« Lila... t'as raison, on ferait mieux d'arrêter de se voir. Je suis désolé, mais comme tu dis, je ne suis pas l'homme d'une seule femme. » Je le sais. J’y suis préparée seulement… l’entendre est encore plus douloureux que de l’imaginer. La réalité fait toujours souffrir, bien plus que la bulle qu’on essaye de forger dans son esprit pour contre-attaquer les souffrances. « Je n'ai pas d'inquiétude, tu trouveras un homme qui te méritera. Un homme qui saura te donner ce que tu désire, te rendre heureuse... contrairement à moi. » Arrête de parler, arrête… Je ne veux pas d’un autre homme et je me condamne moi-même e gardant cet enfant. Quel homme dans le camp, serait prêt à épouser une femme enceinte d’un autre ? Aucun. Je ne trouverai donc pas un homme qui me donnera ce que je désire, ni qui me rendra heureuse. Non. Il n’y aura que cet enfant, que ce petit morceau de toi et de moi : que la preuve immuable qu’on aurait pu être un nous, si seulement tu en étais capable. « Prends soin de toi, Lila... » « Toi aussi… » J’observe l’endroit où il vient de disparaître, le cœur battant, et une douleur cuisante dans le ventre. Je viens soulever le pan pour observer sa silhouette s’éloigner. Je soupire, passant une main sur mon visage pour essuyer les larmes que je n’ai même pas senties tomber. Je renverse une chaise en voulant aller m’allonger sur ma couche de paille, mais plus rien autour de moi n’existe. Je viens de perdre l’homme que j’aime, pour toujours. L’enfant que je porte ne connaîtra jamais son père, il le croisera, il lui parlera, mais… il ne saura pas qui il est pour lui. Comment en suis-je arrivée là ? Je tombe sur ma couche, m’enroulant dans ma couverture avant de laisser sortir toute la souffrance qui m’habite. Un cri de rage qui résonne dans mon habitation et heureusement, j’habite en retrait des autres pour que personne n’en soit alerté. Je frappe mon lit jusqu’à m’épuiser, jusqu’à ne plus pouvoir soulever les bras et m’endormir ainsi, complètement éplorée.