À la claire fontaine J'ai trouvé l'eau si belle, que je m'y suis baigné
Ça avait été une autre soirée bien arrosée. Une parmi tant d’autres aux yeux de Smee. D’un point de vu extérieur, sa vie était surtout composée d’une longue suite de beuveries. Mais l’alcool, il n’y avait que ça de vrai! C’était pour lui un moyen de se sentir vivant lorsqu’il sentait le rhum lui brûler la gorge, jusque dans son estomac. Bon, on pouvait aussi dire qu’il se sentait en vie en plein cœur d’une bagarre, mais l’alcool était tout de même moins dangereux! En théorie, parce qu’une fois bien saoul, il arrivait à ce pauvre pirate de se mettre les pieds dans les plats. Combien de fois s’était-il retrouver dans des batailles de taverne? Combien de fois par le passé avait-il faillit se faire prendre ivre par un supérieur? Trop de fois pour qu’il soit possible de les compter!
Matthew avait donc passé toute sa soirée à L’Aigrefin à boire comme s’il n’y aurait pas de lendemain. Lorsqu’il fut à cour d’argent, il n’eut d’autre choix que de quitter l’endroit avant de se faire jeter dehors. Bien que sa démarche tanguait un peu, voir beaucoup, c’était toujours plus classe de sortir sur ses pieds par soi-même plutôt que de se faire sortir par le tavernier… L’homme attrapa discrètement une bouteille avant de sortir, parce que c’était toujours bien d’avoir quelque chose à boire même une fois à l’extérieur. Et puis, comme il faisait quand même froid dehors, il lui faudrait un petit remontant pour lui donner le courage et la force de retourner au navire. Et oui, le rhum, c’était du courage en bouteille, vous ne le saviez pas? S’il n’avait pas fait froid, ça aurait sans doute été un bon somnifère.
Le second de Crochet avançait lentement dans les rues de Blindman’s Bluff, s’appuyant d’une main sur les façades des bâtiments, de l’autre tenant toujours la bouteille qu’il portait à sa bouche de temps à autre. Il se fit la réflexion qu’il aurait sans doute du en voler une seconde, parce qu’à ce rythme là, il ne se rendrait pas au bateau! L’homme continua sa pénible avancée. Malgré son état d’ébriété avancé, il gesticulait à peine plus que d’habitude.
Alors que tout semblait calme, le pirate cru entendre un cri non loin. La brume dans son esprit se dissipa légèrement pour faire place à une réflexion : Une femme avait des problèmes. Quel genre de problèmes? Là était la question! Comme il se trouvait en ville, Smee écarta la thèse d’une attaque d’un animal sauvage… Quoiqu’à une heure si avancée de la soirée, le pire animal pouvait se trouver dans les rues… oui, l’homme pouvait être bien pire que ce qu’on trouvait dans les forêts…. Ça, le pirate le savait bien, puisqu’il en était lui-même un! Certes, il était du genre à détrousser les vieilles dames riches, mais de là à attaquer une demoiselle en pleine rue? Non, ça manquait un peu trop de classe. Pourquoi cogner les gens quand on peut les voler en les amadouant? Un affront direct avait beaucoup plus de chances de mal se terminer!
Malgré l’instabilité de ses jambes, Matthew s’empressa de se diriger vers le cri. Il y avait bien une demoiselle et non pas un, mais trois hommes! Pourquoi trois? Ça aurait été bien plus simple s’il n’y en avait eu qu’un seul! Visiblement des brigands qui voulaient soit de l’argent soit autre chose…
- Trois contre une femme? Vous n’avez donc aucun honneur messieurs? Mais où va ce monde sans galanterie?
- Tu te crois en mesure de nous faire la leçon, pirate?
- bah… Je n’attaque pas les femmes moi!
Et sur ce, Smee abattit sa bouteille sur la tête d’un homme qui fit un pas en sa direction. Un d’assommé, c’était bien, mais il en restait deux autres! Le pirate dégaina son épée et s’engagea un combat fort déloyal.
Je n'avais pas fait attention à l'heure. J'étais chez une cliente ce soir-là et nous étions en train de retoucher une robe et pas n'importe laquelle :une robe de mariage. Je devais ramener moulte tissus et elle était fort exigeante. Cependant, je suis bien payée, donc je me plie à toutes ces volontés, tout en lui proposant des idées. Finalement, nous réussissons à nous mettre d'accord et je commence alors à coudre la robe tout en discutant avec elle, prenant ensuite une tasse de café pour me motiver. La jeune femme vivait chez ses parents et elle ne voulait pas que son futur mari s'infiltre dans mon atelier pour voir ladite robe, bien que je me doutais fort bien qu'il ne le ferait pas et puis, il avait interdiction formelle de rentrer dans la demeure de sa future épouse. Bref, la future mariée est superstitieuse et exigeante. Ayant placé un dernier coup d'aiguille, nous protégeons la robe dans un emballage puis la plaçons dans un coffre à l'abris. Je récupère ainsi ma bourse que je place dans mon sac et m'en vais. Les parents voulaient me payer de suite pour être tranquille, j'aurais préféré être payée le lendemain.
Je marche donc, fatiguée mais satisfaite. Ma robe de travail épouse le sol,mes cheveux tombent en cascade le long de mon dos et je porte une écharpe sur les épaules pour me protéger du froid. Je marche vite vers ma demeure mais des hommes m'interpellent. Je tente de courir, mais l'on m'arrête. Je deviens blanche, mon coeur bat la chamade. je ne comprend pas ce qu'il se passe, à part que l'on souhaite voler mon sac que je tiens précieusement entre mes bras et que l'on touche mes cheveux puis les fesses. Furieuse, je me retourne et envoie valser ma main sur le visage du malotru. Ce dernier, mécontent, m'attrape vivement le cou et me menace.
C'est alors que quelqu'un nous interrompt. L'homme me lâche le cou et insulte celui qui venait de nous interrompe, du moins se moque plutôt de lui. Rassemblant mes esprits, je reconnais ... ledit pirate « Matthew ? » lance je. Je reconnaîtrais l'homme parmi 1000 pirates ! Lui qui se fait appeler Smee, je préfère l'appeler Matthew. C'est assez ... "rigolo", dans le sens où lui pirate bourré et qui ne prend pas soin de lui, possède un prénom noble. Mais là, ce n'est pas réellement le moment de rire. S'engage ensuite une bagarre entre Matthew et ces malotrus. Matthew, bien qu'ivre, s'en sort parfaitement bien.
Il se bat contre les deux hommes. Je décide de l'aider, regarder les alentours, personne ne nous regardait alors, je pose mon sac non loin de moi et pose mon écharpe dessus puis, je saute sur l'un des deux hommes et tente de le maîtriser. Il me rejette et je tombe au sol, il se retourne vers moi. C'est en me relevant que je lui donne un coup dans les jambes : il tombe lourdement. Je me relève et enlève la saleté de ma robe. Matthew semble parfaitement s'en sortir avec l'autre homme. Celui que je venais de mettre à terre me surprend dans le dos « Arrêtes pirate ! Ou je tranche ta demoiselle ! » menace t il en mettant son épée près de mon cou
Ce rustre ne sait donc pas ? Je suis une ancienne enfant perdue pardi ! Ni une ni deux, je lui donne un coup de pied mémorable dans le pied. Il hurle. Un coup de coude dans les côtes et un autre au menton avant de lui prendre sa main et lui récupérer son épée avec habileté. Il est à genoux, je suis debout face à lui et le menace de mon épée « Ne jamais sous estimer une femme » lui lance je avec fermeté. Il se relève difficilement et s'en va. Matthew a réussi à faire déguerpir le premier. Je souris et reprend mon souffle tout en récupérant mon sac et mon écharpes, intacts. Ma bourse toujours dans le sac. Je souris en me tournant vers Matthew et remarque qu'il a une légère entaille à la joue. je dépose un baiser sur son front « Mon cher ami, toujours à protéger mes arrières » lui dis je en souriant « Viens chez moi, tu pourras t'y restaurer et ne te défile pas » je le prend avec moi et nous nous dirigeons vers ma demeure.
Une fois entrés, je dépose mon sac et mon écharpe dans ma chambrée et revient vers Matthew « Je vais te couler un bain, veux tu quelque chose à manger ? » lui demande je en souriant « Je voudrais remercie mon héro comme il se doit » dis je avec bienveillance et remerciements
À la claire fontaine J'ai trouvé l'eau si belle, que je m'y suis baigné
Cette femme en détresse mentionna le prénom du pirate, comme il avait à faire avec les deux brigands, il ne pu méditer sur le fait que cette femme le connaissait. En même temps, il savait qu’il était en quelque sorte connu, surtout depuis qu’il était le second de Crochet! Quoiqu’il avait déjà une certaine réputation d’alcoolique notoire, mais aussi parce qu’il a depuis longtemps fricoté avec des gens tel que Barbe Noire avant de suivre son capitaine actuel dans sa mutinerie. Peut-être aussi que sa maladresse légendaire était plus connu que ce qu’il croyait? Heureusement, il demeurait un bon épéiste malgré tout, c’était sans doute ce qui l’avait aidé à survivre jusque là!
C’était en quelque sorte triste que la seule personne pour aider cette jeune femme soit un pirate! Tous ces soit disant « braves gens » étaient bien trop occupés à leurs petites affaires… Comment faisaient-ils pour continuer de faire semblant de dormir comme si rien n’était? Mais où s’en allait le monde lorsqu’un homme comme Smee devait voir à ce que les dames soient en sécurité? C’était en quelque sorte ironique, alors qu’il était un pirate, donc un bandit des mers, ait à porter au secours des demoiselles en détresses! Bon, voler un peu d’argent, ça pouvait aller, mais pourquoi user de tant de violence? Il n’était pourtant pas si difficile d’amadouer l’autre sexe… donné beaucoup d’attentions pendant qu’on glisse une main dans leur sac…
Lorsque la menace d’un des brigands retentie, Matthew s’arrêta un instant, se prenant un coup d’épée à la joue. Rien de bien grave, s’il n’avait pas chancelé, ça aurait pu être bien pire! Et puis il n’était pas inquiet pour lui, mais pour cette demoiselle qui l’avait appelé par son prénom. C’est que si elle mourrait, sa tentative de sauvetage tombait à l’eau. Bien vite, il pu constater qu’il n’avait pas à s’inquiéter puisqu’elle désarma le malfrat, le mettant hors d’état de nuire en un clin d’œil. Constatant qu’il était maintenant seul, l’adversaire du pirate pris la fuite sans demander son reste. Smee resta un moment à fixer le vide, là où avait disparu l’autre homme. Son léger sourire disparut lorsqu’il constata qu’il n’avait plus de rhum pour fêter sa victoire. Pas de rhum et une douleur à la joue… pas de rhum et des courbatures… D’ailleurs, pourquoi avait-il autant mal aux côtes? Oh, il s’était pris un coup de pied à un moment… Cette soirée était nulle au final!
Bon peut-être pas si nulle, car la demoiselle s’approcha pour lui embrasser le front! Sur la bouche, ça aurait été mieux, non? Smee la dévisagea, comprenant qu’il avait affaire à une ancienne enfant perdue, ce qui expliquait pourquoi elle savait se battre, mais aussi d’où elle le connaissait. Elle n’était pas de ceux pro anti-pirate, donc une qui était intelligente… Couvrir les arrières? C’était donc une fillette qu’il avait déjà aidé? L’homme fronça les sourcils :
- Mélusine? Tu as bien vieilli… je ne savais pas que tu… avais trouvé ton chemin.
Smee ricana un peu de son allusion aux enfants perdus et que donc les quitter signifiait un peu de retrouver sa voie… Il voulu réfléchir, faire le décompte des années depuis la dernière fois qu’il l’avait vu… huit ou neuf ans peut-être? Elle avait une quinzaine d’année et déjà bien assez de charme pour attirer les pirates dans les pièges des enfants perdus!
- Hum… En fait je pourrais plutôt aller à la fontaine…
Mais il semblait qu’il n’avait pas le choix… Il se laissa donc trainer jusqu’à chez la demoiselle. C’était un endroit bien douillet, où il ne se sentait pas vraiment à sa place. Il se sentait méfiant… était-ce un piège? Devenait-il paranoïaque parce qu’il était particulièrement ivre? Ou avait-il au contraire été négligeant en la laissant le trainer chez elle? Voulait-elle abuser de lui? Non, le tuer ou lui soutirer des informations semblait plus probable.
- Hum… merci… j’ai en effet un petit creux… Alors je peux te demander pourquoi tu as quitté le gang des morveux de la forêt? Ou ça ne se pose pas comme question? Et puis héro… je ne pense pas que ce soit vraiment adapté pour un pirate…
Smee savait ce que la plupart des gens pensaient de lui et de ses compères et ça ne se répétait pas vraiment!
- En tant qu’ancienne enfant perdue, tu n’es pas supposé me détester?
L’homme la laissa s’affairer et lui répondre. Une fois que le bain fut près il s’approcha, trempant un doit dans l’eau… Il y avait combien de temps qu’il ne s’était pas lavé? Est-ce que le seau d’eau pour le réveiller l’autre jour comptait? Surement pas… Il s’assura d’être seul avant de se dévêtir et de se plonger dans le bain. Fermant les yeux il grogna :
- Je comprends pourquoi les dames aiment se prélasser dans le bain… Il faudrait peut-être que je fasse installer une baignoire sur le navire. Enfin une deuxième qui ne serait pas accaparée par Crochet!
Il sourit à sa propre blague, se disant qu’il ne réussirait sans doute pas à convaincre les matelots de se laver plus souvent…
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