Under the surface and tryin' to pretend but it feels like there's oceans Eäriel & Aodren
Retrouver sa grotte lui fit une impression étrange. Cela faisait plusieurs semaines qu’Aodren vivait à Blindman’s Bluff dans la maison d’un homme qu’il avait eu pour mission d’assassiner. Cet individu n’avait ni famille ni amis proches, sa demeure était donc entièrement à la disposition du mercenaire qui avait investi les lieux avec plaisir. Le triton s’était lassé de sa vie de reclus, jouer à l’ermite ne le satisfaisait plus. Désormais, Aodren cherchait à mener son existence différemment. Tout d’abord, il y avait sa sœur. Qui le recherchait activement et qui ignorait qu’en réalité, elle l’avait sous les yeux. Et ensuite, il y avait ses doutes et ses remises en question. Son père avait été infidèle à sa mère mais de cette trahison était née une demi-sœur. Sans le savoir, le père d’Aodren lui avait finalement laissé une infime partie de famille.
Le triton était tout de même revenu dans sa grotte, celle où il avait vécu des années durant. Il y avait amassé toutes sortes de trésors et continuerait probablement à s’en sortir comme d’un repère. En tous les cas, plus jamais l’homme de l’océan ne reviendrait vivre là-dedans. Lorsqu’il plongea et que son corps entra en contact avec l’eau fraîche, ses jambes disparurent et laissèrent place à des écailles foncées. Aodren quitta les lieux au plus vite et fila, nageant dans la mer imaginaire sans se soucier de quoi que ce soit. Au creux de la paume, le triton avait gardé une dague. Assassin dans l’âme, il savait pertinemment qu’il ne fallait pas se balader désarmé et vulnérable.
Un impressionnant barracuda passa alors sous ses yeux. Ces poissons étaient assez laids, plutôt repoussants même. Pas foncièrement dangereux, les plus gros restaient tout de même des menaces latentes. Aodren ne s’amusait pas à combattre des prédateurs marins mais cette fois, c’était différent. Il avait faim. Le triton nagea jusqu’à l’animal à la dentition menaçante. Sa dague fendit l’eau, pourfendant les écailles de sa proie et libérant quelques filets pourpres qui se désagrégèrent dans les courants maritimes. Le barracuda fit volte-face et tenta d’atteindre le triton d’un large coup de mâchoire, Aodren esquiva le coup d’un grand coup de nageoire qui le propulsa vers l’arrière.
Il attendit que le barracuda le charge pour l’empaler droit sur sa dague. Aodren se retrouva le bras coincé à l’intérieur de la bouche du poisson, sa lame ayant traversé la peau de la bête qui ne bougeait définitivement plus. Les dents de la créature avaient eu le temps de se planter dans la peau d’Aodren qui grimaça en retirant ses crocs. L’homme de la mer emmena alors son butin dans un coin tranquille où il pourrait le déguster sans être dérangé. La mer de l’imaginaire était immense, bien assez pour ne croiser aucun ou très peu de tritons ou de sirènes tant qu’on ne s’approchait pas trop du précieux palais royal.
Pourtant, alors qu’il savourait son met, Aodren sentit une présence. C’était difficile à expliquer mais l’expérience lui avait appris à ressentir certaines choses. Être assassin et mercenaire lui demandait énormément de calme, de self-control et d’intuition. Lorsqu’il se faisait repérer, cela pouvait signifier la mort. C’est pourquoi le triton avait appris à ressentir le danger ou tout du moins, à être extrêmement vigilent aux moindres petits signes de la présence d’un individu. Et clairement, quelqu’un l’observait. Aodren le sentait dans toutes les parcelles de son corps aquatique. Il poussa un profond soupir et jeta sa dague devant lui tout en se redressant.
- Tu peux sortir, qui que tu sois. Je ne suis plus armé.
Aodren se recula de son arme pour prouver sa bonne volonté. S’il s’était agi de quelqu’un qui voulait l’attaquer, la personne aurait déjà profité de l’effet de surprise pour tenter quelque chose. Non, celui ou celle qui était tapi dans l’ombre devait vouloir autre chose. Et la curiosité poussait le triton à vouloir savoir.
- Si c’est un bout de mon barracuda que tu veux ... va falloir que t’aille t’en trouver un tout seul comme un grand ! Je suis pas vraiment partageur.
Il ricana. Aodren se la jouait cool mais si la personne ne sortait pas de sa cachette, il irait la débusquer ...
When the anger is with us... × ft. Priya & Kathleen
Eäriel nageait doucement, vaguant de rochers en rochers à la recherche de beaux coquillages des profondeurs. Chaque exploration était une nouvelle découverte pour elle, elle voulait tout connaitre de la mer et de ses habitants.
N'ayant rien de mieux à faire de la journée, elle avait décidé de s'éloigner, de se laisser porter par le courant qui la conduirait là où il aurait envie. Elle avait hésité à se rendre sur la terre ferme et de demander à Ephyra de l'accompagner, mais elle s'était ravisé au dernier moment, préférant partir à la découverte des joyaux de la mer.
Nageant sans vraiment prêter attention à ce qui l'entour son regard se pose soudain sur une magnifique étoile de mer, rouge avec de petites taches blanches. Elle reste quelques instants ébahie devant la petite étoile avant de redresser les yeux. Elle ne reconnait pas tout de suite l'endroit où elle se trouve, mais elle ne peut s'empêcher d'avoir cette sensation de déjà vue. Elle connait cet endroit elle en est certaine. Il n'y avait rien pourtant aux alentours, aucuns membres de son espèce en vue, peu s'aventurait aussi loin sans une bonne raison. Elle hésite quelques instants à rebrousser chemin et retourner plus près des lieux connus. Elle regarde l'étoile de mer, attendant peut-être que cette dernière lui dise quoi faire. Elle finit par hocher la tête. Sa curiosité venait de l'emporter. Elle continue son chemin, nageant à vitesse réduite et tournant la tête derrière elle à chaque coup de nageoire pour voir si personne ne la suivait. En avançant, cette impression de déjà vue ne disparaît pas. C'est alors qu'en voyant ce rocher devant elle qu'elle comprend. Voilà pourquoi elle connaissait cet endroit, cette grotte elle y était déjà allée il y a quelques temps et elle s'était promis de ne jamais plus y remettre les pieds, elle n'avait pas envie de finir en petites morceaux dans cette grotte. Elle repense alors au triton qui habitait dans ce lieux, si loin des siens, à sa fierté quand elle l'avait enfin trouvé alors que son père l'avait cherché pendant si longtemps, à comment elle s'attendait à trouver un petit triton et que finalement il l'avait menacé si jamais elle osait revenir ici. Il lui avait vraiment fait peur, elle venait simplement pour l'aider après avoir entendue son père raconter la triste histoire de cette famille et de ce petit triton qui avait disparue. Dans sa tête il était clair que le triton était resté jeune, perdue et triste d'avoir ainsi perdue sa famille, peut-être même qu'il avait tout vu. Têtue et déterminée elle s'était alors donnée comme mission de sauver ce triton. Et elle avait finie par le retrouver. Au premier regard elle savait que c'était lui. Mais l’accueil n'avait pas été celui qu'elle attendait. Elle qui voulait le faire revenir avec elle auprès des siens...Elle était repartie, triste et en colère, pleins de questions en tête qui resteraient sûrement sans réponse.
Elle reste devant le grotte, pensant à ce qu'elle pourrait bien dire si elle venait à le croiser. Elle n'avait pas la moindre envie qu'il la tue. Tant pis! Elle lui dirait qu'elle était à la poursuite d'un beau poisson, un qu'elle n'avait jamais vu et qu'elle c'était retrouvé par hasard devant sa grotte. Mais pas de triton solitaire dans les parages. Un peu déçu, elle soupire avant de faire demi-tour, inutile de trop s'attarder dans cet endroit éloigné de la vie marine.
Elle n'a plus l'envie maintenant d'observer les coquillages. Elle pense à ce triton et à combien il a dû se sentir seul pendant toutes ces années. Est-il au moins encore vivant? Malgré son air menaçant, elle ne peut s'empêcher d'être triste pour lui. A sa place, elle serait terrifiée de vivre ainsi. Puis elle voit cette ombre au loin, immense. Un gros poisson est en approche. Immédiatement elle se cacher derrière un rocher. On n'est jamais trop prudent. Certains poissons n'était pas vraiment une bonne compagnie et puis son père lui en voudrait beaucoup de ne pas avoir fait attention. Elle grimace en voyant le barracuda passer devant elle. Elle ne bouge pas pendant quelques secondes, elle s'arrête net quand elle entend du bruit. Penchant le tête, elle espère ne pas avoir affaire à tout un groupe de barracuda.
Ses yeux s’écarquillent en grand, elle n'ose plus bouger de la nageoire. Un triton se tenait devant elle, il venait d'attraper le barracuda, d'ailleurs son bras semblait être coincé dans l'immense bouche de la bête. Un sourire étire son visage. C'est lui. Elle se retient de sortir hors e sa cachette pour se diriger vers lui avant de se repenser à leur dernière rencontre. Son sourire disparaît pourtant quand elle aperçoit la dague dans le corps de l'animal. C'est pourtant sans vraiment y réfléchir qu'elle le suit, restant à une certaine distance. De là ou elle est il est impossible qu'il la voit. Elle l'observe ainsi manger son repas avant de jeter la dague devant lui. Une voix s'élève. Elle se plaque du mieux qu'elle peux alors contre le rocher. Il lui avait semblé être discrète, elle n'avait pas fait un seul bruit. Ce triton était vraiment...perturbant et inquiétant. Elle n'ouvre pas la bouche, essayant de se faire la plus invisible possible. Peut-être croira-t-il que ce n'était qu'un poisson. La jeune sirène n'a pas de possibilité de s'enfuir, si elle sort il la verra forcément.
Il reprend la parole, coupant court à son dialogue interne sur la façon dont elle devait s'enfuir. Elle sort alors de sa cachette. Il se trouve dos à elle, mais elle ne peut s'empêcher de penser qu'à tout instant il peut se saisir de sa dague et l'attaquer. Bien plus fort qu'elle elle n'aurait alors aucune chance et puis ses paroles avaient été claires, si elle revenait il la tuerait.
Elle reste sans rien dire, son esprit réfléchissant à toute vitesse à une moyen de se sortir de cette situation. Elle prend son air le plus terrifiant, du moins elle essaye....
"Ne bouge pas. Je suis armée aussi."
Après tout il n'était pas censé savoir qu'elle n'était pas le moins du monde en position de se défendre. Un simple regard par-dessus son épaule suffirait pour qu'il s'en aperçoive. Elle espère avoir été convaincante.
"Je ne veux pas de ton repas, je veux simplement..."
Elle s'arrête, lui dire qu'elle veut l'aider n'est certainement pas la meilleure des façons de s'en sortir vivante. Elle finit par soupirer. Elle n'arrivera jamais à lui faire peur de toute façon. De toute façon, elle sait que sa voix n'est guère impressionnante.
" Tu peux te retourner, je n'ai pas d'arme, je ne suis pas ton ennemie."
Dit-elle simplement, prenant sa voix normale cette fois-ci. Elle ne cherche pas à le mettre en colère loin de là, elle veut simplement comprendre.
Under the surface and tryin' to pretend but it feels like there's oceans Eäriel & Aodren
Quelqu’un l’avait suivi, observé, étudié. Aodren ne comprenait pas pourquoi. S’il s’était agi de l’attaquer au moment propice, l’inconnu aurait eu l’occasion rêvée. Désarmé, ignorant la position exacte de son opposant, le mercenaire était en grand désavantage. Pourtant rien, pas de coups survenus de nulle part ou de lames tranchantes scintillant dans les fonds marins. Soudain, contre toute attente, une voix qui se voulait intimidante retentit. Aodren arqua un sourcil. Elle, puisque ce timbre était définitivement féminin, se clamait armée et lui ordonnait de ne pas bouger. Le triton n’y comprenait rien mais ne trouvait pas cette situation amusante.
À sa remarque sur son barracuda qu’il ne comptait pas partager, la femme lui répondit qu’elle n’en voulait pas. Mais que désirait-elle dans ce cas ? Elle s’apprêtait à le lui révéler lorsque ses mots se noyèrent dans le fond de sa gorge. Un soupir acheva sa phrase. Aodren tentait d’emboîter les pièces du puzzle mais à vrai dire, c’était une situation des plus imprévisibles. Enfin, la demoiselle passa aux aveux. Elle n’avait pas d’arme et se proclamait désormais ne pas être son ennemie. Cela fit sourire l’être de l’océan qui ne put s’empêcher d’ajouter en ricanant :
- Évidemment, tu n’es pas mon ennemie sinon tu serais déjà morte ...
Aodren n’avait pas pour habitude de faire la conversation à ses ennemis, il préférait largement les attaquer et en finir rapidement et proprement. Cette femme, qui qu’elle soit, n’était pas une menace et de ça, il était sûr. Le triton se retourna alors et découvrit non sans une pointe de surprise, cette sirène décidément bien déterminée. Elle était venue jusqu’à lui, un autre jour, et avait paru heureuse de le retrouver. Sans doute s’attendait-elle à ce qu’ils rejoignent cette société de sirènes et de tritons dans laquelle Aodren n’avait plus aucune part. Mais non. Lui, il préférait sa vie de solitaire. Bien qu’aujourd’hui, son existence tendait à changer et il s’extériorisait beaucoup plus.
- Encore toi ...
Le pire dans tout ça, c’était qu’Aodren n’avait aucune idée de qui pouvait bien être cette jeune femme. Elle ne lui rappelait rien et il se demandait donc comment elle avait pu entendre parler de son drame familial. Le triton était d’humeur joueuse, il croisa donc les bras sur le torse et pencha légèrement la tête sur la droite en observant la sirène.
- T’es qui ? Et pourquoi tu t’entêtes à me suivre comme ça ?
Lors de leur première rencontre, Aodren l’avait chassée sans ménagement. À l’époque, il refusait tout lien avec son passé. Aujourd’hui, la donne avait changé. Le triton s’était découvert une demi-sœur, une personne qui le rattachait à ses racines. Il était donc plus apte à porter une oreille attentive à ce que cette inconnue en face de lui avait à lui dire. Qui était-elle ? Travaillait-elle pour quelqu’un en particulier ? Avait-elle des requêtes, des questions ? Aodren détestait ne pas savoir.
- Et ne reste pas si loin. Je n’ai pas d’arme, je l’ai laissée là-bas. Je te promets de ne pas t’attaquer.
Il était sincère, les réponses à ses questions l’intéressaient bien davantage que d’attaquer une innocente !
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