Je ne savais pas où j’étais, tout ce que je pouvais dire, c’était que je me retrouvais au beau milieu de l’océan. Le navire avait disparu dans cette tempête, emportant l’équipage et tout ce qui se trouvait à bord. Trois jours que je survivais sur cette planche en bois – vestige du navire sur lequel j’avais embarqué quelques jours plutôt. Ce départ pour le nouveau monde était une seconde chance pour moi, je pouvais recommencer à zéro, oublier ma vie à Londres… Les Dieux en ont pourtant décidé autrement, j’allais finir dessécher sur cette étendue d’eau salé – sans avoir pu toucher les terres d’Amérique. Je mourrais de faim, aucune ressource à ma disposition ; j’avais bien tenté d’attraper des poissons, mais j’avais manqué de chavirer. Mes armes ne servaient à rien ici, ni mon épée, ni mon mousquet ne me serait d’une grand aide au beau milieu de l’océan. Trois jours, que je errais sur cette eau, espérant voir un navire à l’horizon, ou un beau de terre… mais rien.

La faim, le sommeil annonçait une fin proche et longue. Je n’avais pas compris ce qu’il s’était passé dans cette tempête, c’était le déchaînement et puis le calme plat, avant que je ne sois transporter par je ne sais quelle magie. Pourtant quand j’ai ré-ouvert les yeux, j’étais toujours sur l’eau – mais plus de navire en vue. Où était passé tout ce qui m’accompagnait ? Étais-je vraiment le seul survivant de ce naufrage ? Enfin, faudrait-il que je survive à cette vague que se rapprochait dangereusement de moi ! Mon uniforme rouge de la garde royale d’Angleterre était humide, le peu de soleil n’arrivait pas à le sécher et la nuit, je grelottais de froid.  Malgré mon instinct de survie, je fermais doucement les yeux pour me laisser bercer par Morphée. Le froid, le sommeil, le manque de nourriture allait sûrement m’être fatale… mais je me réveillais en sursaut quand mon embarcation de fortune se mit à bouger. Le soleil n’était pas encore levée, je distinguais à peine se qu’il se passait autour de moi. Sous la lueur de la lune, je vis une sorte de vague derrière mon radeau de bois… je regardais attentivement, pensant que c’était un dauphin ou une autre créature marine qui viendrait à mon secours…quand je vis une main. Mes yeux s’écarquillèrent, un homme ? Comment pouvait-il nager si vite ? Et d’où sortit-il au beau milieu de cet océan ? « Will, tu perds la tête ! C’est la fin, tu as des hallucinations!» Je manquais de tomber dans les pommes, quand la planche percuta ce qui semblait être du sable. La terre ferme ! J’avais tellement hâte de poser un pied un terre! Je me redressais et posa le pied dans le sable, je me retournais pour voir l’identité de mon « sauveur». Il semblait faire demi-tour. « Hey ! Revenez, je dois vous remercier d’avoir sauvé ma vie!» Je vis la silhouette s’arrêter dans l’océan, puis se retourner. « Je ne sais pas qui vous êtes, ni pourquoi vous m’avez sauvé, je vous en serai éternellement reconnaissant. Je m’appelle William Tinsley. Sommes-nous en Amérique?» Demandais-je. C’était pour moi la seule réponse logique, il n’y avait aucune autres terres si près du naufrage… à moins qu’une île non-découverte se trouvait sur notre route ?  J’attendais une réponse de la part de mon sauveur, mais pourquoi restait-il dans l’eau ?

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CODES © LITTLE WOLF.

Cela faisait environ une semaine qu'il n'était pas retourné sur la terre ferme. Son petit séjour d'une journée à peine lui avait suffis à vrai dire. Son poignée, cassé après sa chute dans les montagnes de l'imaginaire guérissait, mais un peu plus longuement que prévu. Qu'importe. Sous l'eau il avait de nouveau le contrôle, il était de nouveau parmi les siens et il s'y sentait en sécurité. Dans les eaux de la mer de l'imaginaire, le jeune Aeden se sentait bien. Aujourd'hui, et pendant quelques heures il avait réussis à oublier ses tracas. Seule la cicatrice qu'il avait sur l'abdomen lui rappelait qu'il avait toujours une mission à achever. Qu'importe. Pour le moment il était à la recherche d'un corail rare en ces mers qui lui servirait à confectionner le plis beau des colliers. Se consacrer à sa passion, la seule façon pour lui d'oublier ses malheurs actuels. Sa recherche de matériaux précieux se déroulait paisiblement. Et ce fut là qu'il le vit. Quelque chose, qui flottait au dessus de lui ; les eaux clairs de sa mer lui permettait de distinguer plusieurs masses sombres, un peu comme des débris.

Au départ il fut discret, mais curieux. Laissant soudain tomber ses recherche, le jeune triton remonta à la surface en quelques battement de queue et émergea sa tête de l'homme. Un modeste embarcation de fortune, voilà ce qu'était l'ombre qui l'avait interpellé. E sur cette dernière, un homme endormi. Il se rapprocha un peu plus, doucement et le regarda longuement. Un naufragé ? Il se passait tellement de chose ici qu'Aeden trouvait ça presque... Normal ? Des naufragés il y en avait souvent. Des naufragé toujours vivants, moins. Généralement, et il le savait bien, quand des gens de son peuple trouvait des pauvres âmes errantes sur les flots, ils prenaient plus de plaisir à jouer avec eux avant de les envoyer vers le fond plutôt que de les sauver. Pourtant aujourd'hui il n'avait pas le cœur à tout cela. Il posa ses doigts fin contre l’embarcation et commença à nager vers la terre la plus proche. La tâche fut assez facile, dans l'eau il avait plus de force que sur terre. Quand le petit bateau de fortune eut touché la terre ferme il attendit quelques instant, planqué derrière un rocher. Il restait en arrière, craintif. Les hommes n'étaient pas cléments envers les sirènes et les tritons. Et vice versa. Il avait appris avec le temps qu'il valait mieux rester loin de la terre ferme. Et puis soudain, la poitrine de l'homme se souleva. Il venait de se réveiller. Mission accomplis. Vite, sans plus attendre il se retourna et replongea dans les eaux. Et tout à coup une voix l'interpella. Nul doute qu'il s'agissait de celle de l'homme. Ces mots l'interpellèrent. Doucement il se retourna, et prenant bien garde de rester dans l'eau se dirigea à nouveau vers lui. Il se planqua à nouveau derrière son rocher. Il se devait de rester à bonne distance. La tête dépassant à peine du rocher il osa parler son tour.

« Enchanté William Tinsley Je suis Aeden. Et qu'est ce que l’Amérique ? »

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CODES © LITTLE WOLF.

Toute cette étendue d’eau n’était pas bon signe, en trois jours, je n’avais pas beaucoup bougé… pourquoi cette eau était si calme ? Sur mon radeau de fortune, je tentais de rester en vie malgré la faim qui me tiraillait. Je priais aussi, espérant que Dieu m’envoie un signe… un peu d’aide. Un autre navire qui pourrait me repêcher, une vague qui pourrait me pousser jusqu'à la terre la plus proche, ou juste un peu de nourriture. Alors que je tombais dans un sommeil profond, le mouvement de ma planche me réveilla en sursaut. J’avais bien du mal à croire que ce signe que j’attendais désespérément venait enfin d’arriver. Ce n’était pas un mammifère marin qui poussait mon embarcation, non, c’était un être humain… du moins, il semblait que ce soit un homme vu ses mains. Lorsque le morceau de bois toucha le sable, une légère secousse me déstabilisa et je tombais au sol. Je dus m’évanouir le temps de quelques secondes, mon corps avait de sérieuses carences. Mais lorsque j’ouvris les yeux, mon sauveur reprenait le large ! Il fallait que je le remercie, j’étais en vie grâce à lui. Je l’appelais pour qu’il fasse demi-tour, je voulais connaître l’identité de la personne qui avait sauvé ma vie. Je vis son ombre s’arrêter, puis revenir en arrière, avant de se dissimuler derrière un rocher. De mon emplacement, je pouvais distinguer un visage masculin – un peu plus jeune que moi, je dirais. Je me présentais à lui pour lui montrer qu’il n’y avait rien à craindre. Je ne comptais pas lui faire de mal, même si j’avais sur moi une épée et un mousquet, je n’allais pas m’en servir sur lui ! Je lui demandais alors, si nous étions en Amérique, c’était pour moi la seule réponse plausible… à moins que ce bout de terre soit encore inconnu des marins ! Il y avait tellement de choses à découvrir dans ce monde, que tout était possible. L’homme qui se prénommait Aeden me répondit, il ne savait pas ce qu’était l’Amérique. Je fus surpris, même s’il vivait sur cette île inconnue, comment ne pouvait-il pas connaître l’immense continent qu’était l’Amérique ! Il était bien plus grand que toute la Grande-Bretagne réunie.

«  Enchanté Aeden. Et bien l’Amérique c’est le continent sur lequel je me rendais avant que mon navire ne fasse naufrage. Nous n’étions qu’à quelques lieux des terres, quand nous avons été pris dans une tempête.»

Je marquais une pause, et me relevais sur mes deux jambes. Je chancelais un instant, puis une fois l’équilibre de mon corps revenu, je m’avançais vers ce rocher qui dissimulait mon sauveur.

« Avez-vous aperçu d’autres membres de l’équipage ? Certains devaient porter le même uniforme que moi, nous sommes anglais.»

Je sentais de la méfiance dans l’attitude du jeune homme, plus je m’approchais, plus il se terrait derrière son rocher.

«  Dite-moi, cette terre… comment s’appelle-t-elle ? Et pourquoi vous cachez-vous derrière ce rocher ? Je ne vais pas vous nuire, vous m’avez sauvé la vie, je vous en suis reconnaissant. »

J’aurais aimé être plus convaincant, mais je n’avais pas de quoi lui prouver ma bonne foi.

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Il n'avait pas la moindres idée de tout ce que baragouinait l’inconnu venu des mers. L'Amérique… ce nom ne lui disait rien. Et encore plus quand il lui annonça qu'il s'agissait d'une terre. Enfin, un continent. Il devait être en plein délire. La seule terre ici, hormis les petites îles aux pirates, c'était le pays imaginaire. Et rien d'autre. Pauvre gars, il devait en avoir vu d toute les couleurs dans sa tempête. Pourtant, il le savait, beaucoup venaient ici par les vents. Il n'était pas le premier naufragé qu'il voyait venir ici (contre son grès, le plus souvent ils n'avaient aucune idée de l'endroit précis où ils se trouvaient) et parler d'un autre monde. C'était curieux, original et cela attisait sa curiosité. Il lui demanda alors s'il avait vu d'autre membres de son équipage, ce à quoi Aeden répondit par la négative, secouant nerveusement la tête.

« Non, vous êtes le seul que j'ai vu en mer… désolé. »

Il n'était pas à proprement parler « désolé » pour cet homme, il ne le connaissait même pas. Mais il se doutait que se retrouver soudain seul et sans repère, sans personne que l'on connaît sur une place quasiment déserte pour désorienter, même le plus valeureux des hommes. La suite de ses questions prouvaient bien qu'il était désorienté. Il plissa les yeux, l'examinant un peu plus. Il était curieux celui là, il voulait en savoir plus. Sans doute n'avait-il pas conscience de tous les dangers qui peuplaient ces terres.

« Nous sommes au Pays Imaginaire et plus précisément dans les mers du sud du pays. »

Plusieurs solutions, soit il allait le prendre pour un fou et lui rire au nez, soit chercher à… en savoir plus et se convaincre qu'il n'était pas en plein rêve ? Pourquoi se cachait-il ? Hé bien, s'il avait peur au départ de tomber sur un homme violent qui aurait pu en vouloir à un triton comme lui, il était presque sûr à présent que cet homme (et puisque visiblement il lui était redevable) ne lui voulait aucun mal.

« Je vois… je m'avance, alors… ne prenez pas peur. »

Il sortis alors de derrière son rocher, guettant la moindre réaction qui pouvait lui nuire de la part de l'homme. On était jamais trop prudent comme disait son père et sa mère. Il avait toujours l'avantage sur lui, il était dans l'eau, il pouvait prendre la fuite aisément si la situation l'exigeait. Il dévoilait ainsi sa nageoire aux couleurs vives (le soleil se reflétait particulièrement bien à cette heure de la journée). Il avait déjà eu à faire à plusieurs personne qui voyaient des sirènes et des tritons pour la première fois. Et à chaque fois il avait eut le droit à une réaction différente.

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