Cassie, elle était là depuis deux semaine. Déjà. Ici, le temps s'écoulait différemment. Les enfants ne grandissaient pas. Ils vivaient éternellement, mais pourtant, les secondes s'égrenaient beaucoup trop rapidement, au point où la gamine avait l'impression d'être arrivée la veille. Et pourtant, elle en avait vécu, des aventures! Elle avait traversé les plaines de Toot pour aller observer des pirates pour la première fois, puis elle s'était liée d'amitié avec l'un d'eux quelques jours plus tard. Elle avait aussi exploré la forêt des quatre saisons et elle connaissait maintenant la partie automnale sur le bout des doigts! Il s'agissait de sa préférée. Elle pouvait passer des après-midi entières assise dans l'herbe, à compter les feuilles colorées qui tombaient ou à rédiger ses histoires. Il s'agissait maintenant de son sanctuaire. Aussi, à l'Arbre du Pendu, elle s'était déjà fait quelques amis, dont la petite Sissy avec qui elle partageait temporairement une cabane. Son intégration se déroulait bien et elle avait accompli plusieurs choses. Pourtant, il restait une tâche dont elle devait impérativement se charger.
Le jour de son arrivée, l'orpheline s'était cognée la tête sur un petit rocher. Elle avait subi une commotion de laquelle était née sa perte de mémoire. Rien de bien grave. Après tout, pourquoi s'inquiéter d'un passé oublié lorsque l'avenir se montrait si merveilleux? Seulement, elle s'était blessée, la gamine, à un point où quelqu'un avait du la soigner. Lorsqu'elle s'était réveillée, l'enfant ne saignait plus. Sa plaie avait été nettoyée et suturée. Elle ne s'en était pas tout de suite aperçue, car elle était bien trop occupée par toutes ces nouveautés. Mais, lorsqu'elle l'avait remarqué et qu'elle avait demandé qui s'était ainsi occupé d'elle, on lui avait répondu qu'il s'agissait de l'ancien. L'ancien. Quel drôle de nom pour un enfant perdu! Un nom à la fois surprenant et intriguant. Cassie, elle avait tout de suite voulu en savoir plus sur ce gamin qui semblait un peu plus solitaire. Mystérieux, presque toujours muet, à un point ou la nouvelle perdue doutait de la manière dont elle pouvait l'aborder.
Elle avait hésité longtemps, non pas par gêne, mais par crainte de le déranger. Mais aujourd'hui, elle savait que l'heure était venue. Le muet était seul dans la forêt, assis dos à elle. Alors Cassie, elle en profita pour s'approcher doucement. Elle ne voulait pas le faire sursauter, ni lui faire peur, alors elle se fit discrète tandis qu'elle prenait place à ses côtés. À genoux à un petit mètre de distance, elle lui adressa un petit sourire. « Bonjour. On s'est déjà rencontrés, mais je n'ai pas encore eu l'occasion d'me présenter! Je m'appelle Cassiopeia. Toi, c'est Janssen, non? » Demanda-t-elle, ce qui arracha un long soupire à sa gardienne, Celena. La petite lueur d'un bleu nocturne qui s'était posée sur son épaule. ''Il ne te répondra pas.'' Cette fois, ce fut au tour de la gamine de lever les yeux au ciel. Qu'importe qu'il lui réponde ou non. L'important étant qu'elle puisse le remercier enfin.
« Parait que tu m'as soignée quand je suis arrivée ici? Je n'avais pas encore eu le temps de te remercier, mais je le fais aujourd'hui. S'il y a quoi que ce soit que je peux faire pour toi, juste à demander. » La gamine, elle lui adressa un second sourire, à peine perceptible. Le genre de sourire qui se voit dans le regard plutôt que sur les lèvres. Puis, une fois ses remerciements faits, elle s'installa plus confortablement et sorti un petit livre à la reliure en cuir de sa besace, sans attendre de réponse de la part du muet. S'il lui adressait la parole, tant mieux. Sinon, tant pis!
Il m’est souvent arrivé de passer des journées entières dans la forêt, à ne rien faire. On pourrait dire que c’est normal, qu’au bout d’un moment l’éternité est ennuyeuse. Mais moi, je l’avais toujours fait, dès mon arrivé à Neverland. La nature est magnifique à observer. Lorsque l’on ne bouge pas, qu’on se fond dans le paysage, les choses invisibles apparaissent. Les animaux craintifs sortent de leurs cachettes, les oiseaux viennent se disputer le petit morceau de pain laissé à côté. Tout est si calme, mais en même temps tellement plein de vie ! Diddel aime beaucoup ça aussi, et c’est moi qui lui ai fait découvrir. Je dois dire qu’au début, bavarde comme elle est, j’ai eu du mal à la faire taire. Mais j’y suis arrivé, et au bout de près de 800 ans, cette activité est devenue une de ses activités favorites. Toujours à mes côtés, elle s’est mise à apprécier les choses que je lui présentais. J’ai de la chance de l’avoir à mes côtés, j’ai souvent l’impression que c’est la seule qui me comprenne vraiment et… dès fois, elle me rappelle ma mère. J’étais en train de penser à ça lorsque je me suis rendu compte que la forêt était redevenue muette. J’ai commencé à m’inquiéter, alors Diddel a cherché qui arrivait, histoire de voir si nous devions nous enfuir. Au bout de quelques secondes, elle s’est reposée sur mon épaule tranquillement. Elle ne me dit rien alors je ne m'inquiétais pas. Si il y avait eu un danger elle me l'aurait dit. Il s’agissait surement d’un enfant perdu qui passait par là. Je dois avouer que je fus surpris que l’enfant en question vienne s’asseoir juste à côté de moi. Je l’ai observé tandis qu’elle me souriait. Je l’ai reconnue tout de suite, il s’agissait de Cassiopeia, la dernière arrivée. Je l’avais rencontré alors qu’elle avait été assommée. C’est moi qui l’avais soigné. Je devais bien avouer qu’elle était bien mieux toute souriante plutôt qu’amorphe sur un lit. Diddel se mit à voleter tout autour de moi. Elle n’aimait pas trop ce qu’avait dit la fée de Cassiopeia à mon sujet. Elle assura aussitôt à la fille que j’étais tout à fait en mesure de répondre à une question aussi simple. Mais visiblement, c’était plutôt la seconde fée qui avait raison, puisque je fus incapable de prononcer un mot jusqu’à ce que la fille sorte un livre. Blessée dans son amour-propre, Diddel se posa de nouveau sur mon épaule, les bras croisés, boudeuse. Je me suis donc un peu redressé et ai ouvert la bouche. _ Heu, oui c’est moi Janssen… Et c’est normal de t’avoir soigné, tu étais pas vraiment en forme quand tu arrivé. Diddel, fière de moi (en plus j’avais même tenté un trait d’humour!) se remit à voleter autour de moi pour manifester ses sentiments. Elle avait l'air d'une mère surprotectrice applaudissant son enfant. Son comportement me mit mal à l’aise et asseyant de me faire oublier, je me remis dans ma position initiale. Diddel compris très vite ce qu’elle avait provoqué et, debout sur mon épaule, elle s’adressa à Cassiopeia, lui expliquant que, certes je n’étais pas très bavard, mais je n’étais pas muet pour autant, ni dépourvu de bons sentiments. Dans son monologue sans fin, elle arriva à me faire remarquer que la petite semblait savoir lire, elle lui demanda si elle savait aussi écrire. Diddel savait très bien que je rêvais d’apprendre à me servir de cette invention qui était apparue après mon départ de mon monde natale. Elle fit donc remarquer à Cassiopeia qu’elle pourrait essayer de m’apprendre. De mon côté, les joues légèrement rouges, je me sentis l’obligation de rajouter quelque chose. _ Enfin, si ça ne t’embête pas bien sûr…
Cassie, elle ne savait pas du tout à quoi s'attendre lorsqu'elle s'était mise en tête d'aller discuter avec l'ancien. Certes, elle avait entendu de nombreuses rumeurs à son sujet. Des propos qu'elle avait choisi d'ignorer complètement, désireuse de se faire son propre avis sur le garçon en question. Elle ne voulait surtout pas débuter cette possible amitié sur la base de simples potins qui, de toute façon, ne devaient pas tous être vrais. Surtout que les enfants perdus étaient réputés pour leur sens de l'exagération. Alors, lorsqu'elle prit place auprès de lui, la gamine lui adressa un grand sourire et lui adressa la parole comme elle l'aurait fait avec n'importe qui, ignorant même sa fée lorsqu'elle lui reprocha son élan de sociabilité. Cassie, elle aimait bien Celena, mais ce qu'elle avait dit à propos de Janssen l'avait dérangée. La créature ailée ne le connaissait même pas, alors comment pouvait-elle dire une chose pareille?
« Heu, oui c’est moi Janssen… Et c’est normal de t’avoir soigné, tu étais pas vraiment en forme quand tu arrivé. » Répondit le garçon quelques secondes après que la gamine se soit plongée dans son grand bouquin. Heureuse, elle releva rapidement la tête pour lui adresser un énième sourire. Elle avait cessé de les compter. De toute façon, il fallait s'y habituer. Avec Cassie, on avait droit soit à une tonne de sourires, soit à un regard absent, car il n'était pas rare qu'elle ait des absences depuis son accident. Parfois, il lui arrivait de se perdre dans ses pensées au point où elle en oubliait le monde extérieur. Mais, lorsqu'elle était en présence d'enfants aussi intrigants que Janssen, ces absences se faisaient beaucoup plus rares.
« T'as raison! Disons que c'était pas mes meilleurs jours. Ça m'apprendra à être aussi pressée! » Répondit-elle juste avant que la fée de son interlocuteur ne commence à lui parler. Une petite voix enthousiaste que Cassie écouta attentivement, ignorant volontairement la gêne apparente du perdu. L'orpheline, elle fut heureuse d'apprendre qu'au fond, le gamin était tout aussi gentil que les autres malgré qu'il ne soit pas très bavard. Et, vu l'amour que l'adorable Diddel lui portait, il était évident pour Cassie que cet enfant avec qui elle discutait possédait plein d'autres qualités. Il suffisait de les découvrir et quoi de mieux que de devenir son professeur pour les découvrir? Ainsi, ils auraient largement le temps de faire connaissance. Du moins, c'est ce qu'elle espérait.
« Ça ne m'embête pas du tout. Faut bien que mes connaissances servent à autre chose qu'à écrire des histoires, non? » Sur un ton plus doux, la nouvelle perdue accepta la proposition. Elle qui aimait bien prétendre être quelqu'un d'autre avec Ace, elle aurait l'occasion d'endosser un nouveau rôle, celui d'enseignant. Il s'agissait de sa première expérience du genre, mais ça paraissait amusant et elle savait très bien qu'elle possédait assez de patience pour y parvenir. Quoi que Janssen ne semblait pas être un élève compliqué. « Il faut commencer par la base. T'as du temps, là? » Demanda-t-elle avant de se mettre à fouiller dans son petit sac en toile, à la recherche de sa plume et de son encrier. Sur son épaule, la jolie Celena observait attentivement l'ancien.
''Diddel a raison. Il a l'air gentil, malgré qu'il soit étrange.'' Cette remarque exaspéra Cassie. Elle se doutait bien que Janssen était quelqu'un de bien. Sinon, il ne l'aurait pas aidé. « Fais pas attention à elle. Parfois elle dit n'importe quoi et de toute façon, vaut mieux rester silencieux que dire un tas de bêtises. Comme Celena. Elle dit tout ce qu'y lui passe par la tête, mais elle est pas mauvaise. » Ajouta-t-elle à l'adresse du garçon.
J’avoue que je fus surpris que Cassiopeia veuille commencer à m’apprendre tout de suite à écrire. Une bouffée d’excitation m’envahit. Depuis le temps que je cherchais à acquérir se savoir ! J’ai donc regardé ma nouvelle professeure sortir ces affaires. J’avais déjà vu quelque enfants perdus écrire, je savais de loin à quoi servait chaque chose. Les yeux dans le vague, je m’imaginais déjà remplir un gros volume avec tout ce que je savais, un volume comme ce que j’avais entre-aperçu chez les adultes. J’ai mis un peu de temps à répondre à la première question de Cassiopeia. _ Oui… je n’ai rien de prévu aujourd’hui. J’ai souri très légèrement pour ponctuer mes dires. Diddel c’était allongée sur le ventre, la tête dans le creux de ces mains et les pieds relevés. Elle observait la scène avec un sourire ravis. Sourire qui disparut si tôt que la fée de la fille eut ouvert la bouche. Aussitôt, Diddel se leva, croisant les bras contre sa poitrine et fit remarquer d’un ton froid que nous pouvions l’entendre. Je crois que, de nous deux, c’est Diddel qui fut le plus offensé. En fait, moi j’avais presque trouvé ça gentil, mais ma fée n’avait pas l’air de voir la chose sous cet œil. Elle se posa doucement sur mon épaule, son visage toujours barré par ces sourcils froncés. Elle fit mine d’aller sur mon autre épaule en passant par mon coup et en profita pour me glisser tout doucement à l’oreille qu’elle ne l’aimait pas, cette fée. Je l’ai regardé, étonné, en lui répondant sur le même ton que moi je la trouvais sympas, tout autant que la fille dont elle était la gardienne. Ne voulant pas laisser ma professeur dans l’ignorance, je préféré m’excuser à mon tours pour Diddel. _ Désolé Cassiopeia, Diddel est un peu caractérielle et… surprotectrice aussi… Eh! Diddel venait de me pincer le coup. Je l’ai prise délicatement dans ma main et lui ai fait comprendre qu’elle exagérais par un regard sombre. Elle comprit tout de suite qu’elle allait trop loin et son visage c’est relâché. Elle s’est envolée vers la première branche de l’arbre auquel nous étions adossés et s’y est installé. Quant à moi, je me suis redressé dans une posture qui me permettait d’être le plus attentif possible, comme quand ma mère m’expliquait quelque chose, lorsque j’étais encore avec elle. _ Je suis prêt.
L'un des gros avantages à être un enfant perdu était le niveau de liberté qu'on possédait. Chaque gamin pouvait faire ce qu'il voulait, quand il le voulait. Aucun horaire ne leur était imposé et rien n'était jamais coulé dans le béton. La vie leur appartenait. Alors, lorsqu'elle posa la question, Cassie s'attendait fortement à une réponse positive. Elle commença à sortir ses affaires et quelques secondes plus tard, le brun lui donna raison. L'orpheline, elle lui rendit son sourire. Elle aimait bien le voir sourire, Janssen. Ça faisait plaisir de voir son visage s'éclaircir ainsi et si lui apprendre à lire et à écrire pouvait le rendre heureux, elle le ferait volontiers! Ainsi, elle se mit à étaler ses livres au sol avant de se remettre à fouiller dans son petit sac, à la recherche d'une seconde plume. Parce qu'elle ne serait pas la seule à écrire, pour une fois! Elle était ravie de la tournure que prenait cette après-midi et même la mésentente entre les deux fées ne pouvait ternir sa bonne humeur. Elle ne réagit donc pas vraiment aux propos de Celena, se contentant de s'excuser auprès du garçon, excuses qui lui furent retournées. Visiblement, les deux gamins n'accordaient aucune importance à ce que leurs gardiennes racontaient et c'était tant mieux!
Tandis que la petite créature s'éloignait pour se poser dans l'arbre juste à côté, Cassie continuait de fouiller dans sa besace, sans résultat. Elle n'avait amené qu'une plume avec elle. Tant pis, ils n'auraient qu'à partager. De toute façon, Janssen devait voir la base avant de se mettre à écrire de longues histoires. Alors, une fois tout son matériel en place, soit un cahier complètement vide ouvert entre les deux gamins ainsi qu'un encrier, l'orpheline se tourna un peu plus vers son nouvel élève. « J'suis aussi prête! Mais je te préviens, apprendre à écrire et à lire, c'est long. Faut commencer par la base et c'est pas super amusant. » Expliqua-t-elle avant de s'emparer de la plume. Puis, après l'avoir égouttée légèrement, à l'aide de deux petites tapes sur le rebord de la bouteille d'encre, elle la posa sur la feuille vierge, dessinant rapidement quelques arabesques. Lorsqu'elle eut terminé, l'alphabet anglais était imprimé sous leur yeux. « Ça, c'est la base. C'est l'alphabet, les lettres qu'on utilise pour former les mots. Faut que tu les apprennes sur le bout des doigts. Mais t'inquiètes, y'en a seulement 26, alors c'est pas si mal. »
Pour illustrer ses paroles, la jeune perdue se mit à nommer toutes les consonnes et toutes les voyelles, demandant à ce que l'ancien répète chaque fois après elle. Ils répétèrent l'exercice à quelques reprises et, lorsqu'elle fut certaine que le gamin eut enregistré chaque symbole, elle lui tendit la plume. « Voilà, c'est à toi! J'ai laissé un espace vide à côté de chaque lettre. J'aimerais que tu les copies. » Une démarche simple, mais par laquelle il fallait absolument passer. Car s'il ne savait pas tracer l'alphabet, comment pourrait-il écrire des mots? Chaque étape était importante, peu importe sa simplicité. Elle lui laissa donc un moment dont elle profita pour l'observer discrètement. Elle ne pouvait voir ses gestes, seulement sa longue chevelure penchée sur le bouquin. Elle trouvait drôle de constater qu'ils avaient tous les deux une tignasse indomptable. Cassie, elle avait de long cheveux châtains, un peu trop épais et Janssen, il avait de long cheveux brun qui ne tenaient pas en place.
Observant avec attention les moindres gestes et paroles de Cassiopeia, je sentais en moi pointer l’excitation que j’avais toujours à l’approche d’une nouvelle découverte. J’avais déjà vu des écris mais je n’avais jamais vu quelqu’un écrire. Je fus donc assez étonné de la voir utiliser une plume. Je me suis amusé à déduire de quel animal il s’agissait pendant qu’elle cherchait le reste. J’ai finis par définir que s’était surement une plume d’oie. Ma nouvelle compagne maniait l’objet avec habileté et je continuais à observer et à enregistrer du mieux que je pouvais ce qu’elle faisait. Elle traça une série d’arabesques que j’avais déjà vue, encore une fois dans des volumes qui se trouvaient chez des adultes. Je savais bien qu’un sens se cachait dessous, mais je n’arrivais à voir que des symboles à la forme arrondie qu’elle traçait avec élégance. Avec attention, j’écoutais ensuite ces explications, répétant la signification de chaque signe en le gravant dans ma mémoire. Je savais très bien que je n’aurais aucun problème à m’en rappeler tant je me concentrais. Et puis de toute façon j’avais entièrement confiance dans les capacités de ma mémoire qui gravait avec une facilité impressionnante tout ce qu’il se passait, tout ce que j’apprenais, et ce depuis bien longtemps. Depuis avant même mon arrivée à Neverland… Une image fugitive passa devant mes yeux. Une image qui n’avait pas lieu d’arriver dans ce moment où je me trouvais avec une fille. Je m’efforçais d’effacer le visage de ma mère en souriant à Cassiopeia qui me tendait la plume. Je l’ai prise et j’ai observé attentivement avant de m’exercer. C’était une plume brune longue et fine qui semblait un peu usée, mais on s’en était tout de même bien occupé. Au bout de la plume avait été inséré un morceau de métal dont la forme pouvait se rapprocher d’une pointe de flèche. Je me demandais si je pouvais faire mon propre moyen d’écrire, sans utiliser une plume d’oiseau dont je soupçonnais qu’elle ait été arrachée de force à l’animal ce qui me répugnait assez. Malgré mon ressentiment vis-à-vis de la manière dont avait pu être récupéré la plume, je me mis en mouvement. Comme Cassiopeia avant moi, j’ai délicatement plongé le bout en métal de la plume dans l’encre, l’ai sorti en l’essuyant un peu, puis me suis mis au travail. Au-dessus de moi, j’entendais Diddel se moquer de ma pâle copie des lettres de Cassiopeia. Lorsque les siennes étaient continuées, uniformes et lisses, les miennes étaient tremblantes et difformes. Après 26 lettres de torture, j’ai regardé mon travail puis ai lancé un regard d’excuse à Cassiopeia. Je me sentais honteux de salir sa jolie écriture. Je regardais de nouveau la feuille où j’avais laissé quelques taches d’encre et de terre que j’avais sur les mains. _ C’est plutôt misérable je crois… Tu avais raison quand tu disais que ça serait long… Je me sentis obligé de rajouter. _ Heu… Désolé… Diddel, toujours en hauteur, avait cessé de se moquer et me regardais d’un air mi attendrie mi prise de pitié. Elle s’assied sur mon épaule en disant qu’elle m’aiderait de son mieux mais qu’elle ne doutais pas que je réussie un jour ; elle savait que j’étais motivé.
Hors rp:
Je suis vraiment désolée pour tout le temps que j'ai mis pour répondre, je suis en pleine période d'exams et c'était plutôt compliqué... Alors encore désolée!!!
La jeune anglaise était sincèrement impressionnée par son nouvel élève. Certes, ses tracés étaient gauches et maladroits, mais il semblait enregistrer et comprendre rapidement. Probablement à cause de son ancienneté à l'arbre. Son âge avancé et sa sagesse inhabituelle chez les enfants de son âge l'avantageaient peut-être? Franchement, elle n'aurait pu tomber sur mieux! Elle qui avait toujours souhaité partager ses conséquences avec quelqu'un, elle n'aurait pas pu rêver d'un meilleur élève que Janssen. Visiblement, le gamin aux cheveux sombres était appliqué et sérieux dans sa démarche. Elle savait tout de suite qu'il écouterait ses conseils et suivrait ses leçons avec attention. Elle était tellement satisfaite et fier de lui qu'elle fut surprise de l'entendre s'excuser. L'ancien avait peut-être l'impression de manquer de talent, mais c'était loin d'être le cas pour un débutant. « Ne t'excuses pas, tu te débrouilles très bien! » Répondit-elle après qu'il ait demandé pardon à nouveau. Il ne pouvait pas le savoir, mais même s'il aurait déchiré son bouquin ou répandu de l'encre partout, elle ne lui en aurait pas voulu. Le simple fait qu'il s'intéresse à l'écriture était pour elle une grande victoire. Alors, l'importance qu'il accordait à ces cours la rendait plus qu'heureuse. La seule chose qui la gênait peut-être, était le rire de Diddel. Mais il s'était arrêté rapidement, alors Cassie n'en fit pas de cas.
« Tu as raison, Diddel. Il deviendra un pro de l'écriture et de la lecture. Je le lâcherai pas tant que ce sera pas le cas! » Ces paroles furent prononcées avec sincérité à l'adresse de la gardienne et elles furent rapidement approuvées par Celena. Sa propre marraine savait très bien qu'elle ne lâchait jamais prise lorsqu'elle avait une idée derrière la tête. Comme celle de consigner toutes les aventures vécues par tous ses nouveaux camarades. Une tâche ardue, peut-être même sans fin vu le nombre d'enfants à l'arbre et le nombre de siècles vécus par chacun, mais devant laquelle l'anglaise ne reculerait pas. Et peut-être que plus tard, lorsqu'il aura tout appris, Janssen pourra l'aider dans cette mission qu'elle s'était lancée! Franchement, elle était vraiment heureuse d'avoir enfin pris son courage à deux mains pour aller lui parler et le remercier. « C'est indiscret si je te demande pourquoi tu veux apprendre à écrire? » Question toute simple, mais qui intriguait énormément la perdue. Rare étaient les enfants qui se lançaient dans de telles leçons. La plupart préféraient jouer, mais le brun n'avait pas l'air comme eux. Il l'intriguait, bien plus qu'elle n'aurait pu l'avouer, mais elle n'osait pas le bombarder de questions. Elle se montrait patiente, pour une fois.
En attendant sa réponse, sans même savoir si elle viendrait, elle reprit sa plume et son cahier. Elle en arracha deux pages sur lesquelles elle grava l'alphabet à plusieurs reprises, puis elle remit le tout à Janssen. Comme ça, il pourrait se pratiquer un jour ou deux, parce qu'elle ne pourrait aller bien plus loin tant qu'il ne connaissait pas les consonnes et les voyelles sur le bout des doigts. Aussi, elle prit une troisième feuille pour y transcrire quelques syllabes simples. Mais, avant de débuter le prochain exercice, elle leva son regard pour le plonger dans le sien. Elle eut du mal à trouver ses yeux sombres sous sa chevelure, mais lorsqu'elle y arriva, elle ne le lâcha pas, attendant patiemment qu'il prenne la parole. Elle lui expliquerait les consignes après.