie comme une tragédie.
«C’est d’un certain Shakespare. Elle m’a dit que c’était un humain arrivé sur l’île qui le lui avait dit. Elle me la répétait le soir avant de dormir… avant que je ne cesse définitivement de la voir. Tu sais ce que cela veut dire?»
Je me permis de mettre ma tête sur son épaule et de prendre sa main qui était dans la mienne pour qu’il m’entoure de ses bras. L’ami qu’il était me rassurait. J’avais l’impression de pouvoir tout lui dire. Même si depuis quelques temps j’avais été un peu plus distante, car je voulais lui laisser de l’espace pour qu’il puisse réfléchir à ce qu’il ressentait. Je voulais aussi me laisser l’espace pour me ressaisir de tout cela. Cependant, là, maintenant, dans ce moment précis, plus rien n’avait d’importance, j’avais besoin lui. Je me rendais compte que plus j’étais loin de lui, moins j’étais moi-même. Il donnait un sens à ma vie et j’espérais en donner à la sienne.
«Je voulais te dire quelque chose. Je ne veux plus jamais que l’on passe autant de temps séparé l’un de l’autre. Et j’espère qu’il n’y a pas de rumeurs sur moi qui sont parvenues à tes oreilles.»
« Notre amitié est plus forte que la plus puissante des tempêtes, jamais rien ne nous séparera. »
Sa mère, encore cette femme qui prend un malin plaisir à la tourmenter. Franchement, si je ne craignait pas de blesser Amina, j'irais là voir pour lui dire ses quatre vérités à celle-là. Amina continue de pleurer, elle ne comprend pas, et moi non plus d'ailleurs, mais elle ne peut pas faire autrement qu'être touchée après tout, c'est ça mère. " Mina, Mina, calme toi. Tu sais, même si elle t'en a fait baver, ça reste ta mère, c'est pour ça que ça te touche. Tu n'y peu rien petit poisson lune, c'est comme ça, tu es comme ça, tu es forte et sensible à la fois, et on a beau te faire toutes les crasses du monde, tu porte toujours chaque personne dans ton cœur. C'est une des choses que j'aime chez toi. " Je la regarde et je lui souris, elle est belle ma Mina, aussi bien dedans que dehors.
Allongé sur le sol, je me retourne pour me mettre sur le dos. Je la regarde de mes petits yeux d'homme admiratif. Je me demande comment elle fait pour retenir toutes ses choses, moi j'ai déjà du mal avec mes cours et le protocole. J'ai dit un grand cœur ? Un grand cerveau aussi je pense. Par contre, c'est pas très joyeux tout ça pour endormir une enfant, elle a vraiment un truc qui cloche sa maman. Moi ma mère me racontait des histoires, des aventures de héros qui terrassaient des monstres, des histoires d'amour et de combats acharnés, tout ce qu'il faut pour dormir avec des étoiles plein la tête. " Ben en gros c'est une vision plutôt pessimiste de la vie, ça veut dire que la vie elle passe très vite sans avoir de sens et qu'elle fini sur le néant. Mais il ne faut pas écouter cet adage tu sais, la vie est belle, elle vaut le coup d'être vécue. "
J'ai eu envie de lui effleurer la joue pour lui essuyer ses larmes, parce que je n'aime pas la voir pleure ma petite blonde. Mais je n'ai pas osé, à cause de ce qui s'est passé dernièrement. Je suis moins spontané depuis, j'hésite à faire beaucoup de chose, j'en suis conscient. Je le sais pas trop comment m'y prendre je ne sais pas si je dois continuer comme avant ou pas, j'ai un peu peur qu'elle prenne le moindre de mes gestes pour un aveu, pour une prise de décision, alors que je suis toujours aussi coincé avec mon cerveau et mon cœur qui se giflent et se renvoient la balle.
Avant même qu'une décision soit prise de mon côté, elle se blottit dans mes bras. Durant un instant ses cheveux viennent sur mon visage et me chatouillent le nez. Je rigole en me trémoussant avant de leur souffler dessus pour qu'ils partent, emportés par le peu de courant marin qui passe la fenêtre de la cabane. " C'est vrai que cela faisait longtemps que l'ont avait pas discuté comme ça, juste pour être ensemble. Ça m'avait manqué. " Lorsqu'elle parle de rumeurs, ma curiosité est piquée au vif. Je me décale un petit peu pour pouvoir voir son visage avant de l'interroger. Si elle ne me dit pas, je suis prête à sortir mon arme secrète, les guilis ! " Comment ça quel genre de rumeurs ? Tu en a trop dit maintenant, t'es obligé de tout me dire ! " Je crois bien qu'un sourire malicieux vient d’apparaître sur mon visage à l'instant où je prononce cette phrase.
J’étais bouleversée. Je n’avais pas réalisé à quel point le fait de ne pas avoir de mère me manquait. Je n’avais pas réalisé à quel point elle avait de l’emprise sur moi. Elle pouvait me détruire avec de simples mots. Ce que j’aimais chez Égéon c’était qu’il était toujours là pour me rassurer, pour apaiser la peur qui grondait à l’intérieur de moi. Une peur irrationnelle, une peur de faire confiance et de sombrer à nouveau. Mes pensées étaient embrouillées, je ne savais plus si je pouvais la croire ou s’il ne le fallait pas. En avait-elle déjà parlé avec grand-père? Il fallait que j’apprenne à me bâtir un mur de brique autour du cœur, si je voulais cesser un jour de souffrir.
«Ah bon? Cela ne fait pas de moi quelqu’un d’idiot? Mon grand cœur finira par me tuer.»
Décidément, ma mère ne faisait les choses comme personne. Au lieu de me raconter des histoires inspirantes et imaginées pour les enfants, elle préférait me parler de tragédies. Était-ce pour cela que j’avais grandi avec espoir? Était-ce pour cela que je voulais aider tout le monde en prenant tout sur moi? Ne voulais-je pas le meilleur des mondes et éviter toute tragédie? Mon meilleur ami avait raison de comprendre une vision fatidique de la vie. C’était bien là le sujet de ce texte. De croire que la vie est éphémère et qu’elle n’est porteuse d’aucun sens. Je ne pus m’empêcher de rire lorsqu’il me conseilla de ne pas écouter ce genre d’adage et qu’il me fallait aimer la vie.
«Ne t’inquiète pas je le sais. Tu oublies qui m’a élevée après tout? Impossible de ne pas aimer la vie quand on vit près ton père et de ta mère.» Dis-je avec un petit sourire.
Je ne m’étais pas gênée pour m’affaler dans ses bras. On disait que le contact physique stimulait une hormone (fait référence à l’endorphine) à l’intérieur de nous et que cela calmait nos paniques. J’étais bien. Je le sentais rigoler sous ma tête parce que mes cheveux se faisaient envahissants. D’ailleurs, je n’avais jamais rencontré de sirène aux cheveux courts. Son rire se faisait contagieux, alors je rigolai à mon tour. Mais comme à mon habitude, j’en avais dit beaucoup trop et maintenant je devais lui raconter mon histoire farfelue. Mais, il paraissait réellement surpris, alors je m’en voulu d’avoir abordé le sujet. Rien ne s’était rendu à ses oreilles.
«Um… comment dire… J’ai un peu dérapé. Beaucoup de gens m’ont vu briser des choses et crier… J’avais beaucoup trop accumulé de frustration et d’incompréhension… Je pensais que tu saurais? Que cela se serait propagé… Regardez c’est la folle.»
J’allais lui épargner les détails du fait que j’avais quitté avec un triton vers la terre ferme. Un que je ne connaissais pas d’ailleurs. Maintenant je le connaissais, car il était une partie de moi que je recherchais depuis toujours. Mais ça aussi j’allais lui épargner le sujet. Lui dire que j’avais retrouvé mon père n’était peut-être une bonne idée pour l’instant.
« Notre amitié est plus forte que la plus puissante des tempêtes, jamais rien ne nous séparera. »
Je vois bien qu'elle est perdue, qu'elle sait pas trop quoi pensé. Je la connais vraiment par cœur, puis faut dire que toutes ses émotions passent dans ses yeux, impossible de les rater. C'est naturel de s'inquiéter de paraître illogique ou idiote quand on veut pardonner à quelqu'un qui nous a fait du mal, surtout quand ce quelqu'un nous a donné la vie. " Non petit cœur, cela fait simplement de toi quelqu'un d'humain. A vrai dire le contraire m'aurait étonné, si cela ne t'avait pas touché c'est que tu aurais commencé à perdre ton cœur si grand. " Et si il a bien une chose que je ne souhaite pas, c'est qu'elle change. Je l'aime comme elle est, on est aussi fusionnels parce que nos caractères se complètent, et si l'un de nous change alors ce sera le début de la fin de notre relation.
C'est vrai que mes parents sont devenus un peu les siens, elle a vécu avec nous, ils lui ont inculqués jour après jour des valeurs qui leur étaient chères, elle a grandit comme j'ai grandit. Après on a tous nos soucis, tous nos fantômes, mais je trouve qu'on s'en est plutôt bien sortis, quand je nous regarde adultes à présent, je me dis que mes parents ont bien travaillés et qu'on est bien parvenus à passer outre nos soucis pour être heureux. Cette remarque me fait sourire, je repense à notre enfance, à ces souvenirs qui n'appartiennent qu'à nous. Je me trouve chanceux d'avoir grandit loin du palais finalement, je n'aurais pas été aussi libre, je ne serais pas devenu l'homme que je suis, et par dessus tout, je ne suis pas sur que j'aurais été aussi proche d'Amina.
Rire, rire comme lorsque l'on était enfant, pour tout et pour rien, mais surtout pour rien, parce que c'est les moments les plus agréables. " Um… comment dire… J’ai un peu dérapé. Beaucoup de gens m’ont vu briser des choses et crier… J’avais beaucoup trop accumulé de frustration et d’incompréhension… Je pensais que tu saurais? Que cela se serait propagé… Regardez c’est la folle. " Je ne pu retenir mon rire, encore une fois, il fut spontané et totalement sortit du cœur. " Non je n'ai rien entendu, tu sais bien que je ne suis pas du genre à prêter attention aux on dit. Je m'en fou tellement que je n'ai pas la curiosité de demander qui concerne ceux que j'entend des fois. Et je t'interdit de dire que tu es folle, tu as toute ta tête et je met au défit quiconque le pense de venir me le dire en face. Tu m'as compris ? Tu es parfaitement normal. " J'ai repris tout mon sérieux en disant cela. Je ne veut pas qu'elle écoute ces gens, ces mauvaises langues qui ne savent que rabaisser les gens et briser des vies. Ma Mina est très bien comme elle est, elle est même très intelligente, et elle est très loin d'être folle.
J'ai déjà dit que je la connaissais par cœur non ? Je vois bien qu'elle ne me dit pas tout, mais je la laisse choisir. C'est à elle de décider si elle veut me confier ce qu'elle me cache. Bien sur si elle ne me dit pas tout je serais un peu vexé parce que ce sera la première fois, mais après tout, ce serait de bonne guerre, je ne pourrais pas le lui reprocher puisque je l'ai fait avant elle, je lui ai caché ma relation avec Seyranëa, et je lui épargne tous ces doutes qui me tiraillent. " Non vraiment rien petit chat. Ne t'en fais pas, quoi qu'il en soit, les ragots, si il y en a, cesseront aussi vite qu'ils ont commencé. " Je lui souris de nouveau et je lui pose un baiser sur le front en lui caressant les cheveux. J'ai toujours eu ses gestes de tendresse envers elle. Mais c'est la première fois que je me vois le faire et que je le ressens différemment.
" Non petit cœur, cela fait simplement de toi quelqu'un d'humain. A vrai dire le contraire m'aurait étonné, si cela ne t'avait pas touché c'est que tu aurais commencé à perdre ton cœur si grand. "
Il était bien le Égéon que j’avais connu. Toujours aussi attentif et soucieux du bonheur de ses amis. Il savait que j’étais incapable de me bâtir une armure. Mais le voulais-je vraiment au fond? Je ne saurais le dire. Il disait vrai, mon cœur était grand, car il voyait le bon en chacun et essayait d’enrayer le mal. Cependant, cela pouvait être à double tranchant. Parfois une personne ne méritait tout simplement pas que l’on lui prête attention et de partager notre vie ou nos souvenirs. Lui, il le méritait amplement. On avait grandi ensemble, on avait développé cette forte chimie, car nous étions complémentaires. Nous savions lire l’un dans l’autre et nous apaiser au besoin. Je ne comptais pas changer, du moins pas du jour au lendemain. Mais je devais apprendre à me forger un caractère fort, car si le plan de Malech fonctionnait, je me retrouverais à être contemplée par le peuple.
«Tu sais que… tu trouves toujours les mots toi?!» Dis-je en souriant.
Nous nous étions retrouvés. Même si cela était un peu différent depuis mon aveu de l’autre fois, il n’en restait pas moins mon ami, ma moitié. Je m’étais mise tout contre lui et cela ne nous empêchait pas de rire aux éclats. Oui bon… d’Accord, j’avais été quelques peu hystérique l’autre jour et j’avais pété les plombs, mais au moins j’étais redevenue moi-même. Je ne pouvais pas m’empêcher de rire à l’unisson avec le sien, il n’avait rien entendu et c’était merveilleux. Puis, il revint sérieux en me disant que je n’étais pas folle. C’était déjà ça! Il ne manquerait que la folie à mon curriculum vitea de fille brisée. Il avait vite compris que les ragots étaient des vilains mots qui voulaient nuire à la réputation de quelqu’un et il avait foi que cela s’effacerait très vite. Je gardais toujours mon sourire.
«Tu as raison! Ce ne sont que des rumeurs et puis, elles ne valent pas le détour. Pas du tout. Et je vais t’épargner les détails de cette soirée. Elle n’est pas glorieuse.» Dis-je en éclatant d’un fou rire.
Puis, je me rappelai de notre boîte à souhait. Chaque année, nous mettions nos souhaits à l’intérieur. Soit on les écrivait ou on mettait un objet qui le représentait. Je me redressai et d’un coup de nageoire j’allai la chercher. Je la ramenai près de lui, toujours avec un large sourire.
«Tu te rappelles de ça? Il y a bien longtemps que nous n’avons pas mis de souhait à l’intérieur. Je ne me rappelle même plus ce que nous nous étions souhaités autrefois. Tu veux voir?» Lui dis-je sur un ton défi.
Nous avions arrêté il y a quelques temps, car les nouvelles fonctions nous laissaient un peu moins de temps et le fait qu’il était toujours accompagné d’un garde me mettait un peu mal à l’aise, puisque c’était très personnel. Mais aujourd’hui c’était différent, le garde n’était pas là et je sentais au plus profond de moi-même que nous en aurions le besoin.
«Mon coquillage qui fait le son de la mer! Pour que jamais nous arrêtions de communiquer toi et moi. Oh et regardes! C’est le ruban que tu avais mis dans mes cheveux une fois quand nous étions petits, car tu voulais voir mon visage et non des cheveux qui le cachent.»
C’était amusant de voir tous les petits trésors que nous avions amassés avec le temps et toutes les promesses ou souhaits que nous nous étions fait. Notre amitié n’allait jamais changer.
« Notre amitié est plus forte que la plus puissante des tempêtes, jamais rien ne nous séparera. »
Mon rire résonna encore entre nous deux. Je sais que je trouve toujours les mots, en même temps on est pareils elle et moi alors je n'ai qu'à imaginer ce que j'aimerais qu'on me dise dans ce genre de situation et les mots viennent tout seuls. Rire avec elle de nouveau me fit beaucoup de bien. Je sens que quelque chose la tracasse, mais je quand même content de retrouver cette sincère complicité qui nous animait depuis si longtemps, tellement longtemps que j'ai l'impression qu'elle a toujours été là. " Tu as raison! Ce ne sont que des rumeurs et puis, elles ne valent pas le détour. Pas du tout. Et je vais t’épargner les détails de cette soirée. Elle n’est pas glorieuse. " Ça ça m'étonne, j'ai connus une Amina plus sage, plus calme, alors savoir que cela n'a pas été le cas cette fois-ci cela me rend curieux, j'aimerais qu'elle me raconte, qu'elle me dise qu'il n'y a pas que moi qui ai fait des bêtises récemment. Mais bon, je la connais assez bien pour savoir qu'elle ne lâchera pas le morceau aussi facilement alors je met ce petit objectif de côté pour mieux y revenir plus tard.
" Tu te rappelles de ça? Il y a bien longtemps que nous n’avons pas mis de souhait à l’intérieur. Je ne me rappelle même plus ce que nous nous étions souhaités autrefois. Tu veux voir? " Notre boite à souhaits, notre petite boite aux trésors. Qu'est-ce qu'on a pu en mettre des bêtises là dedans, mais ces bêtises étaient toujours pensées avec le cœur, c'était nos trésors du moment. " Bien sur que je m'en rappelle tu crois quoi petit merlan. Je me rappelle de deux trois trucs, mais c'est fou comme quand on était petits n'importe quoi avait de l'importance. " Lorsqu'elle l'ouvre la nostalgie prend le dessus sur mon cœur, il se serre un petit peu, je me surprend à souhaiter que le temps remonte et que je retrouve ma vie d'avant, d'avant toutes ces responsabilités et cette pression. " Mon coquillage qui fait le son de la mer! Pour que jamais nous arrêtions de communiquer toi et moi. Oh et regardes! C’est le ruban que tu avais mis dans mes cheveux une fois quand nous étions petits, car tu voulais voir mon visage et non des cheveux qui le cachent. " Je passe une main dans ses cheveux en regardant son jolie visage, ah ces cheveux, toujours aussi rebelles. " Ils le cachent toujours d'ailleurs, même si ton jolie visage je le connais par cœur maintenant. Bon, y a quoi d'autre sinon ! " je me détache de ses yeux parce que le malaise commençait à s'emparer de moi à cause de la façon dont je la voit à présent, les choses ont un peu changées.
Je plonge la main dans cette petite boite et en sort un coquillage tout plein de couleurs, je reconnais ce petit trésors que d'ailleurs dernièrement je cherchais partout. " Ah mais il était là celui là !! " Oui, je voue une passion pour les coquillages, et celui là on peut dire que c'est le joyaux de ma collection, je suis content de le retrouver, tellement content que j'en oublie plein de choses, en commençant par mon plan d'interrogation pour savoir ce que Mina me cache. Mes yeux pétillent, je sais qu'elle va me trouver drôle et mignon, elle me l'a toujours dit en voyant ma réaction face à un jolie coquillage. Je plonge à nouveau la main dans la boite pour en sortir un dessin. Je le reconnais et je le montre à Amina en souriant. A l'époque je l'avais mis là en secret, je voulais qu'elle ne le voit qu'à l'occasion où comme là on ré-ouvre cette boite pour retrouver des souvenirs. " Tiens, c'est pour toi. Je l'avais fait quand on était petits et je l'avais mis là en cachette. " Ce dessin représentait ma famille, notre famille, mes parents, mes frères et sœurs et elle, la petite blonde parmi les blonds. Je l'avais placé là, au sein du groupe, juste à côté de moi. J'avais dû avoir un une vision du futur, un éclair de génie, mais j'avais placé tout se beau monde sous ce qui semblait être un, du moins j'étais persuadé que c'était évident à l'époque, le toit du palais.
" Ils le cachent toujours d'ailleurs, même si ton jolie visage je le connais par cœur maintenant. Bon, y a quoi d'autre sinon ! "
À ce moment, lorsqu’il toucha mon visage, en mettant mes cheveux de côté, je me sentis rougir et j’avais une envie de l’embrasser. Je détournai le visage. Je repris mes esprits. Il le fallait. Je ne voulais surtout pas le presser ou lui mettre la pression de choisir. Il était mon meilleur ami et il méritait que je sois neutre. Alors quand il sorti à son tour son coquillage tout coloré, j’en profitai pour prendre de grandes respirations. Il avait l’air d’un gamin à qui on rendait son jouait après l’avoir confisqué. Il était mignon. Je savais qu’il était fait pour moi à ce moment même. Il était ma deuxième moitié, il me complétait. Nos tempéraments se mariaient ensemble depuis notre enfance. Il savait comment me calmer et moi je lui donnais un peu de folie. Je ne pouvais m’empêcher de rigoler en le voyant. Le voir dans cet état d’émerveillement était marrant et admirable.
«Tu l’y avais mis pour te rappeler de toujours t’amuser, si je me souviens bien.» Dis-je en mettant ma main sur celle qui tenait le coquillage.
Je plissai mon petit nez comme à mon habitude quand je trouvais quelque chose chou. Puis, il me tendit un objet qui semblait être représentatif pour lui. Il me dit que c’était pour moi, alors je le pris. J’étais très curieuse. Quand je regardai attentivement le dessin, je me reconnus au beau milieu de la famille. Je ne pouvais m’empêcher de verser une larme, tellement que j’étais émue. Pour lui également, je faisais partie de la famille. J’étais l’une d’entre eux depuis longtemps.
«Oh! Tu savais que je ferais partie de ta famille n’est-ce pas? Tu savais que je vous avais adoptés et que je vous aimais même à l’époque. Alors pour toi aussi je signifiais ta famille?»
Moi aussi j’avais quelque chose pour lui. Je l’avais déposé dans la boîte il y a bien des années. C’était pour moi un objet très significatif. Là où nos deux empreintes s’étaient croisées. Nous avions mis nos deux petites mains dans la glaise. Elle avait séchée et durcie tel un fossile. Je sortis le morceau de la boîte et la lui tendis.
«Tu te rappelles de cette journée? Nous étions avec tes parents. Nous étions déjà inséparables. Pour marquer notre amitié, ils nous avaient demandé de mettre nos deux mains côte à côte dans ce morceau de glaise. J’avais trouvé cela étrange et après j’avais la main toute sale. C’était une belle journée. Nous étions petits certes, mais ça me plairait de revivre une autre journée comme celle-là.»
J’avais un petit sourire en coin comme si j’avais une petite idée derrière la tête. J’étais certaine qu’il allait le remarquer et il allait surement me questionner. Quand j’avais une idée, il était difficile que je change d’avis et ou de ne pas cracher le morceau. Ce n’était rien de méchant, mais cela pourrait marquer le coup pour bien longtemps.
« Notre amitié est plus forte que la plus puissante des tempêtes, jamais rien ne nous séparera. »
Comme je pouvais m'y attendre, elle ne pu s'empêcher de rire en me voyant en adoration devant mon coquillage. Je lui lance un petit regard faussement boudeur dont j'ai le secret. Je sais qu'elle comprendra, c'est la tête qu'on fait à chaque fois que l'autre dit quelque chose d’offensant mais qu'on peut pas s'empêcher de trouver ça drôle. " Tu l’y avais mis pour te rappeler de toujours t’amuser, si je me souviens bien. " Ah oui c'est ça, on l'avait trouvé alors qu'on était sortis de la ville et qu'on s'amusait comme des fous dans un champs d'algues.
Elle fronça son petit nez en me regardant, comme à chaque fois que j'ai l'impression qu'elle me regarde comme un enfant. Elle me dit toujours qu'elle me trouve trop chou, je sais pas trop comment je dois le prendre. Pour me moquer je fronce comme je peux mon nez moi aussi et je me rapproche de son visage pour frotter le bout de mon nez au sien. " Nia nia nia nia, qu'il est mignon, nia nia nia nia. " Oui, je me fou clairement d'elle, mais bon c'est gentillet, elle sait que c'est pour rire. Cette innocence entre nous me fit le plus grand bien. J'aimerais que cet instant dure pour toujours, mais je sais qu'à un moment donné je vais devoir rentrer chez moi. Alors sachant ça, je profite de ce moment.
En voyant le dessin un petite larme s'échappa de ses jolis yeux. Je sais que c'est une larme de joie, elle est émue, mais je n'aime pas la voir pleurer, peu importe la raison, cela me serre un peu plus le cœur à chaque fois. " Oh! Tu savais que je ferais partie de ta famille n’est-ce pas? Tu savais que je vous avais adoptés et que je vous aimais même à l’époque. Alors pour toi aussi je signifiais ta famille? - Bien sur ! Mais Mina, tu faisais déjà partit de la famille, même à l'époque. Pour mes parents tu es comme leur fille et pour moi tu as toujours été plus qu'une sœur. " Faut dire que vu ma relation actuelle avec ma sœur, ce n'est pas compliqué de faire mieux, on ne se comprend plus du tout.
Une fois son émotion passée elle sortit également quelque chose de la boite. J'ai de suite reconnu ce petit bout de glaise dans lequel on avait apposé nos empruntes l'une à côté de l'autre. C'est ma mère qui avait eu cette idée, je m'en souviens très bien. Ma sœur trouvait ça idiot, comme à chaque fois qu'on faisait quelque chose sans elle. S'en était suivit une dispute et vu que j'étais passablement énervé j'avais appuyé comme un âne dans la glaise. " Tu te rappelles de cette journée? Nous étions avec tes parents. Nous étions déjà inséparables. Pour marquer notre amitié, ils nous avaient demandé de mettre nos deux mains côte à côte dans ce morceau de glaise. J’avais trouvé cela étrange et après j’avais la main toute sale. C’était une belle journée. Nous étions petits certes, mais ça me plairait de revivre une autre journée comme celle-là. "
Je vis très clairement son petit sourire en coin. Je sais qu'elle l'a fait exprès, en même temps elle n'est pas douée pour cacher ses sentiments, alors quand elle fait exprès de les montrer, ça saute aux yeux. " Toi, t'as une idée derrière la tête ! Je te connais, tu prépare quelque chose sous cette petite tignasse blonde ! " Je riais en lui ébouriffant les cheveux, à la fois pour l'embêter puis aussi ... Pour l'embêter. Je sais pertinemment qu'elle ne pourra pas tenir longtemps avant de tout me dire, et si elle parvient à se retenir pour l'instant, quelques chatouilles et le problème sera réglé.