But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
La nuit éternelle inquiétait beaucoup Cheyenne. Les esprits étaient-ils contrariés ? Était-ce une façon de les punir, un signal d’alarme, une réaction à un évènement passé ? L’indien ne comprenait pas cette absence de soleil. Cela ne faisait pas si longtemps que les rayons solaires ne réchauffaient plus sa peau et pourtant, ils lui manquaient tellement. C’était aussi sans parler des agriculteurs Piccaninny qui se posaient de sérieuses questions quant à leurs cultures. Comment faire pousser des légumes sains si la terre n’est pas un tant soit peu exposée à la lumière ? Cheyenne avait besoin d’une pause, d’une bouffée d’oxygène. C’est pourquoi, il avait décidé d’aller se balader dans les bois des esprits.
Entre ces arbres, le sang des indiens ne coulait pas. Le bois des esprits étant une zone neutre, une zone de non-agression, les peaux-rouges savaient faire abstraction de leurs rancunes et respecter leurs coutumes communes. Autrement dit, Cheyenne n’avait pas la moindre peur d’avoir à tuer un autre indien. Évidemment, il se baladait armé de son trident mais uniquement car le bois abritait des bêtes sauvages et féroces. Le Piccaninny avançait, observant les arbres et les oiseaux colorés voleter de branches en branches. L’ambiance, dans ce bois plongé dans la pénombre, l’apaisait. Aux yeux de beaucoup de gens, ces silhouettes immenses d’arbre auraient pu paraître menaçantes ou effrayantes. Mais pour un indien, rien n’était plus paisible qu’une longue marche entouré des esprits des anciens.
De très loin, des cris lui parvinrent. Cheyenne fronça les sourcils, il lui semblait entendre des appels à l’aide. Sans l’ombre d’une hésitation, le Piccaninny se mit à courir. Il évitait facilement les troncs d’arbre, persévérant très vite dans le bois des esprits. Les deux tribus respectaient ces règles ancestrales, aucun Piccaninny n’attaquerait un Unami et vice versa. Pas sur la tombe des frères Pawnee, pas au risque de s’attirer la colère et la disgrâce des esprits ancestraux. Si quelqu’un était en danger en ces lieux, il s’agissait d’une attaque de prédateur. Que ça soit un animal sauvage ou un étranger malveillant.
Quand il se rapprocha des cris, Cheyenne aperçut des silhouettes. L’un des hommes semblait porter sur l’épaule une personne de petite taille aux longs cheveux bruns. Sans hésiter, l’indien s’élança. Ils étaient plusieurs, il en comptait trois et était pratiquement sûr qu’un quatrième avançait un peu devant. Quand bien même, le Piccaninny ne laisserait pas un enfant indien se faire enlever par des inconnus ! C’était inadmissible, pas en sa présence. Cette scène lui rappelait tant la disparition de son propre frère Gaaji, des années auparavant, emmené par des pirates. Une rage proche de la bestialité l’anima. L’homme s’avança tel un lion jaillissant des buissons. Son trident pourfendit l’un des ennemis avant même qu’il ait eu le temps de réagir. Son pied s’entassa ensuite dans la cage thoracique de l’inconnu qui tenait l’enfant sur l’épaule. La petite chuta et Cheyenne la rattrapa, reconnaissant son visage angélique.
- Aponie ?
Stupéfaction. Pourtant, Cheyenen n’eut pas le temps de la questionner sur sa présence en ces lieux, seule, ou même sur ces gens. Il se relevait déjà, en position de combat, et s’apprêtait à affronter deux ennemis armés en même temps.
- Reste derrière moi Aponie et si je te dis de courir, tu files et tu ne te retournes pas !
« Mais Papa heu !! T’avais promis !!! » La gamine tirait le tissu qui servait de pull à son père. « Tu m’avais promis !! » S’acharnait-elle a répéter. Faisant une moue boudeuse et bien décidée à ne pas abandonner, elle ne lâcha pas sa prise. Elle commençait à arriver au bout de la patience dont son père pouvait faire preuve… Mais il lui avait promis qu’ils iraient se promener à dos de cheval et voilà maintenant qu’il avait « des affaires »… Il a toujours mieux à faire qu’être avec moi de toute façon pensait la jeune fille, tandis que son père lui tenait le bras afin qu’elle le lâche. « Une prochaine fois Aponie, je ne peux pas ! » Il la poussa doucement pour la mettre sur le côté, mais assez fort pour qu’elle perde l’équilibre. Le temps qu’elle se relève, il n’était plus dans le tipi… « C’est toujours la même rengaine… » Déclara la petite indienne en sécha une petite larme qui se mit à couler le long de sa joue. Jamais son père n’avait du temps pour elle, jamais il ne prenait soin d’elle… Malheureusement, les nombreux cadeaux qu’il pouvait lui ramener n’allais en rien arranger la situation…
Folle de rage, elle décida qu’elle allait tout de même faire une promenade à cheval, mais seule. Les innombrables interdictions et punissions de ses parents n’y changeaient rien, la petite sortait toujours du camp toute seule. Elle alla alors chercher Patocle dans son enclos et faisant mine qu’elle allait le panser, s’enfuis discrètement avec lui. Le petit poney pie qui était adorable la suivit sans broncher. Comme s’il comprenait que la mission était périlleuse et qu’ils devaient être discrets, le petit poney marchait prudemment. Ils s’enfoncèrent alors dans la forêt et une fois à l’abri des regards, la petite utilisa une bûche pour monter sur le dos de sa monture. « Attention, ne bouge pas trop.. » Dit-elle alors qu’elle passait une jambe par-dessus son dos. L’exercice était risqué, mais Aponie était très concentrée ! Cela se voyait à sa petite langue qui sortait sur le côté de ses lèvres alors qu’elle déposait ses fesses sur le dos de Patocle. « J’ai réussi ! Toute seule comme une grande !! » Le poney releva alors brusquement la tête, comme pour montrer son mécontentement. « Ah oui pardon, tu m’as bien aidé ! » Le remercia t-elle en lui tapotant l’encolure. Elle lui fit alors une légère pression sur les flancs et le poney partie au pas.
Aponie n’avait aucune idée de ce qu’elle allait bien pouvoir faire, mais elle avançait, s’enfonçant à chaque pas, un peu plus dans les bois. Pour s’occuper, elle chantonnait des chants indiens. Elle s’interrompit alors qu’elle entendu des voix. Il y avait des gens pas loin… La jeune fille descendit alors rapidement de son poney et se cacha derrière un buisson. » Dit-elle alors qu’elle passait une jambe par-dessus son dos. Si ça avait été des enfants perdus, elle serait partie jouer avec eux, mais il lui semblait entendre des voix graves… Il pouvait s’agir de Piccannys… Si c’était le cas, elle allait avoir des problèmes. S'il s’agissait d’Unamis, ils allaient la ramener chez elle. Malheureusement pour la petite, il ne s’agissait pas d’Indien… Mais de pirate à la recherche de l’arbre du pendu. Prise de panique, elle se mit alors à trembler. La dernière fois qu’elle avait croisé des pirates, Set-Angya était avec elle et avait pu la protéger… Mais cette fois, elle était seule… Elle se tapit à terre et tenta de s’éloigner en rampant, mais Patocle ne passa pas inaperçu. « Il y a un poney là-bas ! » Cria une voix masculine. L’équidé prit alors peur et s’éloigna au galop. La petite, complétement terrorisée ne savait plus quoi faire… Soit elle devait se cacher et attendre qu’ils s’en aillent ou partir en courant. Mais à trop réfléchir, les pirates s’étaient rapprochés et la surprirent. « Une enfant perdue !!! ON EN TIENT UNE !! » « Non ! Je.. » Elle n’eut même pas le temps de se défendre. Elle fut attrapée et mise sur le dos d’un homme comme un vulgaire sac à patates.
Elle fut attrapée et mise sur le dos d’un homme comme un vulgaire sac à patates. Si des gens de sa tribu n’étaient pas loin, ils allaient l’entendre et venir la secourir. « A L’AIIIIIIDE ! AU SECOUR, A L’AIDE ! » S’égosillait la gamine alors qu’elle était trimbalée un coup à droite, un coup à gauche par l’homme qui la portait. « Bordel, fait taire la gamine, on va se faire repérer ! » Le kidnappeur de la petite plaça alors sa main sur la bouche d’Aponie pour étouffer le son. Sans une seconde d’hésitation, elle lui mordit la main avec ses petites dents qui semblaient faire assez mal. « Putain ! Elle m’a mordu la garce ! »
Au moment ou la petite pensait recevoir une correction, un homme apparu. À sa façon de se battre, il s’agissait d’un Indien ! Miracle ! Il avait entendu les cris de la petite et était là afin de l’aider ! Alors qu’il engagea le combat contre les ravisseurs de l’Indienne, elle chute et se retrouva sur le sol. « Aponie ? » C’était Cheyenne ! Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la gamine en croisant le regard du Piccanny. Elle était sauvée ! « Reste derrière moi Aponie et si je te dis de courir, tu files et tu ne te retournes pas ! » Faisant oui de la tête, la petite se releva et se cacha derrière l’indien. Elle allait l’écouter et faire absolument tout ce qu’il lui disait ! Pour une fois qu’elle écoutait les ordres qu’on lui donnait.. Étonnamment et contrairement à sa première rencontre avec des pirates, Aponie avait peur, mais elle n’était pas pétrifiée comme elle l’avait pu l’être avant. Au contraire, elle était prête à agir s’il le fallait ! Alors que Cheyenne s’occuper d’un pirate, un autre s’approcha dans son dos. Pour le défendre, elle prit une pierre et lui lança aussi fort qu’elle le pouvait dans la tête. Pas assez fort pour l’assommer, mais assez pour qu’il change de cible. Maintenant, il se ruait vers la gamine. Elle se mit alors à courir aussi vite qu’elle le pouvait dans la direction opposée.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Cheyenne n’était pas un guerrier mais au cours de sa vie, il avait souvent été confronté à des adversaires. Sa haute taille, ses épaules carrées et sa stature d’homme fort faisait de lui un ennemi apparemment dangereux aux yeux des autres. De par le passé, le pêcheur avait eu à affronter un viking. Drôle d’énergumène au vocabulaire grandiloquent qu’il avait fini par fuir après une lutte acharnée. Aujourd’hui, la donne était différente. Il y avait trois hommes devant lui, des pirates prêts à le mettre en pièce sans le moindre scrupule. Le respect de ce bois sacré, là où les frères Pawnee reposaient, ne rimait à rien aux yeux de ces mécréants.
Le Piccaninny venait à peine de donner des ordres à la petite que déjà, un premier adversaire fonçait droit sur lui. L’indien exécuta une roulade sur l’épaule comme le lui avait appris autrefois son père, il esquiva le coup et administra un magistral coup de pied au derrière du pirate qui se retrouva dans un buisson d’orties tête la première. Cheyenne entendit alors un bruit creux comme un vieux tambour qu’on frapperait du plat de la main. Ses yeux se tournèrent vers Aponie qui venait de balancer une pierre au visage d’un pirate. Elle ne manquait pas de courage cette petite ! Chey s’apprêtait à foncer vers elle, sachant que le loup de mer voudrait sa revanche mais un grand coup du poing droit le frappa à la mâchoire.
- Cours Aponie !
Il lui semblait qu’elle le faisait déjà mais honnêtement, le décor tournait un peu autour de lui. Cheyenne secoua la tête, cracha un filet rougeâtre et se rua sur son assaillant. Ses bras entourèrent la taille de l’homme qu’il plaqua brutalement au sol dans un nuage de poussière et de feuilles mortes. L’indien serra les dents, les poings et les jambes. Il empêchait l’autre de bouger tout en lui assénant coup sur coup. Des bras le tirèrent vers l’arrière, le Piccaninny se débattit tel un fou furieux, un véritable poisson arraché à sa mère océan. Aponie n’était plus dans son champ de vision. L’indien jeta si fort la tête en arrière que lorsque son crâne chauve percuta le nez de son adversaire, il entendit un craquement très désagréable qui le fit grimacer. Un hurlement de douleur se fit entendre dans son dos et il lui sembla sentir quelques gouttes d’un liquide chaud couler sur son crâne.
Aussitôt libéré, l’indien se jeta à la poursuite d’Aponie et de son assaillant. Au passage, il piétina l’ennemi au sol et courut dans la direction empruntée par l’enfant et le malotru. Il le savait car, dans leur précipitation, ils avaient brisé des branches, écrasés des brindilles, laissés de vilaines traces de pas dans le sol terreux. Chey continua d’avancer quelques instants mais rien n’y fit, pas d’Aponie. Où était-elle ? Il mit les mains de chaque côté de la bouche en porte-voix :
- Aponie ! Où es-tu ?
Il espérait sincèrement que la gamine s’en était tirée. Bien qu’Unami, elle était adorable et ses parents seraient véritablement dévastés d’apprendre sa perte. Cheyenne ne put s’empêcher de repenser à son jeune frère, lui aussi capturé par des pirates. Son cœur saigna un peu à l’évocation de ce souvenir. L’indien se mordit la lèvre et se remit à courir, il était hors de question de l’abandonner ! Cheyenne la retrouverait et la ramènerait chez elle. Autre chose n’était pas envisageable.
Courir ! Il fallait absolument courir ! Aponie avançait aussi vite qu'elle pouvait à travers la forêt. Mettant ses petits pieds l’un devant l’autre, elle faisait très attention à ne pas trébucher, ne pas se prendre une racine ou une pierre qui aurait pu lui faire perdre de la distance, très précieuse, qui la séparait du pirate qui lui courait après. Dans sa fuite, elle sauta par-dessus un petit arbuste, passa entre deux arbres très serrés dans l’espoir que son assaillant face un détour et s’éloigne. Malheureusement, elle entendait son souffle, son râle se rapprocher de plus en plus. Mais il n’était pas question d’abandonner ! Dans sa fuite, elle sauta par-dessus un petit arbuste, passa entre deux arbres très serrés dans l’espoir que son assaillant face un détour et s’éloigne. Si seulement elle pouvait trouver son poney. Il l’aidera à aller bien plus vite !
« -Aponie ! Où es-tu ? » La gamine entendit alors la voix de l’Indien qui se battait pour elle. Il n’était pas loin ! Il fallait qu’elle réussisse à le retrouver ! « PAR LÀ CHEYENNE ! » Hurla-t-elle hors d’haleine.
Elle fut malheureusement stoppée dans sa course lorsqu’elle sentit une pression contre son dos. Le pirate, il était là ! Juste derrière elle. Il avait réussi à la rattraper ! Alors que le mécréant lui attrapait le bras, elle se mit à l’insulter. « Lâche-moi ! Espèce de poisson pourri ! » Il ne lui répondit qu’un sourire mesquin. La gamine fit alors une grimace horrifiée en voyant la couleur de ses dents… Elles étaient toutes jaunes ou absentes… « Tu ne m’emmèneras pas sur ta bateau face de rat ! » Cette fois-çi, il ouvrit la bouche ! « Détrompe-toi gamine ! » Il saisit alors la jambe de la petite indienne et la balança sur son dos. Aponie était de nouveau sur l’épaule du pirate comme un vulgaire sac à patates. « Mon capitaine sera très heureux de voir que j’ai capturé un enfant perdu !! » Un enfant perdu ? Aponie n’en était pas un ! Elle commença alors à se défendre. « Mais vous vous trompez ! Je suis une Unami moi ! » De nouveau, le pirate lui ria au nez. « Une indienne aussi loin de son camp ? Désolée petite ! Je ne marche pas. » Le pirate se mit alors de nouveau à courir en direction de son bateau. Néanmoins, la petite n’était pas mécontente d’elle. En parlant avec le pirate, il avait perdu du temps et le son de leurs voix allait sans doute permettre à Cheyenne de les retrouver plus facilement !
« A L’AIDE !!! » La petite fille ne mit de nouveau à crier tout en cognant avec ses bras et ses jambes contre le pirate. Elle se débattait autant qu’elle le pouvait puis se stoppa lorsqu’elle crut apercevoir l’ombre de l’indien tout près.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Le combat était féroce, Cheyenne frappait avec rage. Il détestait les pirates mais haïssait de chaque parcelle de son être ceux qui osaient s’en prendre à des enfants ! Quel genre d’individu s’attaque à un être sans défenses ? La petite Aponie, c’était la gentillesse incarnée. Elle était certes malicieuse et ne respectait pas toujours les règles de ses parents mais elle avait le cœur sur la main. Le Piccaninny refusait qu’ils l’emmènent. Ils risquaient de faire d’elle une pirate ou pire, une esclave. Cheyenne avait même entendu dire que parfois, ces affreux jetaient leurs victimes dans des mines sans fin où leurs prisonniers devaient creuser de jour comme de nuit. Aponie méritait tellement mieux que ça comme existence ! Cheyenne ne laisserait pas ce genre d’atrocité se produire, pas tant qu’il aurait encore assez de souffle pour se relever.
Il courut au plus vite, cherchant à rejoindre la Unami mais la forêt était dense, la nuit était obscure et la retrouver n’était pas si simple. Heureusement, elle avait répondu à sa question en hurlant donc il pouvait plus ou moins la situer. Le pêcheur se rua dans la direction indiquée par leurs voix, il n’entendait pas clairement la conversation mais leur discussion provoquait une sorte d’écho que les arbres répercutaient. Cela permettait à Chey de localiser leur situation. Au bout d’un moment, Apo hurla à l’aide et cette fois, le Picca réalisa qu’elle n’était plus loin du tout !
Bondissant de derrière un tronc d’arbre épais, il aperçut le duo. Le pirate avait jeté la gamine sur son épaule et l’emmenait, telle une poupée de chiffon. Cela rendit le pêcheur fou de rage. Il se précipita, rattrapant le duo et prenant Aponie par les bras. Il la tira à lui tout en administrant un magistral coup de pied dans le dos du pirate. Celui-ci fut poussé vers l’avant, la Unami fut tirée vers Cheyenne et se retrouva dans ses bras. L’indien s’empressa de marcher sur le loup de mer et posa le pied sur son crâne. Sa voix se fit froide, menaçante et on ne peut plus féroce :
- Si tu essaies de faire le moindre mouvement ... je te brise la nuque.
Il était condamné à rester là, à manger la poussière et à attendre. Cheyenne voulait emmener Aponie le plus loin possible de tout ce danger. Le pire était qu’il ne pourrait la ramener directement dans son camp car les Unami le chasserait à grands coups de bâtons ou de flèches. Il allait devoir se rapprocher le plus possible et ensuite laisser la petite faire le reste du chemin toute seule tout en surveillant de loin qu’elle ne risquait rien. Dès qu’ils se furent un peu éloignés, Cheyenne baissa les yeux vers Aponie qu’il tenait toujours à bras.
- Ça va ? Il ne t’a pas fait mal ?
Vu la fureur du Picca, il aurait très bien pu tuer ces pirates sans le moindre problème. Cependant, Cheyenne refusait d’inflige un spectacle aussi horrible aux yeux innocents d’Aponie. Elle était encore si jeune, elle ne devait pas être confrontée à la barbarie du monde extérieur à son campement. Ils avancèrent un peu dans la forêt puis Chey posa la petite un instant, il s’assit sur un gros rocher et se prit la tête entre les mains.
- On va faire une petite pause, deux secondes, d’accord ?
Malgré qu’il sache se défendre et qu’il ait le physique pour, Cheyenne n’était pas un guerrier. Il n’avait jamais eu d’entraînement précis à ce sujet et n’avait pas non plus l’habitude d’encaisser les coups. Il lui fallait une minute pour se remettre de tout ça et que son corps cesse de le faire souffrir.
- Je ne vais même pas perdre mon temps à te demander si tes parents savent que tu es là ... Tu étais seule dans la forêt ?
Cheyenne était là ! Il avait réussi à retrouver la petite fille et le pirate qui l’emmenait. Encore une fois, heureusement qu’il était là ! Sans lui, la petite indienne aurait sans doute été emmener sur un bateau et … rien que l’idée de se retrouver au milieu de tous ses mécréants lui faisait froid dans le dos. Alors que le Piccanny se précipitait vers elle, Aponie lui tendait les bras. Elle voulait quitter le dos de ce barbare pour se retrouver avec son ami ! « - Si tu essaies de faire le moindre mouvement ... je te brise la nuque. » La petite gamine regardait avec admiration l’Indien qui en quelques coups avait réussi à maîtriser le pirate. Il était maintenant en train de manger la poussière ce qui fit rire la petite qui rajouta « Sale poisson pourri ! » Décidément, elle passait trop de temps avec Feisty…
Ils s’éloignèrent ensuite du pirate qui ne bougeait pas d’un poil. Elle ria de nouveau en cachant sa bouche avec sa petite main ! « Tu l’as bien eu ! » « - Ça va . Il ne t’a pas fait mal . » La petite Unami se tourna vers son sauver. « Non je pense que ça va ! » Elle souleva ensuite son pantalon et montra une petite éraflure qu’elle avait sur le genou « J’ai un petit bobo, mais crois-moi, j’ai connu bien pire ! » La petite était une vraie casse-cou, il fallait le dire ! Elle aimait escalader et plusieurs fois, elle était mal retombé et s’était foulé la cheville. Elle s’était aussi plusieurs fois ouverte la main en voulant aider sa mère à cuisiner. Autrement dit, Aponie n’en loupait jamais une ! Cheyenne finit par ralentir le pas et posa la petite au sol. Il voulait faire une petite pause et Aponie acquiesça. Lorsqu’elle eut les pieds au sol, elle se dirigea aussitôt vers une jolie fleur qui se trouvait non loin d’eux « Regarde Cheyenne!! Ça fait longtemps qu’on n'avait pas vu de si belles fleurs ! » En effet, depuis la nuit éternelle sur l’île, on ne trouvait plus la végétation si flamboyante qui habitait l’île auparavant. Mais le Piccanny ne semblait pas avoir envie de regarder les fleurs. « Je ne vais même pas perdre mon temps à te demander si tes parents savent que tu es là ... Tu étais seule dans la forêt .» « Je… Heu… » La gamine leva les yeux vers l’Indien. Elle avait fait une bêtise, elle le savait, mais elle n’avait pas envie de se faire gronder... « J’étais avec mon poney, je… je voulais montrer mon père que je pouvais monter dessus toute seule, après j’ai fait une balade et lorsque les pirates sont arrivés, il a eu peur alors il s’est enfui… Je suis désolée, j’aurais dû faire plus attention… » Avec sa petite histoire, elle espérait avoir un peu calmé les choses. Elle releva alors doucement les yeux vers le Piccanny. « Est-ce que tu veux bien me raccompagner à la maison ?… J’ai un peu peur toute seule maintenant… »
La petite savait que sa tribu interdisait toute relation avec les Piccannys, mais elle ne se voyait pas rentrer seule chez elle… De plus, elle n’avait aucune idée d’où aller. Elle se trouvait dans un coin de la forêt qu’elle ne connaissait pas assez bien.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Les pirates étaient derrière eux, sans doute étaient-ils furieux de ne pas être parvenus à leurs fins mais Cheyenne doutait fortement qu'ils continuent à les suivre ! En effet, les indiens se rapprochaient de plus en plus du camp Unami et à chaque pas de plus effectué dans cette direction, les pirates risquaient d'autant plus leur vie. S'ils faisaient l'erreur stupide de s'approcher un peu trop près du camp Una, alors ces pauvres loups de mer apprendraient ce qu'il arrive aux marins trop aventureux. Heureusement, Aponie semblait bien se porter. Elle avait même trouvé le courage de lancer ce qui se rapprochait le plus d'une insulte pour son âge, à l'adresse d'un pirate.
Ils durent faire une pause, le temps que Cheyenne reprenne ses esprits et qu'il encaisse le coup de l'affrontement. Il s'inquiéta pour Aponie, peut-être avait-elle était blessée dans la rixe ? La petite lui montra une éraflure sur le genou et l'indien esquissa un sourire en l'entendant lui affirmer qu'elle avait eu bien pire. Bizarrement, il la croyait sur parole. Cette fillette n'était pas une Unami banale, elle deviendrait à coups sûrs une jeune femme indépendante et débrouillarde. Peut-être même que plus tard, Aponie mettrait leur pâtée à ces pirates sans l'aide de personne ! Cheyenne n'en serait pas tellement étonné ...
Tandis que l'homme prenait une seconde pour se ressaisir, Aponie était déjà passée à autre chose. Son esprit enfantin lui permettait de se blinder à l'horreur du monde et pour ça, Cheyenne remerciait les esprits. Loin d'être traumatisée par cette expérience, la petite fille partait déjà cueillir des fleurs comme si de rien n'était. Le Piccaninny ne put s'empêcher de laisser s'échapper un petit rire désabusé, il espérait qu'elle ne perdrait jamais cette force de caractère ! Rien ne semblait pouvoir détruire ce petit éclat de soleil à l'état pur.
Il prit le parti d'ignorer complètement sa remarque, Aponie allait sans doute déjà être fortement grondée par ses parents quand elle rentrerait et après tout, ce n'était pas le rôle de Cheyenne de lui faire le leçon. Pourtant, son côté paternel refaisait surface et il se sentait obligé d'intervenir et de faire comprendre à la petite que son comportement aurait pu lui être nocif. Quand elle lui expliqua l'histoire, le pêcheur du bien reconnaître que ça aurait pu arriver à n'importe qui ... Aponie n'avait pas cherché les ennuis, c'étaient eux qui étaient venus à elle. Dans un geste protecteur, le Picca tendit le bras et enlaça la petite fille quelques instants tendrement.
- Ce n'est pas grave, tu ne pouvais pas savoir.
Cheyenne acquiesça d'un hochement de tête face à ce qu'Aponie venait de lui demander. Les Unamis et les Piccaninnys étaient en mauvais terme mais le pêcheur savait que la tribu de chasseur n'attaquerait pas à vue. Chey accompagnerait la petite jusqu'aux limites raisonnables et la laisserait ensuite rejoindre les siens tout en gardant un oeil sur elle, de loin. Pour l'heure, l'homme lui tendit la main car il ne se sentait plus la force de la porter malgré son poids bien léger.
- Tu veux que je cherche ton poney dans la forêt ou il saura rentrer seul jusqu'à chez toi ?
La petite souffrirait beaucoup de perdre son fidèle destrier et Cheyenne ne voulait pas la décevoir, il connaissait plutôt bien les forêts environnantes et tout seul, il saurait se déplacer silencieusement et se faire invisible. Les deux indiens avancèrent, échangeant quelques phrases amicales mais vint le moment où leurs routes devaient se séparer. Cheyenne plia les genoux pour être à la hauteur d'Aponie et lui adressa un franc et large sourire, d'une main il ébouriffa chaleureusement ses cheveux et de l'autre, il lui désigna le sentier tout droit qui menait à son camp.
- Je ne peux pas t'accompagner plus loin sans risquer de froisser les tiens. Mais ne t'en fais pas, à partir d'ici, tu ne risques plus rien. Je vais me poser juste là-bas.
Il lui désigna du doigt un gros rocher de l'autre côté, aux abords de la forêt, faisant face à l'entrée du camp Unami.
- J'attendrai que tu sois rentrée dans ton camp pour repartir et si quelque chose ne va pas, je serai juste derrière toi.
Cheyenne l'étreignit rapidement. Quand il voyait cette petite tête adorable, il ne pouvait s'empêcher de se dire que jamais il ne connaîtrait sa propre fille. L'indien chassa cette pensée de son esprit et se redressa en adressant un signe du menton à Aponie pour qu'elle avance. L'homme agita brièvement la main puis courut se percher sur le gros rocher, observant l'enfant rejoindre sa tribu en toute sécurité.
Lorsque Cheyenne se baissa pour prendre la petite dans ses bras, Aponie entoura son cou avec les siens. Elle avait tenté de changer de sujet en parlant des fleurs, mais Cheyenne s’était fait du souci pour elle et voilà qu’elle culpabilisait pour les ennuis qu’elle aurait pu lui causer. « Merci pour ton aide » Lui murmura-t-elle lorsque le Piccanny se releva. La petite indienne aurait beaucoup aimé avoir un grand frère comme lui ! C’est ce qu’elle se disait alors qu’ils reprenaient la route vers le camp des Unamis. « - Tu veux que je cherche ton poney dans la forêt où il saura rentrer seul jusque chez toi ? » Patocle ! Aponie n’y pensait plus vraiment à son petit poney. Disons que les pirates l’avaient surpris et ensuite, elle avait oublié que son petit poney s’était élancé seul dans le foret. Malgré tout, elle savait qu’elle allait le retrouver ! « Il rentre toujours au camp tout seul ! C’est mon père qui lui a appris alors, je pense que je le retrouverais en rentrant. Mais si tu tombes nez à nez avec un petit cheval pie alezan qui répond au nom de Patocle, c’est le mien ! Si tu le trouves, il adore les pommes ! Et les gratouilles entre les oreilles ! » Aponie parlait, parlait, et elle ne se rendait pas compte qu’ils étaient maintenant proches du camp de sa tribu ! « Je ne peux pas t'accompagner plus loin sans risquer de froisser les tiens. Mais ne t'en fais pas, à partir d'ici, tu ne risques plus rien. Je vais me poser juste là-bas. » La petite aurait aimé que le Piccanny l’accompagne plus loin, mais elle comprenait pourquoi il ne pouvait. Ses parents lui avaient répété un million de fois pourquoi elle ne devait pas parler à l’autre tribu d’indien, pourtant la petite n’en faisait qu’à sa tête et pas seulement à ce sujet. Elle écouta alors avec attention les instructions de Cheyenne. Il allait se cacher derrière un rochet à quelques pas pour s’assurer qu’Aponie n’aurait rien du tout. « J'attendrai que tu sois rentrée dans ton camp pour repartir et si quelque chose ne va pas, je serai juste derrière toi. » Rassurée, l’Indienne acquiesça.
La petite sortie ensuite des forêts, mais après quelques pas, elle se retourna pour faire un signe de la main à son sauveur. « Au revoir ! » Cria-t-elle en sa direction. Il lui faisait signe de continuer à marcher et elle s’exécuta. Cheyenne avait raison ! La tribu n’était plus qu’à quelques mètres. Aponie pouvait déjà discerner le tipi de ses parents. Elle s’y dirigea alors mine de rien, comme si tout allait bien, saluant tous les membres de sa tribu qu’elle croisait, pourtant, elle se savait bien que ses parents l’attendaient pour la sermonner... Encore une fois, elle l’avait bien mérité !