Je ne m’étais pas sentis aussi bien depuis des mois – que dis-je, des années. A vrai dire, je n’ai jamais aimé d’autres femmes qu’Adélaïde. Certes je ne suis pas resté insensible aux atouts féminins, mais personne avant Rosasharn n’avait réveillé cette flamme en moi. Ce sentiment si bien enfoui sous cette âme torturée, venait de renaître à la vue de cette jolie demoiselle si douce et généreuse. Pourtant un détail venait noircir le tableau, et malgré cet anneau à son doigt, mon subconscient me laissait croire que j’avais une chance de conquérir son cœur. Elle semblait si innocente, et je suis certain qu’elle ne pensait pas à mal en m’invitant à boire un verre. Mais cette proximité ne faisait qu’agrandir mon envie de la découvrir un peu plus, d’en apprendre plus sur elle et sa vision des choses. Notre discussion était tout à fait banal – bien que je ne puisse m’empêcher de la complimenter – nous ne faisions rien de compromettant.
Je lui expliquais l’absence de mon géniteur dans ma vie, et le fait que j’avais appris à vivre sans père. Une figure paternel est importante – surtout pour un garçon – hélas je n’ai grandi qu’entourer de femmes. J’avais déjà 17 ans lorsque mon beau-père est entré dans ma vie, je considérais que je n’avais plus rien à apprendre de lui. J’étais l’homme que j’étais, un point c’est tout. Rosasharn semblait compatissante envers moi, le fait qu’elle pose sa main sur la mienne, me fit frissonner. Elle allait me rendre dingue – mais ça elle l’ignorait – elle ne pouvait pas se douter que le moindre de ses gestes ou ses paroles me touchait profondément. Je ne pouvais que lui répondre en lui souriant, c’était la seule chose que je pouvais faire.
Sa curiosité l’incitait à me poser des questions sur ma vie de pirate, j’aimais ce regard pétillant qui l’animait à chaque fois qu’elle voulait en savoir plus. Je lui répondis sincèrement, à quoi bon mentir. Mon amitié avec la sirène blonde la surprit, j’avoue que c’est un peu atypique ! D’après les légendes, les sirènes envoutaient les pirates avec leur chant et elles les noyaient. Ça vous refroidit, non ? Pourtant, Amina est différente des autres – à vrai dire, elle est aussi rêveuse que moi, et n’attends qu’une chose de la vie, trouver son prince charmant – ce qui est fait… mais c’est compliqué. Pourquoi l’amour est-elle une chose si compliquée ? La jolie blonde me fit part de ses envies de voyager, de voir ce qu’il se passe sur l’océan… et sans réfléchir, je lui propose de venir sur mon navire. Ma proposition est déplacée… vraiment, mais je ne peux plus faire marche arrière. Pourtant la jeune femme le prend avec le sourire, elle semble même enthousiaste à cette idée ! Cette fille est complètement dingue ! D’ailleurs cette fois-ci, c’est moi qui rougit à sa question. C’est assez direct, et cela me met légèrement mal à l’aise. Je passe ma main dans ma nuque, et me mord la lèvre. « Veuillez m’excuser si vous pensiez que je voulais… enfin vous voyez. Non, je ne suis pas ce genre d’homme… croyez-moi, je suis assez gentlemen pour savoir qu’un bateau de pirate n’est pas l’endroit idéale pour faire … enfin, vous m’avez compris. » Cette femme avait le don de me déstabiliser, encore plus lorsqu’elle posait son regard sur moi. Lorsqu’elle ajouta qu’elle me trouvait « intriguant », j’haussais un sourcil, elle continua en m’expliquant le pourquoi. « Et bien, dirons-nous que je ne suis pas vraiment un pirate. Juste un homme qui s’est retrouver là et qui a fini par s’habituer à ce train de vie. » J’avale quelques gorgés de ma boisson, avant de reporter mon attention sur cette jolie blonde. « Vous allez sûrement me trouver stupide… mais lorsque je suis arrivé sur ce navire, le seul moment où je trouvais du réconfort c’était la nuit. J’aimais monter sur le pont supérieur du navire, regarder la lune et rêver à une vie meilleure. C’est lors d’un de ces moments que j’ai rencontré Amina. Elle nageait à la surface de l’eau, l’air triste. Je lui ai demandé pourquoi une sirène comme elle, se trouvait seule, nageant sans regarder où elle allait. Nous avons discutés, et au fil du temps, nous avons prit l’habitude de nous retrouver sous la lumière de la lune. » C’était une confession plutôt intime, mais j’avais l’impression de pouvoir tout dire à Rosasharn. « Je suppose que vous aussi, vous devez bien avoir une petite habitude dont vous ne pouvez pas vous passez ? »
Cela devait maintenant faire pas mal de temps que Rosasharn était assise là dans cette taverne avec un parfait inconnu qui n’avait plus rien d’inconnu. En si peu de temps ce pirate était devenu un ami, et la jeune fermière ne souhaitait en aucun cas que cette soirée s’arrête. Elle se sentait bien, elle était bien. Magnus avait quelque chose dans ses yeux ou dans son sourire, voire même dans le deux, cette petite chose pétillante et absolument charmante qui ne donnait qu’une envie à la blonde : continuer à en apprendre plus sur lui. Et elle n’hésitait pas à lui poser toutes les questions qui lui venaient à l’esprit. À propos tout d’abord de son enfance, sa vie de pirates et maintenant à propos des sirènes. Magnus était incroyable. Rosasharn n’avait pas d’autres mots, contrairement aux autres pirates, il était gentil, affectueux et poli, un véritable bonheur pour la jeune fermière.
Elle se sentait si bien en sa compagnie, qu’elle se permit une petite blague qui sembla mettre mal à l’aise le pirate. Lorsqu’il lui proposa, d’un jour faire un tour à bord de son navire, elle sous-entendu qu’il faisait souvent cela pour amener des femmes dans son lit. « Veuillez m’excuser si vous pensiez que je voulais… Enfin, vous voyez. Non, je ne suis pas ce genre d’homme… Croyez-moi, je suis assez gentleman pour savoir qu’un bateau de pirate n’est pas l’endroit idéal pour faire… enfin, vous m’avez compris. » C’était assez étrange comme conversation, mais Rosasharn en ria. Elle le rassura alors. « Je savais bien que ce n’était pas votre intention, et vous n’avez pas a vous justifiez vous savez. » Après tout, il pouvait tout à fait vivre sa vie comme il le désirait. Rosasharn n’était pas le genre à juger un homme sur ses actes loin de là. Elle préférait toujours apprendre à connaître une personne avant de se faire un avis, de plus elle laissait toujours une deuxième chance. Ce pirate était assez incroyable et la jeune femme ne pue s’empêcher de lui poser des questions à propos de sa relation avec la sirène. « Et bien, dirons-nous que je ne suis pas vraiment un pirate. Juste un homme qui s’est retrouvé là et qui a fini par s’habituer à ce train de vie. » La situation de Rosasharn n’était pas si différente. Elle avait toujours vécu à la ferme et s’était habitué à cette vie. Avec plus de convictions, elle aurait sans doute essayé de faire autre chose de sa vie. Être médecin lui aurait sans doute beaucoup plus, pouvoir aider les autres, les soigner. Oui, elle s’imaginait bien dans cette position.
« Vous allez sûrement me trouver stupide… » « J’en doute fort » le coupa la jeune femme « mais lorsque je suis arrivé sur ce navire, le seul moment où je trouvais du réconfort, c’était la nuit. J’aimais monter sur le pont supérieur du navire, regarder la lune et rêver à une vie meilleure. C’est lors d’un de ces moments que j’ai rencontré Amina. Elle nageait à la surface de l’eau, l’air triste. Je lui ai demandé pourquoi une sirène comme elle, se trouvait seule, nageant sans regarder où elle allait. Nous avons discuté, et au fil du temps, nous avons pris l’habitude de nous retrouver sous la lumière de la lune. » Bercer par chacune de ses paroles. Rosasharn avait placé ses coudes sur la table et appuyait sa tête sur ses mains. Cette histoire, même si la cause de leur rencontre était un mal-être, avait quelque chose de magique. Jamais la jeune femme ne pourrait se vanter d’une telle histoire. « Amina à vraiment de la chance de vous avoir en tant qu’ami. Cette rencontre semble presque irréelle, mais elle est merveilleuse ! » « Je suppose que vous aussi, vous devez bien avoir une petite habitude dont vous ne pouvez pas vous passer ? »
Rosasharn ne sut pas vraiment quoi répondre à cette question. Elle n’avait de rituel comme pouvaient l’avoir Magnus et Amina, elle mit donc quelque temps avec de répondre. Le temps de s’installer entre eux un court silence qu’elle coupa en expliquant son désarroi. « J’ai beau cherché, je ne vois rien… Il m’arrive souvent de faire des promenades à cheval dans la forêt, mais ça n’a rien d’aussi palpitant que vos rencontres avec cette sirène. Ma vie n’a rien d’extraordinaire, je fais la même chose, tous les jours » Les yeux noisette de la jeune femme se dirigèrent vers une horloge située à côté du bar de la taverne. « D’ailleurs, vu l’heure, je devrais déjà être rentrée… Enfin, peu importe. » Edward allait sans doute s’inquiéter, mais Rosasharn n’avait aucune envie de retourner chez elle. Après tout, elle passait une très bonne soirée. Elle sentit tout de même une petite pointe du culpabilité… État-ce normal de passer la soirée en compagnie d’un autre homme que son fiancé ? Après tout, ils ne faisaient rien de mal ?
La jeune femme sortie alors de ses pensées lorsqu’un homme complétement ivre entra dans la taverne et se mit à hurler. Sa voix criarde était insupportable, surtout qu’il utilisait un vocabulaire très rustre. C’est alors qu’il fonça sur un homme au bar pour le ruer de coups. « Et si on s’en aller ? » Dans ce genre de situations, la jeune femme préférait s’enfuir. Les combats entre hommes prient de boissons n’était guère un divertissement pour Rosasharn, alors qu’une serveuse, elle, applaudissait en riant. Elle enfila alors son manteau et quitta la taverne. Elle se retrouva aux côtés de Magnus à marcher dans la nuit puis avoua. « Pensez-vous que je pourrais voir votre navire ce soir ? Juste pour l’observer sur le port. » Rosasharn n’avait aucune envie de rentrer chez elle, elle passait une charmante soirée et avait toujours envie d’en savoir plus sur le pirate ! »
Rosa, ce doux prénom avait déjà envahi mon esprit, et j’avais bien peur qu’il ne le quitte plus avant un sacré bout de temps. Cette jolie fermière avait su me séduire avant même qu’elle n’est ouvert la bouche… et pourtant j’étais encore plus sous le charme, depuis que nous avions débuté cette conversation. Son enthousiasme naturel à chacune de mes réponses, me faisait sourire. Il n’y a pas à dire, cette femme était une perle rare – malheureusement pour moi déjà prise.
Lorsque la jolie blonde supposa que j’avais une technique de drague bien rodé, et qu’il me suffisait de les conduire sur le navire pour gouter au plaisir de la chair ; je n’ai pu m’empêcher de rougir. Cette demoiselle savait me déstabiliser, il n’y a pas à dire. Je tentais de me justifier, gêner et confus. Je ne voulais pas qu’elle se méprendre sur mes intensions, ou même sur moi-même à vrai dire. Etre un pirate apporte son lot d’apriori, et cela ne m’aide pas du tout ! Puis le rire de Rosasharn résonne à mes oreilles, je vois bien qu’elle voulait juste me taquiner. Je me détends, et retrouve mon naturel, lorsque nous reprenons notre conversation sur ma vie sur l’eau. C’est ainsi que j’évoque ma relation amicale avec Amina, une sirène rencontrer au beau milieu de l’océan en pleine nuit. Rosasharn insiste pour que je lui raconte la façon dont nous nous sommes rencontrés. J’ai peur de paraitre idiot, ou trop « rêveur » après tout… c’est ce que ma mère me rapprochait. D’après elle, les hommes ne sont pas fait pour être « romantique », ils doivent être macho et virile… rien de ce que j’étais. Mais Rosa m’incita à continuer. Je lui raconte mon petit rituel nocturne, mes balades sur le pont supérieur sous le ciel étoilé. Le navire est tellement calme la nuit, j’aime cette sérénité qu’il règne lorsque que tous les matelots dorment à poing fermé. Comme elle l’a démontré depuis notre rencontre, la jolie blonde est passionnée par mes récits ! J’ai l’impression que quoi que je dise, elle boit mes paroles… est-ce un atout pour moi ? « J’aimerais vous la présenter, Amina est vraiment une fille en or. » Puis je lui demande son petit rituel dans sa vie de fermière, je m’attends à une histoire attachante – comme elle, à vrai-dire. Elle prend le temps de me répondre, et je suis plutôt étonné. Elle semble plutôt triste de n’avoir aucun moment à partager avec une personne, et surtout d’avoir un train de vie monotone. Je termine mon verre, et lui adresse la parole avec toute sincérité. « Je veux bien être cette personne qui changera votre quotidien. Aimeriez-vous que nous instaurions un rituel ? A chaque fois que mon navire accostera à Blindman’s Bluff, je vous kidnapperais pour vous faire découvrir l’île, en tout bien, tout honneur, bien entendu. » Enfin… c’était surtout pour moi, une occasion de passer plus de temps avec elle… et me dire, que ces instants ne seraient qu’à nous. « Je ne voudrais pas créer de problème avec votre fiancé. Si j’étais lui, je ne laisserais pas ma promise en compagnie d’un inconnu. » Elle semblait torturé entre l’idée de rentrer chez elle et reprendre son quotidien répétitif, et poursuive sa soirée en ma compagnie.
Notre bulle dans laquelle, nous nous étions enfermés, venait d’éclater lorsqu’un homme ivre mort pénétra dans la taverne. Rosasharn me surprit lorsqu’elle me proposa de quitter les lieux… j’allais répondre « ensemble ? » mais finalement, je me retiens. J’attrapais mon manteau, l’enfila, et suivi la jolie blonde. Nous marchions cote à cote, au milieu de la neige qui ne cesse de tomber. Elle me demande si elle pourrait voir le navire ce soir, cette femme continue de me surprendre au fil des minutes. « Vous ne voulez pas rentrer chez vous, je veux dire qu’il se fait tard… je ne voudrais pas être la cause de problème ? » Pourtant ça bouillonne en moi, j’ai l’impression d’être un gamin qui vient de redécouvrir la passion. J’ai envie d’être avec elle, de lui faire découvrir tout ce qu’elle veut – tant qu’elle reste à mes cotés. Avant même qu’elle ne réponde, je saisis sa main, un sourire malicieux aux coins des lèvres : « Au diable votre fiancé, vos désirs sont des ordres, mademoiselle ! » Je l’entraîne avec moi, en direction du port. Nous reprenons un rythme normal de marche, et en chemin, je lui propose un petit jeu : « Essayez de devenez combien de voiles se trouve sur le navire ? » J’aime cette complicité naissante entre nous… mais j’ai bien peur d’être déjà trop attacher à elle…
« Je veux bien être cette personne qui changera votre quotidien. Aimeriez-vous que nous instaurions un rituel ? À chaque fois que mon navire accostera à Blindman’s Bluff, je vous kidnapperais pour vous faire découvrir l’île, en tout bien, tout honneur, bien entendu. » C’est alors avec un grand sourire aux lèvres et les yeux pétillants que Rosasharn répondit « J’adorerais ! Ce rituel est parfait ! ». L’idée de le revoir l’enchantait. Qu’est-ce qu’il pouvait se passer pour que la jeune femme soit à ce point fasciné par Magnus. Elle n’arrivait pas à s’expliquer cette envie d’en savoir plus sur lui, d’en savoir plus sur sa vie. « Je ne voudrais pas créer de problème avec votre fiancé. Si j’étais lui, je ne laisserais pas ma promise en compagnie d’un inconnu. » Ajouta alors le pirate. Rosasharn n’avait pas encore songé à cela.. Le problème ne viendrait sans doute pas d’Edward. C’était un homme très compréhensif, il savait que Rosasharn voyait beaucoup de monde, que ce soit au marché tous les jours, ou des amis a-t-elle qu’elle se faisait toujours un plaisir d’aider. Edward n’avait encore jamais montré une once de jalousie alors ce n’était pour lui qu’elle craignait, mais pour les habitants de Blindman’s Bluff. Certains étaient bien pires que des vipères… « Sachez que mon fiancé n’y verra aucun mal, je vous demanderez seulement d’êtres discrets si nous restons dans Blindman’s Bluff… Vous savez, je n’ai pas vraiment envie que les habitants se mettent à jacasser à notre sujet. » Ce n’était le fait qu’ils parlent d’elle, non. À vrai dire, la jeune femme n’avait que faire des commérages de bas étages. Elle craignait pour la réputation du pirate ou celle de son fiancé plutôt, ce que pouvait dire les gens à son sujet lui était égal, et ceux depuis le début de son existence.
Suite à l’irruption d’un homme ivre dans la taverne, les deux amis sortirent de la taverne. Il faisait vraiment très froid cette nuit-là, mais Rosasharn se sentait étrangement bien. Elle alla alors même jusqu’à demander s’ils pouvaient aller voir le bateau de Magnus. La jeune fermière était très intriguée à l’idée de voir son navire. Certes, elle en avait souvent vu sur le port de Blindman’s Bluff, mais elle était toujours fascinée et excitée à l’idée d’en voir d’avantage. « Vous ne voulez pas rentrer chez vous, je veux dire qu’il se fait tard… Je ne voudrais pas être la cause de problème ? » La jeune femme fut quelque peu déboussolée par la question. Magnus avait raison, il commençait à se faire tard et Edward allait sans doute commencer à s’inquiéter… Avec la malédiction qui semblait peser en plus sur Neverland ses jours-ci, il était tout à fait possible qu’Edward craigne qu’il ne soit arriver quelque chose à sa fiancée… « Au diable votre fiancé, vos désirs sont des ordres, mademoiselle ! » La réaction du pirate fit sourire la blonde. Il venait de prendre la décision pour elle ! Une décision qui était loin de lui déplaire. Elle se laissa alors entraîner par son ami en direction du port. Leur situation fit alors rire la jeune femme. « À nous voir courir comme cela dans les ruelles, on pourrait croire qu’il s’agit de deux amants qui quittent Blindman’s Bluff » La situation était assez cocasse, c’est vrai. Un habitant à sa fenêtre aurait pu penser à un rendez-vous secret en plein milieu de la nuit, alors que loin de là, une telle pensée pouvait résider dans l’esprit de la jeune femme. Elle avait seulement envie de découvrir le navire sur lequel vivait le pirate.
« Essayez de devinez combien de voiles se trouve sur le navire ? » C’était une très bonne question ! La jeune femme se mit alors à réfléchir. « Alors… Je ne sais pas… Six peut-être ? » Rosasharn imaginait un bateau d’une assez grande envergure. À vrai dire, à part les petits bateaux de pécheurs, ici à Neverland, elle n’avait vu que des magnifiques bâtiments ! Celui de Magnus n’y ferait pas exception. Après quelques minutes, ils arrivèrent enfin au port. Il y avait de très nombreux bateaux et Rosasharn était totalement incapable de deviner lequel était celui du pirate. « Vous pensez qu’on va pouvoir y monter à bord ce soir ? C’est peut-être interdit… » Rosasharn ne parvenait plus à contenir sa curiosité. Elle n’avait jamais été si proche de monter sur un véritable navire pirate. Elle trépignait d’impatience.
Avant même que nous quittions cette taverne, je venais de faire une proposition - plus ou moins acceptable - à cette jeune femme, que je venais tout juste de rencontrer. Nous nous connaissions à peine, et me voilà déjà entrain de faire des plans pour un avenir proche. Mais c’était plus fort que moi, je ne pouvais me dire que ce soir, serait la dernière fois que je la reverrais. Cette proposition – peut être anodine à ces yeux – ne l’était pas, si elle acceptait, cela me donnait l’espoir de la revoir et de me rapprocher un peu plus d’elle. Je sais que c’est malsain, elle est fiancée, je ne devrais pas convoiter la femme d’un autre, et pourtant, en sa compagnie, j’ai retrouvé la joie de vivre. Mais comment voulez-vous résister à ce sourire, cet enthousiasme qui émanait d’elle, et cette lueur dans ces yeux lorsqu’elle accepta mon offre. Je préférais prendre mes précautions avant de m’aventurer sur ce terrain, pourtant c’est elle-même qui ajouta que « son fiancé n’y verra aucun mal ». Cet homme avait-il une confiance aveugle en sa femme pour la laisser vivre de telle aventure avec un autre ? Si j’étais lui, je serais plus prudent. « Pour vous madame, je serais l’homme le plus discret de cet île » répliquais-je avant de quitter la taverne. Oui ce soir, j’étais le plus heureux des hommes… mais qu’en sera-t-il quand à mon réveil demain ? Tout ceci n’était qu’un rêve… je suppose.
Alors que nous sommes tous deux dehors, sous cette nuit noire permanente, je m’arrête un instant de marcher, lorsqu’elle me demande si nous pouvons rejoindre le port pour y voir le navire – sur lequel je vivais depuis des années. Encore une fois, ma raison parle et lui demande si elle ne devrait pas rentrer chez elle, plutôt que de courir l’aventure au bras d’un pirate. La déception se lu sur le visage de la jeune femme, je ne voulais pas briser ses rêves… alors sans attendre sa réponse, je saisis sa main et l’attira vers le port. Lorsque Rosasharn prononça sa phrase, un sourire se dessina sur mes lèvres, intérieurement je ne pouvais m’empêcher de penser « j’aimerais tellement que ce soit le cas » mais finalement, je ne pus répondre que par cette phrase : « Si cela avait été le cas, il aurait fallut être plus discret ! » Nous reprenions un rythme de marche normal, en direction du port de Blindman’s Bluff. Je questionnais Rosasharn pour la divertir durant les derniers mètres qui nous restait à parcourir. Elle semblait avoir déjà vu plusieurs navires pour savoir qu’il y avait au minimum 6 voiles, mais le Dunbrock était imposant. « Il y en a neuf, trois pour chaque mât, ce qui vous donne une idée de la grandeur du bateau ! » Nous avancions pas à pas, passant devant plusieurs bâtiments, tous plus beau les uns que les autres, puis je m’arrêtais devant celui où je passais le plus clair de mon temps. Sur la proue du navire, on pouvait voir la tête d’un lion, et non loin, gravé en lettres d’or, le nom du navire. « Voici le Dunbrock. » Je me fichais pas mal du navire, je le connaissais en long et en large, depuis le temps… non tout ce qui m’intéressait c’était la réaction de la jolie blonde. Mes yeux ne quittèrent pas une seconde, son visage, le regard ébahi de la jeune femme. Elle me demanda si elle pouvait monter à bord, j’aurais dû le parier ! Sans que je m’en rende compte, tout ce temps, j’avais gardé sa main dans la mienne. Je relâchais celle-ci – à contrecœur – et m’écarta vers la passerelle. « Laissez-moi un instant, je vais vérifier s’il y a du monde à bord. » Je m’empressais de monter à bord et croisa la route du guetteur, tous les pirates étaient en ville, et le capitaine dormait à point fermé. Je le remerciais et retourna auprès de Rosasharn. « Si vous voulez bien me suivre ! » Je l’aidais à monter sur la passerelle, puis grimpa sur le navire. Je me positionnais sur le coté et tendais la main pour l’aider à monter sur le pont. Malgré mon aide, la jeune femme butta sur la petite marche, je régis immédiatement et l’empêcha de tomber. En une fraction de seconde, elle se retrouva dans mes bras. Mon regard ancré dans le sien, mon visage se trouvait à quelques centimètres du sien… j’ai failli l’embrasser, mais je me suis repris à temps. Je la relevais, gêné par cette scène. « Désolé, j’aurais dû vous prévenir pour la marche. » Je tentais de faire diversion… mais il m’était difficile d’oublier à quel point, nous avons été proche.
L’homme le plus discret du monde. Décidément, tout entre ses deux jeunes gens commençaient à ressembler à une liaison entre amants. Mais Rosasharn préféra chasser cette idée de son esprit. Elle passait un moment si agréable en la compagnie de Magnus qu’elle n’avait nulle envie de la gâcher en pensant aux dires des habitants de Neverland. Alors qu’ils avançaient en direction du port, ils discutaient à propos du bateau du pirate. « Il y en a neuf, trois pour chaque mât, ce qui vous donne une idée de la grandeur du bateau ! » « En effet, il doit être impressionnant ! » Ajouta la jeune femme. Elle avait de plus en plus envie de voir ce bâtiment. La jeune fermière avait plutôt l’habitude des petits bateaux de pêche et elle ne s’était jamais rendu One-Eyed Willy. Elle avait donc rarement vu de véritables et grands bateaux pirates. Ils arrivèrent enfin au port. Les yeux de la blonde se posaient sur chaque bâtiment. Elle mourrait d’envie à chaque fois, de demander s’il s’agissait de ce beau bateau avec la proue en forme de sirène, ou celui juste derrière avec des voiles bleus, ou encore, peut-être celui qui était un peu plus loin avec le pavillons hissé. « Voici le Dunbrock. »
Rosasharn s’arrêta alors devant l’immense bateau. Elle l’avait vu de loin, mais elle ignorait qu’il était si grand à vrai dire. C’était impressionnant et déroutant pour la jeune femme. « Il est gigantesque ». La petite paysanne demanda alors s’ils pouvaient monter à bord, elle trépignait d’impatience à l’idée de monter à bord d’un véritable bateau pirate ! Elle, la petite fermière qui vendait ses légumes sur le marché à bord d’un bateau pirate ! Elle avait du mal à croire que cette soirée n’était pas un rêve. « Laissez-moi un instant, je vais vérifier s’il y a du monde à bord. » Rosasharn acquiesça et le regarda disparaître en haut du navire. En attendant sur le pont, elle fit quelques pas pour admirer la coque du bateau. « Si vous voulez bien me suivre ! » Magnus était de retour, et il l’invitait à monter. « Vraiment ? Nous pouvons ? » Enchantée, elle prit alors la main que le pirate lui tendait pour monter sur la passerelle et alors qu’elle allait poser le pied sur le pont, elle buta dans quelques choses. Quelques secondes plus tard, elle se retrouva allongée sur le sol dans les bras de Magnus. Les visages à quelques centimètres, leurs lèvres à quelques millimètres. Rosasharn pouvait sentir le souffle saccadé du pirate contre sa joue. Cette situation était assez gênante… La jeune fermière n’appréciait guerre cette proximité, pour une simple et bonne raison, elle n’avait qu’une envie, la réduire encore plus. **Mais qu’est-ce qui t’arrive Rosasharn** pensa alors t-elle. Comment un homme qu’elle venait pouvait lui donner envie de tromper son fiancé… Complétement chamboulée, elle se releva et épousseta sa robe. « Désolé, j’aurais dû vous prévenir pour la marche. » Elle releva les yeux vers le pirate, mais n’osa pas croiser son regard. « Et moi regarder où je mettais les pieds plutôt que.. » Trop tard. Ses yeux se replongeaient dans ceux noisette du pirate. « votre bateau. » Murmura-t-elle avec difficulté.
Après avoir jeté un rapide coup d’œil sur ce qui se trouvait autour d’elle, elle décida qu’il était temps pour elle de rentrer ! « Je vous remercie pour cette excellente soirée ! Elle m’a fait oublier bien des tracas, mais il est temps que je retourne chez moi. » À vrai dire, la jeune femme aurait pu passer la nuit sur ce bateau à contempler chaque recoin, chaque sculpture, mais elle ne se sentait plus vraiment à l’aise. Son esprit semblait lui commander des choses que son cerveau n’appréciait pas. C’était un bon signe ! « J’espère vous revoir très bientôt ! Et n’oubliez pas notre rituel ! » Ajouta-t-elle alors qu’elle faisait attention à la marche qui les avaient faits tomber pour redescendre. Une fois sur le port, elle se retourna plusieurs fois pour admirer le bateau de loin. Elle avait même l’impression de voir une ombre dessus. Était-ce Magnus ? Elle n’allait jamais avoir la réponse puisqu’elle tourna le dos et reprit la direction de son domicile. « Quelle excellente soirée » dit-elle une dernière fois alors qu’elle refermait la porte de chez elle.