Il n’y a pas de place pour les regrets. Anne Bonny a beau être une personne impulsive dont on reproche souvent le manque de diplomatie, pour rien au monde elle se serait retenue de tuer James. Elle était arrivée à un point où elle se devait de l’éliminer pour ne pas rester amarrée. L’amour de la naviguation tout comme l’amour de l’or est souvent plus puissante addiction. James en fit donc les frais, les coups de couteau avaient transpercé la chair dans des cris d’effroi, la sauvagerie de l’acte se lisant dans les prunelles ardentes de la jeune femme. Histoire de salir James, elle ne fut pas seule meurtrière et le confia entre les mains d’un homme auprès de qui il avait tenté de porter préjudice. Elle lui offrait sur un plateau d’argent, trahissant d’autant plus son époux comme une femme infidèle. Anne observa la scène, quelques pas de recul et puis elle s’avança sur le côté afin de ne pas rater une seconde de ce spectacle.
Ce qui s’en suivit lui arracha un sourire malgré elle, qui, au travers du sang tachant sa peau offrait une vision cauchemardesque d’elle mais là était son véritable visage. L’adrénaline était là, comme une drogue, elle déferlait en elle comme un véritable soulagement par le simple fait d’avoir tué, par le simple fait de s’être enfin libérée de ses chaines. James agonisait, maintenu par son nouvel assaillant qui le repousse au sol. Un bruit sourd retenti, il s’était sans coude pété les coudes en n’ayant pas été capable de se réceptionner correctement. Allongé là, misérable, James accorda à sa femme un dernier regard empli de mépris malgré ses étouffements alors que ses poumons se remplissaient de sang. Anne croisa les bras, spectatrice à l’âme damnée et au visage de glace. Pas une once d’émotion pas une celle parcelle d’humanité. Tout comme Tankred qui fini par le décapiter à coups de hachette bien placée. Pas de doute, il avait déjà dû faire ça de très nombreuses fois, elle en aurait presque applaudit l’artiste. Admirant avec un plaisir non dissimulé toute sa sauvagerie. Beaucoup de pirates étaient trop timides, les vrais étaient ceux qui n’avaient pas peur de se salir les mains. Il devait avoir une sacré réputation là d’où il venait, d’ailleurs elle s’était même surprise à se poser de nouvelles questions à son sujet. Mais elle les gardait pour plus tard, à l’occasion ils auraient bien un moment pour discuter tranquillement.
C’était fini, enfin, Anne avait laissé Tankred le terminer comme bon lui semblait en gage d’une alliance durable mais aussi parce qu’avec l’affront qu’il avait failli avoir à cause de son crétin de mari, c’était la moindre des choses. Il empoigna la tête de James par les cheveux, le sang ruisselait en grande quantité avant de se tarir. Anne répondit à sa remarque avec un large sourire et constata qu’effectivement il n’avait pas le visage d’un vainqueur même mort. Il était dit que seuls les vrais arrivaient à conserver un tant soit peu de charisme dans cette situation, témoignant une fois de plus la bassesse de James. Il se débarrassa de la tête d’un geste vif, celle-ci roula sur le plancher, étalant un peu plus la scène de crime. Anne eu quelques secondes pour constater l’état du sol avant d’être interpellée par les derniers mots de Tankred. Il était rare de se faire complimenter sur telle caractéristique de sa personnalité, ce qui arracha un nouveau sourire à la pirate. Elle se savait particulièrement violente, il était donc inutile de nier mais puisqu’il en faisait une qualité c’était tout à fait appréciable…Qualité d’ailleurs qu’il partageait, elle l’avait bien vu et avait même trouvé bonne distraction à le voir porter le coup fatal à James.
« Alors on va bien s’entendre, Tankred Snørrisón. »
Anne se détourna du regard de glace du nordique contrastant avec le sang sur son visage après l’avoir longuement contemplé et se dirigea vers une armoire où elle en extirpa deux verres et une bouteille de whiskey de la collection personnelle de James. De qualité ou pas elle s’en foutait, c’était de la bonne gnole. Elle en servit généreusement et donna le verre à Tankred. C’est que de tels efforts, ça donnait soif et l’adrénaline ne semblait pas redescendre, raison de plus. Anne alla s’asseoir sur le divan, croisa les pieds sur la carcasse de son défunt mari et leva son verre dans la direction de Tankred.
« A mon veuvage ! »
Un énième sourire étiré et Anne trempa ses lèvres dans sa boisson pour en descendre quelques gorgées, elle se demandait si maintenant que c’était fait il allait lui réclamer son dû ou s’il n’avait vraiment encore aucune idée de ce qu’il voulait. Quoi qu’il en soit c’était le prix à payer, Anne était désormais libre.
« Qui es tu Tankred ? »
Maintenant que tout ça était réglé, elle avait envie d’en savoir un peu plus sur cet homme. Elle ne doutait pas de sa réputation de guerrier, la curiosité demeurait dans sa vie d’avant ceci.
AVENGEDINCHAINS
Tankred Snørrisón
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ζ Âge : Trente ans
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ζ Signes distinctifs : Nombreux tatouages sur le corps et le crâne, bouffe ses mots quand il parle
« Alors on va bien s’entendre, Tankred Snørrisón. » Mes lèvres s’étirent. Une femme comme Bonny, on en croise pas partout et même Sif ne possède pas sa sauvagerie, autant dire que la donzelle surpasse quand même un sacré niveau quand je pense à mon amie. Elle s’éloigne vers une armoire pour sortir deux verres ainsi qu’une bouteille : il faut fêter la mort de ce traître et l’alcool est l’élixir parfait. J’attrape le verre rempli qu’elle me donne et j’attends que le sien soit plein. Elle s’assoit sur le divan et je prends place sur une chaise qui craque sous mon poids. « À t’veuvage ! » Je souris avant de descendre le verre d’une seule traite. « Qui es tu Tankred ? » Je tourne les mirettes vers la donzelle, toujours installée dans le canapé avec les jambes sur la carcasse encore tiède de son mari. Qui je suis. Je viens frotter ma barbe d’une main : « Qu’veux-tu savoir d’moi ? » J’étire un sourire à sa réponse et je me redresse légèrement de mon fauteuil en posant mes coudes sur mes cuisses : « Qu’est-ce qu’j’peux dire d’plus que t’sais déjà ? Pirate d’Barbe noire qu’ton mari essayait de descendre, mais… l’pauvre, il n’avait pas choisi l’bonne proie parce que Barbe noire… ne s’débarrassera jamais d’moi ! » J’observe son visage, l’arrogance de ma venue ici est légitime. On m’a invoqué, on m’a réclamé alors je me sens intouchable pour Barbe noire. « J’suis une création d’Barbe noire, enfin plutôt d’un gamin. J’suis une légende, un mythe du Nord et… j’ai vécu il y a longtemps, j’suis un Viking ! » Je m’offusque toujours lorsque les gens qui viennent de l’autre côté ne connaissent pas ma légende, mais les mythes nordiques ne sont pas connus de tous, à mon plus grand malheur. « J’suis un guerrier, pas un pirate et c’pour ça que j’me bats comme ça, que j’réagis plus com’ un guerrier qu’un pirate. L’Viking sont considérés comme d’Pirates, parce qu’on pillait… et p’t’être qu’on était d’pirates au final ! » Je penche légèrement la tête sur le côté pour observer la belle rouquine.
« J’ai rien d’plus à dire sur moi. Mon passé, j’l’ai dans ma tête qu’par c’qu’on m’raconte. J’sais même pas si j’ai réellement existé ou si j’suis juste qu’un conte qu’on raconte aux gosses. Mais j’suis là et j’le redis… ton mari n’avait pas choisi l’bonne cible. » Je m’esclaffe légèrement avant de me lever pour remplir à nouveau mon verre et le sien. « Et toi… T’viens d’l’autre côté si j’ai bien compris et t’espère y r’tourné non ? » Je soupire. « On n’peut pas quitter l’île ! Barbe Noire essaye d’puis des années de s’tirer d’ici, mais… c’est impossible. T’pars au Nord dans la mer et t’arrive au sud d’l’île après quelques mois d’navigation. T’partiras jamais d’ici, Anne Bonny ! » Je la mire un instant avant de vider mon verre que je dépose sur une table juste à côté du divan. « Soit t’construis une vie ici… soit tu meurs, mais j’pense qu’toi, t’vas d’venir quelqu’un ici. J’me fais pas d’bile, on entendra parler d’Anne Bonny ici ! » J’étire un sourire, la mirant avec le regard brillant. Je tourne les yeux sur la carcasse de son mari, qu’il va falloir qu’on déplace et le mieux serait d’aller le balancer dans la mer seulement et d’enterrer sa tête ou de la donner aux cochons. Ça mange tout ces bestioles ! Mais pour le moment, profitons encore des fourmis de l’adrénaline qui circule dans notre corps.
L’atmosphère devint plus agréable, un peu de rhum et ça repart, ainsi que l’on avait l’habitude de faire à Nassau. Anne s’était alors laissée aller dans une conversation bien plus tranquille lorsqu’elle lui demanda qui il était. Par là bien entendu elle avait sous-entendu qui il était avant d’arriver sur l’île et elle fut quelque peu déçue de ses réponses.
« Un Viking ? » Fit-elle en grimaçant d’incompréhension.
Etre une légende et ne pas savoir si l’on a réellement existé devait être quelque chose de difficile à vivre. Probablement parce qu’elle était fraichement débarquée et parce qu’elle ne voulait pas se demander un jour la même chose. Mais comment un guerrier comme lui pouvait conserver son identité sans avoir la moindre idée que ce qu’on dit de son passé est vrai ou pas ? Il devait être un sacré morceau pour barbe noire, elle ne mettait donc pas sa parole en doute lorsqu’il montra une certaine arrogance à dire qu’on l’avait choisi pour être là. Est-ce que vivre ici lui était satisfaisant ? Avait il conservé un tant soit peu d’autonomie où demeurait il un esclave de luxe de Barbe noire ? Tant de question qui verraient leurs réponses faites en l’espace de quelques jours. Pour le moment ce n’était pas la principale préoccupation de Anne, puisqu’un tout autre aspect de Tankred piqua sa curiosité.
En effet, l’époque Viking était révolue depuis bien longtemps et il avait l’air de dire qu’il n’avait pas vieilli ni changé depuis cette époque là après être arrivé ici. Anne commençait à se demander ce qu’était réellement cet endroit, ses secrets et comment différentes époques arrivaient à coexister sans que la faucheuse sous la pression du temps ne vienne leur rendre une petite visite. Ca lui prenait le chou ces histoires là mais la jeune femme n’était pas au bout de ses surprises alors qu’il lui annonça la fatalité.
Coincée ici ? Non. Pas possible.
Anne demeura un moment silencieuse alors que ses espoirs furent piétinés, elle descendit son verre d’une traite comme si elle n’avait pas assez bu pour supporter de telles déclarations. A quoi bon être pirate quand on a qu’une seule terre sous la main ? Tankred semblait confiant pour son avenir, ayant l’habitude de ces lieux, en ayant vu d’autres paumés comme elle. Malheureusement elle savait d’avance que rien ne serait facile pour elle, pour se faire une place en ayant cette fâcheuse tendance à ériger un mur entre elle et tout le reste. James était son seul point de repère, il faisait tout et elle le suivait, jamais elle n’avait eu l’audace de s’aventurer seule au-delà de ce mur. Maintenant que James était mort, il lui fallait assurer sa survie, mais demeurer prisonnière de cette île ne l’enchantait réellement pas.
Il était inutile de nier, de hurler au mensonge à ces dires, après tout ce qu’elle avait entendu, elle n’avait là que la confirmation de ses craintes qu’elle avait jusque là ignorées alors qu’il demeurait encore un espoir. Elle ne reverrait plus Nassau, son fort miteux et son centre ville pourri, pour sûr elle ne pourrait plus trinquer avec cette ribambelle de pirates qui furent ses alliés, ses amis. Anne se resservi en silence, remplissant son verre à ras bord comme une assoiffée avant d’y replonger ses lèvres. Elle ne montra pas son désarroi, même si l’on pouvait le deviner, Anne cachait bien plus de tristesse. Pleurnicher, c’était pour les faibles, Anne avait été contrainte de faire face à des situations bien pires que celle-ci. Elle continuerait d’avancer quoi qu’il en soit et ainsi qu’elle l’avait toujours fait. Ses batailles au long de sa vie l’avaient rendue forte, déterminée. La pirate leva de nouveau les yeux vers son compagnon du soir, la vue légèrement embrumée à cause de l’alcool mais ne manqua pas de lui répondre avec les pensées intactes
« P’têt que t’as raison, dans ces cas là ce s’ra plus facile de m’rapp’ler la dette que j’ai envers toi hein. T’es un p’ti malin Tankred, mais j’risque d’mettre bien des années avant d’trouver un cap’tain qui voudra bien d’une femme à bord et un équipage qui accepte ça. »
Elle disait cela par expérience et au vu de la longue route qu’elle avait fait pour avoir un statut de quartier-maître. Elle n’était pas prête à recommencer tout cela, par paresse notamment mais aussi parce qu’elle avait passé trop de temps à briquer le pont ou à faire le macaque dans les mats pour au final être ignorée. James lui avait offert le poste de quartier-maître en ayant reconnu ses talents au combat, en termes de navigation mais aussi parce qu’elle n’était pas une chiffe molle et qu’elle n’hésitait pas à se bouger le cul lorsque quelque chose clochait. Finalement elle aura accompli son travail de quartier maitre jusqu’au bout, quelle ironie du sort. Anne se redressa, posant ses avants bras sur ses genoux pour se pencher un peu, ayant eu un flash au fond du regard par une idée soudaine.
« T’as ton bâtiment toi ? J’pourrais p’tet naviguer avec toi, t’es l’seul type sympa qu’j’ai croisé jusque là. » Ajouta t-elle avec un large sourire.
Elle avait beau ne pas le connaitre depuis des années, il avait l’air d’être le genre de type aux côtés de qui elle se voyait trainer et rigoler et plus si affinités. Une entente honnête et complice qui leur serait bénéfique sans artifices. Alors naviguer avec lui lui semblait bien moins amer comme futur que de rester sur le quai ou faire des coudes dans les tavernes pour négocier sa place.
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Tankred Snørrisón
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Lui dire que son destin doit, se forger ici n’est pas une mince affaire pour la donzelle, elle ne devait pas s’attendre à cette nouvelle et vu comment elle liquide son verre, l’apprendre ne doit pas l’enchanter. Je suppose que quand tu débarques de l’autre côté, t’as envie de retourner chez toi. Neverland est à la fois immense et petit, on fait vite le tour de l’île, mais les richesses sont immenses et on ne peut jamais totalement exploiter l’île. La magie règne. « P’têt que t’as raison, dans ces cas-là ce s’ra plus facile de m’rapp’ler la dette que j’ai envers toi hein. T’es un p’ti malin Tankred, mais j’risque d’mettre bien des années avant d’trouver un cap’tain qui voudra bien d’une femme à bord et un équipage qui accepte ça. » Mon faciès remue de haut en bas, j’ai déjà vu des femmes sur les navires et Sif, elle est sur le Queen avec moi. Si la donzelle fait preuve d’agilité, de connaissance et qu’elle n’a pas froid aux yeux, alors elle aura sa place sur un bâtiment. Et en ayant côtoyé Anne Bonny quelques heures, je peux mettre ma main à couper qu’elle est une pirate comme on en croise peu. Une vraie ! J’attrape la bouteille pour me resservir un verre, le portant à mes lèvres pour en boire une longue gorgée. Mes mirettes se tournent un instant sur le corps sans vie de son époux, du sang qui commence à sécher sur le sol. Dans pas longtemps, il va commencer à sentir et je ne tiens pas à être présent, l’odeur d’un cadavre est irrespirable. « T’as ton bâtiment toi ? J’pourrais p’tet naviguer avec toi, t’es l’seul type sympa qu’j’ai croisé jusque là. » Mes mirettes retournent sur le visage de la rouquine, observant son sourire avant d’étirer mes lèvres en réponse. « J’suis qu’un charpentier sur l’navire de Barbe noire moi ! J’n’ai pas d’bâtiment à moi, sinon… j’t’aurais pris d’ssus sans réfléchir, t’peux en être certaine ! » Je me sens con de ne pas pouvoir la satisfaire de ce côte-là, mais comme elle ne semble pas apprécier Barbe noire, je ne peux pas lui proposer de me rejoindre.
« T’vas trouver un Cap’taine qui voudra d’toi sur son navire ! À moins qu’tu le deviennes toi-même ?! » J’étire un sourire en croisant son regard avant de me lever en frappant dans mes mains. « C’pas que j’m’ennuie, mais j’tiens pas à respirer l’cadavre d’ton mari alors… comment t’veux t’en débarrasser ? À la flotte ? Cochons ? » Je croise mon regard dans un miroir, mon visage possède de nombreuses taches de sang ce qui rend mes mirettes glaciales. Je me retourne vers elle, me penchant pour soulever la carcasse alourdie par la mort tandis que je la laisse s’occuper de la tête. Armes en place, bouteille dans une autre main, on quitte l’ancienne demeure du couple Bonny pour aller mettre la dépouille là où elle l’a décidé. En chemin, je me place près d’elle avec un sourire : « T’vas pas r’gretter d’être veuve ? » Je tourne la tête vers elle pour écouter sa réponse avec un sourire. « T’sais, sur le Queen d’Barbe noire, y’a des femmes ! Alors, p’t’être qu’tu pourrais… v’nir sur son bateau ? T’pas obligé d’l’aimer, t’peux juste… travailler sur s’bateau et… » Je tourne le visage vers elle, attendant sa réaction. Soit, elle accepte et dans ce cas, j’essaye de la faire entrer sur le Queen… Soit, elle refuse et dans ce cas, je ne serai pas surpris puisque depuis le début, je ressens l’animosité de la pirate envers le Roi.
Ainsi, Tankred lui dévoila sa position et ses occupations dans ce bled paumé ; un charpentier, ni plus ni moins, ce qui l’étonna fortement puisqu’elle l’avait d’hors et déjà vu à la tête d’un équipage. Anne termina sa bouteille, appréciant le fait qu’il lui avoue le fait qu’elle aurait été recrutée à bord de son bâtiment s’il en avait possédé un. Anne était quelque peu déçue, elle aurait sans doute accepté son offre sans plus de réflexions mais puisque ce n’était pas le cas, elle allait devoir revoir ses plans. Tankred la délogea de ses pensées en continuant de parler. Alors, à sa remarque qu’elle pourrait très bien devenir capitaine, Anne étira un fin sourire qui laissa échapper un petit rire amusé. Devenir capitaine ? En voilà une drôle d’idée…Anne avait beau savoir mener les hommes au doigt et à l’œil elle n’avait pas envie d’avoir un grade plus haut élevé que celui de quartier maitre. Tout simplement parce qu’elle préférait obéir à un supérieur direct plutôt que de jouer les nounous et rendre des comptes. La place de capitaine pour elle c’était être enchainé à son navire et elle n’avait définitivement pas les épaules assez larges pour supporter tel fardeau. Sans doute un manque de confiance ? Seul le temps lui dirait si elle était faite pour être capitaine, en attendant elle faisait un second très en capacité et participer à la vie d’un navire lui convenait amplement. Trèves de bavardages, le cadavre de James commençait à durcir et à empester. Anne n’était pas le genre bonne femme de ménage et lorsque Tankred lui proposa de s’en débarrasser, elle ne se fit pas prier.
« Aye, la flotte, là où tout pirate voudrait reposer. »
Anne se leva de son canapé, laissant Tankred prendre l’initiative de trainer le corps de James tandis qu’elle se baissa pour attraper la tête au passage. Marchand aux côtés de Tankred alors qu’ils avaient quitté la maison, les rues par où ils passèrent étaient quelque peu désertes à l’heure où la majeure partie de la population devait festoyer dans les tavernes. Ce n’était pas plus mal, au moins les soulards qui les questionnaient sur leur chemin auraient oublié cette vision cauchemardesque de deux silhouettes trainant un cadavre décapité au lendemain. Tankred perça le silence de la marche qui s’était installé, la questionnant sur son veuvage et ce que cela engendrait. La jeune femme ne le voyait pas comme quelque chose de mal dans la mesure où elle préférait être seule que mal accompagnée. Peut être arriverait un jour où elle se verrait de nouveau mariée, en attendant ce n’était pas son objectif premier, préférant les choses venir comme elles le devaient plutôt que les bousculer. D’un sourire éclairé par la clarté de la Lune, Anne répondit avec le cran de poser ses propres principes, mais n’importe qui aurait pu dire qu’elle avait eu raison de le faire.
« Nan, j’préfère être veuve qu’rester fidèle à un type sans couilles et sans ambitions. »
Malgré le contexte et du fait qu’elle soit une femme libre, Anne n’avait jamais songé une seule fois à trahir James et à le faire cocu alors que lui s’était sans doute amusé à le faire. Elle l’avait respecté en tant que mari autant qu’elle l’avait respecté en tant que capitaine, après tout c’était lui qui lui avait permis d’être ce qu’elle était devenue et lui avait promis sa loyauté jusqu’à ce qu’elle soit de trop pour son propre bien-être. La pirate préférait se souvenir de son mari comme ce fier et talentueux marin qui voguait contre la houle plutôt que ce rat de cale prêt à cirer les bottes d’un roi pour obtenir ses faveurs. Il n’était plus l’homme qu’elle avait aimé et épousé depuis leur arrivée ici, il était mort dans ce naufrage et devait désormais s’en retourner là où il avait dû être, là où il aurait toujours voulu finir.
Une fois arrivés près du quai là où l’eau se reflétait à la lumière de la voute céleste, Anne y jeta la tête de James avant de se frotter les mains. Une fois son corps totalement emporté par les dieux des mers, la jeune femme voyait tout se concrétiser. Désormais lorsqu’elle rentrerait, elle n’aurait qu’un silence et non plus la voix de James qui avait fini par l’insupporter. Anne voyait cela comme ça, n’ayant pas de réelle idée de comment allait se passer la suite mais puisque Tankred le lui demanda, Anne se permit d’y réfléchir plus en détails. Il lui avait proposé de rejoindre l’équipage de barbe noire, mais l’Irlandaise savait d’hors et déjà qu’elle ne s’y plairait pas. D’une parce qu’elle était bien trop sauvage, qu’elle n’a jamais connu la piraterie autrement que par l’amour de la liberté. Sur un rafiot comme sur celui de barbe noire, elle serait rétrogradée et se sentirait comme avec des chaines aux bottes en plus d’être un visage parmi tant d’autres. Cette proposition ne sonnait pas comme une promesse de fortune et d’aventures mais plus comme le fond d’un verre de rhum, un choix à prendre par dépit qui ne la motivait absolument pas.
« J’pourrais bien, mais c’pas ce que j’voudrais. J’préfère les équipages à plus p’tite échelle ou tout l’monde s’connait, un brick ou une frégate ça m’parle plus que le galion d’un Roi. Et puis d’abord j’ai bien envie d’connaitre un peu plus c’trou puisque j’vais y rester.»
Anne s’assit sur le rebord du quai, invitant Tankred à la rejoindre en lui tendant sa bouteille de rhum. Elle ne préféra pas évoquer la longue liste qui l’avait empêchée d’envisager telle option que de se retrouver sur le navire de barbe noire pour la simple raison qu’elle n’avait pas envie d’en parler et qu’elle ne le connaissait pas suffisamment assez bien pour aller sur de telles confidences. Non pas qu’elle le cachait, après tout Anne n’était pas du genre à faire dans la dentelle et préférait se montrer honnête. La différence état qu’elle ne comptait pas se retrouver bêtement la corde au cou pour avoir cassé du sucre sur le dos de ce « pseudo-roi ». Les pirates passaient leur temps à fuir ces rois là, ce n’était pas pour se soumettre sous les idées farfelues d’un seul illuminé. C’était d’ailleurs pour cela qu’ils avaient fait de Nassau un refuge, une petite république où l’on ne se fiait qu’à la folie collective et où tout le monde pouvait avoir sa place.
Anne allait s’éloigner et prendre un peu plus de recul sur sa situation, à la recherche d’autres personnes comme elle ou à la recherche d’informations sur ce qu’elle était en train de vivre ici. Ceci étant afin de survivre le temps de décider de ce qu’elle allait faire. Elle repensait à ce que Tankred lui avait dit de lui, qu’il était charpentier alors qu’il avait tout à fait l’allure pour être capitaine. Elle avait fait totalement fausse route mais elle s’en foutait si elle avait été trop indiscrète ou trop excessive, elle lui avait dit les choses telles qu’elle les avait perçues et ressenties. D’ailleurs, la jeune femme restait sur sa faim, un guerrier viking voulu et amené ici pour servir et tailler dans les planches étaient pour elle un vrai mystère qu’elle comprendrait sans doute si elle avait l’occasion de le connaitre davantage. Peut être que si elle poussait un peu, elle pourrait déceler de potentielles envies qu’il dissimulait ?
« Et toi alors, qu’est c’t’attends pour t’faire un équipage ? On a sur’ment plus à apprendre d’un guerrier de son expérience que d’sa manière d’réparer les trous dans la coque !»
Anne étira un sourire avant de descendre une longue gorgée de rhum, elle se demandait de quoi serait fait demain.
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« J’pourrais bien, mais c’pas ce que j’voudrais. J’préfère les équipages à plus p’tite échelle ou tout l’monde s’connait, un brick ou une frégate ça m’parle plus que le galion d’un Roi. Et puis d’abord j’ai bien envie d’connaitre un peu plus c’trou puisque j’vais y rester. » Sa réponse n’est pas une surprise. Préférer les navires avec un équipage plus restreint est un choix compréhensible. Plus le navire est grand, plus petite est la part à obtenir lorsqu’on partage un trésor. Choix légitime que je respecte et approuve d’un mouvement de tête avant de la rejoindre sur le quai, mes jambes dans le vide. J’attrape la bouteille de rhum qu’elle me tend pour en boire une longue goulée avant de lui retourner tout en restant silencieux et songeur. « Et toi alors, qu’est c’t’attends pour t’faire un équipage ? On a sur’ment plus à apprendre d’un guerrier de son expérience que d’sa manière d’réparer les trous dans la coque ! » J’étire un sourire. Elle lit dans mes pensées ? Je suis sur Neverland depuis à peine un an, mais pourtant, j’ai l’impression d’y être depuis des années voire même toujours. Ma naissance est floue, mon passé également et j’ignore même si certains aspects sont des faits ou des illusions : mais je sais ce que je suis aujourd’hui et ce à quoi j’aspire. Dans mon temps, je suis devenu un Jarl réputé qui a fait parler de lui, qui a fait couler le sang et rapporté de nombreuses richesses à son village. Ais-je envie de devenir plus ici ? Peut-être, mais pour cela, je dois avant tout connaître l’île par cœur, connaître tous les hommes et femmes de ce pays pour trouver les failles, pour avoir un coup d’avance… Cela prend du temps et Sif sera heureuse, elle qui ne cesse de me le rappeler depuis un an. Je sens qu’elle sera toujours derrière moi à dire que je mérite plus qu’un titre de simple charpentier. Mais je compte bien devenir maître charpentier sur le Queen, ce n’est qu’une question de temps. Je tourne mon visage vers la belle pirate, prenant la bouteille qu’elle vient de retirer de ses lèvres pour en boire une longue gorgée. « J’sais pas ! P’t’être bien qu’j’aspire à plus ! Mais pour l’moment, j’me contente d’ce j’ai. »
Deux marins bien imbibés passent près de nous, parlant à vive voix sur des sujets futiles et quasi incompréhensibles. L’un d’eux s’arrête à notre hauteur, nous mire d’un œil pétillant – puisque l’autre est caché derrière un bandeau – puis reprend sa route sans un mot à notre égard. Je roule des yeux, croisant ceux de la pirate qui semble également penser la même chose que moi. « Tous n’tiennent pas l’alcool com’nous ! » Je m’esclaffe doucement, reprenant une gorgée du rhum. « J’suis ravi d’avoir été t’partenaire pour s’mort ! Mais j’vais d’voir t’laisser maint’nant… » Je me lève du quai, mirant la donzelle de haut. « J’espère bien qu’on r’deviendra complice comme c’soir ! T’sais où m’trouver si t’as b’soin d’mes services un jour. Qu’ce soit pour un meurtre ou… » Mon regard s’enflamme alors que j’observe sa bouche : « Pour t’rappeler c’que c’était qu’d’avoir un homme dans t’vie… » Mes lèvres s’étirent et j’incline la tête avant de me détourner pour retourner au cœur de la ville pirate. De cette rencontre, j’hérite d’une alliée, je pense, redoutable qui plus est, mais possiblement d’une amante occasionnelle ? Qui c'est, la donzelle est fort charmante et attirante, j'ignore si elle acceptera mais la proposition est faite. L’avenir me le dira.
Tankred n’en dévoila pas plus sur ses projets malgré la question posée, elle pouvait comprendre que l’on ait envie de garder ce genre de chose pour soit. Quoi qu’il en soit si cela devait arriver elle en entendrait surement parler. Il avait l’air tellement sûr de lui qu’elle ne pouvait pas se permettre de chercher plus loin dans la liste de ses objectifs. Anne lui espérait de les atteindre, après tout il devait sans nul doute en avoir les capacités et tout n’était qu’une question de temps. Un type bien ce Tankred, dommage qu’elle ne l’ait pas connu dans l’autre monde, ils auraient été à eux deux une sacrée bête noire aux anglais. Peut être que sa vie aurait d’ailleurs été bien plus riche si elle l’avait eu pour allié plutôt que ce marier à James dont le nom était bien moins connu que celui d’autres pirates avec qui elle avait aussi eu l’honneur de bosser. Anne restait sur sa faim concernant sa réponse, mais regarderait les changements avec intérêt qu’ils soient pour demain ou dans trois ans.
La bouteille de rhum vagabondait entre les deux pirates, leurs descentes étaient telles qu’ils avaient bientôt avoir le fond. Anne fut à son tour interpellé par la présence de deux manants visiblement complètement torchés. Anne étira un large sourire moqueur à l’entente des dires de Tankred les concernant puis détourna son regard de ces deux manants. Ces pitoyables finiraient sans doute à vomir leurs tripes dans un caniveau en oubliant au lendemain comment ils avaient fait pour se retrouver parmi les cochons. En fait, le monde n’avait pas tellement changé. Vu d’ici ça ressemblait un peu à Nassau, du moins de ce que son esprit lui permettait de se souvenir. En y repensant, Anne fronça les sourcils, se laissant penser quelques instants alors qu’elle peinait à revoir la plage de Nassau, ses petits commerces. L’alcool ? La fatigue ? Sans doute, quoi qu’il en soit il n’était jamais très bon de trop réfléchir en ayant le rhum à la place du sang. Elle finirait par s’y habituer, elle s’y habitue toujours et s’il lui était possible de croiser d’autres gars comme Tankred peut être bien qu’elle finirait par la préférer à Nassau.
Le viking se leva, prenant congé de leurs petites affaire alors qu’il avait sans doute d’autres choses à se préoccuper qu’une femme fraichement veuve. Anne leva sa bouteille de rhum à son attention, comme lui portant un toast afin de lui confirmer que pour elle aussi l’avoir eu comme partenaire avait été divertissant. Elle pensait qu’ils ne se reverraient pas jusqu’à ce qu’il lui réclame son dû ou bien qu’ils se recroiseraient au hasard mais elle avait été loin d’imaginer qu’il avait les espérances qu’ils reforment un duo sanguinaire. Anne leva les yeux vers lui tout en retirant la bouteille du bord de ses lèvres. Pour elle aussi ça avait été intéressant, voilà de nombreuses années qu’elle n’avait pas ressenti cette adrénaline en elle ; elle s’était quelque peu assagie avec James, Tankred pourrait sans doute se vanter d’avoir libéré la bête sommeillant en elle.
« Merci pour l’coup d’main, si j’amais t’as une idée d’paiment t’hésite pas à r’vnir m’en faire part. »
Il lui proposa de passe le voir dans le cas où elle ait besoin, ce qui bien évidemment était le bienvenu. Elle le notait dans un coin de la tête, en classant Tankred comme un allié pour sûr. Mais le plus large sourire qui lui arracha fut tiré de sa dernière proposition. Venir le voir si elle voulait se souvenir l’effet d’être entre les bras d’un homme ? Ca méritait d’être honnête et clair mais puisqu’elle n’était pas du genre à tourner autour du pot, forcément, elle avait apprécié sans compter le fait qu'elle n'était pas contre qu'ils passent du bon temps autrement qu'en tuant.
« Aye l’viking, j’passerais t’épuiser à l’occasion.» Fit-elle sur un ton d’humour débridé.
Une fois qu’il fut parti, Anne lissa aller son dos sur la pierre pour se détendre un peu et profiter de l’endroit sans avoir envie de taper sur quelqu’un. Allongée, elle observa un long moment des étranges étoiles plantées dans la voute céleste tout en repensant à tout ce qu’il venait de se passer depuis son arrivée ici. Elle écoutait le silence pour la première fois en se disant que cette fois ça y est, elle était bel et bien seule et livrée à elle-même. L’aventure ne faisait que commencer et elle s’annonçait pas si désagréable que ça en fin de compte. Il faut dire qu’avec un peu de rhum, tout parait bien moins emmerdant. Le seul truc qui la frustrait encore était de vivre à quai, mais puisque Tankred lui avait confié ne pas être soucieux de son intégration, alors elle voulait bien le croire. Anne attendit que l’alcool et ses effets se distillent un peu avant de se lever et de s’en aller de cet endroit après un dernier regard à l’endroit où ils avaient jeté le cadavre de James - Pas le moindre regret.