Je ne savais plus trop ce que je ressentais. Je ne sais pas si c’était réellement celui de ma mère ou celui d’un autre… Mais si cela l’était cela voulait dire que c’était mon père. Un père qui collectionnait les femmes et qui les volait après. Mais qui l’avait élevé celui-là? Qui lui avait brisé le cœur pour qu’il se transforme en … comment dirais-je… Gougeât! Oui j’étais sortie de mes gons mais avec raison! Non mais, il faisait exprès de ne pas comprendre?
«De ça! Tu sais, cette petite chose qui pend de ton bracelet! Tu vois?!»
Il se fichait de ma gueule à se redresser, à s’étirer… Il ne pouvait pas juste répondre à la question? Je le regardai chercher la breloque sur son poignet. S’en était exaspérant. Avait-il eu autant de conquêtes? Il était un chasseur de femme qui récoltait les trophées. Il le repéra enfin et réagit conformément à sa nature de gougeât. Il ne tenait pas de journal? Il ne se rappelait même pas des sirènes avec qui il avait couché. Qu’il avait volé! Mais ce qui était pire pour moi, c’était que je venais de faire le rapprochement. Si ce pendentif était à ma mère… et qu’il l’avait depuis environ 20 ans… Cela correspondait à mon âge… à l’année de ma naissance… et cela expliquerait l’absence d’un père dans ma vie. Ce ne pouvait pas être vrai, pas être lui… Je méritais mieux. Et voilà qu’il se confondait en excuse. Il pensait vraiment que j’étais une fille avec qui il avait couché. Il pensait que je faisais partie de son tableau de chasse. Il en faisait des masses, s’en était presque pathétique. Je ne répondais rien, je me contentais de le regarder avec des yeux qui voulaient dire que j’en avais marre. Il continuait, il me dit même que je pourrais le reprendre… que c’était un souvenir de la nuit que l’on avait passé ensemble… Wow d’accord… Là je ne pouvais pas rester silencieuse…
«Mais tu peux arrêter de faire des masses! Et de plates excuses. Il ne m’appartenait pas ce pendentif. Il était à ma mère.» […] Lui dis-je en faisant une petite pause. «Tu devrais bien t’asseoir… car tu risques d’avoir un choc.» […] lui laissant le temps de bien s’installer. Avait-il tilté? Avait-il compris le rapprochement et compris de quoi je voulais lui parler. «Il y a une vingtaine d’année, tu t’es tapé ma mère… tu lui a volé cette relique, mais tu lui avais laissé un joli cadeau à ton départ… MOI! Je comprends maintenant pourquoi elle ne voulait jamais parlé de toi… Elle m’a toujours dit que je valais mieux que celui qui m’avait engendré. Je devrais y aller.»
Je ne savais plus trop où me mettre ou comment agir. Je me sentais honteuse à la fois, parce que j’avais presque couché avec mon père. Nous avions presque franchi la limite. J’avais roulé une pelle à mon propre père. J’en étais tellement dégoutée. Je vacillai, mes jambes étaient molles. Je crois qu’elles étaient en état de choc de la découverte que je venais de faire. En le regardant mieux, j’étais même en mesure de trouver des ressemblances. Mais le trou que j’avais depuis que j’étais toutes petites ne s’était pas rebouché. Il était encore béant et même que le diamètre avait grossi. Il était si différent de l’idée que je m’étais fait. Pour moi mon père était parti parce qu’il n’avait pas eu le choix et qu’il était mort quelque part et que c’était pour cela qu’il n’était jamais revenu. Et parce que ma mère souffrait trop de cette perte, elle ne voulait pas en parler. C’était des rêves de petites filles… Parce que maintenant, j’avais la réalité devant les yeux et elle n’était guère réjouissante. La vérité en fait, était plutôt cruelle. Qu’allait-il faire de cette information? Allait-il simplement repartir et ne plus jamais me revoir? Ou allait-il s’investir 20 ans plus tard? Allait-il faire son gros possible et m’apprendre des choses? Il y avait beaucoup trop de question pour ma tête de lendemain de veille. Je n’arrivais pas à analyser la situation correctement. C’était beaucoup trop.
J'ai du mal à comprendre ce qu’elle me raconte. Ce truc était à sa mère ? Ouai, peut-être.. et après ? C’est pareil, je vais m'excuser d'avoir brisé le mariage entre son cher papa et sa probablement délicieuse maman, je vais lui rendre sa breloque et fin de l'histoire. Ça change pas grand chose au fait que j'ai fait tout ça pour rien, que c’était une soirée qui avait pourtant bien commencé et qui termine en queue.. de poisson. Je risque d'avoir un choc ? Ah ma grande, certainement moins que toi visiblement... elle a l'air complètement bouleversée, comme si ce bout de métal était un indice capital pour je ne sais quoi, ou qu’elle venait de résoudre un des grands mystère de la vie. Ça va des histoire de fesses adultérines, y en a tous les jours. Je suis pas le premier et je serais certainement pas le dernier.
Aller.. la voilà partie dans un de ces récits à la noix. Je lève les yeux au plafond, laissant tomber le masque , ça sert à rien d'essayer de l'embobiner maintenant. Je me suis tapé sa mère.. ok. Je lui ai piqué son bijoux.. ok. Je lui ai laissé un cadeau... quoi ? J'ai reculé jusqu'au bord du lit, puis j'ai reculé encore, me retrouvant au sol, sur le cul. Dans tous les sens du terme. Qu'est ce qu'elle vient de dire ? « Qu'est ce que tu viens de dire ? Celui qui t'a quoi ? QUOI ? » Ok je vais être malade... J'essaye une autre phrase mais je sens mon estomac se nouer dangereusement. Un nouvel essais et.. il est où le seau dans lequel elle a vomit hier soir déjà ?
La tête au dessus de la bassine, je tente de reprendre mon souffle.Si elle dit vrai j'ai faillit... Et merde, voilà que mon estomac reprouve de nouveau cette idée. Je fini par réussir à relever un peu la tête et je lui pointe le coin du lit d'un index impératif. « Toi tu...tu bouges pas.... d'ici. » Bordel... glorieux.. vraiment Aël, c'est formidable. Allez y moquez vous, vous n'avez jamais vu un homme rendre tripes et boyaux après ce genre de .. révélations ? C'est pas tous les jours qu'on se mange un truc pareil dans les dents. Des gosses, ça me surprend pas vraiment d'en avoir, avec la vie que je mène, le contraire serait même plutôt étonnant. Mais me retrouver dans cette situation.. et tout ce que ça soulève. Elle est peut être pas la première.. Ça y est me voilà de nouveau la tête dans le seau.
Une fois que j'ai plus rien d'autre à rendre que de la bile aigre, je réussi à me traîner, le seau sous le bras, jusqu'à un mur contre lequel je m'adosse. A bonne distance d’elle. « Et si tu te trompais ? » Ouai, se raccrocher à un si, des fois que je puisse sauver mon honneur avec. « Ta mère.. elle a peut être eu d'autres amants en ce temps là. Je lui ai clairement pris ce.... » Je détache rapidement la breloque de mon poignet pour la lui jeter « .. truc.. mais je suis peut être pas ton.. enfin ton.... » Non je peux pas être son.... haaa la simple idée de le dire me faire remonter la nausée
Je n’étais pas du genre à passer par quatre chemins quand je voulais exprimer des faits. Il était vrai qu’il avait couché avec ma mère, que ce bijou lui appartenait, qu’il m’avait engendré… Que ma mère s’était fait avoir comme une idiote, mais bon… Je n’allais pas ajouter cela à sa liste des plus grosses conneries de sa vie. J’avais mal au crâne, le tempo de mon cœur était rapide, alors je n’avais pas le temps de jouer sur les mots et d’être délicate. Les lendemains de veille ne sont pas agréables. Encore moins celui-là! Alors, je lui avais juste balancé à la figure les faits. Ce n’était peut-être pas la meilleure tactique puisqu’il se retrouvait au sol. C’était si choquant que cela de m’avoir comme fille? Il aurait pu avoir pire tout de même. J’étais jolie, bien élevée, sociable… un peu hystérique par moment, mais quand même… Mmm… Il m’exaspérait un peu. Je ne devais pas être la seule tout de même avec toutes les femmes sur son bracelet de chasse.
«Ta fille! Ta progéniture! Ton alevin… La semence que tu as laissée dans l’utérus de ma mère… veux-tu d’autres explications? Parce que j’ai plein d’autres synonymes.» Dis-je sur le ton d’amusement, mais aussi un peu amer.
C’était à son tour d’être malade. Comme si l’idée d’avoir des enfants ne lui avait jamais traversé l’esprit. Au moins maintenant, il avait eu la monnaie de sa pièce. Il vidait le contenu de son estomac et avait l’air pitoyable. J’avais pris mes effets personnels et je m’en allais.
«Quand tes esprits seront revenus, tu pourras toujours me trouver. Je vais te laisser… à ta bassine.»
J’allais franchir la porte qu’il m’ordonna de loin de m’asseoir et de rester là. De ne pas bouger. Je roulai des yeux et je retournai m’asseoir sur le bout du lit. Les mains sur les cuisses et mes doigts qui dansaient d’impatience tapaient le tempo de mon exaspération. Je soupirai attendant qu’il ait fini d’être malade. Quand je le vis arrivé avec la bassine tout près du lit je partis à rire. Mais un rire qui ne voulait pas s’arrêter. Le stress, la pression et l’amusement sortaient tous en même temps. Je me sentais désolée pour lui. Ce n’était pas une petite nouvelle que je lui avais annoncée et il avait du mal à la digérer. Cela fut de courte durée, car l’exaspération fit son retour. Voilà du discours du gars qui n’assume pas ses actions et ses responsabilités. Est-ce que tu es certaine… cela pourrait être quelqu’un d’autre… Comment peux-tu en être sûr? Je m’approchai de lui et le regardai franchement :
« Mon père? C’est ce que tu essaies de dire?» Dis-je en terminant sa phrase. «Oui j’en suis certaine. Ma mère ne choisit qu’un homme par an pour satisfaire son besoin sexuel. Elle veut à tout prix éviter de se retrouver avec un autre moi. Donc, puisque tu es le seul de cette année-là… Il n’y a aucune marge d’erreur. Mais bon! Tu n’as jamais fait partie de ma vie et elle non plus et ce n’est sûrement pas aujourd’hui que cela va commencer. Je ne suis même pas foutue d’avoir une vraie famille. Vous vous ressemblez finalement…»
Je n’étais pas en colère, j’étais simplement amer. Mais en même temps, cela ne me laissait ni chaude ni froide… Ma mère m’avait abandonnée quand j’étais qu’un bébé et je n’avais passé que quelques jours ici et là avec elle, car elle était très marginale. Je n’avais jamais connu mon père jusqu’à maintenant et je n’avais pas eu de mal à le remplacer par un autre. Un qui se souciait de moi-même si nous n’avions pas de sang commun. Mais maintenant que la conversation était entamée, autant la continuer.
«Tu avais d’autres questions pour moi? C’est le moment. Lâche-toi lousse. »
Si l'idée d'avoir des gosses m'avait déjà effleuré l'esprit plus d'une fois, l'idée de finir par croiser un de ces rejetons dans ces circonstances en revanche.. comment n'ai je pu y penser avant ? Pathétique, c'est pathétique. C'est pour cela que j'ai le plus grand mal à prononcer ce mot. Père. Géniteur. Ou quoi que ce soit qu'elle veuille mettre dessus. Merde. C'est un sacré brin de femme, hystérique, folle peut être, mais sacrement bien foutue, je devrais peut-être en être fière. Bah certainement pas. Je m’en cogne de sa vie, de ce qu'elle est, de ce qu'elle fait.
Je ne l'écoute plus que d'une oreille distraite. Elle confirme, il me semble, le fait qu'il ne puisse pas y avoir d'erreur possible et très franchement, cela n'a plus vraiment d'importance. Je sais juste à présent qu'il me faut définitivement la ranger au rang de ces proie à ne plus jamais ajouter à mon tableau de chasse. Fin de l'histoire. A peine j'arque un sourcil quand elle me reproche de ne pas avoir de vraie famille. Bah voyons, c'est facile de me blâmer moi. Je suis peut être celui qui a engrossé sa mère, mais elle avait qu'à faire son boulot elle aussi. C'est quand même pas moi qui aurait du avoir l'instinct maternelle et aller pleurer pour avoir le droit de passer du temps avec elle. Si ? Jusqu'à y a pas dix minutes j'ignorais encore son existence. Je me planque pas vraiment, si sa mère avait voulu faire l'effort de venir me parler... bah ça aurait rien changé. Je l'aurais ignorée tout pareil. J'aurais juste évité la soirée d'hier et.. ok, je vais arrêter d'y penser pour éviter de vomir de nouveau.
Je sais pas ce qui me dérange le plus d'ailleurs à ce propos. Ce qui s'est passé ou le fait qu'elle ne semble même pas s'en offusquer. Pas plus que ça du moins. Non vraiment, sa mère a foiré totalement son éducation. C'est pas un truc normal quand même, que de rouler une pelle à son père, elle pourrait.. je sais pas, n'importe quoi mais pas me laisser me mettre la rate en vrac tout seul. Ou bien est-ce sa façon de me punir et elle ira vomir une fois la porte refermée, quand je ne la verrais pas faire. Je m'en fou après tout.
Alors à savoir si j'ai d'autre questions.... « Ouai, une seule. » Je me redresse et je me dirige d'un pas mal assuré vers la commode où une bassine d'eau, probablement glacée, et destinée à la toilette est placée. Après m'en être arrosé le visage, je me contente de retourner me laisser tomber à plat ventre sur le lit sans le moindre regard pour elle. « Tu peux refermer la porte en partant, et dire à l'aubergiste que je prends une nuit de plus ? Je me sens pas de descendre dans cet état. » C'est tout. Je ne veux pas en savoir plus. Vraiment pas. Je relève simplement le bras pour ajouter un « Oh et.. bonne continuation quand même et un conseil... arrête le rhum. »
Il était pitoyable. Il était malade. Je le rendais malade. Avoir un enfant lui était si insupportable que son estomac refusait de coopérer. Déjà qu’il essayait de tout nier en remettant mes allégations en doute. C’était donc ça l’attirance étrange que je ressentais? Le magnétisme du parent que je n’avais jamais connu. J’avais senti ce lien avant même de comprendre ce que c’était. Il était l’image parfaite du conard. L’image parfaite du mauvais géniteur. C’était aussi bien comme ça qu’il ne fasse pas partie de ma vie. Il ne ferait que me décevoir. Il était incroyable! Mais dans le mauvais sens. Il ne se soucie donc que de sa petite personne? Je n’étais qu’une proie sur son tableau de chasse avec qui il n’avait pas eu la chance de faire quoi que ce soit. Aussi bien, car peut-être aurais-je finie comme ma mère. Je le regardais vomir dans sa bassine, la même dans laquelle la veille au soir, j’avais été malade. La seule différence était que moi, j’avais été malade à cause de l’alcool et pas parce qu’on m’annonçait que j’avais un alevin. Il faisait presque pitié à voir, ce serait pour lui une bonne leçon à retenir. Ça me confortait un peu. Puis, maintenant que je savais qui il était réellement, je pouvais faire un choix éclairé. Le bannir de ma vie une fois pour toute et ne rien ressentir à son égard. J’avais une mère qui me décevait sans cesse, autant ne pas avoir un père également. De toute façon, j’étais certaine qu’il ne finirait pas revenir à la charge, la question n’était pas si, mais quand!? J’étais sur le point de partir, mais je voulais savoir s’il avait des questions avant que je ne coupe les ponts. Il n’avait aucune question pour moi, seulement un service ridicule. Je lui souhaitais bonne chance si un jour il voulait revenir dans ma vie, il aurait à travailler fort! Je n’existais donc pas et lui n’existait plus pour moi.
«Tu sais que tu es PITOYABLE? Tu découvres que tu as une fille et tu ne penses qu’à toi. Tu ne te soucie même pas de qui je suis. Tu es aussi bien de rester en dehors de ma vie, car avoir un conard comme toi comme père, ça n’en vaut pas la peine. Et petit conseil, arrête de tremper ton petit bâton n’importe où, si tu ne veux pas avoir d’enfant. Sur ce… Bonne vie!» Dis-je avant de claquer la porte.
Une fois en bas devant l’aubergiste, je souris et lui dis :
«Vous devriez faire attention, l’homme qui était avec moi est entrain de tout vous voler. Vous devriez aller jeter un œil et le jeter dehors.»
J’étais partie pour de bon. Je ne retournerais pas en arrière. L’océan m’attendait et j’allais m’y engloutir avec joie. Au moins elle, elle ne m’avait jamais abandonnée et même qu’elle m’avait apportée la famille que j’attendais, celle d’Égéon. L’océan c’était faite conciliante avec moi et pour cela je lui en serais éternellement reconnaissante.