Dans de mauvaises postures, ainsi qu’on avait souvent l’habitude de la trouver, Anne était à la merci de cet indien qui avait réussi non seulement à l’immobiliser mais aussi à lui arracher les mots de la bouche concernant ses objectifs. Elle aurait dû penser au fait qu’ils n’étaient pas à One-Eyed-Willy mais ici, il y avait un peu de tout et il était bien plus facile de se retrouver dans de telles situations déplaisantes avec les indiens ou sans doute les tritons. Ça lui donnait mal à la tête rien que de penser à ce qu’elle venait de faire, et à ce qu’elle devait faire s’il ne gobait pas en vitesse ce qu’elle venait de raconter pour qu’il la laisse filer tranquillement.
Étonnamment, sa première réponse eu don de la faire sourire…Un rire s’échappe d’entre ses lèvres, soufflant la poussière amassée sur le plancher miteux, il avait un sens du rebondissement cet indien et elle devait avouer qu’il avait plutôt raison. Même si Anne avait de quoi zigouiller cet homme, qu’elle y avait pensé, en revanche elle n’avait pas assez de sang froid pour le torturer afin d’obtenir des informations ; ça c’était plutôt la spécialité de Silver…Anne était incapable de patienter, ses nerfs avaient tendance à lâcher avant et alors c’était souvent un véritable carnage, une boucherie sans nom. Si cet indien avait réussi à lui soutirer des aveux, il faut dire qu’il s’y était bien pris et la prise qu’il avait sur son bras en était d’autant plus douloureuse. Puisqu’il avait raison sur ce point, qu’elle le lui accordait avec recul au lieu de faire sa teigne et déclarer qu’elle pouvait très bien le faire toute seule, elle fut un instant surprise qu’il lui propose de coopérer. Ça veut dire qu’elle l’avait convaincue ? Elle ? Ha ; bonne nouvelle.
Laissant quelques secondes de réflexion planer, il attendait encore une réponse de sa part. Mais en réalité si elle voulait que la situation tourne de nouveau en sa faveur elle n’avait pas bien le choix non plus…Il est vraiment doué en fait. Anne soupira lourdement, un peu exaspérée sur les bords que la situation ait fini par lui glisser entre les mains mais la finalité allait rester la même alors pourquoi faire des chichis ? Parce qu’elle venait de se faire dominer par un homme ? A charge de revanche, elle pouvait toujours la jouer sournoise quand tout serait terminé histoire de repasser un coup sur ses dorures.
« Bon d’accord ! Allez lâche moi maintenant !!» Fit elle sèchement, agacée.
Faire la mauvaise tête, c’était la spécialité d’Anne et quand elle n’avait pas quelque chose, elle pouvait en rester frustrée pendant des semaines. Elle n’allait pas l’oublier ce type, ça non. La pirate attendit qu’il desserre son emprise pour se libérer d’un geste sec et se remettre sur pied en s’appuyant contre le mur. Son bras était douloureux, elle présenterait sans doute quelques contusions de plus durant quelques jours avant que cela ne s’estompe. La jeune femme n’y prêta seulement pas attention, ayant mieux à penser que sa petite personne mais se massait le bras histoire de favoriser la circulation du sang et ne pas en souffrir durant son prochain combat. Anne observa l’indien, les sourcils froncés, elle avait l’impression d’être une jeune gamine a qui on avait pris sa poupée. Elle ne voulait pas lui être redevable, mais puisqu’il s’était proposé lui-même, elle allait faire avec ~
« Ce salopard s’cache dans le coin Sud Ouest de la ville, près du port. Y’a un entrepôt à lui, c’est là où y stocke ses cargaisons. Puisqu’il est pas en mer et qu’il attend les canons y doit pas faire grand-chose si ce n’est se tourner les pouces dans son bureau, ou alors il en en train d’se taper une nana. »
Anne n’avait pas l’habitude de faire confiance au premier venu et s’allier avec, de nature très méfiante. Ça avait marché avec Freya, pourquoi ça ne marcherait pas avec lui ? Anne devait savoir faire tous les sacrifices possibles pour avoir ces précieuses informations. Le nom de Sif vint traverser son esprit et la rappeler à l’ordre qu’elle ne faisait pas ça pour des broutilles ou pour un coffre d’or mais qu’il en allait possiblement de la vie d’une amie. Elle avait l’espoir de la retrouver en vie, après tout c’était une dure à cuire elle aussi. Levant ses yeux glacials vers l’indien après avoir fini de masser son bras pour en faire partir les fourmillements, elle lui fit signe qu’elle était fin prête à partir.
« Allons y déjà, on avisera sur place pour l’approcher. »
Ce serait sans doute la routine, quelques tueries par-ci, par-là….Puisqu’on ne le laissait pas envie pourquoi risquer de laisser ses hommes en vie aussi ? L’Indien lui, devait pas s’en soucier, mais Anne, à chaque décision qu’elle prenait, elle avait de potentiels risques de porter préjudice à Silver. Alors pas de risques, elle allait faire cela proprement et efficacement, personne n’en saurait jamais rien. Quand au capitaine, si ça éclatait ce bonhomme de le zigouiller, elle allait lui laisser ce petit bonheur là après avoir eu ses informations.
Je ne sais pas vraiment si je dois être fier de ce compromis trouvé sur le tas ou si je dois m’inquiéter qu’une telle idée ai pu germer dans mon esprit. Est-ce que je viens réellement de proposer de louer mes services à une pirate et de lui servir de gros bras pour faire parler un des siens ? Suis-je vraiment tombé si bas pour renier toutes ces valeurs en lesquelles je crois, pour faire usage de mes poings pour le compte de quelqu’un d’autre ? Ainsi une part de moi espère timidement qu’elle aura mieux à proposer tandis que tout le reste de mon âme ne souhaite qu’une chose : mettre un terme à toute cette histoire d’une façon ou d’une autre. Je me languis déjà l’heure où je rentrerais retrouver celles qui m’attendent à la maison et auprès de qui je pourrais oublier cette mésaventure et la menace qui aurait pu planer sur elles et les autres sans pour autant me vanter de la leur avoir évité. Comment le pourrais-je de toutes manières… si je dois en venir à torturer un homme pour en arriver là. Non, pourvu que ma seule prestance suffise à l’intimider. Que de naïveté là-dedans ! Et je m’en rends compte au moment même où cette pensée me traverse l’esprit. Ma prestance, elle n’a pas même fait trembler la rouquine avec laquelle je marchande, alors un capitaine qu’elle a elle-même du mal à mener en bateau… Et toutes ces bribes de raisonnements, ces doutes, ces craintes et ces résolutions se bousculent en vrac tandis que j’attends son verdict.
Il tombe sur un ton sec et légitiment énervé, le verdict en question. Elle accepte ! A la bonne heure ! Voilà qui met fin à mon dilemme, à présent que je lui ai proposé cette solution et que les choses sont claires, je ne peux revenir sur ma parole. Je m’apprête déjà à aller à l’encontre de certaines de mes valeurs, hors de question de revenir sur parole donnée en plus. Il ne me resterait alors qu’à aller vider un tonneau de rhum dans la première taverne venue, m’effondrer dans quelques ruelles mal fréquentées et rentrer au matin dans un état lamentable et d’une humeur violente pour finir de ressembler à tout ce que j’ai toujours reprouvé chez Rhako. Non, ça jamais. Aussi je la laisser filer, l’anguille au sabre, je la laisse se relever et m’observer en silence. Elle prend le temps de me toiser et je fais de même. Si elle ne ment pas, nous avons quelque chose en commun. La même détermination à aller au bout des choses pour une personne qui nous est chère et ceci... ceci je ne peux que le respecter. Est-ce qu’elles sont toutes ainsi, les femmes pirates ? Des guerrières au tempérament de feu, au cœur fier et à la volonté de fer ? Non, il serait stupide de penser ainsi. Tous les indiens ne sont pas des ours ronchons dans mon genre non plus, il n’est pas malin celui qui a l’esprit aussi étroit. Et plus je l’écoute me donner les informations qu’elle possède sur cet homme, plus je m’en rends compte. La même détermination, oui sans aucun doute, mais tout le reste est bien différent.
Si j’en crois ses mots, c’est vers le port que nous nous mettrons en quête de son informateur, appelons-le ainsi pour ne plus le prétendre son capitaine à présent que les choses sont claires. Elle émet l’hypothèse qu’il puisse être en galante compagnie et je me surprends à penser que ce sera le cas. Il est toujours plus facile de surprendre un homme dans ce genre de situation, quand toute son attention est focalisée sur ce qu’il a entre mes mains, qu’un homme susceptible de vous entendre arriver. Je me contente d’un signe de tête quand elle donne le départ et de lui emboiter le pas. Quelques curieux attirés par notre petit duel de tantôt nous regardent sortir de l’étable avec de grands yeux ronds surpris mais je laisse leurs regards glisser sans un mot. Que m’importe ce qu’ils peuvent penser de tout ceci. Rien de tout ça ne les regarde, à part peut-être les dégâts que nous avons faits mais puisque personne n’ose faire de réclamations à ce sujet pour le moment… Oh bien sûr, s’il fallait réparer ce que nous avons brisé ou détruit, je reviendrais faire ma part, mais pas avant d’en avoir fini avec cette histoire.
L’entrepôt à l’air désert vu de l’extérieur. Mais il suffit de tendre l’oreille pour saisir quelques conversations entre ses murs. Deux voix, non trois. Des hommes. J’ignore comment la pirate veut s’y prendre, si elle veut se faufiler par quelques fenêtres ou le toit avec toute l’agilité dont elle a déjà fait preuve, ou si elle compte simplement entrer et se débarrasser des gêneurs avant d’arriver à notre homme. Cependant, un détail reste à régler avant toute chose. D’un geste silencieux mais simple à comprendre, je lui tends la main pour réclamer la bourse qu’elle devait me confier en gage de bonne volonté. Puis je fini par insister devant son hésitation. « Allons, je vais faire ma part, rempli la tienne aussi. Et d’ailleurs… » Cette idée-là ne va pas lui plaire, mais je n’ai jamais prétendu être le meilleur des stratèges, j’improvise simplement. Et si jusqu’ici l’instinct m’a tiré de bien des faux pas, il faut espérer simplement qu’il ne me fera pas faux bond aujourd’hui. « … d’ailleurs, ton rôle pourrait être un peu plus grand que simplement poser les questions quand nous seront devant ton informateur. Ses hommes, là à l’intérieur, ils seront plus faciles à neutraliser si on entre tous les deux et que tu leur parle. Raconte-leur ce que tu veux, que tu m’as surpris à roder autour de la bâtisse, que je t’ai suivie, que je veux me joindre à eux même si ça te chante ou que je t’ai avoué être là pour m’en prendre à leur capitaine. De quoi nous laisser une fenêtre d’action, un instant d’inattention de leur part, le doute est la meilleure des diversions. » Si j’ai vu juste, nous avons trois hommes à mettre hors d’état de nuire… puis on en viendra à cet instant où je devrais tenir l’autre en respect… ou lui tirer les vers du nez…
Le marché avait été enfin conclu, et libérée de l’emprise de son agresseur, c’était presque tout naturellement que tous deux se dirigeaient vers l’entrepôt comme deux compagnons d’aventure. L’adrénaline commençait à monter, elle avait hâte de lui faire la peau à ce salopard, la pirate observait l’endroit tel une lionne derrière les hautes herbes…Elle fut alors interrompue par l’indien à côté d’elle qui lui redemanda la bourse d’or de manière bien explicite en tendant la main. La bourse d’or, ah oui….Elle l’avait totalement oubliée. Anne soupira, levant les yeux au ciel et fouilla dans sa besace avant de lui donner cette bourse lourde de piécettes d’or que lui avait donné le capitaine. Comme un gage oui, il avait vraiment intérêt à la lui rendre, parce qu’elle comptait le donner à Sif si elle était dans le besoin. Elle la lui laissa en attendant, reportant son attention sur la situation présente alors qu’ils auraient effectivement besoin de neutraliser quelques gars avant de pouvoir aller choper le type qu’ils étaient venus chercher. La pirate se demandait commet tout cela allait se passer et si elle avait bien fait d’accepter la proposition de l’indien. Si à cause de lui elle perdait toute trace de Sif elle allait lui faire regretter de lui avoir fait perdre son temps et là-dessus, elle serait sans aucun doute impitoyable.
Observant l’intérieur de l’entrepôt, elle repéra les premiers gars qui seraient leurs tout premières cibles dans cette entreprise et par chance elle ne les connaissait pas. Interpellée par la voix de l’indien à ses côtés, il lui demanda de manière indirecte de ramener ces types là dans cette direction afin qu’ils puissent ensuite agir en conséquence. Anne hocha simplement la tête, s’extirpant de leur petite cachette et entra dans le vaste bâtiment d’un pas assuré.
« Hey les gars. » Appela t-elle en s’approchant de ces trois hommes.
Ils se retournèrent, détaillant Anne de haut en bas, visiblement surpris d’avoir la surprise d’une femme aussi atypique qu’elle.
« Qu’est-ce que tu veux ma mignonne ? » Fit l’un des gars en étouffant un rire gras. « Vous devriez surveiller vos marchandises dehors, y’a un indien qu’essaye de tout vous prendre. » Répondit Anne sans souligner la manière plus que désagréable qu’il eut de lui adresser la parole.
Ecarquillant les yeux, ils observèrent l’entrée de l’entrepôt, dégainant leurs armes de leurs fourreaux, ils se précipitèrent vers l’entrée où il y avait une caravane encore pleine et où était sensé se trouver l’indien. C’était là qu’ils avaient leur garde baissée, Anne était derrière eux et ne se priva pas de donner un premier coup fatal à l’un des hommes.
Sans prévenir et sans remords, Anne planta sa dague dans le dos de sa victime pendant que sa main vint étouffer ses cris de surprise, se plaquant devant celle-ci tout en le tirant à l’intérieur du bâtiment afin de le cacher sur un côté. Les neutraliser oui, Anne Bonny le faisait à sa façon et tant pis si l’indien était choqué. Avec ce qu’elle faisait, elle n’aurait pas le choix que de suivre le mouvement et tuer l’autre homme avant qu’il ne les fasse repérer en criant au secours. Anne lâcha sa proie, laissant le troisième homme pour l’indien avant qu’il ne remarque ce qu’il venait de se passer dans son dos. Elle réitéra le schéma sur le second, rapide, et efficace, d’un coup bien placé dans le dos pour éviter une trop lente agonie et d’attirer l’attention sur eux. Il arrivait à Anne de ne pas pouvoir faire face quand elle croisait un miroir dans des élans de regrets mais de toute façon elle avait toujours été destinée à l’enfer, qu’est ce que cela pouvait changer ? Du sang avait éclaboussé son visage aux teintes dorées, venant rappeler la couleur de ses cheveux, d’un revers de manche, elle essuya ses joues afin de ne pas paraître suspecte quand elle irait au dehors après tout cela.
Levant les yeux vers son comparse, elle ne vérifia pas s’il l’avait tué ou juste assomé, ils n’avaient pas le temps pour débattre d’une telle chose, il leur fallait au plus vite retrouver le capitaine avant que d’autres ne rappliquent. Anne prit soin de les dissimuler sous une bâche, et lorsqu’ils seraient découverts il n’y aurait ni le visage d’Anne, ni celui de l’indien tenu pour responsable ; ils seraient alors trop loin, beaucoup trop loin.
« Ça devrait faire l’affaire.... »
Anne fit un signe de tête à son compagnon pour l’inciter à la suivre, puisqu’elle connaissait l’endroit elle savait par où passer. Ils entrèrent ainsi dans un sombre couloir éclairé par quelques torches régulièrement accrochées sur les murs. Arrivant dans ce dernier, à pas de chats, le couloir semblait vide mais des échos de voix pouvaient lui parvenir aux oreilles.
« Il doit y avoir quelqu’un dans l’une de ces salles, faut faire attention, vérifie les salles de gauche.. »
Anne s’engagea dans le couloir, se glissant près du mur tel un fantôme et vérifiait les salles de droite quand elle en croisait afin qu’ils puissent vite repérer dans quelle salle se trouvait ces deux hommes qui discutaient. A chaque fois que la voix était libre, Anne faisait un signe à l’indien qu’ils pouvaient avancer sans crainte. Le bureau du capitaine se trouvait au bout du couloir, il fallait qu’ils fassent vite, parce qu’ils étaient là à découvert malgré toute la discrétion dont ils faisaient preuve.
Je suis encore une fois désolée pour le temps mis à répondre, vraiment, sincèrement... désolée.... on boucle ça rapidement et tu auras le droit de te venger, je sais pas comment encore mais on trouvera un truc
He's getting on my nerves
Feat. Anne
Elle part devant, comme convenu. Elle les hèle, annonçant ma présence, et moi je crains qu’elle ne retourne sa veste au dernier moment. Mais la pirate n’en fait rien. A ma grande surprise, elle profite rapidement de l’effet provoqué par sa révélation pour mettre le premier hors d’état de nuire. Sa technique me parait tenir plus du chat sauvage guettant sa proie dans l’ombre que de la pirate au tempérament explosif à qui j’avais à faire jusqu’ici mais elle est efficace et pour l’heure, il me semble que c’est tout ce dont nous avons à nous soucier. Et tandis qu’elle s’occupe du second larron, je sors de ma cachette pour passer mon bras autour du cou du troisième. Des vies humaines, je ne me souviens pas en avoir déjà pris… formulation étrange s’il en est puisqu’il me semble qu’on ne peut pas oublier ce genre de choses. Voir mourir quelqu’un est une chose, être l’instrument de ce destin en est une autre. Et si je pensais m’être préparé à cela depuis que je rumine ma vengeance, lorsque la vie semble quitter le pirate qui s’étouffe sous mon étreinte je me surprends à relâcher la pression en le guidant au sol. J’ignore s’il s’en remettra mais il est toujours en vie bien que dans les pommes pour un bon moment et ce doute, ce doute me rassure. Et puis il n’a pas eu l’occasion de voir ce que la pirate a fait subir à ses comparses ni de voir mon visage, alors qu’il se réveille ou non quand nous serons partis est le cadet de mes soucis.
Une fois les corps inertes trainés hors de la vue d’éventuels badauds, nous nous faufilons a l’intérieur. Les choses sérieuses vont commencer ici. L’élément de surprise ne durera qu’un temps et la pirate en a certainement conscience elle aussi. Ainsi je m’efforce a mon tour de jouer les félins silencieux quoi que ce rôle ne me sied définitivement pas. Nous prenons soin de vérifier les différentes salles qui donnent sur le couloir que nous empruntons sans pour autant trouver les propriétaires des les voix qui nous parviennent aux oreilles. Les deux prochaines portes doivent être les bonnes et si on se fit aux ordres qu’elle donne c’est à moi qu’il incombe de fouiller les salles en question. Les ordres…. Ce sont plus des consignes en quelque sorte mais puisque je la laisse guider notre avancée et prendre les devants, oui on peut les voir ainsi je suppose. Les salles qu’elle a fouillées étaient vides et une part de moi ne peut s’empêcher de douter encore de sa bonne foi. Il n’est pas exclu qu’elle me tende là un guet apens soigneusement amené aussi je reste sur mes gardes en actionnant la première poignée. Qu’elle me couvre ou non, que la salle abrite quelques complices de la rouquine ou des pirates inconnus, il est depuis longtemps trop tard pour faire demi-tour.
C'est étrange comme tout s'accélère comme si la raison lâchait tout à fait prise pour laisser s'exprimer la part animale en chacun quand il est question de survie. Puisque c'est bien de survie qu'il s'agit au moment où j'ouvre la porte et tombe nez à nez avec deux pirates éméchés en plein discussion. J'aurais pu prendre le temps de songer à la manière dont les choses tourneraient s'ils étaient armés, ou m'armer moi-même avant d'entrer en dépouillant les trois lascars de tantôt... mais rien de tout cela. Au lieu de ça, je me précipite dans la pièce pour m'emparer de la chaise la plus proche et la briser sur la tête du premier pirate. Tandis qu'il s'effondre au milieu des débris du meuble, j’ai juste le temps d’envoyer mon poing s’abattre sur la tempe du second qui cherchait son mousquet sur la table. La démonstration par l’exemple qu’un homme sobre est supérieur à deux éponges à rhum. Mais je range rapidement ces considérations dans un coin de mon esprit, nous n’avons pas le temps de nous attarder. Nous avons encore l’avantage de la surprise, la rapidité d’action est notre meilleur atout. Rejoignant la pirate dans le couloir, je lui tends le mousquet du poivrot, pensant qu’elle saura s’en servir mieux que moi, puis je lui fais signe de poursuivre. Si elle ne s’est pas trompée, l’homme qu’elle essaye de faire parler et que je voudrais faire taire se trouve dans la dernière pièce. Or quelques bruits étouffés à l’intérieur me laissent à penser que c’est le cas.
Après un regard entendu avec la rouquine, j’acène un violent coup de pied dans la porte pour la faire sauter. Toujours sous le coup de cet instinct que j’évoquais tantôt, et galvanisé par l’idée que tout ceci touche à sa fin, je ne me laisse pas distraire par la femme qui couvre maladroitement sa poitrine ne hurlant sa surprise et me contente de foncer tel un ours enragé sur l’homme qui lui tenait compagnie. « Sort d’ici. » Ordre aboyé à l’attention de la créature qui s’était laissée séduire par la bourse du pirate bien plus que par son charme, du moins j’imagine. Pirate que je maintiens contre le mur d’un avant-bras pressé contre son torse et que je tiens en respect mon couteau sous sa gorge. « C’est bien lui n’est-ce pas ? Récupère les informations qu’il te fallait et qu’on en finisse. » Tout ceci n’a que trop duré. J’ai sur la conscience en ce jours bien plus que je n’aurais cru pouvoir le supporter et une part croissante de moi-même se langui de retrouver celles qui m’attendent. Le sourire de ma fille chassera ma colère, celui de Sif fera taire les cauchemars qui ne sauraient m’épargner après tout ça.
Mais ça va t'en fais pas !!! J'ai beaucoup aimé ton post et ça en valait l'attente ♥ mais je compte bien en refaire avec toi oui !!!
He's getting on my nerves
Mataku & Anne
Anne avait laissé l’indien se débarrasser des deux hommes, une nouvelle fois impressionnée par la volonté de guerrier qu’il avait. Il lui rappelait Freya, déterminé, vaillant, ils étaient des alliés de choix et Anne songeait de plus en plus à faire alliance avec eux contre la menace des pirates à la tête de One-Eyed-Willy. La jeune femme l’observa, restant en arrière pour monter la garde et lorsqu’il eu terminé, tous deux se dirigèrent vers la pièce où se trouvait l’homme qu’elle cherchait. La tension montait alors d’un cran, elle touchait son objectif du bout des doigts, enfin. Ils firent irruption dans la chambre où le type était en train de sauter une pauvre donzelle. L’indien lui fit signe de partir, Anne fusillait l’homme du regard qui ne comprenait pas ce qu’il était en train de se passer ni pourquoi ses hommes ne venaient pas les arrêter. Anne se sentait comme une lionne que l’on venait libérer de sa cage, ayant envie de lui sauter au cou là et de lui asséner des coups de couteau dans la tronche jusqu’à ce qu’il crève. Mais l’indien se chargea de l’attraper, sa carrure étant bien plus adaptée à ce genre de chose et très vite, le pirate se retrouva immobilisé.
« Anne….espèce de… »
Mais la jeune femme ne le laissa pas finir de cracher son venin qu’elle vint lui couper la parole pour lui réclamer ce qu’elle était venue chercher :
« Je cherche une personne qui m’est chère et que tu es le dernier à avoir vu maraud. Tu sais très bien de qui je parle et si tu coopères pas, mon pote là il va te broyer les os et te les faire bouffer tu comprends ça ? » Déclara t-elle en serrant les dents.
Maintenant qu’il était à sa merci, elle se retenait d’en profiter pour le torturer, depuis le temps qu’elle avait voulu faire cela. Elle déverserait sur lui toute la colère et la frustration qui l’avait envahie lorsqu’elle avait compris que Sif avait disparue et qu’elle n’arrivait pas à avoir de ses nouvelles depuis.
« Sif Nordgård, Tu l’as fait tuer ? Tu l’as envoyée en enfer ? Elle a disparu, ça fait des mois que je la cherche et tout ça c’est ta faute. Alors tu vas me dire ce qu’il s’est passé ce jour là. »
L’homme qui observait l’indien de ses grands yeux écarquillés reporta de nouveau son regard sur Anne, à priori le prénom semblait remettre les pendules à l’heure. Il étira un large sourire dans lequel il laissait paraitre ses dents jaunes et pourries et dont l’haleine venait arracher une grimace à la jeune femme.
«Sif…Ah oui, je me souviens d’elle, cette sorcière à eu ce qu’elle méritait. »
L’enfer se livrant soudainement au fond des yeux de l’Irlandaise, elle hurla de fureur avant d’envoyer son poing casser le nez du type. On entendit sa nuque craquer sous la violence de son geste et Anne prenait sur elle pour ne pas lui en mettre une seconde. Frappant sa main contre le mur, une nouvelle fois, Anne vint réitérer sa question. L’homme cracha le sang qui lui coulait dans la bouche, prenant soin d’éviter l’indien pour ne pas empirer sa posture alors que pour l’heure, c’était sans doute lui qui lui faisait le plus peur. Il se mit à rire, un rire amusé, un rire moqueur qui lui glaça le sang
« c’est pire qu’un caniche cette femelle là ! » Déclara t-il tout en adressant un regard qui se voulait complice à l’indien, amusé de la voir s’énerver de la sorte.
Mais Anne n’était pas d’humeur à garder son sang froid, pas si près du but, pas après tout ce temps d’attente et ces longs jours de recherche. Sif était quelque part, peut être en danger et Anne allait remuer ciel et terre pour la retrouver, lui venir en aide. La pression de la lame de l’indien sur sa jugulaire après quelques longues minutes de travail finit par le faire céder. Il savait qu’il n’était pas en bonne posture pour faire le malin et avait sans doute aussi dans la crainte qu’Anne se jette sur lui pour le défigurer à coups de morsures. Il ouvrit la bouche finalement et l’on pouvait déceler la satisfaction dans le timbre de sa voix.
« Elle a balancé un nom qu’elle aurait pas dû, alors elle s’est retrouvé avec des pirates au cul qui étaient pas contents. Elle s’est sans doute fait tuer dans la forêt, tu la retrouveras jamais ma jolie, nous avons déjà fêté son décès. »
Anne déglutit, se retrouvant les faits et avait une fois de plus cette version là de l’histoire. Alors Sif était réellement morte ? La jeune femme ne voulait pas y croire, se tenant debout là, les yeux délavés de toute parcelle d’humanité.
« C’est toi qui l’a vendue ? » « Peut être que oui, peut être que non. » Répondit-il, amusé et fier de la voir à bout par sa faute.
Une provocation de trop, la jeune femme l’arracha des mains de l’indien et dans ses pulsions animales, un besoin que justice soit faite. Qu’il soit responsable ou pas directement, il y avait contribué et cela lui était amplement suffisant. Au nom de Sif elle irait tuer tous ceux qui ont osé la traquer et il en était un sur la longue liste. La jeune femme planta sa dague dans le ventre graisseux de l’homme, découpant sa peau à l’horizontale à larges gestes d’allers et venues pour y déverser ses entrailles dans une sauvagerie sans nom et qu’on connaissait là de celle que l’on appelait « Bonny Blood ». Une blessure trop lente pour le tuer sur le coup, cet homme, mais son regard vint s’éteindre sur ce souvenir effroyable, impuissant, agonisant. Elle plongeant sa main dans l’entaille, encore loin d’être repue de violence et adorait le son de ses gémissements de douleur quand il s’étouffait dans ses hoquets.
Quand elle eu fini de l'éventrer, la jeune femme relâcha son emprise et laissa son cadavre gire dans cette marre de sang. Le silence retomba et les effluves métalliques de sang très vite embaumèrent la pièce. Anne prit une grande inspiration, l’adrénaline s’était infusée dans les moindres recoins de son corps et continuait de cogner dans ses tempes. Elle observa ses mains couvertes de sang, se souvenant de son amie dans une douleur qui vint lui faire monter les larmes aux yeux. Portant sa main imbibée de ce liquide rouge à son visage, elle y recouvrit ses yeux et la descendit jusqu’à son menton en y laissant une trace, lavant l’affront avec le sang de ses ennemis.
Elle en avait presque oublié l’indien qui l’avait beaucoup aidée à ne pas le tuer sur le coup, et alors leur accord était enfin conclu. La pirate leva les yeux vers lui, ses iris aux couleurs hivernales humidifiés sous la tristesse d’être restée dans le flou et de se voir finalement inutile pour Sif. Elle retenait ses sanglots, car elle s’était toujours juré de ne jamais pleurer devant quelqu’un mais l’on pouvait clairement voir à quel point elle vivait mal cet échec.
« T’as fait ton boulot, j’irai faire le mien. Je vais aller incendier son navire, jamais ses hommes approcheront les terres indiennes. »