«Au cinéma, le salut est bon marché. L'innocence aussi. Ca coûte le prix d'un billet, autrement dit pas grand chose. La vie, la vraie, est hors de prix, et on n'est jamais sûr du résultat. » S. King
Aujourd'hui était une belle journée. Une vraiment très belle journée. Le genre qui lui donnait presque envie de se mettre à siffloter un air joyeux de circonstance. Mais accroupi au sol de la clairière où il se trouvait, le coude sur un genou et tentant de faire abstraction du brouhaha causé par ses compagnons d'équipage, Jeremiah s'attachait à dévisager son invitée du jour. En fait d'invitée, la demoiselle en question avait tout sauf l'air d'être ravie de se trouver là. Ce qu'il aurait pu comprendre après tout, se retrouver cernée par une bande de pirates ne devait pas faire partie de son programme du jour. Surtout lorsque lesdits pirates étaient occupés à discuter de votre sort comme si vous étiez le gibier du jour et qu'il convenait de décider à quelle sauce on allait vous cuisiner. Ignorant ce genre de considérations ennuyeuses, le forban s 'était agenouillé auprès de la jeune femme, une main sur les liens qu'il était résolu à lui passer aux poignets. Aussi blonde que les blés et l'air farouche, ses habits et le lieu où ils l'avaient surprise laissaient présager qu'elle venait du camp indien. Parfait. Voilà une raison supplémentaire d'aller chatouiller l'orgueil des tribus indiennes en capturant l'une des leurs. En temps normal l'homme aurait fait la sourde oreille à un tel plan qui selon lui relevait plus de la dépense inutile d'énergie mais un petit quelque chose dans l'expression revancharde de la demoiselle l'avait fait changer d'avis. Elle ne s'attendait probablement pas à tomber sur eux, c'était le cas de le dire et ses mains s'étaient figées autour du collet qu'elle était occupée à défaire, son gibier oublié lorsqu'elle avait vu débarquer dans la clairière ce groupe de pirates bruyants et menaçants.
« Voyez un peu ce que le vent nous a déposé là. Tu es bien trop loin de chez toi gamine! » Lança-t-il avec une étincelle amusée au fond des yeux
A son regard, il savait parfaitement que la plaisanterie ne serait clairement pas appréciée. Après tout elle était sur le point d'être faite prisonnière et ça, ça aurait suffit à rendre n'importe qui un tantinet bravache. Habituellement il se serait contenté de rester en retrait afin d'observer les autres se charger de cette tâche mais il était passé à l'action en voyant que ses compagnons étaient manifestement trop occupés à discuter de ce qu'ils allaient lui faire pour le faire véritablement. Comment en étaient-ils arrivés là déjà? Ce qui ne devait être qu'une simple expédition à terre promettait de s'éterniser. Et dire qu'ils regagnait Blindman's Bluff avec la ferme intention de retourner à bord du Queen Anne's Revenge. Le bateau appareillait tôt le lendemain et il ferait très mauvais ne pas être à bord lorsque le moment viendrait. Voilà des années que Jeremiah ne s'était pas mis en position de s'attirer les foudres de son terrible capitaine et il n'avait pas vraiment l'intention de le faire maintenant. Mais chemin faisant, leur route avait croisé celle de la petite indienne et tout avait basculé. Tous lui était tombé dessus, l'ai menaçant et ravis d'avoir quelque chose pour égayer le voyage. En retrait, Jeremiah s'était contenté d'affecter un air impassible qui ne trahissait pas un certain agacement devant cette interruption impromptue. Il aurait du se douter que le sentier ne serait pas désert en voyant un vol de passereaux zébrer le ciel mais le pirate avait mis ça sur le compte d'une bête sauvage. En fait de bête sauvage, la surprise en question était toute autre.
« Allez, j'ai de jolis bracelets pour toi, clama-t-il en agitant les liens, si tu te tiens tranquille et que tu es bien sage on se contentera de te laisser aux bons soins d'un marchand de One-eyed Willy, un qui te revendra au prix fort si tu vois ce que je veux dire. »
Un sourire carnassier vint égayer son visage habituellement si jovial. Mais c'étaient de purs mensonges de sa part. S'il ne rechignait pas à quelques exactions pas vraiment catholiques, l'Irlandais ne trempait pas dans le commerce d'êtres humains et était loin d'en être un fervent supporter. Il n'avait jamais rechigné à la bagarre ni à croiser le fer, encore moins à appliquer les ordres de ce bon vieux Teach, cependant le commerce d'esclave ne faisait pas partir de ses activités. Mais ça la demoiselle l'ignorait et il se garderait bien de le lui dire. La peur était un bon moyen de s'assurer la tranquillité relative d'un prisonnier.
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La chasse, ce n’est pas du tout ce que je préférais. Généralement, c’est mon père qui ramenait du gibier et venait m’offrir une ou deux carcasses pour mes besoins personnels, puisque j’avais ma propre demeure dans le camp. Je ne vivais plus avec mon père et ma sœur, une émancipation salutaire et confortable, surtout lorsqu’on est guérisseuse de la tribu. Je l’avais souhaité aussi pour laisser du répit à ma mère, guérisseuse également qui voulait toujours me suivre dès qu’on quémandait le savoir d’une soigneuse. Elle avait déjà beaucoup fait au sein de la tribu Unami et il était temps pour elle de se reposer, d’attendre que son tour n’arrive pour rejoindre les esprits –le plus tard possible évidemment-. Toujours est-il que la chasse, je n’aime pas particulièrement ça et quand mon père m’a demandé d’aller relever deux pièges pour lui, j’ai dû marchander avant de finalement accepter. J’en garde un mauvais souvenir, comme cette fois où j’ai retrouvé une bête encore vivante, mais souffrant atrocement vu la blessure infligée par le piège et j’ai dû moi-même, mettre fin à sa vie. Je n’aime pas tuer les bêtes. Mais heureusement pour moi, je n’ai pas eu besoin de faire ça sur les deux pièges. Alors que je commence à retirer le collet du dernier, un craquement me fait redresser le visage. Plusieurs forbans m’encerclent, encore une fois je suis prise au piège avec des pirates sauf que cette fois-ci, je suis armée. L’un d’eux s’abaisse, un genou à terre avec dans sa main, l’espoir de m’attacher pour m’emmener avec eux. « Voyez un peu ce que le vent nous a déposé là. Tu es bien trop loin de chez toi gamine! » Mon sourcil se redresse, je suis toujours dans la réserve, je suis à ma place contrairement à ces malotrus qui envahissent notre territoire. Je regrette à cet instant de ne pas avoir accepté que Mackh m’accompagne, même si seul face aux autres, je ne suis pas certaine qu’il serait sorti vainqueur de cette bataille. Bien qu’ils ne m’ont pas l’air très vaillant pour certains. Je n’ai aucun moyen de fuir, sans compter qu’ils sont tous autour de moi avec les mirettes pétillantes. J’ignore ce qu’ils attendent, mais j’ai l’impression d’être comme une pierre précieuse dans un désert de caillasse.
« Allez, j'ai de jolis bracelets pour toi, si tu te tiens tranquille et que tu es bien sage on se contentera de te laisser aux bons soins d'un marchand de One-eyed Willy, un qui te revendra au prix fort si tu vois ce que je veux dire. » Mes lèvres s’étirent dans un sourire, pourquoi pleurer face au danger lorsqu’on peut lui rire au nez ? Je penche légèrement la tête sur le côté : « Tu penses faire fortune en vendant une Indienne, pirate ? Tu n’en ressortiras qu’avec tout juste de quoi épancher ton gosier, et encore… Un prix cher à payer, puisque je vais faire de votre voyage un véritable enfer si tu oses m’emmener avec ton équipe de… » Mes mirettes se redressent sur les visages des autres : « …pirates ? » Pour certains, j’aurai plutôt parié sur de simples mineurs ou pire, des idiots enrôlés par la soif de pillage, sans aucun goût ni même prédisposition pour la piraterie. « Si c’est l’espoir d’une bataille avec mon peuple, ils ne remueront pas toute la forêt pour sauver uniquement une vie. De plus, pirate, tu fais une bien mauvaise prise. Je crains que ton sourire disparaisse quand tu me présenteras à ton marchand. » Toujours gagner du temps pour permettre une meilleure analyse de la situation, de ses chances –s’il y en a- pour ensuite disparaître ou attaquer. Je vise plutôt la première solution, car ce n’est pas mon poignard dissimulé sur ma cuisse qui risque de me sauver de ce contretemps.
«Au cinéma, le salut est bon marché. L'innocence aussi. Ca coûte le prix d'un billet, autrement dit pas grand chose. La vie, la vraie, est hors de prix, et on n'est jamais sûr du résultat. » S. King
La réponse de la jeune demoiselle vint dessiner un sourire enjoué sur ses lèvres. Elle n'était pas dénuée de caractère à première vue et ça ne lui déplaisait guère. Voilà qui allait pimenter les choses. Il aurait plutôt voté pour passer son chemin tranquillement mais puisque ses petits camarades semblaient bien décidés à l'embarquer, autant le faire avec panache. Mais quelque chose lui soufflait qu'elle n'hésiterait pas à mettre ses menaces à exécution si on lui en donnait l'occasion. Soit. Voilà qui ne manquerait pas d'ajouter un peu de piquant à l'affaire. On lui reprochait toujours de céder trop facilement à la paresse en préférant la plupart du temps se distancer du tempérament bagarreur de ses compagnons d'équipage. Mais quitte à chercher les ennuis, c'était tout de même plus intéressant de le faire avec style. Sourd aux menaces de la petite indienne, il lui passa les liens aux poignets avec une petite lueur de défi dans le regard. Fais-donc, avait-il l'air de lui dire. Il allait adorer la voir s'ingénier à vouloir leur pourrir la vie. La route jusque One-eyed Willy était encore longue et elle aurait mille fois l'occasion de le faire.
« Oh ce n'est pas à moi que tu devrais dire ça mais plutôt à eux, répondit-il en souriant de toutes ses dents, mais je te l'accorde ils ne sont pas très attentifs, ça devrait être un jeu d'enfant pour toi de prendre la clé des champs non ? »
Non pas qu'il soit en train de l'encourager à tenter la fuite. Quoique. Mais il avait toujours eut peu de sympathie pour ces hommes qui allaient et venaient sur le Queen Anne, simple matelots qu'on engageait pour quelques semaines même pas. Aucun ne restait suffisamment longtemps pour s'y faire sa place et tous manquaient singulièrement de la finesse d'esprit nécessaire. Juste quelques brutes à peine assez évoluées pour exécuter les ordres. Et encore. Cookson dédaignait ce genre de personnages et encore plus lorsqu'il devait les avoir sous ses ordres, préférant pour cela pouvoir compter sur des hommes en qui il pouvait avoir toute confiance. Ceux là n'étaient que de passage, des valeurs négligeables en somme.
Il ne pouvait que saluer le courage de la demoiselle qui sans se laisser démonter une seule seconde, lui tenait tête, toute méfiance affichée. Elle ne se laisserait pas faire ou tout du moins c'était son intention. Oh il ne doutait pas qu'elle allait au devant des ennuis et qu'elle risquait gros si toute la bande se lançait dans une chasse à l'homme à sa poursuite. Elle était plus maligne et plus rapide, eux bien plus bruyant mais cela ne suffirait pas à la sauver s'ils lui remettaient la main dessus. Cookson réprima un pincement de lèvres intéressé à cette idée. Voilà qui allait donner du fil à retordre à ses compagnons du jour. Qui enfin, après une énième discussion sur ce qu'ils allaient en faire s'étaient retournés pour la trouver poings liés, mains sur son girond. D'aucun aurait trouvé qu'il était plutôt risqué de ne l'avoir point attachée les mains dans le dos mais ceux-là n'étaient pas suffisamment malins pour le réaliser.
« Ne m'en veuillez pas de ne pas avoir participé au débat, je me suis laissé dire qu'il serait dommage de voir votre prise prendre la clé des champs pendant que nous étions trop occupés à discuter. » Répondit-il moqueur
« On l'emmène à One Eyed-Willy, répondit le plus bourru du tas, y a un vieux là-bas qu'est toujours disposé à faire un bon pris pour des jolis p'tites choses dans son genre. Paraît qu'y commerce avec la mère Hartbottle. »
Jeremiah se retint de justesse de hausser un sourcil au ciel. Rosemary Hartbottle était tout un tas de choses mais la femme d'affaire était suffisamment maligne pour ne pas tremper aussi ouvertement dans ces trafics d'être humains. Le revendeur en question lui avait probablement menti pour se faire mousser et lui rachèterait ses prises pour une bouchée de pain. Mais ça Jeremiah se garderait bien de le lui faire remarquer. Se serait plus drôle de le voir tenter de négocier. D'autant plus qu'il n'avait pas l'air suffisamment finaud pour remporter le jeu d'un marchandage acharné. Amusement en perspective. Aussi se contenta-t-il de hausser une épaule, l'air peu intéressé avant de reporter son attention sur leur future prisonnière qui les fusillait du regard.
« Tu as de la chance aujourd'hui je te laisser le choix, proposa-t-il en riant, tu peux suivre l'un de ceux là bien gentiment ou alors ils n'auront pas la patience de négocier et ça se finira par la force. Moi je dois avouer être bien trop paresseux pour devoir me charger d'un poids supplémentaire. Et entre nous si tu veux tenter de leur fausser compagnie tu sera la bienvenue. J'ai même hâte d'assister à ça !»
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« Oh ce n'est pas à moi que tu devrais dire ça, mais plutôt à eux, mais je te l'accorde ils ne sont pas très attentifs, ça devrait être un jeu d'enfant pour toi de prendre la clé des champs non ? » Que je hais les pirates et leurs sales manies de vouloir jouer avec ceux qu’ils attrapent. Je n’ai jamais eu autant de mésaventures avec ces loups de mer que depuis ces deux dernières années, est-ce un signe quelconque ? Effectivement, si ces vieux rats ne pensent qu’à l’or et à quoi je peux bien servir, alors je pourrai facilement m’enfuir à condition que le grand me laisse faire. Mais cela semble bien trop amusant pour lui. Cependant, je ne suis pas stupide et je ne peux – pour le moment – pas tenter une fuite sans avoir une kyrielle d’armes pointées sur moi. Je vais devoir être maline et prudente… cela ne devrait pas être compliqué pour la première, plus difficile pour la seconde, car mon enveloppe charnelle est la preuve que je ne le suis pas. Les autres finissent par enfin se retourner après avoir débattu sur ce qui semble être mon sort. « Ne m'en veuillez pas de ne pas avoir participé au débat, je me suis laissé dire qu'il serait dommage de voir votre prise prendre la clé des champs pendant que nous étions trop occupés à discuter. »« On l'emmène à One Eyed-Willy, y a un vieux là-bas qu'est toujours disposé à faire un bon pris pour des jolis p'tites choses dans son genre. Paraît qu'y commerce avec la mère Hartbottle. » Ais-je bien entendu ? Ils espèrent sincèrement que je vais me laisser vendre pour devenir catin à l’Excès d’Arum ? J’ai déjà été à Blindman’s Bluff, mais surtout, j’ai déjà rencontré des voyageurs qui m’en ont parlé et cette maison célèbre a été cité à diverses reprises. « Tu as de la chance aujourd'hui je te laisser le choix, tu peux suivre l'un de ceux là bien gentiment ou alors ils n'auront pas la patience de négocier et ça se finira par la force. Moi je dois avouer être bien trop paresseux pour devoir me charger d'un poids supplémentaire. Et entre nous si tu veux tenter de leur fausser compagnie tu sera la bienvenue. J'ai même hâte d'assister à ça !» Mon sourcil se redresse, à quoi est-ce qu’il joue celui-là ? Je n’ai pas confiance.
« Ta proposition est donc, de m’enfuir parce que tu es trop mollasse pour transporter un poids durant votre voyage. Et tu penses que je suis idiote au point de tenter tout de go, de prendre la fuite alors que vous êtes plus nombreux et surtout armé ? » Je roule des yeux, avant de me tourner, mais les autres crétins du voyage. « Vous croyez vraiment que je vais me faire vendre ? Je n’ai pas un corps parfait, je boîte et de plus, j’ai la langue trop pendue pour que je devienne une catin ! Si vous voulez vraiment gagner de l’argent sur mon dos, ça ne sera pas en me commerçant pour une maison close, bande d’imbéciles ! » J’observe mes mains liées, d’un mouvement, je pourrais sauter sur le grand idiot à mes côtés, bras autour de la gorge pour faire pression, mais est-ce que sa peau a suffisamment de valeur pour les autres ? Est-ce que je suis prête à prendre ce risque ? Hmh… oui ! Alors qu’ils sont prêts à repartir dans un débat et que ça semble agacer le pirate à côté, je fais un bond en arrière pour sauter sur son dos, m’accrochant à ses hanches avec les jambes tandis que mes mains liées encerclent sa nuque pour faire pression. « Et là, tu t’amuses aussi ?! » murmurais-je contre son oreille. Ses bras sont bloqués dans l’étau que je provoque avec mes jambes seulement, il pourrait certainement se débattre pour réussir à avoir le dessus. Mais s’il le fait, alors d’un mouvement, je peux faire craquer sa nuque. Les pirates ne sont jamais assez méfiants avec les Indiens, nous sommes des guerriers avant d’être des appâts ! « Relâchez-moi si vous tenez à la vie de votre homme ! Vous me laissez partir sans me traquer et je laisserai la vie sauve à celui-là ! Sinon, je lui brise le cou ! »
«Au cinéma, le salut est bon marché. L'innocence aussi. Ca coûte le prix d'un billet, autrement dit pas grand chose. La vie, la vraie, est hors de prix, et on n'est jamais sûr du résultat. » S. King
La petite avait du cran, on ne pouvait pas lui retirer ça. Et Jeremiah commençait à se demander s'il n'aurait pas mieux fait de suivre son intuition en détournant l'attention de ses détestables compagnons. Une cible plus passive leur aurait facilité la tâche. Celle-ci n'avait aucunement l'intention de se montrer docile. Et bien soit. Cookson que sa proportion à chercher les ennuis finirait bien un jour par perdre, devait admettre qu'il s'agissait d'un sacré risque à prendre. Voilà pourquoi il préférait agir en solitaire en règle général. Car vous n'étiez jamais certain qu'un de ces benêts n'allait pas vous entraîner dans quelques galères supplémentaires. Il n'aimait pas vraiment ce genre de menu fretin que l'on recrutait au coin d'une table de taverne. Des hommes de main tout juste bons à combler les rangs le temps d'une semaine avant de disparaître comme ils étaient venus. Barbe Noire aurait du pouvoir s'entourer d'hommes plus fiables et surtout plus malins. Ceux-là manquaient de finesse. Une ignorance crasse qui rendait plus facile la main mise sur l'équipage évidemment. Et évitait que l'un d'entre eux se sente pousser des ailes et entraîne les autres à la mutinerie par quelques paroles bien placées. La jeune femme n'avait évidemment pas tord en leur répliquant qu'elle n'était pas la meilleure cible mais il n'était plus temps de la libérer à présent.
Il leva les mains faussement innocent quant aux plans des autres sur son devenir. Lui s'en moquait un peu et les abandonnerait probablement une fois arrivé à Blindman's Bluff où d'autres affaires l'attendaient. Si la petite indienne avait l'intention de sauver sa peau elle serait bien inspirée de le faire avant qu'il ne disparaisse car s'ils manquaient singulièrement d'intelligence, ces grosses brutes n'étaient cependant pas dépourvues de cruauté.
« Finir chez cette chère Rosemary serait le moindre de tes tracas comparé à ce que d'autres pourraient faire tu ne crois pas ? » Contra-il en ricanant
Inutile d'élaborer, son imagination ferait le reste. Mais la situation bascula brutalement alors qu'elle se jetait sur lui dans une tentative désespérée pour le maîtriser. Si Jeremiah se laissa surprendre, il masqua bien vite sa réaction, reprenant un calme de façade alors que ses poings liés lui enserraient le cou. Son esprit sembla se mettre en mouvement alors qu'il observait son environnement, tentant de lister les possibilités qu'il lui restait. Reprendre le dessus ? Risqué s'il ne parvenait pas à la désarçonner suffisamment rapidement. Il était plus grand et plus lourd qu'elle évidemment, mais elle compensait probablement cela par sa rapidité. Toujours calculateur, il ne pu s'empêcher de laisser tomber un petit ricanement devant sa menace, les autres observaient la scène, complètement stupéfaits. Il leur faudrait encore quelques secondes pour réaliser et le pirate n'avait pas le temps pour ça.
Immobilisé dans son étreinte, il tourna légèrement la tête vers elle dans une parodie de ce qui aurait pu être tout à fait autre chose si elle n'avait pas été en train de le menacer de mort. Face à eux, le reste de la bande commençait à comprendre enfin, partagés entre le regard menaçant et l'expression moqueuse. Voilà qui compliquait la situation. Il savait bien que ses bavardages avaient une fâcheuse tendance à lui attirer toutes sortes d'ennuis mais c'était aussi de cette manière qu'il arrivait en général à se tirer des mauvais pas.
« Tu aurais mieux fait de choisir une autre cible, chuchota-t-il en retour dans un souffle, tu pourrais me tuer certes mais regarde un peu plus attentivement. Le colosse tout à droite ? C'est le chef de la bande, il m'a pris une bourse pleine hier à une partie de dés, il a tout intérêt à me voir disparaître avant que j'ai l'occasion de récupérer mes gains. Son copain juste à côté ? L'énergumène avec un œil de verre ? Il l'a perdu dans une bagarre il y a quelques années. Pour une histoire de fille. Ca a finit par le rendre franchement méchant, les demoiselles à la langue bien pendue ça à le don de lui faire perdre tous ses moyens. Et le dernier de la bande là ? Celui qui nous regarde comme s'il avait l'air de nous vouloir au menu de son prochain repas ? Ca n'est pas qu'un air si tu veux mon avis. Et inutile de te dire que ça n'est pas moi qu'il dévisage. Alors tu peux décider de me briser le cou, vas-y, mais il y a peu de chance qu'ils décident de me sauver. Et je trouve ça plutôt courageux de ta part de vouloir rester seule avec des énergumènes pareilles. Non vraiment, ton intrépidité t'honore. Rien que pour ça je suis tenté de te laisser faire. »
Il venait d'abattre sa dernière carte avant d'être obligé d'en venir aux mains. Restait plus qu'à voir si la demoiselle suivrait son raisonnement ou pas. Oh il n'avait que peu de sympathie pour ses compagnons du jour, s'en serait volontiers débarrassé comme on se débarrasserait d'un poids à sa cheville. Mais les circonstances dictaient sa conduite et il serait malvenu qu'il rentre de nouveau avec des hommes d'équipage en moins après la petite équipée de la forêt des âmes, quelques temps plus tôt. La version officielle voulait que la petite bande ait été attaquée par une des bestioles qui traînaient dans le coin mais lui savait bien que s'il était rentré seul sur le Queen Anne c'était entièrement de son fait. Alors il ne pouvait pas s'offrir le luxe de se retourner une seconde fois contre ses hommes juste parce qu'il n'avait que peu d'intérêt pour eux. On l'avait suffisamment à l'oeil comme ça et s'il bénéficiait de largesses du fait de sa position, il n'était pas complètement en odeur de sainteté ces temps-ci, Crochet s'était bien chargé de le lui faire comprendre. Mais même s'il n'aurait pas hésité à la sacrifier pour sauver sa peau, il n'avait vraiment rien contre la demoiselle -s'il était pirate jusqu'au bout des ongles, il exécrait les attaques à l'aveugle, juste par plaisir de se prouver quelque chose ou de faire étalage de sa propre force- et en dehors de redorer son blason, il n'aurait rien gagné à l'affaire.
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Sur le dos du pirate qui a une allure bien plus sympathique que les autres, j’observe les pirates qui se retournent pour observer ce que je viens de faire. Menaçante, j’espère obtenir ce que je demande pour pouvoir repartir sans risquer de me faire vendre. L’ennui, c’est que si je n’y arrive pas maintenant, ils vont être trop méfiants tout au long du voyage et les possibilités de m’échapper s’amenuisent. Je les mire avec rage, prête à faire un mouvement au niveau de mes bras pour rompre le cou de l’homme que je tiens, seulement c’est sans compter sur la situation apparemment risible pour le pirate sous moi. « Tu aurais mieux fait de choisir une autre cible… » Je fronce des sourcils. « tu pourrais me tuer certes, mais regarde un peu plus attentivement. Le colosse tout à droite ? C'est le chef de la bande, il m'a pris une bourse pleine hier à une partie de dés, il a tout intérêt à me voir disparaître avant que j'ai l'occasion de récupérer mes gains. » Je grimace en tombant sur le visage ingrats du grand gaillard qu’il me montre d’un regard. « Son copain juste à côté ? L'énergumène avec un œil de verre ? Il l'a perdu dans une bagarre il y a quelques années. Pour une histoire de fille. Ça a fini par le rendre franchement méchant, les demoiselles à la langue bien pendue ça à le don de lui faire perdre tous ses moyens. » Je soupire. J’ai choisi une mauvaise cible, mais rien ne certifie que si j’avais sauté sur le dos d’un autre, j’aurais pu obtenir la vie sauve ainsi que la liberté. « Et le dernier de la bande là ? Celui qui nous regarde comme s'il avait l'air de nous vouloir au menu de son prochain repas ? Ça n'est pas qu'un air si tu veux mon avis. Et inutile de te dire que ça n'est pas moi qu'il dévisage. » Merde ! Qu’il le veuille ou non, j’ai l’impression qu’il a plus d’autorité que les autres et j’ai fait le bon choix. J’espère. « Alors tu peux décider de me briser le cou, vas-y, mais il y a peu de chance qu'ils décident de me sauver. Et je trouve ça plutôt courageux de ta part de vouloir rester seule avec des énergumènes pareilles. Non vraiment, ton intrépidité t'honore. Rien que pour ça je suis tenté de te laisser faire. » Je grogne légèrement tout en murmurant près de son oreille. « Tu me laisserais te tuer ? Tu es stupide, pirate ! »
Je ressers ma prise autour de sa nuque, tirant mes bras légèrement vers l’arrière pour bloquer un peu sa respiration. Les autres pirates ne réagissent pas encore, l’eau de mer doit certainement retirer toute intelligence dans leur esprit. « Donne-moi ton arme ! Et ne fais pas l’idiot, sinon j’te jure que j’te brise la nuque ! » Je ne sais pas m’en servir, mais si un pirate peut le faire, alors moi aussi. J’ai toujours trouvé que ces barbares des océans ne valaient pas grand-chose, qu’ils n’avaient pas non plus un esprit bien rempli. Peut-être que je peux en sous-estimer, mais je pense avoir un bon sens de l’observation pour savoir que dans le lot de pirates avec moi, il n’y a que l’homme que je tiens dont avec qui je dois rester vigilante. Une fois l’arme en main, je la pointe devant moi et tenter de viser les pirates qui éberlués par ce revirement de situation, saisisse également leurs pistolets. Je tire trois fois, suivi de quelques grognements et gémissements. Je recommence jusqu’à ce que tous les hommes soient touchés, mortellement ou pas, je ne m’en préoccupe pas. Mais blessés, ils ne chercheront pas à me courir après. « Je ne cherche pas à te sauver, mais plutôt à pouvoir partir sans que tes hommes soient capables de me courir après ! » Je retire mes poignets autour de sa nuque en sautant en arrière, toujours l’arme en main pour éviter qu’il se retourne pour me maîtriser. Les autres pirates commencent à se redresser, pestant dans leur barbe ou m’insultant, me menaçant. Il vaut mieux pour moi de partir maintenant avant de risquer d’être la prochaine cible. Je croise le regard du pirate que j’ai épargné avec un sourire. « Et maintenant, tu trouves toujours que je me suis trompé de cible, pirate ?! » Je recule en ne quittant pas ces sales bandits du regard jusqu’à être suffisamment loin pour me retourner sans risquer d’avoir une balle entre les yeux. J’ai eu beaucoup de chance, les esprits m’ont accompagné aujourd'hui, mais au-delà de ça, je suis fière d’avoir pu me sortir d’une sale histoire seule, sans l’aide quelconque d’un autre membre de mon clan. Je lâche l’arme une fois à plusieurs mètres de la bande et je disparais entre les arbres.
«Au cinéma, le salut est bon marché. L'innocence aussi. Ca coûte le prix d'un billet, autrement dit pas grand chose. La vie, la vraie, est hors de prix, et on n'est jamais sûr du résultat. » S. King
Silence. Malgré sa situation plus que précaire, Jeremiah ressentait encore ce moment un peu étrange où chacun s'observe avant de réagir. Le calme avant la tempête en quelque sorte. Il avait rapidement su, à la réaction sceptique de la jeune femme que sa petite tentative pour la convaincre avait fait chou blanc. C'était un risque à prendre, après tout l'indienne n'avait plus rien à perdre en prenant le parti de continuer sa tentative d'intimidation. Qui marchait plutôt bien se dit-il alors que ses poings liés resserraient leur prise sur son cou. S'il avait entendu raconter cette histoire par un autre, Jeremiah en aurait rit. Mais se retrouver le dindon de la farce dans cette affaire était loin de déclencher son hilarité. Plein de bonhomie et adepte de l'humour, il y avait tout de même une part de fierté en lui qui lui soufflait que ça n'aurait pas du se passer de cette manière et que l'histoire risquait de le suivre encore un moment. Ce pauvre Cookson pris à son propre piège par une petite indienne. Il valait mieux que cette histoire ne s'ébruite pas. Mais avec les énergumènes qui lui faisaient face, ce ne serait que vœux pieux de sa part.
Le pincement de lèvre qui lui échappa par la suite passa probablement inaperçu mais le pirate n'avait pu s'en empêcher suite à la menace de la demoiselle. Son arme ? Voilà qui n'était absolument pas pour lui plaire. Se séparer de son arme c'était un peu comme se présenter totalement démuni et il ne connaissait pas beaucoup de pirate qui auraient apprécié cette perspective. Mais il n'avait visiblement pas le choix et c'est à contre cœur qu'il se défit de son pistolet pour le tendre à la blonde dans un grincement de dent qui exprimait son peu d'enthousiasme à cette perspective. Et si la situation était déjà bien assez compliquée comme ça, elle n'empira que d'avantage lorsque la demoiselle tira sans montrer la moindre hésitation. En voyant deux pirate tomber au sol, Jeremiah réalisa pour de bon dans quelle situation il s'était mis.
« Satisfaite ? Railla-t-il, vu leur état tu risque effectivement d'avoir la paix. Bien visé d'ailleurs. »
Il n'y avait plus trace d'humour ou d'amusement dans sa voix et son regard sombre avait perdu de son pétillant. Jeremiah n'avait plus envie de plaisanter, les conséquences de cette histoire malheureuse commençant tout juste à se dessiner dans son esprit. Oh ça n'était pas qu'il ressente une quelconque empathie pour ses hommes tombés au sol. Mais la perspective des explications qu'il devrait fournir après un tel fiasco étaient loin de l'enchanter. Surtout lorsqu'il réalisa que deux des quatre allaient survivre pour raconter par le menu comment une telle histoire avait pu arriver. Plus moyen de s'en sortir avec une parade.
Le poids qui pesait jusque là sur ses épaules disparu et la demoiselle amorça une retraite, les tenant en joug tout du long. S'il ne prononça pas un mot, son regard sombre la suivie sans ciller, toute trace d'amusement définitivement disparue. Si l'éclair qui passa au fond de son regard avait un rien de menaçant pour elle, il n'en dit rien, pas même lorsqu'elle disparu entre les arbres. Son regard revint alors à la scène sous ses yeux et à la vue des survivants diversement blessés, son visage se tordit en une expression à mi chemin entre le comique et la lassitude. Juste avant qu'un éclat de rire le saisisse. Un élan pourtant bien loin de l'hilarité, teinté d'exaspération et de quelque chose de plus sombre, un rien sardonique.
Le voilà dans un sacré pétrin maintenant qu'il allait devoir ramener ce petit monde au navire. Trop de témoin, bien trop pour raconter comment il en était arrivé là. Il avait jusque Cannibal Cove pour trouver une solution à ça. La route était encore peuplée de bien d'autres danger et un accident stupide était si vite arrivé. D'un air qui n'admettait pas la réplique, le forban désigna les corps d'un air froid. Il allait falloir se débarrasser de ça avant de reprendre la route et il n'avait certainement pas l'intention de se salir les mains. Il fixa un dernier regard dans la direction où elle avait disparu, l'air insondable, avant de murmurer d'une voix qui n'avait pourtant rien de fair-play.