Alors comme ça Neverland est sauvée ? C'est bien, on va tous survivre. Mais pour moi cela ne change pas grand-chose. Je suis toujours le même looser qu'avant. Les gens ne semblent pas se rendre compte de ce qu'il s'est passé. En tout cas, leur attitude envers moi n'est en rien différente d'avant.
J'ai retrouvé ma place dans les tavernes et autres tripots comme si de rien était. Je ne sais même plus vraiment comment on a fait. J'ai de vague souvenir d'avoir touché le Saule Sacré, mais à part ça… Après tout c'est pas vraiment important. Pour le moment ma seule préocupation c'est de me prendre un autre verre. Je sais même plus à combien j'en suis ce soir. Six, peut-être sept. Au pire c'est pas un de plus ou un de moins qui va changer ma soirée. J'ai perdu pas mal d'argent déjà, pourtant cela ne me suffit pas. Une dernière partie. Un de mes « mécènes » me donne l'argent qu'il me faut. Il sait qu'il ne le reverra pas, mais je le rembourserais d'ici quelques jours, en nature, quand sa femme sera en visite chez son frère.
On me laisse jouer, après tout je suis le genre qui perd tout le temps des sommes importantes, jouer avec moi, enfin contre pour être précis, c'est faire un véritable investissement. Une vraie banque pour certain. Mais je ne sais rien faire d'autre. Même docker j'ai parfois du mal. J'ai l'impression que c'est surtout par pitié que le boss me garde. Sinon je serais sans doute mort de faim depuis longtemps. Enfin c'est pas le moment de me plaindre, j'ai une partie de carte à jouer, à perdre.
Et pour perdre, je perd. Je perd la partie et mon sang-froid aussi. Ça m'arrive rarement, mais je m'énerve. Alors ça loupe pas, v'là deux hommes bien plus costauds que moi qui me jette dehors. Au sens propre bien sûr. Encore une nuit dehors. Une nuit à errer. En parlant de nuit, il fait tellement sombre dehors que je fini par percuter quelqu'un de plein fouet. « Par...pardon… Monsieur ? Madame ? Chose ?... » C'est que le truc devant moi arrête pas de bouger, donc pour deviner ce que c'est… bah c'est dur...
Dernière édition par Nolan Leigh le Mar 7 Fév 2017 - 9:24, édité 1 fois
Blindman's Bluff. Une ville d'hommes... D'hommes adultes, évidemment. des humains. Que c'était... Étrange d'évoluer parmi eux. Comme leur égal... Certes, Círyon n'était pas vêtu comme eux, mais son aura ne le suivait plus, ses ailes non plus, et ses oreilles étaient rondes. C'était... Étrange, oui, une étrange expérience. Lorsqu'il s'était vu dans une marre avec cette apparence-là, il n'avait pu empêcher un hoquet de surprise. Sa fierté en prenait un coup, pour sûr... Et il ne pouvait plus voler mon dieu! Il aurait préféré se passer de ses bras. Heureusement que tout ceci ne durerait que 24h...
Pourquoi s'infliger un tel supplice? Une telle torture, qui ne lui permettait que de croiser des humains adultes, ceux que son peuple avait fui autrefois? Par curiosité, sûrement. Pour en avoir le cœur net, aussi: les hommes avaient-ils un espoir d'évolution? Trouveraient-ils enfin la paix? Comment d'enfants si innocents et charmant pouvaient ressortir ces êtres froids et cruels? Ou alors... Peut-être ne l'étaient-ils tous pas tant, justement? Il l'espérait, au fond de lui. Il avait vraiment envie de retrouver foi en l'humanité. Et maintenant que la poudre de fée avait été découverte -par pure inadvertance d'ailleurs-, autant en profiter!
Mais voilà, Círyon n'avait pas choisi le meilleur moment de la journée pour fouiner: il faisait nuit. Certes il faisait plus froid, ce qui n'était pas pour lui déplaire au contraire, mais justement les autres se réfugiaient chez eux pour dormir ou dans leur taverne pour se réchauffer à coup de pintes. Il avait même entendu quelques disputes à l'angle de certaines ruelles, ou encore un bruit de verre brisé... Oui, la vie la nuit n'était pas toujours rassurante. Il commençait d'ailleurs à se demander s'il n'allait pas rentrer auprès des siens quand quelqu'un le percuta.
Par...pardon… Monsieur ? Madame ? Chose ?...
Círyon eut un temps d'arrêt. Déjà, avoir forme humaine n'était pas très gratifiant. Que l'on ne sache pas reconnaître son sexe, il pouvait à la rigueur le comprendre par ses longs cheveux blancs. Mais qu'on le traite de chose en plus... Il se tourna lentement vers son interlocuteur, ses yeux de glaces le fusillant du regard. Mais lorsqu'il aperçut le visage de l'homme, ses traits se radoucirent quelque peu. Il voyait dans ce visage un homme totalement perdu. De mauvais poil aussi, ça ne faisait aucun doute, mais profondément désorienté. Tous ces changements en même temps... Car oui, le ministre avait reconnu l'un des élus. Il avait tenu à retenir chacun de leurs visages lorsqu'ils étaient venus à l'arbre, les regardant depuis les branches, discret, silencieux, concentré, un peu nerveux aussi. Alors oui, il reconnaissait le visage de Nolan, cet homme qui avait sacrifié un de ses biens les plus précieux pour sauver le reste du monde.
Bonjour. Je suis un fée. Je me présente, Nolan, je m'appelle Círyon.
Il lui sourit d'un air pensif, il n'était pas vraiment dans la conversation. Non, Círyon ne pensait pas à cette ville étrange et à cette personne uniquement, il pensait à sa maison à lui. A toutes ces personnes qui l'avaient sauvée en même temps qu'ils avaient sauvé l'île et l'équilibre de la nature, de la Terre entière il n'en faisait aucun doute, du moins si l'on supposait que le Pays Imaginaire était sur Terre. Puis il songea que c'était somme toute assez maigre comme présentation alors tâcha de rendre la situation plus compréhensible pour le jeune homme déjà chamboulé.
Excusez-moi, il doit vous paraître étrange que je connaisse votre nom, c'est que j'ai assisté au majestueux sacrifice que vous avez fait pour nous tous... Je vous en remercie, d'ailleurs, du fond du cœur. Je suis heureux que l'arbre vous ai élu.
Il lui sourit encore avec tendresse puis regarda un peu autour de lui. Ils étaient au niveau d'une grande place, sûrement la place centrale de la cité. Il n'y avait pas grand monde dans les environs, alors autant y rester, surtout que ça avait l'air plus sûr que d'autres ruelles dans lesquels il était passé jusqu'alors. D'un ample mouvement de bras, ses longues manches suivant le geste, Círyon désigna un banc à quelques mètres.
Peut-être voudriez-vous que nous nous asseyions pour parler? Si vous acceptez mon humble compagnie, évidemment.
Bon au moins je ne me suis pas de gifle. Enfin pas encore du moins. J'aurais pu. Sauf que le truc en face de moi se contente de me fusiller du regard. C'est pas tellement mieux en fait. Bizarrement il se radoucis très vite. Je le regarde complètement paumé. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Il va pas me faire la causette quand même ? Il a l'air bien partie pour en tout cas. Et puis c'est qu'il me connaît en plus. Enfin il connaît mon prénom en tout cas. Ce que je trouve bizarre comme moi je ne sais absolument pas de qui il s'agit. Il me donne son nom au moins. Seulement il me sort que c'est une fée. Je le regarde de bas en haut avec un air que je pense interrogateur. Ou alors un regard vide de toute expression, ça moi je peux pas vraiment dire. Il m'explique alors qu'il a assisté à un sacrifice auquel j'aurais participé. Je ne vois pas vraiment de quoi il parle. Sans doute ce qu'il s'est passé au Saule. « De rien » que je lui sors alors sans grande conviction.
Doucement il me désigne un banc, un peu plus loin sur la place après m'avoir proposé de nous asseoir ensemble. Je hausse les épaules et commence à me diriger vers le banc en question, d'un pas pour le moins bancal. Il ne faut heureusement pas beaucoup d'enjambées pour y arriver et je m'écroule dessus plus que je ne m'assoie. Je ne sais pas vraiment de quoi il pourrait vouloir parler, mais au moins cela me fera passer un peu de temps. Je le laisse s'installer avant de me lancer dans la conversation en posant une question.
« Mais en fait… les fées, c'est pas des petites créatures toutes mignonnes ? Avec des trucs là... » Ne trouvant plus le mot pour désigner ce qui permet de voler je le mime avec mes mains, les bras repliés vers mes épaules. On fait comme on peut. Et puis je suis bourré, je vois pas comment je pourrais être plus ridicule que cela. « Pas que je remette en question vot' parole… mais bon… c'est bizarre… je vous dois du fric à vous aussi ? Ou vous chercher peut-être autre chose… de plus tactile ? » Ah bah bravo Nolan… tu passes pas du tout pour un nympho alcoolique comme ça. Après je dois dire qu'il a du charme le type… bref je vais me taire avant de dire une autre bêtise devant la fée. « Vous vouliez parler d'un truc particulier ? » Je le fixe alors, attendant une réponse en espérant que je comprendrais rien de travers.
Círyon fut satisfait de voir que Nolan le suivait jusqu'au banc. Il nota néanmoins sa démarche bancale et eut un soupir intérieur: cet homme avait bu. L'un des plus grands vice de l'homme... Il avait eu l'occasion de le voir quelque fois, que ce soit avant d'arriver à Neverland ou ici-même, lors de quelques virées de curiosité. Ses petites fées plus curieuses le lui avait également rapporté, ces hommes buvaient des liquides suspects puis marchaient étrangement, riaient forts, se battaient encore plus facilement qu'avant, et dormaient n'importe où. Il leur arrivait même d'essayer de s'accoupler avec n'importe qui ou bien à contrario de se laisser faire... La question de pourquoi ils consommaient ce breuvage quand-même demeurait sans réponse.
Mais en fait… les fées, c'est pas des petites créatures toutes mignonnes ? Avec des trucs là...
La mime de Nolan était somme toute assez ridicule mais Círyon choisit d'en rire avec douceur, le pauvre n'avait pas toute sa tête actuellement.
Si en effet, mais nous avons depuis peu un petit secret qui nous permet de vous ressembler un peu plus. Que nous nous comprenions aussi, sinon seuls les enfants nous comprennent.
Mais Nolan était passé à autre chose il semblait, son regard hagard vaguait ailleurs. A quoi pouvait bien penser son cerveau embrumé? Peut-être pensait-il à son sacrifice? Ou bien pensait-il à son passé, son présent, son avenir? Avait-il une femme à chérir, des enfants à choyer? Mais alors pourquoi cet homme se mettrait-il dans un tel état, hébété, hasardeux, pourquoi ne pourrait-il pas affronté la vie qui s'offrait à lui? Peut-être au contraire sa femme était-elle mourante, ou n'avait-il plus de quoi nourrir sa descendance, et que ce soir il avait choisi entre boire et rentrer voir son nouveau-né s’époumoner pour demander de la nourriture qu'il n'aurait jamais? Círyon commençait à être pris de pitié pour cet homme à qui la vie ne souriait pas malgré son sacrifice pour sauver la vie de toute l'île lorsque Nolan ouvrit enfin la bouche.
Pas que je remette en question vot' parole… mais bon… c'est bizarre… je vous dois du fric à vous aussi ? Ou vous chercher peut-être autre chose… de plus tactile ?
Le regard du fée s'arrêta quelques minutes sur son interlocuteur. Un idiot, voilà tout ce qu'il était. Pas un pauvre père d'une pauvre famille, pas un homme incompris du monde à qui la chance ne souriait pas, pas un homme qui faisait de son mieux toute sa vie, juste un idiot comptant ses dettes et vendant son corps pour un peu plus de tranquillité. Mais bon... Après tout, que ce soit un idiot alcoolisé ou non, il avait toujours été un élu, et s'était sacrifié pour l'île. Le fée lui devait bien un peu d'attention...
Non, ça va, vous ne me devez rien.
Il se pinça les lèvres, se retenant de justesse de préciser que selon lui, c'était lui qui lui devait une dette. vu l'état de Nolan, il craignait un peu sa réaction... Surtout si elle était euphorique.
Vous vouliez parler d'un truc particulier ?
Oh oui changer de sujet, merveilleux, quelle merveilleuse idée, Círyon remerciait chaque arbre et pierre du Neverland de l'avoir aidé sur ce coup? Il n'aurait jamais à assumer qu'il avait une dette envers Nolan... De toute façon, en le supportant ce soir, sa dette était un peu payée, non? Le remord commençait à toquer à la porte mais il l'ignora en souriant à Nolan d'un air qui se voulait rassurant.
Eh bien je voulais juste en savoir un petit peu plus sur vous. Votre sacrifice m'a profondément touché à l'arbre, et je suis quelque peu intrigué par les choix de l'arbre, pourquoi vous a-t'il choisi à vous? Tant de questions qui se posent lorsque je pose les yeux sur vous? j'ai eu de la chance de vous croiser ce soir. Ou peut-être était-ce seulement la volonté de l'arbre, il voulait que je sois près de vous cette nuit afin d'enfin payer ma dette et celle de tout le Neverland...
Círyon laissa sa voix s'éteindre doucement. Ah la boulette, l'erreur facile... Il s'était laissé aller à parler. Cela ne lui arrivait pas souvent à vrai dire, il fallait bien qu'une vie soit en jeu pour qu'il ne contrôle plus ce qu'il dit... Ou peut-être était-ce juste son corps d'humain qui faisait des siennes? Dans tous les cas, il fallait qu'il se reprenne, et maintenant. Prier pour que Nolan n'ai pas entendu cette histoire de dette. Vite, détourner son attention...
Et puis je ne connais pas bien les humains. Expliquez-moi tout. Comment faite-vous pour vivre sans voler? Et pourquoi buvez-vous ce breuvage étrange qui vous vole toute jugeote? Expliquez-moi donc, nous avons le temps.
Je regarde le type devant moi avec un air que j'imagine facilement de merlan frit. Il me raconte quoi là ? Il veut en savoir plus sur moi ? Il est vraiment sérieux ? Personne ne veut en savoir plus sur moi. Je ne suis pas le genre de mec super intéressant avec qui on peut trouver des centres d'intérêts communs et en parler pendant des heures. Puis encore cette histoire de sacrifice. J'ai tué personne au moins ? Enfin tant que je ne m'en souviens pas… non, je ne dois pas réfléchir comme ça. De toute façon il enchaîne et cause d'une dette que lui et tout Neverland aurait envers moi. Alors là ! S'il m'avait pas soufflé avec sa question à la con juste avant sur pourquoi les Hommes boivent, je crois bien que j'aurais explosé de rire. C'est la meilleure ça ! Que quelqu'un, a priori toute l'île en plus, est une dette envers moi… Non impossible ! Je le saurais si c'était le cas…
Bon, revenons à ses questions. Comment on vit sans voler ? Mais j'en sais rien moi… pourquoi les fées volent, hein ? Seulement il attend une réponse le bougre. Je m'éclaircis la voix en me raclant la gorge avant de tenter une explication sérieuse. « Bah… on marche et ça suffit... » Quoi ? Il voulait une vraie réponse. Bon… « En fait j'en sais vraiment rien. Je me suis jamais posé la question. C'est la nature qui nous a fait comme ça. Je ne suis même pas sûr qu'il y ait une explication. C'est comme si vous demandiez à une sirène pourquoi son peuple vit sous l'eau. C'est comme ça, point. » Faudrait que je pose la question à un de mes amants tiens. Un triton.. on verra ce qu'il répond. Ça me parait pas trop mal comme réponse. Faut croire que l'alcool ne rend pas totalement con. Pas totalement, hein.
Maintenant la suite. Allons bon, pourquoi on boit ? C'est pas mieux comme question. « Il y a plein d'explications. Autant qu'il y a de personnes qui boivent. Elles sont plus ou moins valables. Surtout moins dans mon cas. Enfin je pense. Je sais même pas pourquoi j'ai commencé à boire. Maintenant j'en ai juste besoin. C'est tout. Puis… comme je sais rien faire d'autre que jouer et perdre.. au moins j'oublie pour quelques heures que j'ai une vie de merde… il me semble d'ailleurs que j'ai pas assez bu, ce soir... » Je fais une petite pause pour remettre mes idées dans l'ordre. « Après je vais pas mentir… j'aime ça. J'adore le goût de l'alcool et la sensation que ça procure… Bien sûr chacun est différent face à ça. » Voilà qui devrait le contenter.
Je reste un instant à regarder dans le vide avant d'avoir des questions qui me viennent à moi aussi. « Mais en fait… pourquoi moi ? Vous dites que j'ai fait un sacrifice et tout et tout. Mais pourquoi j'aurais fait ça ? Moi aussi je me pose la question… pourquoi on pouvait pas me laisser tranquille ? Ça vous amuse, hein… d' vous foutre de la tronche du pauvre alcoolo... » Je me suis levé en parlant, en m'énervant surtout. Heureusement pour lui, je ne suis pas super stable sur mes appuies et je manque de me latter devant lui. Puis il y a deux gars un peu plus loin. Des dockers comme moi. Je crois bien qu'ils demandent d'un signe de tête au type devant moi s'il a besoin d'aide. Je me recule alors un peu… histoire d'être moins menaçant et fini par me retrouver au sol… j'ai peut-être suffisamment bu en fin de compte...
Bah… on marche et ça suffit... En fait j'en sais vraiment rien. Je me suis jamais posé la question. C'est la nature qui nous a fait comme ça. Je ne suis même pas sûr qu'il y ait une explication. C'est comme si vous demandiez à une sirène pourquoi son peuple vit sous l'eau. C'est comme ça, point
Bon. Clair et efficace. Enfin pas vraiment. Círyon restait toujours dans ses interrogations, mais il était vrai que la réponse n'était pas fausse non plus. Il demanderait peut-être à quelqu'un de plus... Spirituel? Ou juste posé, qui puisse réfléchir à la question. Parce que le regard hagard de Nolan ne trompait pas: il n'avait pas grand chose à faire de la question, et pas vraiment envie de réfléchir à la réponse maintenant. Donc... Tant pis. De toute façon, en mille ans, les bipèdes ont toujours été une question irrésolue pour Círyon, pourquoi est-ce que ça changerait ce soir? Il avait le temps avant de tout savoir. Question suivante, réponse suivante!
Il y a plein d'explications. Autant qu'il y a de personnes qui boivent. Elles sont plus ou moins valables. Surtout moins dans mon cas. Enfin je pense. Je sais même pas pourquoi j'ai commencé à boire. Maintenant j'en ai juste besoin. C'est tout. Puis… comme je sais rien faire d'autre que jouer et perdre.. au moins j'oublie pour quelques heures que j'ai une vie de merde… il me semble d'ailleurs que j'ai pas assez bu, ce soir... Après je vais pas mentir… j'aime ça. J'adore le goût de l'alcool et la sensation que ça procure… Bien sûr chacun est différent face à ça.
La fée ne répondit pas, songeur. C'était simples, comme mots. Mais forts. Durs. Effrayant. Comment un homme pouvait-il vouloir oublier sa vie? Perdre quelques précieuses petites heures? Se perdre lui-même? Il avait une réponse cette fois-ci, plus complète que la première, mais elle ne le satisfaisait qu'à moitié. Maintenant, c'était une question historique qui venait: pourquoi l'homme a-t'il passé tant d'années à chercher à tout détruire, et se détruire lui-même? Il ne comprenait pas. Il leva la tête vers les étoiles et les admira. Qu'elles étaient belles, pures, simples, sans questions aucunes. Toujours présentes, fixes, droites, fidèles à leur postes, belles... Une pensée s'échappa vers une fée, la fée des étoiles surement, fidèle à son poste, fixe, droite, et belle. Oui, la fée des étoiles. Mais la question n'était plus là maintenant. Les yeux de Círyon se reposèrent sur l'homme en face de lui. Il n'avait pas assez bu ce soir. S'il avait plus bu, il n'aurait jamais rencontré de fée. Ca comptait, non, de rencontrer une nouvelle espèce, une nouvelle personne, d'apprendre des choses, d'échanger... Non? Il pensait que si. C'était en apprenant qu'on savait faire des choses. S'il ne buvait plus, il saurait peut-être mieux jouer, ou alors il ferait autre chose de bien. Oui, sûrement, il ne peut qu'y avoir du bon en chacun, du moins il l'espérait. Il avait envie de le convaincre d'arrêter cette vie, de se trouver sa voie, se bâtir une maison à lui loin des rues... Enfin peut-être en avait-il déjà une. Il ne savait rien de lui, alors qu'il en savait tant, en quelques minutes. De la relativité du savoir...
Fallait-il lui donner une leçon de morale? Fallait-il le convaincre d'arrêter la boisson? De changer sa vie? Lui dire qu'il y avait mieux ailleurs? Peut-être, sûrement. Mais peut-être, sûrement quelqu'un l'avait-il déjà fait. Peut-être, sûrement avait-il déjà essayé. Peut-être, sûrement. En tout cas, ce n'était sûrement peut-être pas à Círyon de dire tout ça, pas à lui, pas maintenant, pas ici, pas dans cette situation, pas dans ces circonstances: non. De toute façon Nolan semblait aspirer ailleurs, et semblait se creuser la tête, ses sourcils se fronçaient doucement tandis que son regard fixait les si belles étoiles sans les voir.
Mais en fait… pourquoi moi ? Vous dites que j'ai fait un sacrifice et tout et tout. Mais pourquoi j'aurais fait ça ? Moi aussi je me pose la question… pourquoi on pouvait pas me laisser tranquille ? Ça vous amuse, hein… d' vous foutre de la tronche du pauvre alcoolo...
La colère se lit sur ses traits tandis que le jeune homme se lève, mais aucune raison à son énervement autre que sa tête, ce qui se passait dedans. La fée ne savait pas que répondre. Les réponses, il ne les avait pas, il ne pourrait faire que des suppositions et il n'avait pas envie que son interlocuteur les prenne pour argent comptant et de prêcher de mauvaises paroles. Il pouvait cependant l'aider, il était vrai. Deux hommes commencèrent à regarder dans leur direction, s'interrogeant sur les raisons de l'énervement de Nolan sûrement, Círyon leur fit un geste de la main: tout allait bien. Il savait que Nolan ne serait pas violent. D'ailleurs, ce dernier a immédiatement reculé, avant de trébucher. Le ministre retint un soupir, pour ne pas vexer l'homme saoul: il se sentait déjà assez minable comme ça. Alors calmement il se leva et lui tendit la main pour l'aider à se rasseoir sur le banc.
Je ne peux pas répondre à toutes vos interrogations, mon ami. Je le voudrais pourtant je vous l'assure, aider mon prochain est quelque chose qui m'est cher. Je ne fais pas parti des esprits vous ayant élu, je me contente de les servir et de les écouter du mieux que je peux. Mais une chose est sûre, c'est que vous n'êtes pas qu'un "pauvre alcoolo", pour reprendre vos termes, vous aspirez à mieux que ça. Un jour vous trouverez votre voie, vous trouverez le bonheur j'en ai l'intime conviction.
La fée se tût quelques secondes, inspira, expira, réfléchit, profita du silence. Il pesa ses mots avec soin, s'humecta la lèvre, les yeux dans le vague, concentré sur la conversation: il était important de justement doser ses propos, de sorte à ce qu'il ne les regrette pas par la suite.
Vous savez, l'île vous doit une fière chandelle, le destin, la vie également. Sans vous, le noir serait encore au goût du jour, si vous me permettez ce jeu de mot hasardeux.
Le ministre se permit un sourire, pensant à son collègue qui aurait apprécié ce -rare- trait d'humour. Il eut cependant tôt fait de reprendre son sérieux, plantant ses yeux gris dans ceux de l'homme en face de lui.
Je ne dis pas ça pour que vous tachiez d'en tirer quoi que ce soit. Déjà, une fierté personnelle est de mise, c'est important pour votre amour-propre. Et cela déteindrait sur votre vie de tous les jours, vous aiderait à affronter vos problèmes quotidiens. Allons Nolan, vous êtes un homme fort, je sais que vous pouvez le faire!
Círyon sourit, se voulant rassurant cette fois. Il n'avait jamais fait un très bon psy, mais sa connaissance du monde et son observation lui permettait au moins de comprendre, de donner des pistes à ceux dans le besoin. Evidemment, ne pouvant comprendre le cas de Nolan, peut-être (sûrement?) était-il un peu gauche, mais ça valait le coup d'essayer. Ça ne pouvait pas être bien pire... Si?
Allez racontez-moi, vous avez bien quelque chose dans la vie qui vous motive, non? Une passion, un rêve, ou quelqu'un peut-être? Je ne peux pas croire que ce soit si terrible!
L'hiver, un monde de paix, son étoile à lui, il avait les trois qui le motivaient chaque jour que l'Arbre fasse. Comment cela pouvait-il en être autrement pour quelqu'un, aussi humain soit-il?
HRP:
T'en vouloir pour ton retard, ce serait bien l'hôpital qui se fout de la charité! J'espère que mon rp te plaira et que tu auras de quoi répondre, j'ai adoré ta réponse en tout cas! Et désolée aussi du retard ...
Beaucoup ne l’aurais pas fait. Me tendre la main, je veux dire. Beaucoup aurait juste rigolé, mais pas lui. Seulement… je ne veux pas de son aide. Une fierté mal placée sans doute. Mais c’est comme ça. Il a qu’à profiter du banc lui. Je préfère encore rester au sol plutôt que d’avouer avoir besoin de quelqu'un pour me redresser. En plus de ça il ne peut pas répondre à mes questions qu’il dit. En fait il utilise des termes qui veulent dire ça. C’est qu’il cause bien. Pas comme moi. Mais il a beau être un fée c’est quoi c’t’histoire d’aider son prochain ? Il est sérieux ? Alors je suis sa B-A du mois ou de la semaine c’est ça ? Je ne suis rien d’autre qu’un être qui est suffisamment misérable pour qu’il se sente utile en m’aidant ? Le pire c'est qu'il ne s’arrête pas là. Il me sort même qu’un jour je trouverais le bonheur, que je trouverais ma voie… mais il en sait quoi lui ?
Le voilà ensuite qui recommence avec son histoire d’île que j’aurais participé à sauver. Quand est-ce qu’il comprendra qu’il est le seul qui semble au courant ? Je ricane un peu comme il continue sur sa lancée. Qu’est-ce que mon soit disant amour propre peut lui faire ? Puis le voilà qui me sort que je suis un homme fort… mais bien sûr… ça se voit, non ? Finalement il me demande si j’ai quelque chose qui me motive dans la vie… mais je sais même pas moi. Un rêve ? J’ai pas de rêves. Je me contente de vivre au jour le jour. Il y a bien ce triton qui commence à prendre un peu trop de place dans mon cœur. Cela fait un certain temps déjà qu’il est un de mes amants et mécènes. Mais je ne me fais pas trop d’illusion, je ne suis sans doute qu’un simple passe-temps pour lui. Alors au final c’est comme si je n’avais rien à quoi me raccrocher.
Mon visage se ferme alors, je dois faire pitié, assit par terre à moitié entrain de déprimer. Finalement je rigole, un peu par nervosité, un peu pour tout simplement pas en pleurer. « Non… rien du tout… pas de rêve, pas de truc bien dans ma vie. » Je ne cherche même pas vraiment à être convainquant. « Enfin… y a bien un…non c’est idiot… » Je redresse la tête pour le regarder avant de lui demander « Est-ce que vous avez quelqu’un ? Parce que je me demande si ça change quelque chose…
Encore une phrase trop compliquée pour moi. Il est avec quelqu’un ou pas du coup ? Je le regarde sans comprendre, enfin si je comprends un peu, mais avec l’alcool c’est pas super facile. Mais alors son explication sur le bonheur, là je suis complètement paumé. On peut ne pas être heureux dans sa vie et l’être quand même si celui qu’on aime est heureux ? Mais donc on est heureux alors la question ne se pose pas, mais si celui qu’on aime ne l’est pas. Qu’on aime ? Non, je ne peux pas l’aimer. Je n’aime personne. Je vends mon corps, je ne vends pas mon amour. Il n’y a aucun sentiment dans ce que je fais, pas même avec lui. Surtout pas avec lui en fait. Il ne faut pas. Je ne peux pas tomber amoureux. Mais peut-être que je suis en train de me voiler la face ? Je ne peux pas oublier, même avec l’alcool, que je pense de plus en plus à lui. Que j’ai juste envie qu’il soit là. Et puis en ce qui concerne son bonheur, bah je sais pas trop. Il faut dire qu’à part passer des nuits avec lui, je ne sais rien de sa vie.
Il me demande alors ce que je vais faire de ma nuit, avant de proposer de rester avec moi. Je redresse alors la tête vers lui. « Alors là… y a la taverne juste un peu plus loin… » Je tends mon bras dans la direction de l’Aigrefin. « Si vous avez de quoi payer ils vous trouveront une chambre. J’suis sûr que celle que je devais occuper… personne ne l’a prise… » Je tente une fois de plus de me lever en me tenant au banc. Lui il s’est relevé, mais je ne m’en occupe pas. Je retombe deux ou trois fois en chassant toute aide qui pourrait venir du type devant moi. Finalement, après avoir lutté je parviens à me redresser sur mes jambes. Je ne suis pas très stable et vacille un moment. Mais je parviens à rester debout. « Moi ? Ce que je vais faire ? Bah.. j’vais aller sur les Docks, m’trouver une caisse et dormir… avec d’la chance pleuvra pas. » Ce que je ne lui dis pas c’est que j’ai des affaires là-bas. Dans une caisse bien planquée. Pour l’instant personne ma jamais rien volé. En même temps il n’y a rien à voler si ce n’est des fringues trouées, le genre de truc qu’on ne vole pas quoi. « Vous pouvez rester… mais vous feriez mieux de vous mettre au chaud… risque de faire frais au milieu de la nuit. Moi j’ai l’habitude, mais pas vous. » D’un côté j’ai pas envie de me retrouver seul, mais je doute qu’une fée accepte mes avances. Au pire je pourrais toujours aller voir un de mes mécènes. On verra bien.
Ciryon rit doucement, étirant ses bras au passage. La manie des hommes à tout devoir monnayer l'avait toujours assez désespéré, et voilà qu'il devait maintenant payer un endroit chaud ou dormir la nuit. Quelle idée absurde! Pourquoi n'en faisaient-ils pas plein pour que tout le monde puisse dormir tranquillement? Ce serait beaucoup plus simple, et des hommes comme Nolan n'auraient pas à se résigner à dormir dehors sans le vouloir. Mais en tant que fée, l'air lui faisait du bien, alors il était heureux de passer sa nuit d'homme à l'air libre.
Je n'ai malheureusement pas de quoi me payer quoi que ce soit, alors je vous accompagnerais. Pourquoi n'irions-nous pas nous dégourdir les jambes?
La nuit était belle ce soir, mais elle était calme aussi sur la grande place. Alors, guidé par l'air fin de la mer, Ciryon se dirigea vers le port dans le déballe des rues, marchant d'un pas mesuré que Nolan le suive sans mal. Alors qu'ils arrivaient près des quais, un éclair de lumière traversa leur champs de vision. Des hommes, entourés de quelques badauds, semblaient s'amuser avec du feu. Du bout de leur bâton, le feu dansait autour de leur corps, alors qu'ils le faisaient tourner et virevolter. Le spectacle était plutôt impressionnant et Ciryon s'arrêta à l'écart, les yeux plein d'intérêt.
Vous les hommes, malgré vos erreurs et votre cruauté, avez le don pour parfois créer de choses magnifiques. Jouer avec le feu de cette manière, je n'y aurais songé moi-même.
Ciryon rit en songeant à tout ce qu'il pouvait faire avec de la glace. Son pouvoir le manquait et l'espace d'un instant il se surprit à regarder ses mains, si peu utiles sous cette forme.
Être un homme fut une jolie expérience, mais sans vouloir vous vexer, je préfère ma condition à la votre.
Ciryon s'autorisa un sourire quelque peu taquin avant que son regard ne se reporte sur le spectacle. Les flammes fendaient la nuit, on entendait leur onde de chaleur scinder l'air alors que les hommes se concentraient. Même les soulards regardaient ce spectacle béâtement, sans oser briser leur concentration. Alors l'homme fée se retourna vers Nolan.
Et vous, n'avez-vous pas un talent caché?
HRP:
Ce rp sera un peu court mais il fera un peu bouger les choses, comme d'hab tu me mp si ça ne va pas !