Cette aventure s’est passée le premier hiver de Sissy à Neverland, alors qu’elle ne connaissait que très peu le territoire. On ne peut pas dire qu’elle le connaisse beaucoup plus maintenant, mais ça avait déjà été pire! Au départ, elle ne voulait qu’aller cueillir quelques fruits dans la forêt, rien de dangereux puisqu’elle voulait rester près de l’arbre du Pendu. Elle n’avait que regardé quelques cartes, sans vraiment y porter attention, donc la géographie de l’île était encore un mystère pour la gamine. Peut-être aurait-elle du porter un peu plus attention, mais il lui arrivait d’être si distraite, comme bien des enfants de son âge!
Sissy savait qu’après Noël et les fêtes de début d’année, les réserves avaient diminuées et que donc, il lui fallait passer dans la forêt de l’été… sauf qu’en entendant les autres enfants jouer du côté de l’hiver, elle se décida d’aller les rejoindre aussi! Elle n’aurait qu’à retourner cueillir quelques trucs après! Et si les autres se plaignaient, ils n’auraient qu’à aller s’en chercher par eux-mêmes! Elle abandonna donc son panier, coursant pour les rejoindre. Ils s’étaient peut-être fait des tunnels et c’était pour cela qu’elle ne les voyait pas? Si seulement Lily avait été là! Mais elles s’étaient un peu disputé le matin parce que la gamine voulait dormir et la fée avait finit par la traité de paresseuse… Pourquoi se lever si tôt si la blondinette n’avait pas d’obligation? Mais bon, il arrivait qu’elles se fâchent pour rien parfois, mais le soir venu, elles se réconcilieraient sans doute, comme toujours.
La petite ne trouva pas les autres enfants, avançant encore et encore, sans se rendre compte qu’elle venait de passer dans le territoire des bêtes sauvages. C’est que c’était l’hiver partout sur l’île, sauf évidement dans trois sections de la forêt des Quatre Saisons. Le paysage blanc n’offrait aucun repère à la gamine, qui continuait à avancer en espérant trouver ses amis…. Aucun signe de vie… et le vent qui commençait à se lever balayait toute trace laissée dans la neige. Il était trop tard quand la blondinette décida qu’il valait mieux faire demi-tour, elle ne pouvait plus suivre ses traces, ni rien d’autre car elle ne voyait plus à trois pas devant elle! Tout ce qu’elle pouvait voir c’était ce mur blanc que le blizzard formait devant elle. Ses cheveux lui fouettaient le visage sans ménagement, elle avait de la difficulté à avancer, le vent la déséquilibrant.
Le désespoir monta doucement en elle… si seulement elle ne s’était pas disputé avec sa fée… cette dernière aurait pu la guider… ou peut-être lui faire remarquer qu’il ne fallait pas s’aventurer aussi loin? Les larmes commencèrent à couler sur les joues de Sissy. Sans savoir si c’était une bonne idée ou si c’était seulement stupide, elle appela à l‘aide :
- LILY! Je m’excuse! LILY! Si seulement tu étais là…
Alors que l’enfant se laissait tomber dans la neige en grelottant, une petite lueur attira son attention… Lily? Non, sa fée était rose, pas bleu! Avait-elle des hallucinations? Elle n’en savait trop rien, mais peut-être que c’était un signe de ne pas abandonner?
L’île était à présente recouverte de neige, l’hiver avait débuté depuis plusieurs jours déjà et toutes les fées de l’hiver avait travaillé d’arrache pied pour que tout soit prêt. Travaillant main dans la main, avec les autres fées de Pixie Hollow, les animaux étaient dans leurs tanières, tandis que les arbres se recouvraient de leur parure blanche. J’étais le plus heureux de toutes les fées, l’hiver était enfin là et je virevoltais entre chaque flocons. Je volais à travers la vallée de l’hiver, admirant le paysage comme si c’était la première fois que je voyais, pourtant c’était le même chaque hiver depuis que je suis né ici. Je connaissais les moindres recoins de la vallée de l’hiver, pourquoi avais-je si peur d’aller au-delà ? La peur de faire face à un humain, « un géant » comme je m’évertuais à les appeler… qui sait ce qu’il pourrait me faire, j’étais loin d’être la plus courageuse des fées de cette île. C’était aujourd’hui ou jamais, je m’étais mis en tête d’aller au delà de Pixie Hollow pour explorer chaque parcelle de l’île sous cette neige.
Après avoir prit une grande respiration, je me suis envolé au-delà des frontières, me dirigeant sans vraiment en prendre conscience vers le territoire des bêtes sauvages. Plus j’avançais, plus je sentais le vent s’engouffrer dans mes ailes. Heureusement que ces dernières étaient bien plus solide que celle des fées ordinaires, j’étais une fée de l’hiver – elles étaient assez forte pour contrer une tempête de neige. Mon regard fut attiré par une bête, la pauvre semblait perdu dans ce froid… malgré que je n’étais pas une fée des animaux, j’étais très attaché à ces petits bêtes. Je devais avouer que j’avais bien plus d’affinité avec les animaux que les autres fées ; j’étais assez solitaire et trop timide pour aller vers les gens. Alors je m’approchais de l’animal en question, et tentait de le guider vers un endroit douillé pour le protéger du froid, il pourrait sortir quand le temps sera plus clément. J’étais occupé à diriger l’animal quand j’entendis une voix à travers les feuillages. C’était une voix d’enfant, même si je n’étais pas une fée gardienne, et que je n’avais aucun enfant perdu sous mon aile… je ne pouvais pas laisser cet enfant en danger. Une fois l’animal dans son terrier, je parcourais le territoire des bêtes sauvages à la recherche de cet enfant.
J’entends l’enfant prononcer un prénom « Lily », sont-elles deux ? Je me presse, oubliant le danger qui rode autour, oubliant que je ne suis plus dans la vallée des fées, pour secourir ces enfants. Lorsque j’arrive tout près, mon regard tombe immédiatement sur une petite fille grelotant de froid dans la neige. « Il ne faut pas rester là mon enfant, tu vas mourir de froid. » Je m’approchais d’elle, laissant derrière moi un scintillement. Je me pose sur sa petite main froide, et tente la soulever. « Aller vient petite fille, nous devons nous mettre à l’abris. La tempête ne va pas se calmer avant plusieurs heures, on va trouver une grotte. » Avec toute la force que la nature m’ait donné, j’aide la petite à se relever. « Tu n’as pas de fée gardienne ? Je m’appelle Aeglos, comment t’appelles-tu, mon petit ? » Tout en aidant la petite fille blonde, je me disais que j’aurais bien aimé être une fée gardienne… malgré mon aversion pour les humains, les enfants ne semblaient pas si horrible que ça !
Une voix? Sissy était-elle en train d’halluciner? Elle ne savait pas trop si elle était encore totalement consciente… Elle dévisagea un moment cette petite lueur bleue, une fée? Un monsieur fée plus précisément. Elle cru un instant que c’était Maurice, la fée gardienne de Brynár, mais ça aurait voulu dire que son ami n’était pas loin… sauf qu’il n’était pas là, sinon il serait venu l’aider! Il devait surement être à l’arbre, avec les autres enfants, bien au chaud. La petite créature était la seule à pouvoir aider la gamine. C’est avec difficulté que la blonde se remit sur pieds avec l’aide de cet Aeglos. Elle n’avait jamais entendu parler de lui, il ne devait pas venir bien souvent à l’arbre du pendu!
- Lily est restée à l’arbre parce qu’on s’est disputé ce matin. Je m’appelle Sissy. Elle aurait surement pas pu voler dans tout se vent…
Sissy ne pu retenir quelques sanglots en parlant, car elle savait bien qu’elle n’aurait pas du se trouver là. Elle avait bien peur de se faire rabrouer et abandonner par la petite lueur bleue. La gamine se mit en marche difficilement, grelottant de tout son corps. Le vent sifflait à ses oreilles, rendant toute conversation difficile. Il faut dire que pour le moment, la curiosité que l’enfant aurait pu avoir était quelque peu refroidie. Le temps était à la survie, pas aux questions! Elle ne pu cependant s’empêcher de penser que les ailes de cette fée étaient très forte pour résister à ce vent, la petite ayant de la difficulté à marcher sans être débalancée par les rafales.
Péniblement, Sissy avança, jusqu’à voir la silhouette d’une masse rocheuse devant elle. Était-ce la montagne? Peut-être seulement un gros rocher? Ça n’avait pas vraiment d’importance, mais la petite espérait bien que ça puisse leur offrir un abri. Une enfant et une fée, ça n’avait pas besoin d’une très grande cachette! Et puis la blonde savait se faire toute petite lorsqu’il était temps de se cacher.
La gamine avançait lentement, mais surement vers un possible abri lorsque le sol se déroba sous ses pas. C’est que la neige avait fait une petite corniche instable ne pouvant même pas supporter le poids d’un enfant. Ce fut comme une mini avalanche dans laquelle la blonde se retrouva en hurlant de peur. Sissy croyait bien qu’elle serait ensevelie vivante, mais après la chute qu’à peine quelques mètres, elle pu se dégager. Bien que cela lui sembla durer très longtemps, il n’en était rien, à peine quelques minutes. Elle avait tout de même eu la chance de ne pas aller s’écraser contre la paroi rocheuse. Alors qu’elle se dégageait elle chercha la lueur bleue des yeux :
- A… Aeglos? Je crois qu’il y a une petite grotte pas loin.
La gamine ne voyait plus rien, elle rampa donc le long de la paroi, jusqu’à trouver une entré, elle espérait que la fée n’avait pas eu de problème… Soudainement elle regarda sa main, d’où elle sentait du mouvement… Elle écarquilla les yeux en ouvrant la main pour libérer le pauvre Aeglos, qu’elle avait attrapé lors de sa chute.
- Je m’excuse… c’était un accident…
Heureusement que les fées étaient faites assez fortes pour résister à ce genre d’étreinte! Au bord des larmes, Sissy continua de ramper, se glissant dans une ouverture pour enfin être protégée de la tempête. Ça lui fit du bien de pouvoir enfin souffler un peu.
Je n’avais pas prévu de quitter la vallée des fées aujourd’hui, pourtant quelque chose à l’intérieur de moi me poussait à le faire. La neige tombait depuis plusieurs jours déjà, et le sol en était entièrement recouvert. J’étais le plus heureux, les premiers jours de l’hiver, les premiers flocons et surtout ce givre que j’allais pouvoir sculpter ! Pousser par cette joie, je passais les frontières de la vallée des fées, et volais sans vraiment savoir où j’allais. En chemin, j’aidais une petite bête perdu dans toute cette neige quand une voix d’enfant me vint aux oreilles. Je volais à toute allure vers cette petite fille pétrifiée de froid. Sans perdre de temps, je l’aidais à se relever. Il fallait trouver un abri avant d’être transformer en glaçon. Lorsqu’elle fut sur ses pieds, je lui demandais si elle n’avait pas une fée gardienne ? Car à première vue, cet enfant me semblait appartenir aux enfants perdus de l’île. Je n’aurais pas dû aborder le sujet, je vis les larmes rouler sur les joues de la petite. « Je m’excuse, je ne voulais pas te faire pleurer, petite. Ne t’en fais pas, nous les fées, on ne peut pas être en colère très longtemps. Dès que la tempête se calmera, je te ramènerais auprès de Lily. » J’esquissais un sourire pour rassurer la jeune fille. J’espérais vraiment trouver un endroit calme avant que l’on se fasse engloutir par toute cette neige. « Et bien Sissy, allons trouver un endroit pour nous m’être à l’abri. Je suis une fée de l’hiver, je ne crains pas le froid. » Nous avons bravé le froid, le vent, mais la petite fille avait bien du mal à avancer. Je ne lâchais pas sa main, du moins, mes deux petites mains tenait fermement le rebord de son pull.
Je vis se dessiner devant mes yeux, un amas de neige, je plissais les yeux pour me voir se qui se trouvait devant nous – quand la main de la petite se referma sur moi. Elle m’entraina dans sa chute, à l’intérieur de sa main, je sentais bien que l’on roulait. Puis le corps de Sissy s’immobilisa, je retenais ma respiration, priant pour qu’elle ne soit pas inconsciente… il ne manquerait plus que ça, mourir d’asphyxié dans la main d’une petite fille ! Mais elle se releva et commença à parler, je tentais de gigoter dans sa main pour qu’elle comprenne que j’étais là… apparemment elle n’en n’avait pas eu conscience avant. Dès qu’elle écarta les doigts, je fis bouger mes ailes, et clignota des yeux. Je regardais mes bras, mes jambes, puis ajouta en rigolant : « Tu vois, je suis en un seul morceau ! Tu ne m’as pas fais mal, je n’ai rien senti ! » Je la regardais en relevant la tête. « Et toi, tu ne t’ais pas fait mal ? Tu n’as pas de blessures ? » Je m’inquiétais pour la petite. Après vérification, nous reprenons notre chemin et finalement, nous trouvions une petite grotte à l’abri du vent. J’éclairais l’endroit restreint dans lequel nous nous trouvions, ici nous étions hors de danger. « Si seulement je pouvais faire du feu… on sera plus à l’aise, non ? » Je virevoltais dans notre espace clos, essayant de trouver une solution pour nous réchauffer… enfin pas moi, la petite. Je ne craignais pas le froid, je pouvais rester des heures dans la neige sans attraper un rhume. « Alors dis-moi, ça t’arrive souvent de partir toute seule ? Je croyais que les enfants perdus jouaient toujours ensemble… enfin je dis ça… mais j’y connais rien en enfants. A vrai dire, avant aujourd’hui, je n’avais jamais quitté la vallée des fées. » Je continuais de virevolter autour de la jeune fille blonde pour éclairer la grotte de ma lumière bleue.
Aeglos était très gentil, il avait su trouver les mots afin que la petite Sissy se calme un peu. Cette petite présence à ses côtés donnait un peu de courage à l’enfant. Si quelqu’un était en mesure d’affronter cette tempête pour l’aider, puis de la ramener auprès de Lily, c’était bien une fée de l’hiver! La gamine n’en avait jamais rencontré! Il faut dire que comme elle n’était pas à Neverland depuis bien longtemps, elle n’avait eu la chance que de rencontrer des fées protectrices, celles qui prennent soin des enfants! Presque chaque enfant en avait une, ce qui faisait pleins de petites lueurs colorées qui se baladaient dans les airs lorsque tous les enfants étaient réunis à la grande table.
Après toute la gentillesse et le support qu’Aeglos avait démontré, la gamine s’était sentie terriblement coupable de l’avoir serré très fort dans sa main. Heureusement, il n’avait rien! C’était vraiment une chance que les fées soient aussi robustes! Elles n’étaient pas comme les petits moustiques qu’on pouvait écraser d’une simple claque! Non seulement il allait bien, mais il s’inquiétait pour l’état de la petite. Elle le rassura immédiatement :
- Non j’ai pas de mal, je suis seulement étourdie… La neige a amortie le choc je crois.
Le vent avait peut-être emporté ses paroles, ou peut-être que son accompagnateur avait pu entendre, l’enfant ne s’en préoccupa, trop concentrer à ce moment à chercher un abri. Ce qu’elle trouva au final, pour son plus grand soulagement. Son minuscule nouvel ami avait bien raison, un feu aurait été d’une grande utilité, mais elle n’avait rien pour en allumer un et encore moins de quoi le nourrir! Et il était tout simplement hors de question de ressortir chercher du bois, ça aurait été une mauvaise idée, à cause entre autre de la tempête faisant rage, mais aussi parce que la neige recouvrait tout le bois mort au sol.
Sissy entra ses bras dans ses manches, les collant sur son ventre, cela l’aida à mieux garder sa chaleur. À l’abri du vent, il semblait déjà faire bien plus chaud. Aeglos ne semblait pas connaitre beaucoup de choses sur les enfants perdus, certes la gamine n’était pas une très grande experte pour le moment, comme elle n’était pas là depuis si longtemps, mais elle se fit un devoir de renseigner la petite créature :
- C’est rare que je m’aventure toute seule… normalement Lily est avec moi. Elle sait toujours comment retrouver le chemin de l’arbre du pendu. Sinon je joue avec les autres enfants, c’est en les cherchant que je me suis perdue… moi je me perds tout le temps. Les autres enfants, ceux qui sont là depuis longtemps, ils partent souvent seuls. Parfois c’est amusant de jouer seul. J’ai jamais visité la vallée des fées, on dit que c’est comme la forêt des Quatre Saisons, mais en mille fois mieux! C’est vrai? AH mais si t’as jamais visité la forêt autour de l’arbre du pendu, tu peux pas comparer!
La gamine pris une petite pause dans son babillage, se sentant bête. Au moins cette conversation lui occupait l’esprit, ce qui lui faisait oublier le froid. D’ailleurs, sa légère agitation pendant qu’elle parlait la réchauffait un peu. Intriguée par son sauveur, elle recommença à parler après une courte pause :
- Tu es une fée de l’hiver… c’est quoi exactement ton travail? La neige? Le vent? Je sais même pas c’est quoi les emplois que ça peu avoir une fée! Et puis… est-ce que je dois dire « une fée » en parlant de toi, même si t’es un garçon? Un peu comme les coccinelles? Moi j’aime les coccinelles, c’est juste dommage qu’il n’y en ait pas de roses! Le rose c’est ma couleur plus préférée!
La petite passait du coq à l’âne, mais l’important était qu’elle s’occupe afin de ne pas s’endormir. Il faut dire qu’elle aimait bien avoir un peu d’attention.
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L’île était à présente recouverte de neige, l’hiver avait débuté depuis plusieurs jours déjà et toutes les fées de l’hiver avait travaillé d’arrache pied pour que tout soit prêt. Travaillant main dans la main, avec les autres fées de Pixie Hollow, les animaux étaient dans leurs tanières, tandis que les arbres se recouvraient de leur parure blanche. J’étais le plus heureux de toutes les fées, l’hiver était enfin là et je virevoltais entre chaque flocons. Je volais à travers la vallée de l’hiver, admirant le paysage comme si c’était la première fois que je voyais, pourtant c’était le même chaque hiver depuis que je suis né ici. Je connaissais les moindres recoins de la vallée de l’hiver, pourquoi avais-je si peur d’aller au-delà ? La peur de faire face à un humain, « un géant » comme je m’évertuais à les appeler… qui sait ce qu’il pourrait me faire, j’étais loin d’être la plus courageuse des fées de cette île. C’était aujourd’hui ou jamais, je m’étais mis en tête d’aller au delà de Pixie Hollow pour explorer chaque parcelle de l’île sous cette neige.