★ second star to the right and straight on till morning ★
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Faylinn Wardann
Beware, I'm starving
ζ Inscris le : 10/02/2017
ζ Messages : 47
ζ Avatar : Felicity Jones
ζ Localisation : One-Eyed-Willy
ζ Occupations : Touche à tout
ζ Âge : 23 ans
ζ Statut : Célibataire
ζ Signes distinctifs : Blessure ancienne à la jambe droite - Marche en boitant - Ne peut pas parcourir de grandes distances à pied sans ressentir de la douleur
Concentrée sur les flammes qui se chahutent dans l’âtre de la cheminée, j’en oublierai presque que la nuit vient de tomber. Appréciant la chaleur du feu sur mon corps, je finis par détourner mon visage pour me rendre compte que la pièce est dans l’obscurité, éclairée uniquement par la couleur jaune orangée de la cheminée qui crépite. Une moue boudeuse sur le visage, je me redresse en attrapant un morceau de cuir que j’ai suspendu au plafond. Je n’ai pas été des plus productives aujourd’hui, trois créations de verre et une poterie, manquerais-je d’imagination ? Je boitille légèrement jusqu’à la porte de la boutique, tournant la clé pour fermer au cas où des clients de dernières minutes voudraient venir me passer commande. Ce n’est pas que je croule sous les demandes, bien au contraire, mais j’ai mes habitués, mon père en premier avec sa brasserie, il remplit mon carnet de commandes largement.
En passant près de l’âtre, j’emporte une brindille l’allumant et l’utilisant pour donner de la lumière à ma lampe tempête. Soufflant pour éteindre le petit morceau fluet de bois, je le jette sur une table, avant de commencer le rangement rapide et de pouvoir retourner chez moi. Une demi-heure passe avant que je ne sorte de ma boutique, refermant la battante de la devanture. Mon capuchon fixé sur ma tête, les mains dans les poches intérieure de la cape, je me dirige à travers les dédales des rues pour rejoindre le bac et regagner la demeure de mes parents. Je prends mon temps, ma jambe avec le changement de temps, sans doute un peu plus humide, me tire davantage et si je ne veux pas devoir faire plusieurs arrêts, je dois me ménager. Avec le temps et l’expérience, je sais comment gérer ma blessure, les commentaires des curieux me passent dessus, comme l’eau sur le plumage d’un canard. Il le faut, sinon, je passerai mon temps à me battre. Je râle lorsqu’un ivrogne me percute en sortant précipitamment d’une ruelle. Il me pousse contre le mur opposé en gueulant, et je l’insulte en retour, alors qu’il prend la poudre d’escampette, mais surement pas à cause de moi. Je marmonne dans cette barbe que je ne possède pas, franchissant la dernière ruelle et m’asseyant sur le ponton en attendant que le passeur revienne de ce côté-là de la berge.
La nuit est bien présente, l’odeur des fleurs du soir qui se trouvent de l’autre côté, passe sur les mauvaises odeurs émanant des rues de One. La brume danse à la surface de l’eau comme des esprits naviguant au gré de la brise. Au dessus de moi, deux torches vacillent, rendant les ombres des choses et personnes difforment sur le sol. Soudain, le bois du ponton craque, mais je ne me redresse pas pour voir la personne, je ne sais que trop que lorsqu’on vit à One, on évite de jouer les curieuses. Pourtant, l’air de rien et pour voir sans regarder et sans tourner la tête directement vers la personne, j’ôte d’un geste mon capuchon, mimant un mouvement de main pour signifier que j’ai potentiellement chaud. Ma vue plus étendue me permet de mirer au moins les gestes de l’individu qui m’a rejoint et qui, probablement, attend le bac pour se rendre sur la grande île.
Down by the river by the boats, Where everybody goes to be alone, Where you won't see any rising sun, Down to the river we will run. RIVERSIDE Agnes Obel
Il marchait comme on possède la terre. Le dos droit et le menton levé. Les mains dans les poches à la manière d’un bourgeois prêt à en sortir mille trésors. Ces rues qu’il avait arpentées à genoux accueillaient aujourd’hui un homme nouveau. Malgré sa cruauté, c’était elle et ses habitants qui l’avait forgé. One-Eyed lui avait appris la vie en dehors du cocon que tissait l’Arbre du Pendu. Elle lui avait arraché beaucoup, mais avait fini par lui donner plus que ce qu’il n’aurait jamais pu obtenir chez les perdus : un travail, et avec lui l’espoir, par le miracle de ses dix doigts, de reconnaître dans ce monde un peu de sa propre œuvre.
Il venait de finir une commande dont il était plus que fier. Le soleil avait beau avoir sonné le glas, le garçon était resté encore une heure après son coucher, à vernir pièce par pièce, ce puzzle qui, une fois assemblé, formerait un escalier en spiral. C’était une commande de Luis de la Nostra, le gouverneur de Blindman’s Bluff, l’un de ses meilleurs clients. Pour cette imposante commande, il avait du se faire aider de trois autres charpentiers et d’un apprenti, le fils même du gouverneur. Plus tête de lard tu meurs, lui mettre du plomb à la place n’avait été d’aucun repos. Mais l’idée d’avoir un apprenti, d’avoir des choses à transmettre avait remué quelque chose en lui.
Observant d’un œil critique la dernière couche de vernis il hocha la tête et se recula, laissant un énorme soupire faire bailler tout son corps. Frottant ses yeux d’un revers de bras, il rangea ses outils. Son ventre émit alors un feulement facile à interpréter et il se dirigea vers son garde manger, y jetant un coup œil déçu. Une portion de pain rassie et quelques haricots. Tant pis, il trouverait bien de quoi grailler en ville. Raygon avait prévu de rester sur l’île pirate encore une semaine avant de rejoindre Bartok. D’une pour finir son œuvre, de deux pour collecter l’argent de ses précédentes commandes. Il détestait jouer le créancier, autant à Blindmans’Bluff qu’à Willy. Dans la deuxième cependant, il pouvait jouer des poings sans être inquiété de la prison. Il fallait juste s’en sortir vivant. Passant son sac en bandoulière, il ajusta son manteau en peau de mouton sur ses épaules et attrapa sa lampe tempête. Son atelier fermé, les odeurs tour à tour de crasse, de nourriture, et de chaleur vinrent titiller ses narines avec l’habitude d’un limier. La taverne se trouvait de l’autre côté des rues commerçantes, lui permettant de rendre visite à deux, trois clients à la traine sur le passage.
Alors qu’il sortait de chez le vieux Belehad le sac alourdi - ok il avait commencé par le plus facile à gérer en cas de refus – son regard fut attiré par deux ombres au coin de la rue. L’une boitillante, l’autre chancelante, un étrange duo chaloupé dont la danse fut écourtée par des insultes mutuelles. Alors que ce qui semblait être un homme repoussait l’autre contre le mur, leur regard se croisèrent et Raygon reconnut Archibald, l’un des pirates de l’équipage de Crochet qui lui avait passé commande il y a de cela dix mois et qui le prenait depuis pour un poisson rouge en bocal.
Jouant les lapins de garenne, le pirate, bien que saoule jusqu’aux sourcils, déguerpit avant que Raygon ait pu atteindre le bout de la ruelle. Rageant, le jeune menuisier maudit son débiteur mais la silhouette boitillante capta de nouveau son attention.
Plissant les yeux, il la regarda se diriger vers le ponton du bac, unique passage vers l’île de Jamais. Bien que sa cape embrumait ses mouvements, il aurait reconnu cette démarche entre mille. De brusques souvenirs défilèrent devant ses yeux. Des odeurs affreuses, des cris et des langues gutturales à vous remuer les boyaux. Et la faim, atroce, constante. De l’extérieur comme de l’intérieur le jeune Colibri s’était senti agressé, roué de coups par cette ville qu’il haïssait, et qui détenait son ami le plus cher. Mais un jour, un rayon de soleil l’avait rattrapé.
Tel un papillon de nuit attiré, Raygon se dirigea vers le ponton à pas lent. Elle s’était assise à présent, semblant gouter l’air du soir. Son profil vaquant de l’ombre à la clarté sous la lumière des torches, il se rappela le regard curieux qu’elle lui avait lancé il y a quelques années de cela. Puis la nourriture salvatrice qu’elle lui apporté durant tout l’hiver. Tel un moineau, il avait picoré à ses dépends, la suivant dans ses moindres déplacements, jusqu’à leur point de rendez-vous tacite, où sans se montrer vraiment, il attendait sa pitance. En chat de gouttière, elle n’avait pu l’approcher. Car pour lui, elle était un mystère. Comment un être vivant dans cet enfer pouvait avoir de la bonté ? Il s’était promis de ne faire confiance à personne, et de haire avec virulence ses habitants qui prenaient aux autres pour vivre. Et voilà qu’elle agissait à contre sens de cette masse grouillante. Elle avait été la première personne à l’aider, à le sauver. La première, à lui ouvrir les yeux sur un monde où les limites entre le noir et le blanc sont flous, où la vie est cet éternel petit matin brumeux aux promesses rosées.
Le ponton craqua sous ses pas et il vit le capuchon de la jeune femme s’abaisser, dévoilant ce qu’il savait déjà être cette longueur brune. Il avala sa salive, sachant pertinemment qu’elle ne pouvait le reconnaitre mais sentant ses muscles se tendre, et son cœur pulser, juste au cas où. D’une voix sourde il brisa le silence.
« Le passeur ne viendra pas ce soir. Il y a eu une échauffourée sur l’île. Avec des indiens qu’on m’a dit… ordre de ne laisser personne approcher de One-Eyed. »
La nouvelle avait circulé peu après midi, une quarantaine que les pirates renouvelaient à chaque raide indien, et qui, sans aucun doute, serait vengé dans le sang. Bien que la guerre n’était plus officielle, les tensions et les différents demeuraient. Voilà pourquoi personne n’attendait. Raygon accrocha la sangle de sa besace d’une main, tentant de se donner l’assurance d’un simple inconnu, agrippant de ses doigts les poils rêches de son manteau. La vérité c’était qu’il était incapable de partir, le sentiment d’en savoir trop peu du mystère qu’Elle représentait. Se faisant il bouchait la jonction du ponton à la terre de sa stature, se faisant menace sans même y avoir songé.
ζ Signes distinctifs : Blessure ancienne à la jambe droite - Marche en boitant - Ne peut pas parcourir de grandes distances à pied sans ressentir de la douleur
Toujours sur mes gardes, mes sens aux aguets, je tentais le plus possible de ne pas faire les filles craintives. Je ne l’étais pas, mais je restais une proie facile dans cette ville, comme partout j’imaginais. Moi, qui n’avais jamais vraiment été regardée affectueusement par d’autres personnes que celle de ma famille. Oh, il y avait bien eu ce jeune pirate, bien plus âgé que moi, Jud pour qui j’avais un profond attachement. Mais, je le considérais comme une entité à part de toute cette population. La surprise me prit en traitre et mon regard darda d’un seul coup vers le garçon à ma droite. Diable ! Ce n’était pas la première fois qu’une chose comme celle-ci se produisait, mais j’avais toujours réussi à me retrouver coincée sur l’autre rive ou à embarquer avec quelques personnes sur une barque. Pour cette fois, il était bien trop tard et aucune barque ne flottait dans les environs. Mes parents allaient s’inquiéter si je ne trouvais pas un moyen de les prévenir, j’en étais pour ainsi dire certaine. Cette nouvelle me contrariait véritablement. Je me redressais, me retrouvant face à face avec ce jeune homme d’un peu près mon âge, je dirais. Maintenant, que je le mirais, ses traits me disaient quelque chose, je l’avais sans doute déjà croisé dans les rues de One, j’en aurais mis mon autre jambe à couper. Je détaillais maintenant plus directement l’individu qui m’avait provoqué de la méfiance. Il ne semblait pas dangereux, cependant, la sureté était de mise. Une apparence pouvait être plus traitresse encore. « Je voudrais passer…tu es dans le passage ! » Lui lançais-je sur un ton un peu sec, mais pas agressif. S’apercevant sans doute qu’il bloquait le seul chemin que je pouvais emprunter, il se décala et je le remerciais d’un geste vif de la tête. Je fis quelques pas en clopinant avant de me tourner dans sa direction. « Hey ! » J’attendis qu’il se retourne un petit rictus à la commissure de ma bouche. « Merci ! Pour l’information ! » Cela ne réglait bien entendu pas mon souci de prévenir mes parents. Je pourrais bien entendu passer la nuit dans ma boutique, le sol était dur, mais j’y serai plus en sureté qu’à attendre sur le ponton le retour du bac. Le garçon était peut-être dans la même situation que moi, sinon pourquoi était-il venu jusqu’au bac…oui, d’ailleurs, s’il avait eu cette information, pourquoi attendait-il avec moi ? Sachant que personne ne viendrait ? Étrange ? Curieuse comme je le suis, il fallait que j’en aie le cœur net. Il était toujours là, il n’avait pas bougé et mes quelques pas pour retourner en ville n’avaient guère été fructueux jusque-là. « Dis euh…. » Je revins dans sa direction, restant tout de même à une distance raisonnable. « Tu ne connaitrais pas un moyen de traverser ou…J’en sais rien de prévenir quelqu’un de l’autre côté ? »
by beraberel
HS:
Spoiler:
Je n'ai pas avancé beaucoup, ne voulant pas faire intervenir Ray...c'est court, mais c'est le début de la discussion
Down by the river by the boats, Where everybody goes to be alone, Where you won't see any rising sun, Down to the river we will run. RIVERSIDE Agnes Obel
Le regard de la jeune femme le scruta longuement. Dans ses yeux, malgré le clair obscur, il sut que sa curiosité piquait sa mémoire, la forçant à y farfouiller chaque recoin. Etait-elle en train de se souvenir ? Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Lui, misérable vaurien des rues ? Piteux chaton affamé ? Verrait-il la pitié emplir ses prunelles claires ? Il n’était pas sûr de le supporter d’ailleurs. Sentir une quelconque compassion hautaine lui donnait la nausée et attisait sa colère. Il avait comme beaucoup, toujours ce complexe des gens partis de rien qui font fortune, de ces parvenus que les sangs nobles font toujours se sentir à côté de leur place.
La demande sèche de sa bienfaitrice d’enfance le fit tiquer et il se recula prestement, manquant de peu de se prendre le pilotis. Pas question de jouer le maladroit en tombant à l’eau. Le spectacle qu’il offrirait alors aurait tôt fait de rappeler à la brunette les égouts dont étaient sortis l’homme en face d’elle. Se retournant par automatisme il hocha simplement la tête quand elle le remercia. Sachant qu’il la laissait s’échapper sans savoir comment la retenir vraiment. Peut-être la reverrait-il ? La conversation se ferait sans doute plus facilement après un premier vis à vis. Observant la surface calme de la mer il secoua la tête alors que la raison pour laquelle il était venu ici s’éloignait. Stupide Finnighan. Pas capable d’aligner deux mots quand il s’agit de parler de souvenirs.
D’un coup de pied sec, il envoya valdinguer trois cailloux. Le premier émit un clang sourd et s’enfonça sans demander son reste, le deuxième ricocha contre le pont et y resta docile, le troisième et dernier… et bien Ray ne sut jamais ce qui lui arriva.
« Dis euh…., tu ne connaitrais pas un moyen de traverser ou…J’en sais rien de prévenir quelqu’un de l’autre côté ? »
Coup de pouce du destin ou pas, le garçon n’allait pas laisser filer sa chance et ni une ni deux son visage se fendit d’un grand sourire franc.
« Je connais un moyen de communiquer oui. » Son regard se tourna vers la petite butte où se tenait le relais.
« Suis moi ». Contournant les habitations, Raygon pria pour que le vieux crouton de Tom qui vivait là haut n’y soit pas mort sans que personne ne le sache. Pour communiquer entre les îles et même les villages, un système optique avait été mis en place. Et bien sûr, les bonnes idées que le gouverneur avait mises en place à Blindman’s Bluff avaient été reprises par les pirates. Ils n’eurent pas à marcher longtemps avant d’atteindre le cabanon. La jeune femme le suivait tellement bien qu’il remarqua à peine qu’elle boitait. Frappant doucement à la porte, le jeune homme tendit l’oreille, à l’affut d’une réponse de quelque sorte. Un ronflement sonore fila entre les battants et Raygon ouvrit le battant sans transition sur un vieil homme à l’allure étrangement sophistiquée. Mais d’un sophistiquée qui aurait bien eu besoin d’un coup de balayette. Sa moustache aux extrémités recourbées frisotait, ses lunettes en demi lune trônait royalement de travers et sa veste en velours avait été mangée par un gang de mites récidivistes. Posant sa main sur l’épaule du transmetteur, ce dernier émit un bon de soudain, qui fit reculer Raygon.
« Qui va là ? » Ajustant ses lunettes, son visage de rat de bibliothèque se peignit d’un franc sourire en reconnaissant le gamin qu’il avait plus d’une fois hébergé et soumis à ses leçons d’optique avec un plaisir paternel. Lui expliquant la raison de leur venue, Raygon se recula à hauteur de la jeune femme alors que le vieux Tom reprenait.
« Communiquer un message ? Lequel ? Et à qui ? » Tournant sa tête vers sa voisine, Raygon haussa un sourcil en lui renvoyant la question. Il allait enfin pouvoir commencer à rembourser sa dette.
ζ Signes distinctifs : Blessure ancienne à la jambe droite - Marche en boitant - Ne peut pas parcourir de grandes distances à pied sans ressentir de la douleur
À peine avais-je prononcé ma demande que le garçon qui m’avait quelque peu effrayé au début me parut à présent tout à fait inoffensif. Le simple fait qu’il affiche un sourire m’obligeait à lui en retourner un en échange. Ils étaient rares les pirates sur One à se laisser aller à ce genre de grimace sympathique. Tout ce que je voulais, c’était prévenir les miens que tout allait bien et que ne rentrerai que le demain, voire plus tard, s’ils avaient décidés de tout bloquer encore pour un moment. J’avais de quoi m’acheter de la nourriture, je détestais les tavernes de cette ville puante, mais pour contenter mon estomac, je le ferai sans hésitation. « Suis-moi ».
Devais-je vraiment lui faire confiance ? Oh après tout, il n’avait pas l’air d’être comme ces rats puants sortants des cales des navires. Non, il était plus…normal pourrait-on dire. Je pris le chemin qui contournait les premières habitations, suivant plus rapidement que je n’aurais dû le faire l’inconnu ou devrais-je le nommer aide bienvenue ? Il s’arrêta devant une masure qui n’avait pas fière allure, je mirais du coin de l’œil ce garçon, en espérant ne pas m’être fourvoyée en le suivant. Un piège ? Qui pouvait savoir…Le jeune homme brun cogna à la porte, alors que je sentais un léger étirement dans ma jambe malmenée, cependant, je me gardais bien de le montrer ouvertement sur mes traits. Il entra dans ce qui ressemblait à un atelier, quelques machines très étranges que je n’avais jamais encore vues. Où étions-nous ? À se demander, si je travaillais bien sur cette île depuis plusieurs lunes. En même temps, qui pouvait me blâmer, j’allais et venait de mon atelier au bac sans jamais changer de chemin, mon père avait toujours été strict là-dessus, les forbans de cette île, mieux valait ne pas s’y frotter. L’homme dont le costume était quelque peu délavé par le temps avait dû se trouver dans les dernières modes, il y a plusieurs années, mais le temps avait fait son œuvre. Il avait le visage sympathique et fantasque de ceux qui sont volontairement différents, de ces orignaux attachés aux bonnes manières dans un temps révolu, mais qui tiennent encore aux marques de fausse bourgeoisie. À moins, tout simplement, qu’il ait chapardé ses frusques sur un de ses gens qui viennent de l’autre côté. En tout cas, j’étais ravie de constater qu’il n’avait rien qu’un pirate cruel et qu’au final, le jeune brun ne m’avait pas trahi. Je sursautais tout autant que mon voisin, reculant de quelques pas, un geste de protection -voulant lui attraper le bras- envers mon accompagnant qui n’alla jamais jusqu’à sa finalité.
Assez rapidement, il fut question de message, de lunette et…de quoi. Non, là, j’avoue que j’étais larguée. « Euh…à mes parents, ils vivent de l’autre côté de la forêt du Larcin entre… » Mon regard darda vers le brun avant de poursuivre. « …Bartok et la forêt. Ils ne sont pas dans une ville, on vit assez isolé, je ne suis pas certaine que…ils comprennent » Le vieil homme se mit à rire, me demandant si je savais comment fonctionnait sa machine. « Non, Monsieur, je l’ignore complètement, jusqu’à peu, j’ignorais même que vous existiez » Il renvoya un sourire au garçon, une moue amusée sur son visage. « Un nom de famille ? »« Wardann » Il se recula, me regardant de haut en bas. « Ah mais si…moi, je te connais, demoiselle, tu es la fille de Richard, il tient la brasserie de l’autre côté du bac, c’est bien ça ? » je me contente d’un hochement de tête timide. « Oui, bien entendu, la meilleure boisson à plusieurs lieues ! Et sans leur saloperie de Rhum qu’ils glissent partout !…Alors… » Je l’observe toucher à sa machine, ayant une forte envie de lui demander ce qu’il fait, pourquoi et comment cela fonctionne. « Le message ? » Mon visage pivote vers le garçon et je ne sais pas quoi dire, parler c’est une chose, envoyer un message… « Euh…je ne sais pas…je suis bloquée sur One pour la nuit, ne vous inquiétez pas » Je lève un sourcil à l’attention du brun. « C’est bon comme ça ? » L’homme étrange me demande mon prénom. « Faylinn-Dréa, mais Faylinn ou Linn…peu importe, ils sauront que c’est moi…mais…comment vont-ils le savoir ? Comment vous faites pour envoyer le message, avec quoi ? Ça ? » Je m’approche curieuse à présent et plus à l’aise. « Je n’ai jamais vu une telle invention… » Ma curiosité prend le pas sur le reste de mes sentiments, je contourne l’homme, voulant toucher, comprendre.